Ma Veillée débute (Nouvelle terminée)

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normalement

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Ma Veillée débute (Nouvelle terminée)

Message par normalement »

Bonjour bonsoir ! Je viens de finir d'écrire une histoire et je voulait la poster pour recevoir des avis et des commentaires !
Je me suis inspiré d'un lieu que j'ai vu en vacances, un endroit magnifique en Lozère (qui est un département magnifique au passage) qui s'appelle le Point sublime. Donc forcément je suis partie trop loin et ça a donné ça !

Le titre est à revoir, je l'ai trouvé vite fait pour le mettre sur le forum, j'en changerais surement mais si vous avez des idées, je suis preneuse !

N'hésitez pas à me donner des conseils, et vos avis, je serais ravie de vous répondre !
Bonne lecture ! ;)

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Un coup dans les côtes me réveille de mon sommeil sans rêve. Par reflexe, je prends d'un geste vif la dague qui est constamment attachée à ma ceinture et la brandis devant l'ombre perturbatrice.
- Réveilles toi gamin, Tral doit finir sa veille, dit une voix grave.
J'avais oublié la méthode originale de Malo pour prévenir le roulement du tour de garde. «  Un coup de botte dans les côtes, ça en réveil un et ça défoule l'autre », disait-il lorsque des plaintes se faisaient entendre.
A peine suis-je debout que Malo est déjà sur la paillasse. Je ne bronche pas et m'habille pour prendre mon tour de garde.

Je ferme la porte en bois de l'aile ouest et me dirige vers la Haute Tour, au sud du Fort, vers les Gorges. Le jour commence à se lever mais le fort n'en est pas plus actif pour autant. Quelques Veilleurs endormis traînent le pas dans la cour, n'attendant que l’autorisation d'aller se coucher en donnant le relais à un camarade. Ils sont ici pour le devoir, non pour le plaisir. Moi, le devoir ne m'a pas appelé, j'y ai été contraint.

Je resserre ma cape autour de mes épaules et souffle dans mes mains gantées. L'été n'est pas encore fini mais les températures sont déjà plus basses qu'elles ne devraient l'être. Cela fait plusieurs années que je remarque un changement radical des saisons dans le royaume. Les étés sont plus courts et plus chauds, causant des sécheresses dans les villages du Sud et des centaines de morts. Les automnes sont longs et pluvieux, augmentant ainsi le niveau des rivières et provoquant des inondations dans tout les hameaux du littoral. Une rumeur court dans le fort qui dit que le fleuve Célas a triplé de volume et que tous les villages de Narbor jusqu'à Arthe sont complètement passés sous les eaux. Bien sûr, les Grands Veilleurs nous disent de ne pas prêter attention aux colporteurs de ragots car ils ne racontent que fadaises pour minettes. Généralement, il suffit d'un reproche des Grands Veilleurs pour que les hommes du fort se taisent et se remettent au travail dans la seconde. Mais cette fois-ci, les Veilleurs ont continués à parler entre eux. Bientôt, entendant des nouvelles toujours plus catastrophiques venant de l’intérieur, des Veilleurs ont commencé à fuir pour retrouver leur familles. Il y a un mois, après la désertion d'une dizaines d'entre nous, le Grand Veilleur Garza prit la parole devant tous les effectifs du fort :
- Je sais que des nouvelles horribles circulent entre les hommes de Fort-Marc. C'est inutile de punir la bêtise, cela sèmerait la discorde entre ces murs et nous n'avons nul besoin de problèmes supplémentaires. Mais c'est utile de punir la désobéissance. Je n'interdis pas aux hommes de discuter, il est impossible de le faire. Mais j'interdis les hommes de cette place de fuir lâchement leur devoir. Je suis au courant des rumeurs qui disent que la nature reprend ses droits. Certaines d'entre elles disent même qu'elle nous punie pour l'avoir maltraitée Je sais que des inondations et des feux de forêts sont en train de détruire des villages et des communautés en Carmérie. Si nous recevions une requête de la reine nous demandant d'aller sur les sites des catastrophes, nous irions. Mais il n'en est rien. Autrement dit, il vous est interdit de fuir votre poste. Quand bien même vous le feriez, vous serez attrapé par les soldats de la reine et nous savons chacun ce qu'il advient des déserteurs. Aussi, quiconque tentera de quitter son poste sera rattrapé, déclaré déserteur et envoyé à la capitale pour recevoir la peine affligée en temps de guerre. Ainsi, le portail restera fermé toutes les heures du jour et de la nuit. Il faudra passer par l'un des Grands Veilleurs pour demander un ordre de sortie. Nul écart ne sera pardonné.
Il s'est arrêté pendant un cours instant, regardant les hommes d'un œil sévère.
- Gery, rappelle nous quel est le serment que ces jeunes gens ont fait lorsqu'ils sont arrivés ici.
Le dénommé Gery que je ne connaissais pas avant ce moment ne monta pas sur l'estrade : il éleva seulement sa voix grave pour que tout le monde l'entende dans la cour.
- Ma Veillée débute
Nul ne sauraiT traversé sans être vu
Car mes yeux je donne pour le roi
Et mes mains pour les Hommes
L'horizon est mon paysage
Et nul ne saurais m'en détourner
Je prend la lance jaune
Et me place aux remparts
Mon arme est ma seule aimée
Et le lointain mon unique bien
De ce jour jusqu'à la fin

Nous avions répété la dernière phrase d'une voix commune à la seconde où il termina, comme le veut la tradition des Veilleurs.
- De ce jour jusqu'à la fin.
Un long silence s'était abattu sur les hommes. Il n'avait duré que quelques secondes mais le regard inquisiteur de Garza nous avait fait passer les secondes les plus longues de notre Veillée.
- De ce jour jusqu’à la fin. La fin de votre vie. Si vous voulez fuir votre poste, il n'y a qu'un seul chemin. La mort.

Il a terminé son discours et n'a attendu nul réaction des hommes face à lui. D'un pas lourd, il a quitté l'estrade et est parti dans son bureau situé dans l'aile est.

Ce jour là,personne ne parla du discours du Grand Veilleur Garza, ni les jours qui suivirent d'ailleurs. Les nouvelles de l’intérieur parvenaient toujours au fort mais personne n'osait en parler. Nous savions que les punitions promises par Garza n'étaient jamais vaines et mieux valait ne pas finir sur la Grande place de la capitale pour désertion.

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(Si quelqu'un sait comment faire des alinéa sur le site je suis preneuse également ! Merci ! :)
Dernière modification par normalement le dim. 08 avr., 2018 1:54 pm, modifié 3 fois.
normalement

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Re: Ma Veillée débute

Message par normalement »

Salut salut ! Voici la suite de l'histoire ! Toujours preneuse de conseils et de remarques constructives donc n'hésite pas !
Bonne lecture !

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J'arrive sans m'en rendre compte au bas des escaliers de la Tour. J'allume une torche, non pas pour la lumière car le jour allait se lever sous peu, mais pour la faible chaleur qu'elle me procurait. Ma cape, trop peu épaisse, ne suffit pas à me protéger des bourrasques estivales qui cinglent les pierres du fort. Arrivé en haut, je signale à Tral que son tour de garde est terminé. Il part en baillant, prononçant d'une voix endormie les mots traditionnels du relais de tour de garde :
- Que l'horizon soit tien.
Je lui fais un signe de tête et me dirige vers l'échelle, pour aller au plus haut de la Tour. Je m'installe sur la chaise et scrute le lointain.
En bas du vide que je surplombe, le Loth coule à travers les rochers autrefois constituant la falaise. Quelques arbres étaient parvenus à trouver une place dans le chaos liquide et rocheux des Gorges. Leurs racines et leurs branches se frayaient un chemin sinueux jusqu'au lopin de terre le plus proche. Marcher au bord de la rivière est dangereux : les crues pouvant arriver à tout moment et le labyrinthe de ronces pouvant faire trébucher le plus prudent des hommes, plus d'une personne imprudente avait été emporté dans le Loth ces dernières années.
D'ici, je peux apercevoir vers l'est, le donjon des Brumes, le plus haut point des feux de Lastor. Un grand bûcher y était présent, prêt à être allumé à tout moment en cas d'alerte. Mais je serais surpris que quelqu'un soit en garde près du bois : les feux n’ont pas été utilisés depuis des centaines d'années. La paix ne profite pas aux installations de guerre.

