Me revoici après un mois de voyages (dont voici le récap’) – heureuse qu’il reste encore ce genre de voyage...
Je me suis d’abord arrêtée chez mes proches voisins, aux Pays-Bas, pour la première fois :
▲ Lire un livre avec une horloge sur la couverture (car l'horloge à pendule est une invention néerlandaise) : Les pendules d’Agatha Christie.
Commentaire :
Dévoré ce livre d’Agatha Christie comme les autres et m’y suis laissée piéger comme les autres. Les coupables sont loin de ceux que je suspectais et j’ai fait une fixette sur des détails qui n’étaient que cela, du décor. Bref, j’ai bien aimé ; d’autant qu’Hercule Poirot arrive sur l’affaire tardivement. Je les adore avec qualités et défauts, ce Poirot et cette Marple. J’ai l’impression au fil des livres de revoir d’anciennes connaissances. Car les Agatha Christie m’accompagnent depuis mon adolescence maintenant.
Après, je retourne une deuxième fois en Italie :
▲ Lire un livre de poésie ou contenant des poèmes : Capitale de la douleur de Paul Eluard.
Commentaire :
Je n’ai pas l’habitude de lire de la poésie (depuis la fin de mes années d’université), c’est pour cela que j’ai choisi cette consigne. Et je ne sais pas comment commenter de la poésie pour être honnête. À chaque fois dans un recueil, il n’y a seulement qu’un ou deux poèmes qui me touchent, d’autant que le surréalisme me semble toujours exagéré et faux. Alors, je vais commenter un qui m’a plu. Un de mes vers préférés est « La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur », je me souviens que j’ai dû l’analyser lors d’un cours, en lien avec le dernier vers du même poème « Et tout mon sang coule dans leurs regards » - je ne me souviens plus de la figure de style, et franchement, tant pis, tant je l’adore et elle me transporte, y’a-t-il meilleure phrase pour parler de la dépendance physique d’un cœur amoureux envers celui/celle qu’il aime. Sur une autre note, sa poésie m’a aussi fait sourire. Une des meilleures fois était quand il décrit des combattants se préparant à livrer bataille, très braves et ils se mettent en ligne devant des arbres « qui, sans en avoir l’air, tiennent encore à leur feuillage » - je ne m’y attendais tellement pas, l’image m’a fait rire.
Premier voyage en Croatie :
▲ Lire un livre ne se déroulant pas sur Terre (car la Croatie a une forme de croissant de lune) Hitch-hiker’s Guide to the Galaxy d’Adam Douglas.
Commentaire :
Ce livre m’a plu, sans être un bouleversement dans ma bibliothèque interne. Peut-être l’imaginais-je plus déjanté ? J’en attendais sans doute plus, tellement, on me l’a encensé. J’ai passé une première partie du livre à faire le deuil bizarre de notre planète pour erreur administrative et l’autre moitié à aimer l’ironie du pourquoi et des questionnements spéciaux. Malgré tout, j’ai eu l’impression que tout était écrit pour étonner le lecteur et que rien d’autre ne ficelait l’intrigue outre provoquer la surprise, du coup, j’ai aimé mais sans plus.
Ensuite, j’ai séjourné un temps, pour la seconde fois, au Portugal :
▲ Lire un livre où l'action se déroule sur un navire (car la caravelle a été inventée par les portugais) : Un capitaine de quinze ans de Jules Verne.
Commentaire :
J’ai bien aimé ! Je voulais le lire cet auteur classique depuis un bon bout de temps, et je pense que sans le challenge de « Cadeau de Noël » que mon lutin m’a offert, je serais passée à côté de ce livre, moins connu. Qui pourtant regroupe ce que j'aime : aventures, débrouillardise, dangers, jungle/environnements hostiles... Pas déçue le moins du monde qu'il ait abordé le sujet de l'esclavagisme et des superstitions en Afrique, j'ai appris de nouvelles choses, moins connues, je pense sur ces thèmes-là. Les descriptions sont un peu longues peut-être, mais c'est surtout les apartés de l'auteur qui cassent le rythme et la suspension de l'incrédulité. Notamment, l'histoire sur la traite négrière très complètes, les vies croisées d'explorateurs en Afrique... ce n'est pas inintéressant, mais cela semble très peu naturel. A part cela qui a mal vieilli, le reste fonctionne bien. Le monde semble aussi très (trop ?) manichéen, à part le personnage de Harris, sans doute (et encore !) mais dans un livre traitant de tels sujets, rien d'étonnant. Les fins ainsi, peu réalistes car trop de choses tombent un peu trop bien, personnellement, j'apprécie. Car j'aime les happy endings, voilà, c'est dit.
