Et donc après le premier chapitre
(au passage vous pouvez retrouver tout ça sur Wattpad)
1. Fresh Start
Vis pour ce que demain a à t'offrir et non pour ce que hier t'as enlevé.
Aujourd'hui donc, mes deux marraines chéries ont encore décidées de déménager — et elle n'ont pas fait les choses à moitié.
En réalité cela fait des mois qu'elles se préparent. Moi je m'en fiche, j'ai l'habitude qu'on me trimbale de villes en villes comme une vieux sac tout usé.
Nous faisons ça pour ton bien, prétendent-elles. Mais toujours, cette petite voix cruelle dans ma tête me rappelle que ce ne serait même pas nécessaire si mes parents ne m'avais pas abandonnée.
Si je leur en parlait, mes marraines me diraient qu'ils ont fait ça parce qu'ils m'aiment.
Et je serais tentée de les croire, si seulement ça ne me faisait pas aussi mal...
Mais hélas c'est faux, mes parents m'ont confiée à mes marraines à cause d'
Eux car
Ils reviendront, c'est sûr.
Et
Ils me tueront.
C'est une idée que j'ai appris à accepter il y a bien longtemps, ce qui n'est pas le cas de mes marraines. Elles ont alors décidées de déménager là-bas, à Boston, aux États-Unis.
Quand elles me l'ont appris, j'ai cru a une blague. Après l'incident je n'ai jamais eu droit d'aller à l'école publique.
Les amis, les amours, les fêtes, j'ai du faire une croix dessus. Toutes ces choses, ces petits tracas du quotidien que je n'ai pu vivre.
Jamais je ne me suis fait de meilleure amie à qui je confiait tout. Jamais je n'ai fantasmé sur un mec pour ensuite finir par le haïr. Et jamais — ô grand jamais — je ne suis rentrée à point d'heure d'une fête trop arrosée ou d'une soirée pyjama entre filles.
Mais maintenant elles m'apprenaient que je pourrais enfin avoir une vraie vie ?
C'est presque cruel de leur part, j'ai envie de dire.
Et tellement gentil aussi... oui, car elles m'ont aussi appris qu'à Boston je pourrait enfin avoir une vie sociale...
Ce qui signifie en gros : « tu peux aller à l'école et avoir des amis. On a pas envie d'avoir sur la conscience ta mort mais en plus le fait que tu sois morte triste. »
Oui, je suis méchante avec elles, mais en réalité elles sont les personnes que j'aime le plus au monde. Mes deux petites fées à moi.
En s'installant là-bas, elles ont acheté une jolie maison résidentielle dans le style victorien.
Je n'ai pas encore eu l'occasion de la visiter.
Une surprise, ont-elles dit.
Ça va te plaire, ont-elles ajoutées.
Et je les crois, parce que mes marraines sont bien les personnes avec le plus de goût que je connaisse. Sur ce point, elle ne m'ont jamais déçue.
Ce qui n'est pas le cas dans d'autres domaines...
Comment dire... la cuisine par exemple. Les marraines ne sont pas censées être des véritables fées de logis ? des petits cordons bleus sur pattes ?
Les miennes ne sont bonnes qu'à commander des pizzas au resto du coin ou à faire réchauffer du surgelé au micro-ondes.
Mais je ne m'en plains pas. Certes, ce n'est pas l'alimentation la plus saine du monde, au contraire, mais elle nous permet de nous rapprocher encore plus. Ces petites soirées devant la télés, à engloutir des plats bon marché pendant que nous nous moquons de ses acteurs de télé-réalité stupides ou que nous replongeons en enfance grâce à des vieux dessins animés déjà visionnés une dizaine de fois chacun.
Et ça je ne l'échangerait pour rien au monde.
***
— Ça fera 25$, s'il vous plaît.
Le chauffeur du taxi à l'air étonnamment sympa. Visage simple, sourire hésitant, cheveux légèrement décoiffé, la panoplie du gentil type.
Pourtant, il doit faire ça tout les jours, et ça ne doit pas être une partie de plaisir. J'admire ces gens pour qui le bonheur des autres et plus important que le sien. Ce sont le genre de personne capable de vous redonner le sourire en un clin d'œil. Que se soit la gentille caissière du supermarché voisin, la serveuse prévenante ou le vieux buraliste qui fait des prix aux jeunes alors même que ceux-ci sont déjà bien bas, ils sont tous nos petits héros du quotidien.