Le ciel se pare doucement de couleurs aurorales, délaissant le bleu de la nuit à l’azur orangé de l'aube. Les couleurs arrivent les unes après les autres, l'une se fondant avec les suivantes, créant une parfaite harmonie colorée. C'est l'un de mes moments préférés chez les Veilleurs : observer le jour se lever au dessus des Gorges. Car pendant que les cieux se parent de unes et mille teintes, les terres sont elles aussi en plein réveil. Les oiseaux nocturnes rentrent avant les premières lueurs pendant que les lapins sortent doucement de leur terriers pour profiter du calme matinal. C'est le même phénomène chez les hommes. Lorsque les femmes de joies rentrent prendre du repos après une dure nuit de labeur, les premiers boulangers enfournent la tournée du matin pour les clients les plus matinaux. Les hommes ayant trop bu rentre penaud chez eux, cherchant une excuse à dire à leurs épouses et les voleurs de la ville basse prennent place pour escroquer leurs premières victimes.
Mais je n'aime pas la ville. Trop de bruit, d'agitation, d'odeurs et de couleurs en même temps, sans harmonie, la plus forte, le plus bruyant se faisant une plus grande place dans le tumulte des marchants et des clients. Je préfère les couleurs pastel du ciel à travers les nuages qui se reflètent dans le flot tumultueux de la rivière en contrebas. Moins de bruit, moins d'agitation et plus de splendeurs.
J'ai toujours préféré les grands espaces aux immenses villes commerciales. Lorsque mon père devait aller en ville pour aller vendre du bois d'Ith, je cherchais toujours un moyen d'échapper au voyage. Forcément, il parvenait à m'emmener, usant généralement de la force. Le voyage de cinq jours environ était le meilleur moment de ces séjours forcés. Je courrais partout autour de la charrette, criant lorsque je voyais un lapin ou un chevreuil ; ce qui ne facilitait pas la chasse de mon père lorsqu'il fallait monter le camp. Je ne dormais presque pas car je passais mes nuits à regarder les étoiles, bercé par les ronflements de mon père. Mais cette euphorie disparaissait à mesure que l'on s'approchait de la Route royale. Plus il y avait de gens autour de moi, moins je descendais de la charrette. Malgré le fait que les rameaux d'Uth étaient forts inconfortables, je préférais subir cette gêne que de côtoyer les gens autour de moi. Dès que mon père était arrivé au point de rendez-vous de ses acheteurs, je descendais du chariot et me dirigeais vers le parc le plus proche. Je pouvais rester la journée entière dans ces parcs. Quelques fois, je parvenais à rentrer dans des jardins privés de familles assez riches pour en avoir, mais trop peu fortunées pour engager plus de gardes. Je passais de nombreuses heures dans ces jardins, courant, découvrant et m’émerveillant devant le moindre nouvel élément naturel qui croisait mes yeux. Plusieurs fois, je me fis prendre, errant dans des jardins où je n'avait pas ma place. Mais ma rapidité me sauvais toujours. Les dames en robe lourde et les gardes engraissés et engoncés dans leurs armures n'arrivaient jamais à me rattraper, et quant-ils arrivaient dans la rue par laquelle j'avais fui, j'avais généralement parcouru plusieurs centaines de mètres dans les ruelles de Larbos.

Ces vagabondages hasardeux et enfantins ont vite disparus pour des « activités plus productives » comme disait mon père. Je devais l'aider dans son travail car il n'avait pas les moyens d’engager quelqu'un d'autre. Dès mes 13 ans, je devint alors l'associé de mon père. Je l'aidais à abattre les Ith, à les graver de décorations diverses pour les riches clients. Parfois je débitais le bois, et, plus rarement, je faisais la livraison lorsque mon père était trop fatigué pour cela. Jusqu’à mes 15 ans, nous avons travailler ainsi : ensemble, en essayant de vivre au mieux. Car si le bois d'Ith est un bois noble et que mon père travailler de façon remarquable, nous étions dans une période de troubles. La région dans laquelle nous vivions était dans l'ouest de la Carmérie. Des terres bonnes pour les Ith, la seule terre pouvant les accueillir, mais horriblement stérile pour les récoltes vitales.

Nous étions quasiment les seuls habitants du Drym, notre voisin le plus proche étant un ermite vivant parmi les rochers à quatre lieues de chez nous. Notre maison était à l'endroit idéal pour l'exploitation d'Ith : le climat venteux et sec était parfait pour la croissance des arbres. Il se dit dans le royaume que l'Ith est l'arbre de Rul, la déesse de l'innocence et de la pureté. C'est elle qui pleure lorsque des hommes meurt, c'est elle qui provoque les pleurs des nouveaux-né, et qui protège les fillettes jusqu'à ce que sa sœur, Réal, les fassent saigner. Ainsi, lorsque Rul pleure, ses larmes tombent sur terre et de ces larmes, naissent l'Ith, l'arbre immaculé. L'arbre robuste comme les dieux et pur comme leur mère. Le Drym était l'endroit parfait pour les Ith, mais tout l'argent que nous gagnions grâce au commerce était dédié à la nourriture. Nous devions avoir un stock suffisant pour survivre pendant un an. Les ravitaillements étaient irréguliers et il n'était pas rare qu'une forte chute de neige ou qu'une inondation massive nous empêche de rallier la ville la plus proche pour nous fournir. D'autant plus que nous avions constamment besoin d'acheter du nouveau matériel pour l'exploitation afin d'améliorer nos travaux. Ainsi, tout les légumes et toute la viande étaient conservés dans un sous-sol scellé. Car si les habitants du Drym peuvent se compter sur les doigts de la mains, les camps de bandits et de pillards sont légion. Profitant de l’excentricité du Drym de la capitale et donc de l'autorité royale, les bandits y faisaient la loi. Ils pillent, volent et escroquent les habitants et les voyageurs qui s'aventuraient dans ces terres inhospitalières. En plus des dépenses pour se nourrir, nous devions donc dépenser pour se défendre. Je ne me baladais bientôt plus sans une hache et plusieurs couteaux sur moi. Mon père m'appris les bases du tir à l'arc qu'il maîtrisait de façon tout à fait honorable. Il m'est arrivé de toucher quelques ennemis qui rodaient trop près à mon goût, mais je n'avais jamais tué d'homme.

Cela dura tout le temps de la Guerre des Mots. Car malgré une paix relative avec le royaume voisin, la Carmérie état en proie à un conflit intérieur. La famille royale Bélisaire avait accusé les Helgaud d'avoir assassiné leur fils unique afin de permettre à sa femme, Léane Helgaud d'accéder au trône et de rendre à sa famille sa gloire passée. De cette accusation, d'anciennes histoires d'alliances, de trahisons et de complots furent déterrées, et c'est ainsi qu'une nouvelle forme de conflit naquit en Carmérie : elle fut appelé la Guerre des Mots.

Les Helgaud possédaient tout la côte ouest du pays et étaient les principaux fournisseurs de céréales du Royaume. Ils étaient indispensables au bon fonctionnement de la Carmérie. Il n'envoyèrent bientôt plus de cargaison vers la capitale, provoquant ainsi une des plus grande famine que le royaume ai connu. Car si les riches familles peinent à trouver un sac de farine pour faire du pain, le petit peuple souffre de maux bien plus terribles. Les routes vers Velden, le fief des Helgaud, furent contrôlées par les soldats et cette ville, une des plus puissante cité du royaume, devint une véritable forteresse. Rien ne rentrait ou ne sortait sans l'accord de son seigneur. La situation à la capitale ne s’arrangea pas. La mère du roi Maixent, Erika, pleura son fils pendant plusieurs jours. La colère pris rapidement la place de la mélancolie et elle fit arrêter sa belle-fille. La reine régente Erika pris alors place sur le trône en tant que nouvelle reine légitime de Carmérie. Cette femme établie un état de guerre. Non pas que nous l'étions ; aucun combat n'avait eu lieu sur le territoire depuis la Guerre des Plaines Pourpres, mais la reine préparait la guerre. Elle aimait son fils plus que tout au monde. Elle n'eut jamais d'autre enfant que Maixent, et elle n'en voulait pas d'autre. Maixent était pour elle tout ce que le monde représentait, et elle aurait déclaré la guerre au monde entier si cela était le souhait de son fils. Sa mort fut sa destruction.

