Tu avais juré [Nouvelle - Réaliste, Introspection]

[Sheezune]

Tu avais juré

Tu avais juré, tu t’en souviens ?
Tu avais juré que tu mènerais ta vie de manière à ne jamais avoir de regrets une fois arrivée au bout de celle-ci.
Les promesses ont toujours belle allure. C’est qu’on aime y mettre de beaux artifices, de bons sentiments quand on les prononce. On y infuse tant de croyance, tant d’espoir qu’on finit par croire qu’elles se réaliseront. Mais c’est sans se compter soi et la réalité cruelle du monde.
Je n’en suis qu’au tiers de ma vie et pourtant des regrets, j’en ai déjà plein ma pelle. J’ai beau les jeter dans un fossé pour tenter vainement de les oublier, rien n’y fait, ils continuent de s’accrocher à ma mémoire, de voleter dans mon cerveau, geignant et gémissant, me rappelant tous ces instants et opportunités manqués.
C’est si dur, vous savez, d’aller à l’encontre de sa nature profonde pour tenter de mener une vie sans regrets. J’ai essayé, vraiment essayé d’empoigner chaque opportunité, de tenir chaque main que j’ai pu croiser, mais la vie, le temps, les imprévus aiment à faire obstacle dans ce genre de choses.
J’ai des regrets plein le cœur, plein la tête, plein la cervelle, plein les souvenirs.
Lambeaux et fragments de souvenirs parsemés de gens souriants et jeunes, croquant la vie à pleines dents, mais ne profitant pas assez, jamais assez du moment présent.
J’ai des regrets quand je me retourne et que je vois cette femme adolescente qui au lieu de souvent trop plancher pour des diplômes qui ne lui assureraient même pas un métier aurait bien mieux fait de sortir davantage, de s’éclater davantage, de déconner davantage, de rire davantage, de se lier davantage, de profiter davantage de ces belles amitiés lycéennes qui ne durent que quelques années, aussi éphémères et rares que ces papillons du même nom.
J’ai des regrets quand je vois cette femme tout droit sortie de l’adolescence plancher encore davantage, croyant encore dur comme fer qu’il n’y a qu’ainsi qu’on peut s’en sortir, oubliant parfois de contacter plus qu’elle ne devrait les rares vrais amis qu’il lui reste.
J’ai des regrets quand je vois cette étudiante trop souvent chez elle, trop raccrochée à son cocon bien rassurant, craignant trop de s’attarder seule dans le monde extérieur.
J’ai des regrets quand je vois cette femme adulte manquer encore de confiance en elle dans ses entretiens oraux, continuant parfois inconsciemment de se rabaisser par la faute d’un père trop avare de compliments et toujours trop plein de critiques et de rabaissements.
J’ai des regrets quand je vois cette adulte incertaine manquer encore des opportunités qu’elle aurait pu saisir si elle avait su maîtriser le stress, mentir un peu sur son être, prendre sur elle et endurer pour ensuite s’épanouir plus tard.
J’ai aussi des petits regrets faciles quand je blesse sans le vouloir, d'où ma tendance à ne pas toujours révéler mes opinions, préférant me rallier à l’avis général pour éviter les disputes.
Je regrette de n’avoir jamais pu encore aimer d’amour, celui qui diffère tant de celui qu’on éprouve pour ses parents, mais je suis au moins contente d’aimer d’amitié. J’ai trop goûté à la solitude pour la désirer encore, elle qui s'avère si dure, froide et cruelle.
Ah… Une vie sans regrets, quelle vie magnifique ce serait et comme j’envie ces gens qui se fichent bien du regard des autres et vivent comme ils l’entendent sous un soleil resplendissant, parés de leur personnalité tout aussi resplendissante. Ont-ils des regrets eux aussi ? Ah, sans doute, ne serait-ce que des petits regrets, on en a toujours. Un petit mot de réconfort qu’on aurait pu dire, une phrase qu’on aurait pu reformuler, un moment qu’on aurait pu rejouer, un sourire qu’on aurait pu donner, une larme qu’on aurait pu verser, une amitié qu’on aurait pu sauver, un frère duquel on aurait pu de nouveau se rapprocher, un petit lien qu’on aurait pu raccommoder, un cœur qu’on aurait pu débarrasser de sa solitude.
C’est rempli de douleur et de nostalgie les regrets, et c’est peut-être en partie ce qui fait qui on est, mais j’aurais tant préféré mener une vie sans.
Alors pour le reste de vie qu’il me reste, laissez-moi vivre un peu, rien qu’un peu, laissez-moi goûter un peu, rien qu’un peu à une vie libérée de tous regrets.
Laissez-moi savourer mes amitiés, laissez-moi explorer et voyager, laissez-moi aimer un jour, laissez-moi manger des gaufres en famille le dimanche, laissez-moi rêver et réaliser ces rêves, laissez-moi vivre heureuse et entourée tout simplement.
Promis, juré ?

