Juin 2017 - Le Pianiste de Wladyslaw Szpilman

[chrysta]

L’auteur fait dans ce livre un témoignage poignant de sa vie sous l’occupation de Varsovie entre 1939 et 1945, témoignage qu’il écrit dans les suites immédiates de la fin de guerre, encore sous le choc de ces années, ce qui donne un ton assez distancié du récit qu’il nous livre, encore sous le choc de ce qu’il vient de traverser pendant 6 années.

Pianiste à Varsovie lorsque grondent les prémisses de la seconde guerre, Wladislaw Spilzman, d’abord dans le ghetto puis dans des planques, nous emmène dans un voyage terrible au fil de la progressive montée de l’idéologie nazie et des violences perpétrées envers les juifs dans le ghetto de Varsovie, mais aussi dans la prise de conscience progressive de ce qui se passe. D’abord niée et non vraiment entendable, la réalité de l’horreur, de l’innommable, de la tuerie sans raisons, de la violence pour la violence, etc, se font jour. Au début chacun n’imagine pas vers quoi cette occupation va tendre, et à quelle aberration l’humanité va être confrontée. Dans la famille de l’auteur il existe une forme d’espoir de fin de guerre rapide et l’idée qu’il ne peut y avoir autant de mal sans raison ; il y a aussi une tentative de conserver une forme de « normalité » rassurante par le maintien des habitudes, des rites familiaux, des retrouvailles autour du repas.

Puis, peu à peu, le climat se dégrade, les espoirs s’amoindrissent, les violences augmentent, les déportations surviennent, et les gens du ghetto prennent plus conscience de ce qu’il se passe et de ce qui arrive à ceux que l’on emmène, des rumeurs courent à ce sujet, on le sait mais on le tait… souvent. Cela en choisissant d’espérer jusqu’au bout plutôt que de choisir d’en finir. Dans ce « monde » qui ne tourne plus avec ses habituelles coordonnées, où l’humain est peu à peu nié et où ceux qui en sont la cible en prennent peu à peu conscience, les horreurs impensables deviennent la réalité quotidienne. L’idée que les allemands seront vite écrasés s’efface, et il y a une prise de conscience de l’inélucatibilité de ce qu’il se passe. L’auteur nous assène cette violence du quotidien, sonore et visuelle, faite de bruits de bombe, de cris, de coups de feu, d’exécutions sommaires sans distinctions aucunes, de corps qui pourrissent dans les rues…

Puis, avec lui, nous allons sortir du ghetto, de la foule, du bruit, des odeurs, des visions macabres, et il nous fait vivre les années où il est caché hors du ghetto, des années de solitude, affrontant le froid, la faim , se nourrissant de ce que certains parfois lui amène sinon de ce qu’il trouve parfois ( eau croupi, pain moisi, etc…), et cette peur au ventre d’être découvert qui ne le quitte pas. A un excès d’images, de sons, d’odeurs… succèdent presque un huis clos silencieux, rythmé par l’attente patiente dans l’expectative d’une possible descente allemande, à l’écoute attentive des bruits du dehors, s’efforçant de ne pas en faire, et des manques de son corps.

Ce livre est un nouveau regard sur la seconde guerre mondiale, car si je me suis penchée auparavant sur les camps de concentration, je n’avais jamais lu de témoignage évoquant la question des ghettos. Il est difficile de donner un avis des livres qui parlent de cette période, car finalement ce sont des témoignages de l’innommable, de l’impensable, et à part faire la traversée aux côtés de l’auteur je n’imagine même pas pouvoir dire j’aime ou j’aime pas. Donc j’ai fait cette traversée émotionnelle, parfois dure, violente, elle n’a pas été simple, mais tellement nécessaire, comme chaque fois que je me replonge un peu dans cette période là.

Et les écrits à la fin d’un point de vue d’un soldat allemand, j’ai trouvé aussi cela riche que de pouvoir entendre une autre voix s’élever pour dire leur horreur à eux qui l’ont vécu de l’autre côté.

[Hillja]

Récit oppressant d'une course contre la mort rapporté par un homme ni vraiment brave, ni vraiment lâche, mais à la chance extraordinaire. C'est haletant, si bien raconté qu'on pense tenir entre les mains une autobiographie romancée et non un témoignage dans sa forme la plus honnête. Une lecture riche en informations sur la vie dans le ghetto de Varsovie, ainsi qu'une édifiante galerie de portraits humains.

J'ajoute ici que j'ai été soulagée de trouver en fin de livre les extraits du journal de l'officier allemand dont il est question dans le résumé (mais qui n'apparaît que dans le dernier chapitre) ; j'aurais eu le cœur brisé si jamais son nom n'avait été appris par Wladyslaw Szpilman.

Spoiler

La scène qui m'a le plus bouleversée est celle où Janusz Korczak emmène les enfants de l'orphelinat se faire exterminer...