Avant, Erika Bélisaire était connu pour être une femme au caractère affirmé mais toujours juste et courtoise. Elle était admiré et crainte. La mort de son fils la transforma en une femme autoritaire et sans pitié. Personne ne pouvait contredire ses ordres sous peine de fini la tête au bout d'une pique. Ainsi, lorsqu'elle appela tout les hommes de plus de 15 ans de la capitale à rejoindre les rangs de l'armée royale, personne ne pu faire autre chose qu'obéir. Au début, ce ne fut que du volontariat. Les hommes étaient fortement poussés à y aller mais, s'ils se débrouillaient bien, ils pouvaient éviter ce devoir. Mais, apprenant que les Helgaud avaient rallier le Trident, l'Avral et les Terres d'Amat, obtenant ainsi plus de 2000 soldats supplémentaires, Erika ratissa plus large. Les hommes n'avait plus le choix et devaient rejoindre l'armée Bélisaire. Évidemment, il y eut des déserteurs. Une dizaine d''hommes fuyèrent vers le Sud, mais la fuite fut courte. Ils furent retrouvés et ramenés à la capitale devant la reine. Ils serviraient d'exemple.
Ce jour là, la reine vint sur la place d'Or, les 16 déserteurs attachés à un poteau, les yeux bandés, tandis que toute la ville se pressait pour voir le spectacle. Bien entendu, tous les soldats se tenaient non loin pour voir ce que la reine leur réservait s'il osaient déserter.
Erika, vêtu d'une robe blanche, sans prononcer un mot, apparut et s'approcha des déserteurs, un fouet à la main. Elle frappa violemment le premier homme. Un cri guttural sortit de sa bouche. Le même cri fut entendu pour les vingts coups suivant. Chaque homme reçu le même sort, et la reine, auparavant blanche et aussi pure que la déesse Rul était devenue rouge du sang des traîtres à la couronne. Ses cheveux blonds maculés de taches vermeilles pendaient devant son visage. Elle était essoufflée mais personne ne sut dire si c'était d'effort ou de plaisir malsain. Dans la foule, personne n'avait bougé. Tous craignait le même sort que les traîtres. Bientôt, Erika s'approcha des déserteurs et leur enleva le bandeau. A ceux qui s'étaient évanoui, elle leur versa un seau d'eau sur le visage. Il fallait qu'ils soient éveillés pour la suite. La reine repartie sans un mot, laissant les hommes à leurs poteaux. Elle s'assura qu'ils restèrent éveillés durant toute la nuit. Le lendemain, au son des cloches du matin, l'entièreté de la population revint sur la place. La reine réapparut avec la même tenue, encore souillée du sang de la veille. Elle effectua le même rituel, mais seulement avec 10 coups de fouets. Mais lorsqu'elle termina avec le dernier, elle prit un seau rempli de liqueur de feu, l'un des alcools les plus forts originaire du Trident, et s'approcha de l'un d'entre eux. Elle en prit une chope pleine et la versa sur les plaies ouvertes des traîtres. Des cris inhumains se firent entendre jusqu'aux gorges disait-on. Seulement 4 des 16 prisonniers moururent ce jour là.
La reine continua ce rituel chaque jour suivant ; les déserteurs étaient toujours attachés et la foule toujours présente en nombre. Cette torture dura encore pendant huit jours. A la tombée du jour du huitième jour, le dernier prisonnier mourut d'épuisement et de souffrance. Le soleil était derrière les collines lorsque la reine déclara :
- Ces seize traîtres à la Couronne méritent leur sorts. Partir à la guerre et mourir pour leur reine, leur peuple leurs auraient éviter bien des souffrances. Mais ces souffrances ne furent pas inutiles. Rester dans les rangs de l'armée leurs aurait permis de nourrir leurs famille et d'honorer leurs noms après la guerre. Mais ces couards sont sans honneur. Cette punition fut juste, à la hauteur de leur trahison.
Elle se tourna vers les garnisons forcées de regarder ce spectacle depuis ses débuts.
- Vous êtes fidèles à la reine et vous le resterez. Un dévouement sans faille sera récompensé. Une désertion, puni.
Et devant toute l'assemblée, d'une voix forte. :
- Le même sort sera réservé à ceux qui tenteront de se soustraire à leur devoir. Songez à vous enfuir, vous serez réprimandé. Discutez mes ordres, vous serez enfermé. Fuyez votre poste et vous rejoindrez les 16 traîtres. Vous ne pouvez échapper à la justice de la reine.
Elle laissa l'assemblée sur ces mots et s'en alla dans un long silence glaçant. Larbos, une ville de centaines de milliers d'habitants était devenue, pendant un instant, l'endroit le plus silencieux du monde connu.

Les nouvelles apportaient beaucoup moins d'opposition ouverte à Erika Bélisaire, qui reçu le titre de Reine Rouge. Évidemment, les bardes ne tardèrent pas à écrire une chanson de ces huit jours de torture. Mais aussi doués soient les poètes, nul ne peuvent s'empêcher de dramatiser encore plus la scène. Ainsi, la liqueur de feu devint du poison de jusquiame et la voix de la reine devint celle de la Reine Maudite Gélanore, morte il y a une trentaine d'années. Bien que ces récits soient largement exagérés, il n'en était pas moins vrai que Erika la Rouge, puisque-t-elle était son nom désormais, fut littéralement crainte dans toutes les villes, villages et hameaux du Royaume. Personne ne voulait subir le supplice du fouet et du feu. Craignant des représailles, tout le monde se mit à être méfiant : les soldats ne connurent plus la camaraderie, uniquement de la défiance et des suspicions envers leurs camarades. Chacun savait qu'un mot de travers pouvait leur coûter la vie, mais ils savaient tous également que rapporter un délit à la reine pourrait leur rapporter des pièces d'or.
Il y a eut des assassinats, des complots entre les soldats, mais ces actes furent dissimulés au public. Personne ne devait savoir que les rangs de la Reine Rouge se déchiraient entre eux. D'autant plus qu'elle devait enrôler d'autre hommes.
L'armée rouge fut envoyée aux quatre coins du Royaume pour ramener les hommes étant parvenue à se cacher dans des villages. Certains furent pris de force, et ces raids causèrent de nombreux troubles au sein du territoire. Mais la reine ne voulait rien entendre : il lui fallait une armée pour vaincre les Helgaud.

Malgré ce rassemblement de forces et ces démonstrations de pouvoir et d'autorité, aucuns conflits ne fut engagés. Il n'y eut que des mots, des menaces et des rumeurs qui ameutaient les soldats et leurs dirigeants.
Dernière modification par normalement le mar. 27 mars, 2018 8:07 pm, modifié 4 fois.
DanielPagés

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Re: Ma Veillée débute

Message par DanielPagés »

Bon, comme j'adore la Lozère... je vais essayer de lire ton histoire dès que j'ai un peu de temps ! ;)
Deby-1

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Re: Ma Veillée débute

Message par Deby-1 »

normalement a écrit : Par réflexe,

- Réveilles toi gamin, c'est ton tour, dit une voix grave.

Ils sont ici pour le devoir, non pour le plaisir. Moi, car j'y suis car j'y ai été obligé. Moi, le devoir ne m'a pas appelé, j'y ai été contraint. (Plus harmonique.)

Bien sûr, les Grands Veilleurs nous disent de ne pas prêter attention aux colporteurs de ragots de tavernes (on ne peut pas etre colporteur dans une taverne, définition de colporteur vendeur ambulant, donc de taverne de trop) car ils ne racontent que fadaises pour minettes. (répétition qui ne sert à rien au récit supprime)

Généralement, il suffit d'un reproche (je mettrais avertissement plutôt que reproche) des Grands Veilleurs pour que les hommes du fort se taisent et se remettent au travail dans la seconde. Mais cette fois-ci (je mettrais face à cette menace), les Veilleurs ont continués à parler entre eux. Bientôt, entendant des (les) nouvelles toujours plus catastrophiques venant de l’intérieur, des Veilleurs ont commencé à fuir pour retrouver leur familles. Il y a un mois, après qu'une dizaines d'entre nous aient désertés (après la désertion d'une dizaine d'entre eux, c'est moins lourd, plus poétique), le Grand Veilleur Garza prit la parole devant tous les effectifs du fort :

- Je sais que des nouvelles horribles circulent entre les hommes de Fort-Marc. C'est inutile de punir la bêtise, cela sèmerait la discorde entre ces murs et nous n'avons nul besoin de problèmes supplémentaires. Mais c'est utile ( c'est de notre devoir ou de mon devoir, cela sonne plus sage) de punir la désobéissance. Je n'interdis pas les (aux) hommes de discuter, il est impossible de le faire. Mais j'interdis les ( à nos, cela sonne plus sage) hommes de fuir lâchement leur devoir. Je suis au courant des rumeurs qui disent que la nature reprend son pouvoir (ces droits). Certains proclame que la nature nous punis pour l'avoir maltraitée. (j'ai changé la tournure phrase trop longue) Je sais que des inondations et des feux de forêts sont en train de détruire des villages et des communautés en Carmérie. Si nous recevions une requête de la reine nous demandant d'aller sur les sites des catastrophes, nous irions. Mais il n'en est rien. Dans ce cas (Autrement dit), il vous est interdit de fuir votre poste. Quand bien même vous le feriez, vous serez attrapé par les soldats de la reine et nous savons chacun ce qu'il advient des déserteurs. Aussi, quiconque tentera de déserter (quitter, trop de répétition) son poste sera rattrapé, déclaré déserteur et envoyé à la capitale pour recevoir la peine affligée en temps de guerre.


