Les chevaliers du firmament [Dragon Quest IX]

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LessaMage

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Les chevaliers du firmament [Dragon Quest IX]

Message par LessaMage »

Hey~ Alors, ça fait très longtemps que je n'ai pas écrit, et cette histoire, je suis sur le point de l'abondonner. j'ai pensé qu'en postant cette histoire, je pourrais peut être avoir le courage de m'y remettre et recevoir quelques conseils de votre part pour la suite. je tiens à préciser que l'histoire n'est évidemment pas la même que dans le jeu, mais en respecte toutefois l'univers. Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture ! ^^


Chapitre 1 :


Le groupe s'avança prudemment dans le couloir sombre. Des trous dans les murs laissaient voir un paysage dévasté et torturé sous un ciel zébré d'éclairs rouges. Trent alerta le groupe d'une menace imminente et Connor ordonna une position défensive après que Katarina soit partie en reconnaissance. Celle-ci revint rapidement pour leur annoncer que le démon qu'ils cherchaient était au bout du couloir et qu'aucun monstre ne leur barrait la route. Il les attendait sûrement. Le démon avait une grande confiance en sa propre force. C'était cet orgeuil qui donnait le meilleur avantage à l'équipe d'aventuriers car l'ancien cellestelien ne savait pas encore de quoi ils étaient réellement capables. Au bout du corridor, ils arrivèrent devant ce qui était autrefois une immense double-porte dorée, mais qui n'était désormais plus que deux morceaux de métal déchirés pendants sur leur gonds. Ils passèrent tous les quatres par l'ouverture en s'assurant qu'ils n'étaient pas suivis et que la salle ne contenait pas autre chose que leur cible. Il était là, Corvus, le cellestelien déchu qui avait transformé le royaume du Tout-puissant en cet enfer. C'était un humanoïde de plus de deux mètres de haut, avec une peau reptilienne verdâtre, une paire d'ailes, une queue couverte d'épines aussi acérées que ses griffes, et des cornes se dressant fièrement sur sa tête.
- Te voilà enfin, misérable, dit le monstre à Connor, ton heure est venue !
- Pas aujourd'hui, répondit le cellestelien conjurateur.
Ses alliés se déployèrent autour de lui et se mirent en position de combat, les muscles tendus, prêts à attaquer. Blake fonça directement vers le monstre en brandissant son imposante hache tandis que Trent, à l'arrière de la formation, récapitulait mentalement la stratégie qu'ils avaient mis en place avant de rejoindre le royaume du Tout-puissant. N'ayants pas de sorts de soin, deux possibilités s'étaient offertes à eux : combattre prudemment en économisant leurs points de vie, ou alors miser sur un combat rapide en utilisant des attaques puissantes. Le stratège avait opté pour la première option suivit par Katarina, puis Blake et enfin Connor. Ce dernier devait utiliser ses invocations pour encaisser les coups du démon tandis que les autres membres attaqueraient. Tout s'enchaîna très vite. Quelques secondes plus tard, le démon se jeta sur le groupe déjà prêt. Corvus lança une attaque magique en direction de Blake qui prit la forme d'une immense boule de feu. Connor invoqua rapidement un soldat-pion en avant pour encaisser le coup mais ce dernier fut détruit sans avoir paré la totalité de l'attaque. Blake prit les flammes de plein fouet mais continua sur sa lancée avec un cri sauvage qui se répercuta sur le haut plafond en ruine. Le démon encaissa le violent coup de hache avec son avant-bras. Il prépara une contre-attaque pour envoyer valser le jeune homme mais il fut interrompu par une autre attaque venant de son dos. Katarina vire-volta dans un nuage sombre et enfonça ses griffes jusqu'à ce que ses poings atteignent les omoplates de sa victime. Corvus hurla de rage en voyant la première de ses trois jauges de vie se vider. Il attrapa la cape de la jeune femme et la projeta vers le reste du groupe. Trent la rattrapa de justesse avant qu'elle ne percute le mur. Le monstre tituba avec un cri déchirant. La structure derrière lui s'écroula et il reprit ses esprits au milieu de la cour extérieure. Deux soldat-pions de Connor foncèrent vers le démon tandis que Katarina se relevait péniblement. Le monstre balaya les deux créatures d'un revers, puis il s'élança vers le conjurateur. Trent dit à la jeune femme qui avait repris ses esprits de protéger le jeune homme pendant qu'il invoquait "sa tour". Un pentacle lumineux rouge apparu au sol derrière Corvus. Il en sorti alors une créature de masse impressionante qui prenait la forme d'un imposant guerrier en armure sombre. La tour leva son fléau au-dessus de sa tête pour l'abattre sur le monstre mais celui-ci esquiva agilement le coup. La créature invoquée finit par retirer sa masse du sol et à reprendre le combat. Une traînée de fumée noire tourna autour du monstre et Katarina infligea quelques coups rapides et efficaces qui baissa de moitié la deuxième barre de vie du démon. Cette fois, Corvus fulminait.
- Comment osez-vous vous mesurer à moi de la sorte ? Vous le paierez de votre vie ! Ce monde m'appartiens et me reviens de droit ! Mourez ! Mourez tous !
- Attention ! Les prévint Trent. Il va...
Trop tard, un hurlement terrifiant retentit et paralysa l'équipe pendant quelques secondes. Lorsqu'ils reprirent leurs esprits chacun vérifia son statut par réflexe et ils se rendirent compte que ce que craignait Trent était arrivé. Ce qui permettait aux aventuriers de tenir tête à Corvus, c'était une série d'effets de renforcement. Mais Corvus venait d'utiliser une pertubombe, un sort qui neutralise tout les bonus de status. Un sourire inquiétant déforma le visage du monstre. Trent émit un gémissement confut. Tout le monde se retourna vers lui. Le jeune homme était pâle et tremblait de stupeur. Il murmura, la voix paralysée par la terreur :
- Comment...si tôt ? Il ne peut pas...Il n'est pas censé pouvoir...
- Qu’y a-t-il Trent ? S’inquiéta Connor.
Sa puissance ne cesse d’augmenter, je… je n’arrive pas à anticiper ses mouvements c’est comme si ses émotions pouvaient perturber tous les flux.
- Cette pièce sera votre tombe, mortels ! lança le démon.
Soudain, un cri déchirant se fit entendre sur leur gauche. Katarina était étendue à terre, inanimée. Corvus se tenait au-dessus d'elle, les griffes encore dégoulinantes de son sang. Connor regarda rapidement le statut de la jeune femme. La peur et le desespoir lui tordit le ventre. Elle était morte. Blake fonça vers le démon tandis que Connor entamait un sort de résurrection. Trent hurla à Blake de s'arrêter mais le berserkeur ne l'écouta pas. Le démon lança un sort de glace vers Blake mais la tour s'interposa et fut anéantit en un seul coup. Katarina se releva mais ses points de vie étaient très bas. Corvus déchira à nouveau l'air d'un cri terrifiant. Mais cette fois, ce n'était pas une pertubombe mais un cri incapacitant. Blake s'arrêta dans son élan et tomba, tandis que Katarina resta clouée au sol. Il se retourna et souffla un relent empoisonné vers Blake puis, sans que l'équipe n'ai pu agir, il s'élança vers Trent qui mourru d'un énorme coup de griffe qui le découpa en deux. Le buste du stratège tomba avec un bruit sourd sur les dalles ensanglantées. Un haut-le-coeur souleva Connor tandis que le berserkeur chargeait avec un cri de rage. Avant même qu'il ne puisse atteindre Corvus, Blake tomba d'un seul coup. Le poison avait eu raison de lui. Le démon regarda Connor dans les yeux avec un sourire dément puis se dirigea lentement vers Katarina. Connor tomba à genoux, impuissant. « Non… non… c’est impossible… NON ! » Il se leva et couru vers la jeune fille encore à terre. Corvus abattit ses griffes acérées sur la jeune fille. Connor prit le coup à sa place, il s’était interposé entre les deux et il vola à travers un pilier. Quand il ouvrit péniblement les yeux, au milieu des débris et de la poussière, le jeune conjurateur vit mourir sa dernière camarade dans une gerbe de sang.

* * *

La jeune blonde couru avec entousiasme vers l'étalage en prenant son amie par la main. Elle s'écria, toute existée :
- Regarde cette étoffe Kélie ! N'est-elle pas magnifique ? Oh ! Et ses bas en soie ! Comme ils sont raffinés !
Mais l'attention de la jeune guerrière était portée ailleurs. Elle regardait quelqu'un dans la foule, quelqu'un qui ne semblait pas être à sa place. C’était un jeune homme qui devait avoir environ 18 ans, il portait une cape sombre avec une capuche qui descendait jusqu'au milieu de ses cuisses. Mais même sous ce vêtement, Kélie pouvait clairement apercevoir son regard. Un regard perdu, le regard de quelqu'un qui ne sait pas où il se trouve. Mais par-dessus tout ce regard était mélancolique. Elle pouvait deviner en le regardant que ce jeune homme avait beaucoup perdu. Son amie continuait de parler des marchandises.
- Oh mon dieu ! Ses babouches ! Mais elles sont...moches...oui. C'est la première fois que j'en vois d'aussi mauvais goût, hein Kélie ? Hé ! Tu m'écoutes ?
Elle se retourna et apperçut la jeune fille se diriger vers l'inconnu à capuche au milieu de la foule. Il faisait des gestes étranges dans les airs et cela l'inquiétait. Peut-être jetait-il un sort ? Kélie était donc peut être en danger. Cette dernière s'approcha, intriguée, et montra du doigt les gestes du jeune homme.
- Oh ! euh… j’essaie d’ouvrir mon menu et de voir mon statut, mais je n’y arrive pas, répondit-il d'un air penaud.
Elle fronça les sourcils.
- Mon statut, pour savoir combien il me reste de points de vie et pour chercher dans mon équipement un objet pour me téléporter.
La jeune fille ne parut toujours pas comprendre
- Je… vous aussi vous n'avez plus de barre de vie ? Il s'agit sûrement d'un bug, un problème momentané…
- Kélie ! Mais qu’est-ce que tu fais ? Connaîtrais-tu cet homme ? Lança la blonde.
Elle secoua négativement la tête.
- Vous ne pouvez plus parler ? Demanda l'étranger. Cela expliquerait le bug du système. Il faudrait attendre la prochaine mise-à-jour pour que tout redevienne....
- Mais de quoi est-ce que vous parlez ? L'interrompit la blonde. Vous êtes bizarre. Allez, viens Kélie. On va rejoindre les autres.
Elle prit son bras et tenta de l'entraîner plus loin, mais la jeune fille se dégagea. Elle fixa le jeune homme intensément.
- Dites moi, Sauriez-vous où est-ce qu'on se trouve ? demanda-t-il.
- Mais d’où sortez vous ? dit la blonde.
Kélie la fixa de ses grands yeux rosâtres.
- Tu n'es pas sérieuse ?! Tu veux vraiment l'emmener ?
Elle hocha la tête.
- Bon, très bien, se résigna-t-elle. C'est toi le chef après tout.
La blonde fit signe au jeune homme de les suivre.
- Venez avec nous, on vous emmène à l'auberge.
Avant qu'il n'ai pu exprimer sa surprise, Kélie le prit par le poignet et le tira hors de la foule. Ils arrivèrent devant un grand bâtiment avec plusieur étages et la blonde leur ouvrit la porte. Ils entrèrent dans une grande salle bruyante et chaleureuse. Des musiciens jouaient sur une petite estrade au fond et quelques personnes dansaient entre les tables de buveurs et de joueurs de cartes. Kélie amena l'étranger à une table où buvaient deux hommes. L'un était de très grande taille avec des cheveux rouges et revêtait une grande cape de cuir usé qui lui recouvrait tout le corps. L'autre semblait plus jeune que son voisin et un peu plus petit. Il avait des oreilles pointus qui témoignaient de ses origines elfique et portait une armure d'acier avec des ornements d'un bleu grisâtre. Une lance et un bouclier rutilant étaient appuyés contre sa chaise. Tout le monde parut surpris de voir Kélie amener un étranger à leur table mais personne ne prononça un mot pour s’y opposer. Le jeune homme au bouclier l’accueillit chaleureusement et se présenta comme étant Peter, tandis que le grand aux cheveux rouges ne bougeait pas d’un pouce. L’étranger ne comprenait toujours pas où il se trouvait ni qui étaient tous ces gens. Mais ce qui l’intriguait le plus était cette jeune fille qui l’avait entrainé jusqu’ici. Quelque chose n’était pas normal chez elle et il pouvait le sentir. Elle s'assit à côté de l'elfe. L'étranger voulut s'assoir près d'elle mais la blonde s'interposa et il du s'installer sur la chaise restante, entre l'homme aux cheveux rouge et la blonde qui lui jeta un regard froid et antipatique.
- Je m'appelle Suzann, se présenta-t-elle. La personne à côté de toi et qui ne prononcera pas un mot même sous la torture, se prénomme Ekzé.
Celui-ci ne le regardait pas et continuait de boire comme si de rien n'était.
- Et vous ? Quel est votre nom ? S'enquit Peter.
- Je m’appelle Connor, je suis un conjurateur de niveau 52.
Suzann le regarda de travers, les autres semblaient perplexes.
- Il n'y aurait pas de niveaux ici ?
- Non, pas à ma connaissance, dit Peter.
- Y-a-t-il des vocations ? Demanda Connor.
- Si vous parlez des métiers, oui, répondit la blonde. Je suis une sorcière, Peter est un prêtre et Ekzé est un mercenaire.
- Je vois… tout ceci est bien étrange, mais comment fait-on pour se repérer ici sans carte ?
- Vous pouvez demander votre chemin, ou bien prendre une carte tout simplement, dit L'elfe.
- Parfait ! Comment la fait-on apparaître ?
Kélie gloussa discrètement et posa un sac sur la table qu'elle portait sur son dos auparavant. Elle en sortit alors un rouleau de papier qu'elle déroula. Elle regarda Suzann.
- Ah oui ! Excuse-moi. Et voici Kélie, la dirigeante du groupe, une guerrière.
- Alors tous les objets ici n’existent que sous leur forme matérielle ?
- Évidement ! lança le prêtre.
- Tandis qu’ils discutaient, Ekzé, qui avait tout écouté, commençait à se poser de sérieuses questions sur la nature de cet étranger qui venait à priori de nulle-part, et qui ne connaissait rien.
- Donc si j’ai bien compris, vous êtes muette ? Demanda le conjurateur.
Kélie hocha la tête.
- Cela doit être compliqué de diriger un groupe sans pouvoir leur donner d’ordres.
- Oh, ne vous en faites pas pour ça ! Je sais toujours ce qu’elle a en tête ! Se targua la blonde.
Une voix au timbre grave et profond les interrompit :
- Depuis combien de temps es-tu ici et qu'est ce que tu faisais avant d'être à la Capitale ?
C'était Ekzé qui venait de parler et qui le fixait de ses yeux aux reflets pourpres.
- Je...il s'interrompit.
Le visage de son amie lui apparut ainsi que tout ses autres camarades qui étaient morts un à un sous ses yeux. Il continua :
- Nous combattions un monstre qui menaçait de détruire le monde tel que nous le connaissions et de le transformer en enfer. - Seulement, mes compagnons ont tous été massacrés et...et maintenant je me retrouve ici.
- Cela a due être terrible de perdre tout ces gens que vous aimiez d'un seul coup, fit Peter compatissant, Toutes mes condoléances.
- Probablement qu'ils ont pu résuciter dans l'église de Dracoda. Mais même cela j'en n'en suis plus si sûr.
Le prêtre et la sorcière poussèrent des cris d'exclamations.
- Mais c'est impossible ! S'écria Suzann. On ne peut pas revenir à la vie !
Le jeune homme parut décontenancé.
- Comment ça ?
La blonde et l'elfe se regardèrent, surpris. La voix d'Ekzé lui répondit calmement :
- Lorsque tu meurs, tu restes mort pour de bon.
Un poid sembla tomber sur les épaules de Connor. On ne pouvait donc pas revivre ? Il réfléchit à voix haute :
- Il n'y a pas de menu, pas de barre de vie, les objets sont tous matériels et contenus dans des sacoches visibles, on ne peut pas revenir à la vie et de plus, je ne sais pas où je suis ni qui sont tous ces gens.
Il fit une pause en fermant les yeux, puis il les rouvrit avec une lueure de compréhension :
- Il n'y a qu'une réponse logique à cela, Il m'a envoyé dans un autre monde !
- Un autre monde ?! S'écrièrent Suzann et Peter.
Qui est-ce qui t'as envoyé dans notre monde et décimé tous tes compagnons ? Lui demanda le grand homme aux cheveux rouges tout en vidant son verre.
- Corvus, répondit-il.
Ekzé posa violemment sa pinte sur le bois vernis. Il resta un instant, la main crispée sur la poignée du verre, puis il se relâcha doucement en s'appuyant sur son dossier. Soudain, Connor émit un gémissement de douleur et se plia en deux. Il regarda sa main qu'il venait de poser sur son ventre. Elle était couverte de sang. Il fut prit de vertiges et perdit connaissance. Le jeune homme tomba de sa chaise et atterit lourdement sur le parquet.


