Vie de Cauchemar. [Fanfiction Percy Jackson/Les Héros de l'Olympe]

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Raang

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Vie de Cauchemar. [Fanfiction Percy Jackson/Les Héros de l'Olympe]

Message par Raang »

BON je ne savais pas vraiment si la fiction valait la peine d'être postée sur ce site, mais bon, tentons l'aventure !
Cette fic a été crée récemment et elle comporte déjà quatre chapitres complets, le cinquième étant en cours d'écriture.
Comme vous le remarquerez l'histoire en elle-même ne sera absolument pas légère, fans de drames grecs soyez la bienvenue !
Ce n'est absolument pas ma première fiction, j'écris depuis deux ans et je commence à entre dans le monde de la fiction originale, cette fanfic est en gros un passeport. Voilà, l'intro était trop longue, je vous laisse avec les deux premiers chapitres, à bientôt !

CHAPITRE 1 : Pourpre et Lilas
Il faisait très chaud, ce jour là, un jour de plus à vivre, un jour de chance supplémentaire.

Deux semaines se sont écoulées depuis ce 1er Août là, jour exceptionnel pour tout le monde, et non sans raison.

Les mortels voient ce jour comme un jour d'été caniculaire représentant le repos, la luxure, le paradis, tandis que les demi-dieux s'en souviendront comme le jour où nous avons vaincu Gaïa, La Terre-Mère.

Oui, j'ai dit ''nous'' car je suis un de ces gens-là.

Je m'appelle Percy Jackson, fils de Poséidon, et ma vie n'a jamais été facile.

Je me souviens encore de la douleur et du traumatisme encore présent parmi nous, nous avions perdu beaucoup trop de nos membres, mais on sentait également une sorte d'excitation pour l'avenir commun, de la paix qu'on a fait avec nos amis Romains et des nouvelles amitiés qui sont nées (ou bien des nouveaux couples), et certains comme moi attendaient avec impatience que leurs projets se réalisent, la consécration de leurs rêves, mais pour l'instant, j'avais besoin de repos.

Nous avions tous besoin, même La Terre.

Bref, l'histoire que je vais vous raconter à commencée ce matin-là, deux semaines après le retour au lit de Maman-Face-De-Terre, je voulais aller m'entraîner un peu avec quelqu'un, histoire de ne pas me rouiller après les heures assommantes de noyade dans les cours et les exercices avec elle.

Après ma routine fatigante, contrastant beaucoup trop avec ce que j'ai vécu ces derniers mois -petit déjeuner ect- je pris ma décision de passer par les arènes pour accomplir ce que j'avais prévu de faire, décidé à ne pas perde la main après deux longues semaines de "repos mérité''.

Nous avions eu la même idée, tous les deux étrangement...

Une fois entré dans l'arène, très calme (autant dire qu'il n'y avait personne hein) je sortis immédiatement ma fidèle épée, assassinai quelques mannequins innocents et commençai à la chercher du regard avant de sentir...une sorte de présence. Familière.

Je tournai alors rapidement la tête, puis le reste du corps et parai l'attaque qui arrivait sur le côté d'un mouvement de bras, qu'à cela ne tienne, mon attaquant commençait à me bombarder de coups d'épées, de bottes en tous genres et d'esquives de mes meilleurs coups, à une vitesse où j'avais "un peu" de mal à me défendre.

Cinq minutes plus tard, une de nos deux épées fut expédiée à l'autre bout de l'arène...ah non, en fait nos deux épées se sont envolées toutes les deux. Et sans ailes s'il vous plaît !

-Tu n'as pas trop perdu la main, Cervelles d'Algues, dit Annabeth d'une voix essoufflée mais enjouée.

Un peu sa manière de me dire "Bonjour".

-Ravi de savoir que je peux encore te battre, Puits de Sagesse.

Là, c'est le contrat de mon arrêt de mort, papier blanc nacré et stylo à la plume d'or.

-Tu veux essayer ?

-Oh, oui...pourquoi pas ?

Et là, je viens de le signer.

Nous repartîmes alors à l'attaque, après avoir récupérés nos armes bien évidemment.

Vingt minutes de bonds, d'attaques, de bottes, d'esquives, de quais-réussite où plus rien ne comptait autour -de toute façon il n'y avait rien- mis à part elle, moi, et les coups de nos épées.

Finalement, le combat s'acheva de la même manière le précédent, toujours sur un pied d'égalité, mis à part le fait que nos armes n'avaient pas pris l'avion.

Essoufflé par la série d'attaques et d'esquives mutuelles, je lui dis, d'un air moqueur :

-Alors, Puis de Sagesse, je vois que tu m'as battu à plates coutures !

Je hais mon insolente ironie, à certains moments.

D'un coup du plat de son épée d'os (souvenir du Tartare, le lieu idéal pour vos vacances ou Lunes de Miel morbides !) elle réussit à faire voler Anaklusmos de l'autre côté de l'arène, puis me fit basculer au sol, et pointa le bout de l'épée contre ma glotte, un sourire plus que satisfait arborant l'œuvre d'art qu'était son visage.

-Tu disais ?

-Je n'ai rien dit.

-Justement, réfléchis un peu, Cervelles d'Algues.

Je commençais alors à réfléchir, ce qui faillit me faire griller les neurones comme du Pop-Corn...ce n'est pas du jeu !

-Tu ne me facilite vraiment pas les choses.

Je vis soudainement un sourire narquois se dessiner sur le visage d'Annabeth, vous savez ce genre de sourire qui vous fait dire que votre connerie n'est pas si conne, en fin de compte. Je lui rendis alors un autre sourire espiègle et complice.

-Tu sais ce que je t'avais dit, Percy ?

-Que tu ne me faciliterais jamais, au grand JAMAIS les choses ?

Elle se mit à genoux, laissant encore son arme au-dessus de ma gorge (faut pas rêver hein), et me dit la phrase tellement évidente, mais qui me fait tant plaisir :

-Je t'aime, Cervelles d'Algues.

Et elle m'embrassa.

Par les dieux, je crois qu'on peut dire qu'elle m'a battu à plates coutures maintenant !

Au bout d'un temps indéterminé, j'entendis une voix amusée au moin :

-Je vois que votre entraînement est rude !

Merde...

Je hais les invités surprise.

PDV PIPER.

Une semaine qu'il est parti, déjà.

Une semaine qu'il a commencé sa mission, la promesse qu'il a tenu à cette déesse...Cymopolée, je crois.

Il lui avait promis, de façon générale, de permettre la glorification de tous les dieux existant, Cymo-machin compris, évidemment.

Ça fait donc une semaine qu'il a commencé l'alternance entre les deux camps, pour bien assurer l'unification Gréco-romaine, dont il dit lui-même qu'on est la représentation, à un moment où il s'improvisait poète.

-Un Romain avec une Grecque ! Qui l'eut cru ? disait-il.

Je vais vous dire une chose : je l'aime du plus profond de moi, je lui donnerais ma vie entre ses mains sans hésiter une seule seconde !

C'est mon ami, mon confident, mon

Pourtant, malgré ma compréhension pour son projet et la grande confiance que je lui accorde...j'ai peur, je m'inquiète.

J'ai peur, car c'est la première fois en 9 mois (hasardeux, n'est-ce pas ?) qu'on est séparé.

Et s'il tombait dans un piège quelconque et que personne ne l'aide ?

Et s'il était gravement blessé et qu'il ne reçoit aucun soin ?

Et si quelqu'un le capturait ?

Et s'il mourrait ?

Et s'il trouvait une autre, si on me le prenait ?

Wow, je réalise que je mes pensées me font dire n'importe quoi...je vais aller m'entraîner.

D'habitude, je ne suis pas ce genre de personne qui s'entraîne tout le temps, mais en 9 mois d'aventures, je m'étais endurcie, adieu la petite fille solitaire et craintive d'auparavant ! L'effort me vide l'esprit à présent, quand je m'entraîne, plus rien ne compte, juste l'adversaire, le bruit des armes et la victoire.

Ce jour-là, étrangement, l'arène était vide de vide : pas un chat, pas une brise, pas un bruit, c'est pourtant rare, d'habitude il y avait toujours au moins des spectateurs dans les tribunes...

C'est alors que je vis au milieu de l'arène deux corps : un corps allongé dont je ne voyais que le torse et les jambes, j'ai pu en déduire que c'était un garçon, habillé d'un tee-shirt simple et d'un jean bleu en dessous de son armure.

Sa tête était cachée par une grande touffe de cheveux blond tel des épis de blé, dont le reste du corps se trouvait à genoux à côté du garçon, une épée blanche os dans le poing au-dessus de la Pomme d'Adam de son compagnon.

Un sourire amusé fit son apparition sur mon visage dès que je reconnus les deux amoureux qui s'embrassaient.

Percy, Annabeth...j'adore votre entraînement.

-Je vois que votre entraînement est rude ! remarquai-je en les taquinant un peu.

J'entendis un juron sortir de la bouche de Percy -classe-, qui se releva, rouge écarlate, reprenant sa respiration.

Je le comprends, après ce genre d'entraînement, on souvent du mal à respirer après...

-Euh, salut Piper, dit-il avec une pointe de gêne dans la voix, tu vas bien ?

-Je vais bien, enfin, du mieux possible...

Je pense que mon regard devait afficher ma tristesse, car Annabeth me répondit par un encouragement silencieux, puis par un sourire bienveillant.

Quand je lui avais confiée mes doutes et mes appréhensions dont je vous ai fait part tout à l'heure, elle n'a pas hésité à m'aider et à me rassurer, elle était tellement naturelle et sincère à ce moment-là que j'avais l'impression que mon enjôlement était plus faible...en se disant qu'elle avait ce pouvoir. C'est vraiment une grande amie.

-Je te comprends, Pip's, je sais ce que ça fait d'être séparé de...

Les mots lui restèrent au travers de la gorge, elle parlait d'un air naturel, mais je savais qu'elle ressentait encore le traumatisme des évènements de ces derniers mois...le destin est parfois si cruel, à l'image des Parques.

Les dieux aussi, sont parfois tellement horribles, et croyez-moi, ma mère est sans doute la pire de tous.

Percy lui donna une légère bise sur la joue d'Annabeth en lui adressant un sourire, qui voulais dire, je pense, "Je suis là, ne t'en fais pas".

-Je sais 'Beth, c'est juste que j'ai un peu peur que ses projets soient trop...

-...Ambitieux ? tenta Percy

-Presque, je voulais dire que j'ai peur qu'il soit trop obsessionnel sur son travail.

-Je vois, mais crois-moi, j'en ai connu des personnes qui étaient trop ambitieuses dans leur travail et qui leur ont coûté cher...Jason n'est certainement pas ainsi, je te l'assure !

Annabeth donna un léger coup dans les côtes de Percy, en lui lançant un regard noir, certes il n'a pas l'habitude des mots bien formulés, mais il a tenté au moins, je fus tentée de le remercier.

À moins que ce soit à propos de L...non, pas possible, je sais qu'il n'est pas mort !

-Aouch, désolé, bon, on va retourner s'entraîner...dit-il en se frottant le haut du crâne avec sa main libre.

-Pas devant moi alors, les narguai-je.

Mission accomplie : ils sont redevenus rouge écrevisse.

Soudain, deux voix qui se fondaient en une seule retentit du haut des gradins.

-Si ce n'est pas devant toi Piper, ce sera devant nous !

Nous nous tournâmes immédiatement en direction de la voix.

Mais que fichent les frères Alatir là-haut ?

-Merci pour ce magnifique combat les gars ! commença Connor.

-Vingt minutes de pur bonheur ! renchaîna Travis.

-Et une conclusion en beauté ! Du Mozart ! Du Shakespeare !

-Eh, Annie, si tu le bats comme ça, ton Percy, je comprends qu'il ne t'arrive pas à la cheville !

Ils étaient là depuis le début, bien cachés sous les gradins, à la recherche de spectacles ou de gaffes à faire. Duo de salauds.

En colère, je leur ordonnai, sans omettre l'enjôlement dans ma voix :

-Disparaissez, bande de fouineurs !

Ils m'obéirent, mais si seulement je n'avais pas oublié de leur dire d'absolument ne pas raconter cette mésaventure...mes dieux ce que je suis idiote par moment...

Le soir venu, durant le dîner, un vacarme inhumain dominait le réfectoire de toutes part des tables, et de toutes les familles, je peux vous affirmer que celle des ''Aphrodite'' pouvait littéralement éclater vos tympans.

Les Alatirs avaient raconté ce qui était devenu ''Le Duo de flammes"

Joli nom, n'est-ce pas ?

Mais à force de passer de bouche à oreilles et de vérités à exagérations, certaines versions que j'entendais, et dont on vérifiait auprès de moi la vérification, (L'auteur est bien conscient que ce qu'il a écrit ne voulait rien dire, qu'il vous rassure) étaient carrément horribles, ce qui valut, dans le doute, à Percy et Annabeth la plus grosse corvée de vaisselle que le camp n'ait jamais connu -par précaution- et à une grosse moquerie de la part de Clarisse, malgré l'habitude.

Durant ce repas, je n'ai jamais autant haï les rumeurs, les théories stupides, les moqueries, la curiosité malsaine et les blagues douteuses...par les dieux, je ressens la même sensation que lorsque je vivais avec mon père !

-JE T'AI DIT QUE JE N'EN SAIS RIEN ! ET QUE NON JE N'AI PAS...

-C'est bon, calme-toi Piper, m'avait dit cet enfant d'Athéna dont le nom m'avait échappé, je voulais juste...

-Disparais, lui dis-je d'un ton le plus sec possible.

Bon, j'admets y être allé un peu fort, mais il m'a laissé tranquille, c'est déjà ça de pris.

Je lançai un regard glacial à l'assemblée, espérant arrêter le flot incessant de questions.

La plupart des enfants d'Arès me regardèrent, d'un air colérique, voulant dire ''Oh t'es pas drôle, Pipelette !'', car, oui, je ne sais pas pourquoi, j'ai hérité du surnom Pipelette...je ne suis pas si bavarde que ça, si ? Non ?

Une fois que l'accalmie arriva, le repas se déroula sans encombre, de toute façon le bâtiment principal était déjà bien détruit, je donnais une partie de mon repas en offrande à ma mère, en espérant qu'elle apprécie les plats végétariens (je n'ai pas pu lui demander les seules fois où je l'ai croisée, trop occupées à parler fin du monde).

Quand vint l'heure de dormir, après avoir vérifié tout ce que j'avais à faire, en tant que chef du bungalow, se me glissai dans mes draps, en me souhaitant une nuit sans cauchemars.

Ne jamais défier les Parques, jamais.

J'eus un peu de mal à ouvrir les yeux, j'avais mal, j'avais froid, une douleur indescriptible me traversant le corps, une sorte de douleur me donnant l'impression de plonger dans un bain acide de mauvais sang de gorgone.

Dès que j'eus ouvert mes yeux, une série d'images, de souvenirs horribles me traversaient l'esprit...mes pires souvenirs.

Je voyais mon père torturé par Encélade.

Je voyais Jason et Percy, se battant comme des fauves au Texas.

Je nous revoyais en train de nous noyer, à Rome, dans cette eau noire de pétrole.

Je le revoyais devant moi, à Mykonos, l'arme en or impériale planté dans son torse, ses plaies enflées aux couleurs immondes allant du vert feuille d'arbre au violet sombre, la fumée dégoûtante qui fusaient de ses pansements, de son teint horriblement pâle et malade qu'il portait sur son visage durant les jours qui suivaient.

Mes membres semblaient prêts à tomber, à s'arracher de mon corps et pliés sous leur propre poids...comme je le fis soudainement, en proie à un vertige et à une envie de vomir.

Je refermai mes yeux et sentis que l'air, si froid, devenait plus chaud, je rouvris les yeux, et constatai avec appréhension...

Que le rêve avait changé.

Je me trouvais à présent allongée, paisiblement, dans un champ de lilas et de bruyères en fleurs, humant la douce odeur qui se dégageait et qui apaisait mes poumons, le ciel bleu vide de nuage permettant au soleil de caresser mon visage, écoutant le chant strident et mélodieux des oiseaux et des insectes (des cigales ?) s'étendre en une merveilleux opéra autour de moi, je me sentais bien, merveilleusement bien, je détectais la vie autour de moi, m'attirant, me séduisant pour me pousser à la suivre, ici, dans ce coin de paradis.

Je relevai alors un peu ma tête, puis le reste de mon buste, et pus remarquer que mon champ était le flanc d'une colline haute, entièrement colorée du beau violet de ces fleurs que je commençais à aimer.

Une petite maison se tenait, à mes pieds, en bas de la colline.

La maison semblait être en pierre, protégée par de la chaux neuve, mais dont certaines zones laissaient apercevoir l'âge de l'édifice, assez simple et classique, elle ressemblait à peu près aux dessins d'enfants représentant une maison selon eux, une belle maison avec un toit, des fenêtres, une simple porte et une cheminée...mais elle était magnifique.

Sur les murs de chaux, de grandes décorations mêlant peinture minutieuse, gravures délicates et sculpture parfaite se dessinaient le long du mur, du sol au toit, représentant des motifs floraux s'entremêlant, formant de longues colonnes de couleur violet-pourpre.

Le toit était fait en tuiles romaines d'un rouge couleur terre cuite neuve, comme si quelqu'un avait terminé les rénovations du lieu la semaine même.

De longues clôtures en bois délimitaient l'espace d'un jardin de taille à la fois modeste, mais suffisant : des jeux d'enfants, une petite piscine creusée à même la terre et protégée par des bâches bleues et deux enfants.

Deux magnifiques enfants, si petits, pas plus de 7 ans, en train de rire, de jouer sur leur balançoire ou sur leur petit trampoline, et de finir par une attendrissante étreinte.

La scène, si banale mais si belle, me décrocha quelques larmes de bonheur et d'envie.

Une vie tranquille, modeste et heureuse, sans ennuis, sans prophéties.

Voilà ce que je voulais dans mon passé et que je compte concrétiser pour le futur.

Pour NOTRE futur.

Un vrai rêve...

Les deux enfants avaient fini de jouer, ils rentèrent chez eux sans me laisser la chance de voir leur mère...dommage.

Une fois la porte fermée, en à peine quelques secondes, je sentis une nouvelle douleur -inhumaine- me torturer l'abdomen, un brasier géant semblait avoir pris possession de mon corps, et comme pour répondre à cette horrible métaphore, la maison prit feu.

Je chutai au sol, ravagée par la douleur, je fermai mes yeux en me tenant violemment l'estomac, suppliant que la douleur cesse, et la maison continuait de brûler sous mon regard bloqué.

En quelques pauvres et misérables secondes, le rêve était devenu un cauchemar, le feu englobait toute la maison tandis que la douleur semblait s'étendre dans mon corps, coulant dans mes veines, remplaçant le sang.

Ma tête était lourde, je voulais vomir, j'en avais assez, et des voix retentissaient dans mon esprit...des voix de détresse et d'agonie des deux jeunes enfants innocents, pris dans ce terrible piège.

-MAMAN ! PAPA ! OU ÊTES VOUS ? AIDEZ-NOUS !

Je voulais réagir, je voulais courir les aider, mais mon corps n'obéissait plus, ma tête résonnait, les larmes coulaient, et les enfants suppliaient.

En une seconde, une seconde où mon esprit semblait chuter au plus profond du Tartare, je compris.

Ce n'était pas que de simples enfants, ce n'était pas qu'une simple maison.

C'était mes enfants, ma maison, mon rêve, ma vie.

Mes paupières se déchirèrent au beau milieu de la nuit, laissant couler quelques larmes brûlantes sur ma peau glacée.

Le cauchemar ne faisait que débuter...

CHAPITRE 2: L'avenir est devant nous, maintenant.
PDV Annabeth

Je hais les punitions du camp, c'est officiel.

Je ne vais pas trop m'attarder dessus, ce n'est pas important, sachez juste que la pire torture parmi celles des mortels sont de simples blagues à côté de ce supplice.

Pourtant, si il y a bien une chose que je hais plus que ça.

Mes rêves, aussi beaux soient-ils.

J'étais sous l'eau, mon élément favori.

Sous l'eau cristalline j'arrivais à distinguer le soleil, régnant en Dieu sur le ciel démuni de nuages.

Quelques formes humaines semblaient s'esquisser au-dessus de la surface.

Je commençais à manquer d'air, mais je me sentais bien, je savais qu'il était là.

Soudainement, mes poumons s'emplirent enfin d'air pur, un air marin savoureux.

Je me tournai, oui j'étais en train de rêver, je rêvais de la plus belle journée de ma vie.

Nous étions le 18 Août de l'an passé.

Le jour où nous avions sauvé l'Olympe, les seize ans de Percy, et le plus beau cadeau d'anniversaire que j'ai pu lui offrir.

-Cervelle d'Algues...

-Oui ? me répondit-il avec son fameux sourire idiot.

-Tu veux faire quoi maintenant ? demandai-je en ajoutant une pointe de malice et de complicité dans la voix.

-Je ne sais pas trop...je suis sous l'eau, avec une fille d'Athéna plutôt canon qui viens juste de m'offrir le meilleur cadeau d'anniversaire de tous les temps, seuls...on se bat ?

Nous rîmes tous les deux en chœur, après la bataille, il nous fallait ce moment là, rien que nous deux, mais évidemment, Percy ne faisait pas comme d'habitude.

-Je suppose qu'on peut refaire ce que nous faisions à la surface.

Il me prit au niveau du bassin, se rapprocha de moi et me susurra à l'oreille avant de m'embrasser :

-L'avenir est devant nous, maintenant.

La voix semblait pourtant...étrange, elle résonnait dans ma tête en écho, comme si l'eau n'approuvait pas ses paroles, qu'elle savait qu'Aphodite ou les Parques voulaient encore jouer un peu avec nous.

Le décor changea.

Cette fois, Percy ressemblait plus à l'actuel : grandi (il me dépasse en taille maintenant !), plus musclé, un peu plus bronzé.

Nous étions le 2 Août dernier, le lendemain de la fête de Spes, Gaïa venait de retourner dans un profond sommeil sont elle ne se réveillera jamais.

Nous étions face-à-face, il venait de dire, de cracher de magnifiques mots -venant de sa part.

Lui qui maniait habituellement mal les mots venait de me faire la plus belle proposition qu'il soit.

"Enfin, après 6 ans, après tant d'épreuves, après avoir perdu tant de sang,

C'est terminé, maintenant.

Depuis tout ce temps, on a échappé à deux guerres, au Tartare, et la Terre-Mère.

Tu te rappelles de ma proposition, à bord de l'Argo II ?

Tu te souviens de ma promesse alors que nous étions sur le point de tomber dans le Tartare ?

Tu te souviens de ce que je t'avais insufflé, comme espoir pour toi et pour nous ?

Jamais, au grand jamais, je n'ai dit ces paroles en l'air, je hais les transports aériens.

Je ne te promettrai jamais quelque chose sans tenir cette promesse.

C'est la seconde fois que nous sommes des survivants de la guerre, des Héros comme on dit.

Tu te rappelles de tous ces films où le gars qui survit à l'horreur des Guerres des mortels se reconstruit ?

Je veux faire la même chose avec toi.

Tu sais, quand je disais que je ne voyais pas mon futur sans toi, c'est que je n'arrive pas à me défaire de mon futur avec toi.

La vie parfaite, imagine : aucun monstre à combattre pour assurer notre survie.

Pas d'inquiétude de savoir où on va, qui on rencontrera.

Notre vie, ensemble, à deux, ou à trois si l'envie t'en prends.

Je vois peut-être un peu trop loin pour toi, ou peut-être que..."

Percy ne put terminer sa phrase, ses lèvres prises subitement dans les miennes, j'étais soulagée et heureuse comme personne n'aurait pu l'être.

Toujours enlacée dans les bras de mon amour improbable, je réussis à dire, sur le ton à la fois le plus doux et le plus piquant possible en souriant :

-Tu sais, tu n'avais pas besoin de compliquer ta demande, tu pouvais me poser la question simplement.

-Aphrodite a déjà bien compliqué notre relation, ce n'est pas ma demande qui va changer grand-chose.

-Idiot.

-Je ne serais pas Percy Jackson si je ne l'étais pas.

-Je n'imagine pas pour la demande de mariage...dit-je avec un clin d'œil.

-Le bouquet final ? répondit-il le plus innocemment possible.

Il reçut une petite claque sur l'arrière du crâne de ma part en riant.

-Alors...tu voudrais bien étudier avec moi à la Nouvelle-Rome ?

Et, en volant un ultime baiser rapide à sa Cervelle d'Algues, son Puits de Sagesse répondit, simplement :

-L'avenir est devant nous, maintenant.

Un "OUAIS,D'ENFER!" retentit dans tout le camp.

L'avenir est devant nous.

Deuxième fois que cette phrase me secouait la tête, l'écho était plus fort que le précédent, il me frappait de coup de poignard, des éclairs dans mon cerveau.

Et la scène changea quand Nico arriva.

Le noir, le froid et la Mort semblaient avoir soudainement prit le contrôle de mon esprit, ils voulaient m'emporter et personne ne pouvait me sauver de ce monde pessimiste et accablant, horrible et cruel, sans pitié pour les innocents comme pour les coupables.

C'est ainsi que le monde a été construit, c'est le monde dans lequel je vis.

Je me sentais faible, ridiculement faible, je n'avais aucune chance de sortir de ce monde et de ce malheur, sans place à un futur propice à la paix et au changement.

J'avais terriblement peur de ce qu'il pouvait m'arriver, de ce que je pouvais voir, de ce que je pouvais entendre.

Je ne savais absolument pas où j'étais, mes repères s'étaient égarés dans ce désert de froid, dans cette tempête de vide.

Enfin, ce noir oppressant s'estompa, laissant place au...noir de la nuit, au milieu de New-York, éteinte.

ÉTEINTE ? Oui, il n'y avait personne dans les rues de la ville, aucune voiture ne circulait, aucun habitant ou touriste ne foulait le sol, aucun bruit, même l'Empire State Building semblait mort, L'Olympe semblait ne plus vivre, comme si les dieux ont étés tués.

Autre chose me troublait...je ne me sentais pas présente. Je n'étais qu'un témoin de cette saugrenue scène, qu'une personne tenant la caméra et qui n'intervenait pas.

Je n'étais qu'une forme spectrale, pas comme un fantôme, plutôt comme une âme en peine, cherchant un lieu où capter ses souvenirs...les pires souvenirs de sa vie.

Une série d'images subliminales apparaissaient à une vitesse épileptique devant moi, me valdinguant entre plusieurs scènes, plusieurs éléments qui me faisaient mal, littéralement.

Ma tête tournait, fatiguée par le manège macabre qui se tenait devant mes yeux : une épée, du sang coulant, trois enfants courant, un horrible sourire satisfait, un regard désespéré, une fille pleurant, une falaise, du feu, une explosion terrible.

Sacrifices, de merveilleux sacrifices

La voix d'Arachné grouillant dans mon cerveau, mon rêve était devenu une sorte de galeries d'images kaléidoscopiques horrifiques : mes pires souvenirs se déroulaient devant mes yeux et s'attardaient dès que j'en reconnaissait un.

Je voyais Thalia courir avec Luke et moi, j'avais sept ans, ce fut la longue période de ma fugue, de mon arrivée à la colonie, je voyais Thalia mourir sous mes yeux.

Je voyais ma belle-mère me criant dessus et m'insultant.

Je voyais l'explosion du Mont Saint-Helens, où j'ai cru le perdre.

Je reparlais avec ma mère, ce jour horrible où elle était sur le point de me renier.

Je rechutais et revivais dans le Tatare.

"Je n'en ai rien à faire de ton..."

Son nom se perdait dans mon esprits, mes dieux !

"L'avenir est devant nous, maintenant" ? retentissait sa voix qui avait prit un ton horrible, grave, sifflant.

Mes sensations s'emmêlèrent, des centaines d'araignées semblaient remonter le long de mes jambes, de mon dos, de ma bouche.