Il s'était(est arrêté) pendant un court instant,

- Gery, rappelle nous quel est le serment que ces jeunes gens ont fait lorsqu'ils sont arrivés ici.
Le dénommé Gery que je ne connaissais pas avant ce moment ne monta pas sur l'estrade , il éleva seulement sa voix grave que tout le monde entendit dans la cour : (éleva sa voix grave afin que tout le monde puisse l'entendre dans la court, moins lourd)

- Ma Veillée débute
Nul ne saurait traversé sans être vu
Car mes yeux je donne pour le roi
Et mes mains pour les Hommes
L'horizon est mon paysage
Et nul ne saurait m'en détourner
Je prend la lance jaune
Et me place aux remparts
Mon arme est ma seule aimée
Et le lointain mon unique bien
De ce jour jusqu'à la fin

(cela me rappelle étrangement une série livre et télé...)

ALORS ATTENTION DU UTILISE TROP DE TEMPS DIFFÉRENTS TU CHOISIS SOIT PASSE SIMPLE OU IMPARFAIT MAIS PAS LES DEUX !!

Il avait (a) terminé son discours et n'a attendu nul (pas attendu la, moins lourd) réaction des hommes devant lui (inutile). D'un pas lourd, il avait (a) quitté l'estrade et été (il est) parti dans son bureau (situé dans ) l'aile est.

Ce jour là ; (,) personne ne parla du discours du Grand Veilleur Garza, ni les jours qui suivirent d'ailleurs. Les nouvelles de l’intérieur parvenaient toujours au fort mais personne n'osaient (ait) en parler. Nous savions que les punitions promises par Garza n'étaient jamais vaines et mieux valaient ait ne pas finir sur la Grande place de la capitale pour désertion.
Voilà, j'ai corrigé deux trois trucs, c'est plutot pas mal. je lis la suite plus tard... C'est un bon début.
Deby-1

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Re: Ma Veillée débute

Message par Deby-1 »

[/quote]
normalement a écrit : Je suis arrivé attention au temps début du récit au présent donc reste au présent !!! J'arrive sans m'en rendre compte au bas des escaliers de la Tour. J'allume une torche, non pas pour la lumière car le jour allait se lever sous peu, mais pour la faible chaleur qu'elle me procurait. Ma cape, trop peu épaisse, ne suffit pas à me protéger des bourrasques estivales qui cinglent les pierres des édifices (inutiles) du fort. Arrivé en haut, je signale à Tral que son tour de garde est terminé. (attend attend, tu viens pas de prendre la garde de quelq'un d'autre déjà??? incohérence dans le récit, soit tu coupes cette partie soit tu ajoutes en début que ton pote à dit de relever Tral ) Il part en baillant, prononçant d'une voix endormie les mots traditionnels du relais de tour de garde :
- Que l'horizon soit tien.
Je lui fais un signe de tête et me dirige vers l'échelle, pour aller au plus haut de la Tour. Je m'installe sur la chaise et scrute l'horizon. (attention répétition horizon / horizon tu peux dire la vaste étendue)
En bas de la falaise que je surplombe, le Loth coule à travers les rochers autrefois constituant la falaise (attention répétition enlève autrefois constituant la falaise superflue) . Quelques arbres étaient parvenus à trouver une place dans le chaos liquide et rocheux des Gorges. Leurs racines et leurs branches se frayaient un chemin sinueux jusqu'au lopin de terre le plus proche. Marcher au bord de la rivière est dangereux : les crues pouvant arriver à tout moment et le labyrinthe de ronces pouvant faire trébucher le plus prudent des hommes, plus d'une personne imprudente avait été emporté dans le Loth ces dernières années.

D'ici, je peux apercevoir vers l'est, le donjon des Brumes, le plus Haut point des feux de Lastor. Un grand bûcher y était présent, prêt à être allumé à tout moment en cas d'alerte. Mais je serais surpris que quelqu'un soit en garde près du bois : les feux n’ont pas été utilisés depuis des centaines d'années. La paix ne profite pas aux installations de guerre. (tournure bizarre...)

Le ciel se pare doucement de couleurs aurorales, délaissant le bleu de la nuit à l’azur orangé de l'aube. Les couleurs arrivent les unes après les autres, l'une se fondant avec les suivantes, créant une parfaite harmonie colorée. C'est l'un de mes moments préférés chez les Veilleurs : observer le jour se lever au dessus des Gorges. Car tandis que (pas français Directement ) Tandis que les cieux se parents(pas de s) de unes et mille teintes, les terres sont elles aussi en plein réveil. Les oiseaux nocturnes rentrent avant les premières lueurs pendant que les lapins sortent doucement de leur terriers pour profiter du calme matinal. C'est le même phénomène chez les hommes. Lorsque les femmes de joies (attention sexisme dit plutot les femme legeres et les hommes saoulent question d'équité) rentrent prendre du repos après une dure nuit de labeur (supprime). Les premières s'endorment les liasses à la mains et les autres rentrent penaud chez eux, cherchant une excuse à dire à leurs épouses les premiers boulangers enfournent la tournée du matin pour les clients les plus matinaux. Les voleurs de la ville basse prennent place pour escroquer leurs premières victimes.

Mais (Inutile directement) Je n'aime pas la ville.

Une nouvelle partie avec avis et correction. On s'accroche à l'histoire. Description bien faite. Pas trop chargée qui laisse l'histoire se faire.
normalement

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Re: Ma Veillée débute

Message par normalement »

Merci d'être passé !
J'ai bien pris en compte tes conseils et tes corrections et je te remercie d'avoir pris le temps de faire attention à tout ça :)
Pour les fautes, j'ai du mal avec les temps des verbes, donc ça m'aide vraiment d'avoir des corrections. Pour ça merci ! Et pour le reste, c'est souvent des fautes de frappes ou d'inattention. J'ai juste besoin de plus de concentration !

Pour le serment des Veilleurs, c'est vrai qu'il ressemble beaucoup à celui des Gardes de Nuit de GOT mais ce n'était pas l'intention. Dans tous les cas, je ne comptais pas écrire un livre, donc je ne pense pas que ça soit bien grave ;) Il faut dire aussi que la saga de G.R.R Martin est grande source d'inspiration dont il est difficile de s'en inspirer un peu ! Je n'ai pas vu les livres, mais je regarde la série avec assiduité donc forcément, je suis influencé !

Bref, en tout cas merci pour ton avis et ton aide précieuse !
Deby-1

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Re: Ma Veillée débute

Message par Deby-1 »

De rien
Trop de bruit, d'agitation, d'odeurs et de couleurs en même temps, sans harmonie, la plus forte, le plus bruyant se faisant une plus grande place dans le tumulte des marchants et des clients. Je préfère les couleurs pastel du ciel à travers les nuages qui se reflètent dans le flot tumultueux de la rivière en contrebas. Moins de bruit, moins d'agitation et plus de splendeurs.
Phrases trop brouillon, et répétition de l'idée principale.
criant lorsque je voyait un lapin
je voyaiS
je préférais subir cet gêne
ceTTE gêne
Quelques fois, je parvenait
je parvenaiS
Je passais nombres d'heures
je passais de nombreuses heures, plus français.
Deby-1

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Re: Ma Veillée débute

Message par Deby-1 »

je devint alors l'associé de mon père
Je devinS et je ne dirais pas associé mais apprenti
que mon père travailler de façon remarquable
travaillait
nous étions dans une période de troubles. La région dans laquelle nous vivions était dans l'ouest de la Carmérie. Des terres bonnes pour les Ith, la seule terre pouvant les accueillir, mais horriblement stérile pour les récoltes vitales.
je pense que l'idée est plus > nous vivions dans une régions de disette. En effet, nous vivions dans l'ouest de la Carménie, certes des terres fertiles pour le Ith, mais totalement stériles pour les autres récoltes.
tout l'argent que nous gagnions grâce au commerce était dédié à la nourriture.
tout l'argent était dépensé
Ainsi, tout les légumes et toute la viande
De plus au lieu de Ainsi
touS les légumes
Maixent était son fils unique et elle n'en eut jamais d'autre.
ça tombe sous le sens si il est fils unique !! donc enlève et elle n'en eut.....
Deby-1