* * *

Il sentit une vive douleur au niveau du dos. Connor ouvrit lentement les yeux et vu qu'il était à plat ventre, torse nu sur un lit. Il tenta de se relever mais une main le retint en poussant doucement sur ses omoplates.
- Ne bouge pas, lui dit Peter, Vous avez déjà perdu beaucoup de sang, et vous ne me facilitez pas la tâche.
- Mais que faites-vous ? Dit-il en tentant de se relever à nouveau.
- Ne bougez pas bon sang ! Je vous soigne ! C'est mon métier, laissez-moi l'exercer.
Connor ne répondit pas. Le prêtre se rendit alors compte que ses blessures étaient atypiques et correspondaient parfaitement au témoignage du combat avec le monstre que le conjurateur leur avait donné. Il avait donc dit la vérité et venait d'un autre monde ? Peter ne pouvait plus en douter désormais. Les hommes racontent des mensonges mais les plaies ne peuvent mentir.
- Je peux vous tutoyer ? Demanda Peter en lissant le baume dans le dos du blessé.
- Oui.
- Tu seras rétabli à partir de demain soir, lui dit l'elfe, mais soit tout de même prudent passé ce délai.
Il sortit de la chambre après avoir ranger tout son matériel. Connor sentit peu à peu le sommeil venir et il s'endormit.


* * *

Il rouvrit les yeux, encore vaseux à cause du sommeil. La lumière était rasante et il su alors qu'il avait dormit toute la nuit et le jour suivant. Une touffe de cheveux rouges sur le bord du lit attira son regard. Kélie était assise sur une chaise et dormait à poings fermés. Il regarda la jeune fille avec reconnaissance. Sans elle, il n'aurait jamais découvert qu'il était dans un autre monde, n'aurait pas rencontré tout ces gens et serait sûrement mort de ses blessures...et pour de bon. La jeune femme battit des paupières et leva ses yeux roses vers lui. Tandis qu'elle le dévisageait, le jeune homme se sentit rougir. Le vêtement de la muette laissait voir sa poitrine pressée contre le matelat. Connor détourna vivement ses yeux anthracites et regarda le plafond, les joues en feu. Il passa une main dans ses cheveux d'ébène avant de s'assoir doucement en s'aidant de ses bras. Son visage se crispa en une grimace de douleur. Sa blessure lui faisait toujours mal, mais il décida de se lever malgré tout. Kélie était toujours sur sa chaise et le regardait fixement. Elle le mettais mal à l'aise avec son regard rose sans expression. Il voulu quitter la chambre pour fuir mais elle le devança et, d'un geste, lui demanda de la suivre. Arrivée dans la grande salle à l'ambiance conviviale, Peter les salua avec chaleur :
- Bonjours ! Bien dormit ? Ta blessure va mieux Connor ? Savais-tu que Kélie t'avais veillé toute la nuit et le jour suivant ? Bref. Viens donc à notre table ! Tu dois avoir faim.
Lorsque l'idée du repas se fut instalée dans l'esprit encore engourdie du jeune conjurateur, il se rendit compte qu'il avait extrêment faim. Son ventre se manifesta et Kélie émit un rire mélodieu qui le troubla. Encore une fois, elle le mettait mal à l'aise. Ils rejoignirent donc Ekzé et Suzann qui venaient de finir leur auges et qui sirotaient une liqueure tout en parlant. Lorsque le repas fut servi, Connor engloutit sa soupe de poirots et dévora entièrement le pain qui était au milieu de la table. Pendant qu'il mangeait, il réussit à percevoir des bribes de la conversation de l'homme aux cheveux rouges et de la blonde :
- ...il va falloir partir dès demain matin si nous ne voulont pas que le col soit bloqué par la neige, dit-il.
- Oui, mais nous n'avons toujours pas finit nos achats pour le voyage ! Répondit-elle vivement.
- Nous avons tout ce qu'il nous faut.
- Bien sûr que non ! J'ai apperçut un superbe...
- Ton foulard bleu indigo pourrat attendre, la coupa-t-il, Il ne te servira à rien contre le froid.
La jeune sorcière se renfrogna en croisant les bras avec mécontentement. Elle grommela :
- Tu ne comprendra jamais à quel point ce foulard est unique.
Connor les interrompit aussitôt, stupéfait :
- Vous partez quelquepart ?
- Nous allons à Egön, répondit Ekzé. Des rumeurs racontent qu'une bête terrifiante tue les voyageurs et les villageois qui s'éloignent un peu trop de leurs habitations.
- Les gens là-bas commencent à mourrir de faim et de froid, poursuivit Peter. Ils ne cultivent pas leur nourriture à cause du gel et importent donc toutes leurs ressources, mais le traffic à été stoppé à cause de ce monstre et le col sera bientôt trop dangeureux à traverser. Si quelqu'un n'agit pas dans les prochains jours, ce sera toute une population et une culture qui disparaîtra.
Connor posa ses couverts. Il n'avait plus faim. Comment pouvait-il continuer à vivre dans ce monde qu'il ne connaissait absolument pas s'ils partaient ? Il ne comprenait pas ce monde et cela avait été une chance de tomber sur eux. Une idée lui vint soudain à l'esprit :
- Je viens avec vous.
Le mercenaire aux cheveux rouges finit son verre d'un trait avant de se tourner vers lui.
- Pourquoi ?
Connor s'humecta les lèvres :
- Grâce à vous j'ai découvert que je n'étais pas dans mon monde. Seulement, j'ai un combat à finir dans ma dimension et qui me permettra de le sauver. Je vais donc voyager avec vous pour découvrir un moyen de pouvoir revenir d'où je viens.
Kélie hocha la tête en signe d'approbation. Les autres firent de même et approuvèrent sa décision. Lorsque tout le monde eu finit son repas, Ils se redirigèrent vers leur chambre respectives. Connor s'affala sur son lit, face contre l'oreiller et bras écartés. Un long voyage l'attendait demain et pour les jours qui allaient suivre. Il défit sa cape avant de retirer ses vêtements, puis s'installa dans son lit. Il ferma les yeux et sombra peu à peu dans le monde des rêves. Son coeur s'accéléra lorsqu'il reconnu la voix de Corvus dans son rêve : "Mourez ! Mourez tous !". La voix de Trent les prévint "Attention ! Il va...". Le sang gicla sur le visage de Connor. Son ami était devant lui, le torse séparé du reste du corps, le tout dans une mare de sang sombre. La mare s'agrandie jusqu'à presque l'engloutir, lorsqu'il apperçut Blake qui flottait à la surface. A peine l'avait-il rejoin que son ami disparut dans le liquide rouge. Il le rattrapa d'une main ferme par le dessous de l'épaule, mais ce n'est pas Blake qui emmergea, mais Katarina. Le jeune invocateur trembla d'effroi et fut parcouru par un frisson d'horreur. Le visage de la jeune femme était figé dans l'exacte expression qu'elle avait lorsqu'il l'avait vu mourir. Une secousse profonde le souleva et il se réveilla en sursaut. Il faisait encore nuit. Ses draps étaient par terre et il était encore tremblant et couvert de sueur. Il calma sa respiration autant qu'il le put, puis rammassa ses draps. Il se ralongea et regarda le plafond. Ne les reverrait-il donc jamais ? C'est sur cette question qu'il repartit pour un sommeil profond mais agité.

* * *

- Debout.
Il sentit quelqu'un lui secouer l'épaule avec douceur mais fermeté. Il ouvrit lentement ses paupières et vu une touffe de cheveux rouges au dessus de lui. Il cru pendant un moment qu'il s'agissait de Kélie, mais lorsque la buée du sommeil partie, il se rendit compte que c'était Ekzé qui l'avait réveillé. De plus, Kélie ne pouvait pas parler et donc lui avoir demandé de se lever. Il cru ressentir comme un semblant de déception.
- Nous partons. Tu as cinq minutes pour plier tes affaires et arriver prêt à l'entrée de la ville, continua le mercenaire d'un ton sans appel.
- Je n'ai pas d'autre affaires que celles que je porte en ce moment, lui répondit-il sur le même ton en se levant et en refermant sa cape avec une chaine qui lui barrait tout le torse.
Connor fit une pause en regardant les yeux ardents qui le fixait avec animosité.
- Je suis prêt, allons-y. Je ne sais pas où se trouve l'entrée de la ville donc...
Il s'interrompit en s'attendant à ce qu'Ekzé proteste en disant qu'il n'avait pas pu entrer dans cette ville sans savoir où en était l'entrée. Mais il n'en fut rien. Le mercenaire se contenta de hausser les épaules et de sortir de la chambre en faisant ondoyer sa cape de cuir sombre. Ils sortirent ensemble de l'auberge sans qu'il vu la trace de Kélie et de ses compagnons. L'homme aux cheveux pourpres lui expliqua que Suzann avait insister pour de derniers achats.
- Elle ne raterait jamais une occasion de nous mettre en retard ! Ragea-t-il. Et pour un bout de tissu pour changer. Nous ne sommes déjà pas en avance.
Sa réplique sonna comme un reproche envers Connor qui préfèra faire la sourde oreille.
- Elle préfèrerait que toute une civilisation meurt plutôt que de ne pas pouvoir satisfaire ses petits caprices de princesses geignardes, rajouta-t-il, sombre.
Il arrivèrent au niveau du marché où certains étalages étaient encore entrain de s'installer et où il n'y avait pas encore foule du fait de l'heure très matinale. Un éclat rouge attira le regard de Connor. Kélie suivait sans grand enthousiasme Suzann qui allait d'étalages en étalages. Ekzé la saisit par le col sans un mot et la tira vers l'entrée de la ville où les attendait Peter, couché dans l'herbe. Suzann protestait avec des cris hystériques tandis que le mercenaire la tirait toujours et que les passants se retournaient à leur passage.
- Lâche-moi abruti ! Hurlait-elle. Mon foulard était là ! Sous mes yeux ! Comment oses-tu me trainer comme un vulgaire sac de légumes ? Lâche-moi bon sang, facier de tomate !
- Elle fait toujours ça quand on va chez le tanneur, s'excusa auprès des passants Ekzé, qui tirait sans grandes difficultés la furie aux cheveux dorés. Elle déteste l'odeur de son atelier.
Peter se leva précipitamment en les entendant arriver. Il regarda Suzann qui vociférait toutes les injures possibles.
- Tu ne comprends vraiment rien du tout ? Hurlait-elle. Ta mère ne t'as pas appris la politesse face de tomate ? Laisse-moi acheter ce foulard bon sang !
Le mercenaire rafermit la prise sur son col avant de s'arrêter devant Peter. Kélie et Connor restaient un peu en retrait de peur de prendre un coup de la blonde furieuse.
- Aïe ! Mais ça fait mal ! Geignit-elle. Tu ne sais donc pas ce qu'est la douleur ? Tu ne t'es jamais pris un coup ?
Suzann tomba alors tête la première sur les pavés. Ekzé l'avait laché. Ses mains tremblaient. Il dit doucement, d'une voix où la haine menaçait d'éclater :
- Ne prétend plus jamais que je ne sais pas ce qu'est la douleur.
- Ca suffit, dit calmement le prêtre, Nous avons déjà perdu assez de temps. Suzann...
- Ah non ! Le coupat-elle. Tu ne vas pas encore me sortir l'un de tes sermons vide de sens ! Ce foulard est unique, inutile de dire le contraire !
Il ne répondit pas. Il la regardait fixement. Connor vit la jeune sorcière ouvrir la bouche puis la refermer. Les yeux azurs de Suzann semblaient intrigués et attentifs à la réponse du jeune homme.
- La civilisation que nous voulons sauver est tout aussi unique Suzann, finit-il par dire sans hausser le ton, Le col sera bientôt bloqué et alors les bijoux , les fourrures, les tapisseries et l'histoire d'Egön tombera à jamais dans l'oubli.
Il ferma les yeux et serra les poings. Cette fois il cria avec émotion :
- Des femmes, des enfants et des hommes innocents mourront pour un stupide foulard ! Voilà ce qu'on racontera à propos de la disparition d'Egön ! Si nous ne leur venons pas en aide, personne ne viendra ! Cela me fait terriblement mal que tu ne comprennes pas cela Suzann !
La jeune femme devint complètement pâle. Elle baissa la tête et se cacha derrière sa frange. Elle ne répondit absolument rien. Elle marcha jusqu'au portail de la ville puis se retourna, souriante.
- Qu'est ce que vous attendez ? S'exclama-t-elle. On y va, oui ou non ?