— Bien sûr, jeune homme. En chèque ou en cash ? répond en papillonnant des cils ma marraine n°1, alias Lucy.
Le chauffeur rougis pendant qu'elle se penche en éxibant fièrement sont décolté plongeant. Tatie Lucy n'a peur de rien, elle est sans gêne. Elle n'arrête pas de me dire que quand on a des atouts il faut les montrer. La pudeur c'est surfait.
Quand à moi je lève les yeux au ciel sous ma capuche et sort d'un porte monnaie les 25$ demandés. Non mais franchement, qui paye son taxi en chèque ?
Ma marraine n°2 (ou Mary) semble du même avis que moi. Elle et Lucy sont sœurs. Lucy la petite effrontée et Mary la sagesse incarnée. Enfin c'est l'image qu'elles veulent se donner, en réalité, elles sont bien différentes de ce qu'elles laissent paraître.
— Laisse-le Lucy, tu es pire qu'une sangsue. Viens ma Lili, allons découvrir notre nouvelle maison !
Lili c'est le surnom effectif qu'elles me donnent depuis toute petite, et qu'elles ont par la suite décidée d'associer à ma nouvelle identité américaine.
Pour les gens d'ici, je serai Lilith Tiffany Smith. La fille arrivant tout droit d'une petite ville un peu paumée d'un état quelconque.
Je sors de la voiture précédée par tatie Mary qui me passe un bras sur les épaules en se dirigeant vers ce qui semble être ma future maison.
— Alors ça te plaît ?
Waow...
Un peu que ça me plaît !
Mes marraines ont su retrouver à la perfection la maison de mes rêves. Dans le style victorien, celle-ci est identique aux autres habitations la jouxtant – si ce n'est la couleur qui change.
Un petit jardin à la pelouse bien tondue l'entoure et des petites marches mènent à la porte d'entrée tout en bois vernie. Dans les tons pastels – roses surtout – elle me fait penser à un mini château de conte de fée. D'ailleurs une petite tourelle octogonale la surplombe.
Les fenêtres sont cachées par d'épais rideaux à fleurs et des volets ouverts comme pour inviter la lumière à entrer. L'endroit me paraît aussitôt accueillant.
Des frises blanches ressemblant à de la dentelle (si la dentelle était taillée dans du bois) et une rambarde sophistiquée sont placés autour des balcons et à côté des marches.
Émerveillée, je la contemple comme je regarderais un arc-en-ciel en plein ciel d'orage.
— Je l'adore, je souffle, encore en fascination.
Mary sourit et me prend dans ses bras. Nous sommes rapidement rejointe par Lucy qui, ayant délaissée le pauvre chauffeur, me chuchote à l'oreille :
— On savait que tu l'aimerais. J'espère que tu seras heureuse ici, Lili. Nous ne voulons que ton bien, tu sais ?
Les larmes aux yeux j'acquiesce tout en les serrant encore plus fort, comme si je ne voulais jamais qu'elles me lâchent.
Finalement, nous nous séparons difficilement, des petits sourires à la fois tristes et complices aux lèvres.
Je m'empare de ma valise laissée sur le trottoir par le taxi et commence à gravir les marches quand Mary m'interpelle.
— Au fait Lili, la chambre de la tour est a toi.
Souriant maintenant franchement, je m'empresse de découvrir l'intérieur de ma nouvelle maison.
***
Si ça continue comme ça je vais finir par devenir muette...
Le hall d'entrée est tout simplement sublime, j'ai l'impression de me trouver dans une jolie petite maison de poupée. Un lustre simple mais élégant pend au milieu du plafond, et au sol se trouve un joli tapis tissé. J'aperçois quelque meubles en bois blanc et des petits guéridons où de jolies fleurs pas encore fanées sont disposées de façon esthétique très raffinée.
En passant l'arche qui le sépare du reste de la maison, j'ouvre encore plus grand les yeux.
Un escalier en colimaçon relie les deux étages. Autant préciser que j'adore les escaliers en colimaçon.
Je vois de loin la cuisine et le salon, ils ont l'air d'être comme tout le reste – magnifique, quoi.
Je m'engage dans les escaliers et commence à les gravir.
Mon Dieu qu'est-ce que j'aime ces escaliers...