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Re: Ma Veillée débute

Message par Deby-1 »

Attention la partie de la guerre des mots . Tu m'as perdu. trop de nom différent d'époque... reviens à ton histoire principale revient dans le présent sur ton mur et reparle de la reine plus tard.
normalement

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Re: Ma Veillée débute

Message par normalement »

Salut !
Dernière partie de l'histoire. Je ne voulais pas couper toute la fin, je pense que cela aurait crée une coupure trop brutale dans le récit. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires, je prend toutes les remarques et conseils !
Bonne lecture ;)

----------------------------------------------------------------------------

Tout cela, je l'appris de mon oncle. Je ne l'ai jamais réellement connu, mais lorsqu'il arriva chez nous, son air préoccupé et ses yeux aux abois me le firent écouter.
Il descendit de son cheval et rentra dans la cabane sans même attendre un quelconque signe de bienvenue de ma part. Il jeta un regard à mon père, étendue dans le coin de la pièce, puis s'assit sur une chaise. Oncle Lincoln paraissait plus vieux qu'il ne l'était en réalité. Il approchait de la cinquantaine et des cheveux gris parsemaient ses cheveux bruns et ses yeux ne brillaient plus de la vigueur de la jeunesse. Car Lincoln était un ancien capitaine de l'armée royale. Après s'être enrôlé auprès d'un capitaine de l'armée, il voulu s’entraîner au combat. Tous les soirs, après que son maître ne lui demandait plus de services, il s’entraînait. Seul mais avec une motivation et une volonté sans faille. Jusqu'au jour où son maître, remarquant que son serviteur maniait les armes avec une certaine dextérité, le prit comme apprenti. Ce terme n'existe sûrement pas chez les soldats, mais c'est le nom que mon père m'a donné lorsqu'il m'a raconté cette histoire.
Il s’avéra rapidement que Lincoln était un combattant d’exception. Épée, masse d’arme, arc et hache, aucune arme ne parvenait à lui cacher longtemps ses secrets. Son maître, convaincu de sa maîtrise, l'envoya en première ligne de la Bataille des Onze, seulement trois ans après son arrivée dans l'armée. On retrouva Lincoln sur le champ de bataille, la figure en sang, prêt à frapper tout ceux qui s’approchaient de lui. Il eut l'air d'un fou sanglant. Sanglant, mais survivant. Car, il faisait partie des derniers survivant de la folle bataille qui eut lieu. Lui et dix autres. On le ramena à la capitale, et après quelques semaines de convalescence, il prit le poste de son défunt maître : septième capitaine de l'armée royale. Il avait seulement 20 ans. La Bataille des Onze étant le dernier conflit de la Guerre des Plaines, Lincoln mena une carrière relativement paisible.
Néanmoins, son poste était important, et il endossa son rôle de capitaine avec autant d'humilité et de respect qu'un jeune homme venant d'un milieu modeste pouvait avoir. Il devint bientôt une idole à travers le royaume. C'est lui qui empêcha la guerre avec les Crânes Bleus de Férodan alors que la situation était sur le point d'exploser. Lincoln ramena la paix entre plusieurs villages en conflits, rétablissant ainsi un commerce florissant sur les routes terrestres et maritimes. C'est lui, qui permit un traité de paix avec les habitants de la forets, et qui évita une invasion avec les Lydiens. Lincoln avait réussi à établir une paix devenue étrangère aux Carmériens. En 20 ans, il fit plus de progrès avec les peuples extérieurs et intérieurs grâces à des négociations que des décennies de conflits interposés entre peuples, maisons et royaumes. On l'appela bientôt Lincoln GrandMots, capable de persuader tout le monde pour obtenir ce qu'il voulait. Un homme malveillant aurait utilisé ce don de parole à mauvais desseins, pour sa gloire personnel. Mais Lincoln était un homme de bien. A chaque fois qu'une guerre ou un conflit menaçait la sécurité du royaume, il obtenait la paix, grâce à un arrangement pour préserver l'équilibre des peuples. Souvent, on lui demandait :
- Pourquoi négociez-vous toujours ? Le conflit est parfois nécessaire et plus efficace que les mots.
Il répondait avec un regard vide d'émotion :
- Pour que des voix n'aient pas à se rajouter aux autres.
Personne ne comprenait vraiment cette phrase qu'il répétait dès que quelqu'un voulait la guerre, mais personne ne voulait contrarier Lincoln en lui demandant le sens véritable de ces mots.

Le septième capitaine était l'une des personnes les plus appréciées du royaume. Pauvres comme riches, paysans et seigneurs, nul ne remettait en cause sa loyauté envers la Couronne. De l'auberge la plus éloigné du Drym à la salle du trône, son nom n'était précédé que de louanges.
Lincoln ne se considérait pas comme un héros, mais comme un simple serviteur du royaume. Et c'est en ancien capitaine de l'armée royale, retraité depuis quelques mois qu'il était entré dans notre maison.

Il prit la parole de sa voix haute et forte qui lui valait bien des admirateurs :
- Tu as bien grandi Aedan. Tu es un homme maintenant, prêt à prendre la relève de ton père.
Il lança un regard à mon père, et voyant que je ne sus quoi lui répondre, continua :
- Il vaudrait mieux que tu le soit d'ailleurs. Landry ne semble pas au mieux de sa forme.
Je le regarda d'un œil plus mauvais que je ne l'aurais voulu. Je ne l'avais vu qu'une seule foi, furtivement à Larbos, entouré de gardes. J’ignorais encore tout lien de parenté avec lui. C'est Landry qui m'appris que le capitaine Grandmots était mon oncle. Mon père ne m'en parlait jamais. Il ne voulait pas savoir ce que son frère faisait pour le royaume ici où là. Seul lui importait le commerce d'Ith. Il nous permettait de vivre. Pas le capitaine. Ainsi, dans cette cabane n'était pas présent un oncle venu voir sa famille, mais un étranger, certes illustre, mais n'ayant aucun lien quelconque avec les occupants de la cabane. Je lui répondis en essayant de garder une courtoisie relative :
- Il est malade. Bientôt 10 jours qu'il est comme ça.
- N'as-tu rien fait pour l'aider ? Il y a bien des soigneurs dans ces terres mortes ?
Je m'adossa à un mur en face de lui et dit :
- Il y a autant de soigneurs qu'il y a de lois et de moralité dans le Drym.
Ma voix ne sonnait pas aimable. Je le savais. Mais je n'en fis rien. Lincoln était certes un homme grand et de valeur, mais jamais il ne prit de nouvelles de son frère.
Il se leva de sa chaise et se dirigea vers le trou dans le mur qui nous servait de fenêtre. Faisant mine de ne pas avoir entendu ma réponse, il reprit la parole sur un tout autre sujet.
- Comment va le commerce d'Ith en ce moment Aedan ? Les routes contrôlées et les barrages des soldats ne vous empêche pas de gagner votre or ?
- Que faites-vous ici Lincoln ? Vous n'êtes pas venu voir votre frère pendant au moins 15 ans, si ce n'est plus. Je ne pense pas que le capitaine GrandMots viendrait au fin fond de ces terres mortes comme vous le dites si bien, pour parler commerce et santé. L'êtes vous ?
Il se tourna vers moi, tandis que je m'était redressé, et afficha un sourire sur son visage creusé par les rides de l'âge.
- Tu as la franchise de ton père. Il ne disait jamais ce qu'il fallait, toujours ce qu'il pensait, peu lui importait les conséquences.
- Contrairement à vous, n'est-ce pas ? Toujours ce que les gens veulent entendre, jamais ce qu'il doivent entendre. Brosser le chien dans le sens du poil, c'est bien l'expression ?, dis-je dans un sourire ironique.
- Je dois bien faire ce pourquoi l'on m'a engagé. Je suis le capitaine GrandMots. Je dois honorer ce titre.
- Un beau titre, pour sûr. Dommage que je n'en ai rien à faire. GrandMots ou pas, vous êtes ici chez moi. Vous répondez à mes ordres et mes demandes. Je vous le redemande donc : Que faites-vous ici ?
Il garda son sourire narquois pendant un bref instant, et se tourna vers moi en changeant brutalement d'expression. Ce fur avec un regard sévère et une mine fermée qu'il me parla :
- Bien, je pensais que cela prendrait plus de temps, histoire d'enrober le tout de politesses et de mondanités. Mais soit.
Il se rassit sur la chaise, sortit une outre, qui, à l'odeur, ne devait pas être de l'eau et me fit signe de m'asseoir à ses cotés. Je l'ignora et me radossa au mur, les bras croisés.
- Es-tu au courant de l'état du Royaume Aedan ?
- Toujours debout, des montagnes au sud et au centre et la mer au nord et à l'est. Cela a-t-il changé mon oncle ? Les montagnes bougeraient-t-elle pendant la nuit ? Allez leur parler, elles changeront peut-être d'avis dis-je d'un ton railleur
Il prit une gorgée de sa boisson dans un soupir de ricanement, mélangé à du répit.
- Le Drym te sied à merveille neveu. Cru, vif et sans pitié. Mais je te parle sérieusement. As-tu était en ville récemment ?
Je ne suis pas allé à la capitale depuis plusieurs mois. Mais vous m'avez dit que les routes étaient barrées par les soldats. Faites usage de vos grands mots et éclairez moi.