* * *

ils marchèrent toute la journée sans rencontrer grandes difficultés. Le temps était doux sans être trop chaud et ils n'avaient croisé rien d'autre que des paysans occupés à labourer leur champ. Malgré toutes ces bonnes conditions, Connor se sentait vide et un désagréable sentiment de mélancolie montait en lui. Il voyait tout les membres du groupe discuter joyeusement de tout et de rien, comme lui et ses camarades d'autrefois. Il aurait bien aimé plaisanter avec Katarina, donner une tape dans le dos de Trent pour qu'il se détende, même les plaisanteries salaces sur les nombreuses conquêtes -féminines- de Blake lui manquaient. Une main posée sur son épaule l'interrompit dans ses pensées. Kélie le fixait avec un regard interrogateur.
- Rien, répondit-il rapidement, je n'ai rien.
Il détourna la tête, mais la jeune femme amena sa main vers sa joue et receuillit une larme au bout de son doigt. Il soupira en essuyant ses yeux humides d'un revers.
- Je...je pensais à mes anciens compagnons que j'ai laissé face...face à ce monstre. Je ne sais même pas ce qu'ils sont devenus. Ils me manquent. Oui, ils me manquent vraiment.
Elle lui sourit avec compassion. Etrangement, ce sourire lui faisait chaud dans le coeur et dessera sa gorge enrouée par la tristesse retenue. Même s'il savait parfaitement que cela était impossible, il avait l'impression que Kélie le comprenait et qu'elle savait ce qu'il avait pu endurer. Le soleil descendait progessivement vers l'horizon et déjà, la lumière déclinait alors qu'ils sortaient du champs de collines précédant la montagne qu'ils devraient monter le lendemain. Lorsqu'ils commencèrent à installer le camp, Connor se rendit compte d'un problème majeur.
- Je n'ai pas de tente, dit-il.
Tout le monde s'arrêta dans sa tâche et le regarda avec étonnement. Ekzé soupira d'ennuis.
- Qui veut partager sa tente avec notre cher ami ? Dit-il avec nonchalance.
Un silence gêné s'installa et personne ne bougea d'un pouce. Connor s'était déjà résolu à dormir à la belle étoile quand Kélie s'approcha de lui et lui tendit la main en souriant. Personne ne protesta mais il sentait bien l'animosité qui planait sur lui. Il aida donc à installer la tente de la jeune femme, et après un repas froid et très frugale, Ekzé poussa le conjurateur entre deux tentes.
- Si tu touches, fit-il menaçant, ne seraiT-ce, un seul cheveu de Kélie...
- De quoi parles tu donc ? Répondit Connor vexé, Jamais je ne...
Le mercenaire le pris par le col et le souleva de quelques centimètres.
- Tu ne la touches pas, Continua-t-il, plus lentement cette fois, sinon je t'étriperais jusqu'à ce que ton rectum ressorte par tes yeux.
Il le relâcha sans douceur et lui offrit un sourire provocateur qui confirmait qu'il tiendrait sa promesse. Le mercenaire partit vers sa tente et disparu derrière un pan de toile. Les autres étaient sûrement déjà entrain de dormir sur leur natte. Il poussa la toile de la tente de la guerrière et s'assit doucement sur sa couchette. Kélie semblait dormir mais ses doutes furent dissipés lorsqu'elle ouvrit les yeux. La jeune femme s'assit et lui prit la main qu'elle amena doucement vers son visage. Le feu monta aux joues du conjurateur. " Mais qu'est ce qu'elle veut ?" Ce n'est pas sur la joue que ses doigts se posèrent, mais sur ses cheveux pourpres. Elle lui lâcha la main et fit un geste qui immitait une fessée tout à fait comique.
- Tu nous as entendus ? Demanda-t-il.
Elle aquiesça d'un hochement de tête et en souriant largement. Il retira lentement sa main tandis que la guerrière pouffait. Connor enleva son énorme chaîne qui entourait tout son torse en partant de l'épaule gauche et qui remontait par le rein droit. Il se délesta ensuite de sa cape noire à capuche avant de s'allonger sur sa natte. Kélie s'était rallonger et le regardait avec un sourire malicieux qui le mettait terriblement mal à l'aise. Il ferma les yeux et s'obligea à dormir et de ne pas penser à la jeune femme qui dormait à côté de lui, mais c'était impossible. Peu importe le sujet de ses pensées, elles revenaient toujours vers elle. Il finit par s'endormir au son de son rire mélodieux.
Un orage le réveilla. La tempête faisait rage à l'extérieur et le vent faisait grinçer les poutres de la tente. Après un coup de tonerre particulièrement prôche, il entendit un gémissement dans son dos. Il se retourna et vit Kélie qui semblait souffrir atrocement.
Elle s'agita dans son rêve et bougea les lèvres dans un cri muet. Elle semblait dire quelquechose et la curiosité l'emporta sur le jeune homme qui tenta de déchiffrer ses paroles : " Pouquoi...? Pourquoi me faire ça père ? M'envoyer là-bas...? Moi ? Jamais je ne pourrais..." Elle eu un nouveau cri de douleur qui semblait déchirant, mais seul un gémissement ténu sortit de sa gorge. "Non ! Non père ! Rends-les moi ! Rends-moi mes ailes !" Il ne faisait plus attention à ses cris muets. Peut-être avait-il mal traduit, mais que signifiait cette histoire d'ailes ? Peut-être que sa nature n'était pas humaine et que...Il secoua la tête et refuta cette idée. Cela était impossible et ne connaissant pas ce monde, il ne pouvait pas savoir de quelle nature elle pouvait être. Sa curiosité était néanmoins piquée et il décida de lire une nouvelle fois sur ses lèvres, mais son visage était redevenu paisible et sa respiration, régulière. Il décida alors d'essayer de se rendormir.
Il ouvrit les yeux alors que le jour commençait à peine à poindre. Kélie dormait toujours. Il se leva et remit sa cape puis sa chaine. Il sortit dehors et vu Peter qui préparait un ragout de légumes. Il se retourna et lui sourit en lui demandant de s'assoir à côté de lui. Le prêtre prit un air désolé, ce qui surpris le jeune homme.
- Je suis désolé pour hier, dit-il, ne soit pas fâché d'accord ? Cela ne m'aurait pas dérangé de partager ma tente, mais elle est bien trop petite pour nous deux.
- Oh, ça ! S'exclama Connor, qui ri de bon coeur. Ce n'est rien ! Je n'en veux à personne.
Peter lui offrit un autre sourire et une louche de son ragoût dans une écuelle. Sa préparation n'était pas mauvaise mais manquait un peu de goût. Il entendit alors un baillement sonore derrière lui. Suzann venait de sortir de sa tente et s'étirait voluptueusement.
- Toujours aussi matinal Peter ! Fit-elle en s'approchant d'un pas léger. Tu as passé une bonne nuit le nouveau ?
Elle se pencha près de son oreille et chuchota :
- Tu en as bien profité hein ? Petit coquin va...
- Suzann ! S'indigna Peter.
Le rire malicieux de la sorcière résonna dans le campement. Elle s'assit entre les deux hommes et se servit en ragoût silencieusement.
- Kélich n'est touchours pas réveiché ? Demanda-t-elle la bouche pleine. Ah...c'est chaud...
Une goutte du liquide brûlant coula le long de son menton, puis de son cou avant de se perdre dans son corsage. Connor avala sa salive avant de lui répondre que la guerrière n'était toujours pas levée et qu'il n'avait pas vu Ekzé. Elle finit rapidement son plat à s'en brûler la langue et se leva prestement avant de se diriger vers la tente de Kélie. Le soleil ne s'était toujours pas levé lui non plus, et pourtant une lumière diffuse, bien que faible, baignait la petite vallée dans laquelle ils s'étaient installés. Les orages de la nuit avait laissé le paysage détrempé. Une ombre à l'orée d'une forêt proche attira le regard de Connor. Peter l'avait vu lui aussi. Le prêtre saisit sa lance et son bouclier et se dirigea vers la silhouette, lance pointée vers elle. Une main sur son épaule lui intima de se calmer. Kélie se tenait à côté du prêtre et pointa avec son autre main la silhouette. Ekzé apparu à la lumière rasante du jour avec deux lièvres qu'il tenait par dessus son épaule. Il alla jusqu'au feu de camp qui n'était plus qu'un vulgaire tas de braises et fourra les lièvres dans son sac après les avoir enveloppés dans un chiffon.
- Pour ce soir, dit-il simplement avec sa voix profonde, en route.
Kélie aquiésça et prit ses bagages. Tous les autres firent de même avant de plier le camp. Après quelques heures de routes, Ils arrivèrent sur un chemin sinueux qui passait entre de hautes collines. Peter semblait soucieux et Suzann gardait les mains ouvertes, prête à jeter un sort. Kélie et Ekzé gardait leurs mains très proches de leurs armes.
- Que se passe-t-il ? Demanda-t-il, inquiet.
- Nous entrons dans une région remplie de monstres et autres créatures qui ne nous veulent pas du bien, répondit Ekzé. Nous sommes à Vyslaïnd, un champ de collines environné constamment d'un brouillard épais.
Ils étaient en effet entourés d'une brume si dense que Connor aurait juré pouvoir la couper au couteau. Rien n'était visible au-delà de dix mètres autour d'eux.
- Les marchands n'empruntent jamais cette route, continua Peter. Ils passent par Nagalhz. Mais passé par là nous aurait rallongé le voyage d'environ trois jours.
Un regard rose les fit taire. Le brouillard devant eux venait de s'agiter en volutes blanchâtres. Un museau sortit de la fumée, puis des yeux sans paupière, ressemblants à ceux des poissons apparus. Bientôt un corps voûté couverte d'une peau grise se retrouvait à moins de cinq mètres.
- Une goule, dit le mercenaire.
- Une...une quoi ?! S'exclama Connor. Il y a des cimetières ici ?
Ekzé eu un sourire inquiétant.
- Tu as trouvé le meilleur mot pour désigner Vyslaïnd, félicitation. En effet, c'est un très, très grand cimetière.
Connor regarda le sol sous ses pieds et vu des os d'un blanc étincellant dépassés de la terre meuble. Un crâne humain gisait un peu plus loin. La créature leva son museau et émit un grognement inquiétant. La goule était totalement aveugle et sourde mais possèdait un odorat incroyablement développé.
- Débarrassons-nous vite d'elle avant qu'il en arrive d'autre, les avertit Suzann.
Trop tard. Cinq autres goules sortirent du brouillard. Kélie sortit son épée et son bouclier et tapota l'épaule du mercenaire en indiquant les goules devant eux et fit la même chose pour Suzann au niveau du flanc gauche et Peter pour l'arrière. Elle se tourna vers Connor et lui indiqua Peter pour qu'il reste près de lui. Elle se dirigea vers le flanc droit. Une goule se jeta sur la guerrière avec un gargouillit repoussant. Au dernier moment, la jeune femme fit un équart sur le côté et fit une énorme taillade sur tout le flanc de la bête. Ekzé ne semblait pas avoir bougé pendant que Connor observait Kélie. Pourtant, trois cadavres de ces créatures gisait à ses pieds. Il secoua d'un geste vif ses deux cimeterres pour en retirer le sang, mais d'autre goules arrivaient de son côté. Des flash de lumière attira le regard du conjurateur. Suzann jetait des boules de feu blanches sur les monstres. Elles étaient petites mais semblaient faire des ravages dans les rangs de leurs ennemis. Un bruit de métal déchirant la chair le ramena vers Peter à ses côtés. Il venait de donner un violent coup de bouclier dans la machoir d'un monstre. Une goule s'approchait à pas lents de Connor et commençait à se tasser sur elle-même pour lui sauter à la gorge. Son coeur s'affola et il se rendit compte qu'il ne savait absolument pas comment invoquer ses pions. Il vu un couteau à la ceinture du prêtre et s'en saisit. Au moment où la bête bondissait, il lâcha vivement le couteau. Il l'avait brûlé. Dans ce monde là non plus il ne pouvait pas utiliser d'armes. Le poid de la bête le plaqua au sol et lorsque ses machoires se refermérent sur son épaule, il ressentit une douleur intense et son sang coula abondemment dans son dos. Il hurla à s'en détruire les tympans puis sentit le poid de la bête partir. Le tumulte du combat ne se faisait plus entendre. Il voyait trouble, du sang et de la sueur coulait devant ses yeux. Quelqu'un le souleva avec poigne et le fit avancer. Son coeur battait à ses oreilles, très lentement, et il sentait que sa tête allait exploser. Des explosion, des éclats de fer et de sang, l'odeur de la chair brûlée et de la charogne. Le tumulte faiblit jusqu'à disparaitre complètement. Il perdit connaissance.

* * *

- Combien de fois vais-je devoir te sauver la vie ? Il va falloir que tu sois un peu plus prudent.
C'était la voix de Peter. Dès qu'il repris le contrôle de ses sens, il sentit le froid mordant qui lui engourdissait les doigts et les pieds. Mais plus que le froid, son épaule le lançait.
- J'ai réussi à te remboiter ton épaule durant ton sommeil, mais il faut que je panse la morsure, et cela risque d'être très douloureux.
Il était dans une tente, sur une natte collante de sang coagulé. Peter était au-dessus de lui, avec un bout de tissu trempé à la main.
- Prêt ? Demanda le prêtre.
- p...pr..argh.
Il n'arrivait plus à parler correctement. Les muscles de son cou étaient contractés au possible et ne voulaient pas se détendre. Peter approcha le tissu de la plaie et lorsque les gouttes tombèrent sur les marques ensanglantées de la morsure, Connor ressentit comme une brûlure qui lui fit serrer les machoires. Le tissu se posa sur son épaule. Au début, il ne ressentait que la brûlure, puis le feu se répendit dans sa clavicule, son dos, ses jambes. La douleur le fit cambrer. Ses muscles étaient si contractés qu'il ne s'étonna pas lorsque sa colonne vertébrale craqua. Il se reposa doucement sur la couchette sanglante. Peter le regardait avec étonnement.
- Bon sang ! Fit le prêtre les yeux ronds. C'est bien la première fois que je vois quelqu'un résister autant à un traitement à la morelle et à loriot ! Pas un cri, rien ! Tu es plus résistant que tu en as l'air.
Connor lui offrit un faible sourire. Son coeur et sa respiration commençait à reprendre un rythme normal. Il ouvrit avec difficulté ses machoires.
- Je...je suis inutile, réussit à souffler le blessé, je ne peux pas...
- Alors là, l'interrompit Peter, je t'arrête tout de suite. Personne n'est inutile. Ce qui t'es arrivé peut arriver à n'importe qui.
- Arrête ! Arrête de dire des énormités pareil ! S'énerva-t-il.
- Calme-toi, fit le prêtre en sortant des bandages, tu vas rouvrir la plaie.
Connor se laissa bander sans protester. Lorsque Peter eu terminé, il lui demanda de rester encore un peu.
- Je ne peux pas combattre, dit-il. Tout à l'heure, j'ai voulu me servir de ton poignard pour me défendre, mais il m'a brûlé la main. Avant, j'invoquais des créatures, mais ici, j'ignore comment les invoquer. Dans mon monde je ne pouvais pas utiliser d'armes, et visiblement, ici non plus. Je ne sers absolument à rien.
Le prêtre ne répondit pas tout de suite.
- Le temps t'aidera, finit-il par répondre. Il faut que tu trouves un moyen de te défendre, et vite si tu veux continuer à nous suivre.
Il sortit de la tente sans dire un mot. Si tôt la toile retombée, elle se souleva pour laisser entrer une jeune femme aux cheveux rouges. Kélie se précipita vers le blessé avec un air affolé. Elle se mit à genoux à côté de lui et repoussa quelques mèches noires collées par la sueur sur son front.
- Tu n'es pas blessée ? Demanda-t-il.
Elle agita rapidement sa tête de gauche à droite.
- Et les autres ?
Elle immita une fille aux manières de princesse qui pouffait sans cesse.
- Suzann ?
Elle acquiesça. Kélie montra alors sa cuisse et son bras en passant ses doigts dessus comme si elle se griffait. Il remarqua alors un vêtement en cuir noir qu'elle tenait sous le bras, ainsi qu'une chaîne qu'il connaissait bien. Elle déposa sa cape sur lui et sa chaine à côté de son bras blessé.
- Merci.
Le froid lui était moins pénible désormais. Elle se leva et sortit de la tente pour revenir quelques minutes plus tard avec deux écuelles fumantes. La guerrière l'aida à s'assoir en le soulevant délicatement par les épaules puis lui donna son assiette. C'était du lapin qu'avait chassé ce matin le mercenaire avec des endives cuites dans du bouillon. Il avala rapidement son plat et s'arrêta soudainement, la cuillière contre ses lèvres; Kélie observait ses grands yeux gris comme l'acier. Le rose des pétales se mélangea au mercure liquide. Le sang battait aux oreilles de Connor. Qu'est ce qu'elle essayait de faire ? Elle brisa leur lien visuel et reposa son écuelle vide. Elle l'aida à se rallonger. Elle était très près, si près qu'il sentait son souffle dans ses cheveux noirs. Elle s'allongea à côté de lui et rapprocha sa natte de la sienne, trempée de sang. La jeune femme enlaça son bras valide en se blotissant contre lui. Un frisson parcouru le corps du jeune homme. Elle se détacha un peu de lui pour ramener une couverture de fourrure vers eux. Avant de revenir vers lui, elle l'observa attentivement. Connor comprit. Il leva son bras valide pour laisser la jeune femme enfouir sa tête contre son épaule. Il reposa prudement sa main sur sa hanche qui se dessinait clairement sous les fourrures.
- Si Ekzé nous voyai, murmura-t-il, il me tuerai.
Kélie émit son petit rire si mélodieux à ses oreilles. Il ferma les yeux. Si à chacune de ses blessures elle se réfugeiait ainsi dans ses bras, il se blesserait volontier tout les jours. Il réfuta alors cette idée stupide. La douleur avait été atroce et il aurait pu y rester...et pour de bon. Le sommeil ne tarda pas à venir.
Il marchait dans la brume de Vyslaïnd. Le hurlement des goules était terrible. Une créature surgit de la brume et lui morda la cape. Elle tirait très fort vers le bas et il avait énormément de mal à rester debout. La goule ne cessait de gémir. Il se rendit alors compte que la créature avait des cheveux fambloyants et un dos de jeune femme d'un blanc laiteux. Son échine était dégoulinante de sang. Lorsque le monstre leva les yeux, il reconnu instentanemment son visage. Kélie pleurait abondamment et tirait sur sa cape en lui montrant quelquechose derrière elle. Il apperçu alors deux ailes blanches sanglantes qui trainaient dans les mauvaises herbes. "Connor ! " hurla-t-elle dans un cri déchirant.
Il se réveilla, haletant et en sueur. Kélie était toujours dans ses bras. Elle semblait agité comme la nuit dernière et ses lèvres bougeait dans un dialogue qu'il ne pouvait entendre. "Je...je dirais tout ! Je sais que c'est toi dont parlait la prophétie !" Elle se tu et fut secouée par un frisson d'effroi. "Non...Tu ne peux pas ! Père ! Tu m'as en levé mes ailes ! Ne me retire pas la parole ! Non ! Je ne pourrais jamais la retrouver ! Il est bien trop fort !" Elle émit un gémissement qui soudain se tu, mais elle continuait toujours de crier. Il venait de découvrir quelquechose, quelquechose d'important. Kélie n'avait pas toujours été muette et son "père" était impliqué dans la perte de sa parole ainsi que de ses "ailes". Il semblerait qu'il lui ai demandé d'affronter quelqu'un ou quelquechose pour qu'elle retrouve ce qu'il lui avait ravit. Connor décida d'en savoir plus. Notamment sur le but réel de leur expédition.

* * *

Son dos lui faisait mal. Elle se dit que lorsqu'ils arriveraient à Egön ils achèterais une bête de somme. Le ballot qu'elle portait sur les épaules était bien trop lourd. Le froid était mordant est passait à travers son manteau. Connor était juste devant elle. Sa cape était raidit à cause du gel. Il lui était de plus en plus pénible d'avancer. La neige rentrait dans ses bottes et lui brûlait les jambes. Il ne sentait plus ses bras, dénudés sous sa cape. Le vent sifflait dans ses oreilles en lui provoquant une douleur lançinante jusque dans les os. Le col était un endroit redoutable où les voyageurs imprudents tombaient souvent dans les failles du glacier. Le vent qui s'y engoufrait était gelé et particulièrement puissant. Connor n'était pas le seul à souffrir du froid, devant lui, Suzann grelotait sous son manteau de fourrure et semblait sur le point de tomber au sol à n'importe quel moment tant elle était pâle. Peter, qui fermait la marche, avait les dent qui claquaient et Ekzé avançait en tête en prenant tout le vent de face. Le mercenaire haletait comme un boeuf sous l'effort. Au bout d'un certain temps qui lui paru une éternitée, l'homme aux cheveux rouges hurla quelquechose dans le vent. Connor cru entendre qu'ils seraient à l'abri du vent après le virage sur la droite qu'ils avaient devant eux. Il n'en pouvait plus, il ne sentait plus ses pieds. L'engourdissement descendit bientôt jusqu'à ses jambes, lui faisant perdre l'équilibre. Il tomba tête la première dans la neige. Malgré la douleur de la brûlure, il ne trouva pas la force de se relever. Il sentit des mains le soulever par dessous les épaules.
- M..merci, réussit-il à murmurer.
- Il n'y a pas de quoi, lui répondit Suzann.
La sorcière regardait les jambes chancelante du conjurateur. Elle s'accroupit et posa ses mains sur les genoux du jeune homme en murmurant un sort. Aussitôt, Connor retrouva de la sensation dans ses jambes et se sentis capable de marcher. Il la remercia encore une fois. Ekzé était déjà loin devant et les avait distancé d'une bonne dizaine de mètres. Il les attendait à l'enbouchure d'un virage. Lorsqu'ils le rejoignirent, le soleil commencait sa descente. Une lumière rasante couleur carmin leur parvins. Le vent se fit soudain plus léger. Le chemin descendait en zigzagant dans un cirque immense. Au creux du renfoncement, un lac gelé brillait de beaux reflets dorés. Connor ne pu réprimer un soupir d'admiration face à ce spectacle grandiose. Lorsque le soleil disparu derriere les crêtes, les plongeant dans l'ombre, il remarqua des lumières vascilliantes au bord du lac.
- Nous voici enfin à Egön, souffla Peter.
Il se tourna vers Connor qui se tenait à la roche.
- Décidément, s'étonna le prêtre, tu ne cessera de me surprendre ! J'ai bien cru que tu ne te relèverais pas tout à l'heure. Tu es vraiment coriace il faut l'avouer.
Il s'adressa aux autres membres du groupe avec un immense sourire.
- Je crois bien que notre conjurateur ne se laissera pas mourir aussi facilement ! Tu as un don pour trouver des gaillards solides Kélie !
Ils suivèrent avec précaution le sentier étroit. En passant à côté du lac, par la rive Est. Connor remarqua quelquechose qui brillait au-dessus de la glace lisse. Il pensa alors à un ver luisant, une luciole ou un feu follet. Mais ce qui l'intrigua, c'était qu'elle brillait au travers des pétales d'une tulipe noire qui perçait la couche de glace. Il préféra ne pas s'attarder sur cette fleur sans doute sans importance. Arrivés prôche du village, ils virent des villageois armés de fourches qui les attendaient avec un air terrifié.
- Quel acceuil ! Ironisa Ekzé.
- Montrez-vous à la lumière des torches, beugla l'un des paysans qui brandissait un rateau. Et doucement ! Pas de gestes brusques !
Kélie s'avanca la première dans le halo des torches, suivis Ekzé, Connor, Peter, et enfin Suzann. A la vu de cette dernière, le groupe de paysans frissona. L'un deux murmura en regardant la sorcière :
- Princesse...
Tout le monde se retourna vers elle. Elle était rouge comme une pivoine et ouvrait ses yeux grand comme des soucoupes.
- Je ne vois vraiment pas de quoi..., bégaya-t-elle. Vous devez vous tromper.
Ekzé la regarda froidement. Elle frissonna.
- Je crains que le monstre d'Egön ne soit pas le seul problème à résoudre ici, murmura le mercenaire, Princesse.