J'étais réduit à néant, je n'avais pas de raison de vivre, j'avais vécu trop de malheurs, je devais mourir, étouffée par la chaleur et la peur qui me manipulaient, par ma solitude et mon désespoir, par le poison qui semblait enduire mon corps.

L'ultime scène apparu devant moi, j'étais de nouveau intégrante des évènements...et ma douloureuse métaphore se réalisait.

J'étais happée, emportée pour de bon par une immense vague de poison, noir et visqueux à la peau, acide au goût et brûlant ma gorge.

Je vis enfin qui était responsable de mon heureux trépas, je le remerciai de ma mort, à la fois douloureuse et belle, de cette magnifique vague mortelle...

Envoyé par lui.

Envoyée par Percy.

Mon réveil fut rude et pour le moins étrange...

Je ne me trouvais pas dans le bungalow d'Athéna.

D'après ma vue encore brouillée, je me trouvais dans un lit drapé en tissu blanc, confortable sans être luxueux, sous une couette plutôt fine -tant mieux, j'avais chaud et j'étais trempée de sueur- du même blanc papier.

Mon lit était rudimentaire : un simple sommier en bois reposant sur quatre pieds et sur lequel se tenait mon matelas, ni dur ni mou.

Ma vue se clarifiant, je me rendis compte que je connaissais cet endroit : l'infirmerie du camp.

Je tournai laborieusement la tête vars la droite, sentant ma main prise par une autre plus puissante : sa main.

Il soupira de soulagement, ses yeux affichaient cependant malgré eux un certain affolement et une crainte que je ne comprenais pas.

-Tu te sens bien, Puits de Sagesse ?

-Je...j'ai chaud, réussis-je à dire en déchirant ma gorge sèche.

-Normal, quand je t'ai trouvé ce matin, tu avais dans les quarante de fièvre !

-Pardon...ce...ce matin ? demandai-je, interloquée.

-Il est dix-sept heures six, Annabeth, ça fait depuis au moins sept heures que je suis là.

Dans un ''QUOI ?!"soudain, je me relevai soudainement, avant de comprendre, via mon mal de tête, que ce n'était pas forcément la meilleure idée que j'ai pu avoir.

Des étoiles dansaient devant mes yeux, des perles de sueur coulaient de mon front brûlant, je n'étais évidemment pas rétablie.

-Rallonges-toi Annabeth, m'ordonna Percy du ton le plus doux qu'il pouvait.

Il lâcha ma main afin de passer l'une derrière ma nuque, et l'autre au niveau de l'estomac, et me fit basculer en arrière lentement.

-Merci.

-Ce n'est rien Annabeth.

Il me reprit la main.

Je pris un peu de temps pour regarder un peu plus son visage : deux vagues bleu-violacées se peignaient sur son visage, blanc et blême comme une toile de peinture vierge, ses cheveux encore plus en bataille que d'habitude semblant avoir subi un sosie de Katrina*, ses yeux vert océan qui semblaient être à marée basse…et deux longues griffures perlant de petites gouttes de sang qui coulaient sur son visage blême.

-Oh mes dieux ! Percy !

Je passai les doigts le long de sa blessure, rugueuse et encore légèrement sanglante, rosée comme si elle tétait récente, profonde et dégoûtante.

Il me reprit la main pour la reposer sur le lit…avec une main qui affichait les mêmes blessures que sur son visage, trait pour trait.

-Ce n'est rien, Puits de Sagesse, repose-toi un peu.

-Percy, que s'est-il passé ?

-Ce n'est pas important, repose-toi, dit-il en essuyant le sang sur son visage avec le dos de sa main libre.

-Persée Jackson, tu vas me répondre immédiatement à ma question ou je te jure que tu sauras ce que voudra dire : se faire plaquer.

-Comme à La Nouvelle-Rome ? tenta d'ironiser Percy

-Non.

J'avais adopté un ton sec au possible, mais il me fallait des réponses à mes questions, je n'arrivais toujours pas à croire que j'ai pu dormir aussi longtemps, et avec ce que Percy porte sur le visage, c'était intenable.

-Tu n'es pas en état, Annabeth, je t'en prie, repose-toi.

-Persée Jackson, tu sais que je hais les questions sans réponses, de plus je reviens de plus de douze heures de sommeil, je ne pense pas dormir avant demain soir, alors j'exige une réponse, sinon je ne serai qu'un simple souvenir pour toi.

Et, dans un soupir, il céda.

PDV Percy

Je n'avais pas sommeil.

Je ne pensais pas pouvoir dire cela après avoir -de nouveau- nettoyé la vaisselle du camp, mais Morphée ne voulait pas me prendre dans ses bras.

En général, et avec de longues années d'expérience en la matière, j'appréhendais la phase « rêve » durant mon sommeil, mais à ce moment-là…ça ne m'annonçait rien de bon étrangement.

Enfouis sous mes draps, mes pensées filaient à vive allure dans ma cervelle d'algues, je pensais à tout et à n'importe quoi.

Je pensais à Tyson, vivant toujours chez Papa comme Chef des Armées « au cas où » par sécurité, mais il a eu la possibilité d'emmener Ella -sa petite copine, une harpie foldingue- avec lui sous l'eau.

Je repensais à ma mère que je n'avais pas vu depuis ma disparition, en espérant que Paul et elle allaient bien avant de me jurer de leur envoyer un Iris-mail.

J'essayais de ne pas penser à Léo, il n'était pas mort, je le savais, mais penser à lui, à son sacrifice, ça fait trop mal, ça rouvre des cicatrices encore bien ouvertes.

Je pensais pour me réconforter à Grover et à Jason, qui accomplissaient leurs missions respectives, l'un pour la nature, l'autre pour l'unité des demi-dieux, les deux innovants à leur manière, j'étais sur qu'on retiendrait leurs nom pour ça, pour le fait qu'il aient été des êtres innovants, tandis que moi, je souhaitais n'être retenu que pour avoir participé à certaines batailles, comme n'importe quel héros.

Je ne voulais pas la gloire, juste une simple reconnaissance.

Je ne voulais pas plaire aux autres filles de la colonie, juste mon Puits de Sagesse.

Je ne voulais pas d'une fausse vie courte, mais une vraie longue existence.

Je ne voulais pas rêver, juste vivre.

Un peu d'optimisme dans ce monde...ça fait du bien, n'est-ce pas ?

Ma nuit se résuma finalement qu'à une courte succession de micro-siestes, sans songes, juste assez pour calmer mes yeux et annihiler le mal de tête qui commençait à arriver...classique des insomnies, n'est ce pas ?

Huit heures du matin sonnantes, je décidais de sortir de mes draps, absolument pas reposé du tout, me préparais du mieux que je pouvais (c'est à dire passer un peu d'eau sur mon visage et changer de vêtements, celui qui veux me coiffer est suicidaire) avant de me poser à la table de Poséidon, en essayant d'éviter les regards qu'on pouvait me lancer.

Bon, pour être honnête, il n'y avait pas tout le monde qui me regardait, quelques tables s'en fichaient de moi (je les en remercie)...les tables de Zeus, d'Héra et de Poséidon.

Ouais.

Les ''Arès'' me fixaient de leur habituel regard meurtrier mêlant moquerie et haine incontestable (bien que pour Clarisse, le regard était moins soutenu), les filles d'Aphrodite (sauf Piper) me lançaient toujours leur regard qui se voulait attendrissant, mais qui est juste effrayant et écœurant.

Les ''Athéna'' me regardaient toujours de trois manière différentes : de la surprise pour être encore en vie (du fait que je sois avec Annabeth.), un certain respect de la part de certains pour plusieurs choses (encore une fois Annabeth), et pour d'autre une indifférence totale qui se résumait juste à une tolérance énorme pour m'épargner (et une troisième fois Vous-Savez-Qui).

Parmi les enfants d'Athéna, je recherchais justement l'une des filles en particulier...pour me rendre compte qu'elle n'était pas là, étrange.

Je décidai de ne pas prêter attention à cela, ça lui arrive parfois de tarder quand il y a des retardataires, et pris la direction des arènes pour l'entraînement à l'épée -je vous rassure, je ne fais pas que ça de la journée, je vous raconte l'essentiel- enfin bref, les arènes étaient prises aujourd'hui.

Plusieurs dizaines de sang-mêlés s'entraînaient aux différents exercices, ils étaient tellement nombreux que je ne trouvais pas Annabeth.

Elle n'y était pas.

Piper se tenait adossée à l'une des rambardes des gradins en armure de guerrière, Katoptris attachée à sa taille, regardant dans le vide, réfléchissait-elle à quelque chose ou attendait-elle qu'un assassin ait fini de torturer son mannequin ?

Je m'approchai d'elle, sourire au lèvres, la tirant de sa rêverie

-Salut Piper.

-Ah, tiens, salut Percy, tu vas comment ? me demanda-t'elle en souriant.

-Je vais bien, j'ai envie de tuer des monstres mais il y en a plus, du coup je vais voir si un mannequin veut bien se sacrifier. Et toi, tu te sens comment ?

-Je vais bien, dit-elle en riant à ma blague, je manque juste un peu de sommeil -mauvais rêve.

-Mauvais rêve ?

-T'inquiète pas, c'est juste un rêve comme les mortels, ça arrive -rarement.

-Si tu le dis, au fait, un petit combat pour se réveiller ?

-Un vrai combat ?

-Bien, je n'ai pas Annabeth sous la main, je vais donc me contenter de te faire mordre la poussière.

-Ah oui ? me demanda-t'elle en plissant les yeux et avec un petit sourire au coin des lèvres.

Et, d'un mouvement rapidement vif (terme inventé par mes soins), elle dégaina Katoptris et m'assena un coup qui aurait pu me toucher les côtes si je n'avais pas esquivé de justesse la lame, tout en dégainant Anaklusmos et en commençant à combattre mon adversaire.

Au bout de cinq minutes, l'affaire était pliée, le poignard de Piper planté dans le sol en piquet.

-Bien joué, Pip's, tu t'es améliorée, lui dis-je, essoufflé avec toute la sincérité du monde.

-Merci, mais le combat n'était pas équitable, tu es là depuis plus longtemps que moi ! remarqua Piper en se plaignant d'un faux air de damnée.

-A la guerre comme à l'entraînement Piper.

Je l'aidai à se relever, en bon ami et adversaire loyal que je suis, avant de me faire aborder par Travis, son habituel sourire de blagueur greffé au coin des lèvres.

-Salut Travis, qu'est ce que tu fais par ici ?

-Salut Perce, je viens de terminer une petite préparation avec Connor, je viens juste me détendre, voir des combats épiques...un peu comme celui d'hier.

Il avait terminé sa phrase sur un ton à la fois moqueur et satisfait, je serrais des dents, mais pris la décision de ne pas lui en vouloir, depuis hier grâce à eux, j'ai moins de filles (en général) qui me courraient après -néanmoins je les respecte pour leur courage quand elles m'abordent à cinq cent mètres d'Annabeth.

-C'est malin, hein ? Au fait, en parlant d'Annabeth, tu ne saurais pas où elle peut se trouver ?

-Annie ? Si elle ne s'entraîne pas autre part, elle doit dessiner dans son bungalow.

-Dessiner ?

-Ben, ouais, elle a évoqué à un moment, d'une voix un peu forte, qu'elle avait quelques idées de plans pour un de ces projets-de-la-mort-qui-tue.

-Merci, vieux, dis-je en commençant à m'en aller.

-Au fait, si tu fait quoi que ce soit de louche avec Annabeth, on le saura !

Je levai un sourcil, essayant de comprendre un autre message que ce ce dont mon intellect m'avait fait comprendre.

-Si tu la trompe, on le saura vieux ! ajouta-t'il.

-Je serai mort deux fois avant que tu ne le sache, mais merci de me surveiller ! concluais-je en riant.

Il doit y avoir, allez, cinq cent cinquante mètres entre le bungalow des ''Athéna'' et les arènes, mais je réussis à adopter trois vitesses différentes.

Au départ, je marchais à vitesse normale en essayant de deviner ce que pouvait bien préparer le Puits de Sagesse. Des plans pour quoi ?

Elle a redessiné et refait l'Olympe ! Cela devait être sa plus grande fierté !

Puis, inconsciemment, j'augmentais progressivement la fréquence de mes pas quand j'étais à quatre cent mètres du bungalow, puis vers les trois cent j'augmentais la taille de mes pas, vers deux cent je courrais, vers cent je sprintais.

Une mauvaise intuition m'est venue sans le vouloir en tête, Annabeth n'avait pas besoin que je m'inquiète d'habitude, mais là tout était différent.

Je commençais à toquer normalement à la porte, me contrôlant pour qu'elle ne me prenne pas pour un fou, et l'appelai normalement...aucune réponse, mon inquiétude augmentait dangereusement, je commençais déjà à toquer plus franchement à la porte, tout en augmentant le volume de décibels sortant de ma bouche, mon front commençant à s'humidifier de sueurs froides.

Alors que j'étais sur le point de défoncer la porte avec mon poing, me faisant alors passer pour un petit-ami psychopathe, la porte s'entrouvrit soudainement.

Je poussai la porte en bois, et une sale odeur de sueur et de peur me pénétrait violemment les poumons, me forçant à tousser bruyamment.

Et je la vis, mais pas du tout comme je l'avais espéré.

Elle était toujours revêtue de sa tenue de nuit, trempé de sueur et lui collant à la peau, le visage rougi, les paupières levées mais ses yeux révulsés, la bouche ouverte où ne s'échappaient que de terribles gémissement horrifiants , tremblant et gigotant nerveusement comme une folle.

Je me précipitai vers elle en l'appelant pour la calmer, qu'est-ce qu'elle avait, bon sang ?!

-Annabeth, ça va, ça va calme toi (disais-je la peur et la panique transpirant au travers de ma voix) LES GARS RAMENEZ QUELQU'UN !

Je vis un des jeunes arrivés de la colonie, un enfant d'Hermès d'environ quatorze ans, se précipiter vers l'infirmerie de la colonie appelant un médecin, répondant à ma détresse.

-Avenir...nous...

Ces quelques mots sortirent d'une voix rauque, comme possédée, de la bouche d'Annabeth, lui faisant échapper quelques larmes comme une troupe de soldats farouches qui pénétraient sur le territoire ennemi pour le mettre à feu et à sang.

Les soldats avaient réussis à exploser mon cœur.

-Annabeth...

Avant que je ne finisse ma phrase, je fis l'énorme erreur de lui attraper la main, par élan d'affection.

Je vis alors des flashs, des images soudaines et terribles qui s'imprimaient dans ma rétine de manière inéluctable et irréversible.

Je voyais Thalia se faire tuer, cette nuit mythique, lors de son sacrifice héroïque, et un sourire sadique.

Je voyais ma ville littéralement morte, tout de ce qui donnait de la vie et de l'intérêt à New-York s'était endormi.

Je revoyais...non, celle-ci, je refuse d'en parler.

Et, soudainement et mis à part tout ça, Annabeth agrippa violemment mon avant-bras, plantant ses ongles dans ma peau, et enfin me griffer -UNE SEULE MILLISECONDE D'ÉCART !- le visage comme si son poignard lui était littéralement revenu en main.

Je sentais à présent deux rivières de sang coulant le long de la joue, à l'endroit où elle m'avait touchée, l'air irritait la plaie.

Annabeth était désormais debout, comme possédée par le diable, toujours les yeux révulsés et la bouche ouverte comme pour aspirer la vie autour d'elle, tentant de m'attaquer - et de potentiellement me tuer, elle en était pas loin- et moi qui la retenait des deux mains en priant pour que les enfants d'Apollon ne mettent pas trop de temps.

La scène ressemblait à une dispute de couple qui a mal fini, ''un peu'' violente, elle avait réussi à me pousser, mais plus du côté du mur que de la porte.

Au final, Annabeth se figea, elle n'eut à peine le temps de se retourner qu'elle bascula, et tomba dans mes bras, laissant mon bon samaritain apparaître entouré par la lueur blanche émanant de la porte qui arrivait encore au fond du bungalow, une seringue à la main.

Essoufflé, choqué, blessé, je réussis à soupirer à l'adresse de mon sauveur :

-Merci, Will, tu as fait vite Docteur.

-De rien Perce, vite, il faut amener Annabeth à l'infirmerie, je ne sais pas ce qu'elle a, mais je pense qu'elle devrait aller mieux.

Ce sacré Will trouve toujours une manière de voir du positif quelque part, je l'aime bien.

Il mit alors ma copine sur une sorte de brancard apporté par ses frères et mit une couverture médicale sur son corps, ne laissant dépasser que le haut de son crâne, son nez, ses yeux qui s'étaient refermés, et sa tignasse blonde.

-Perce, tu m'aides ? C'est pas qu'elle soit énorme, mais elle ne manque pas de muscles !

Je riais de bon cœur, enfin du mieux que je pouvais, et aida Will dans son travail en prenant les poignées du brancard au niveau de la tête.

Au cas où vous me le demanderiez, oui, elle a un certain poids.

Lors de son transfert, l'intégralité du camp avait lancé un regard tantôt surpris, tantôt curieux, tantôt effrayés...bon, c'est moi qui devait leur faire peur : je criais à plein poumons aux autres de dégager le passage malgré les remarques de Will.

-Perce, évite de crier ou ils vont croire qu'elle est en train de mourir.

Justement, c'était la raison de ma panique.

Soudain, j'entendis le corps d'Annabeth soupirer :

-Merci...et le brancard s'allégea, comme si elle se détendait.

Enfin, elle était calme, je l'entendais respirer normalement, et un très léger sourire se gravit du coin de ses lèvres.

Quelques minutes après, elle reposait sur l'un des lits de l'infirmerie, inspirant et expirant normalement, je m'étais affolé pour rien visiblement.

Will inspectait toujours mes blessures sur le visage, après deux minutes de protestations de ma part, il essuyait surtout le sang qui coulait plutôt abondamment pour de "simples" griffures, pas besoin de pansements selon lui, ça cicatrisera vite.

Je tenais toujours sa main, brûlante comme un brasier, lorsqu'elle chuchotait quelques mots incompréhensibles, pour nous rassurer.

Et voilà, sept heures plus tard, mon Puits de Sagesse se lève enfin.

TO BE NEXT.
Raang

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Re: Vie de Cauchemar. [Fanfiction Percy Jackson/Les Héros de l'Olympe]

Message par Raang »

Bon, voilà le troisième chapitre, environ 17000 mots, une bonne trentaine de minutes de bonheur ^^
Et c'est là que le gros bordel commence !

CHAPITRE 3 : L'Orage éclate
PDV Annabeth.

-Oh mes dieux...

C'était...moi ? Moi qui l'ait blessé ainsi ?

J'ai réellement réagi comme il l'a dit dans mon sommeil ?

-Puits de Sagesse, ce n'est pas grave ; au moins tu es réveillée et en forme...enfin du mieux possible.

-Si tu le dis, dis-je sans conviction, et sinon, que s'est-il passé durant mon "repos" ?

-Piper est venue il y a quelques minutes, elle sentait que tu allais te réveiller donc elle est partie chercher quelqu'un qui était...occupé.

Quelques larmes commençaient à sortir de mes yeux, des larmes de tout et de tout surtout et avant tout.

Percy m'essuya les yeux, et m'adressa un simple sourire, son sourire idiot qui faisait tout son charme.

-Annabeth, ne pleure pas, raconte-moi.

Il avait pris une voix très suave, très apaisante, trop apaisante, il allait me faire rendormir cet idiot !

Et soudain, mon esprit se mit en alerte durant deux millisecondes : comment lui expliquer mon rêve sans devoir lui gâcher ces instants éternels, qui doivent rester purs pour au moins l'un de nous ?

Et ma bouche se mit à dire :

-Je mourrais.

-Comment ça ? commençait-il à paniquer.

-Je..j'ai cru mourir, et je t'ai fait ça...Percy...mes dieux...

-Ne t'inquiètes pas, tu ne risques rien, aucun danger n'est en vue ma belle, aucun.

Et, à ces mots, Chiron entra dans l'infirmerie sous sa forme "humain handicapé en fauteuil" pour ne pas prendre trop d'espace dans la pièce -tant mieux. Je ne pus savoir si sa présence m'avait réchauffé le cœur, je brûlais déjà.

-Bonjour Annabeth.

-Bonjour Chiron.

Oui, très solennel, mais bon on fait souvent ainsi.

-Je vois que tu es enfin en bon état, je commençais à être angoissé, semblait-il ironiser.

-ANGOISSÉ ?! J'étais carrément effrayé Chiron !

-Je sais Percy, je t'ai entendu quand tu l'amenais à l'infirmerie avec Will.

Il se tut d'un coup, tandis que mes esprits se clarifiaient et que je sentais la chaleur de mon corps baisser, à mon grand soulagement.

-Percy, tu ne veux pas aller t'entraîner ou je-ne-sais-quoi ? demanda mon vieil ami.

-Pourquoi ça ? répondit Percy, haussant un sourcil, interloqué.

-Je dois parler à Annabeth de certaines choses, et je ne veux pas que tu sache de quoi on parle.

Chiron prit son air autoritaire, ou du "jenerigolepasettumobeis", qui en général a son effet immédiat, et ce cas-là ne fut pas exception à la règle.

Percy, encore perplexe, poussa finalement un soupir d'échec, et se retourna vers moi en me donnant un léger baiser sur le front.

-Je te retrouve aux arènes, j'ai une revanche à prendre.

-Ne fantasme pas sur ça, Cervelles d'Algues.

Il quitta enfin l'infirmerie, ayant soufflé à Will quelques mots qui restèrent entre eux, me laissant seul avec mon vieil ami centaure.

Il ne me laissa pas le temps de lui demander comment il allait, me demandant précipitamment :

-Annabeth, je n'ai pas trop de temps devant moi, j'ai des doutes sur quelque chose, je dois absolument savoir ce que tu as vu cette nuit.

-Euh...Chiron ? réussis-je à répondre avec toute l'intelligence que ma mère m'avait offerte à la naissance.

-Annabeth, insista-t'il avec tout le calme possible, même si c'est personnel et terriblement gênant, il me faut ces informations, ton rêve semble...particulier.

Je cédai.

Au fil de mon compte-rendu, ses yeux affichaient progressivement une certaine inquiétude, puis une malheureuse lueur de victoire, il savait ce que j'avais.

Mes yeux, au final de mon récit, fuyaient de larmes inconscientes et farouches que je tentais vainement d'arrêter.

Je voulais garder un semblant de dignité dans cette situation, devant mon père de cœur qui en avait pourtant l'habitude.

-Merci Annabeth...mes dieux, c'est pire que ce que je pensais.

-Qu'est ce que tu veux dire par là, Chiron ? demandais-je d'une voix à moitié noyée.

-Tu as dis à Percy ce que tu as vu dans ton rêve ?

-Je...n'ai pas eu le temps.

-Parfait. Annabeth, ce qu'il t'est arrivé est très rare chez les demi-dieux, heureusement très rare, à un point où je ne sais comment t'expliquer cela...hum...connais-tu ce que les mortels appellent des "Terreurs Nocturnes" ?

-Oui, je sais ce que c'est, dis-je avant de déglutir.

Oui, je savais ce que c'était, je me souvenais de la nuit horrible où mon père en a fait, j'avais quatre ans, l'une des soirées les plus effrayantes qu'il ait vécu.

Je me souvins ensuite que Percy avait affirmé que mes yeux étaient ouverts, que je parlais avec une voix telle Regan dans L'Exorciste et que je refusais de me calmer.

C'est impossible...ce cas étant tellement rare chez les mortels...

-Bien, tu dois savoir alors que ce type de..."rêves" peuvent arriver chez les demi-dieux...

Je ne répondis rien, me contentant juste de hocher la tête.

-Annabeth, même si la situation peut paraître exagérée et ce que je vais dire semble gros et impossible à accepter...mais tu es une miraculée. Nous n'avons pas eu une telle situation depuis plusieurs siècles, il est possible que quelques symptômes apparaissent de temps à autres mais...mes dieux...tu es la troisième personne à avoir eu cela, et tu es la seconde à avoir survécu.

Je ne saurais pas vraiment expliquer ma situation, vous vous attendiez à ce que je sois surprise, choquée, effrayée ou reconnaissante envers les dieux pour m'avoir laissé vivre encore un peu et de m'avoir prise en pitié...mais d'un calme étrange et effrayant, je répondis :

-La seconde, seulement ?

La réponse l'avait mis mal à l'aise, d'autant plus que je le fixais d'un regard mêlant à la fois le tout et le rien, il continua cependant en répondant :

-Hum...oui, la seconde, le premier cas était...un cas isolé, une miraculée fille de on-ne-sais-plus-qui, une oubliée de l'histoire qui est devenue folle avant de trouver le repos. Elle en avait parlé à la personne qui lui tenait le plus à cœur, sa sœur si mes souvenirs ne me jouent pas des tours, les deux ayant sombré l'une après l'autre dans la folie : la confidente qui est morte obsédée par la folie de sa seule famille, et la survivante qui subissait le poids et la tourmente de la jeune défunte.

Mon sang se glaçait au fur-et à mesure de son récit, voulait-il dire que...

-Écoute moi, même si c'est horrible, même si tu ne voudra pas obéir...il faut que Percy ne sache rien de ce que tu as vu dans ton rêve.

-Mais..Chiron...

-Attends, ma mémoire me reviens, ah voilà, je me souviens du rêve de la fille...fille de...D'Hermès il me semble maintenant, son rêve...voilà, il était exactement semblable au tien : ses meilleurs souvenirs, je crois que c'était lors de sa jeunesse, lorsque sa sœur -Cheffe du bungalow- l'à accueillie à la Colonie comme étant sa fille. Elles étaient inséparables malgré leur écart d'âge, elle devait avoir douze ans alors que sa sœur en avait seize. Oui, ses meilleurs souvenirs, sa première quête, son premier amour, le jour où sa sœur a emménagé dans sa ville, elle était radieuse, elle était superbe...mais son rêve tournait exactement comme le tien.

-C'est-à dire ? demandais-je inquiétée par le léger esprit nostalgique que Chiron affichait malgré lui. Jamais je ne l'avais vu ainsi.

-Elle avait assisté à un terrible événement...le tableau se redessinait devant elle à la goutte, au dégradé près. Elle voyais sa sœur, si pudique, allongée sur le sol, en sang, baignant dans une odeur poisseuse qu'elle m'avait décrite avec une telle précision que je ne pus que savoir ce dans quoi elle baignait mis à part son sang. La pauvre femme avait juré virginité jusqu'au mariage pour respecter le souhait de sa mère...mais son "meilleur ami" ne l'avait pas vu ainsi. La petite...Andromède, voilà, comme la première, avait assisté au terrible spectacle, et sa sœur lui avait dit des mots, qui restent encore dans mon esprit, la condamnant à errer seule telle une âme en peine, la poussant à la folie, au désespoir :

L'avenir est devant toi, petite sœur, prends-là, les dieux seront cléments avec toi, alors je t'en prie, vis.

L'Avenir est devant toi.


Un terrible et oppressant silence s'installa confortablement dans la pièce, juste entre la tristesse, la peur et la compassion qui partageaient mon lit sans me laisser de place pour respirer un mince filet de joie, et Chiron était là, quasiment sur le point d'éclater, mais ne pus sortir que ces quelques mots, qui me glaceront l'esprit encore plus que ceux de tout à l'heure :

Ne dis rien...protège-toi.

Il ressortit de la pièce, me laissant seule dans mon désarroi, je ne comprenais toujours pas pourquoi il voulait que je garde le secret...c'était stupide, incohérent...

Une demi-heure plus tard :

Piper entra dans l'infirmerie, un sourire des plus francs greffé sur le visage et se tint debout à côté de moi tandis que je me redressais sur le matelas.

-Salut 'Beth.

-Salut Pip's tu vas bien ?

-Attends, tu as le culot de me demander comment tu vas alors que tu es juste...disons...

-Ne te moque pas de moi, rétorquai-je d'une fausse mine fâchée

-Juste à peine.

Nous rimes de bon cœur, ma fièvre avait baissée et d'après un des fils d'Apollon j'avais repris des couleurs depuis mon réveil, mais je sentais que Piper se sentait un peu mal à l'aise, comme si...