C'est ainsi que Lincoln en vint à me raconter la Guerre des Mots qui projetait son ombre sur toute les Carmérie. Le meurtre du roi, les Bélisaire, les Helgaud, la famine et le Reine Rouge qui poursuivait l’expansion de son armée.
- Elle a désormais plus de 6000 soldats sous ses ordres et les Helgaud en ont quasiment autant. Erika la Rouge ne cesse de dépenser l'or du royaume dans des machines de siège, des chevaux et des nouvelles armes pour ses soldats. Les murs et les murailles de toute la capitale sont renforcés, les crimes punis sévèrement. La nourriture est rationnée à cause du retrait des Helgaud sur le marché agricole. Tout le royaume est touché. La guerre approche Aedan.
Il avait raconté son l'histoire depuis une quinzaine de minutes, ne s’arrêtant que pour boire. Je l'ai écouté sans mot dire, attendant qu'il termine son discours. Landry m'avait dit un jour : « Lorsqu'un homme cesse de parler de son plein gré, soit il a une mauvaise nouvelle à annoncer, soit il vient de révéler un secret. A toi Aedan de trouver ce secret ou d'affronter la nouvelle. »
Alors j’affrontai la nouvelle.
- Qu'est-ce que tout cela à avoir avec moi ? Je ne suis ni un Bélisaire, ni un Helgaud et les seuls personnes nous portant de l'intérêt ici sont ces bâtards de bandits.
Lincoln commençait sérieusement à m'agacer. Il parlait bien, certes, mais trop pour moi. Je n'aime pas parler et je n'aime pas les gens qui en sont friands. Je m'impatientais. Lincoln prit la parole.
- Il est sûr que tu n'es pas de la famille royale, bien que tu en ai le répondant et l'insolence. Mais tu es ici sur le territoire des Bélisaire.
- Le Drym n'a pas de souverain. C'est la lande la moins peuplée du royaume. Et pour une bonne raison. Pas de terre, pas de champs et pas d'or. Que des herbes sèches et des rocs.
- C'est vrai. Mais n'oublie pas que le territoire n'est pas seulement le Dormark, où se trouve leur fief. C'est tout le royaume. Même si aucun soldat ou seigneur ne vient ici, la reine de la Carmérie est aussi la reine du Drym.
Aucun souverain ne s'est jamais soucié de ces terres. Il n'y a rien ici que les autres régions ne peuvent leur apporter.
Je m'était renfrogné et je regardais mon oncle d'un œil mauvais. Où-voulait-il en venir ?
- Rien de matériel en effet. Mais le Drym est plein de bandits comme tu l'as dit. Aussi bâtards qu'ils soient, et je te crois sur ce point, ils restent des hommes. Que recherchent les coupe-jarret du Drym ? La gloire ? La puissance ? Un camp à diriger et étendre son pouvoir à travers le territoire ? Rien de cela. Ils veulent de l'or. Être riche, baigner dans l'argent. Ils pillent pour de l'or. Ils tuent pour de l'or. Ils vivent pour l'or. Donne une pièce à un ivrogne, il va boire. Donne en une à un enfant, il va s'empiffrer. A un accro aux salles de jeux, il va jouer. Les hommes dépensent leur or dans ce qui leur plaît le plus au monde. Les bandits sont des tueurs aguerris. La seule chose qui les retient de ne pas tuer leur chef, c'est la peur. Élimine la peur, prononce de belles paroles et lancent quelques pièces en l'air, et les bandits deviendront tes hommes.
Dans ses yeux de brillait pas une lueur d'espoir ou de joie comme son statut l'aurais voulu, mais une once de peur. Une lueur que l'on retrouve dans les yeux de l’honnête homme qui entend un bruit sourd dans une ruelle sombre au milieu de la nuit.
- Si je suit votre raisonnement, les bandits seront sous vos ordres.
- Pas les miens. Ceux de la reine. Ce genre d'hommes n'obéissent qu'à une chose : la fortune. Promet leur une bourse pleine par mois et les bandits seront à toi. Si les mots ne peuvent les convaincre, l'or le fera.
Lincoln me fatiguait. Il ne cessai de tourner autour du pot et il évitait la véritable raison de sa venue. J'avais beaucoup de choses à faire comme couper du bois, sécher le gibier pour les réserves, finir de graver une poutre et préparer un onguent pour mon père. Je n'avais que trop entendu ses belles paroles. Je me remis droit et alla droit au but :
- Donc, les soldats vont arriver sous peu pour rallier les bandits. Super. Grand bien leur fasse. Mais je ne suis pas un hors-la-loi. Je ne suis qu'un apprenti qui tente de garder son commerce à flot pendant que son père est probablement en train de passer ses derniers jours dans une cabane au milieu de nul part. On se fait attaquer tout les trois jours, le commerce va au plus mal, nous n'aurons bientôt plus de bois pour l'hiver qui arrive et le garde manger se vide plus vite qu'il ne se rempli ! Vous êtes le frère de mon père. Mon oncle. Nous sommes de la même famille mais pourtant, je ne ressens aucune affinités, aucun respect ni aucune considération pour vous. Je ne sais toujours pas ce que vous voulez et j'en ai assez de vos belles paroles. Alors je vous le demande une dernière fois. Une réponse claire, net et rapide ou bien la porte. Que voulez vous ?
Il eut un bref sourire, instantanément remplacé par un visage fermé. Il me regarda droit dans les yeux, le reflet des flammes se reflétant dans les siens.
-Je vais être clair puisque tu en décides ainsi. Je suis partie de la capitale depuis maintenant une quinzaine. J'ai passé les dernières nuit avec des détachements de soldats de la reine dans le Lozdoc. Ils me connaissent et m’accueillent sans questions. Et les soldats parlent lorsqu’ils ne sont pas méfiants.
- Surtout lorsqu'une outre pleine de vin qui circule entre leur mains. Ne vous sentez pas exceptionnel Lincoln, ironisai-je.
Son regard devint encore plus froid ce qui me fit cesser mon ricanement mesquin.
- J'ai entendu dire que un déploiement de force conséquent va se faire sous peu pour récupérer les bandits du Drym. Ils seront ici dans trois jours, quatre tout au plus. Les soldats de la reine on reçu des ordres très clairs : « Ramenez tous les hommes que vous trouverez ». Tous. Tu es un jeune homme dans la force de l'âge Aedan. Tu es robuste et je ne doute pas que ton père t'ai appris à te servir d'une arme. Tu peut te battre mieux qu'un simple fermier. Erika ne considère pas les hommes comme des êtres humains, mais comme des ressources. Le Drym est plein de ressources, et tu en fait partie Aedan déclara-t-il en me pointant du bout du doigt.
Mon agacement pris le dessus.
- Êtes vous en train de me suggérer de rejoindre l'armée de la reine ?
- Tu ressembles à ton père Aedan. Insouciant et plein de courage, dit-il dans un sourire triste. Mais je ne suggère rien de cela. Lorsque les soldats arriveront, tu devra être loin. Ils t'emmèneront avec eux pour agrandir leurs rangs de l'armée royale, que tu le veuilles ou non. Peu leur importe leur métier, ton âge ou tes désirs. Tu es une ressource comme une autre.
J'allai dans le coin de la cabane, vers le coffre pour y prendre une bûche que je jeta ensuite dans l'âtre.
- Alors je dois fuir des soldats à chevaux entraînés dans un territoire parfaitement plat où rien ne peut me cacher, le tout en transportant mon père malade, des provisions, des armes et du matériel pour rebâtir un commerce ailleurs. Tout cela en trois jours.
Je me retourna vers lui.
- Vous êtes conscient que c'est impossible n'est-ce pas ? Je ne peux pas fuir les gardes royaux à pied. Ils risquent, pour ne pas dire ils vont, de me rattraper et de me faire subir le sort du fouet et du feu que vous m'avez décrit.
- Vous ne pourrait pas fuir toi et ton père. Toi seulement peut aller au Sud. Fais tes affaires, ne prends que le nécessaire. Oublie ta bourse, elle ne te sera pas utile.
Il se leva brusquement et se dirigea vers la porte. Alors qu'il remettait sa cape, je le suivie et lui pris l'épaule. Tout allait trop vite. Trop d'informations d'un coup. Des décisions trop importantes à prendre en un laps de temps trop court. Je ne sut pas quoi faire ni quoi penser.
- Écoutez. Je ne peux pas quitter cet endroit. Je ne connais que cela. Je ne sais me battre que de façon rudimentaire. En plus, toutes les bases du commerce d'Ith ne m'ont pas encore été apprise par Landry.
Je lança un coup d’œil vers le corps tremblant de mon père, étendu dans le fond de la cabane et me retourna vers Lincoln.
- Je ne peux pas l'abandonner. Nous ne sommes pas proche en tant que père et fils, c'est vrai, mais il a encore beaucoup de choses à m'apprendre. Lorsqu'il se rétablira, nous...
- Landry va mourir. Il ne vivra pas plus de deux jours, même avec de la chance. Son état empire et tu le sais. Inutile d'être soigneur pour le voir Aedan. Quand je suis rentré dans cette cabane, j'ai senti l'odeur de la mort. Et la mort ne fait jamais demi-tour.
Je fut abasourdi. Aucune mise en forme, aucune subtilité dans ses mots. Je ne dit rien et il continua.
- Tu as de la chance de ne pas être tombé malade Aedan. Mais la chance n'est pas éternelle. Il n'y a pas d'autre solution. Tu restes, tu meurt. De faim, de maladie ou d'une épée, peu importe. Tu fuis seul, tu meurs. Les soldats te rattrapent, des bandits te capturent ou te tuent directement. Les façons de mourir sont multiples et tu le sais.
Il se mit bien en face de moi et me pris les épaules.
- Je suis ici pour te donner une chance Aedan. La chance de vivre, d'avoir un repas chaud tous les soirs, une paillasse pour dormir. Une nouvelle maison, une nouvelle famille. Voici ce que je t'offre.
Il me regarda intensément dans les yeux et d'un coup, fit demi-tour pour sortir dehors. Il parti vers son cheval attaché à un arbre non loin. Je le suivi et dit :
- De quoi parlez-vous ?
- Les Veilleurs. Au sud, après les Causses. C'est là que je t'emmène.
- Et mon père ?
Lincoln était monté sur son cheval et me regarda avec de la pitié. Sans un mot, il dégaina une dague de sous sa cape que je n'avais pas remarqué jusqu’alors et me la tendit. L'éclat de la lame me fit plisser les yeux mais le message fut clair. Lincoln déclara alors :
- Abrège ses souffrances tout de suite et je te laisserai lui creuser une sépulture.