Voilà ! J'espère que cette lecture vous aura plu, et n'hésitez pas à me laisser un commentaire !
;)
marie1124

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Re: Dragon Quest IX - Les chevaliers du firmament

Message par marie1124 »

Ton texte a l'air bien, merci, je vais le lire
LessaMage

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Re: Dragon Quest IX - Les chevaliers du firmament

Message par LessaMage »

Merci à toi ! Ca me fait plaisir ^^ Désolée pour les chapitres un peu longs, les fautes d'orthographes et de frappe. :roll:
LessaMage

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Re: Dragon Quest IX - Les chevaliers du firmament

Message par LessaMage »

Et voici le deuxième chapitre de cette fanfiction ! ^^ Il se trouve que je n'ai rédigé que trois chapitres, donc je vais les poster tous les 7 jours. J'aimerai avoir votre avis sur ce chapitre qui, il est vrai, m'a donné plus de fil à retordre que les deux autres. :roll: J'espère qu'il vous plaira, bonne lecture !


Chapitre 2 :



Le groupe avançait dans les rues étroites d'Egön, escortés par les paysans et quelques enfants curieux qui avaient échappé aux bras de leur mère sur le seuil de leur maison. Les batîsses étaient essentièlement faites en une pierre grise qui brillait à la lueur des torches. Suzann estima que cela devait être du quartz. Le sol était recouvert de neige fondue mélangée à de la boue, ce qui donnait une matière tout à fait répugnante qui faisait un bruit de sucssion à chaque pas. Les paysans la regardaient avec un regard constament étonné et térrifié, comme s'il avait vu un fantôme. Ces regards qui lui chatouillaient la nuque et le dos, la mettaient terriblement mal à l'aise. Ils arrivèrent au niveau d'une falaise. Un homme avec une moustache noire touffue et muni d'une fourche s'avança. Il montra la roche en s'inclinant aussi bas qu'il le pu devant elle.
- Ceci, vénérable princesse, est votre chateau. Voilà maintenant dix sept ans qu'il vous attend.
- Vous...vous devez faire erreur. Je ne suis pas une princesse.
Elle inspira profondement en sentant sur elle le regard de tous, notamment celui, bien plus brûlant, du mercenaire.
- Mais je fais partit de la noblesse, finit-elle par dire péniblement. Je suis la fille de Wendrick Blatt, le Chasseur de fauves, et de Lara Blatt, le Joyaux de Montabarth.
Un soupir de desception parcouru l'assemblée. Le brouhaha de protestations et de grognements de colère qui s'ensuivit fut couvert par une voix puissante, venant de la falaise. Un homme se tenait sur une terrasse taillée à même la roche. Elle se rendit alors compte que la falaise entière était taillée et que le chateau d'Egön était en réalité un véritable palais troglodytique.
- Qu'est ce donc tout ce raffut ? Qui ose déranger la quiétude de mon village ?
- Rien du tout mon seigneur, bredouilla l'homme à la fourche, une méprise de notre part. La jeune femme que vous voyez là...
Il s'interrompit. Personne n'osait plus parler. L'homme descendit les marches qui longeaient le mur puis arriva devant eux. Il était grand, ses cheveux blonds qui tiraient sur le blanc descendaient jusqu'à ses épaules. Il avait deux yeux livides, sans émotions, qui vous faisaient froid dans le dos. Il revêtait un habit de cuir bouillit moulant et rembourré d'une fourrure d'un blanc aussi éclatant que ses dents qu'il montra lorsqu'il sourit.
- Je ne songeais te revoir un jour, ma douce.
Lorsqu'il approcha sa main gantée de son visage, elle tressaillit avant de reculer vivement. Il fronça les sourcils avant de sourire encore une fois en baissant la main.
- Oui. J'oubliais à quel point tu peux être farouche, Mirma.
- Il y a méprise, dit-elle froidement, Je ne suis ni une princesse, ni Mirma. Mon nom est Suzann Blatt et je suis la marquise de Montabarth.
Le sourire de l'homme disparut. Il lui répondit, tout aussi froidement :
- Je vous prie de m'excuser, vous ressemblez à s'y méprandre à Dame Mirma Asban, la princesse disparue d'Egön. Veuillez accepter, vous et vos compagnons ma table et mes modestes chambres pour cette nuit afin que l'on puisse parler calmement de ce qui vous amène ici.
Avant que Suzann ai pu refuser, tant cet homme la poussait à bout avec ses fausses manières, Peter s'avança et dit en souriant gentiment.
- Ce serait un plaisir, monsieur...?
- Guillaume Whitebrain. Appelez-moi Sieur Whitebrain. Mais je vous en prie, suivez-moi.
Après avoir jeté un coup d'oeil vers Kélie qui hocha la tête en signe d'approbation, ils suivirent le seigneur Whitebrain qui passa en dessous de l'escalier par lequel il était descendu et entra dans un long corridor bordé de braseros qui s'achevait par une lourde porte de bois peinte en rouge. Des gardes qui étaient cachés dans l'ombre se montrèrent pour ouvrir les battants sans un mot. Suzann se demanda alors s'il n'y avait pas aussi un garde dissimulé sous l'escalier pour protéger l'entrée de la terrasse.
Elle s'attendait à entrer dans un palais froid entouré de pierres qui ne laissaient voir la lumière du jour. Un endroit tout aussi sinistre et mystérieux que son propriétaire. Mais elle se trompait.
Ils pénétrèrent dans un hall très haut de plafond avec deux escaliers aux rambardes d'or qui se rejoignaient à l'étage supérieur. Un chandelier de cristal, qui illuminait la salle de mille reflets irrisés, pendait à une riche fresque. Sur le sol de marbre blanc, se trouvait un tapis rouge d'un velour si délicat que Suzann eu la soudaine envie de retirer ses chausses de fourrure pour le fouler de ses pieds endoloris. Malheureusement, la politesse et son humble rang l'en empechaient. Ils montèrent les escaliers à la suite de Sieur Whitebrain, puis se dirigèrent vers se qui semblait être une salle de bal. Dans un décor aussi somptueux que l'entrée, se dressait une longue table d'acajou vernie couverte d'une vaisselle des plus raffinées. Toutes ces merveilles éblouirent la jeune sorcière qui au moment du repas eu le temps de déchanter. La nourriture était fade et presque aussi frugale que leurs repas au campement. Même en essayant de ne pas trop manger pour sa ligne, sa part restait comme les autres. Le dîner fut très court et Whitebrain invita ses visiteurs à se lever et à venir discuter autour du feu qui crépitait doucement dans l'âtre.
- Alors, commença leur hôte, Qu'est ce qui vous amène dans mon humble village ?
Il y eut un instant de silence, sûrement de l'hésitation, avant qu'Ekzé ne réponde :
- Nous sommes là pour admirer les fameuses richesses d'Egön.
Personne ne le contredit. Il aurait été imprudent de révéler le véritable but de leur voyage alors même que le seigneur du village l'ignorait. Les rumeurs du monstre étaient-elles vraies ? Suzann détestait rester dans le flou, mais elle tint sa langue. L'homme aux cheveux blancs haussa les sourcils, la réponse semblait l'avoir surpris.
- Pardonnez moi, mais vous êtes venus pour rien. Les mines du col blanc son fermées jusqu'à la fin de l'hiver.
- Et celle de la forêt noire ? Celle des carillons bleus ? De la pioche d'albatre ? S'enquit Peter.
- Celles là aussi sont fermées, répondit le seigneur en le fusillant du regard, mais jusqu'à nouvel ordre.
- Pourquoi ?
C'était la première fois depuis qu'ils étaient entrés dans Egön que Connor prenait la parole. Lorsque le regard du seigneur blanc croisa celui du conjurateur, celui-ci ne cillia pas. Il affronta ses yeux livides en restant de marbre.
- Le plafond de ces mines s'est éffondré. Le bois des armatures a pourrit à cause de la neige.
Suzann n'y croyait pas une seconde. Les mineurs d'Egön étaient réputés pour être les meilleurs de tout le pays. Les armatures n'avaient pas pu céder du jour au lendemain dans toutes les mines, en même temps. Cette fois, Suzann n'en pouvait plus de garder le silence. Whitebrain leur cachait quelquechose alors même que tous les villageois étaient en danger.
- Mais pourquoi vous ne l'avez pas dit tout de suite ? Il est de notoriété publique que les armatures d'Egön sont faites avec les pieds !
Son ton ironique tordit le visage du seigneur en une grimace horrible. La colère bouillonait en lui. Elle continua tout de même :
- Et sinon le monstre va bien ? Vous lui donnez quelques villageois à manger de temps en temps j'espère ? Ce serait vraiment dommage qu'il tombe malade...
- Qu'est ce que vous racontez ? Il avait pour la première fois de la soirée haussé le ton, Vous divaguez ma parole !
- C'est vous qui nous menez en bateau ! Le monstre bloque vos mines, massacre vos gens et vous refusez l'aide qui peut vous être apportée ? C'est vous qui divaguez !
Elle s'était levée en gardant ses poings serrés le long du corps. Ekzé se leva lui aussi, puis Peter, Kélie, et enfin, Connor. C'est le prêtre qui prit la parole.
- Que vous le souhaitiez ou non, Sieur Whitebrain, nous sauverons Egön.
Suzann sentit la tension monter encore d'un cran. Elle se tourna nonchalament et, suivit des autres, sortit du palais. Il commençait à se faire tard et l'air était glacial comparé à la douce tiédeur du foyé, mais pour rien au monde elle ne serait retournée au palais de Whitebrain. Ils sortirent du village qui était redevenu complètement calme. La jeune sorcière remarqua que toutes les fenêtres étaient condamnées et les portes barricadées. Le monstre attaquait donc directement dans le village, et possèdait assez de force ou d'intelligence pour forcer une porte ou une fenêtre. Il allait leur donner du fil à retordre. Ils retournèrent dans une clairière qu'ils avaient repéré à l'allée et y installèrent leur campement. En montant sa tente, elle entendit Connor et Ekzé. La voix grave du mercenaire était menaçante.
- Rappelle-toi, je t'ai toujours à l'oeil. Alors un seul cheveu et je te...
- Oui, oui j'ai compris, pas une seule mèche de cheveux.
"Mais c'est quoi cette histoire de cheveux ?" Pensa-t-elle. "Connor est coiffeur ?" Elle haussa les épaules et retourna à sa tâche.