Ensuite, j’ai pu rendre visite à mes voisins, au Luxembourg pour la seconde fois :
▲ Lire un livre qui se déroule en Afrique (car des lions figurent sur les armoiries) : Mathématiques congolaises d’In Koli Jean Bofane.
Commentaire :
J’ai apprécié ce livre qui parfois m’a semblé lent dans l’action, mais l’intrigue se resserre à la fin et les cinquante dernières pages, je les ai dévorées. D’ailleurs la fin est très satisfaisante, je trouve. Le héros principal, Célio, cet « esquiveur », on ne peut ni l’adorer ni le détester (vis-à-vis d’autres personnages, ce serait exagéré) – bien sûr, on finit par être de son côté et anticiper sa pensée originale de philosophe mathématicien (il reprend des équations, des théorèmes, des démonstrations et les applique à la réalité politique du Congo) pour comprendre comment il va modifier le réel au prochain coup. Mais au final, n’importe quelle personne déterminée, réfléchie et retors aurait pu faire pareil. C’est ce que fera d’ailleurs son patron – le big boss final, qui malheureusement est détruit un peu par hasard et sans grand panache. Cela reste une bonne lecture, mais le côté « polar » ne se révèle qu’à la fin.
Ensuite, retour en Slovénie pour la troisième et dernière fois :
▲ Lire un livre sur le thème des parfums, des odeurs (car l'atomisateur à parfum est une invention slovène) : Le parfum de Patrick Süskind.
Commentaire :
Très bonne lecture, je le lisais à petites doses pour en profiter comme le faisait le protagoniste, qui lui profitait jusqu’à la dernière goutte du parfum de ses victimes. Les odeurs, archi-présentes, sont crues, glauques, ordinaires, merveilleuses, divines et se mêlent les unes aux autres non-stop dans le récit pour nous dépeindre des descriptions bien différentes de celles dont nous avons l’habitude. La fin était appropriée pour cette odieuse tique qu’était Jean-Baptiste Grenouille et la boucle se referme sur elle-même.
Retour en République Tchèque pour la troisième fois :
▲ Lire un livre où le personnage accorde une place importante à la philosophie ou vit selon des principes très codifiés : Monsieur Origami de Jean-Marc Ceci.
Commentaire :
Ce livre est unique en son genre. Je ne sais dire si je l’ai aimé ou pas, je sais par contre que j’en ai « déplié »
des choses positives et négatives. C’est une sorte de conte poétique, l’action est quasi nulle. Dans sa forme chaque partie est subdivisée en ce qui ressemble à de longs haïkus et au niveau du fond, cela se veut de la philosophie zen, je suppose. Agréable et rapide à lire. Profond par endroits et désolant de clichés à d’autres (par exemple : « pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient », cela m’a fait lever les yeux, thank you captain obvious). Par contre, l’image du dépliage d’origami, dont les plis correspondent à des choix faits, est plutôt belle. Et finalement, je suis partie en Grèce pour la première fois :
▲ Lire un livre en rapport avec la médecine, la maladie : Le malade imaginaire de Molière.
Commentaire :
Je n'ai pas grand chose à dire qui n'a pas déjà été dit ; alors, je vais parler de mon ressenti. Je ne m'attendais pas à une comédie-ballet, qui à certains moments m'a semblé gratuite (notamment avec Polichinelle) et à d'autres étant très bien ancrée dans l'histoire, la dernière scène ballet, où ils chantent dans un franco-italien-latinisant l'intronisation d'Argan en tant que savant docte. La pédanterie des docteurs et du fils de l'un d'entre eux Thomas était hilarante, ça donne envie de la voir sur scène. Et heureusement qu'il y avait Toinette et le frère d'Argan pour remettre un peu de bon sens dans tout cela. Quoique le dernier tenait des discours extrêmes dans l'autre sens ^^(les docteurs ? pfff, à quoi bon, ils ne servent à rien). Bref, il m'a moins plu que le Bourgeois-gentilhomme, car ce qui m'a manqué était justement cette façon dont Molière se moque de ses personnages (et des travers de sa société) en les mettant en scène directement, c'est-à-dire en confrontant le malade imaginaire à ses docteurs. J'aurais aimé voir leurs prescriptions en direct, avec peut-être plusieurs docteurs se disputant la meilleure manière de guérir le "malade". Et que ce dernier n'y voit que du feu.