A cet instant précis, le monde sembla s’arrêter. Je devais faire un choix : rester avec mon père et essayer de le soigner tout en évitant de se faire enrôler de force par les soldats, ou bien l'abandonner à son sort et fuir au Sud du royaume, là où je vivrais dans une paix relative avec la mort de Landry sur la conscience.
Lincoln avait raison, je ne pouvait pas fuir le sort de la reine. Les soldats arriveraient sous peu et je subirait le supplice du fouet et du feu s'ils ne m'abattent pas avant.
Si, par je ne sais quel miracle, j'arrivais à ne pas me faire prendre par les hommes de la Reine, je devrais me débrouiller seul dans le Drym, en espérant ne pas me faire tuer par les pillards. Mais cette théorie était improbable. Avec ou sans moi, les soldats allaient chercher les bandits et, une fois leurs forces réunies, me faucheraient tôt ou tard.
Mon père était malade depuis plusieurs jours. GrandMots disait vrai. Bien que je ne l'appréciais guère, il avait dit la vérité sans me charmer par des mensonges bien ficelés. Je lui accorda cela : Lincoln était un homme droit.

Je ne savais pas quoi faire. Je ne pouvais tout de même pas assassiner mon père, mourant et tremblant dans son lit ! Je connaissais l'ordre des Veilleurs. Des sentinelles des Terres Calcinées. Aucun roi, aucun gouvernant n'avait le pouvoir sur eux. Indépendants de la volonté des rois, ils ne servaient que le peuple, sans distinction d'étendard. Les Veilleurs menaient un vie simple mais pas malheureuse, gardant la Carmérie du danger qui pouvait surgir des Terres Calcinées. L'ordre n'était pas à cours d'hommes mais il ne refusait jamais un volontaire : même les criminels étaient parfois envoyés aux forts. La formation les mettaient généralement sur le droit chemin.

Partir chez les Veilleurs revenait à tuer mon père. Sa vie pour la mienne. Un sacrifice d'un père pour son fils. Un sacrifié au lieu de deux morts. Lincoln n'ayant, à ma connaissance pas de femme, rester reviendrait à l'extinction de notre nom. L'extinction du savoir. Nous n'avons jamais été très proche avec Landry. Je l'appelais d'ailleurs plus souvent par son prénom que par son rôle. Sans me maltraiter ou me détester, il me considérait plus comme un apprenti que comme un fils. Le commerce et la culture de l'Ith lui était primordiale. Il devait avant tout m'enseigner les arts de ce bois : comment le cultiver, le tailler et l'utiliser. Lorsque, petit, je lui demandais pourquoi il ne me chérissait pas comme un fils, Landry disait toujours « la connaissance prime sur les sentiments ».

Je su alors ce que je devais faire. Je ne pris pas la lame et repartit dans la cabane. J’attrapai un sac de toile que je rempli de quelques vêtements de rechange, et pris l'arc dont je me servait pour éloigner les bandits trop curieux accompagné d'un carquois et d'une dizaines de flèches. Mes possessions s'arrêtaient là : des morceaux de tissus et un arc.
Avant de quitter la cabane, je regardai mon père, respirant lourdement sur sa paillasse. Il souffrait. Son souffle se faisait de plus en plus rare. Je ne le laissa pas souffrir plus longtemps.
Je ne prononça aucune prière : les dieux n'étaient pas les bienvenus dans le Drym.

 - Les dieux ne sont que l'incarnation de nos peurs et de nos idéaux. Seuls les hommes décident de leur destin. Les dieux ne font que les conforter dans leurs décisions, disait-Landry
Pendant cet instant, j’effaçai tout souvenir de lui. Je pris une torche posée dans un coin et me dirigea vers l'âtre. Je plongea le bout de bois dans le feu et me parti vers la sortie. Arrivé sur le palier, je me retourna, et lança la torche sur le plancher en bois. Nous n’attendîmes pas longtemps avant de voir les flammes dévorer mon foyer. Je regardai un long moment les murs s'embraser, les meubles se consumer. Toute ce que je connaissais, ma maison, détruite, réduite en cendre par ma main.
Lincoln ne dit rien en rangeant son arme dans son fourreau. Je parti chercher la jument qui tirait la carriole de Landry, et bien qu'elle ne fut pas un cheval que l'on monte ordinairement, elle se laissa monter à cru. Je me mis au niveau de Lincoln :
- Pas besoin de stèle : la terre du Drym est impur et corrompue. Nul ne peut corrompre le feu.
Nous partîmes alors, le brasier dans notre dos projetant nos ombres sur la piste partant de la cabane. Le soleil commençait à se coucher. Je partis sans doutes ou presque. Encore aujourd'hui, il me semble que lorsque j'ai regardé pour la dernière fois le corps de mon père à travers les flammes, sa poitrine ne se soulevais plus.