* * *

Suzann se réveilla d'un seul coup, couverte de sueur. Son coeur battait la chamade et sa respiration était haletante. Elle avait vu dans son rêve le lac de la tulipe, celui que bordait Egön. Elle était poursuivit par plusieur hommes armés et elle tenait dans ses bras un enfant. Elle avait sauté dans une barque et avait donné l'enfant au pêcheur qui était sur l'embarcadère. Elle avait ensuite sauté de la barque et avait marché dans l'eau jusqu'à la taille. Là, elle avait pris une tulipe noire qui flottait à la surface puis elle s'était laissée engloutir par les eaux glaciales. Elle n'avait pas pour habitude de faire ce genre de rêves. Ils étaient en général essentiellement composés de vêtements, de bijoux et étrangement, parfois de Peter. Elle secoua la tête. Ce n'était qu'un simple cauchemar, rien d'exceptionnel. La faible lumière qui parvenait à perçer à travers la toile de la tente lui indiqua qu'il faisait jour. Elle se leva lentement et entreprit de se préparer. Après avoir mit son habituel maquillage discret et ses bijoux, ainsi que d'avoir méticuleusement soigné sa coiffure, elle sortit de la tente. Peter était debout, comme à son habitude. Ekzé, Connor et Kélie devait être encore entrain de dormir car le jeune homme était seul. Il perçut sa présence lorsqu'elle se rapprocha et il tourna vers elle ses yeux d'un bleu profond. Suzann aimait bien les comparer à deux petits saphirs. Bien entendut, elle n'en avait fait part à personne mise à part Kélie. Elle ne cachait jamais rien à la jeune guerrière, ceci d'autant plus qu'elle ne pouvait pas dire aux autres ses secrets.
- Tu as bien dormit ? Lui demanda le prêtre.
- Oui, super bien !
Il fronça les soucils puis soupira.
- Tu sais très bien que je déteste quand tu me mens.
Elle rougit. Suzann avait oublié qu'il était proscrit de cacher quoique ce soit au prêtre. Il arrivait à lire en n'importe qui comme dans un livre ouvert.
- Non, finit-elle par répondre, j'ai fait un cauchemar.
Il continuait de la fixer sans réagir.
- Hé bien quoi ? Explosa-t-elle. Tu veux que j'aille pleurer dans tes jupons ?
Il émit un rire où étincellaient ses dents d'un blanc laiteux. Elle se renfrogna et prit le riz qui chauffait au-dessus du feu. Elle avala rapidement quelques bouchées en repensant à son rêve. Pourquoi portait-elle un enfant ? Pourquoi s'être noyé ? Le pêcheur qu'elle avait vu semblait la connaître, et pourtant elle ne l'avait jamais vu. Elle décida de ne plus y repenser. Après tout, ce n'était qu'un rêve. Connor venait de sortir de sa tente et Kélie à sa suite. Le jeune homme semblait pâle et deux cernes profondes trônaient sous ses yeux. Il vint s'assoir à côté du prêtre tandis que la guerrière s'installa à côté de Suzann.
- Tu as l'air bien fatigué dit-moi ? Fit Peter.
- Oui...je n'ai pas beaucoup dormi à cause du froid, lui répondit Connor.
Sa voix était éraillée, comme s'il venait de crier et il se tenait avachit comme un bossu.
- Mon oeil oui ! S'interposa-t-elle. En réalité tu n'as pas dormi car tu étais occupé avec Kélie hein ?
Il protesta vivement en rougissant. Kélie riait, ce qui montrait bien qu'ils n'avaient rien fait. "Pour le moment..." pensa-t-elle. Ekzé apparu à la lisière de la clairière. Suzann se demandait si le mercenaire dormait. En effet, elle ne l'avait jamais vu entrer dans sa tente et il était toujours levé avant tout le monde. Comme à son habitude, il s'assit à l'écart et mangea silencieusement. Après avoir finit son assiette, le mercenaire posa sa cuillière dans son bol et prit la parole :
J'ai fait un tour de reconnaissance autour du lac. Il y a en effet la trace du passage du monstre, mais nous avons quelques problèmes. Les traces sont différentes, donc il y a plusieurs monstres et les pistes ne sont plus fraîches car elles datent d'environ une semaine. Elles convergent toutes vers la mine de la pioche d'albatre. Néanmoins, le chemin qui y mène est dangereux, même pour nous. Il va falloir trouver un guide dans le village, de préférence un mineur, ou du moins quelqu'un qui connait extrêment bien le terrain.
Kélie hocha la tête. Ils décidèrent d'envoyer le mercenaire avec Peter au village pour trouver la personne qu'ils cherchaient pendant que le reste du groupe resterait au camps et chercherait quelquechose à manger pour le soir où les deux hommes rentreraient. Être avec Kélie et Connor ne la dérangeait pas, mais elle ne voulait pas regarder ces deux tourteraux se tourner autour pendant des heures. Heureusement, après le départ d'Ekzé et de Peter, Connor vint la voir.
- Je voulais te demander, comme la magie est ton domaine, si tu pouvais m'aider à retrouver mes pouvoirs ? Enfait, j'étais auparavant un conjurateur, donc j'invoquais des créatures et je jetais des sorts sur nos ennemis.
- Pour ce qui est des sorts, je peux t'aider, répondit-elle, par contre pour les invocations...
Elle jeta un coup d'oeil par dessus l'épaule du jeune homme. Kelie lui faisait un signe et s'enfonça sous le couvert des arbres, lui signifiant que ce serait elle qui s'occuperait de la chasse. Suzann claqua des mains avec détermination.
- Bref, on commence par le sort le plus basique ? La boule de feu ?
- Non, non ! Tu m'as mal compris. Fit-il vivement, Je n'utilise pas de sorts élémentaires, mais des sorts de malus.
Devant son air sceptique, il poursuivit :
- Comme ralentir le monstre, ou le rendre plus vulnérable à une attaque...
- Dans ces cas là, je ne vois pas en quoi je pourrais t'être utile. Je n'ai jamais entendu parler de ce genre de sortilèges.
Il soupira d'impatience et reprit calmement.
- Je veux seulement que tu m'expliques comment fonctionne la magie dans ce monde et de quelle manière je pourrais lancer mes sorts.
- Ah ! Fit-elle avec un éclair de compréhension. Mais il fallait le dire plus tôt ! Par contre, pas ici, dit-elle en montrant le camp, Je ne voudrais pas transformer cet endroit en paysage de désolation si tu fais un faux pas.
Elle ne vit pas le jeune homme, dans son dos, lever les yeux au ciel et hausser les épaules. Ils partirent en direction du lac jusqu'au moment où ils arrivèrent sur une rive dégagée de toute végétation. Elle se retourna et le regarda s'avancer sur le bord de la plage de galets. Elle frappa résolument dans ses mains, le faisant sursauter.
- Bon ! On n'a pas le temps de rêvasser ! S'écria-t-elle. Attaque-moi !
- Pardon !?
Il écarquillait ses grands yeux gris, surprit. Il fronça les sourcils tandis que la jeune femme riait aux éclats. Sans prévenir, il fonça sur elle en préparant une droite pour ses côtes, mais avant que son poing ne l'atteigne, il repondit sur un bouclier qu'elle avait soigneusement préparé pendant leur trajet. Peter lui avait appris ce sort de protection pour qu'elle puisse se défendre alors qu'elle était encore faible. Elle avait pensé que ce stratagème allait lui être utile contre le conjurateur étant donné qu'il ne portait pas d'armes et disait ne pas contrôler la magie offensive.Il ne pouvait donc que l'attaquer de front, en combat rapproché. Elle le projeta en arrière en comprimant l'air devant elle et en le relâchant violemment. Connor tenta de garder tant bien que mal son équilibre sur les roches glissantes.
- Je dois avouer que j'ai mis pas mal de temps à mettre au point mon bouclier, dit-elle lorsqu'il se fut relevé, c'est un sort de prêtre après tout.
Il épousseta sa cape et remit en place sa chaîne qui avait glissé de son épaule.
- Ça suffit, dit-il en devenant complètement sérieux, Dit-moi comment je pourrais lançer mes sorts.
- C'est justement ce que je suis entrain de faire ! C'est affolant comment tu peux te révéler stupide.
- Cesse de jouer et...
- Pour lançer un sort, le coupa-t-elle, Il faut ressentir une sorte de poussée, un frisson qui monte dans ton corps. L'énergie magique te traverse en permanence et tu ne réussiras à lancer un sort seulement lorsque tu parviendras à la canaliser.
- Je ne vois pas en quoi t'attaquer va me permettre de trouver. N'y a-t-il pas un geste ? Une procédure ?
Suzann ne put retenir son rire qui résonna au-dessus de la surface du lac. Elle posa ses mains sur ses hanches.
- Non, dit-elle doucement, pas besoin de gestes.
Tandis que Connor la regardait, perplexe, une boule d'eau s'était élevée au-dessus du lac, juste derrière la tête du jeune homme.
- Juste de beaucoup de concentration, continua-t-elle avec un sourire malicieux.
La boule d'eau glacée fut projetée sur la tête du jeune homme. Il se retrouva entièrement trempé et grelottant dans l'air glacial.
- Pour...pourquoi t'as fait ça ? Je t'ai demandé de m'aider ! Pas de me rincer ! Ragea-t-il.
Il serra un peu plus autour de lui sa cape et rentra au camp d'un pas pressé. Suzann le regarda s'éloigner puis se tourna vers le lac. Quelquechose l'avait intrigué avec l'eau. Elle était bien plus facile à manipuler que les eaux ordinaires, ce qui voulait dire que le lac était imprégné de magie. En descendant dans le cirque, elle avait ressentie une aura puissante qui lui semblait étrangement familière. De plus, elle était apparement le sosie d'une princesse d'Egön disparue et des monstres menacaient le village. Cela faisait bien trop de choses étranges au goût de la jeune femme, d'autant plus que son instinct lui disait que tout ceci était très certainement lié. Elle repensa alors au rêve qu'elle avait fait cette nuit. Les éléments principaux du rêve étaient elle, le lac, et l'enfant. Qui était donc cet enfant ? Pourquoi l'avoir donné au pêcheur ? En regardant dans le vague, son regard se posa sur un point noir à la surface de l'eau. En regardant plus attentivement, elle vu que c'était une tulipe, une tulipe noire. Elle se remémora la tulipe de son rêve, identique à celle-ci, qu'elle avait ceuillit avant de se noyer volontairement. En effet, Ekzé n'avait pas tout à fait tort, les monstres d'Egön n'était pas le seul problème à résoudre ici.

* * *

Peter et Ekzé ne rentrèrent pas les mains vides, ils avaient amené avec eux des provisions, une mule pour les bagages et un homme dans la vintaine qui portait des habits modestes. Le mercenaire le présenta comme étant le fils d'un pêcheur du coin qui s'appelait Kreg. "Cela veut dire retrouvailles en Vahélien." Remarqua Suzann. Celui-ci prit directement la parole après la présentation de tous les membres du groupe.
- Je sais que vous êtes là pour nous débarrasser de ces monstres, mais je pense que vous faites fausse route en allant dans la mine de la pioche d'albâtre. J'y ai longtemps travaillé en tant que mineur et je ne pense pas que les parois soient assez larges pour laisser passer les monstres qui nous ont attaqués.
Il tripota nerveusement ses mains.
- Je pense que le danger viens du lac, continua-t-il. Depuis l'arrivée des monstres, le nombre de poissons a grandement diminué, et la surface du lac n'a quasiment pas gelé alors qu'il fait de plus en plus froid depuis quelques années. Seul mon père veut bien me croire, mais le reste des villageois est persuadé que c'est un châtiment divin qui s'abat sur nous pour avoir accepté comme maire de notre village le Seigneur Whitebrain.
La jeune magicienne se remémora ce qu'elle avait remarqué à propos du lac quelques heures auparavant. Il était imprégné de magie et une tulipe noire qu'elle avait vue en rêve flottait à sa surface. Kélie venait de secouer la tête en signe de désapprobation, faisant comprendre qu'ils iraient tout de même à la mine. Suzann traduisit machinalement, son esprit était ailleurs. Songeuse, elle ne prêta pas attention à la suite de la conversation. Pourquoi ces monstres étaient venus attaquer ce petit village dans la montagne ? Il n'y avait pas beaucoup de victimes, et donc pas de ressources qui puissent intéresser des monstres. La Capitale, en revanche, aurait été un choix plus judicieux. Alors, pourquoi Egön ? Le visage de la jeune femme s'éclaira de compréhension : pour priver la Capitale du passage le plus fréquenté par les commerçants. Les populations fragiles qui composaient plus de la moitié des habitants de la ville mourraient de faim avant la fin de l'année. Leur véritable cible n'était pas le petit village d'Egön, mais la puissante Capitale. Mais quelquechose la gênait encore :
- Avez-vous déjà vu ces monstres manipuler une quelconque magie ? Les coupa-t-elle.
- Non, jamais...fit Kreg, surpris.
"Mince...", pensa-t-elle, "je dois être sur une mauvaise piste."Des monstres brutaux n'étaient pas assez intelligents pour élaborer un tel plan contre la Capitale et se cacher aussi bien aux yeux de leurs victimes. "À moins que..." À moins qu'ils soient dirigés par un monstre ou quelqu'un capable d'établir une tel stratagème. Ne le portant pas dans son coeur, elle pensa immédiatement à Whitebrain. "Oh là !", se reprit-elle, "pas de conclusions hâtives Suzy." Ce n'est pas parce que ce type était louche qu'il était forcément responsable. Il ne devait toutefois pas être tout à fait blanc pour que les villageois le déteste et le craigne dans un même temps. La voix profonde du mercenaire la coupa dans ses pensées.
- Nous partirons demain matin, à l'aube. Kreg passera la nuit au camp pour qu'on évite de perdre du temps. Comme ma tente et celle de Peter sont trop petites pour deux, tu dormiras dans la tente de Suzann, dit-il en se tournant vers le fils du pêcheur.
Elle ne protesta pas. De toutes manières, elle avait quelques questions à lui poser. Kélie hocha la tête avant de se diriger vers le feu de camp. Elle sortit d'un sac, posé contre un tronc couché, une perdrix et deux belettes blanches. Suzann était toujours plus impressionée par les talents de son amie. Elle avait réussi à les chasser en seulement quelques heures tout en ne laissant quasiment aucunes marques sur les dépouilles malgré qu'elle soit équipé d'une rapière. Tout le monde s'avança pour venir préparer le repas, mais la jeune magicienne remarqua que le nouvel arrivant restait à l'écart et ne voulais pas approcher. Celui-ci poussa un cri de surprise lorsqu'il reçu une forte tape dans le dos.
- Et bien, Kreg, n'ai pas pas peur ! S'écria Suzann. On ne va pas te manger ! Regarde, dit-elle en montrant Connor, même notre petit nouveau qui nous casse les noix essait de s'intégrer.
- Je vous casse quoi ?! Fit le conjurateur en se retournant.
La jeune femme ne se retint pas et riat aux éclats. Kreg sembla se détendre un peu et partit seul vers le feu de camp après l'avoir remercié. Connor retourna à sa tâche sans plus prêter attention à la jeune sorcière. Elle sursauta lorsqu'une voix puissante l'interpella à sa gauche :
- Suzann ! La réprimanda Ekzé. Tu n'es pas là pour t'amuser ! Au boulot, comme tout le monde !
Elle fit un garde-à-vous digne d'une parade militaire, et avec un clin d'oeil, répliqua :
- À vos ordres, Général Face de tomate !
Le mercenaire soupira et continua d'enlever la peau des belettes. Suzann rejoignit Peter pour cuisiner les pommes de terres qu'il avait acheté dans la journée. À l'heure où le repas fut terminé et que chacun due rejoindre sa tente, elle entendit les voix de Connor et Peter derrière l'une des tentures. Elle tendit l'oreille pour suivre discrètement leur conversation.
- J'ai appris que tu avais demandé de l'aide à Suzann pour retrouver tes pouvoirs, fit la voix étouffée du prêtre. Ce n'est pas une mauvaise idée mais...comment dire...? Elle n'est pas très pédagogue.
- J'avais remarqué, mais je pense que sa magie est celle qui se rapproche le plus de la mienne. Donc je n'ai pas trop le choix.
"Oh ! Les mufles !"pensa-t-elle. Si elle n'était pas assez pédagogue pour lui, qu'il aille chercher son professeur ailleurs !
- Si j'ai bien compris, continua Connor, La magie ne repose pas sur des formules ou des points de mana, mais essentiellement sur les sentiments ?
- Pas vraiment, plutôt sur la capacité à canaliser ton énergie vital. Si tu es épuisé, tu ne pourras lancer aucuns sorts, même avec toute la volonté du monde.
Elle devait avouer que Peter était un meilleur maître qu'elle. Il savait toujours trouver les mots pour se faire comprendre et réconforter les autres quand ça n'allait pas. Après être partit de Montabarth pour battre les sentiers à la recherche d'aventures, loin de ces bonnes manières et de ces langues de bois, c'était lui qui l'avait convaincu de rejoindre la bande de Kélie et qui l'avait aidé à surmonter la culpabilité qui résultait de sa fugue. Une voix dans son dos la fit sursauter :
- Qu'est ce que tu fais ?
Elle se retourna brusquement et soupira de soulagement en voyant qu'il s'agissait de Kreg. Si Ekzé l'avait surpris entrain d'espionner les garçons...
Elle hésita avant de lui répondre qu'elle les écoutait. Il était mignon tout comptes faits.
- Euh...je...j'époussetais le tissu ! Mentit-elle en tapotant doucement la toile. C'est plein de poussière ici !
Il haussa les épaules et lui demanda le chemin pour aller jusqu'à sa tente. Il la suivi mais elle l'arrêta de la main à l'entrée.
- Alors, ce n'est pas que je ne t'aime pas Kreg, mais je voudrais un peu d'intimité pour me démaquiller et me mettre en robe de nuit. Tu voudras bien rester dehors en attendant ? Merci.
Elle rentra sans un regard pour le jeune homme qui resta planté devant l'entrée. Elle s'assit devant sa coiffeuse et commença sa toilette. Elle resta pensive pendant un moment en peignant ses cheveux. Le jeune mineur qui s'improvisait en guide avait un regard chaleureux et bienveillant avec ses yeux noisettes qui lassaient transparaître une nature joviale bien qu'un peu simpliste. Il avait les épaules larges et malgré sa cape qui masquait une grande partie de son corps, elle ne pouvait douter que son torse ne devait pas être moche à regarder.
- Oh ! Pardon ! S'écria Kreg derrière elle. Je suis désolé !
Il sortit promptement de la tente. La jeune sorcière rougit jusqu'aux oreilles. Elle était nue comme un ver.
- Pourquoi tu es rentré espèce de voyeur ! Cria-t-elle.
- Pardon...j'ai demandé si je pouvais entrer mais tu ne répondais pas.
Elle rougit encore plus. Si elle ne l'avait pas entendu, c'est parce qu'elle pensait à lui. La blonde s'habilla en vitesse et sortie un peigne pour démèler complètement ses cheveux. Elle lui demanda d'entrer en s'asseyant sur son duvet rambourré de plumes. Le jeune homme pénétra dans la tente avec un air désolé en passant sa main sur sa nuque.
- Je suis vraiment désolé pour tout à l'heure, je ne voulais pas...
Elle le coupa d'un geste lui indique la couchette à côté d'elle.
- Installe-toi. J'aurais besoin de toute ton attention pour répondre à mes questions, alors ne gaspille pas ta salive en mille excuses inutiles. C'est oublié.
Il s'assit lentement et ne bougea pas d'un pouce tant qu'il n'avait pas répondu à toutes ses questions. Elle voyait sur son visage qu'il n'avait aucunes idées du mistère entourant le lac de la tulipe ou même le Seigneur Whitebrain. Néanmoins, son expression changea lorsqu'elle parla de son rêve. Lorsqu'elle eu finit, il regarda le sol, pensif.
- Demain nous irons au village avant de partir à la grotte de la pioche d'albatre, dit-il avant de se retourner et de se coucher sans un mot.
Sa réaction l'avait surprise, il avait eu l'air tout d'un coup mortellement sérieux, bien loin de son comportement joyeux et sa timidité qu'il avait montré jusque là. Elle s'allongea et tenta de ne pas penser à son rêve et du fait qu'elle allait retourner dans ce village où tout le monde la regardait comme une revenante.

* * *

Sang. Du sang. Non, pas cette nuit. Vite, la nuit est courte. Le Maître lui avait dit de prendre trois humains vivants. Pas les tuer, non. Oui, la récompense, de la chair de femme et d'enfant. Un délice. Pas de bruits. Oui, la porte, la forcer doucement. Un bruit ? Oui, un humain qui dort. Frapper sur la tête sans tuer. Doucement. Voilà, pas eu le temps de crier, mais respire. Un objet tombe. Oui, un bout de tissu rouge que portait l'homme autour du cou. Vite, maison suivante. Deux autres, puis poser le papier à la pierre qui crache de l'eau. Vite, la nuit est courte. Odeur ? Chair humaine, femme, enfant. Faim. Sang. Du sang. Non, pas cette nuit. Vite, la nuit est courte.