-Au fait, Annabeth, je dois te dire un truc.

-Oui, qu'est-ce qu'il y a ?

Elle s'approcha soudainement de moi, s'assit sur le lit en laissant ses jambes pendre à l'extérieur et avança sa tête vers la mienne, comme si elle voulait s'assurer que personne n'entendait, comme si il fallait créer une bulle importante à ce moment précis. C'était gênant au début, je l'avoue.

Et elle commença à me demander, d'une voix mêlant plusieurs états d'esprits en même temps :

-Est-ce que tu as fait un...rêve étrange récemment ? Du genre...vraiment bizarre ?

Je me crispai d'un coup, il a fallu évidemment qu'en deux pauvre petites minutes de discussions elle touche le point sensible !

-Je...euh...

-Je vois.

J'admets qu'à ce moment-là, je n'avais pas du tout compris ce qu'elle disait...elle voit quoi ? Que voulait-elle dire ?

-Tu ne veux rien me dire, c'est ça ?

-...exact...mentais-je.

-Même à ta meilleure amie ?

-Je Ne Veux Rien Dire, continuais-je avec un ton sec.

-...et Percy, il est au courant ?

-N..non plus, il ne sais pas.

Un immense sentiment de culpabilité s'empara de moi de part en part.

Percy était le principal concerné de ce rêve, le héros principal de cette macabre histoire...et je ne lui dis rien, j'ai dû m'y forcer, je ne voulais pas lui faire mal. Mais en même temps je le condamnais à ruminer dans un coin de sa pauvre cervelle d'algues moult hypothèses et suppositions.

Piper continuait à me regarder d'un air perplexe, partagée entre une incompréhension compréhensible et une tristesse blessante.

-Soit, si tu ne veux rien dire, je respecte ton choix.

-Merci, soupirais-je devant la compréhension soudaine de mon amie.

-Mais...je dois quand même te parler un peu...c'est pour cela de base que je t'avais posé la question.

Devant mon air surpris elle enchaîna avec un sordide :

-J'ai fais un rêve cette nuit, très étrange, et durant la nuit, je me suis réveillée tremblante et suante. Mais gelée.

-Comme moi ? Enfin, moi je devais brûler.

-Visiblement oui, mais moins puissant.

Les mots de Chiron me revinrent en tête "certains symptômes apparaissent de temps à autres", et si Piper avait eu la même chose que moi...à une exception prés ?

Je n'avais qu'une manière de la savoir.

-Raconte-moi ton rêve Pip's, demandais-je d'une voix douce mais ne cachant pas suffisamment mon inquiétude à mon goût.

-Hum...d'accord, si tu me raconte le tien en contrepartie.

-On verra finis-je par soupirer.

Après une grande inspiration, elle se mit à conter l'histoire de son étrange nuit, des flashbacks étranges qu'elle disait vivre comme un couteau chauffé à blanc dans ses pauvres blessures jusqu'à la scène de la maison. Elle s'y attardait longtemps, prenait un ton plus léger, et me décrivit la maison dans ses moindres détails, chaque couleur qu'elle voyait, chaque odeur qu'elle humait, chaque son qu'elle entendait.

Piper semblait raconter un vrai rêve, un fantasme magique de ce que les Hommes pourraient faire, je m'y voyais terriblement-quelques détails changeants, mais voilà- et mon cœur semblait s'apaiser encore plus malgré l'enclume encore coincée.

-Cela devait être magnifique Pip's, une vraie Élysée...cela ne peut pas être américain.

-Moi non plus, je pensais à un pays européen.

-La France ? demandais-je en pensant innocemment au Palais homonyme de notre paradis aux Enfers.

-Ça m'arrangerais, j'ai des facilités, dit-elle d'un clin d'œil taquin.

Je me mis de nouveau à rire, un peu plus doucement, tandis que le magnifique sourire qui se sculptait sur le visage de Piper s'affaissait, un air déçu et un peu traumatisé commençait à apparaître...elle me conta ensuite l'épisode de l'incendie, des enfants criants et suppliants de l'aide et Piper qui ressentait leur souffrance et leur peur...l'absence de leurs parents.

-Mes...mes...mes dieux...

Piper avait les larmes qui lui montaient aux yeux par dizaine, se tenant l'estomac à l'endroit de sa douleur disparue selon elle, luttant sûrement à l'envie de succomber face aux troupes de centaines de pleurs intenses.

-Et tu dis que...les enfants...commençais-je d'une voix étranglée.

-...sont morts, devant mes yeux, conclut Piper d'une voix rauque.

Je baissai les yeux, choquée -mais comment ne pas l'être ?

Piper ne méritait pas cela, elle ne devait pas voir de si horribles choses, ni elle ni personne ne méritait cela...je ne voulais pas de cela non plus.

Entre mes différentes émotions et mes peurs -dont je vais vous éviter d'en faire un trop grand compte-rendu afin que l'auteur de cette fiction puisse calmer sa tendinite à force d'écrire- je commençais à réfléchir, à comparer nos deux états. Comment se faisait-il que Piper ait fini dans le (presque) même état que moi ? Comment (et pourquoi) un tel rêve a pu se passer dans nos deux sommeils ? Pourquoi maintenant ?

-Piper, es-tu sure de ne pas avoir fait un cauchemar ?

Non, je n'ai pas sorti ça toute seule, j'y ai réfléchi.

-Un cauchemar ? Du point de vue d'un être humain, nos rêves de demi-dieux sont quasiment des terreurs nocturnes, donc en adoptant le point de vue habituel, je dirai que oui.

Je ne parlais évidemment pas de ce point de vue-là mais ce qu'elle venait de dire était loin d'être idiot.

Je pris enfin une ultime décision, allant à la fois dans la logique de ma mère, mais contre l'envie de mon père de cœur.

J'allais presque tout lui dire

-Je vois, mais en fait, écoute...je...vais tout te dire : ma nuit a commencée...

PDV Piper

J'écoutais attentivement Annabeth, intriguée par son histoire et par ses "cauchemars", de ce qu'elle avait vu cette nuit.

La première pensée me venant en tête était : les Parques et les dieux (Hypnos et son fils Morphée surtout) sont cruels, mais jamais à ce niveau là !

Mais tout ce que je pus dire à ce moment là fut un misérable et niais :

-Misère...dire que ton rêve avait commencé de la plus belle manière qu'il soit !

-Ouais...dit-elle d'un ton las, en soupirant.

-Et...du coup après New-York, tes flashbacks, tout ça...tu as vu quoi ?

Soudainement, Annabeth se crispa encore plus, elle tenta de dire quelque chose, du genre "rien" mais aucun son ne sortait de sa gorge.

Elle se mordit les lèvres, et baissa la tête, luttant sûrement pour ne pas pleurer, un faux sourire joyeux s'étirait sur son visage pour cacher sa douleur.

-Je...ne sais pas.

-Tu en es sure ?

-Je...je ne crois pas.

-Annabeth, parle-moi, s'il te plaît, suppliais-je de ma voix la plus calme possible.

-JE NE PEUX PAS !

Sa voix avait monté dans les aigus, les larmes bloquant sûrement sa trachée.

Elle reprit sa respiration, se remis sur le dos, et m'avoua enfin en fixant le plafond :

-J'étais là. Dans le Tartare je pense...à la place d'Alchys.

Je ne mis pas moins d'une seconde avant de comprendre : l'épisode de la vague.

Son plus grand traumatisme du Tartare, malgré le fleuve de flammes, malgré l'air acide, malgré le fait d'avoir cru le perdre, malgré tout ce qu'elle a pu voir.

Le pire cauchemar qu'il puisse exister : se faire tuer de la main de la personne qu'on aime.

Je sentais ma mâchoire me faire mal, j'étais resté un peu longtemps dans ma position "stupeur" et je devais ressembler à Percy durant son sommeil (encore une de ses multiples facettes qu'Annabeth me partageait durant les huit mois de la construction de l'Argo II) et je commençais à bafouiller, à dire des propos incohérents pas vraiment flatteurs envers la famille de ma mère, parmi ces paroles se trouvait la réplique :

-...

Ouais, à un moment, je ne savais plus quoi dire, espérant juste ne pas avoir déclenché un ouragan avec ma colère, et Annabeth souriait.

-Piper, ce n'est pas la peine de prendre ainsi la parole, je suis juste victime des règles du jeu de ce monde. C'est tout.

Ce n'était pas dans les habitudes d'Annabeth de dire cela, je le savais, elle m'avait prise de court.

-Annabeth, non, tu n'est pas victime des règles, mais d'une énorme...une énorme...

-Injustice ?

-Exactement ! Mes dieux, est-ce que ces derniers pourront te laisser tranquille du genre...pour toujours ?! Annabeth, tu as vécu trop de choses et vu trop d'horreurs pour mériter ça ! Tu as sauvé le monde deux fois, malgré vent, marrée et pluie, malgré sang, désespoir et douleur, tu te bas encore ici même après que Gaïa ait été vaincue ? Et ma chère mère ? Déesse de l'Amour ? Monstre surtout ! Gaïa était protectrice à côté de ça ! Pourquoi toi Annabeth ? Pourquoi es-tu victime de ses jeux morbides ? Je ne comprends pas, tu mérites tellement plus que ce que tu as actuellement pour ce que tu as vu, rien que pour cette nuit tu devrais recevoir une sorte de grâce divine ! Et, en général, pourquoi faut-il que les plus grand héros, ceux qui bâtissent les légendes et qui sauvent les dieux qui méritent les pires peines ? Pourquoi toi Annabeth ?

Et, elle sourit, un sourire à la fois triste et bienveillant, entre l'amusement et bouleversement, et me dit d'une voix très douce, trop douce :

-Piper, je t'en prie, ne dit pas ça, on est pareil toi et moi...Je n'ai juste pas de chance parmi les malchanceux ma chère Pip's, tu es forte, je le sais, mais je vois tes faiblesses, plus profondes que ce que tu ne crois. Ne broie pas du noir à cause de moi, toi aussi tu mérites mieux que ces conneries, tiens, j'ai une idée : dans mon bungalow, dans ma veste blanche, tu trouveras une drachme, prends-là et appelle Jason en message-Iris, tu en as besoin non ? Et ne me regarde pas comme ça, je sais que tu n'as plus de drachme en réserve, ne me rembourses pas. Allez, vas-y, ne reste pas là sans rien dire, va lui parler, je suis encore sous influence du rêve, je ne suis pas bien placée pour t'aider.

-Annabeth, dis-je d'une voix...

-...tu semble étonnée. Fait-moi confiance, calme tes tourments et tes mirages avant de t'attaquer à l'ouragan et avant que n'éclate l'orage.

Je sourirais, émue par l'attention de mon amie, la meilleure qu'on puisse avoir je vous dit !

-Merci, j'y vais !

-Au fait ! m'interpella-t'elle en m'agrippant la manche. Tu ne dis rien à personne de ce que tu as entendu, ok ?

-Je te dois au moins cela, fis-je en clignant de l'œil en voyant son air enfin entièrement détendu.

Je sortis enfin de l'infirmerie, un sourire sur les lèvres, oubliant quasiment tout le reste...j'allais enfin le revoir !

Je traversais le camp sans me presser, tranquillement, sans aucune crainte jusqu'au bungalow des Athéna demandant à récupérer la veste blanche d'Annabeth en leur jurant qu'elle me permettait de fouiller dedans.

Après avoir récupéré la pièce d'or et avoir rassuré quelques uns de ses frères et de ses sœurs, je filai vers le lac pas trop éloigné du bungalow de Percy.

Tenez, en parlant du loup, à quelques mètres de la berge, ce dernier manqua de me briser l'épaule en me bousculant accidentellement, après un léger dérapage contrôlé, il revint vers moi, une lueur d'excitation malsaine et d'une certaine panique dans son regard océan.

-Oh, excuses-moi Pip's, disait-il en parlant ultra-vite, je...je reviens d'une discussion avec...enfin...merde, Annabeth est-elle seule dans l'infirmerie ?

-Euh, quand je l'ai quittée il y a cinq minutes, oui, répondis-je en faisant littéralement craquer mes omoplates, donc il me semble qu'elle le soit encore.

-Il te semble ?! embraya-t'il.

-Oui.

-Génial ! Au fait, si tu veux passer un message-Iris -j'ai vu la pièce- tu peux utiliser ma fontaine à eau dans mon bungalow, la place est encore chaude ! Et passe le bonjour aux autres et remercie Jason de ma part !

Je n'eus pas le temps de le remercier qu'il filait déjà à une vitesse proche d'une torpille en direction de l'infirmerie.

-Merci...rétorquais-je dans le vide avant de me diriger vers le bungalow destiné au seul demi-dieu de Poséidon.

En franchissant la porte d'entrée, l'odeur caractéristique de la mer embaumant l'habitation vint me chatouiller les narines, l'odeur du sel iodé et de l'eau pure mêlée à celle de la vie sous-marine me purifiait les poumons, cela change par rapport aux odeurs de ma vie mortelle...

Je réalisai soudain qu'il s'agissait de la première fois que je pénétrais dans le bungalow 3, lors des long mois de disparition de mon ami, je ne voulais pas rentrer dans la maison de quelqu'un d'absent, même si quelques fois Annabeth y rentrait pour faire je-ne-sais-quoi...et encore...

Bref, je m'approchais de la fontaine de marbre blanc, prépara les ingrédients, lança la drachme dans le résultat obtenu et proclamai d'une voix quasi-théâtrale :

-Ô Iris, déesse des Arc-en Ciel, accepte mon offrande.

La pièce se fit avaler et je demandai à le voir.

Le nuage multicolore prit un peu plus d'espace et commença à s'éclaircir, révélant une forme floue, encadrée de blanc et d'or, puis l'image commença à gagner en netteté, il était là.

-Salut Jason, dis-je en sentant en partie un gros soulagement dans mon corps comme un nuage de fumée qui disparaissait.

-Salut Piper, fit-il en souriant, tu m'avais manqué.

-Moi aussi tu me manquais, comment tu vas ?

-Très bien, quoiqu'un peu fatigué, fit-il en se massant légèrement les tempes, depuis mon arrivée j'enchaîne les séances au Sénat, je n'ai eu qu'a peine le temps de sortir une drachme, mais je pensais t'appeler.

-Pour une fois que la fille fait le premier pas, ironisais-je, vous traitez de quoi là-bas ?

-De tout ce dont je t'ai déjà parlé, pas besoin de me répéter je pense.

-Mouais...Reyna elle se porte comment ?

-Elle est dans le même état que moi, mais Franck est un bon prêteur, il assure très bien la relève, dit-il avec une pointe de fierté dans la voix.

-Heureux pour elle alors, et Hazel ?

-Je ne sais pas trop je ne l'ai pas encore aperçue, elle était partie en dehors du camp pour accomplir une tâche spéciale, mais pas trop de quoi s'alarmer.

-Hum...

-Et toi, à la Colonie ?

-Je vais bien, mais...pour tout te dire...je suis un peu inquiète.

Jason fronça les sourcils, l'air de réfléchir, il semblait scanner mes expressions au travers de l'écran fumeux, en temps normal cela m'aurait gênée ou plu, mais ici, c'était oppressant.

Rassurez-vous, moi non plus je ne pensais pas du tout que je pouvais me sentir oppressée avec lui.

-Tu t'inquiètes pour qui ?

Arght, pas "pourquoi" ou "à cause de quoi", non, il savait que c'était quelqu'un qui causait mes tourments.

-À cause de...de moi ?

-On ne peux pas mentir avec toi, Jason, répondis-je d'une voix basse.

-Hé, t'en fait pas, je me porte bien, je suis encore en vie, si j'ai survécu avec toi à Gaïa, je peux survivre à juste une expédition simple.

Je ne pleurais pas, en vrai...je le croyais mais à moitié.

La vie des demi-dieux est rempli de dangers en tout genre, ça je l'avais que trop bien compris, en sachant également que Jason pouvait lier les deux camps en moins de trois minutes si Hazel l'amène, donc pas de danger au niveau des transports.

Mais, sans prévenir, l'orage peut éclater, et en général, on ne peux pas vraiment y échapper, quel que soit notre destinée.

-Peut-être, fut ma seule réponse.

Étais-je rassurée ? Non, absolument pas. Pas encore.

-Où veux-tu en venir Pip's ? Tu as peur de me perdre, mais dans quel sens ?

Je me mordis les lèvres, était-il devenu devin ou psychologue entre-temps ?

-J'ai peur que ta vie soit finie. Mais encore plus pour la notre.

Il soupira, l'air rassuré ou exaspéré, je ne peux le dire.

-Piper, je te l'avais dis non ? Même si nos bases reposent sur un rêve, on peut bâtir une réalité à partir de ça. Tu semble effrayée car je ne suis pas là, mais sache que moi également je me demande si je n'ai pas fait une gaffe en te laissant seule au camp, mais je me rassure en me disant que tu es avec Percy et Annabeth, que le camp est ultra-protégé, que personne n'osera te toucher, et que de toute façon la seule façon pour que tu meures ou pire, c'est que ce soit dans une quête, ce dont on en a pas besoin en ce moment et dont il est impossible d'en lancer une car on ne peux plus avoir de prophéties. Alors, calme-toi, et rassure-toi, je ne te quitterai jamais, en aucune manière.

Je ne savais plus quoi dire, pour la seconde fois de la journée, on m'avait volé les mots que je pouvais cracher ou lancer, et cette fois, Jason n'avait pas le rôle du gars qui se fait rassurer par sa copine (c'est-à-dire moi) mais l'inverse.

-En aucune manière...répétais-je.

-En aucune manière, affirma-t'il.

-...alors ne fais pas de promesse, juste, fait-le.

-Je le ferai...je le jure sur le Styx.

J'entendis le tonnerre gronder en double au dessus de moi. En triple si on compte l'écho du Ir-mail.

-Eh bien, on dirait que l'orage éclate, tenta Jason.

-Tu t'améliores, Pontifex ! m'exclamais-je en riant.

-Relance une drachme pour que l'appel puisse continuer, l'image se ternit.

-Euh, pas de mon côté, et je n'ai qu'une drachme.

-Regarde autour de toi.

Je jetai alors mes yeux (figurativement parlant s'il vous plaît) autour de moi, en effet, la lumière se ternissait, la nuit semblait tomber.

-C'est rien, c'est la nuit, on a un décalage horaire, tu te souviens ?

-Ah oui, c'est vrai...tu vas bientôt devoir partir.

-Oui.

Je voyais son air déçu...qu'est-ce qu'il me manquait !

-Tu reviendras bientôt ? demandais-je avec espoir.

Il n'eut pas le temps de répondre qu'il leva la tête, l'air surpris, puis lançait un sourire amical en direction de l'intrus de notre conversation.

-Ah oui, comment tu vas ma vielle ? Ben là je parlais avec Pip's et...

Il se fit, de façon monumentale, bousculer par une forme que je connaissais bien, elle aussi ça me faisait plaisir de la revoir.

-Hazel, ma grande ! Tu vas comment ?

-Pip's ! Je vais bien, je reviens d'une mission dont je te parlerai quand on se reverra, et toi ?

-Je vais mi...bien, je vais bien.

-Cool alors !

Mes dieux, elle était surexcitée, je ne la voyais pas comme ça avant !

-Et au Camp Romain, comment va ta Cohorte ?

-Je n'ai jamais eu autant de travail de ma vie, mais je me fais respecter, et disons qu'on a gagné un peu de popularité depuis la dernière fois.

-Et Franck ?

-Je te l'ai déjà dit je crois, dit Jason, se relevant assez douloureusement, et comiquement malgré lui.

-Pas faux, vous lui passerez un ""bonjour" de ma part ?

-Oui, et alors, comment se portent Percy et Annabeth ?

Et merde...

-Ben, ils vont bien, ils se préparent pour aller à l'université de la Nouvelle-Rome, d'ailleurs Percy te remercie Jason pour les avoir aidés pour l'inscription tout ça, et entre deux révisions (rien de malsain, vous autres) ils s'entraînent pour ne pas trop se rouiller.

-Ils s'entraînent intensément ?

-Hum...eh bien je pense que oui, vu ce que j'ai vu, ils bossent dur.

Non...il n'y a pas de double-sens à cette phrase...pas de commentaire.

Malgré la blague, je sentais en moi un nouveau pic de stress, Annabeth ne veux pas que j'évoque son rêve, mais je pense que je peux juste indiquer qu'elle est un peu malade...ou non je ne vais rien dire...

-Tu te sens bien Pip's ?

Ah, je devais avoir l'air pensive.

-Oh, rien, juste...une sensation étrange.

-Du genre ?

-Rien de grave, Annabeth est juste un peu malade, je me soucie un peu d'elle tu comprends.

-Oh ma pauvre...tu lui souhaiteras un bon rétablissement de ma part ?

-Bien sûr, bien évidemment...au fait, quand est-ce que vous pensez venir ?

-Oh, eh bien, je crois qu'on arrivera...commença Hazel d'un ton hésitant

-...le jour de l'anniversaire de Percy, conclut Jason.

-Mais c'est après-demain seulement Jaz' rétorqua Hazel.

-Ben justement, on peux encore tout boucler demain et on part après demain pour arriver à la Colonie.

Je vous laisse imaginer la taille du sourire qui se gravait sur mon visage à ce moment là et de l'immense joie qui diffusait dans mon cœur, oui, on allait se revoir !

Cette pensée me fit réfléchir, il n'était absent qu'une semaine, une longue et terrible semaine, et j'avais l'impression que tout ce que j'étais devenu partait en fumée, brûlé, évaporé.

Sept. Sept malheureux jours et je n'étais plus qu'une fausse semblant de moi-même, et jalousement, j'espérais que Jason ressentait exactement les mêmes émotions que moi, une part égoïste de moi-même que je ne connaissais pas naissait ou renaissait en moi. J'avais l'impression d'avoir toujours été jalouse, ce qui n'était pas faux sur certains aspects.

Mais sept malheureux jours peuvent-ils rivaliser avec huit mois tortueux ?

Qu'aurais-je ressenti au fond de moi si huit mois nous séparait, lui et moi ? L'aurais-je vraiment aimé comme je l'aime en ce moment-là en parlant avec lui ? Ou me serais-je renfermée dans une bulle de colère, de haine et d'un sentiment perdu au milieu des orages, des ouragans et de mon cœur ?

Comment aurais-je survécu ? Comment Annabeth l'a-t'elle fait ?

Et, de nouveau, les mêmes questions, les mêmes injustices, les mêmes mots que je voulais vomir au visage du monde entier, la même haine envers les dieux et envers ma mère qui revenait hanter et alimenter mes émotions.

Et, de nouveau, la même tristesse, la même colère, le même pitié qui me tordait l'estomac et me brûlait les organes.

Et, de nouveau, le tout, l'intégralité de ce monde qui s'unissait pour pourrir la vie des demi-dieux prodigieux qui me glaçait le sang et gelait mes espoirs.

Finalement, alors que le nuage commençait à s'estomper, Hazel me posa une ultime question :

-Piper...tu as quoi. Tu pense à quoi ?

Sur les dernières secondes du message, je ne pus réprimer qu'un simple :

-Rien, juste un pressentiment.

Le nuage se dissipa en même temps que le Soleil décidait de s'estomper.

Silence bruyant. Silence sourd. Larmes. Plus rien. Un cri, un chant de tristesse.

Un chant à la voix que je ne connaissais pas, mais qu'importe, mes sentiments s'évadaient, ce n'était pas du grec, pas du latin, pas du français, pas de l'anglais. Juste la mélodie de mon cœur.

Celle de ma colère, celle de mon talon d'Achille, celle des jeux de ma mère, celle du monde.

Un cri, mélangé à mon opéra de haine, brisa mon concert mortuaire.

-ANNABETH !

PDV Percy

Deux heures, cela faisait deux heures que j'avais vu Annabeth se réveiller, et cinq où je la voyais parler avec Piper.

J'avais pris la décision de ne pas rester trop près de l'infirmerie, c'était bien trop long à attendre, et de prendre la direction d'un vieil ami.

J'avais pris les direction des écuries afin de revoir un vieil ami blessé.

-YO Patron ! rétorqua Blackjack en me voyant arriver.

Il était debout sur le sol en paille, avec une sorte de pansement qui lui masquait sa blessure faite durant la Bataille de Long Island -ou des Deux Mondes (grec-romain) si vous voulez, mais je crois que c'est pris- qui recouvrait une grande partie de son corps.

-Salut mon vieux, tu te sens comment ?

-Au Poil, boss ! Deux semaines de repos, ça fait tu bien, mais il y a autre chose qui me manque.

-Les donuts au sucre ?

-OUI ! Tu pourras m'en ramener si on se refait une petite quête, de temps à autres ?

-Alors...évidemment que oui mon vieux, je t'en ramènerai.

-Yes ! Toi t'es un bon gars !

Oui, ce passage est assez court.

Après avoir quitté les écuries, je pris la direction du lac de canoë-kayak sous le regard de la majorité du camp qui ne devait pas vraiment avoir l'habitude de me voir quasi-défiguré par la fatigue, mais à ce moment-là je n'en avais pas grand' chose à faire, l'eau allait me réveiller.

Une fois sur les bords du lac, je me souvins soudainement que, quasiment un an plus tôt au même endroit, nous sortions de la Seconde Guerre des Titans.

Un an auparavant, Annabeth et moi commencions à sortir ensemble.

Ce magnifique souvenir me fit un peu perdre mes esprits, qui commençaient à divaguer sur toutes sortes de choses à partir du moment où ma vie à réellement commencée, à partir de ma naissance quand j'avais douze ans, en passant par environ tous les dangers que j'ai pu affronter, tous les dieux que j'ai pu rencontrer, tous les paysages que j'ai pu observer.

J'aurais bien pu continuer mon parcours philosophique (décidément Annabeth déteint sur moi ) mais ma vue fut gênée par une sorte de nuage apparaissant devant moi. Un message Iris ?

J'acceptai la demande, et le seule image qui apparut fut comme brouillée, comme sur un vieil écran de télé qui ne reçoit aucun signal, juste une vague voix sortait du nuage. Une voix vague qui ressemblait à...

-Tyson ? C'est toi ?

-Oui !

-Frérot, je ne te vois pas, je te rappelle dans mon bungalow !

Je fis dissiper le nuage, courus vers mon bungalow et voulut utiliser la fontaine, mais un autre nuage apparut.

-Il est sourd ou quoi ? demandais-je à voix-mi haute.

J'acceptai de nouveau l'appel, et le visage de Tyson apparut, cette fois avec une meilleure qualité d'image.

-Salut Frérot , tu te porte comment ?

-Salut Percy, tout va bien, on est arrivé à la surface, en Californie !

-On ?

-Ben oui, avec Ella !

Je me claquai le front, j'avais un peu oublié que mon frère avait emmené Ella sous l'eau durant un moment.

-Cool de te revoir Tyson, alors vous avez commencé avec Rachel à reconstituer les Livres Sibyllins ?

-Oui, Rachel est au Camp romain avec les autres, ils ont pu commencer dès hier avant qu'on puisse arriver.

-Parfait, tu passeras le bonjour de ma part aux autres ?

-Oui, au fait, elle va comment Annabeth ?

Ouch, point sensible. Tyson aime beaucoup Annabeth, il la considère comme une de ses plus grandes amies, comment lui expliquer sans qu'il panique qu'elle a failli mourir ?

Et, de mon habituelle maladresse légendaire (retrouvez le guide pour suivre mes exploits dans ce domaine le 31 Septembre prochain) je répondis :

-Elle va bien, elle est juste à l'infirmerie.

-Quoi ?

Et...

-...en surveillant un de ses frères, qui est, euh...tombé malade en mangeant un fruit pas frais, ajoutais-je maladroitement en essayant de ne pas trop rendre visible les fractures.

-Si tu le dit.

Ouf, sauvé !

-Et Ella, elle est où ?

-Ella est là Ella elle l'a. Chanson française de France Gall. Galle : Maladie contagieuse...