Je ne sais pas pourquoi je me remémore ces moments. C'est ce que le Grand Veilleur Garza me reproche chaque jour, remarque souvent accompagné d'une claque sur le crâne. «  Cesse de penser et fais ce pourquoi tu es là. Veille ! ».
Garza était un hommes certes brutal dans ses manières, mais tout à fait respectable. Personne n'oserais le contrarier et recevoir une de ses sentence.
Voulant bien faire, je me remet à mon poste, dans mon rôle : celui de Veilleur qui scrute l'horizon. Mais ce lointain est terne, triste. Les terres Calcinées sont complètement désertiques et le sol et si foncé qu'il en paraît noir. Il y à 200 ans, le roi était en guerre contre les Primitifs, un peuple vivant en Carmérie qui pouvait, selon les croyances et les ont-dits des villages, contrôler les animaux. Les hommes et les Primitifs vivaient dans une paix relative. Un jour, le roi Erod décréta que leur pouvoir constituait un danger pour le royaume. Bientôt, il y eut des rebellions contre les Primitifs. Il se disait dans le royaume que les sauvages ourdissaient un coup d'état contre le roi. La justice populaire se mit en place. Les Primitifs étaient contre nature et corrompaient les hommes. Des massacres de villages entiers avaient eut lieu, et des condamnations faites sur les places des cités du royaume. Une guerre ouverte fut déclarée. Les Hommes contre le Mal. Il y eu plusieurs batailles, mais l'issue était à chaque fois changeante. Lorsque les forces du roi remportaient la victoire, les Primitifs les écrasaient à l'escarmouche suivante.
Mais les Primitifs étaient fortement inférieur en nombre. En effet, aux forces du roi s'ajouta ce qu'on appelle maintenant la Seconde Armée. Faite des gens du peuple, des fermiers, des marins et même des mères de familles craignant pour leur descendance, la Seconde Armée prit les armes avec une férocité sans pareil. Certains disent encore aujourd'hui que les Dieux avaient insufflés leurs forces dans les hommes pour combattre le Mal.
Au fil des batailles, les armées humaines prirent l'avantage et parvinrent à pousser l'ennemi au sud, près des Gorges. A l'époque, il y avait des centaines de ponts qui reliaient les Grands Causses aux Terres Boisées, fief des Primitifs.
La force des sauvages s'était considérablement réduite depuis le début de la guerre. Des cinq milles qui vivaient en Carmérie, il n'en fut que un millier qui parvinrent à traverser les Gorges. Mais la guerre n'était pas finie. Les Primitifs devaient être exterminés. On devait purifier la Carmérie de leur présence. Il est dit que trois bataillons de vingt hommes les suivirent dans la forêt primitive. Le plus gros de l'armée resta sur le flan de la falaise, au Nord des Gorges.
Une fois que tous les Primitifs furent au-delà des gorges et les fidèles du roi à leur trousses, Erod fit couper les ponts. Les soldats ayant traversé s'étaient porter volontaire pour poursuivre les Primitifs et les traquer dans la forêt. Après deux lunes, ils avaient pour ordre de mettre le feu aux bois. Ce fut le plus grand brasier que les hommes eurent connu. Certains disent encore que l’incendie dura une année entière durant laquelle les flammes éclairaient la nuit comme le soleil.
Lorsque les dernières braises disparurent, il ne restait qu'une étendue de terre mortes et noires. Les Terres Boisées devinrent les Terres Calcinées. Le roi Erod, nommé Erod l'Incendiaire créa un nouvel Ordre : l'ordre des Veilleurs. Une frontière fut alors construite tout le long des Gorges, composé de forts, de tours de relais et de feu d'alarmes. Elle fut nommée la ligne de Lastor, en l’honneur du capitaine des escouades sacrifiées dans les Terres Boisées.
La mission des Veilleurs était de surveiller l'horizon, guettant un signe indiquant le retour des Primitifs. En effet, le roi était formel. Lors du banquet fêtant la victoire des hommes, le roi eu une vision : le Mal reviendrait et triomphera. Ainsi, depuis 200 ans, des générations de veilleurs se relayaient le lointain, dans l'espoir de ne jamais entendre de nouveaux les tambours de guerre mêlés au cris des sauvages Primitifs.

Je connais cette histoire. Elle est devenue un mythe, une légende pour les enfants de notre époque. Le conte des hommes braves contre les sauvages barbares. L'histoire des origines des Veilleurs nous est enseignée lors des premiers jours au fort. De toutes façon, des dizaines de ballades sont chantés par les bardes, contant les exploits de Erod l'Incendiaire et la fureur de la Seconde Armée. Tout le monde connaît ce récit.

De nouveau, je reprend conscience de l'instant. La lance à la main, je me remet droit et fier et scrute le lointain. Derrière moi, le fort se réveille. Les bruits des hommes qui reprennent le cours de leurs vie me parviennent aux oreilles mais je ne me retourne pas. Il ne faudrait pas que le prochain Veilleur Hermann ne me prenne en train de regarder à l'opposé de mon devoir. Il ne devrait pas tarder d'ailleurs. Hermann est ponctuel et il ne
De la fumée. Au loin. Dans les Terres Calcinées. Je me rapproche du bord de la tour et plisse les yeux. Une fine colonne de fumée s'élève dans les airs. Un message funeste qui annonce son arrivée aux hommes. J'entends des bruits de pas. C'est Hermann qui arrive à mon niveau.

- Va chercher Garza. On a un problème, lui dis-je.
- Que se passe-t-il ? Répond-il d'une voix endormie.
Je ne réponds pas. Une deuxième colonne de fumée est apparue. Plus noire, plus grande. Puis une troisième. Une quatrième. Bientôt, c'est une quinzaine de lignes noires qui strient l'horizon. Le cor sonne deux coup. Mouvement inconnu. La cour s'agite. J'entends des voix : des ordres, des questions. Les portes des ailes du fort s'ouvre et je perçois le cliquetis des armures revêtit à la hâte par les veilleurs venant de se réveiller. Le murmure des voix se transforme en un brouhaha assourdissant.
- Taisez vous ! Fit une voix forte, celle du Grand Veilleur Garza.
Le silence s'abat sur les hommes. Mais ce silence se fait provisoire. Une musique lourde et sauvage s'élève dans les airs. Des tambours de guerre. Le son des Primitifs. Je fixe l'horizon et la ligne noire du lointain se met à se mouvoir. Ils sont là. Les Primitifs avancent sur la cadence des tambours. Le cor sonne quatre longs coups. Ils arrivent.

Je me détourne du funeste spectacle, et, du haut de la tour, regarde le Grand Veilleur.
- Aiguisez les épées, taillez les flèches et armez les catapultes. Les Primitifs viennent reprendre leurs terres.





Fin
Anthoaca

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Re: Ma Veillée débute

Message par Anthoaca »

Fin ? De la première partie ?
normalement

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Re: Ma Veillée débute

Message par normalement »

Anthoaca a écrit :Fin ? De la première partie ?
Non :) désolé si tu attendait une suite...
Je préfère faire des histoires plutôt courtes car j'ai tendance à m'emballer dans le récit, à inventer de nouveaux personnages avec un background assez grand et du coup je dois rajouter des descriptions d'évènements historiques, des lieux, des histoires parallèles et je finis pas m'embrouiller et à abandonner l'histoire. Donc je préfère faire des récits à chute, ou à suspense ( je ne sais pas trop comment dire ça) pour que le lecteur ne s'embrouille pas tout seul, et qu'il puisse s'imaginer la suite.
Après, qui sait ? Peut-être que un jour j'écrirais une suite, où toutes les histoires indépendantes que j'ai écrites se mêleront et formeront un univers entier et complet...
Mais merci d'avoir lu et j'imagine que cette impatience est signe de bonne lecture ? ;)
Anthoaca

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Re: Ma Veillée débute

Message par Anthoaca »

Je comprends tout à fait, c'est sympa aussi les histoires courtes. Je suis pas écrivain pro, c'est un passe temps sympathique pour moi, pas un gagne-pain, mais je pense que le jour où tu veux faire plus long faut pas se lancer dans un Seigneur des anneaux. C'est l'erreur de beaucoup de jeunes auteurs, ils veulent faire un monde trop complexe, mêlant politique, militaire, économique etc, alors même qu'ils n'y comprennent déjà rien dans la réalité. Donc forcément ça ne marche pas, on comprend rien et c'est alambiqué.

Bref le jour ou tu veux faire un truc long part sur un truc simple, on apprend pas à courir avant d'apprendre à marcher, et un scénario simple ça veut pas dire simplet. Avec 3-4 personnages intéressants, un lieu, et un moment, tu peux pondre un chef d'oeuvre. Enfin c'est que mon conseil, ça vaut ce que ça vaut... : )
normalement

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Re: Ma Veillée débute

Message par normalement »

Je suis d'accord avec toi, et c'est ce que j'ai tendance à faire...
Du coup, comme je te l'ai dis, j'avais écrit une histoire qui devait être courte mais j'ai fini à une trentaine de pages ( écrites à la main en tout petit donc beaucoup) où je m'embrouillais. Du coup je vais la reprendre et la raccourcir pour que ce soit une nouvelle brève mais bien faite !

En tout cas, merci de ta contribution à ce post, merci d'avoir pris le temps de lire ma nouvelle, je t'en suis très reconnaissante ! :)
Charmimnachirachiva

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Re: Ma Veillée débute (Nouvelle terminée)

Message par Charmimnachirachiva »

Wahou, j'aime beaucoup, je comprend les histoires courtes et étant une grande fan des fin en suspense, je trouve ça cool.
Trop bien !!! :D :D
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