* * *

Suzann se réveilla avec l'impression qu'elle n'avait pas dormi de la nuit. Pourtant elle s'était levée bien après tous les autres et c'est Kreg qui c'était chargé de la réveiller. Elle n'avait pas eu le temps de dire bonjours à ses amis qui l'attendaient déjà au village. Le camp avait été entièrement démonté et emporté -en grande partie sur le mulet qu'ils venaient d'acheter, mise à part sa tente qu'elle devrait replier et porter toute seule ! Elle pesta un bon coup avant de se rendre compte que Kreg était toujours là. Il accepta volontier de l'aider et ils furent bientôt sur le chemin qui menait à Egön. En s'approchant des habitations, ils entendirent un tumulte et une agitation qui semblait inquiéter le jeune homme. Tout le monde était rassemblé sur la place centrale, autour d'une fontaine. Suzann cru entendre des sanglots et des soupirs de désespoir en traversant la foule pour rejoindre son groupe qu'elle avait repéré avec une tête couverte de cheveux rouges qui dépassait toutes les autres. Kélie l'attendait là, les mains sur les hanches et l'air fâché.
- Oui, je suis désolée de vous avoir fait attendre, s'excusa-t-elle.
- Tiens, c'est nouveau, remarqua Ekzé. Tu t'excuses pour tes retards maintenant ?
Personne ne releva la plaisanterie, ni n'esquissa l'ombre d'un sourire. L'ambiance n'était pas à la fête. Kreg regardait la fontaine avec attention. Un parchemin y était accroché, son teint pâlit. "Nous avons capturé trois des habitants de ce village." lu la sorcière "Ils resteront en vie durant trois jours, temps qui vous servira à nous donner une somme de 9000 pièces d'or. Passé ce délai, si la somme ne nous est pas remise à l'entrée de la grotte de la pioche d'albatre, nous les tuerons et recommencerons avec trois personnes de plus."
- Père, murmura-t-il.
Il sortit précipitament de la foule, suivit de Suzann et du reste du groupe, puis se dirigea vers l'une des maisons dont la porte avait été forcée. Kreg disparut à l'intérieur et Ekzé, qui avait devancé la blonde, s'arrêta sur le seuil. Lorsqu'elle le rejoignit, elle entendit des sanglots douloureux et emplis de désespoir dans la pièce sur sa droite. Elle s'avança dans ce qui semblait être une chambre. Le jeune homme se tenait là, à côté d'un lit de paille, à genoux sur un parquet poussiéreux et tordu par l'humidité. Il tenait quelquechose très fort contre son coeur. C'était une écharpe rouge.
- N-non...bégaya-t-il entre deux sanglots, C'est...im-impossible. Pas t-toi...papa.
Suzann se sentait totalement incapable de le réconforter devant tant de détresse. Kélie posa une main sur l'épaule de la jeune femme et la regarda un instant. Elle avait compris. Elles s'accroupirent toutes les deux à côté du jeune homme en larmes et Suzann traduisit l'expression de la guerrière muette.
- Ne t'en fais pas, cet argent restera là où il est. Nous ne changeons ni notre projet, ni notre destination. Nous irons à leur point de rendez-vous et leur donnerons une bonne leçon. Tu connais la grotte comme ta poche n'est-ce pas ?
Kreg aquiesça silencieusement.
- Alors, pendant que tu chercheras ton père et les autres otages, nous nous occuperons de ces monstres.
Elle fit une pause, soudain intriguée parce qu'elle venait de traduire.
- Attend Kélie, tu es bien sûre que ce soit un coup des monstres ?
La guerrière haussa les épaules : "Et qui d'autre selon toi ?".
- Tu ne trouves pas que c'est étrange que des monstres brutaux demandent des rançons ?
Ekzé s'avança.
- Ça me fait mal de l'admettre, mais Suzann à raison Kélie. De plus, ils ne peuvent pas écrire et encore moins s'exprimer tel que sur le message accroché à la fontaine.
La chef du groupe hocha la tête, prenant en compte sa remarque, mais elle n'avait pas changé d'avis et n'avait pas l'intention de modifier leur plan. Kreg sécha ses larmes et mis l'écharpe autour de son cou.
- Merci, dit-il avec reconnaissance.
Le mercenaire lui répondit avec un sourire.
- Il n'y a pas de quoi. Qui que ce soit, l'auteur de cet enlèvement va passer un sale quart-d'heure.




Et voilà ce chapitre terminé ! N'hésitez pas à me dire votre avis, qu'il soit bon ou mauvais. ^^ Le prochain chapitre sera peut-être le dernier, mais si l'histoire vous plait, j'en ferais sûrement d'autres. Bisous tous pleins, et vive les licornes !
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Re: Les chevaliers du firmament [Dragon Quest IX]

Message par DanielPagés »

J'ai lu un peu en diagonale, c'est très long et je n'ai pas trop le temps...
Ce n'est pas un univers que je connais. Tu écris bien. Pour moi ça va un peu trop vite avec beaucoup d'action et ça ressemble plus à un scenario de jeu qu'à un roman, ce qui est logique. Quand tu n'as que le texte, il faut faire ressortir peut-être davantage le décor et les émotions (qui sont le décor intérieur de tes personnages). Il en manquait, c'est l'impression qui m'est restée.
Relis-toi bien à voix haute, tu entendras quelques erreurs, sûrement et fais attention à tes verbes avec i,is, it en terminaison, tu ne tombes pas toujours juste ! :D

Après avoir jeté un coup d'oeil vers Kélie qui hocha la tête en signe d'approbation, ils suivirent le seigneur Whitebrain qui passa en dessous de l'escalier par lequel il était descendu et entra dans un long corridor bordé de braseros qui s'achevait par une lourde porte de bois peinte en rouge.
Ce genre de phrase (j'en ai vu plusieurs comme ça) est beaucoup trop longue : qui, qui, par lequel, qui,... ça fait beaucoup de subordonnées. Si tu la lis à voix haute tu vas sentir que tu t'étouffes avant la fin... ;)
Si tu la coupes en deux, ça va déjà mieux :
Après avoir jeté un coup d'oeil vers Kélie qui hocha la tête en signe d'approbation, ils suivirent le seigneur Whitebrain. Celui-ci passa en dessous de l'escalier par lequel il était descendu et entra dans un long corridor bordé de braseros qui s'achevait par une lourde porte de bois peinte en rouge.

Un petit truc de typo : lorsque tu as une incise, dans tes dialogues, il ne faut pas mettre de majuscule au verbe de parole après un ? ou un ! C'est la même phrase. Word te demande la majuscule, mais il a tort, ne te laisse pas faire ! :lol:
Exemples :
- Tu as bien dormit ? Lui demanda le prêtre.
- Hé bien quoi ? Explosa-t-elle. Tu veux que j'aille pleurer dans tes jupons ?
- Mon oeil oui ! S'interposa-t-elle. En réalité tu n'as pas dormi car tu étais occupé avec Kélie hein ?
La typo correcte est comme ça :
- Tu as bien dormi ? lui demanda le prêtre.
- Hé bien quoi ? explosa-t-elle, tu veux que j'aille pleurer dans tes jupons ?
- Mon oeil oui ! s'interposa-t-elle. En réalité tu n'as pas dormi car tu étais occupé avec Kélie hein ?

Voilà... n'arrête pas d'écrire tu as du talent. Dommage que tu ne reprennes pas ton autre histoire (Orion)... ;)
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Re: Les chevaliers du firmament [Dragon Quest IX]

Message par LessaMage »

Merci pour ta réponse extrêmement complète. Franchement, pour une lecture en biais, tu as perçu beaucoup de choses ! C'est vrais que je fais des phrases bien trop longues, c'est plus fort que moi. Après, j'ai toujours eu un problème avec les terminaisons en i. Il faut vraiment que je reouvre mon bescherelle (il est où d'ailleur celui-là ? La dernière fois c'était dans le tiroir des chaussettes mais il y est plus...).
Ah. Le portail d'Orion. Un sujet délicat si tu veux mon avis. C'est vraiment quelquechose dont j'ai envie de me débarrassé, mais que je n'arrive pas à abandonner. Un peu comme mon addiction pour le yaoi d'ailleur...mais bon.
Merci beaucoup pour tes commentaires très complets et n'hésite pas avec les diverses fautes que j'aurais pu faire, ça m'aide beaucoup. :)
DanielPagés

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Re: Les chevaliers du firmament [Dragon Quest IX]

Message par DanielPagés »

Des fautes, il n'y en a pas tant que ça... je me souviens d'avoir vu un passé simple bizarre qui m'a fait rire, mais je sais plus où. ;)
les terminaisons en i it is c'est assez simple en fait.
au participe passé jamais de s ou de t > grandi
au passé simple je > grandis, tu > grandis, et il > grandit
à l'imparfait du subjonctif qu'il grandît (avec l'accent circonflexe
C'est tout.
Suis content j'ai fait mon prof ! :lol:

Comme je suis allé sur ton DeviantArt, j'ai repéré que tu étais amatrice de Yaoi... ah ! les filles ! :D Je crois que c'est un bon exercice de dessin au trait... Après faut pas se limiter à ça...
Je connaissais pas ESMA Toulouse. (oui, suis allé sur ta page FB aussi, quand je vois 'dessin' je suis curieux ! :lol: ) Tu fais une spécialité ? Tu as envie de faire quoi ?
Je bosse avec une fille que je connais depuis sa terminale (quand elle m'a fait la couverture de mon premier roman et c'est toujours mon illustratrice chérie) qui termine ses études de dessin d'animation au Danemark (The Animation Workshop à Viborg). Avant, elle avait fait les beaux arts à Poitiers et un BTS animation à Luxembourg.

Oui ma question cachée c'était : pourquoi faire une fanfiction alors que tu as un roman tout prêt ? ;)

Si t'as envie de lire une super histoire va sur celle de Vincent dark-vince, ça s'appelle Le temps des surplombs et c'est ici : https://booknode.com/forum/viewtopic.php?f=33&t=246393
LessaMage

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Re: Les chevaliers du firmament [Dragon Quest IX]

Message par LessaMage »

Voici le dernier chapitre rédigé de cette fanfiction sur Dragon Quest IX. Faites-moi savoir si vous voulez connaître la suite, je tenterais de poursuivre. Bonne lecture !



Chapitre 3 :



Le prêtre était resté sur le pas de la porte et attendait les autres. Dès qu'il eu compris que le père de Kreg faisait parti des otages, il se mit en retrait. Cela lui rappelait des souvenirs désagréables. Ekzé sorti le premier et l'interpella :
- Nous allons à la grotte de la pioche d'albatre.
Peter hocha la tête. Étrangement, la lance dans son dos le démangeait et il voulait la planter dans ces bêtes cruelles qui demandaient des rançons à un village déjà extrêmement affaiblit. La première fois qu'ils étaient arrivés à Egön, il n'avait rien remarqué d'anormal, mais lorsqu'il était revenu avec le mercenaire pour trouver un guide, il avait vu certaines choses qui ne démentaient pas de la véritable détresse des habitants. Entre deux masures aux fenêtres condamnées, il avait apperçu deux enfants se battre pour un crouton de pain rassit. La fontaine de la place avait été asséchée et les habitants ne sortaient que très peu, transformant Egön en un village fantôme.
Le groupe venait de passer la place déjà vide et se dirigeait vers la sortie du village, Kreg en tête, lorsqu'une voix les interpella :
- Kreg ? Mais que fais-tu ? Tu devrais rentrer chez toi, c'est dangereux, Dit une femme en tablier dans l'embrasure de sa porte. En plus, j'ai entendu dire que parmis la troupe avec laquelle tu traînes, il y a un assassin et un allié des démons. Tu ne devrais pas leur faire confiance ce ne sont que des...
- Mercenaire, la coupa l'homme aux cheveux pourpres, ce n'est pas assassin mais mercenaire le terme exacte. Et non, il n'y a pas d'allié des démons parmis nous.
Elle blêmit et claqua immédiatement la porte. Leur guide resta un moment silencieux et regarda ses pieds. Peter s'approcha de lui.
- Ne t'inquiète pas, dit-il en se voulant rassurant, nous allons récupérer ton père et sauver le village de ces monstres.
Kreg se tourna alors vers la forêt qui s'étendait devant eux. Le discourt de la femme l'avait ébranlé, mais il s'était décidé à partir. Leur destination se trouvait sur la rive ouest du lac de la Tulipe, entre deux crêtes escarpées où serpentait un chemin étroit et tortueux. Le bois qu'il traversait n'était pas très dense et ses arbres à l'écorce sombre , dépourvus de leur feuillage, lui donnait une atmosphère lugubre. La piste était large et plate, ils atteignirent donc rapidement la sortie de la forêt. Alors qu'ils passaient la lisière des arbres, Peter sentit que quelquechose clochait. Il jeta un coup d'oeil vers Suzann. Elle aussi l'avait ressentit. Une incroyable quantitée d'énergie venait de les traverser pour aller tout droit vers la grotte. Une deuxième vague les frappa de plein fouet. Ce flux était tellement puissant que les deux magiciens, sensibles à cette énergie, furent pris de vertiges. Kélie le soutint et lui jeta un regard inquiet.
- Ça va, dit-il en reprenant ses esprits. Je vais bien. C'est pour Suzann que l'on devrait s'inquiéter, elle est bien plus ouverte aux flux que moi.
La jeune femme avait perdu l'équilibre mais Kreg était venu la soutenir. Peter se rassura, elle n'avait rien. Mais étrangement, il ressentait comme de la colère envers leur guide. Pourquoi ? Il n'avait rien fait de mal, au contraire. "Serais-je jaloux ?" Il décida de penser à autre chose. En effet, Kélie leur rappela en reprenant la marche qu'ils avaient un objectif à accomplir, et vite. Leur guide les engagea sur le chemin accidenté qu'ils avaient repéré depuis la sortie du village et il s'annonçait bien plus difficile que ce qu'ils avaient prévu. Les cailloux minuscules qui recouvraient le lacet rendaient le terrain instable et leur seul appuis etait le flanc de la montagne qui était aussi glissant que le sol car trempé. De plus, le chemin était très étroit et rendait le passage impossible pour deux personnes et difficile pour la mule chargée à bloc. Mais malgré cet handicap, l'animal était habitué à ce genre de trajet et Kreg avait le pied sûr. Ils arrivèrent bientôt au sommet, accompagnés par les gémissements plaintifs de la jeune sorcière qui n'arrêtait pas de répéter qu'elle ne ferait pas un pas de plus dans cet enfer. Les parois qui entouraient l'entrée étaient luisantes d'humidité et elles étaient traversées par de long sillons d'un blanc étincellant. "De l'albatre." pensa Peter. Ils s'avancèrent vers la cavité, mais Kélie les arrêta. Elle tendait l'oreille, et les membres de l'équipe la sachant muette, ce sens, chez elle, était bien plus affûté que le leur. Elle sortit alors son épée et donna rapidement ses ordres.
Les yeux de Peter s'agrandirent par le désarrois. La jeune femme avait décidée qu'elle serait la seule à arrêter l'embuscade qu'on leur tendait tandis que tout le monde continuerait à l'intérieur de la grotte. Bien évidemment, le prêtre n'était pas le seul à protester. C'était tout simplement du suicide. Elle fermait les yeux, comme prête à laisser éclater sa colère. C'est finalement Ekzé qui la calma, d'une manière très simple. Il l'assoma avec le pommeau d'une de ses cimetères. Les membres du groupe n'eurent pas le temps d'être stupéfaits. Il fallait entrer dans la grotte. Les monstres commençaient déjà à sortirent des rares cachettes qu'il y avait dans ce paysage lunaire. Connor se chargea de la porter sur son dos. Suzann retarda les premiers monstres difformes avec un mur de galets et de gravillons. Le mercenaire en profita pour adresser ces quelques mots au conjurateur.
- Je ne serais pas là pour te surveiller, alors, si tu tentes quoique soit sur elle...Tu regretteras le jour où tu es arrivé dans ce monde.
- C'était il n'y a pas si longtemps, remarqua Connor.
Le jeune homme courru vers le trou béant où les autres l'attendaient. Il lança par-dessus son épaule.
- Reste en vie !
Le mercenaire n'avait pas répondu, mais Connor ne l'aurait pas entendu de toutes manières. Le fracas de la bataille derrière lui était déjà assourdissant. Peter alluma une torche et avança en tête, accompagné de Kreg. Kélie, inconsciente, et Connor étaient derrière eux. Suzann fermait la marche. Le prêtre espérait que la guerrière ne resterait pas trop longtemps inconsciente. Ekzé n'y était pas allé de main morte - si toutefois, tout ce qu'il entreprenait n'avait été qu'une seule fois de main morte. Il espérait aussi qu'il survivrait. Il ignorait combien d'ennemis comptait cette embuscade, mais sans aucun doute, trop. Beaucoup trop.
- Attention ! Hurla Kreg.
Le demi-elfe eu tout juste le temps de réagir avant qu'un gobelin lui enfonce son sabre rouillé dans la cuisse. Il esquiva le coup et s'arma de son bouclier. Il n'eut pas le temps de s'armer de sa lance, toujours dans son dos. Il se chargea de protéger Kreg, tandis que la blonde s'occupait de Connor et de l'inconsciente. La tête du monstre devant lui explosa lorsqu'il la mit entre le sol et le bouclier de cuivre. Un temps de répit. La lance. Il éleva sa pointe vers le plafond du boyau sombre pour lancer un sort de protection. Son énergie vitale se vida, d'un seul coup.
"Comment...? C'est impossible ! Que se passe-t-il ?" Suzann venait de s'écrouler. Elle gisait au sol, inerte.
"Non...non !" Kreg courut vers elle et l'amena derrière Peter, désormais seul rempart contre leurs ennemis. Il en arrivait de plus en plus, des deux côtés. Le prêtre ne comptait plus les morts, mais ils s'entassaient devant lui et leur odeur empoisonnait l'air. Il se sentait épuisé. Les blessures se multipliaient sur son corps, transformant chacuns de ses mouvements en supplices. Il avait bel et bien réalisé qu'il ne pouvait plus lancer de sort, et donc se soigner. L'état de Suzann en était la preuve. Il laissa dans sa défense une faille. Il le savait, mais il ne pouvait faire autrement. Un gobelin armé d'une épée grossière et d'une fourchette en profita et chargea sur Connor. Peter se retourna, cette tentative lui fut fatale et une lance lui traversa le flanc. Il regarda la pointe ensanglantée qui dépassait de son ventre et poussa un cri de douleur. Il leva son regard embué par les larmes – ou le sommeil, il ne saurait le dire. La pointe se retira et, comme un acteur saluant son public, il s'effondra devant ses amis qui viendraient probablement le rejoindre dans cette révérance macabre. Un rideau de ténèbres tomba sur lui, protégeant la scène d'horreur du regard de sa conscience.

