Cher Journal,
Nous sommes le samedi 28 février 2015.
Hier, le cheval de Sophie est arrivé au club. Il s'appelle Rosta Bello Givroux, mais Bello c’est plus rapide. Il a dix ans. Par pur hasard, ou grâce à cette chose que l'on appelle couramment le Destin, je suis venue (alors que je ne venais jamais le vendredi) au centre équestre.
Laurence, une monitrice, m'a demandé de lui préparer Bello pour son cours. Je me suis donc occupée du nouvel arrivant, comme je l'aurai fait avec un n'importe quel cheval.
Et aujourd'hui, en arrivant sur le pont de Phalempin, Jeanne m'a appelée en me disant que je montais un nouveau cheval nommé Bello. Je ne sais pourquoi, mais après que Jeanne m’ait prévenue, je ne pouvais plus m'empêcher de sourire. Un sourire idiot, certes, mais un sourire sincère et heureux. Une fois arrivée au club, je l'ai préparé pour la seconde fois, sauf que là, c'était pour moi. A l'inverse de d'habitude, j'étais totalement détendue, et j'avais confiance en lui, sans jamais l'avoir monté. Et une fois sur son dos, je n'étais pas déçue ! Il était génial ! Pas parfait, car personne ne l'est, mais il avait assez de qualités pour me faire oublier ses défauts. J’espère vraiment que je pourrai le remonter !
Cher Journal,
Il m'aura fallu attendre jusqu'à aujourd'hui, 18 mars, pour pouvoir le monter, C'est vraiment un cheval extraordinaire ! Il est généreux, calme, attachant. Tout ce que l'on peut lui demander. Je l'aime de plus en plus ! Vivement la prochaine fois !
Cher Journal,
En ce premier avril 2015, je t'annonce que je suis amoureuse ! Et ce n'est pas une blague ! Cet après-midi, j'ai monté Bello. Comme d'habitude, il a été génial, et même si la perfection n'existe pas, je suis sûre que nous n'en étions pas loin !
Je t'explique : aujourd'hui, on avait un cours de mise-en-selle. Au trot assit, Sophie a commencé par nous expliquer la bonne position a avoir dans le bas du corps, puis peu à peu, elle est remontée du bassin aux épaules, jusqu'à la tête. Et à ce moment là, il s'est passé quelque chose de magique, d'extraordinaire, qu'aucun mot n'est assez fort pour qualifier. J'ai caressé les nuages, frôlé les étoiles. Je me suis envolée vers un monde de sensations nouvelles, aussi surprenantes que magnifiques. Chacun de ses pas résonnait au creux de mon âme. Nous ne faisions plus qu'un, un seul et même être , voyageant «entre terre et ciel, à une hauteur qui n'existe pas». Enfin bref, je l'aime.
Cher Journal,
Cela fait bien longtemps que je n'ai pas écrit, mais tout allait bien. Avec Bello, nous avons enchaîné les cours, lui progressant de plus en plus, moi, m'attachant encore plus. Malheureusement, il y a quelque chose qui vient noircir le tableau: nous sommes le 30 mai et Sophie s'en va car celle qu'elle remplaçait va mieux. Sauf que, pendant ces trois mois, je me suis beaucoup attachée à elle. Comme à Bello. Comme avec tout le monde d'ailleurs... Cela me rend tellement triste! Heureusement, j'ai encore Bello!
Cher Journal,
Ce que j'ai appris ce midi est sûrement l'une des pires choses qui pouvaient m'arriver en ce moment. Non, je n'ai plus Bello. Il est parti aujourd'hui, seulement trois jours après Sophie. C'est juste horrible. Tout simplement affreux. Même s'il n'est pas encore vendu, je suis sûre qu'il le sera. Il est tellement merveilleux que c'est impossible de ne pas craquer!
Cher Journal,
Cette nuit a été très difficile. Je n'ai pas arrêté de penser à lui et de pleurer. Par chance, l'épuisement a finit par me conduire au pays des songes, et même si ce n'était que provisoire, mon chagrin m'a laissée tranquille. Après ce court répit, une autre épreuve m'a attendue: celle du sourire et du mensonge. Depuis sept ans de monte à Phalempin, je connais beaucoup de gens. Et tous ces gens me demandent comment ça va. Alors avec un sourire furtif, je leur répond que oui en ravalant mes larmes, pendant que mon cœur hurle que non. Seule Jeanne sait ce qui se passe réellement en moi. Mais je vois bien, quand elle me regarde avec ses yeux remplis de pitié, qu'au fond, elle ne comprend pas. Et je ne peux lui en vouloir. Il faut le vivre pour le comprendre. Et même à mon pire ennemi ne souhaiterais pas de vivre ça. Alors je me suis rendue seule jusqu'au box de Bello. Il y avait son odeur. Il y avait la paille qu'il avait piétinée et mâchonnée. Il y avait sa ration encore intacte au fond de sa mangeoire. Il y avait tout. Sauf lui. Il n'y avait rien. Je lui ai tout de même déposé deux misérables carottes, on ne sait jamais...
Cher Journal,
On dit que le temps apaise la douleur, mais il n'en est rien. Cela fait maintenant dix-neuf jours que je ne l'ai pas vu, mais j'ai l'impression que cela fait des années. Ce qui fait le plus mal, je crois, sont ces automatismes qui finissent toujours par me rappeler qu'il n'est plus là. Parfois, je pense: «Prends une carotte en plus pour Bello, au cas où tu ne le monterais pas!» Bien sûr que je ne le monterais pas puisqu'il n'est plus au club! A d'autres moments, il m'arrive de me dire: «Il faut que j'aille au centre équestre, ça va me remonter le moral!» A quoi bon? Ce qui me remontais le moral au centre équestre, c'était lui!
Cher Journal,
Aujourd'hui, le 29 décembre 2015, Bello me manque toujours autant. Sept mois après la séparation, les choses ont bien changé. Contre ma volonté, les souvenirs s’effacent peu à peu. Je me souviens de chaque fois que je l'ai monté, chaque cours, mais plus des sensations ni des sentiments. Je me souviens de son physique, mais plus de son mental. Certaines choses m'échappent.. Mais la douleur aussi s'est échappée. Il me manque encore, mais plus de la même façon.. J'espère un jour pouvoir le revoir, même s'il n'y a que peu de chances. J'aimerais lui dire ce qu'il représente pour moi, le rôle qu'il a joué dans mas vie. Lui dire que je l'aime, tout simplement...
) . Je te dis : continue ainsi!!!! (même si il y a des fautes d'horographes et fautes de frappes 
)
J'adore, j'adore, j'adore.