Le cœur battant, je me dirige vers l'étage où je survole le couloir sans y prêter attention. C'est la tour qui m'intéresse.
La porte y menant est encore une arche. Ce qui n'est pas pour me déplaire, j'adore les arches. Gravissant – encore – les petites marches qui mènent à ma future chambre, j'essaye en vain de calmer mon coeur s'affolant. Le stress de la nouveauté, me dis-je.
Je pousse la porte et me retrouve face à face avec la plus belle pièce que j'ai jamais vue. Dans les tons nacrés et marbrés avec quelque touches de rose, elle me fait penser à l'intérieur d'un coquillage. Oui, j'ai vraiment des métaphores très bizarres parfois.
Contre la fenêtre, j'aperçois une petite banquète dont je tombe immédiatement amoureuse. Au dessus de trouve une bonne tonne de coussins. Et qu'est-ce que j'aime ça les coussins !
J'aime vraiment beaucoup trop de choses, là. Je vais devoir me calmer.
Sauf que... un immense lit à baldaquin est situé au milieu de la pièce. Avec encore plus de coussins dessus.
Je vais mourir de bonheur, c'est sûr.
Je me jette sur mon lit et ne fais rien pendant un bon moment, je savoure l'instant, quand je relève la tête et me rend compte qu'avec la fenêtre si grande que j'ai, je n'ai absolument aucune intimité.
Car en face, se trouve une autre fenêtre identique (c'est un euphémisme, à cette taille, c'est plus une baie vitrée qu'une fenêtre !) heureusement, elle est cachée par des rideaux blancs unis.
OK... je crois que je vais avoir une petite discussion avec tatie Lucy quand à la pudeur. On est pas tous des exhibitionnistes ici.
***
Je suis victime d'un complot, d'une machination, d'un crime.
Qui est le con qui a décidé que l'école ça commence à 8 heures ?
Je vous le dit, j'appelle Sherlock Holmes, et dès que je le trouve, je lui fait la peau. Personne ne regrettera sa mort prématurée.
Si, si, je vous assure.
Parole de Thalia.
— IL Y A PLUS DE NUTELLA !
QUOI ?!
Je cours dans la cuisine d'où à retenti le cri de tata Lucy. Elle et moi nous sommes la secte du Nutella. Mary ne mangeant que du bio (c'est ce qu'elle dit, mais je suis sûre qu'elle s'enquille plein de trucs gras dans notre dos), elle ne comprends pas notre passion pour cette petite merveille.
Autant j'ai envie de tuer l'inventeur de l'école (franchement Charlemagne, des fois je pense que t'aurais pu t'abstenir), autant celui du Nutella mériterait un prix Nobel.
Enfin, c'est mon avis.
— MA VIE EST FICHUE ! pleurniche ma marraine la plus folle en serrant le pot de Nutella vide dans ses bras.
— Comment ça se fait qu'il y en ai plus ? je demande, désespérée.
Mary entre dans la pièce, toute fraîche et dispo, ses longs cheveux bruns tirant peu à peu vers le gris attachés en un chignon très serré.
Elle porte une robe bleue toute simple faisant ressortir ses magnifiques yeux entourés de longs cils noirs (comme je les envie ces cils !).
Le bleu est la couleur de tatie Mary, alors que le rose est celle de Lucy. Les deux se chamaillent sans cesse pour savoir qui a raison.
Moi je suis pour le violet.
— C'est moi qui ai jeté cette chose immonde, lance-t-elle.
Ébahies, Lucy et moi la dévisageant quelques instants avant de lui crier dessus.
— COMMENT AS-TU PU ?
Pas le moins perturbée pour autant, elle lisse sa robe et nous regarde calmement.
— C'était nécessaire pour votre santé. Ce truc est chimique et bourré de calories, c'est la meilleure façon d'attraper le diabète ! Vous devriez me remercier.
Plantée en plein milieu de la cuisine, abasourdie, je la contemple, à deux doigts de pleurer.
Lucy a l'air d'être dans le même état que moi. Elle se lève difficilement du sol où elle était assise et époussete sa robe (rose) à sequins.
— Si je me dépêche, j'aurais peut-être le temps de passer aux magasins en acheter, dit-elle en tremblant.
Je hoche la tête, affligée, et la regarde lâcher le pot vide et saisir son blouson en cuir ainsi que ses escarpins — roses tout les trois — quand Mary l'interrompt.