* * *


Elle était là, enfin. Elle sentait son aura qui, bien qu'affaiblit, elle reconnaîtrait entre mille. Elle allait enfin pouvoir accomplir sa vengeance, elle, la grande Mirma Asban. On l'avait peut-être oublié depuis son départ, mais son retour, lui, serait inoubliable. Sa mort n'avait rien eu de beau. Engrossée par son violeur, ce salopard de Guillaume Whitebrain, elle s'était noyée et avait donné son enfant à un pêcheur. Et maintenant, c'était sa propre engeance, celle qu'il voulait pour lui succéder, qui provoquerait sa propre chute. Quelle ironie du sort ! S'en était presque drôle.
Son esprit glissa le long de la roche, se rapprochant d'un spectacle de mort. Elle espéra ne pas arriver trop tard. La morte fut surprise par ce qui se déroulait sous ses yeux. Une furie aux cheveux rouges tourbillonnait dans tout les sens et agrandissait la pile de cadavre sous ses pieds. Elle luttait seule, ses coequipiés étaient soit impuissants, soit évanouis. La guerrière ne pourrait pas tenir indéffiniment. Finallement, L'arrivée de la défunte princesse Mirma tombait à pique. Presque une aide inespérée.
Les bottes et les parades de la jeune femme se faisaient plus lentes et les monstres, bien que peu nombreux, la mettait en difficulté.
Le fantôme passa près d'elle et de deux hommes qui tentaient de se défendre à la seule force de leur poings, mus par l'énergie de désespoir. Elle s'arrêta, surprise par le rire que venait de pousser l'un d'eux. Elle écarquilla ses yeux transllucides, celui qui était totallement illare, les cheveux noirs en battaille, le regard gris et fou, déployait une incroyable énergie magique. A tel point que l'aura de la morte ne pu l'absorber. Elle compris ce qu'il se passait. Il était un allié des démons endormit, et elle l'avait réveillé. Mirma se précipita sur sa fille et prit immédiatement posséssion de son corps. Elle avait fait une terrible erreur et elle devait la réparer.

* * *

Son âme dérivait dans des moments très lointains, il s'éttona même de s'en souvenir. Il se rappelait son père. C'était un homme grand, fils d'un marin, à la carrure robuste. Peter avait hérité de ses grands yeux bleus et de la générosité qui avait tellement plu à sa mère. Elle était une elfe d'une beauté étrange et éternelle qui caractérisait cette race. Elle aimait chanter des chansons à son fils, sa voix l'avait toujours enchanté, la voix d'une mère. Cette même voix qui était emplie de tristesse et d'empressement lorsqu'elle lui avait dit de ne pas sortir du tonneau, sous aucuns prétextes. Le tonneau avait bougé, il s'était fait mal, puis il s'était endormis, réveillé. Son ventre avait grondé. Il avait faim et voulait ses parents. Où étaient-ils ? Le couvercle s'était ouvert. Maman ? Non. Ce n'était pas sa mère mais un moine rasé à la tête étonnée. C'était un membres de la communauté des moines qui vivaient isolés dans les montagnes rouges. Ils l'élevèrent comme l'un des leurs, petit enfant frêle aux oreilles pointues. Plus tard, il avait appris que la ville dans laquelle ils étaient avec ses parents avait été prise par des pirates qui avaient tué, pillé, violé, tout sur leur passage. Il avait alors imaginé sa mère prise par un homme répugnant avec une cicatrice lui traversant le visage, juste sous les yeux de son père, impuissant. Oui, c'était probablement se qu'il s'était passé. Inutile de se faire des illusions.
Quelquechose bougea à l'intérieur de lui, quelquechose de puissant. De la colère ? Non, c'était bien plus fort. Cela ne venait même pas de lui. On le tirait vers le haut. Il emmergea à la surface de son esprit, d'un seul coup. La douleur lui cingla le visage comme un vent glacé, et il se rendit compte qu'il était entouré d'une véritable tempête. L'air tourbillonait, emportant l'odeur de la mort avec lui. Un homme se tenait au centre. Des volutes de flammes écarlates lèchaient la surface de ses mains. Il lui fallu un temps pour reconnaître Connor et de comprendre que c'était grâce à lui qu'il était en vie. Il avait réussit à refermer sa blessure et avait recouvré ses pouvoirs.
Cela aurait due être une délivrance pour le groupe et pour le conjurateur, mais quelquechose clochait. L'aura qui se dégageait de son corps était anormale. La douzaine de gobelins restants l'avaient sentit et s'apprêtaient à s'enfuir pour sauver leur vie. Connor ne leur en laissa pas le temps. Deux pentacles étincelants apparurent aux extrêmités du boyau. Les signes complexes et les hiéroglyphes éclaboussèrent la roche et le basalte d'une lumière ardente. Peter ne put voir ce qu'il s'était passé, tant il avait été ébloui. En revanche, il entendit très distinctement les cris stridents des gobelins et les os se fracassant sur le sol. La lumière revint, Suzann était debout juste à côté de lui et tenait dans sa mains une boule blanche qu'elle éleva au-dessus de sa tête.
- Su...zann ? Réussit-il à articuler en se relevant tant bien que mal.
Elle ne lui accorda aucune attention. Son regard était entièrement dirigé vers le conjurateur. La voix qui sortit de ses lèvres tordues par le dégoût n'était pas la sienne.
- Sale engeance ! Moi, Mirma Asban, mettrait fin à ta barbarie, allié des démons !
" Comment ?! Allié des démons ?" Peter n'y comprenait plus rien. Il était totalement perdu. Pourquoi donc Suzann s'était présentée comme étant Mirma Asban ? Pourquoi avoir prit une voix aussi hautaine et déformée par la haine ? Cela ne lui ressemblait pas. En revanche, il y avait quelquechose qu'il avait compris, et cela ne lui plaisait guère. Il n'y avait plus aucun doute possible désormais : Connor était un allié des démons. Tous les hommes pratiquant cette discipline, sans exception, y avaient laissé leur âme et leur raison. Ils erraient donc comme des coquilles vides qu'ils cherchaient à remplir de haine, de cruauté et de sang. Peter ne pouvait y croire. Connor ? Associé à l'un de ses monstres ? C'était impossible.
Suzann semblait n'avoir que faire de se remettre en question. Elle lança un assault mélangeant roches effilées, épieux de glace et sang brûlant. Immédiatement, un mort-vivant emmergea des vrais morts et explosa en encaissant le coup. La sorcière avait donc raison, Connor pratiquait cette horrible magie noire et représentait donc un danger pour eux. D'autres formes décharnées sortirent des cadavres et se mirent devant leur maître pour le protéger. Le sol sous leur pied commençait à battre d'une vie silencieuse et éteinte. Ils l'entendaient tous désormais, le tambour des morts. Il faisait vibrer le sol tel un coeur enfouie par le desespoir et la terreur. Peter était trop près, horriblement près. Il se saisit de sa lance, prêt à tuer si les squelettes venait vers lui. Kélie et Kreg se mirent à ses côtés. Leur guide avait les jambes qui tremblaient. Les assaults de la magicienne se faisaient de plus en plus rapides et destructeur, tuant parfois cinq soldats d'os toutes les secondes. Mais rien à faire, leur nombre ne faiblissait pas. Peter sursauta, au milieu du combat, Connor s'était rapproché d'eux tout en continuant ses invocations. Pourtant, les sorts dont Suzann bombardait la horde de mort-vivants était totalement inconnus du jeune prêtre et semblaient extrêment puissants au vu des fuites d'énergie qui le traversait.
- Quelqu'un sait qui est cette Mirma Asban ? Demanda Connor en invoquant dix soldats de plus.
Kreg s'avança, tremblant de la tête aux pieds comme s'il avait vu un fantôme. Sa voix était blanche.
- I-il s'agit de...de la princesse disparue. Celle de notre village. C'est elle.
L'allié des démons laissa échapper un juron. Cette situation, bien qu'elle semblait pour lui facilement gérable, ne le laissait pas tout à fait indifférent.
- Peter ! Viens, tu dois m'aider !
- Il est hors de questions que je vienne t'aider, répliqua ce dernier. Pour rien au monde je ne tuerais Suzann et encore moins pour un allié des démons.
Cela sembla l'agacer au plus haut point. Mais lorsqu'il prit la parole, il s'était radoucit.
- Je peux très bien m'occuper d'elle tout seul, mais je risque de la blesser gravement, voir de la tuer. Suzann est sous l'emprise d'un esprit. Je suppose que tu peux l'exorciser ?
- L'exorciser ? S'eclaffa la magicenne. C'est impossible. Je suis un esprit bien trop puissant pour toi ! Tu cours à ta perte ! N'écoutes pas le poison de ce fou.
Suzann. Le corps de Suzann était devenu l'abominable marionette d'une morte. La voix qu'il entendait n'était pas la sienne, les gestes qu'il voyait n'était pas les siens. Pour la deuxième fois aujourd'hui, il sentait quelquechose qui bougeait en lui. Une forme noire et rouge bousculait sa raison. Ses pattes énormes serraient son coeur et son souffle lui brûlait le sang. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait plus revue, cette bête qu'il gardait dans la cage des idées raisonnables et de la peur. Sa bête noire, la colère.
Il ne se souvint pas de ce qu'il s'était passé pendant les minutes qui suivirent. C'est Connor qui lui expliqua, bien plus tard, comment son sort, qui aurait due être absorbé par l'esprit de la princesse Mirma, avait bousculé les cadavres, détruit le flux d'énergie de la sorcière, puis s'était emparé tout entier de son corps. Il avait rajouté que les pieds de Suzann ne touchaient plus le sol et que les yeux du prêtre brillaient littéralement d'une lumière bleu électrique. Les cris déchirants de l'esprit s'étaient peu à peu mêlés à ceux de la sorcière blonde. L'allié des démons avait réellement cru qu'il finirait par la tuer et avait envoyé un de ses soldats pour le neutraliser. Au moment où la main squelletique avait saisit son poignet, le monstre a été foudroyé par une quantité énorme d'énergie et il était tombé au sol, calciné. L'allié des démons avait hurlé son prénom, tentant de le ramener à la réalité. Ils étaient impuissants, s'il le touchaient, ils subiraient le même sort que le squellette. La lutte dura de longues et insupportables minutes. Suzann pleurait et suppliait d'arrêter. Kélie regardait la scène sans réagir, comme hypnotisée. Kreg se tassait dans un coin, tentant de se faire oublier. A cet instant, Peter avait murmuré quelquechose, au bord de l'inconscience : "Réceptacle". Connor avait immédiatement compris et avait pris un morceau de basalte qui traînait au sol. Il l'avait tendu au prêtre qui s'en était emparé à genoux. Venait la partie la plus délicate de l'exorcisme. L'esprit devait passer par son corps entier, risquant de détruire ses organes au passage, puis être scellé dans l'objet qu'il tenait. Tout cela devait se passer en très peu de temps, au risque d'être lui-même possédé.
C'est à ce moment là que Peter reprenait le court de ses souvenirs. La bête à l'intérieur de lui trépignait et labourait ses entrailles. Il ne savait pas qui le tuerait en premier, le monstre dans son corps, ou l'esprit qui le traverserai. Une silouhette translucide sortit de la poitrine de la jeune femme et glissa jusque dans la bouche du prêtre. Des ongles lui griffaient l'oesophage, des morsures lui broyaient les poumons. Il avait du sang dans la bouche. La bête remonta en rempant dans ses boyaux et saisit l'esprit à la gorge. Son coeur battait beaucoup trop vite. Il n'arrivait plus à respirer. Il allait mourir. Vite. Mirma echappa tant bien que mal au monstre et glissa le long de son bras. Il fit claquer ses dents sanglantes et grogna. Elle devait absolument glisser jusqu'à sa main. La bête la pousserait. Il oublia sa raison, ses principes, ses aversions et brisa toutes ses chaînes qui l'entravaient. Le monstre se précipita vers elle et fit entendre son rugissement haineux. Mirma n'avait plus le choix, si elle ne s'enfuyait pas, le cadavre du prêtre serait sa prison, puis son tombeau lorsque son corps disparaîtrait dans la terre. Elle se réfugia dans le basalte. La bête grattait, grognait, mordait la pierre. Suzann. Une chaine se referma sur son cou. Suzann. Elle le tira vers l'arrière. Ses griffes laissa de longues plaies dans ses muscles. Son coeur rata un battement. Suzann. Les barreaux se refermèrent. Je te détuirai ! Je te tuerai ! Suzann. Les hurlements s'éloignèrent en même temps que la réalité qui l'entourait. Suzann, pardonne-moi.
Il s'évanoui.

* * *

Il ouvrit les yeux. Peter était allongé sur le dos et un visage encore flou se tenait au-dessus de lui. Des yeux gris, des cheveux noirs en bataille. Il reconnu Connor qui posa la torche au sol.
- Dieu merci, fit celui-ci soulagé, tu es en vie.
- S...su...
Sa langue était pâteuse et sanglante. L'air qu'il inspirait lui brûlait la gorge. L'allié des démons l'avait compris et lui expliqua la situation.
- Tu ne dois pas bouger. Tu as subit de lourdes blessures physiques internes. Kélie est partit avec Kreg pour retrouver les otages et Suzann...Comment dire ? Elle va bien mais elle est totallement chamboulée et a décidé de partir vers la sortie. Je n'ai pas pu la retenir et je devais rester là pour attendre que tu reprennes connaissance.
Suzann était donc en vie. C'est tout ce qu'il contait pour lui. Il serra un peu plus fort la pierre qu'il tenait dans sa main droite. L'esprit y était scellé. La sensation d'avoir un corps lui revint soudainement, et la douleur monta avec elle. Un cri irréprécible monta dans sa gorge et les larmes coulèrent sur ses joues, laissant un sillon clair entre la cendre et les tâches de sang coagulé. Le feu de la colère s'était éteint depuis un moment déjà. Ne restait plus que des charbons ardents, bien plus chauds. Respirer était un véritable supplice, sa cage toracique avait du mal à se soulever.
- Allez, murmura Connor, conscient de son calvaire. On va sortir d'ici et te soigner. Je vais t'aider à te lever, ne bouge pas.
L'allié des démons le mit en position assise, lui arrachant un gémissement. Il s'accroupit et le soutint en-dessous de l'épaule. Il lui demanda s'il pouvait marcher. Peter répondit d'un signe positif de la tête. Bien qu'il était exténué, la douleur se limitait au haut de son corps et à son bras droit. Dans cette position, Connor ne pouvait pas tenir la torche. Ils avancèrent donc dans le noir complet, tribuchant même parfoit, se repérant grâce à leur voix et leur souffle difficile. Un petit point lumineux apparut au loin. Le temps que leur yeux s'adaptent à la clarté, Peter avait craché un mélange de bile et de sang et se sentait de nouveau sur le point de défaillir.
- Tiens bon Peter, nous y sommes presque.
A l'extérieur régnait un silence pesant, seulement brisé par le vent ébouriffant les herbes grasses. Le prêtre eu soudain envie de vomir. Il sentait les relents de morts qui empoisonnaient l'air. Connor le sentit et le déposa avec précautions au sol où il cracha de nouveau. Devant eux, des corps par dizaines. Des orques, des gobelins et d'autres choses sanglantes et informes. Nouveau haut-le-coeur. Au milieu de cette boucherie se trouvait un homme aux cheveux dont la couleur était associée au liquide vital qui le recouvrait. Nul traces de Suzann.
- Vous en avez mis du temps ! S'écria Ekzé.
- Où est Suzann ? Demanda Connor sans préambule.
- Elle n'est pas avec vous ?
Un bruit venant de l'intérieur de la grotte les interrompit. Connor et le mercenaire se mirent immédiatement en garde. Il s'agissait d'un groupe, d'un groupe d'humains. Emmergea en premier Kreg, suivis d'une petite fille, d'un vieillard et d'un homme d'âge mûr. Kélie se montra un tout petit peu plus tard, du sang frais coulant de sa lame. Elle se précipita vers Peter, et s'assura qu'il n'avait rien. Elle regarda autour d'elle, cherchant probablement Suzann du regard. Elle cessa de bouger lorsqu'elle fut en direction de la cavité. La sorcière en sortit en regardant le sol. Kélie marcha vers elle et lorsqu'elle fut à sa hauteur, voulu posé une main sur son épaule. La blonde la repoussa violemment en hurlant :
- Ne me touche pas ! Ne me touchez pas...
Peter ne pouvait pas parler, ni même bouger. Il voulait s'assurer qu'elle n'était pas blessée, mais tout ce qu'il pouvait faire, c'était rester au sol.
- Suzann ? S'inquiéta Connor. Tout va bie...
- Tais-toi ! L'interrompit-elle. Tais-toi sale monstre ! Tout est de ta faute ! TA FAUTE !
Ekzé fronça les sourcils.
- Explique-toi Suzann. Que s'est-il passé ?
- Que s'est-il passé ? CE QU'IL S'EST PASSÉ ?!! Ce fils de chienne nous a mentit depuis le début ! C'est un allié des démons ! Voilà ce qu'il s'est passé !
Personne n'osa répondre. Ils eurent à peine le temps de reprendre leurs esprits pour se rendre compte que Suzann descendait par le sentier.
- Kreg, l'interpella le mercenaire. Emmène les tiens au village.
Le jeune homme s'excuta sans un mot. La situation était terriblement désagréable. L'endroit était emplit d'une odeur de mort et de malaise. Ekzé avait fermé les yeux, tentant de garder son calme.
- Est-ce que tout ce qu'elle a dit est bien vrais ? Demanda-t-il lentement en se tournant vers Connor. Es-tu réellement un allié des démons ?
L'intêressé avala sa salive avant de répondre.
- Je ne sais pas ce que ses mots dont vous me désignez veulent dire, mais ça n'a pas l'air d'être un compliment. Dans tous les cas, veuillez me croire que je ne suis pas là pour vous faire du mal. Je veux seulement retourner dans mon monde.
- Ce n'est pas la question, le coupa sèchement le mercenaire. As-tu invoqué des créatures venant des enfers ? Si oui, je te prierais de partir...avant que je ne change d'avis.
- S'il te plait Ekzé. Je ne connais pas ce monde, je ne peux...
- Je n'ai pas été assez clair ? Fout le camp !
Ils se toisèrent un moment du regard. Peter tenta de se lever et de dissiper le malentendu, mais quelquechose se brisa dans sa poitrine. Connor les avait sauvé, sans lui, Suzann n'aurait été qu'une carcasse mouvante et aurait finallement disparue. Sans lui, il serait mort, planté par un gobelin. Du sang remplit ses poumons. Il s'écroula. Il vit seulement que Kélie courait vers lui. Il sentit ensuite qu'on soulevait sa tête pour la déposer sur des cuisses. Il n'entendit plus rien, puis il perdu de nouveau connaissance.