-C'est bon Ella, on a compris...on a compris, dis-je précipitamment avant qu'elle nous ressorte une chanson oubliée du siècle dernier ou qu'elle nous dégoûte avec quelque infection.

-Ella s'arrête.

Tyson ria, je me joignis rapidement à lui, entraîné par sa bonne humeur, et la mine boudeuse d'Ella ne put qu'accentuer la bonne ambiance présente, et cela faisait du bien après environ sept heures de peur et d'appréhension.

Soudainement, Ella se plia en deux, quelques plumes volant au passage, un expression de douleur et d'horreur sur le visage, les yeux s'injectant de sang.

Tyson se retourna soudainement, et, pris de panique, essaya de retenir Ella qui commençait à bouger, trembler et à clamer son mal de crâne.

-ELLA ! Tu as quoi demanda Tyson au-dessus d'elle, paniqué.

-Ella ne sais..pas...Quinze années écoulées...ARGHT !

Elle se leva soudainement, et piqua quasi-involontairement sur le nuage, qui se dissipa sur son visage tordu par toutes les expressions faciales qu'un arachnophobe pouvait avoir fois mille.

Le silence se fit...et je commençai à détaler en sortant de mon bungalow en direction de...de...l'infirmerie, voilà, je devis parler à Annabeth, je ne savais pas pourquoi, mais il fallait que je voie Annabeth.

Sur le chemin, sans faire exprès, j'ai bousculé quelqu'un...c'était Piper.

Je freina, mes talons me servants de patins d'arrêt, et me retournai vers Piper qui semblait ne rien avoir.

-Oh, excuses-moi Pip's, disais-je en parlant ultra-vite, je...je reviens d'une discussion avec...enfin...merde, Annabeth est-elle seule dans l'infirmerie ?

-Euh, quand je l'ai quittée il y a cinq minutes, oui, répondit-elle en faisant littéralement craquer mes omoplates, donc il me semble qu'elle le soit encore.

-Il te semble ?! embrayais-je.

-Oui.

-Génial ! Au fait, si tu veux passer un message-Iris -j'ai vu la pièce- tu peux utiliser ma fontaine à eau dans mon bungalow, la place est encore chaude ! Et passe le bonjour aux autres et remercie Jason de ma part !

Je la laissai alors là, sans qu'elle puisse me répondre, en détalant vers l'infirmerie et en espérant qu'elle soit seule.

Elle l'était.

Annabeth fixait le plafond d'un air pensif, elle était très calme avec un petit sourire au coin des lèvres, un sourire nostalgique de je pense savoir quoi, elle tournait et retournait sans cesse le petit corail que je lui avais offert lors des premiers mois de notre couple.

Je souriais à la vue de cette scène, et elle ferma les yeux, comme pour bien visualiser ces moments sacrés en tête, et bougea les lèvres silencieusement comme une prière aux dieux, je décidai alors de m'avancer silencieusement.

L'infirmerie était vide -fait rare dans la Colonie, car en général il y avait toujours au moins la moitié des lits occupés, la seule fois où tout était vide s'était passé il y a plusieurs années avant l'arrivée d'Annabeth au camp- je m'approchais à pas de loup vers Annabeth, et une fois arrivé au-dessus de son crâne, je lui dis avant de l'embrasser :

-Je ne te l'ai pas dit tout à l'heure, mais tu baves dans ton sommeil.

Elle rouvrit les yeux, un sourire taquin aux lèvres, ses yeux gris orage qui pétillaient, elle avait retrouvé assez rapidement son énergie.

-On prends les mêmes et on recommence, hein ?

-Manque juste le fait d'avoir battu un Minotaure avant et là on est parfait.

-Idiot de Cervelles d'Algues, dit-elle en me donnant un ''léger'' coup sur l'épaule.

-Merci du compliment Puits de Sagesse.

Elle me tendis les deux mains et je l'aidai à se relever, elle voulait se lever.

-Tu en es sure ?

-Absolument, j'en ai marre de rester allongée.

Je l'aidai donc d'abord à s'asseoir sur le bord du lit, et après un décompte nous nous somme levés doucement, elle se tenant à mon bras et moi m'accroupissant pour avoir sa taille, et nous commencions à marcher quelques pas à petite foulée.

-Essaye de te redresser un peu, Annabeth, si tu peux.

-Je vais essay...nan j'y arrive pas.

-On retourne s'asseoir ?

-Oui.

Nous fîmes alors le chemin inverse, le soleil commençait à s'endormir au loin, l'heure du repas approchait.

Une fois assis l'un à côté de l'autre, mon bras entourant ses épaules et ma tête sur la sienne, nous commencions à parler :

-Percy, tu sais que bientôt...

-...ce sera notre premier anniversaire ? Oui, je n'oublierais jamais.

-Cela fera également un an qu'on a sauvé le monde pour la première fois.

-Tu compte l'année dernière pour la première fois seulement ?! Moi je compte au moins cent mille fois !

Elle soupira, et me lança un regard moqueur. Puis elle me posa une déroutante question :

-Tu te souviens de comment est mort Luke ?

-Euh...en se sacrifiant.

-Avec mon vieux poignard...une vielle promesse...

Une famille, Luke, tu avais promis

Je réalisai alors qu'à ce moment-là, elle me demandait si...

-Annabeth...tu as peur que je brise notre pacte ?

-En partie...

-Mais pourquoi ?

Elle haussa les épaules, soupira et me dit d'un calme troublant et d'une voix étouffée :

-Je ne sais pas.

Et elle ferma les yeux, devint plus lourde et s'écroula sur le sol, sourire aux lèvres, tenant toujours le petit corail dans sa main.

Je la rattrapa, et essaya de la réveiller, sans succès.

-Annabeth ? Annabeth ! ANNABETH !

Tout le camp rappliqua.
Raang

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Re: Vie de Cauchemar. [Fanfiction Percy Jackson/Les Héros de l'Olympe]

Message par Raang »

Dernier chapitre écrit, beaucoup d'éléments introduits et un tournant qui changera plusieurs vies (ok les rimes c'est fait...)
Plus sérieusement, je n'ai jamais autant écrit, j'ai hâte de savoir ce que vous en pensez, moi je retourne à ma bibliothèque.
Bonne lecture (et bonne heure !)

CHAPITRE 4 : Les méandres des légendes

PDV Percy

...morte.

-Non...non non non NON ! Pas encore ! Pas encore, je vous en prie !

Je tenais Annabeth dans mes bras, la tête contre mon coude, et moi à genoux au sol, stupéfait par ce qu'il venait de se passer quelques millisecondes plus tôt.

Tout se mélangeait dans ma tête : notre discussion, sa question, son sourire, la prophétie d'Ella, la foule qui arrivait, leurs visages catastrophés, le bruit, les chuchotements, les pas, le vent, les ondes, les esprits. Le noir complet.

Le noir dans ma tête, le trou dans mes souvenirs...oui, c'est à partir de là que ça a commencé.

C'est à partir de ce moment-là que ma vie a de nouveau tourné au cauchemar.

Il faisait terriblement froid là où je me trouvais, plongé dans l'obscurité la plus totale comme au beau milieu d'une nuit d'hiver en région arctique -là où la nuit dure six mois.

Je n'arrivais pas à ouvrir mes yeux, mes paupières comme cousues entre elles, je ressentais une douleur perçante quand j'essayais de les desserrer, je pensais même sentir le sang chaud couler de mes yeux sur ma peau congelée.

Mon corps entier refusait de bouger, figé telle une statue de glace fabriquée à l'instant par Chioné, recroquevillé sur lui-même, assis sur un sol froid, la tête plongée dans les paumes de mes mains, les genoux repliés jusqu'aux poumons, comme si je venais de subir une séparation brutale ou comme si je pleurais ma vie avant les dernières secondes de souffrances avant la fin.

Je ne me reconnaissais pas dans cet état d'esprit, mais je savais que j'étais présent, ce n'était pas une sensation spéciale.

Soudain, mes articulations se dessoudèrent, je pus ouvrir les yeux...que je refermai quasi-immédiatement, ébloui par la lumière claire qui me brûlait la rétine, je me sentais lourd, semblant être rempli de plomb.

Je réalisai enfin où je me trouvais : au Camp Jupiter, à proximité du Tunnel Caldecott, côté demi-dieux, toujours occupé par deux gardes romains que je ne reconnus pas -sans doute de nouveaux arrivants que je n'ai pas pu rencontrer- visiblement occupés.

Je me levai, non sans avoir l'impression de vomir mes organes, et avançais à pas fébriles en direction de je-ne-sais-pas-qui.

Ce que je vis me fit frisonner d'effroi.

Mon frère Tyson, affolé et ensanglanté, tenait une Ella folle comme un sac à patates.

L'image se brouilla, mais je ne changeais pas de lieu, cette fois je me retrouvais au beau milieu de la Nouvelle-Rome, plus précisément dans une tente de prêteur : celle de Reyna, où elle m'avait fait passer l'interrogatoire le plus étrange de la création, juste à côté de mon frère qui ne me voyait pas.

Je tournais la tête et vis Rachel Dare -mon amie et l'Oracle de Delphes moderne- Jason, Reyna, Franck et Hazel nous fixant de tous les regards possibles, comme réunis en plein conseil secret, tellement secret qu'il ne se déroule pas au Sénat.

-Bon...Tyson, soupira Reyna qui prenait visiblement son mal en patience, tu es absolument sûr qu'Ella est bien devenue...

-...oui, elle m'a attaquée. Elle a peur, ce n'est pas elle normalement. Ella n'est pas folle.

-Mouais, sembla soupirer Franck qui hérita d'un regard noir venant d'Hazel.

-Face à ça, autant être honnête, je ne sais pas quoi mettre en priorité, avoua Jason d'une voix tendue de la part de cet homme droit.

-Moi non plus, continua Reyna restant posée et réfléchie, un peu comme Annabeth (leur ressemblance est encore assez troublante par moments).

-On a une prophétie trop étrange pour qu'elle soit mise de côté, Jason, il faudrait qu'on se rende à la Colonie des Sang-Mêlés pour en parler avec Percy, Annabeth et Piper, rétorqua Hazel, malheureusement, il est très clair que Percy et/ou Annabeth fait/font partis de cette énigme, pourtant...

Sa voix semblait flancher, elle semblait ne pas comprendre ou accepter cette situation, et je tremblais d'appréhension et de colère.

Je tournai de nouveau la tête, et vis Ella, silencieuse, fixant un point précis prenant la forme d'une épaisse touffe de cheveux orange, menant à un visage familier affichant un air pensif et à des yeux figés par l'effroi.

-Une prophétie pareille semble être une sorte de...commença Reyna...

-...une troisième grande prophétie… conclut enfin Rachel d'une voix étrangement rauque.

Une...quoi ? Je vous en prie, pas encore une !

Tous s'échangèrent un regard entre la peur et la surprise, le débat silencieux commença.

D'un côté nous avons Franck et Reyna, de l'autre Jason et Hazel, Rachel servant d'arbitre, Ella, Tyson et moi en tant que spectateurs.

Enfin, après deux minutes de "dialogue" aussi passionnant qu'un match de cricket (oui, j'ai quand même un peu de culture), Reyna se leva et proclama :

-Bien, je vous autorise à vous rendre à la Colonie, sans avoir à passer par le Sénat.

-Rey, tu es sûre que...

-Oui, Rachel -déjà ne m'appelle pas Rey, ce n'est pas toi la spécialiste des surnoms- je sais que ça peut paraître hors lois romaines...

-...mais il ne s'agit pas encore d'une question de quête ou non, pour l'instant, on ne connaît pas l'importance de ces vers, on ne peut pas baser une quête là-dessus encore, conclut Jason.

La scène changea, l'atmosphère également.

Cette fois, je perdis la notion du temps, il m'était impossible de savoir quelle date nous étions, mais en tout cas, il faisait presque nuit noire, presque aussi noire que le Chaos lui-même. Mais en tout cas, je savais que je ne me trouvais pas à New-York.

Là où je me trouvais, New-York était loin, loin d'être à une heure d'avion.

Le lieu était une ville tout de même, une ville plutôt modeste je dois l'avouer, quelques néons orange brisaient l'effroi nocturne, la route était à sens unique, assez grande pour laisser passer une machine agricole, mais sans plus. Les trottoirs étaient très surélevés et recouverts de gravier couleur ocre, plantés tous les dix mètres de grands arbres -des platanes si je ne me trompe pas- et bordés de maisons simples, mais grandes.

Le style classique, vous savez, comme les dessins de maternelle, avec le toit triangle rouge, les murs blancs, la cheminée, le jardin.

Et bien c'était exactement ça.

Un palais des glaces sans miroirs- un comble vu le froid qu'il y avait à ce moment-là- une répétition étrange et hypnotique assez curieux : maison ; arbre ; poteau électrique ; maison ; arbres ect

Et, pour bien nager au milieu des clichés hollywoodiens, toutes les habitations avaient les lumières éteintes, sauf une seule : celle juste devant moi, sur le trottoir d'en face. Et là, une discussion vraiment vraiment flippante commença à résonner dans mon crâne :

-Bordel, il va falloir combien de temps avant que tu comprennes cela, Angelo ?!

-Et toi, combien de temps faudra-t'il pour que tu comprennes qu'on vit au vingtième siècle ! On a plus besoin de se la jouer vieux jeu ainsi !

La voix de la fille était carrément colérique, elle aurait pu être angélique si sa voix ne semblait pas saigner de haine.

Celle du mec était plus dure, plus froide, on pouvait entendre une résonance grave propre aux...non...je dois sans doute me tromper

-ANGELO !

-J'ai un prénom, Cassandra.

-Je ne dirai ton prénom uniquement quand tu auras enlevé cette idée de ta sale tête !

La voix de Cassandra augmentait dans les tons énervés, mais laissait paraître une forme de surprise qui donnait également place à une forme d'inquiétude alors que celui de son...ami on va dire restait stable, rauque, et sans avoir vu ce gars, je sentais qu'il n'était pas net.

-Ma sale tête ? Tiens, et toi qui disait que j'étais la plus belle personne qui soit arrivé dans ta vie.

Silence. Silence.

Je m'approchais soudainement de la maison, par pur instinct, je savais que quelque chose allait se passer, et la discussion continuait dans ma tête en un bourdonnement sourd, les voix, les tons devenaient de moins en moins distinguables, et le bruit du grincement de la porte à mon entrée fit définitivement taire la dispute.

La maison était vide, j'entrai dans ce qui semblait être le salon plongé dans l'obscurité, volets fermés, télévision éteinte, tout rangé.

Je laissais courir mon regard sur toute la pièce aux décorations indistinguables, et le stoppai à la vue d'un escalier de bois adossé au mur.

Quelques instants plus tard, au pied de l'escalier, je jetai de nouveau l'œil vers l'étage, où je pouvais déjà distinguer de la lumière diffuser par la partie surélevée de la porte.

Les escaliers ne semblaient pas grincer sous mon passage, je m'autorisai donc de grimper rapidement les marches, cinq secondes plus tard, je me trouvais face à la porte fermée.

Et là, je me posai une question assez importante : Je toque ou pas avant d'entrer ?

Après une longue minute de débat présidentiel dans ma tête, je frappai deux fois plutôt doucement à la porte.

J'entrai.

La chambre dans laquelle j'étais rentré était peinte dans des tons orange clair assez harmonieux, décoré de quelques posters provenant de plusieurs séries animées que je ne reconnus pas, dont une, imposante, montrait une très belle jeune fille à la peau bronzée aux cheveux longs et noirs de jais coiffés d'un bandeau jaune, habillée d'une longue robe orange, de collants jaunes et enfin des sortes de sandales datant du seizième siècle. Au cou de la fille pendait un médaillon portant un symbole identifiable comme un soleil.

-Elle est jolie.

Je baissai soudainement le regard vers un petit corps qui se tenait sur son lit en position tailleur, me fixant d'un regard perçant venant de ses yeux pers, de magnifiques yeux mêlant un regard gris orageux et vert d'océan déchaîné, troublant. Elle avait de longs cheveux châtains qui débordaient sur les épaules, lui arrivant approximativement au milieu du dos, coloré d'une peau mate semblable à celle de Piper.

Son visage était semblable à celui d'un ange, tellement que même aujourd'hui je peine à décrire correctement son visage. Elle ressemblait à un mélange plutôt efficace d'environ toutes les plus belles filles que j'ai pu voir de ma vie (ne comptez pas sur moi pour révéler des noms, je risque encore plus de problèmes avec quelqu'un)

-Euh, ouais, elle est très jolie, dis-je d'une voix tentant de cacher ma stupéfaction et ma gêne.

Je relançais un regard en direction du poster, essayais de lire le nom de l'œuvre, mais impossible : ma dyslexie refait des siennes et la langue n'était sûrement pas de l'anglais.

-Tu t'appelles comment monsieur ?

-Percy. Je m'appelle Percy, et toi, tu as quel âge jeune fille ?

-Ambres. Je m'appelle Ambres avec un s car sinon on me dit que je suis née d'un arbre.

Elle riait.

Elle répondait naturellement, comme si j'étais son nouvel ami et qu'on allait au parc à jeux au coin de la rue dans l'heure qui suit, qu'on allait manger une gaufre bleue au Nutella et que je la ramènerai à la maison après tout ça.

-Oh. Mais, attends...tu me vois ?

-Ben, oui, grand bêta, sinon je ne te parlerais pas.

Bon, vous pouvez cocher sur ma liste d'humiliations l'action suivante : se faire insulter par une fillette de...

-Tu as quel âge ?

-Sept ans. Tu viens jouer avec moi ?

Surpris entre ce que je vivais et ce que je voulais faire ou non, j'acceptai d'un hochement de tête accompagné d'un sourire.

Je m'asseyais donc en face d'Ambres, sur un coin du lit, et attendis qu'elle annonce les règles du jeu.

-Tu veux jouer à quoi, Percy ? demandait-elle de sa voix la plus attendrissante possible.

-Euh, je ne sais pas...tiens, on va se connaître un peu, tu vas me poser des questions sur moi, et je ferai la même chose avec toi, ça ta va ?

-Oui ! s'exclama-t-elle en souriant à pleines dents -de lait.

-Bien...donc...d'où est-ce que tu viens ?

-Je suis française, ma maman l'est, et je pense que mon papa est américain.

-Ton père ? Tu ne le connais pas ?

-Non, je ne l'ai jamais vu. J'ai un "beau-papa" depuis deux ans demain.

Aïe, point sensible. J'y suis un peu trop habitué.

Elle fut affublée durant quelques secondes d'une mine attristée, regardant vers le bas, puis vers la fenêtre, et enfin revenant à moi, souriante.

-Maman a dit que Papa aime voyager, elle m'a dit que je le reverrai un jour. J'en suis sûre car Maman me l'a promise et Maman, elle ne ment jamais.

Maman, elle ne ment jamais.

Stupéfait, je ne pus dire un mot dans les dix secondes suivantes. J'aurais pu dire mille et une choses, j'aurais pu réfléchir à mille et un faits...mais tout ce que je pus dire, c'est :

-Tu sais, je suis tout pareil.

-Tout pareil ?

-Oui. Mon père, tu vois, il a aimé ma mère. Comme un fou, sans doute comme ton père aimait ta mère, mais un jour, il a dû partir.

-Partir où ?

-Euh...loin...il était perdu. Avec la mer.

Perdu avec la mer, jamais cette phrase n'a été aussi juste.

Je déglutis ma salive, qui commençait à s'épaissir, et continuai :

-Je ne l'avais pas revu avant mes douze ans.

-Il ressemblait à quoi ton papa ?

Je me tournais vers elle, la fixa droit dans ses yeux pers, et lui demandai :

-Tu me vois ? Dis-moi comment je suis.

Ambres se mit à scruter une bonne partie de mon visage, se penchant comme un bateau environ toutes les trois secondes, ça aurait pu être gênant avec d'autres personnes, mais ici je sentais qu'elle avait compris le but du jeu. Je me sentais réel avec elle dans ce rêve, comme si elle était ma petite sœur...oh mes dieux.

Elle s'arrêta, et dit enfin avec son immense sourire :

-Tu as les yeux verts. T'es grand. T'as les cheveux noirs et en pagaille, comme le dit Maman quand je me réveille. T'es blanc et bronzé.

-Oui, et bien, Maman, elle me disait que mon Père me ressemblait.

-Il ne doit pas être moche ton papa alors.

On se mit à rire tous les deux, elle riait d'un rire d'enfant, fort et sincère, s'en moquant de la nuit qui s'installait autour et des gens qui dormaient.

Elle était la seule lumière allumée au milieu de l'obscurité.

Soudain, elle me sauta dessus, me plaquant sur le lit, et commença à me donner de faux coups de poing, criant :

-BAGARRE !

Je souris, et me mis à lui bloquer les bras, elle fit une pirouette -oui, très très très agile- et réussit à se libérer.

-Jamais tu aurais dû provoquer Percy Jackson ma grande.

Et la suite de la scène fut exactement comme une bagarre entre un frère et une sœur d'environ le même âge, riants comme des baleines, à coup de blocages et d'esquives, un entraînement à l'épée sans épée.

Cinq minutes après, le combat se conclut sur une Ambres exténuée, allongée sur le ventre, prenant mon torse pour un matelas.

Elle reprit son souffle, ses paupières battant des ailes, et me demanda avec toute l'innocence du monde :

-Tu reviendras, hein ?

Je relevai un peu la tête, sa tête couchée sur le côté en direction de l'affiche de la jeune fille aux cheveux noirs, les deux bras entourant ma cage thoracique comme si elle serrait une grosse peluche dans les bras. Je levai lentement mon bras, qui commençait à devenir très lourd, posa la paume de ma main sur son crâne et chuchotai :

-Je reviendrai. Je te le promets.

Mes paupières se soudèrent dans les cinq secondes suivantes.


Froid.

Voilà ce que je sentais à ce moment-là, quand mes paupières se rouvrirent.

J'avais plutôt mal et j'avais froid, si froid, je n'avais pas le contrôle de mon corps à qui j'ordonnais de rester comme il était.

Mais mes muscles désobéirent, et mon dos me força à me lever de ce qui était, au toucher, un matelas.

J'essayai d'ouvrir les yeux, impossible, j'avais la désagréable impression de les avoir inondés de sang, il voulait sortir, je le sentais, il attendait des larmes de ma part pour s'évader et me faire souffrir.

Je combattis alors mon propre sang en battant rapidement des paupières, la basse lumière commençant enfin à percer la couche d'eau salée qui noyait mes yeux, on était le matin.

Je tentai de me relever, mais mes jambes ne semblaient pas tenir mon poids, et ils manquèrent de me faire écrouler lamentablement au sol avant que je puisse me retenir à un quelconque meuble. Le sol froid ne m'aidait pas à sortir la tête de mon état psychédélique.

Les bruits de grands coups sur la porte terminèrent de m'achever dans la douleur d'un opéra d'écho dans mon cerveau.

-Percy ? Tu vas bien, j'ai entendu du bruit !

-n..Nico ? demandais-je d'un voix entre le vomissement et la surprise.

-Percy ? Je n'entends rien.

Pris d'un saut d'adrénaline, je bondis jusqu'à ma porte, dégustai sans appétit le sol, et me hissai avec la poignée de la porte...qui laissa place à Nico.

Cela faisait environ treize ou quatorze jours que je ne l'avais pas vu, malgré sa décision de rester au camp et du fait qu'il se soit -à ce qu'il parait- très approché de Will Solace d'après les enfants d'Aphrodite. Il fronça les sourcils et prit une mine surprise en me voyant.

-...Tu as l'air de sortir d'un lendemain de soirée.

-Euh...merci, hein, mais...commençais-je en sentant une envie de vomir intense.

-Viens, je vais t'aider.

Il prit mon bras et le mit autour de ses épaules, m'autorisant à me soutenir, ce que je fis sans retenue, encore exténué et le cerveau ramolli.

Je ne pris même pas le temps de réaliser que Nico avait eu un élan d'amitié à ce moment-là qu'il me ramena sur mon lit, me forçant à m'asseoir à mon grand plaisir et soulagement.

-Tu te sens comment là ?

-Je...crois...que...je...vais...vomir.

-Eurk, tiens, j'avais prévu le coup, dit-il en sortant un sachet en papier blanc.

Je pris le sac quasi-immédiatement, des relents semblaient agresser mon œsophage, mais je ne sentais aucun goût déchirer ma langue, juste une sensation de mal de mer...

-C'est horrible putain, murmurais-je entre deux grognements dû à mes maux de tête.

-Je ne te le fait pas dire, en même temps vu la dose qu'ils ont mis...

-Qu'est-ce que tu racontes ? demandais-je haussant les sourcils dans une pitoyable grimace.

-Tu ne te rappelles de rien du tout ?

-Je...euh.

Une vague soudaine renversa mon esprit. Juste quelques images.

-Annabeth !

Je tenais Annabeth dans mes bras, allongée au sol, un sourire sur le visage.

La voix de Will hanta soudainement les cadavres de la ville à cause de vague précédente, semant le froid et la mort dans le cimetière qui me servait alors de cerveau, une douleur subite brûlant mon avant-bras au niveau du biceps.

-Percy...il s'est passé quoi ?

-JE NE SAIS PAS ! On...marchait et...

-Tu l'as fait sortir de son lit ?! Mais t'es complètement malade !


Pas plus malade que toi, Docteur.

-Tu as dit quoi Percy ?

Je tournai la tête vers Nico, étonné par le changement immédiat de mon expression faciale, il devait voguer entre la pitié et la stupeur au vu du regard malsain qui se posait sur moi.

-Je disais...que...je me souvenais juste de la chute, puis une sensation...de piqûre...

Je soulevai soudainement la manche courte de mon tee-shirt afin d'assister au spectacle d'une belle blessure rouge, passant sur le circuit d'une veine, légèrement boursouflée et douloureuse. Je passais deux doigts, entourant le poinçon sur ma peau, et visualisai de nouveau la scène, enfin, pour être plus exact, le plan final avant le fondu au noir.

Je ne savais plus quoi penser, ma tête pesait encore trois tonnes, mes idées étaient floues, Nico était dérangeant malgré lui...et enfin, pour la première fois depuis mon réveil...je compris que ce que je voyais...

-...ce sont des fragments de ta mémoire, qui te reviennent petit-à-petit, assez douloureusement, conclut Nico qui semblait avoir utilisé ses obscurs pouvoir de mentaliste -je sais, dans les livres on en parle pas, mais je suis persuadé qu'il en a okey ?

-Qu'est-ce que...

-C'est tout à fait normal, d'après Will, après avoir reçu...une grosse dose de calmants.

-De calmants ?! commençais-je à hurler, du mieux possible.

-Tu aurais dû voir ta tête à ce moment-là...tu étais devenu fou. Un vrai malade. Dès que quelqu'un s'approchait d'Annabeth tu...sortais les griffes.

Il me toisait du même regard depuis tout à l'heure, qui changeait grandement avec celui qu'il m'offrait quelques mois auparavant sans savoir pourquoi. Maintenant je le savais, et en y repensant, je me sentis assez gêné.

-Sortir les griffes dans quel terme ?

Nico soupira, et fit glisser le col de sa veste, laissant apparaître son épaule dénudée...et bleue, avec un centre violet violent.

-Quand quelqu'un voulait prendre Annabeth pour la remettre sur son lit...tu devenais agressif. Oui, Très Violent. J'ai été gracié de ta part je tiens à préciser, d'autres âmes courageuses ont tentés l'impossible.

...

Ce fut tout ce que je pus dire, je ne voulais même plus bouger soudainement, dans le cas-où...

-J'étais devenu...

-...un peu comme Annabeth, hier dans l'après-midi, j'ai été mis au courant très vite.

Je n'ajoutai rien, je préférais être comparé à Annabeth plutôt qu'à un monstre.

-Et, du coup, j'ai fait quoi ensuite ? arrivais-je à articuler après deux minutes de silence.

-Tu t'es endormi. Fatigué, et piqué par Will alors que tu avais baissé ta garde. Et du coup on t'a emmené dans ton bungalow et tu murmurais un étrange nom.