C'est également cette seule scène-là qui m'a arraché des larmes.

P.S. Finalement, le thème de la musique est relativement effacé dans le livre.

[malice13]

Comme beaucoup sûrement, je connaissais l'histoire grâce au film sorti il y a quelques années. Ce livre est glaçant, au regard à la fois de l'histoire personnelle de l'auteur, et du contexte historique du récit.
Ce livre nous permet également de mieux comprendre la tristement célèbre histoire du ghetto de Varsovie. Le fait que ce soit un récit autobiographique le rend encore plus poignant.
J'ai aussi trouvé très enrichissant le témoignage de l'officier allemand transmis grâce à des extraits de son journal.
C'est vrai qu'on pourrait trouver que le thème de la musique n'est pas très présent dans l'histoire. Malgré tout, c'est parfois sa célébrité en tant que pianiste qui l'a sauvé. De plus, sa volonté de préserver ses mains pour pouvoir rejouer un jour est présente tout au long de ces années de souffrance.

[Hillja]

C'est vrai qu'on pourrait trouver que le thème de la musique n'est pas très présent dans l'histoire. Malgré tout, c'est parfois sa célébrité en tant que pianiste qui l'a sauvé. De plus, sa volonté de préserver ses mains pour pouvoir rejouer un jour est présente tout au long de ces années de souffrance.

Il fait effectivement souvent allusion à ses mains et semble prêt à faire beaucoup de sacrifices pour les protéger, comme si elles avaient plus de valeur que sa vie. Le passage avec l'écharde entrée sous son ongle (que j'imaginais grosse comme un cure-dent) est sur ce point assez marquant.

Mais avec un titre comme celui-ci et avec un résumé qui mentionne un « officier allemand mélomane », je pensais trouver dans ce livre des passages où Szpilman joue sa musique pour ses ennemis, comme si c'était là le prix qu'il devait payer pour vivre. Je n'ai pas vu le film et ai laissé mon imagination courir avant d'ouvrir le bouquin.

[percabeth76]

Avec un bon mois de retard, je viens enfin donner mon avis sur cette lecture commune.

Mon avis:
Un témoignage poignant et très instructif.
J'ai longtemps hésité avant de lire ce livre. Cela dit, en voyant que l'histoire se passait en Pologne, je me suis lancée dans cette nouvelle lecture. Le fait que ce témoignage montre la vie des juifs en Pologne, pendant la domination des nazis, à grandement attisé ma curiosité. Ce n'est pas un cas que l'on étudie grandement à l'école et j'étais très impatiente de découvrir ce nouveau point de vue.
J'ai été très surprise par le côté détaché du protagoniste et par son calme. Il n'éprouve aucune haine pour les Allemands et il n'y a pas une seule once de vengeance dans ses pensées. L'auteur essaye même de comprendre le pourquoi du comment les membres du Reich ont décidé d'exterminer les juifs. J'ai tout particulièrement aimé l'importance du personnage de Wilm Hosenfeld et les extraits de son journal à la fin du livre.
Ce témoignage est une excellente lecture, illustrant parfaitement la violence et l'horreur de la seconde guerre mondiale. J'ai aimé découvrir le côté chanceux, brave et défait de l'auteur. Dans ce roman, on voit bien que l'auteur change d'étiquette à plusieurs reprises et que c'est ce qui lui a permis de survivre.

[Nausicaa_Npa]

Hum... En voulant faire un récap des lectures communes auxquelles j'ai participé, je me rends compte que j'ai oublié de mettre mon avis ici pour Le Pianiste que j'ai lu portant. Le voici donc 'mieux vaut tard que jamais) !

Je connais dans les grandes lignes l'histoire de ce pianiste juif polonais, je n'avais entrevu que des passages du film, j'avais donc encore un esprit "vierge" face à son histoire.
Et quelle histoire ! Bien sûr, j'ai lu de nombreux témoignages sur cette période mais celui-ci à tout de même un écho bien particulier étant donné que son parcours ne cesse d'être semé de choix vitaux à faire...
Szpilman a vu sa famille partir en camp, il a tout fait pour se rester en vie en travaillant pour les Allemands et quand finalement il a réussi à s'en échapper, son chemin n'a pas cessé d'être semé d’embûches.
Ce que je retiens c'est que l'auteur a survécu pour nous raconter son histoire bouleversante avec des êtres abjectes et des âmes adorables. C'est aussi là qu'on voit que rien n'est tout blanc ou tout noir et qu'il faut prendre les gens comme des êtres humains avant de les prendre comme une religion, un pays...
Un témoignage poignant et difficile qui raisonne d'autant plus avec les pages du journal de cet officier allemand qui a participé à le maintenir en vie.
Un récit à lire sans aucun doute, pour comprendre l'horreur de la guerre et celle des ghettos qu'on relate assez peu.

[chrysta]

Pour ceux qui seraient intéressés, il y a un film adapté du livre qui est très bien.