* * *

Il ne savait pas combien de temps il était resté dans le coma. Une vingtaine de jours, Quelques semaines, des mois peut être. Les moments où il s'éveillait, il était dans sa tente et voyait tantôt Kélie, tantôt Ekzé, et parfois Kreg, mais pas une seule fois il ne vu les yeux bleus inquiets de la sorcière se pencher sur lui. Cela lui faisait mal, presque autant que ses quatre côtes cassés, ses luxations dans le bras droit, ses intestins en bouillit et son mal de crâne permanent. Leur chef de groupe, la guerrière, s'occupait de lui tout les jours, avait-il apprit d'Ekzé. Il tenait toujours la pierre qui renfermait l'esprit dans sa main. Personne ne l'avait remarqué. Il sentait qu'elle lui absorbait son énergie vitale peu à peu et lui embrouillait l'esprit. Parfois, il entendait une voix de femme dans sa tête qui pestait, qui l'insultait et qui pleurnichait sur une vengeance qu'elle n'avait pas accomplit. C'est une fois où il s'était éveillé seul qu'il se rendit compte qu'il pouvait parler. Bien que faiblement, il arrivait à articuler des mots qu'il jugeait compréhensibles. Son état s'améliorait. Ses côtes cassées frottaient toujours péniblement sur ses poumons, sa tête lui semblait toujours plantée au bout d'une fourche, mais son appareil digestif semblait de nouveau opérationnel, et il mourrait de faim. Heureusement, Kélie arriva environ une heure plus tard afin de changer ses bandages. Elle semblait surprise qu'il soit éveillé, puis lui sourit. Il aurait aimé voir quelqu'un d'autre sourire de son retour.
Un souffle traversa ses lèvres. La guerrière s'en apperçut et pencha son oreille au-dessus de lui.
- N..nourri...ture.
Elle compris et sortit immédiatement de la tente. La jeune femme aux cheveux rouges ne revint pas seule. Ekzé l'accompagnait et...Suzann. Elle avait de vilaines cernes sous les yeux et son teint était d'un blanc spectral. La sorcière semblait perdue et l'éclat qui brillait autrefois dans ses yeux malicieux avait disparu. Peter ne pouvait détâcher ses yeux de son visage d'épourvu de vitalité. Elle regardait ses pieds, la tenture, les poutres, mais son regard exquivait toujours le sien. Ekzé l'aida à s'assoir et Kélie lui offrit une coupelle de pommes de terre et une gourde. Il voulu prendre la cuillère, mais sa main tremblait et elle tomba au sol. La guerrière la ramassa et l'aida à manger. Le repas n'avait rien d'extraordinaire, et pourtant, il avait l'impression de manger la meilleure chose de sa vie. L'eau qu'on lui donna finit d'éteindre les dernières braises qui brûlaient son âme.
- Merci, murmura une voix féminine.
Tout le monde s'interrompit. Suzann le regardait désormais. Il s'apperçut alors qu'il aurait préféré qu'elle ne le voit pas dans l'état pitoyable dans lequel il était. Il était totalement impuissant, et on lui donnait à manger comme à un nourrisson. Il répondit dans un souffle.
- De rien.
- Il ne savait pas si elle l'avait entendu, mais l'ombre d'un sourire flotta sur ses lèvres. Il savait qu'elle se forçait, mais il en était heureux. Ekzé le rallongea et il sortit de la tente avec Kélie, laissant Suzann et Peter seuls.
- Où est-elle ? Questionna-t-elle après s'être assise à ses côtés.
Ses doigts se dessérèrent et laissèrent appercevoir la pierre qui aurait pu mettre fin à sa vie. Elle la regarda un instant puis prononça ces quelques mots avec une extrême douceur :
- Je vais te raconter l'histoire de cet esprit, et pourquoi elle m'a possédé.
Elle sortit un mouchoir blanc d'une pôche de sa robe. Elle l'utilisa pour prendre la pierre sans la toucher et la mit à l'intérieur de son vêtement.
- Il s'agit de la princesse d'Egön, Mirma Asban. Elle a vécue une enfance paisible jusqu'à ses 26 ans où le village fut attaqué par le clan Whitebrain, des barbares redoutés de tout l'ouest du pays. Ses parents ont été tués devant ses yeux, et Guillaume Whitebrain, commandant de cette attaque, la viola sans cérémonies. Après quelques mois de cette tyrannie infâme, elle se rendit compte qu'elle portait en elle la vie. Elle fit tout son possible pour se débarraser du feotus, mais Sieur Whitebrain s'en était apperçut et voulu garder l'enfant pour en faire son digne héritier. Elle prit la fuite une nuit d'automne. Un pêcheur s'attardait au port pour réparer ses filets. Elle lui donna l'enfant qui était née quelques heures plus tôt. Elle enferma alors son âme dans une tulipe et se suicida en se noyant dans le lac, attendant le retour de son enfant pour accomplir sa vengeance. L'enfant est revenu, mais un prêtre courageux - ou terriblement inconscient, je n'arrive pas à me décider - refusa que son corps soit sous son emprise et réduisit ses intentions à neant.
Le visage de Peter s'éclaira de compréhension. Il ne pouvais exprimer sa surprise par les mots, mais son visage le faisait bien entendre. Suzann était la fille de Mirma Asban et de Guillaume Whitebrain. Une enfant batarde, non-voulue, issue d'un viol. Connaissant sa fierté, il comprit tout de suite les raisons de son état décadent. Il ne réfléchit pas, et faisant fit de la douleur qui lui engourdissait les doigts, il prit sa main et la serra doucement. La sorcière leva les yeux vers lui. Ils étaient embués de larmes.
- Tout est de sa faute, murmura-t-elle comme pour elle-même. S'il n'était pas intervenu, tu ne serais pas dans cet état. S'il avait montré son pouvoir plus tôt, il serait partit sans faire de mal à personne.
- Il...Connor...partit ?
Son regard devint tout d'un coup glacial.
- N'appelle pas un monstre par le nom qu'il s'est donné. Oui, c'est tout ce qu'il est, un monstre. Il attendait le bon moment pour faire le maximum de dégats, et vois où est ce que tout cela t'as mené.
Le jeune prêtre fit un signe négatif de la tête.
- Tu...as tort. Sans lui nous serions morts...t...tout les deux. L...lorsque tu étais inconsciente, il...il nous à tous protégé des gobelins.
- Même si tu avais raison, il est déjà partit depuis longtemps. J'ignore où il se trouve, mais nous ne le reverrons plus jamais.
Peter écarquilla les yeux. Il se sentait mal devant cette injustice. Connor avait perdu tous ses camarades et avait attérit dans un monde dans lequel les règles n'étaient plus les mêmes que dans le sien. Par chance, il les avait trouvé, mais même après les avoir sauvé d'une mort certaine, la seule reconnaissance qu'ils lui offraient, était de ne pas le tuer. Il toussa puis inspira en émettant un sifflement pénible. Suzann reprit la parole.
- Je dois encore te dire quelquechose Peter. La pierre dans laquelle ma mère est enfermée est très instable et ne peut pas être portée pendant plus d'un mois par quelqu'un. Il risquerait de devenir fou. C'est pour cela que l'on va la porter à tour de rôle. C'est d'accord ?
Il aquiesça. Lui-même l'avait remarqué dans son coma. Suzann se leva et sortit en lui souhaitant bonne nuit. Il ne resta pas plus longtemps éveillé.

* * *

Il se sentait mieux au fil des jours et pouvais maintenant manger et s'assoir seul. Ekzé lui rapportait à chaque fois qu'il était éveillé de l'avancée des évènements. Les monstres n'avaient plus lancé d'attaques ni d'avertissements depuis plus de deux lunes. Les villageois commençaient à sortir de chez eux et ils étaient fêtés comme des héros. Toutefois, Whitebrain n'était pas venu les voir et ne sortait pas de son palais, un comportement normal d'après les habitants. Suzann avait eu une autre révélation. Le père de Kreg, surnommé Pyloon, n'était autre que le pêcheur qui l'avait receuillit et donné à la famille Blatt. La plus grande coïncidence résidait dans le fait que Kreg voulait dire "retrouvailles" dans une langue ancienne d'apès elle.
Ils avaient décidé d'attendre son rétablissement avant de tenter d'entrer dans le palais. Ses côtes étaient bientôt resoudées, et l'aide de potions qu'il avait concocté n'y étaient pas pour rien.
Il se sentit un jour capable de se lever, et sortit de la tente. La lumière du soleil qui preçait à travers les branches basses l'éblouit. L'air était frais et respirait l'humus. Cela n'avait rien à voir avec l'atmosphère étouffante de la tente. Des oiseaux piailliaient dans les arbes et des bourgeons maculaient les buissons. Il était resté infirme pendant plus de la moitié de l'hiver. Il frissona et sentit une couverture se poser sur ses épaules nues.
- Tu as une mine affreuse, remarqua Suzann.
- Tu peux parler.
Elle rit de bon coeur. Il ne se souvenait pas que son rire était si agréable à entendre. Elle sécha de petites larmes qui perlaient au coin de ses yeux.
- Tu m'avais manqué, dit-elle. Oui, tu m'avais vraiment manqué.
- Toi aussi, sourit-il.
Ekzé s'occupa pendant deux semaines entières de sa réeducation. Il n'avait rien perdu de son maniement de la lance. Il aurait dit qu'il se sentait même plus à l'aise. Cela lui faisait le plus grand bien de bouger après tout ce temps à rester allongé sans pouvoir remuer l'orteil. C'est au bout de ce délai qu'il put remettre son armure aux ornements bleutés. Il mit son bouclier de cuivre et sa lance dans son dos avant de partir avec les autres qui l'attendaient à l'orée de la clairière. La blessure dans son bras droit le gênait toujours un peu, mais il se sentait près à les protéger quoi qu'il arrive. Le mercenaire n'avait en effet pas mentit, le village avait beaucoup changé durant son abscence. Quelques habitants se préparaient à partir vers la Capitale maintenant que le col était dégagé. Des enfants se poursuivaient entre les maisons et une odeur de poissons grillés sortait des foyers. La fontaine gargouillait de nouveau au centre de la place. Une petite fille qui boudait seule sur une caisse vide les apperçut et courru vers la place en hurlant de sa petite voix criarde.
- La dame rouge ! Voilà la dame rouge et ses chevaliers !
Les villageois s'arrêtèrent dans leur tâche et les saluèrent avec mille remerciements. Ils n'avaient jamais vécu telle situation. Kélie, que l'on surnommait ici la dame rouge, et le reste du groupe, avaient pour habitude de se mettre au service de quelques seigneurs qui leur demandaient de se débarrasser de bestioles parasitant leur terres. Mais ils n'avaient jamais sauvé un village entier et encore moins reçus autant de reconnaissance. Peter se sentit rougir jusqu'à la pointe de ses oreilles. Méritaient-ils autant d'honneurs ? Suzann l'interpella en le tapotant du coude.
- Hé, détends-toi Peter ! Soit pas timide. Si tu ne m'avais pas convaincu que mon foulard bleu valait mieux qu'eux, je serais jamais venu les aider.
- Il ne répondit pas, préférant se concentrer sur autre chose pour éviter d'être véritablement dans l'embarras. Le groupe se retrouva bientôt devant le palais troglodite, suivit par une armée d'enfants curieux. Un garde les arrêta de son sabre.
- On ne passe pas.
- Nous souhaitons parler au seigneur Whitebrain, traduisit la blonde.
- Il ne souhaite recevoir personne.
- Bien sûr que si je veux les recevoir, fit une voix qui résonnait depuis le fond du corridor. Soyez les bienvenus. Entrez je vous prie.
Son ton bienséant sembla agacer Suzann qui pesta pour elle-même. La grande double-porte s'ouvrit, laissant apparaître en contre-jour la silouhette de Sieur Whitebrain. Ils le suivirent dans le hall toujours aussi resplandissant, puis il les installa dans la salle de bal, à la fois immense, et bien trop vide.
- J'ai entendu parler de vos exploits, commença-t-il. Vous m'avez démasqué. Je vous ai en effet mentit en disant que les grottes s'étaient effondrées, mais comprenez-moi bien, je n'avais pas le choix. Si je révèlais l'existance de ses monstres, plus aucun commerçants n'auraient voulus venir et cela aurait entraîné un mouvement de panique tel que des dizaines de gens seraient morts en tentant de traverser le col.
- Votre argument ne tient pas, répliqua Suzann. Col bloqué ou pas, les monstres étaient là avant l'hiver et vous auriez pu demander main forte aux armées de la Capitale. Non, votre véritable motivation était de faire écrouler l'économie de la ville et ainsi l'affaiblir pour continuer votre plan de conquêtes qui a commencé le jour où vous vous êtes emparé d'Egön et que vous avez violé ma mère !
Whitebrain fronça les sourcils, semblant comprendre.
- Votre mère ?
- Mirma Asban, princesse d'Egön, troisième du nom. Cela vous parle ?
Il ne pu s'empêcher d'esquisser un rictus qui le fit ressembler pendant un court instant à un serpent.
- Je ne doutais point que mon enfant serait aussi perspicace, mais tu n'as pas vraiment l'air de vouloir marcher dans mes traces. Gardes ! Saisissez-les !
Des hommes surgirent de toutes parts. Ils luttèrent pendant quelques minutes, mais ils avaient été pris par surprise et ils étaient bien trop nombreux. Kélie déposa les armes bientôt, ne voulant tuer personne, suivie bientôt par le reste de l'équipe.
- Mavrick ! Appela le seigneur, et un garde s'approcha. Fait répendre la nouvelle de la tentative d'assassina de la dame rouge à mon égard.
- Tout de suite mon Seigneur.
Ils les emmenèrent dans des étages qui descendaient très profondemment dans la terre. Peter se rendit compte que les flux d'énergie devenaient de plus en plus faible et rares. Arrivés au niveau d'un long couloir bordé de cachots vacants, on se saisit de leurs armes et armures. Lors de la fouille, un garde qui fouillait Suzann en interpella un autre.
- Hé ! Regarde ce que j'ai trouvé dans sa pôche ! Un bout de basalte !
Ils éclatèrent de rire.
- C'est probablement pour un souvenir. Hé, ma belle, Tu vas avoir un très beau souvenir si tu te tiens tranquille durant ton séjour en taule.
- Ne la touchez pas ! S'indigna Peter.
- Et sinon quoi petit elfe ? Tu vas me chanter une chanson qui va me faire saigner par les oreilles ?
Il se retourna vers la blonde qui le toisait d'un air féroce.
- Allez, tiens, reprend ta pierre bonasse. J'espère que tu me revaudras de pas t'avoir sauter devant tes potes.
Il remit le chiffon et le basalte dans la robe de la sorcière et la jeta dans le cachot derrière elle ainsi que Kélie. Peter et Ekzé furent mis dans la cellule d'en face. Un des hommes cria vers la salle de gardes au fond du couloir.
- Les gars ! Si vous voulez casser des gueules c'est la 8 ! Sinon pour du bon temps c'est la 4 !
- Ta gueule Geoffrey ! Lui répondit-on.
La lumière de la lampe s'éloigna et le silence se referma sur eux comme la main geante du desespoir. Ekzé faisait les cents pas comme un lion en cage et Suzann pleurait doucement. Ils ne pourraient pas sortir d'ici sans aide. La magie n'avait pas cours ici. On les prendrait bientôt pour des assassins et des traîtres et probablement que les assaults des monstres reprendraient. Peter pria. Il ne savait pas pour quel dieu, mais il pria pour un miracle.


Voilà ! J'espère que ça vous aura plu ! ^^ N'hésitez pas à me dire votre avis !
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