-Étrange ?

-Ouais, on en a parlé à personne, mais on s'attendait Will et moi à t'entendre murmurer le nom d'Annabeth, mais l'autre nom que tu as chuchoté...avait glacé l'atmosphère.

Il s'approcha de moi (rien d'étrange, les fangirls, calmez-vous) et annonça d'une voix glaciale et rauque :

-Ce nom...j'ai senti une chose étrange avec ce nom, et encore plus depuis que l'on s'approchait de ton bungalow, nous avions décidés de rester en alternance près du bungalow, malgré les Harpies, pour éviter toute catastrophe, et lors de mes ''tours de garde'', il faisait froid, trop froid pour une nuit d'Août aux États-Unis même au Texas, je sentais un mélange de désillusions, de haine, d'égarement...et de mort, surtout depuis que tu as annoncé son nom : Ambres.

Ambres...son nom revenait en écho dans ma tête, où son nom revenait en crescendo, tantôt il disparaissait, tantôt il apparaissait, mais la mélodie ne s'arrêtait jamais.

-Bon...ben...conclut Nico d'une manière assez discutable.

Sauf que je n'avais pas envie de discuter, je me levais d'une manière assez brutale et commençai à me diriger vers là où mes jambes le pouvaient...c'est à dire trois pas avant le sol.

Tout en me relevant (et en grognant) il me dit :

-T'es lourd…putain, bon, reste au lit, j'ai promis à quelqu'un que je ferais gaffe si tu te réveilles, et une promesse importante.

-Qui ?

-Euh, je, euh...ordre d'un médecin.

-Ce médecin ne prendrait pas le nom de Will par hasard ?

Il rougit d'un coup, pari gagné !

Je me rassis- un peu trop- lourdement sur mon matelas, sentant le sommier craquer sous moi, et entreprit de parler un peu avec Nico tant que je l'avais sous le bras, même si là c'était lui qui me soutenait avec le sien.

-Alors, Nico, vu que ça fait, allez, quinze jours que l'on ne s'est pas vu, tu ne veux pas me faire une petite mise à jour ?

-Euh...et Annabeth ?

-Je meurs d'envie de la rejoindre, mais mes jambes préfèrent rester en vie un peu plus longtemps...

-...donc tu parles avec le Seigneur des Morts ? Le Roi Fantôme ? Le Maître des Ombres ?

-Eh, pas si fantôme que ça, t'as pris des couleurs ! Surtout le rouge quand on évoque Will.

Quoi ? Comment cela je ne suis pas délicat ?

-Arrête de dire des conneries, Percy, soupira-t'il.

-En gros tu veux me couper la langue ?

-Crois-moi, je l'aurais fait il y a longtemps si je le pouvais, dit-il d'un ton exagérément menaçant.

Et là, croyez-moi, j'ai vu beaucoup de choses étranges dans ma vie : le Minotaure transformer ma mère en poussière, un géant quasi-aveugle, j'ai porté le ciel sur mes épaules, vaincu le Labyrinthe, battu Cronos, on m'a séparé pendant huit mois de ma famille, j'ai survécu au Tartare et vu le sommeil de la Terre elle-même !

Mais tout cela ne m'aura jamais autant bluffé que de voir Nico DiAngelo faire une blague, rire, et même faire de l'auto-dérision !

Je le regardais maintenant avec un air assez...ébahi, et tout ce que je pus dire fut :

-Il s'est passé quoi à l'infirmerie durant vos trois jours ?

Et, mesdames et messieurs, veuillez applaudir le plus gros boulet que Gaïa ait dû porter sur ses épaules !

Il mit sa tête entre ses deux paumes, soupira une sorte de prière inintelligible, et me fixa directement dans les yeux.

-Il ne s'est rien passé.

J'abandonnai immédiatement, même s'il semble libérer un peu plus ses émotions, Nico restera Nico. (Je pense également qu'il ne veut pas de rumeurs de la part des enfants d'Aphrodite, ce qui est déjà le cas).

-Si tu le dis...tu peux t'en aller.

Il acquiesça de la tête, se leva, et sortit de mon bungalow, et avant que la porte ne se referme, je pus crier :

-NICO ! Au fait, il y aura quelques amis qui vont venir.

Il sembla comprendre, et referma la porte, me laissant plonger dans son royaume.

PDV Piper.


La soirée avait été longue, si longue, la nuit le fut encore plus.

Cette nuit-là, je ne dormais pas, j'étais resté au chevet de mon amie, puisque Percy...

Annabeth était terriblement calme, beaucoup trop pour être seulement endormie, malgré son visage qui affichait encore une minuscule lueur de vie.

Je serrais fort sa main, froide et sans joie, aussi fort que je le pouvais, j'essayais de la faire accrocher à quelque chose, à n'importe quoi qu'on eût vécu, elle devait revenir, pour nous tous, pour Percy.

Percy...son nom déclenchait une vague de sueur glacée, déferlant le long mon dos brûlant comme sur du sable des Tropiques.

La rage, la peur, la tristesse, la désillusion...comment puis-je trouver un seul et unique adjectif pour définir l'incendie qui détruisait le vert de ses yeux, comment puis-je commenter les restes de la forêt qui avait subi ce torrent ?

Ah...désolée...ça fait une bonne heure qu'un enfant d'Apollon sort des métaphores stupides sur la situation, ça commence à déteindre sur moi, ça me sert à imaginer, à me calmer.

Malheureusement, ce même enfant d'Apollon se taisait au fur et à mesure que les secondes passaient, il optait un visage plus dur et plus effrayé face à Annabeth, les rares fois où il parlait n'utilisaient plus de poésie, juste un simple mot, après plusieurs minutes de travail qui apportait le coup de grâce :

-Coma.

Coma. Un...coma...après...deux...semaines...de repos...seulement !

-Rentre dans ton bungalow Piper. Ça vaut mieux ainsi, elle ne se réveillera pas cette nuit.

Quelques heures après ça, mon sommeil avait fini par me rattraper, sadique et cruel tel un dieu venant pour me planter un pieu alors que le noir dansait devant mes yeux.

Aucun rêve ne venait me hanter cette nuit-là. Tout restait noir, je me sentais juste...en transe, comme un sommeil classique, mais lourd, tellement lourd, aux images impures et vierges de bonté.

Ces images repeignaient sans cesse le même tableau, sur la même toile vierge d'innocence et d'espoir, ce même dessin animé bien trop réaliste pour ne pas être un conte.

J'y voyais sans cesse une figure humaine se sculpter au milieu du cauchemar, illuminant le reste de la pièce d'un éclat faussement amical et bienveillant, comme un ange acceptant son terrible destin avec son simple sourire, sourire d'amour, seul trait distinguable avec deux nuages d'orage commençant à s'estomper et une crinière ensoleillée sur un corps blanc représentant la pureté ou la simple maladie.

Deux bras tenaient le corps (ou cadavre ?) de l'ange avec une telle puissance que leurs chairs semblaient se mêler, se rattachant à ce qu'il voulait voir : un simple sommeil, oui, l'ange dormait, son gardien le savait, c'était une évidence par les dieux !

Tête baissée, fixant le regard clos de son amante, quelques gouttes de larmes et un sourire amer se dessinaient sur le visage du gardien déchu, il commençait à parler à voix basse, une simple phrase avant de graver la sculpture délicate qu'il tenait dans les bras d'un baiser bref :

-Tu reviendras...hein ?

Sa voix tremblait, ne pouvait pas prendre la pose, ces paroles d'enfants devaient sortir, d'enfant qui ne connaît pas la mort, qui bouge tout le temps avec ses jouets et ses petites jambes.


Réveille-toi.

Une main forte me secouait l'épaule doucement, sa voix ne m'était pas inconnue.

Je plissais les yeux, les paupières fragiles, la lumière vive entourant la masse noire au-dessus se moi suffisait à m'éblouir.

-Piper, allez, réveille-toi, il y a une petite surprise pour toi.

-Nico...t'es pas cool de me réveiller comme ça...soupirais-je.

-Mieux valait te réveiller, tu avais les muscles du cou contractés et du te tordais dans ton lit...cauchemar ?

-Cauchemar, tu ne crois pas si bien dire...

Il me laissa là, je me préparais avant de sortir de mon bungalow, vide.

Midi avait sonné depuis trois quarts d'heures et pourtant je sentais que ma nuit fût trop courte.

-AH enfin ! Tu vas bien Piper ? me demanda un de mes frères.

-Oui, je vais bien, je le suis endormie tard.

-Eh bien heureusement que tu ne t'es pas couchée une heure trop tard !

Nico s'approcha alors que mon petit frère, l'un des rares de la colonie à être pensionnaire à l'âge de dix ans, tout sourire, s'apprêtait à m'annoncer quelque chose.

-Eh, Peter, franchement, tu voudrais lui gâcher la surprise ? dit-il, chose n'est pas commune, sourire aux lèvres.

-Oh, oui, c'est vrai, bonne journée Piper ! Au fait, c'est Drew qui a pris ta place aujourd'hui, suite à ce qu'il s'est passé...hier...

La fin de sa phrase partait dans des tons attristés et déçus. Comme la plupart des nouveaux venus, Peter a trouvé en nous -les neuf Héros de l'Olympe- un profond respect et une certaine admiration, et étrangement, encore plus à mon égard, à un point où le jour où il apprit qu'il était fils d'Aphrodite...il a explosé de joie et s'en es vanté parce qu'il était "la sœur de Piper"

Des fois c'est mignon et j'en ris sympathiquement, des fois ça faisait un peu flipper, mais il a commencé à s'y habituer, ce brave gosse.

Bref, je m'égare, la veille, lorsqu'il a vu Percy devenir...quasiment psychopathe, et Annabeth comme "morte" (ça me fait mal rien que d'y penser) en souriant lui a fait -logiquement et horriblement- bien mal.

Je vis le petit Peter partir vers le mur d'escalade ("dieux tout puissants, protégez cet enfant" prié-je) tandis que mes jambes m'amenaient automatiquement vers le réfectoire, sans savoir pourquoi.

Je ne voulais pas faire grand-chose ce jour-là, j'espérais juste que tout se réglerait dans peu de temps -stupide illusion !- et que bientôt tout sera encore une fois derrière nous et que tout redeviendra comme avant...sans Léo.

Léo gardait toujours une place douloureuse dans ma tête, parmi toutes les personnes qui le connaissaient, j'étais celle qui croyait le plus à sa survie, ce bon vieux Léo avait...non, A toujours un tour dans son sac ! Ce n'est pas ce genre de personne à se sacrifier sans y réfléchir, je le savais, j'en étais maladive parfois.

Mais, quand la réalité me rattrape, aucun médicament ne peut m'aider. Aucun.

Je fus rapidement tirée de ma rêverie par Nico, me demandant si j'allais bien.

Avant qu'il ne sache ma réponse, j'entendis un hennissement de cheval venant du Pin de Thalia, un son sans doute banal, mais des hurlements se firent entendre (et à la distance entre moi et le pin étant géante à ce moment-là, je peux vous dire que les cris frôlaient le concert de Hard-Rock)

-Mais qu'est-ce que ce cheval fait hors des écuries ?!

-C'est une urgence, nous venons d'arriver !

Mes dieux...mais c'est la voix d'Hazel !

-Nico, tu as entendu ?

-Oui, fit-il sourire aux lèvres, j'ai été prévenu, et je pense que ma sœur n'est pas seule...

Ni une, ni deux, je fonçais en direction du Pin.

Deux minutes plus tard, je vis Arion, le cheval attitré d'Hazel (bon, c'est plus compliqué que cela me direz-vous mais on ne va pas complexifier l'intrigue encore plus) avec cette dernière sur son dos, se disputant avec un enfant d'Arès qui lui cassait les pieds à propos de je-ne-sais-quoi.

Nous arrivions donc auprès des deux amis (oui, même l'enfant d'Arès) et Hazel descendit, l'air grave sur le visage.

-Nico, Piper, normalement j'aurais été heureuse de vus revoir, mais là...c'est trop...bref, il faut trouver Chiron et parler. Avec lui. Juste nous.

-Hazel. Qu'est-ce qu'il se passe bon sang ?

Elle ne prit pas la peine de répondre et fila en courant vers la Grande Maison, Usain Bolt serait jaloux vu la vitesse qu'elle avait prise en à peine une seconde.

Nico se retourna vers moi, l'air semblable par rapport à tout à l'heure, et se contenta de dire :

-Va dans ton bungalow. Il y est peut-être, je m'occupe de Percy.

Il ? Lui ? Jason ?

Mes poumons en flammes, je freinai à la porte du bungalow dédié à ma mère, le cœur battant et la respiration incertaine, coïncidant avec mes pensées. Et s'il n'était pas là ? Et si Hazel était venue toute seule ? Et si...

J'en avez assez de mes doutes, j'étais un peu trop émotive ces derniers temps et il était temps d'en finir. J'ouvris la porte.

Et ne vit rien.

...

Rien. Il n'était pas là.

Silence. Plus rien ne sortait de ma bouche ou rentrait dans mes oreilles. Silence.

Lentement, je me dirigeais vers mon lit, dos à la porte, sans volonté particulière, sans émotion particulière.

Cas d'urgence, rapport avec la colonie, mais Jason a des fonctions. Cela semble tellement prématurée et clichée comme situation.

Le mari qui part à la guerre, la femme au foyer. On hait tous les deux cette situation, nous avions déjà combattu côte à côte vingt mille fois, dans les airs, sur la mer, sous la terre. Il était juste inconcevable que nous puissions être séparés pour rien.

Pour rien...pour qui surtout ?

-Je suis stupide...murmurais-je, un sourire amer déchirant mes lèvres.

Stupide, oui, Candide, surtout. Jason avait des responsabilités, des priorités importantes.

Mes sentiments avaient pris la place du temps dans mon cerveau, qui coulait -comme ma vie- comme un fleuve pas si tranquille que ça, qui l'asséchait et reconstruisait autre chose au-dessus : les doutes, la peur et la tristesse. Non. Je n'avais pas si évolué que ça en quelques mois.

Alors, sans cesse, ma tête tremblait, grondait, pleurait, et réfléchissait, se demandant si cela valait la peine d'aimer.

Si ça valait la peine d'espérer. Une semaine. Une simple semaine. Même un appel n'aura pas suffi.

Pourtant, vous savez quoi ? Je sais relativiser. Je me disais que, si ce n'est pas aujourd'hui, ce sera demain, ou après-demain, mais ce qui est sûr, c'est qu'on se reverra.

Le futur global de tous les demi-dieux valait bien un petit sacrifice, n'est-ce pas ?

-Non.

La voix me fit "tilt" dans ma tête, les cours d'eau revenaient à leurs places, les idées claires, la plaine verte de vivante.

Je me retournai. Et le vit.

-Jason.

Sa silhouette illuminait la pièce d'une ombre imposante, provenant de l'encadrement de la porte, ses cheveux reflétant l'or de son crâne et de ses origines, droit et fier d'une grâce naturelle et le visage percé de deux arcs électriques d'un bleu intense qui faisaient éclater les fusibles de mon crâne.

Je m'avançais vers lui, murmurant son nom, tandis que lui faisait pareil de son côté, après avoir prit le soin de fermer la porte, rendant sa silhouette musclée plus...comment dire ? Distinguable ?

Nous sommes maintenant face-à-face, lui me regardant fixement, comme un mirage qui se matérialisait devant moi.

-Jason...

Je levais doucement les mains pour les mettre sur son cou, puis le long de son menton carré, je sentais ses os, sa chair, son sang circuler dans ses veines, j'entends sa respiration, ressent son souffle, perçois ses battements de cœur, et enfin, paupières closes, le goût de ses lèvres.

Des larmes de joie franchissaient mes barrières, mais je les laissais volontiers sortir, je voulais pleurer à ce moment précis, le fait de le sentir dans mes bras et le savoir vivant m'autorisaient de pleurer, de redevenir un peu comme avant, pour mieux changer après.

Revenir à ses bases pour avancer plus loin. En un baiser. J'adore cette partie de l'histoire.

Quand l'air commençait à manquer, ironique pour un maître des vents, Jason essuya les larmes qui arrosaient mon visage et assombrissaient son tee-shirt violet, un sourire chaleureux de sa part, faisant disparaître sa petite cicatrice que j'avais ressenti quelques secondes plus tôt, acheva d'arrêter mon cœur.

-Non, Piper, tu n'es pas stupide. Tu es l'une des personnes les plus brillantes que j'ai pu voir.

-Jason...tu es revenu, murmurais-je, dans ma stupeur et mon soulagement.

Je hais ce genre de cliché au cinéma, vous savez, quand vous vous ennuyez à mort devant ce genre de scène où tu veux crier ''BEN OUI IL/ELLE EST LÀ IDIOT(E) !", mais c'est tellement plus agréable de les vivre et de ressentir tout ce que tu n'arrives pas à comprendre en regardant des images.

-Évidemment, je te l'avais promis.

Nous nous séparâmes, lui tenant toujours mes deux avant-bras, son sourire partit en à peine deux secondes, le temps que ses yeux bleus reprennent leur couleur de ses périodes ''professionnel à l'action'' et me demanda avec précipitation :

-Piper, la situation est assez urgente, désolé de passer brusquement d'un sentiment à un autre, mais je dois voir Percy et Annabeth.

Et, deux secondes suffisent pour faire retomber le soulagement qui s'était installé, en une nouvelle panique. Il allait devoir tout lui raconter, ou presque.

Je le mis donc au courant de tout, laissant dans l'ombre mon ''rêve'' (à peine évoqué) en même temps que le cauchemar spécial d'Annabeth, une pointe de tristesse dans la voix. Les yeux de Jason s'écarquillèrent, ce dernier visiblement en état de choc, et se vautra sur le lit juste à côté, à savoir le mien.

-Ça recommence...prophétie, rêves, dangers...nous n'avons été tranquilles que deux semaines.

Deux semaines...deux sublimes (sauf sur la fin) semaines de paix sur ce monde (si on ignore les conneries des humains ''classiques'') et une nouvelle quête nous attendait, bien au chaud dans son lit de sadisme, espionnant nos aventures comme un livre ouvert et avec sa tisane de sang de semi mortels.

-Pip's, je t'en prie, dit moi qu'Annabeth, Percy et toi n'avez fait aucun rêve.

Et merde ! Jason tu n'avais pas besoin d'en rajouter une couche !

-J'en ai fait. Annabeth, je n'en suis pas sûre (j'entendais ''MENTEUSE'' dans ma tête) et Percy...non, il me semble que non.

Jason se leva, me prit la main, et me dit alors, sans transition :

-Il faut aller à la Grande Maison.

Une fois arrivé à la Grande Maison, quand je vis Hazel d'un air crispé, Reyna et Rachel Dare discuter avec un rictus sur le visage et Tyson qui attendait son frère, l'air plus du tout enfantin et une laide cicatrice sur le front, je savais maintenant que la récréation était finie.

Je saluai, avec pas énormément d'entrain, mes amis, et Hazel me fonça dessus.

-Tu vas bien...tu vas bien...soufflait-elle.

-Oui, je vais bien Hazel, ne t'en fait pas...pour moi, ajoutais-je après avoir mal avalé ma salive.

Reyna me saluait et Tyson m'ignorait.

-Il y a eu, ces temps-ci beaucoup de problèmes étranges, de nouveaux rêves qui annonçaient une sorte de nouvelle je-ne-sais-pas-quoi du tout, enchaîna Hazel qui -bien contrairement à d'habitude- semblait en réelle panique.

-De nouveaux rêves ?

-Nous t'expliquerons à l'intérieur, Piper, tonna Chiron qui arrivait devant moi l'air occupé, nous attendons juste...

-PERCY ! hurla Tyson qui se rua comme un taureau vers son algue de frère.

Sans exagérer, Percy avait l'air flasque, comme si toutes ses forces avaient été aspirées durant son sommeil après la piqûre de Will -que j'ai failli tuer...longue histoire que je ne préfère pas conter ici- alors quand Tyson menaçait de l'écraser façon compote de pommes, j'utilisai immédiatement mon enjôlement pour l'arrêter, Percy ne réagissant pas.

Tyson ralentit, et écrasa son frère entre ses bras qui ne bronchait pas, enfin si quand on a entendu une côte craquer.

-Tu vas bien ! Tu vas bien ! dit-il sur un ton joyeux.

-Oui. Je vais bien répondit Percy, d'une voix lasse et rauque.

La même scène, mais pas du tout les mêmes réactions...elles manquaient d'inspiration les Parques ?

Bref, quand Percy arriva, je me dirigeais automatiquement dans sa direction, lâchant la main de Jason, pour passer mon bras autour des épaules de mon ami, qui ne relevait qu'à peine la tête. Il était, comment dire...froid, mais son visage luisait d'une pellicule de sueur (berk) et ses joues étaient presque aussi rouges que lorsque je l'ai remarqué avec Annabeth au milieu de l'arène...j'avais déjà l'impression que cet événement datait d'il y a terriblement longtemps.

-Percy, j'ai veillé sur Annabeth toute la nuit. Elle va bien, elle dort.

Je ne sais pas s'il était sincère, mais un petit sourire se greffa sur le coin des lèvres, et un petit ''merci'' semblait sortir de sa bouche.

Je lui répondis par un ''pas de quoi'', et notre duo entra.

PDV Percy (le retour !)

"Annabeth dort...belle façon de dire qu'elle était dans le coma Piper, je t'en remercie."

C'est ce que j'avais envie de lui dire, à Piper, mais j'avais l'impression d'être un peu un connard sur ce coup-là avec le ton que je comptais prendre, si elle avait veillé toute la nuit sur elle, je ne pouvais que la remercier, sobrement.

Autant vous avouer que je n'étais pas du tout d'attaque à ce moment-là, et ce depuis que Nico et moi avions parlé ce matin.

J'ai passé toute la matinée à m'imaginer les pires choses qu'il puisse arriver à Annabeth, mais mon corps me faisait signe de temps en temps, pour que je sache comment il va.

Alors, entre nausées et maux de crâne, ma matinée s'est résumé à cette simple phrase : Pire que le Tartare.

Car au moins dans Tartare, il y avait Annabeth. Et on buvait (du feu, oui mais on buvait).

Mais je m'écarte du sujet, lorsque Nico, aux alentours de dix-sept heures, vint me chercher, même savoir que Tyson était là ne me motivait pas.

Alors je fis ce que je pouvais faire de mieux : me laver, me changer, et y aller.

Vous savez, j'ai toujours été observé par les autres, avant mes douze ans par pur dédain, depuis mes quinze ans par ''admiration'' (sans me jeter de roses) mais ces vingt minutes-là ont été les plus longues et les plus pesantes de ma vie, hors quêtes.

Tout le camp me contemplait avec le même jugement, le même mot derrière la tête : monstre.

Certains détournaient le regard par peur, surtout les plus jeunes du camp, ou faisaient dépasser leurs yeux de quelques millimètres pour continuer à voir ma marche longue et ennuyeuse. Certains de mon âge (autant dire aux alentours de seize/dix-sept ans) me regardaient avec dégoût et regret, mis à part quelques connaissances qui exprimaient une forme de soutien. Ou de compréhension, tout du moins.

Je passais à côté du bungalow des Arès, quand Clarisse me vit, et qu'elle commençait à s'approcher de moi, j'accélérai le pas. Je n'avais envie de parler avec pas grand monde, alors me disputer avec Clarisse, même par habitude, ne m'emballait pas.

J'avais pris soin d'esquiver l'infirmerie du camp, pour des raisons évidentes.

Et me voilà dans la Grande Maison, les côtes écrabouillées de la part de mon petit frère et le bras de Piper au-dessus de mes épaules, la tronche qui affichait mon état actuel : fade.

Chiron s'approcha et hocha de la tête à Piper qui se retira pour retourner auprès de Jason en m'adressant un sourire, le premier depuis ce matin (peut-être même depuis hier mais celui-là me rendait encore plus triste) , et Chiron posa sa main sur mon épaule.

-Bonjour Percy.

-Salut Chiron, lui répondis-je sans entrain du tout.

-Je sais que les temps étaient propices à autre chose, mais...

-Chron, commençais-je d'un ton glacial. Franchement, ce n'est pas la peine, je sais que le repos est fini, pas besoin de m'asséner des mots qui ne serviront qu'à me faire encore plus sombrer que le Titanic.

Aucun changement sur son visage. Juste un soupir.

-Asseyez-vous.

Ce que nous fîmes.

Nous étions assis en cercle, je me trouvais entre Reyna et Rachel, faisant face à Jason, Piper et Franck, qui est arrivé cinq minutes après moi alors que le silence régnait. Car oui, la question méritait d'être posée : comment aborder le sujet, sachant qu'il y a des choses que tout le monde ne sait pas ?

Nico également était présent, il s'occupait de fermer la figure de son côté en se plaçant entre Reyna et Jason

-Je...je suis désolé.

Tous les regards-encore- se posèrent sur moi. Mais des regards bienveillants. Tous...sauf un.

-Je suis désolé, Piper...pour ce qu'il s'est passé hier.

Je la voyais bouger nerveusement les lèvres, signe de stress, tête baissée, qu'elle releva enfin pour dire d'un ton bienveillant :

-Je n'ai pas besoin d'excuses Percy.

Le silence retomba, en même temps qu'une partie importante de mon stress, les autres ne devaient pas être réellement au courant de ce qui s'est passé depuis ces trois derniers jours, les pauvres.

Piper prit le soin de conter l'histoire qui s'écrivait depuis avant-hier, je ressentais des picotements dans ma cicatrice sur ma joue et sur les mains quand Piper évoqua ce moment-là. Hazel et Tyson, larmes aux yeux ne pipaient mot, Jason fit une mauvaise moue, Piper lui a sûrement déjà raconté, et Reyna avait la même réaction que Rachel : le visage qui durcissait, l'air de mélanger et de recomposer un puzzle géant dans leur tête, avec les éléments qu'on avait nous et ceux qu'ils avaient, eux, pour finalement tous nous stupéfaire avec une théorie qui se rapproche à deux cent pourcents de la réalité, comme à -presque-chaque fois avec Annabeth.

-...donc voilà ce qu'on a vécu. Deux rêves et un coma qui durera durant je-ne-sais-pas-quand.

-Deux rêves...Piper, tu m'avais dit aux arènes que tu avais fait un ''mauvais rêve", tu peux nous le raconter ? demandais-je.

Deux réactions se firent remarquer : Chiron qui, dans un geste ressemblant à un réflexe, tourna la tête vers Pip's et cette dernière qui écarquillait des yeux et se mordit les lèvres.

-Piper ? Tu vas bien ? demanda Jason immédiatement.

Hazel et Franck s'échangèrent des regards assez...spéciaux, une nouvelle forme de communication très poussée, comme un alphabet avec des syllabes et des consonnes, spécialement entre eux. Impossible de décoder, même une spécialiste en analyse par le regard buterait sur chaque mot comme un dyslexique. Reyna affichait maintenant, et ça même en étant très dur j'ai réussi à le trouver, une lueur d'inquiétude dans le regard, et certaines parties de son visage commençaient à produire quelques tics d'énervement, elle butait sur quelque chose dans ses réflexions.

-D…désolé...je ne peux pas...sanglota Piper.

-Piper, chuchota Reyna qui prenait enfin la parole près d'elle, euh...je ne suis pas experte en sentiments humains, eh, regarde-moi, Piper, si le rêve que tu as fait est vraiment personnel, je te comprendrais sans aucun soucis, j'ai moi-même caché pas mal de choses dans ma vie, commença-t'elle en lançant un regard à Nico qui hochait la tête aux derniers mots, mais je te promet que ça te hante, je te jure que ça te brûle, que ça te ronge, et qu'au bout d'un moment tu ne veuille plus le tenir, même si tu l'as déjà dit qu'à une seule personne. Piper, ne tourne pas la tête, fixe-moi dans les yeux, d'accord ? Est-ce que tu peux nous en parler si tu trouves que nous avons besoin de le savoir ? Si oui, raconte-nous, nous ne sommes pas des juges.