— Ah non ! C'est le premier jour d'école de Lili, tu tiens vraiment à ce qu'elle arrive en retard à cause de vos stupides enfantillages ?
Je déglutis, Mary à le chic pour me rappeler les trucs que je voudrais justement oublier.
Aujourd'hui, je rentre au lycée Preston, spécialisé dans l'enseignement de la culture française.
D'après ce que j'ai compris, c'est un établissement privé où les riches parents envoient leurs enfants quand ils veulent que ceux-cis apprennent le français.
Un lycée de bourges.
Mais attention ; de bourges américains !
Mes marraines m'ont envoyé là-bas car elles disent qu'
il ne risque pas d'y avoir d'autres français. Personne ne découvrira qui tu es réellement.
Tu parles. Moi je trouve ça sacrément débile.
Certes il ne risque pas d'y avoir d'autres français (ça ne servirait à rien à quelqu'un parlant
déjà le français de l'
apprendre) mais la plupart des gens seront largement en mesure de me
démasquer.
Non ?
— Lili, s'il te plaît, mange quelque chose de sain, me dit Mary.
Je sais qu'elle s'inquiète pour moi, alors pour lui faire plaisir, je me sers dans le placard des céréales plates sans aucun goût.
Satisfaite, elle me fait un petit sourire alors que je suis quasiment en train de vomir.
Le bio, vraiment très peu pour moi.
Écoeurée par ce petit-déjeuner pour le moins spécial, je me réfugie dans ma chambre pour me changer puis prendre une douche.
Attrapant quelque habits déformés et moches, je ne peux m'empêcher de jeter un petit regard vers la fenêtre d'en face.
Depuis la semaine dernière, quand nous avons emménagé ici, les rideaux ne se sont pas ouverts une seule fois.
J'ai fini par me dire que la maison est abandonnée, où que cette chambre en particulier ne dois pas être habitée.
Ce qui m'arrangerait bien, je dois l'avouer, parce que question pudeur, c'est pas vraiment top-top.
Je me dirige vers la salle de bain. Mes marraines ont été très claires sur cette partie : Tu ne te montres pas à visage découvert, jamais. Je connais la leçon. Se maquiller, mettre une perruque ou de teindre les cheveux, s'habiller avec des habits larges et (le plus important) ne jamais oublier les lentilles.
Comme toujours, je m'attelle à la tâche en essayant de rendre le résultat le plus réaliste possible.
Je me contemple dans le miroir, je regarde ce visage qui m'appartient, mais qui n'est pas le mien. Qui ne le seras plus dans quelques minutes.
J'applique le gloss en premier, pour rendre mes lèvres framboises plus ternes, puis, je tartine mes joues de fond de teint, et mes tâches de rousseur deviennent presque inexistantes. Mes sourcils sont les suivants à passer, puis les cheveux, peints en blond platine, on ne les reconnait plus. Eux qui font pourtant ma fierté.
Mes yeux sont les derniers, je m'attarde sur cette partie si spéciale de moi.
Le violet et plus resplendissant que jamais, me suppliant de l'épargner, alors qu'il m'a causé tant de soucis...
Mais il est si attirant, je n'étais pas la seule à m'être perdue à cause de lui.
Il est comme une drogue, tout le monde veut le posséder, et une fois qu'on l'a on ne peut plus se passer de lui. C'est ridicule dit comme ça, mais, pour en avoir fait l'expérience je connais sa dangerosité.
Je me décide enfin. La boîte est ouverte, j'attrape les deux petits disques d'une main experte et les place sur le violet addictif, ainsi, je ressemble à... Pas à moi, c'est tout ce que je sais.
Le bleu glacier remplace cette partie si importante de moi. Je reste un moment en transe, oubliant le monde pour ne faire place qu'à mon reflet dans le miroir.
Lentement, je me déshabille pour enfiler les vêtements les plus moches de mon armoire, du baggy pour cacher mes formes pourtant bien dessinées, pour une unique raison.
Avec le temps, j'ai appris que se cacher était plus simple.
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C'est ma première histoire, j'espère qu'elle vous plaît !! ^^
Donnez moi vos avis, vos questions et vos remarques, ça m'intéresse !!
Alors ? Que pensez vous de Lili ? Et de ses deux supers marraines ?