Woaw. Reyna bat tous les records, je le sais hein, j'ai pu m'en rendre compte il n'y a pas si longtemps que ça, mais là...convaincre une fille d'Aphrodite qui maîtrise l'enjôlement de lâcher ce qu'elle a sur le cœur...rappelez-moi de la respecter et de la vénérer plus tard s'il vous plaît !

Et en plus, ça avait marché, Piper avait relevé la tête, lancé un étrange regard ''discret'' envers Chrion, sécha ses larmes et débita tout ce que son rêve avait gravé dans sa tête.

Bizarre. Vraiment bizarre, la première partie du rêve était en effet vraiment pas agréable...mais la vache l'incendie de la maison ?! Un vrai coup de sadique que même le Jigsaw ne pourrait pas égaler ça (d'ailleurs il était marrant son septième) !

Jason, second concerné du rêve de manière indirecte, avait enlacé fortement les mains de sa chérie dans les siennes, qui semblait se détendre un peu avec le contact.

-Piper...pourquoi tu ne m'as rien dit ? demanda Jason.

-Certaines choses sont dures à cacher, mais encore plus de les dévoiler, répondit Nico.

Jason et Nico avaient partagé à ce moment-là un regard complice, je me souvins que Nico et Jason avaient vécu une mésaventure en Croatie il me semble, alors qu'Annabeth et moi visitions le lieu pour réserver la lune de miel, je pense que Jaz' venait de découvrir l'homosexualité de mon ami.

Bref, Reyna afficha un double sourire : un pour Piper qui l'encourageait et la félicitait pour avoir percé l'abcès et un autre adressé à elle-même, le message étant crypté, je ne peux pas dire à quoi elle pensait.

-Piper, si tu l'as et si ça ne te dérange pas...on pourrait savoir quel était le rêve d'Annabeth ? finis-je par lui demander.

-Non. Je ne l'ai pas, répondit-elle immédiatement d'un ton glacial et en orientant la pupille en direction de Chiron.

Il y a assez d'indices pour savoir que ces deux-là allaient rentre en rivalité non ? Sur le moment, je me concentrais sur les rêves de Piper.

-Étrange, tonna Hazel, la première partie du rêve me fait repenser à ce que je vivais il y a quelques mois : avant que tu n'arrives au Camp, Percy, le traumatisme de ma vie passée me faisait parfois revenir littéralement en arrière.

-Tu veux parler de ton passé avec Sammy V...avec lui ?

Elle hocha la tête, non sans difficulté et non sans ressentir la nouvelle dose de malheur qui intoxiquait la pièce, puis continua :

-Exactement, mais je ne dis pas que Piper fait comme moi, à l'époque je tombais là-dedans même lorsque je ne dormais pas, ça me prenait sur le vif.

-Et si c'était ce qui est arrivé à Annabeth ? rétorquais-je.

-Hummm, ça me semble plausible, quoique...il me faudrait connaître le rêve d'Annabeth...

Silence. De nouveau. Piper regardait toujours Chiron avec colère.

-Chiron ?

-Oui Percy ?

-Tu n'as presque pas parlé durant tout le débat, tu sais des choses ?

Piper me fixa instantanément, une lueur de victoire et de gratitude dans son visage, tandis que les autres ne faisaient qu'assister au début de carnage qui allait sûrement suivre. Chiron, fait rare, commença à avoir l'air surpris et piégé.

Ça y est, je suis sûr que Chiron a une part de responsabilité là-dedans.

-Chiron, Annabeth a dû te dire quelque chose d'important, si ça peut aider à améliorer son état ou nous faire avancer dans nos réflexions...

-Ça ne vous aidera pas. De plus, certains éléments sont encore trop obscurs pour qu'on puisse tirer une conclusion.

-D'accord...j'ai compris...Piper, faudra qu'on parle ce soir après tout ça. Si Chiron pense que ça ne peut pas nous aider, moi ça m'aiderait grandement.

Mon ton était dur, la rancune que je pouvais avoir envers certains dieux (salut Héra !) commençait à revenir, et je comptais bien partager ce poison avec Chrion sur le coup. Piper fit disparaître son air victorieux pour un air déçu, avec des senteurs de panique dans les expressions et les yeux.

Ouais, depuis tout à l'heure, on se regarde, on discute, on s'engueule, mais on ne réfléchit pas.

Et, soudainement, Tyson nous remit sur le droit chemin.

-Les gars, depuis tout à l'heure on parle d'Annabeth. On devait parler d'Ella et de ce qu'elle a non ?

Deux phrases, et le débat revint à son but principal : Ella.

-Je l'ai vu, Tyson, commençais-je, cette nuit je vous ai vu dans la tente de Reyna, Ella semblait...malade, dans le sens médical du terme Tyson me lance pas ce regard, et...c'est un peu comme ça qu'on a pû prévoir votre arrivée déjà. Et maintenant, je repense à l'appel que je t'avais passé hier.

Tyson hocha la tête.

-Oui, c'est depuis l'appel qu'elle a commencé à réagir comme ça. Le trajet jusqu'au camp Jupiter a été difficile car plus on s'approchait du camp, plus elle faisait des choses dangereuses.

-Des choses dangereuses ?

-Oui. Du genre, attaquer des mortels, ronger des fils électriques, parler que rarement. Les seules fois où elle parlait, elle sortait la même phrase, avant de se retenir avec les mains comme...

-...si elle voulait vomir ?

Tyson hocha de nouveau la tête, et déglutit. Jamais mon frère ne m'avait paru aussi "mature", il toucha de nouveau le relief de sa cicatrice sur son front, ce qui me donnait des démangeaisons à la mienne, sur ma joue.

-Elle t'a blessée comment ?

-Elle attaquait des gens sur l'autoroute, au tunnel Caldecott, j'ai essayé de l'en empêcher et elle m'a planté ses griffes dans mon bras et sur mon front. Elle est ensuite tombée de fatigue et je l'ai ramenée au camp, comme ça.

-Je...on a vécu deux évènements similaires, commençais-je en écarquillant les yeux, Annabeth m'a attaquée durant son sommeil, d'ailleurs je me demande encore comment c'est possible, elle m'a touchée ici sur la joue et sur les mains, et elle est retombée...après une piqûre de la part de Will.

Tous les yeux s'écarquillèrent, absolument tous, la coïncidence était trop grande pour que cela ne reste qu'à cet état-là : le Puits de Sagesse était au milieu d'un obscur manège.

-Ella...elle a commencé à dire une prophétie non ? demanda Jason après un long silence général.

-Oui ! Lors de l'appel d'hier, les dernières secondes montraient Ella qui disaient une phrase...attends...arght, je ne m'en souviens plus...

Mon cerveau tournait dorénavant à plein régime, risquant la brûlure, trop d'éléments, trop de choses à retenir et à remettre dans le bon ordre, un jeu de puzzle trop grand pour le faire seul, trop de pièces manquantes, trop d'indices non trouvés ou non reliés.

-Quinze années écoulées ? demanda Tyson.

-Oui, exactement ça.

Chiron se leva (oui, il avait pris sa version ''humain handicapé'') et se dirigea vers Tyson.

-Tyson, tu es conscient que...

-...oui, c'est forcément une prophétie, on en avait parlé au Camp avec les autres.

Toutes les personnes que j'avais vu sous la tente hochèrent la tête en signe d'approbation.

Des clics et des claques résonnaient dans ma tête, comme une horloge défectueuse...toujours une histoire de pièces, toujours ce même problème qui arrive à chaque fois.

Une seconde plus tard, des gémissements se faisaient entendre de derrière Piper, qui se releva immédiatement et sortit Katoptris par réflexe. Sur le fauteuil, les quelques draps qui couvraient je-ne-savais-quoi commençaient à bouger, révélant quelques plumes rouges rattachés à des sortes de bras fins comme des bâtons de bois. C'était Ella. En pleine crise de folie.

Tyson se précipita sur elle, et, sans la toucher, il lui chuchota quelques mots dans l'oreille et elle se calma, bien réveillée pourtant.

-Elle panique des fois, alors je lui rappelle un lieu familier. Ça marche bien avec les bibliothèques.

N'empêche, il est fort Tyson. Très fort.

Ella ne parlait pas du tout. Et ce qui me choquait le plus, ce soir-là, ce n'était pas toutes les découvertes que vous venez de lire, ce ne sont pas les bruits qui commençaient leur longue torture, ce n'est pas le fait de savoir qu'une nouvelle prophétie allait nous tomber dessus, mais bien Ella.

Son teint pâle et maladif se mélangeait mal à ses plumes rouge sang qui perdaient de leur vif pour passer sur un ton de feutre rouge usé, ses plumes qui se faisaient plus petites, plus nombreuses et plus envahissantes tombaient par dizaine chaque seconde. Des cernes trois fois plus grosses que les miennes tachaient encore plus le tableau, tellement blanchâtre qu'on peut se demander s'il est encore vierge.

Elle avançait à petits pas, tous tous petits pas, qui lui faisaient décrocher des plumes au passage, sa silhouette était résumée à des brindilles de bois collées entre elles par de la Patafix et de la colle sur lesquelles on aurait fixé des plumes artificielles et des yeux en plastique.

Elle se tenait timidement au milieu du rectangle qu'on faisait, puis se tourna vers Piper, le fixa de ses yeux faux et lui dit d'une voix qui n'était presque pas la sienne, ces trois mots tranchants :

-Toi. Succéder. Séparer.

D'accord...une touche de plus sur le mystère !

Elle évita gracieusement Reyna, Nico, Rachel, Hazel et Franck avant de poser les yeux sur Chiron.

-Tu ne peux rien cacher.

Elle s'attarda enfin sur moi, et m'examina au plus profond de mes yeux, qui se reflétaient dans le marron des siens, formant une couleur assez étrange, un océan de sang qui déferlait sur la Terre entière d'une vague froide et meurtrière.

-Grand choix. Malédiction.

Deux mots, deux claques.

Elle se détacha enfin de moi, quelques plumes venant me piquer la peau, et se plaça au centre, et enfin, dans un esprit de lucidité, dit à tout le monde :

-Ella est désolée.

Soudainement, elle se tordit de douleur, se tenant l'estomac, le cerveau, criant à l'agonie, une lumière verte envahissait dorénavant son corps.

-Ce n'est pas le don d'Apollon. Ça ne fait pas aussi mal, rétorqua Rachel.

-Elle a parlé de malédiction, qu'est-ce qu'elle voulait dire ?! hurlais-je pour vaincre les cris d'Ella que Tyson tentait d'étouffer.

Soudain, Reyna eut un déclic dans le cerveau, ce qui était clairement visible sur son visage et courut vers moi.

-Percy, Ella a parlé de malédiction. Certains détails parfois, même étranges et même stupides peuvent amener à quelque chose. Annabeth s'est éveillée à quelle heure hier ?

- Aux alentours de dix-sept heures.

- Tu sais quel jour on est aujourd'hui ?

- Le dix-sept Août.

-Et demain, tu fêteras tes...

-Dix-sept ans.

Trois fois le chiffre dix-sept. Qu'est-ce que ça veut dire ? Et quel était le rapport avec tout le reste ? Quelle importance ce chiffre venait tout juste de prendre alors qu'elle venait d'arriver par pur hasard comme dans une mauvaise fiction ?

Reyna prit trois airs à la suite, alors que le nôtre commençait à transpirer de peur et de mort, une partie de sa théorie venait d'être validée. Dix-sept Août de cette année. Dix-sept heures. Dix-sept ans.

Comme dans un calendrier à la suite logique : jour, puis mois, puis année, début, puis milieu, puis fin.

-Percy, tu es en danger. Le dix-sept est porte-malheur chez les romains. XVII, anagramme de VIXI...qui veut dire "J'ai vécu" ou "Je suis mort".

Naître, Vivre, Mourir.

Ce jour allait-elle annoncer ma mort ? Ella est-elle la Faucheuse ? Mes amis ici sont-ils des témoins ou des meurtriers ? Suis-je fou ou bien mon cerveau a-t 'il définitivement éclaté ?

Et, enfin, avant que je puisse répondre et pour achever les souffrances d'Ella, elle sortit enfin :

Douze années écoulées après la fin des hostilités,

La malédiction de la princesse enchaînée sera renouvelée,

La fin des mauvais jours et d'un discours aux mots figés dans l'ambre,

Sera le jour où un héros, des nuages pourra descendre.

Un choix final conclura deux destins,

D'un brasier géant où le monde croira à sa fin
annabeth10320

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Re: Vie de Cauchemar. [Fanfiction Percy Jackson/Les Héros de l'Olympe]

Message par annabeth10320 »

OUAHHHHHHHHHHHHH ! C'est trop bien, et le suspens est très réussit. Continue vite ! :D :D :D :D
Raang

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Re: Vie de Cauchemar. [Fanfiction Percy Jackson/Les Héros de l'Olympe]

Message par Raang »

Merci, ça fait plaisir :D le chapitre 5 est en cours d'écriture, je l'ai presque fini et je comptais le poster pour le 20 -même si je pense qu'il sera posté un peu plus tôt.

Eteuh, je viens de voir que je ne viens pas souvent sur ce forum :oops: je vais un peu plus m’impliquer, pardon
Raang

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Re: Vie de Cauchemar. [Fanfiction Percy Jackson/Les Héros de l'Olympe]

Message par Raang »

CHAPITRE 5 : Parlons, mon enfant PARTIE 1
PDV Annabeth.
Je vis. Mes dieux, je suis en vie.
J'étais plongée dans le noir, seule, l'atmosphère me tuant à grand feu.
Noir, noir et toujours noir. Les rêves ne pouvaient pas commencer d'une autre manière, de temps en temps ? Par exemple, une bannière :

BIENVENUE CHEZ MOI.

FAITES ATTENTION A NE PAS MOURIR TRAUMATISÉS.

Bisou. Hypnos and co.

Riez, riez, il s'agit du seul moment où vous pourrez le faire.

La haine était le premier sentiment qui envahissait mon corps, la haine envers les Parques, les monstres, les dieux, Aphrodite (elle est un peu à part celle-là), Héra (encore plus), envers tout ce monde qui ne se doutait de rien et qui se faisait sauver la vie dans un monde où les êtres les plus puissants ce cet univers avaient besoin de nous, leurs gosses, pour sauver leur auguste derrière afin qu'ils puissent encore le poser sur leur trône et ainsi continuer à gouverner comme des merdes gâtés par la nature. Envers les bases même de cette sale mythologie mythomane et perverse qui promettait une gloire éternelle et un respect inconditionné en échange d'une vie aussi légendaire que courte.

La haine envers tellement de choses, envers tout. Je hais tout le monde.

Même toi en train de lire et de rire et de te délecter de ma souffrance. C'est tellement plus simple d'être de ton point de vue.

J'en ai assez de tout ça, assez des promesses, assez des jurements, de mes sentiments.

J'en ai assez de ma mère, de mon père, je les hais pour s'être rencontrés !

J'en ai assez des monstres.

J'en ai assez de moi.

Honte de ma vie. Honte de ma mort.

Mais j'en avais besoin, je la voulais.

-Attends.

Une voix...cette voix brisa mon esprit et mes réflexions perverses comme des éclats de verre, chutant loin, loin en dessous des terres pour alimenter le sol du Tartare, au loin, au fond de cette voie sans fin.

Hypnotisée, je relevai légèrement la tête, ouvrant mes paupières qui semblaient vouloir s'unir dans la mort, et la vis.

Droite comme une statue, bien familière, sur un sol sombre et invisible duquel mon dos refusait de se séparer, irradiant l'horizon d'une lueur argentée et d'un arôme respectueux, d'intelligence et de fermeté. Devant moi, à quelques dizaines de mètres.

-Mère.

Athéna sourit, un sourire ni amer ni joyeux, juste un sourire respectueux se sculptait sur le visage de la déesse de la Sagesse.

-Annabeth Chase.

Un étrange sursaut se produisit dans ma poitrine à l'entente de mon nom, la stupéfaction sans doute.

Je voulais aller la rejoindre, pour l'avoir en face-à-face, mais deux forces me l'interdisaient : mes muscles qui voulaient rester endormis et ma volonté qui soupirait au profit du confort à la place de l'effort. Durant quelques secondes, j'avais tenté de vaincre cet état, mais impossible, les garnisons étaient trop fortes.

-Mère, je ne peux pas me lever, aide-moi, la priai-je.

Athéna s'approcha, lentement, gracieusement avec un air impossible à décrypter qui ne faisait que renforcer l'atmosphère oppressante que subissait ma cage thoracique. L'air acide et amère me brûlait la gorge et me donnait les larmes aux yeux, impossible à les cacher.

Un sourire, toujours le même, s'adressa à moi d'un ton calme :

-Annabeth, tu es sans doute l'enfant qui a fait toute ma fierté et mon honneur.

-J'en suis heureuse, sincèrement.

Oui, mieux valait jouer la carte de la sécurité à ce moment-là, étant en position de soumission envers elle qui pouvait tout me faire si j'osais commettre l'affront de l'insulter. Le suicide n'est pas un centre d'intérêt prioritaire pour l'instant, merci.

-Je sais que tu ne le feras pas, dit-elle avec son sourire fier.

Elle a dû savoir à quoi je pensais, d'un côté ça me rassure, d'un autre côté ça me fait un peu peur. Est-ce donc cela que ressentent mes amis quand j'analyse leurs visages ? D'ailleurs, le fait-t-elle consciemment ?

-Je sais que la situation n'est pas propice, mais nous avons le temps, alors...parlons, mon enfant.

Je ne dis rien durant les quelques secondes qui suivirent, trop surprise par sa proposition.

Parler. Ma mère veut me...parler ? Ce cas était tellement rare que j'aurais dû sans doute m'en réjouir et la remercier.

Mais je ne suis pas idiote. Je venais de sombrer dans un état proche de la mort, j'étais fatiguée, je ne pouvais plus bouger -tel un cafard écrasé sous une semelle de chaussure-et comme par hasard une déesse prend du temps pour parler avec son enfant.

-Parlons, oui...alors, comment vais-je mourir cette fois ?

Un sourire doux-amer fendit son visage en deux, mais quand elle me parlait, son ton ne changeait pas, toujours un aspect calme et posé, tel une rivière qui suivait son cours ou un événement qui se déroule selon le plan. Pas d'accrocs, pas de problèmes.

-Perspicace. Vois-tu, techniquement, tu es entre la vie et la mort.

-Je suis dans le coma, déduis-je.

-Oui. Normalement je n'aurais pas pu venir ici, mais disons que j'ai pu établir une forme de contact.

-Nous avons on-ne-sais-combien de temps alors...soupirais-je.

Athéna acquiesça d'un mouvement de tête, et se rapprocha de moi avec l'habituel mouvement gracieux et "parfait" des déesses qui rendrait jalouse une mannequine formée à l'Académie militaire. Elle sembla remarquer les traits trop expressifs de mon visage, dont j'étais inconsciente de leur existence et de leur signification (jalousie ? stupéfaction ?), et en ria jaune.

-Ah, ça, les risques du métier.

-Ne t'en vante pas non plus hein Maman, riais-je

Une seconde après, je me rendis compte de ce que je venais de faire : je venais de rire alors que j'étais ''morte'', j'ai partagé un moment assez étrange avec ma mère, et j'ai appelé cette dernière "Maman" sans animosité !

-Les habitudes arrivent vite.

-En effet, dix-sept ans, c'est rapide.

Elle se tut, surprise par ma réponse. Sa précédente réplique m'est restée au travers de la gorge, je me devais de lui recracher ce qu'elle a injectée. J'avais pris cet étrange décision d'un coup de tête.

Et, de nouveau, la haine repris le contrôle de mon corps, je voyais au travers d'un filtre noir de colère que j'accueillais, étrangement, comme une amie, un frère de soutien face au nouvel ennemi au front qu'est devenu ma mère.

Je la fixais désormais dans ses yeux tornades avec un regard à peu près similaire à celui de Tartare : je voulais lui aspirer je-ne-sais-quoi venant d'elle. Sûrement son espoir.

Si elle en avait, je voulais lui voler l'espoir de me parler aussi banalement et éviter la conversation, bien que ce ne soit pas son but, je voulais lui voler l'espoir peu probable de me voir comme elle voulait que je sois.

Je voulais lui voler tout l'espoir qu'elle avait, car j'en avais plus.

Je ne savais pas quels mots choisir, ce qui me rendait d'autant plus en colère, et enfin, deux mots, chargés de sens, voulant dire tout ce que je voulais dire sans gaspiller ma respiration, ma salive et ma voix, sortirent de mes lèvres :

-Pourquoi moi ?

Elle comprit, et se mit à tisser une réponse adéquate dans sa tête, prenant son ''habituel'' aspect calculateur. Et c'est là que je fis un peu plus attention à certains détails.

Athéna était venue en tenue tout à fait occidentale : blue-jean, tee-shirt, baskets (je n'ai pas été payée pour dire quelle marque), avec pour seule particularité sa ceinture qui tenait un fourreau assez grand et fin qui contenait une épée dont je ne pouvais deviner que la forme. Pas réellement une tenue de guerrière, on est d'accord.

Ensuite, quand je disais qu'elle illuminait, je ne rigolais pas : la lumière de Times Square ne suffisait pas à égaler celle d'Athéna, causant une sorte de couronne lumineuse autour du corps qui se statufiait devant moi. Couronne parfaitement ovale. Sans aplati au niveau des pieds.

Mon niveau de stress augmenta de dix-sept pour-cent en une seconde et demi.

Ma mère restait silencieuse, elle venait de stopper ses réflexions.

-Je ne sais pas.

Ce fût tout ce qu'elle pût dire. Après un long (ou court) moment de réflexion, sa seule et unique réponse est la même que la mienne. On ne sait pas.

-Tu ne sais rien, absolument rien n'est-ce pas ? rétorquais-je d'un ton inqualifiable.

Désormais, je ne voulais plus cacher ma hargne, j'en avais trop, peu importe si les mots choisis ne sont pas les bons, peu importe les maladresses de mon discours, peu importe le rang qu'elle a envers moi ou envers le monde entier. J'étais une adolescente qui faisait sa crise, oui. Mais je déclarais surtout la guerre à ma mère.

-Ne dit rien Annabeth m'ordonna Athéna, grossière erreur stratègique.

-Athéna. Ecoute-moi, et ouvre bien tes augustes oreilles car je ne crierais pas deux fois. Cela fait DIX ans que je sacrifie ma vie et celle des autres pour ce monde. Dix ans que je gaspille mon sang, ma sueur et mes larmes pour, ne serait-ce que pour cela, aider les autres demi-dieux à vivre à peu près correctement et à affronter le futur sans idées noire. Si je donne tout ce que j'ai pour les autres, c'est pour qu'ils ne vivent pas ce que j'ai vécu : traumatismes, doutes, désillusions et j'en passe. Et, lorsqu'une petite vague d'espoir s'allume, vous, les dieux, vous vous débrouillez pour tout gâcher : après ma fugue et la mort de Thalia, après la Seconde Guerre des Titans avec la quête des Sept, et après la quête avec...ça ? Ma mort ? Pure et simple ? Je sais que cela fait partie des règles du jeu. Je sais que depuis dix ans je peux mourir à chaque instant. Alors, je te repose une fois ces questions, et je veux une réponse, Athéna : Pourquoi maintenant ? Pourquoi moi ? Pourquoi ?

Je ne touchais pas encore au sujet qui fâche, je lui garde cette botte pour le coup de grâce.

Athéna reçut ces paroles en plein cœur (si elle en a un ?) comme une combe nucléaire, je venais de recréer l'Histoire en lui redonnant tout ce qu'elle et les autres dieux m'avaient fait. Elle était devenue mon bouc émissaire, je voulais que ce soit elle plutôt qu'Héra ou Aphrodite, ce serait bien trop facile.

Elle me regarda d'un air nouveau, clairement outrée et énervée face à l'affront que je venais de commettre, mais je n'en avais rien à faire. Je vais mourir n'est-ce pas ? Alors crachons nos quatre vérités avant que le fil ne soit coupé et la guerre arrêtée.

-Tu veux que je sois franche Annabeth ? dit-elle d'un ton bien trop calme.

-Après tout ce que j'ai vécu, tu ne peux pas m'effrayer Athéna.

-Parfait. Pourquoi toi et maintenant ? Les Parques ne sont pas écrivaines, elles sont comme moi : elles tisent. Elles ne font que prendre un fil et de le couper. Les dieux ne sont pas décisionnaires dans le sort de leurs enfants. Annabeth, la seule et unique raison de tous tes malheurs vient d'une simple chose : tu es un grand Héros, et j'en suis désolée. Désolée pour tout ce que tu as vécu, ce que d'autres dieux, ou déesses, t'ont fait vivre. Désolée pour les guerres, désolée pour la quête pour la statue, désolée pour le Tartare...désolée pour Luke...et désolée pour Percy.

Je faillis m'étouffer à peine sa tirade terminée, toujours ce même et horrible ton trop calme.

Ses mots me transperçaient tels des lances empoisonnées lancées par centaines, chaque lance visait un point particulier, qui ironiquement et métaphoriquement touchait juste à chaque fois.

''Désolée pour ce que tu as vécu"...mon épaule commençait à fondre comme neige au soleil.

"Désolée pour la quête de la statue", ma cheville semblait se déchirer en deux parties, impossible de me relever là, c'est sûr.

"Désolée pour le Tartare", ma poitrine et mes poumons me compressaient le cœur.

"Désolée pour Luke...et désolée pour Percy", ça y est, il a fini par exploser.

-Désolée...murmurais-je.

Des larmes commençaient à tomber, pour la mille-et-unième fois depuis ces derniers temps, mais celles-ci avaient un goût et une odeur particulière : de vraies larmes de désespoir, plus acides que l'air du Tartare et plus épicées que le feu du Phlégéthon, signe de défaite.

J'ai perdu la guerre que j'ai moi-même lancée à ma mère, déesse de la guerre, comme quoi, les pires séquences de ma vie sont remplis de tellement d'ironie.

Ironique que mon cauchemar dure désormais dix ans, n'est-ce pas ?

Ironique que le miracle que j'attendais soit la plume pour signer ma fin, n'est-ce pas ?

Ironique que la fille d'Athéna la plus stratège et la plus remarquée de toutes soit en couple avec le fils de son rival de toujours, n'est-ce pas ?

Ironique que mon premier traumatisme soit un sacrifice, n'est-ce pas ?

Ironique que ma vie soit ponctuée de promesses non tenues, n'est-ce pas ?

Ironique que même en ayant visitée le point le plus profond des enfers je me sente ici plus bas que terre, non ?

Ironique que la seule personne que je prenais pour père m'obligeait à garder le silence sur ce que j'ai, non ?

Ironique que celle qui m'a reniée la dernière fois que je l'ai vue vienne me voir tranquillement alors que je suis de nouveau aux portes de la mort.

Ironie. Ouais, c'est le mot qui pourrait figurer sur mon épitaphe.

-Tu es désolée pour tout, hein ? Même pour lui.

Ça y est, l'abcès est crevé, on parle enfin du sujet qui fâche.

-Tu t'excuses pour Luke, pour ce qu'il a fait, pour ce que tout ça représente, je l'ai compris. Tu t'excuses pour tout ce qui m'est arrivé pas votre faute...mais tu sembles le ranger LUI dans cette même case.

Elle haussa les épaules et soupira d'un ton las, en levant les yeux au néant qui s'étendait vers le haut.

-Enfin, nous parlons de Percy Jackson.

-Tu devais t'y attendre.

-Et je redoutais ce moment-là.

Je souris, la nette et agréable impression de reprendre l'avantage naissait dans ma tête, et ce à mon grand soulagement.

-"Désolée" pour avoir rencontrée Percy, fils de Poséidon, n'est-ce pas ?

Athéna hocha de la tête, l'air encore impassible.

-Cela fait bien longtemps que je me suis fait à cette idée saugrenue, Annabeth.

-"Bien longtemps" signifie depuis quand ?

Elle sourit amèrement.

-Depuis votre petite embrassade à Athènes.

Ce fut à mon tour de sourire, cette cervelle d'algues avait le pouvoir de te clouer le bec en quelques secondes juste en faisant quelque chose au meilleur endroit, au pire moment.

-Alors, pourquoi désolée ? Tu ne t'excuses en rien pour ce que tu as pu lui dire, tu es trop fière pour cela.

-Je commence à comprendre mes frères et sœurs quand ils sont exaspérés par mes capacités, fit-elle en gardant son sourire qui prenait des teintes nostalgiques, je confirme ce que tu as dit, je n'approuve toujours pas ta relation avec lui.

-Tu sais que tu viens de réussir à être incohérente dans tes propos ?

Et là, Athéna fit une chose qui me sidéra, et qui me sidère encore à l'heure où je vous lis ces lignes : elle s'approcha encore plus de moi pour être au plus proche possible, et s'assit en me fixant continuellement. Nous étions face-à-face, mais elle me dominait toujours physiquement.

La guerre reprit silencieusement.

-Oh que non, je ne suis pas incohérente, ma chère fille, tout tient en une simple nuance : j'ai accepté le fait que vous soyez ensemble, mais ta relation avec lui est dangereuse, ce que je ne peux en aucun cas accepter.

Dangereuse...comme une vie de demi-dieu. Mathématiquement, deux demi-dieux qui partagent une même vie ne peux qu'aller dans un sens unique : si l'un des deux est dangereux, le couple l'est. Or, Percy et moi, c'est un cas particulier.

Trop particulier pour que notre histoire soit simple, ironiquement.

-Dangereuse pour qui ?

-Dangereuse pour toi.

J'expiai un rire, Athéna qui mentait, qu'est-ce que c'était marrant !

-Le mensonge n'est pas ta tasse de thé Maman, on avait dit ''franchise".

Enfin, après je-ne-sais-combien-de-temps de discussion, la colère commençait à étinceler sur le visage de ma mère. Je me régalais, je voulais que cet instant dure le plus longtemps possible. J'adorais céder à ce doux sentiment de supériorité, je voulais la narguer, c'était un magnifique hors-d'œuvre sucré comme il le fallait.

-Percy Jackson est un danger, Annabeth Chase.

Oh, oui ! Elle m'appelait par mon nom de famille ! C'est mieux que tout sentiment qu'un être humain pouvait ressentir !

Je sentais quelques bourdonnements dans mon ventre : mon estomac, assoiffé d'encore plus, toujours plus, à tout jamais.

J'avais faim, et je comptais bien savourer mon festin d'après-victoire. J'avais faim après dix-sept ans de jeûne, et enfin une grâce divine m'accordait ce droit. Je me sentais divinement puissante.

-Un danger...tu as parfaitement résumé ma vie Maman et je te félicite !

J'étais libre, libre de dire ce que je voulais.

Délectation, passion, douleur, sacrifice, explosion, envol, aucun mot ne peut définir ce que je ressentais, peut-être qu'un jour je trouverais de quoi il s'agit, mais qu'importe. J'adorais cet état, ça me faisait tellement de bien qu'un bête sourire se forma sur mon visage, et quelques larmes descendaient en rappel.

Un beau doigt d'honneur que je lançais sans pudeur.

-Ta vie. Voilà la raison pour laquelle je suis là.

-Tu viens m'annoncer ma mort ? Oh, ma mort de la main de Percy ? J'ai hâte soudainement ! Vas-y, donne-moi tous les détails, mobile du meurtre, heure et méthode d'exécution ! Attends, non, je sais ! C'est comme dans mon rêve c'est ça, hein ? C'est une prédiction ? Ah...je jubile déjà, m'exclamai-je avec la forte envie de me moquer d'elle, tu ne sais pas à quel point Athéna !

Un rire de folie perçait le silence du chaos environnant...oh, Chaos ! Un nouvel ennemi ? Un ancien ami ?

Athéna perdait petit-à-petit le contrôle d'elle-même.

Chacune de mes paroles lui défiguraient tendrement le visage, à un point où je crus voir un filet d'Ichor couler le long de son visage, juste sous son œil gauche, une petite goutte de miel pour ravir mon esprit qui ne verra sûrement plus la Lune.

-Oui. Ta mort est proche, Annabeth, dit-elle en essayant de garder sa voix droite et ferme.

-Parfait ! jubilai-je.

Un rictus scarifia le visage d'Athéna, je la tenais par la peau du cou, j'avais gagné le combat. Jamais une victoire n'avait jamais été aussi exquise et intense que celle-là. Tout mon corps était dans un état de transe hypnotique très étrange, tendu et relaxé, brûlant mais grisant.

Mes tendons et mes muscles travaillaient comme jamais, ma cheville guerrière semblait rouvrir ses cicatrices, mes organes bouillaient, mon cerveau explosait, mon sang courrait. Mais ça ne suffisait pas, Ô grand non !

-Annabeth, écoute-moi, tu perds le contrôle de toi-même.

-Comme si je l'avais toujours eu, ce contrôle. Jusqu'à maintenant, je le subissais Athéna. Pour une fois que j'accueille les fils qui contrôlent le pantin que je suis avec plaisir, tu ne mérites pas de me faire la leçon.

-Tu te trompes Annabeth.

-Non, non, tu le sais et tu ne veux pas l'admettre : je suis fichue dès le départ hein ? J'étais fichue depuis le jour où tu as rencontré Papa. Jamais je n'ai eu une vie à peu près facile, alors on me donne de faux-espoirs hein ? Les Parques ne sont pas que des tisseuses, ce sont de vraies araignées qui te mordent et te sucent le sang comme un cocktail grenadine. Alors, autant s'amuser à pourrir une vie bien courte de base, autant s'amuser comme des enfants n'est-ce pas ?

Athéna ne dit rien, je repris un peu d'oxygène et continuais ensuite ma cinglante tirade.

-Et comment s'amuser correctement et décemment ? En m'envoyant les monstres les plus durs de la création ? Non, trop facile. En me mettant face à la fin des temps ? Non, trop too-much pour une déesse...OH ! Je vois...les sentiments.

Je n'en pouvais plus, c'était atrocement délicieux, j'étais transportée dans un autre monde, un autre pan de l'existence. Je me sentais plus que moi-même, j'étais cette parcelle de moi que je n'avais jamais explorée au fond de mes tripes, une exploratrice d'une caverne plus sombre que les sous-terrain antiques mais paradoxalement, et toujours ironiquement, familière. Je prenais un plaisir de monstre, un plaisir de ce que j'étais quoi ! Un monstre de foire, un candidat d'une émission de télé-réalité pour satisfaire les augustes et prétentieux égos de déesses qui ont vécu dans un monde encore plus crade qu'une banlieue du Bronx !

-Hein, c'est beaucoup plus drôle de jouer avec mon cœur qu'avec mes muscles pour ensuite panser les plaies afin de mieux me blesser par la suite ? C'est mieux de me faire croire, de me faire espérer, de me faire crier, hurler, pleurer pour que je vienne me tourner vers vous, en me priant de m'aider ? C'est mieux de faire en sorte que Luke se sente trahi pour qu'il essaye de vous détruire hein ? On s'amuse deux fois plus putain !

-Annabeth, ton langage.

-La ferme, je n'ai pas encore dit ce que j'avais à dire sur sa majesté des vaches. Quoique, non, je n'ai pas envie de gâcher ma salive et mon temps sur celle-là, ça ne servirait à pas grand-chose, c'est hors-sujet.

Athéna, estomaquée, eut une lueur de compréhension dans le regard : elle avait décodé mon plan.

-Tu te fais du mal, Annabeth, arrête.

-Oh, et maintenant tu veux que j'arrête ? Alors que je suis en train de vivre LE meilleur moment de toute ma vie ? hurlais-je entre deux rires de psychopathe.

-Ce que je vois, ce n'est absolument pas toi, ce n'est pas...

-...ce n'est pas ta fille, ce n'est plus celle que tu avais renée hein ?

Je n'étais plus moi, je pouvais lui accorder ce point-là, c'était trop bon, trop parfait pour que cela puisse être Annabeth Chase.

Mes paroles devenaient incohérentes, je bougeais frénétiquement, toujours bloquée par la colle qui enduisait le sol, la folie devenait une amie tellement complice que je comptais me marier avec elle. Je riais, riais à en perdre la raison, je riais à profusion, je riais de toutes actions, je riais, sans espoir de rentrer à la maison.

-Tu es ma fille, Annabeth, murmura-t'elle tout en se mettant sur les genoux et en s'inclinant vers moi.

-Oh, un dieu de l'Olympe qui s'incline devant sa progéniture, comme c'est fantastique !

Soudainement, elle mit sa main sur mon front : une main froide et apaisante, irradiant d'un pouvoir que je ne connaissais pas.

Mes muscles se détendirent, ma crise d'épilepsie se calmait petit-à-petit, un soupir s'extirpa de mes lèvres, mon cerveau bourdonnait.

Un large sourire involontaire traversa mon visage, mais j'avais repris mes esprits, et réalisai enfin ce que je faisais et ce que je disais.

Une vague de panique et de honte déferla en trombe dans mon corps, à la merci de ma mère sans doute vexée, qui allait faire je-ne sais-quoi sur moi. Et la panique s'empara finalement de moi.

-Maman, qu'est-ce que tu fais ? hurlais-je.

-Désolée. Ce fut sa seule réponse, froide et sincère.

-Tu vas me tuer ? Non, je t'en prie, non...je t'en prie.

Et, enfin, une aura grise m'enveloppa, et me transporta vers le haut, sans me laisser la mobilité du dos.

Seul un mot sortait de mes lèvres, l'ascenseur émotionnel avait atteint le rez-de-chaussée à une vitesse percutante, ne me laissant pas indemne. Un seul mot, si honteux et insultant envers moi-même que j'aurais préféré la mort si je ne suppliais pas de l'éviter :

-Pitié !

Je fermai les yeux douloureux à force de pleurer, je ne voulais pas voir Thanatos en face, ce n'était pas possible.

La chaleur sur mon front disparut et mes yeux s'ouvrirent toutes seules, j'étais debout.

Des centaines de fourmis grouillaient dans mes membres qui venaient de retrouver toute leur mobilité, et ce non sans me donner généreusement une douleur atroce. Une simple lueur argentée illuminait la pièce qui me retenait prisonnière : Athéna se tenait derrière moi, l'air grave.

-Avance, Annabeth.

Un regard colérique et incompréhensif plus tard, je me mis à avancer à pas de loup vers la porte, qui se trouvait en ligne droite face à moi. Une rangée de sortes de hamacs bordait chaque côté et se balançaient dans un grincement rouillé désagréable.

La porte se trouvait à deux millimètres de moi, la poignée est rouillée, on est bloqué. Qu'à cela ne tienne, un coup de pied plus tard, je pus enfin sortir...dans ce qui semblait être la fin du monde.

La Colonie était morte. Encore plus que New-York dans mon fameux cauchemar, rien ne subsistait, rien ne vivait.

Tout. Était. RA-SÉ.

Un épais nuage de poussière dorée et de terre argentée pourrissait le sol d'un éclat atrocement magnifique, les bâtiments étaient revêtus d'un manteau de mort amèrement doux au regard. Oui, ces bâtiments qui abritaient de jeunes demi-dieux de tous âges qui riaient, pleuraient, aimaient, vivaient, n'étaient réduits qu'à l'état de façades vide de tout intérêt, des décors de cinéma.

Et c'est ainsi que je compris que le bungalow dont je viens de m'évader...était celui de ma mère.

Je jetai alors un regard désespéré à deux endroits bien précis : le bungalow de Poséidon et le foyer d'Hestia. En fait, je ne pouvais un regard qu'au foyer, le bungalow 3 était réduit à un tas de gravats fades et amers. Le foyer était...non...fichu.

Plus de foyer dans le seul endroit que je considérais comme ma maison...ironiquement.

-Avance Annabeth, tu dois voir quelque chose.

Je me mis alors à affronter le terrain poussiéreux à petits pas.

Mes dieux, ce que j'avais vu jusqu'alors n'était qu'un avant-goût de la suite, les mots me manquent pour décrire ce que je voyais. Ceux que j'avais déjà utilisés se mâchaient et se marchaient entre eux, un simple et fatal roulement de tambour. Mes larmes ne parvinrent pas à suivre le rythme, ils coururent, trouvèrent refuge dans la terre tombale qui reposait sous mes pieds.

Je tournai la tête vers ma mère, et ne dit rien à la vue de son visage autant de marbre que la statue d'ivoire qui trône sur notre colline. Enfin, statue qui TRÔNAIT sur notre colline. L'Athéna Parthénos, symbole de protection pour les demi-dieux, de puissance pour les mortels et de sacrifices pour moi n'irradiait plus son pouvoir sur notre Colonie. La statue mourrait en même temps que tout le reste.

Au bout d'une trop longue marche, bien familière pourtant, je vis le Pavillon-Réfectoire complètement...vous l'aurez deviné. On aurait dit qu'un géant avait marché dessus comme une minuscule gravât sur la chaussée. Cela résume bien le tas qui subsistait à la place du lieu le plus vivant du camp : c'est le seul lien qu'on a quotidiennement (et encore !) avec notre parent divin, c'est le lieu des rires, des préparations de stratégies au prochain Capture-L'Étendard, le lieu où les ragots flirtent avec les bols de ragoût, et c'est enfin le lieu où -bien étrangement- naissent certaines romances.

Mais ici, seul un symbole tenait debout, fier et imposant. Lui qui se nourrit d'une partie de nos prières et de nos pizzas, seul synonyme de mort au milieu de ce lieu de vie. Seul le grand feu sacrificiel avait survécu au génocide.

J'avais peur de comprendre, ou du moins des multiples sens cachés par cette métaphore. Non, ce n'est pas une fiction, pas de messages cachés, pas de métaphores stupides écrites par un dépressif devant son écran avec sa boisson en pleine insomnie. Non, ce n'est pas un cauchemar, ce n'est pas la réalité, ce n'est pas possible...

Je tournai de nouveau un regard ''fourre-tout" à ma mère, et un détail me frappa : une larme argentée coulait sur le visage de la déesse aux yeux pers. Une larme sans doute inconsciente, Athéna n'essayant pas de la faire disparaître, pire : une seconde larme inondait son visage faussement inexpressif.

Nous continuâmes notre marche funèbre, malheureusement Chopin ne pouvait même pas donner d'ambiance.

Enfin, je pris la décision de briser le silence.

-Maman...qu'est-ce qui s'est passé ?

Et, au prix d'un énorme (ironique et probable) sacrifice, elle put me dire :

-La colonie a été détruite. Pas par un ennemi quelconque. La vie s'est volatilisée.

-Volatilisée ?

-Tu l'as vu, le foyer d'Hestia a été détruit, l'esprit de ce lieu est parti et son absence stérilise le sol pour la vie...enfin, pour la mort.

Aucun sentiment ou aspect sarcastique ou humoristique dans cette déclaration, aïe, ça me manque…

-Et comment est-ce arrivé ?

Au bout d'un certain temps d'hésitation, Athéna répondit par un simple :

-Tu le découvrira par toi-même. Il faut que la prophétie se réalise.

-UNE PROPHÉTIE ?! Mais, l'Oracle...

-Annabeth, ce que je vais te demander est très dur, et trop ironique de ma part pour que cela puisse sembler réel, mais tu dois accepter maintenant que tout ce que tu admettais de logique ne l'est plus.

Je compris immédiatement, ce qui n'est peut-être pas le cas pour toi cher lecteur -je te conseillerais alors de reposer ton cerveau puis de revenir relire pour comprendre le message.

Dans ''tout ce que [j'admettais] de logique'', je devais comprendre : la sécurité du camp, la possibilité du calme après la tempête, et bien d'autre choses. Cela devait sans doute inclure le fameux cauchemar, dont je ne trouve toujours pas le nom pour définir son étrangeté, qui pouvait me faire faiblir et tomber dans le coma, okey.

-Maman ?

-Oui ?

-Le feu sacrificiel...il n'est pas là par hasard. Tu ne me montre pas cela par hasard, tu n'aurais pas eu le droit normalement.

Un rire nerveux d'admiration résonna dans la trachée de ma mère.

-Oui, il n'est pas là par clémence. Anabeth, ferme les yeux, et écoute-moi attentivement.

Je lui ai obéi de suite, pressée de cacher ma pauvre vue avec le peu d'innocence que j'ai de tous ces malheurs. Je sentis les mains, tièdes, d'Athéna se poser doucement sur mes tempes.

Une bouffée d'air frais bref envahit mes poumons, à moins que ce ne fût qu'une simple illusion, un arc chaleureux de tout ce qui composait Athéna calma mon cerveau tourmenté.

Le calme avant la tempête...pas après.

-Tout ce que tu disais sur Persée Jackson, malgré ta folie, détient une part de vérité. Je vais te montrer ce pourquoi je suis là, et répondre à une de tes questions.

Là, un pouvoir que je ne connaissais pas venant d'Athéna se mit à s'exercer sur moi.

Une série très -trop- rapide d'images défilaient devant mes yeux : un garçon courant sous la pluie, un bref entrechoc d'armes, un visage plutôt beau figé de stupeur, une larme rouge s'évadant d'un visage indistinguable, une dispute entre deux entités floues. Et enfin un corps allongé sur un tas de gravats et de poussière mortuaire.

Non, pas mon corps, toujours un corps sur lequel je ne peux encore vous donner un nom dessus. Une voix horrible et grave retentit dans ma tête. Tellement grave que ce qu'il disait était incompréhensible, on aurait dit une malédiction. Ce ne sont pas des visions du futur, ce sont des clefs du mystère. Je n'avais pas besoin des directives de ma mère : elle a pu me contacter, elle venait me prévenir d'un danger, elle me donnait juste les moyens qu'elle pouvait me donner : des pistes et des idées.

Sauf à un point, distinguable par son soudain changement d'atmosphère, brûlant et irrespirable.

Le feu dont je vous parlais quelques lignes plus tôt était...non il n'était pas éteint, disons que si le brasero était branché sur une plaque à gaz, quelqu'un l'aurait mis à feu très doux. Et les couleurs étaient bien différentes du feu normal.

Au lieu d'une teinte orangée (ou même bleutée, cela dépend de la consommation de dioxygène), l'aspect qu'avaient prisent les flammes se rapprochaient de la teinte verdâtre de la substance vingt mille fois plus dangereuse que du napalm, vous savez duquel je veux parler.

Une figure humaine se tenait au milieu des cendres, lançant un regard désespéré au reste de la Colonie.

L'homme était mince, trop mince pour sa santé, portait des vêtements en lambeaux trop grands pour lui - tee-shirt de la colonie, jean, baskets dépareillées (noire et blanche, Nike et Adidas) - ses cheveux étaient secs et rêches mais avaient une texture visuelle grasse supplémentaire (une partie de la logique à rejeter ou cheveux imbibés de sang ?) et cachaient ses yeux. Il était...méconnaissable. Il devait sans doute être beau dans le passé mais était devenu si banal, si spectral, que mon cœur voulait lui envoyer le peu de vie qu'il contenait pour lui.

La voix d'Athéna superposait ce que je voyais, un écho dans une caverne qu'était ma boite crânienne.

Ce jeune homme est devenu un monstre.

Un monstre...alors qu'il semblait seul, faible, fragile, pire qu'un perdant de la loterie à dix millions de dollars pour un numéro : il était noyé dans un état dépressif horrifiant.

Il savait ce qu'il pouvait et ce qu'il devait faire, il avait une mission à accomplir.


Ses amis sont morts devant ses yeux, alors que de simples décisions auraient pu changer le cours de tout ça.

Pourquoi le haïrais-je ? Il est désespéré !

Tu ne comprends pas Annabeth, cet homme est le maître de notre destin, il est puissant, horriblement puissant.


Il est désespérément seul !

Il avait un défaut fatal. Un défaut qui est la qualité de tant d'Hommes, mais un calvaire pour lui.

Le garçon releva la tête, ses cheveux ne cachaient plus que ses iris, et des larmes, les dernières gouttes d'eau que son corps contenaient s'écroulaient au sol. Il bougeait les lèvres, mais rien ne sortait.

Que pouvait être son crime pour mériter tant de peines ?

Il a tout sacrifié lorsqu'une femme importante de sa vie est partie, tout ce qu'il avait bâti, dessiné, entreprit s'est volatilisé.

Il a tout perdu alors qu'il pouvait tout regagner.

Alors qu'il aimait ses amis.


Oh...non...

Le garçon releva soudainement la tête en direction de l'Olympe, puis vers le ciel, et cria, cria jusqu'à en perdre la voix, jusqu'à en perdre la conscience. Il hurlait de colère, de désespoir, de soulagement, de pardon.

Voilà pourquoi Annabeth, voilà pourquoi la loyauté est son pire défaut. Les choix qu'il fera dans les prochains temps...

...conclura trop de destins.

Le garçon écarta les bras, et le brasero repartit de plus belle, happant avec lui cet ange déchu vers son ultime destination, haut dans le ciel, plus haut que l'Olympe lui-même. Je hurlais de ne pas le faire, mais ma voix ne parvenait pas à moi. Il sembla me reconnaître, ou crut à une ultime hallucination pré-mortem, et il sourit. Au milieu des flammes, je faillis de pas reconnaître la couleur de ses yeux, ses yeux de feu.

Sa loyauté l'a tué.

Percy mourrait le sourire aux lèvres.

Noir. Je redevenais lourde, cet affreuse fausse réalité (phrase bien trop complexe pour mon cerveau endolori) avait enfin disparue, à mon grand soulagement mais également à ma plus grande douleur.

Je tombais dans ce qui était à proximité, la seule zone -même précaire et honteuse- de confort et de sûreté : les bras d'Athéna.

Plus rien ne pouvais compter, même l'honneur et la tenue dont je pouvais faire preuve n'étaient que fantaisistes, je pleurais, comme la petite fille de sept ans que j'étais quand je me suis enfuie, comme si je n'avais pas avancée, pire, comme si j'avais régressé.

Athéna était étrangement protectrice, mon oreille plaquée à son cou percevait les battements de son cœur, bien trop rapide pour être serein.

Elle autorisait royalement à pleurer sur son épaule, sans cris, en silence total, la petite touffe jaune beuglante comme un gosse. SON gosse.

-Désolée Annabeth.

Elle mit ses bras dans mon dos, et posa sa tête sur mon épaule, elle chuchotait toujours les deux mêmes mots.

Mes souvenirs deviennent trop vagues à ce moment-là pour que je puisse clairement dire ce que je ressentais. Tristesse ? Burn-out ? Colère ? Pitié ?

Je fermais une dernière fois les yeux, plus attirée par le sol que jamais auparavant, je sentis de nouveau mon dos se coller au sol. Athéna partait. Et ces mots, ces étranges paroles furent les ultimes mots que j'entendis de la bouche de ma mère :

-Annabeth, tu es brillante, et je suis désolée pour ce que tu ne pourras pas accomplir. Vis, Annabeth, vis aussi longtemps que possible. L'avenir est devant toi, et fais les bons choix. Je suis fière d'être ta mère.

Sa chaleur et sa présence s'évanouirent en un ultime soupir.

Le noir pesait toujours sur mes épaules mais l'atmosphère avait, de nouveau et pour ne rien changer, changé.

Mes paupières collées entre elles refusaient de se séparer, même Héra n'aurait pas réussi à le faire (cette mégère...).

Une douleur fulgurante me transperçait la main, impossible de la détecter, la notion de direction et de sens se mélangeaient dans mon cerveau, et mon dos reposait sur un curieux sol, tendre et confortable. Quelques bruits retentissaient dans mes oreilles, amplifiées par mon crâne endolori par la fatigue, et étouffés par mes tympans encore évanouis.

Mes paupières refusaient toujours de divorcer.

Mes poumons se soulageaient un peu, ma poitrine se faisant soudainement plus légère, l'air -ni frais ni étouffant- circulant librement.

Impossible de bouger, j'en étais certaine, pas la peine de gaspiller des efforts surhumains pour tenter. Le bip de la machine à côté de mes oreilles me tentait tellement pourtant...

Mes cinq sens revenaient enfin petit-à-petit et se faisaient plus précis : l'ouïe me faisait comprendre que la machine infernale suivait un rythme qui n'arrêtait pas d'accélérer, le goût dans ma bouche me demandait de bien vouloir mettre quelque chose dans ma bouche et de me laver les dents, l'odorat me disait de ne pas m'inquiéter pour la quantité d'oxygène, la vue (quand mes paupières acceptèrent enfin de se sacrifier), bien que floue, me faisait accepter la blancheur de la lumière.

La dernière sensation qui me revint fût le toucher, d'abord la douleur transperçante. Elle se localisait : c'était la main gauche. Dans ma main droite. Une main qui souffert, rêche et dure, cachant une étrange tendresse et certains sentiments. Une main d'homme.

-Bonjour, Puits de Sagesse.

De MON homme.
Raang

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Re: Vie de Cauchemar. [Fanfiction Percy Jackson/Les Héros de l'Olympe]

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PARTIE 2


PDV Percy.

Je claquais violemment la porte de l'appartement pour la troisième fois de la journée, il était minuit passé.

J'esquivais quelques obstacles étendus à terre pour m'allonger sur le seul meuble convenable de mon taudis : un canapé clic-clac...ouais, je sais, le grand luxe.

Mais vu l'état piteux de ma vie, l'appartement se devait d'être à son image : vide de tout intérêt, en bazar, laid, mais accueillant.

Deux seules salles composaient le studio : Un salon de la taille d'une chambre d'étudiant -avec le fameux canapé de tous les désirs- une table basse et un meuble sur lequel reposait le four à micro-ondes et les rares conserves que j'utilisais en tant que repas lorsqu'il ne s'agissait pas d'un vulgaire sandwich ou plat salade du commerce ou un repas que me préparait charitablement ma mère dans des Tupperwares ; une salle d'eau simple avec -toute- petite baignoire, lavabo et miroir et c'est tout. Au moins, je peux vous résumer la décoration en une seule phrase, quoiqu'un seul mot devrait aller : BLANC.

Oui, je vivais dans un studio d'étudiant à la limite du seuil autorisé de pitié par la nature humaine.

Alors...que s'est-il passé durant aussi peu de temps pour que tu te retrouves ainsi dans la merde, Percy ? allez-vous me demander, et déjà je te conseillerais de te surveiller ton langage car tu arrives à égalité avec Arion, et aussi je rirais jaune face à la notion ''aussi peu de temps''.

C'est long, le temps, vous savez, surtout quand il vous manque quelque chose.

Enfin, bref, j'étais affalé dans le seul meuble un tant soit peu potable de cette baraque, comme un porc destiné à abattoir (tiens je me ferais bien un peu de bacon...ah nan j'ai pas de fric pour m'en acheter...) au beau milieu de sa crasse. Ah oui, car je n'ai pas VRAIMENT le temps de passer un coup de balai, mais bon, tant que ça ressemble plus à une chambre d'adolescent mal rangée qu'à un camion-benne...franchement ça me va.

Mon portable vibra, plus de batterie, et un message de mon patron...génial, je suis viré !

Bon, je vous dois quelques explications : depuis quelques temps (je ne veux vraiment pas dire combien, ça me fait trop mal) pour payer l'appartement (et à New-York je vous dis que c'est cher) j'ai dû me trouver un poste plutôt dégradant pour mon estime, de toute façon je n'en avais plus tellement alors bon, à savoir un stage...dans une boite chiante avec un patron plus esclavagiste qu'un marchand ou plus cruel qu'un dieu de l'Olympe lors de l'époque antique, enfin exactement comme tous les clichés quoi. Et les dieux savent à quel point je hais les clichés cinématographiques.

Et là, je viens de me faire virer parce que je lui ai craché mes quatre vérités en pleine face, au moins vous évitez cette partie humiliante de ma vie.

Je mis mon portable à charger sur la seule prise électrique de l'appartement, sur lequel le four était également branché, de tout façon, je n'avais plus faim.

Au bout de cinq minutes d'ennui total, je pus m'assoupir un peu.

J'étais au milieu de rien et je criais.

Voilà. Quand je dors maintenant, bizarrement, je n'ai pas de rêves à proprement parler. Depuis, oh on va dire quelques mois, mon sommeil se résumait à soit une nuit sans rêve (si j'ai de la chance) ou à ma simple absence dans la réalité. Une sorte de salle secrète où je peux sans problème crier, pleurer, insulter les gens que je hais. Et depuis quelques temps, certaines insultes vont envers une personne particulière.

J'ouvrais les yeux et lançai un regard vers ma montre, qui ne quitte jamais mon poignet : 2:15 a.m

Comme toujours, je n'ai dormi que deux heures. Mon portable vibra...et le message que je vis acheva de me réveiller.

Quinze minutes de course acharnée plus tard, j'arrivai aux portes du bâtiment que je hais le plus sur Terre, celui où...

-Ah, monsieur Percy, retentit une voix rauque derrière moi.

Je fus tiré de mes pensées aussi violemment que cela (j'ai à peine eu le temps de terminer ma phrase) par une femme que je connaissais bien : une jeune afro-américaine courte sur pattes, un peu enrobée et plutôt jolie, qui portait sa tenue de travail : une blouse violette aux bords blancs sur lequel était greffé, au niveau de la poitrine : Docteur Hélena Young. Cardiologue et neurologiste.

-Hélena, demandais-je sur le ton de la colère en lui montrant le message qu'elle m'avait envoyé, qu'est-ce que ça signifie ÇA ?

-Monsieur Percy...entre, je te paye un café, dit-elle d'un ton ne parvenant pas à cacher sa douleur.

Elle pénétra dans l'hôpital, je la suivis quelques secondes plus tard alors que les portes comptaient me couper l'accès.

C'est aussi blanc que mon palace, un hôpital, quoiqu'un peu plus propre, certes. Nous étions entrés du côté des urgences, je voyais une petite dizaine de personnes patienter douloureusement -certains étaient plutôt gâtés, d'autres avaient recolorés leurs vêtements dans les tons flamboyants.

Je fis comme tout le temps : suivre Héléna jusqu'à la machine à boissons, ignorant les regards des autres devant mon visage...je ne préfère pas en parler, et répondant vaguement aux autres membres du personnel qui me demandaient ''Comment ça va ?''. Sauf que cette fois, mon pas faisait plus vif, plus rapide et plus claquant, un regard noir se fixait sur la peau d'ébène du pauvre médecin où se mêlaient la colère, l'effroi et la tristesse.

Elle me paya le café, noir avec sucre, tandis que je m'adossais au mur avec le même regard oppressant. Héléna semblait légèrement perdue et effrayée sous son aspect professionnel, les mots ne lui venaient pas en tête, contrairement à son habitude. C'était ce genre de femme ni forte ni faible, ni conne ni extrêmement intelligente (enfin c'est un médecin, tout est relatif) ...une femme banale, mais qui avait ce petit éclair, à l'intérieur, qui la rends unique. Pour elle, c'est son côté assez décontracté, qui pouvait glisser une remarque un peu marrante qui te fait quand même sourire lors des pires moments.

Autant dire que je ne la reconnaissais pas.

-Monsieur Percy, écoute...je sais que tu es choqué et en colère...

-Et comment ! marmonnais-je pour éviter de créer un scandale dans le bâtiment.

-...mais, cela fait quand même longtemps qu'elle est là. Tu ne crois pas que...

-UN AN ! C'EST TOUT ! Il y a bien des comas qui durent des années et des années, on peut encore...

-Non. Il y a un an j'ai accepté de l'accueillir ici en espérant que ma théorie fonctionne.

-Attends...ça veut dire que...tu n'y croyais pas ?

Elle hocha tristement de la tête. Ses propres mots me revinrent en tête, sa promesse qui me maintenait en vie durant toute cette longue année, partie en fumée.

Il y a sûrement un espoir, peut-être que...si j'arrive à la guérir avec les techniques des mortels, il y aura un impact sur son corps.

Cela faisait un an qu'Annabeth subissait une batterie de soins, dans un hôpital mortel. Mortuaire dans le cas présent si...

-...je t'en prie, tu ne peux pas arrêter tout maintenant...tu es bien fille d'Apollon...Et et...tu as bien...

-Monsieur Percy. Cela fait un an qu'elle ne vit plus, qu'elle survit tout simplement.

Deux phrases, deux claques.

-M...mais...

-Vient dans mon bureau, au moins tu pourras t'asseoir, conclut-elle en me tendant le gobelet brûlant.

Nous fîmes quelques pas, et j'entrai dans son bureau, zone bien trop familière à mon goût.

Je n'ai pas grand-chose à dire sur cet endroit, c'est un bureau classique ressemblant à ceux où on va quand on est malade. Il y a juste des bouts de papiers en plus accrochés au mur, ce qu'ils appellent ''diplômes".

Héléna s'assit sur sa chaise, en face de moi, et attendit que je fasse de même.

-Monsieur Percy...

Pas besoin d'en dire plus, je posais ma tasse puis m'assis face à elle.

-Bon, écoute-moi bien maintenant.

-Je ne fais que ça depuis tout à l'heure, rétorquais-je sarcastiquement.

Elle soupira.

-Sache que cette décision, je ne l'ai pas prise d'un coup de tête, j'y ai méticuleusement réfléchi, et j'en ai discuté avec plusieurs de mes collègues -sans évoquer son ascendance divine évidemment- avant de faire des tests. Toujours les mêmes résultats, toujours le même sort : son rythme cardiaque est trop faible, l'activité neuronale est presque inexistante, la respiration est pauvre et tout ce que tu sais déjà. Crois-moi, la décision de -ne serait-ce que- te proposer d'arrêter le traitement est ma plus dure expérience de ma carrière.

Je sentis un rictus traverser mon visage. C'est la première fois depuis que la notification de mon portable m'avertissait de sa décision qu'elle me confirmait qu'elle AUSSI avait perdu espoir. La dernière personne en qui je plaçais ma confiance venait de me planter un ultime poignard dans la poitrine.

-Monsieur Percy...

-Laisse-moi, murmurais-je en me levant, je...je dois prendre l'air.

-Tu ne veux pas la voir une dernière fois ?

Je faisais face à la porte, la tentation de l'ouvrir pour partir de ce bureau aux murs oppressants était alléchante, et dis finalement à mon amie :

-La mort ne m'émeut plus, Hélena. Je ne pleurerais pas pour ma mort, je l'ai déjà fait il y a longtemps.

Je sortis.

...

L'air frais commençait à m'insulter au moment où les portes de l'hôpital au nom qui je préfère oublier se refermaient derrière moi.

Quelques larmes piquantes tombaient de mon visage, impassible, tandis que mes jambes n'emmenaient vers ma voiture, cadeau d'anniversaire de la part de Paul et de ma mère pour mes dix-sept ans. Une offrande pour mon année mortuaire en somme. J'ouvrais la portière, m'affalais sur le siège conducteur, et mis le contact.

Et je me mis à rouler dans tout New-York, sans me soucier de la vitesse, et me mis à pleurer pour de bon.

Une chanson passait à la radio, une chanson d'une langue que je ne comprenais pas, mais qui semble plaire. Le chanteur avait pris le ton de sa mélodie : mélancolique, nostalgique, et cachant une sorte de colère envers une forme plus puissante que les dieux. La vie, l'amour, la mort, la haine ? Jamais je ne pourrai dire. Rien que grâce à cette mélodie, je me sentais humain, dans le sens douloureux du terme, alors je continuais mon chemin pour esquiver ce que représentait ma vie : la mort. Alors, je roule, dans les rues sombres de ma ville.

Toute ma vie défilait devant mes yeux flous, des bons souvenirs, des traumatismes, des évènements qui me paraissaient tellement rares, tellement lointains, tellement...parfaits. Une longue année, ma dix-septième, qui paradoxalement et ironiquement était éloigné du monde des demi-dieux à un point inimaginable, j'en avais définitivement assez de toutes ces conneries. Je m'étais éloigné de tout ça et avait pris une vie pathétique de mortel "de cette époque" : le fameux gimmick du mec désespéré avec un membre de sa famille dans le coma (ou autres selon les cas) peinant à payer son loyer et lynché par sa situation, sans aide et sans amis. J'avais besoin d'aide, j'étais seul pendant un an, sans échappatoire.

Ai-je dis que je haïssais les clichés hollywoodiens ?

Enfin bref, une seule chose me tenait en vie, et vous avez forcément compris de qui je voulais parler. En gros, et pour conclure mon voyage en voiture avec une belle métaphore, je dirais que depuis un an, je m'accroche à l'existence à l'aide d'un cadavre vivant.

Vous voyez...même dans ces situations je n'arrive pas à me défaire de ce sarcasme que je commence à haïr du plus haut point, à un humour que j'essaye de refabriquer alors que j'ai perdu l'exemplaire original. En somme...je vivais que grâce à mythe...que j'avais fabriqué moi-même. Je n'étais peut-être pas plus digne qu'Héra si je réfléchis bien...j'ai tout foutu en l'air.

Les dieux...je devais parler à quelqu'un.

J'arrêtais ma voiture une fois arrivé à quelques mètres de là où tout avait commencé, l'air frais recommençait sa tirade insultante envers moi et mes poumons et à battre mes larmes, et je me mis à marcher au bord de l'eau, en direction d'un bungalow.

MON bungalow, celui où ma mère et moi allions en vacances "de luxe" durant les douze premières années de ma vie, l'endroit où j'ai été conçu et où tout à basculé. Le bungalow n'avait pas changé, toujours les mêmes couleurs, le même état, la même proximité avec la mer. Cela me fit modestement du bien, j'avais au moins un semblant d'accès à la réalité. Les vagues de la marée montante s'écrasaient sur le rivage lentement, à son tempo favori, et commençaient à chanter leur air mélodieux, leur chant de sirène qui te pousse à tout abandonner et à plonger au milieu du courant qui te promettent un lointaine et magnifique destination, que sans doute connaîtrai-je un jour.

J'arrivai devant le petit escalier de bois, au milieu de la baie vide de monde, gravis les trois petites marches en laissant courir mes doigts le long de la rampe de bois et jetai un regard vers l'intérieur du bungalow. Personne.

Je fis face à la mer, les yeux levés au ciel, pris une grande inspiration, et murmurai :

-Salut Papa.

Une brise légère vint se marier aux vagues, quelques gouttelettes projetées sur mon visage.

Je n'espérais pas de réponse, à vrai dire, vous connaissez le fonctionnement des dieux vis-à-vis de leurs enfants, je ne vais pas refaire le même discours. N'empêche, je voulais parler un peu à quelqu'un, la mer m'a semblé être une évidence, même si j'aurais pu aller chez ma mère -qui dort sûrement, elle est très fatiguée avec ma petite sœur-. Pourquoi pas mes amis ? Hum...c'est un peu trop compliqué.

-Je ne vais pas te demander comment tu vas, je pense que depuis là où tu es, ça devrait aller.

Où commencer ?

-Je...je ne sais pas vraiment aussi pourquoi je te parle, on ne se voit pas souvent, tu sais...je...crois que...

Les mots me manquaient, comme Hélena face à moi tout à l'heure, exactement la même gêne et le même manque de vocabulaire pour décrire ce que l'on ressent. J'avais bien trop de choses à dire, en un an d'inexistence, que je n'arrivais à rien dévoiler.

-Tu m'excuseras si je dis des choses, comment dire, compromettantes ?

L'air prit une saveur plus...estivale, une odeur de sable chaud semblait émaner de quelque part.

Je hochai alors la tête.

-Okey, j'ai compris, commençais-je avant de réprimer un rire nerveux, tu ne trouves pas ça étrange Papa ? Tu ne trouves pas ça bizarre que ton fils disparaisse pendant un an avant de revenir comme une fleur quand il a besoin d'aide ? Ce n'est que partie remise j'ai l'impression.

Un coup de vent un peu violent vint s'écraser sur mon visage, toujours un peu chaud et sec au palais.

-Je sais Papa...écoute, je perds la boule. Un an, tu te rends compte ? J'aurais eu l'occasion de sauver une troisième fois le monde ! En fait...pour un an sans la souffrance de la vie d'un demi-dieu, j'ai vécu une vie de merde chez les mortels, plutôt honnête non comme marché ?

Les vagues remuèrent, la musique devenait dissonante et colérique, mais également avec une pointe de tristesse amère que le sel de l'eau ne pouvait pas tuer.

-Je vais prendre ça comme un oui...rahh, écoute, je ne veux plus tourner autour du pot. Il y a un an, je n'aurais jamais imaginé ça, mais...aide-moi.

L'air et les vagues ne changèrent pas, elles prenaient juste un peu plus leur temps, comme ouvertes à la discussion.

Le cœur acide et les paroles creuses (non, ce n'est pas l'inverse) d'un fils de dieu intéressait son auguste paternel ? Je ne vais pas m'en plaindre.

Un sourire plus tard, je pris une grande inspiration, et me lançai au dépourvu dans une tirade dont je n'étais pas sûr de la cohérence mais dont j'en allais forcément assumer les conséquences :

-Papa, écoute-moi. Je n'ai jamais voulu de cette vie, de ces exploits, de toute cette reconnaissance. Je n'ai jamais voulu être un "Fils d'un des Trois Grands" ou même d'être surpuissant. Je n'ai jamais voulu être le sauveur du monde, le "grand Percy Jackson", ou je-ne-saurais-quoi encore. La seule chose dont je rêve, et ce bien avant la guerre contre Gaïa, est bien plus grand, et ironiquement, plus modeste que tout ce qu'on a pu me proposer de devenir : je voulais juste avoir une vie normale. Ça semble si évident, si stupide, mais en dix-sept ans, j'ai l'impression d'en avoir subi deux ou trois-mille. Depuis mes douze ans, j'ai -des fois- rêvé de devenir juste un simple mortel. Même une journée, juste pour voir ce que ça fait de vivre dans l'ignorance et la naïveté. Papa, est-ce ça, la vie de rêve que j'ai toujours voulu avoir ? Est-ce que mon sang ne m'autorise pas à avoir quelque chose d'aussi simple alors qu'on m'a promis cent fois des miracles inaccessibles ? Est-ce que ma vie se résume à...ça ? La solitude ? J'ai tout perdu : mes amis, ma famille -ma mère va bien, ne t'en fait pas- et même Annabeth. Encore une promesse impossible à tenir, en fait...tellement de choses et d'idéaux, de promesses qu'en fait...la vie d'un demi-dieu est un mensonge permanent. Ouais, un énorme mensonge permanent et pervers, je vois, oui. Au lieu d'une vie ''un peu'' mouvementée, on nous donne une vie de cauchemar, au lieu d'un reconnaissance éternelle pour tous les héros à leur juste valeur, on efface ce qu'on a d'humain en nous -qui se souvient de Luke en tant qu'humain, maintenant que j'y pense ? - et surtout, depuis un an, on nous promet enfin une vie calme, avec ceux qu'on connaît et qu'on aime, à étudier, à rigoler, à faire bien d'autres choses que je ne peux évoquer...résultat : rien. J'ai tout perdu. Aucune promesse ne peut me faire tenir debout, alors peut-être que celle-là va m'achever : si elle part, je pars. Je le jure sur le Styx. Ah, voilà, maintenant que l'éclair est passé, je peux terminer. Je sais que tu n'es pas le responsable de tout ça, ta seule erreur a été de me concevoir mais je ne peux pas t'en vouloir. Je veux te proposer un ultime choix, un dernier dilemme divin : aide-moi ou tue-moi. Vivre ou Mourir, je ne veux plus choisir. Et, une dernière chose...peu importe le choix que tu feras...je t'aime Papa, je te le promets.

L'air me manquait, j'avais terminé ma tirade en hurlant, au bord de l'eau qui commençait à s'infiltrer dans mes chaussures, ma joue cicatrisée depuis si longtemps recommençait à m'agacer, les vents et les vagues avaient tournés, ne sachant pas où aller. La mer s'agitait à la fois d'effroi et de colère, l'air se glaçait d'une tristesse et d'une compréhension effrayante. Les larmes venaient toujours sans gêne, attirées par l'océan de tristesse qu'était le monde extérieur. Je respirai encore un bon coup, ma cage thoracique semblait se détendre pour la première fois depuis plusieurs mois. Voulais-je ma mort ? Bien évidemment que non -je sais je suis très contradictoire- mais je ne pouvais pas survivre sans tout ce dont je baignais depuis cinq, non six, ans.

Je réalisai soudainement quelque chose...je fêtais mes dix-huit ans. Il y a deux ans, je craignais de mourir pour le bien du monde, et là j'allais sans doute mourir après la fin de mon monde ; trop poétique à mon goût.

Je sentis enfin une goutte tomber sur mon visage. Puis une deuxième. Puis une troisième, dans le dos. Puis une sixième, une trentième, puis cent, puis mille en même temps. Une gigantesque averse déferlait sur Long Island, le vent battant les arbres, la pluie inondant le sable, quelques éclairs zébraient le ciel, accompagnés de leur mari le tonnerre. Je croulais sous la pluie torrentielle, vingt fois plus forte au-dessus de moi qu'autre part ailleurs, l'océan dessinait des vagues gargantuesques, majestueuses, les vagues s'agenouillant à mes pieds attendant ses ordres.

Un sourire traversa mon visage, un sourire de puissance, un sourire nerveux, un sourire joyeux, mieux, un sourire de soulagement. Je levais mon bras droit en direction du ciel, la paume ouverte, comme pour percer l'obscurité de la nuit et des nuages. Je jetai un regard stupéfait à ma montre : 2:52 am.

-Merci...MERCI PAPA ! hurlais-je en courant vers la voiture.

La course dans NYC aurait pu rapidement se transformer en course-poursuite avec les policiers si les rues n'étaient pas vides de circulation-quand New-York est trempé, tout le monde préfère rentrer- seuls les grands panneaux publicitaires de la ville brisaient l'obscurité du lieu. Et je riais. De joie, de folie, pour la première fois depuis une longue année.

Je freinai à quelques centaines de mètres de l'hôpital -j'avais anticipé le freinage sur longue distance- et courus en direction de la chambre maudite quand quelqu'un se cogna sur moi...Hélena me regarda avec un regard de surprise et de colère.

-Monsieur Percy ! Mais qu'est-ce que...

-Hélena ! Dieux merci t'es là, je...je dois voir Annabeth, je suis pressé !

-Ah, tu t'y es vite fait, passe dans mon bureau, je vais chercher les...

-NON, je ne vais pas signer les papiers.

-Quoi ?

Je la pris par les épaules, et la força à me fixer dans les yeux, je voyais dans la lueur noisette des siennes une forme de...terreur ? surprise ? Elle devait sans doute me prendre pour un fou, ou au moins penser qu'un coup de folie m'a transpercé le crâne (bonjour le pléonasme).

-Regarde-moi bien Hélena, je vais bien, okey ? Je veux voir Annabeth, je ne sais pas pourquoi, mais je sens que quelque chose va bien se passer.

-Comme à chaque fois, où il y a une petite remontée cardiaque qui ne va pas plus loin que ça ? Arrête, dit-elle en essayant d'enlever mes mains de mes épaules.

Je les remis, un peu plus fermement, dans la seconde sur ses épaules, et lui releva légèrement la tête.

-Hélena, regarde bien au plus profond que tu peux, tu as deux vies dans tes mains actuellement, je t'en prie, laisse-moi juste aller la voir, même si c'est juste une ultime fois, je dois le faire. Et s'il se passe un miracle...je te jure que je vanterai tes qualités de médecin.

-Monsieur Percy...dit-elle d'un ton outragé.

-Je t'en prie...au moins par amitié. Je dois la voir.

Hélena se mit enfin à relever les yeux, et durant trente secondes, plus rien ne comptais. Juste une phrase, je ne suppliais que ça.

Elle se mit enfin à fermer les yeux et à soupirer :

-Monsieur Percy, tu sais où elle est.

Je la remerciai du regard, et détalla dans les couloirs du complexe hospitalier au sixième étage (oui, pas mal grand) dans la salle dix-sept de la septième aile (en gros une aile, c'est un couloir qui débouche sur la cage d'escalier). J'avais la carte d'entrée dans la poche de mon jean, le lecteur face à moi.

Le stress déferlait comme un tsunami en moi, mes réflexes d'hyperactifs se manifestaient à un niveau inégalé : chaque petite particule dans l'air -poussière, mouche et autre- étaient suffisamment intéressantes pour que j'y lance un regard, le R17-A07 inscrit en blanc sur fond bleu marine de la porte me narguait encore plus que l'air de tout à l'heure, le bip-bip de la machine, le voyant rouge clignotant, les pas d'Hélena derrière moi.

Je sortis la carte et l'insérai dans le lecteur, la porte s'ouvrit, me détruisant le cœur.

Je hais cette salle à un niveau inimaginable, elle compile tout ce que je déteste : les murs de mon appartement, le mobilier pauvre et tout l'attirail de l'appart' merdique. Au fond de la pièce trônait une machine au nom barbare d'électrocardiographe et au son très lent, bien trop lent. Sur l'écran s'affichait un tracé bien plus laid qu'un dessin d'enfant de maternelle, tracé qui devint pourtant familier au fil des mois. Une autre machine, bien plus élégante cette fois, se trouvait à proximité d'une sorte de poche fermée avec un contenu jaune luisant -du nectar, étrangement inefficace- se contentait de se remplir et de se dégonfler. Un fil transparent menait à un visage endormi, dont le reste du corps restait figé dans son lit, sous ses couvertures. Annabeth était là, belle, mais presque sans lueur de vie. PRESQUE. C'était une amélioration par rapport à la dernière fois où il n'y avait rien du tout.

Je m'avançais d'un pas décidé, mais lent, ne pas brusquer Annabeth au réveil me répétais-je sans cesse quand je devais la réveiller au camp, les quinze jours précédant le début du cauchemar, je me devais de faire pareil ici. Je commençais à repenser aux bons souvenirs qu'on avait partagés ensemble, dans les meilleures comme dans les pires situations, de notre quête pour l'éclair de Zeus à notre dernier combat aux arènes, au voyage dans la Mer des Monstres, la danse après avoir porté le ciel...je ne trouve rien pour le Labyrinthe actuellement, la fin de la guerre contre Cronos, la petite prise de judo à la Nouvelle-Rome. Je gonflais mes poumons au fil des pas, mon sourire grandissait, ma gorge se dénouait, les larmes se retenaient, Annabeth se rapprochait.

Je pris une des chaises à côté du lit, me mis dessus, et dans un geste tout à fait naturel, je lui pris la main, d'habitude froide et sans...quelque chose, mais qui avait repris une timide chaleur. Sa cage thoracique s'éleva de quelques centimètres de plus que d'habitudes, ses muscles de tendirent, et sa bouche tremblait. Pris d'un élan de joie, je lui enlevais doucement son masque à oxygène, sous protestation d'Hélena. Aucun changement brusque. Enfin, j'osais lancer un ultime regard à l'écran maudit...qui affichait la plus belle courbe qu'un moniteur cardiaque pouvait montrer.

J'approchais doucement mon visage du sien, incliné dans ma direction, et lui murmurai à l'oreille les premiers mots qui me vinrent à l'esprit. Pas ''Tu es en vie'' ou ''Ça va aller''.

Juste un simple, un traditionnel :

-Bonjour, Puits de Sagesse.

Elle cligna des yeux, un peu d'eau sortait de ses yeux qui s'ouvraient enfin depuis tant de temps. Elle les ouvra grands, ses magnifiques yeux gris orage ne semblaient pas avoir perdus de puissance et d'intensité, un sourire traversa son visage, et d'une toute petite voix, elle put dire :

-Bonjour, Cervelles d'Algues.

Je la pris immédiatement dans mes bras, le plus doucement possible, mon bras gauche sous son dos et mon bras droit au-dessus de son épaule, ma main dans ses cheveux blonds comme des épis de blé. Je sentais une légère timidité de sa part, mais elle plongea finalement son visage dans mon cou, et je sentis quelques larmes couler sur ma gorge. Les seules larmes d'Annabeth que je me permettais de lui faire subir.

Comment expliquer l'immense soulagement qui avait pris la place de ma douleur en cet instant ? Presque rien n'avait changé, plus rien ne comptait quand on était ainsi.

Elle recula, et comme d'habitude, ce fut elle qui lança le baiser. Il avait un goût plutôt familier, mais neuf à la fois, une sensation à la fois de déjà-vu et de renouveau. Renouveau en quoi ? En la violence d'Annabeth : je ne voulais pas lui voler tout son air, mais quand je voulais rompre le baiser, elle ne voulait pas me lâcher, me ramenant la tête près de son visage. Wow, un an qu'elle est dans le coma et elle redevient bestial ! Sans trop rentrer dans les détails, franchement, des séances comme ça j'en reprends avec grand plaisir !

Finalement, quand sa machine de surveillance d'oxygène commença à chanter, elle rompit la séance de...de...je n'ai pas vraiment de termes sur ce coup-là.

Elle reprenait son oxygène, ses mains encore sur mon visage comme pour s'assurer si j'étais là, en chair et en os. Ma main droite s'amusait sur sa joue, la caressant avec le pouce.

-Annabeth...tu vas bien...soupirais-je de soulagement.

-Je vais bien, Percy, oh tu as encore une cicatrice sur le visage...

-Ce n'est rien, la rassurais-je, c'est une petite trace.

Elle me sourit, et commença à me taquiner :

-Menteur. Mes dieux...ça fait combien de temps que je dors ?

Ouch, bon, on va jouer la carte de légèreté, on ne va pas lui dire tout de suite.

-Ben...si je suis un menteur selon tes dires, cela veut dire que je te mentirais sur la durée (Ces paroles me faisaient plus mal que ce que je n'avais jamais imaginé) hein ?

-Bien, alors, dis-moi un mensonge et je t'autoriserai à dire une vérité.

-Alors...hum...tu baves dans ton sommeil.

Elle rit. Mes dieux, ce que cela faisait du bien de la voir en vie et heureuse !

-Tu es stupide, Cervelles d'Algues.

-Il faut bien s'équilibrer dans un couple, Puits de Sagesse, c'est pour ça que tu m'aimes, non ?

Bonne réponse, jackpot à gagner : un nouveau baiser de la part d'Annabeth (croyez-moi, sur ce coup-là je ne partage toujours pas !) et un rire de sa part.

Rire qu'elle perdit, comme d'habitude, en une demi-seconde pour un air interrogatif et curieux (un peu comme si on visitait le Parthénon…ce qu'on avait déjà fait dans des circonstances moins sympathiques)

-Sérieusement, cela fait combien de temps ? Et qui est cette femme ?

Je lançai un regard derrière moi, j'avais oublié Hélena, la pauvre, elle nous lançait un regard hébété, non à cause d'un certain ''manque de pudeur'' que d'autres nous auraient reprochés (coucou Big Maman Athéna !), mais plutôt parce que, ben Annabeth a pu se réveiller alors qu'elle était sur le point de tout arrêter, elle était cliniquement morte depuis des mois.

Mais, vous savez quoi, je ne lui en veux pas à cette dame, je lui en suis plus que reconnaissant. Je pris la main d'Annabeth dans la mienne, et dis un peu aux deux :

-Annabeth, je te présente une personne exceptionnelle. Hélena, va chercher tes collègues, je dois d'abord parler un peu avec mon Puits de Sagesse, et ramène-les ici. Un sauveur doit bien être récompensé, non ?

Hélena sourit, se retourna, et avant de fermer la porte, je lui dis de mon ton le plus sincère :

-Hélena ! Merci.

Et, dans un ton modeste -et un peu soupçonneux ? – elle me répondit :

-Je n'ai fait que mon travail, Monsieur Percy.

La porte se referma avec le bruit d'une machine qui bipe et d'un médecin qui chantonnait la beauté de son métier.

Voilà j'espère que ce chapitre vous aura plus, ça a été un grand plaisir de l'écrire (oui je suis un sadique :twisted: ). J'attends vos commentaires avec impatience, j'ai une grande volonté de m'améliorer.
Passez une bonne journée-nuit-vie et protégez vous (le soleil il tape)
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