[onnew]

Une seule question: tu es vraiment sûre d'avoir tout retranscrit?
Ce n'est pas que c'est un peu envahissant comme histoire mais comme on a l'impression que tu ne parle que de toi il faudrait alléger un peu ton contenu à mon goût.*
*C'est exigeant ce que je dis mais j'ai tout lu d'un trait parce que ton style a de la légèreté.
En tout cas pas de doute il faut diversifier ton écriture ou alors en faire un roman mais surtout il faut que tu choisisses entre ces deux possibilités! Bonne chance .

[ChloPlume]

Le style est plutôt lourd, avec pas mal de répétitions. C'est un effet de style qui donne une intensité à ton texte mais cela donne aussi l'impression qu'elle veut absolument ... Comment dire ? Montrer qu'elle (ta narratrice) a des regrets. Ton texte aurait pu gagner en légèreté sans perdre en force.
Ton texte n'en demeure pas bouleversant et empli de tristesse. Il touche et fait ressentir cette détresse qui transpire.

[Sheezune]

onnew ---> Désolée de la réponse un peu tardive. Merci déjà d'avoir pris le temps de laisser un petit commentaire, ça fait toujours plaisir. J'ai tendance à écrire des petits fragments de vie sur des thèmes variés (les regrets ici), des instants et des personnages lambdas, d'où cette impression fragmentée que tu as dû ressentir. Alléger le contenu, c'est-à-dire ? En termes de style, de composition ? Aérer le texte ? Varier les expressions ? Pourrais-tu apporter des éclaircissements à ton commentaire histoire que je puisse voir les points sur lesquels je pourrais m'améliorer ?

ChloPlume ---> Les répétitions sont en effet là pour créer un effet de style et je voulais justement que se dégage cette impression un peu de lourdeur et mettre justement l'emphase sur ces regrets. Après c'est un texte qui a été écrit sur le vif, donc il est vrai que j'aurais pu y apporter un peu de légèreté après coup en variant le vocabulaire peut-être. En tout cas merci d'avoir lu et contente que le texte t'ait touché malgré tout.

[ChloPlume]

onnew ---> Désolée de la réponse un peu tardive. Merci déjà d'avoir pris le temps de laisser un petit commentaire, ça fait toujours plaisir. J'ai tendance à écrire des petits fragments de vie sur des thèmes variés (les regrets ici), des instants et des personnages lambdas, d'où cette impression fragmentée que tu as dû ressentir. Alléger le contenu, c'est-à-dire ? En termes de style, de composition ? Aérer le texte ? Varier les expressions ? Pourrais-tu apporter des éclaircissements à ton commentaire histoire que je puisse voir les points sur lesquels je pourrais m'améliorer ?

ChloPlume ---> Les répétitions sont en effet là pour créer un effet de style et je voulais justement que se dégage cette impression un peu de lourdeur et mettre justement l'emphase sur ces regrets. Après c'est un texte qui a été écrit sur le vif, donc il est vrai que j'aurais pu y apporter un peu de légèreté après coup en variant le vocabulaire peut-être. En tout cas merci d'avoir lu et contente que le texte t'ait touché malgré tout.

Oui, en variant le texte (le dictionnaire des synonymes est ton meilleur ami dans ces moments-là), et en jouant sur le rythme des phrases. Je pense à un livre, Du hérisson, d'Eric Chevillard. Bon le livre est étrange mais il joue la-dessus. Je m'explique : le livre est découpé en paragraphe d'une dizaine de lignes, parfois plus. Dans chaque paragraphe, Eric Chevillard dit les mêmes mots : "hérisson naïf et globuleux". C'est systématique.
Tout cela pour te dire que tu peux jouer sur la répétition sans être lourd. Une anaphore par exemple.
Mais ce ne sont que des idées, ton texte t'appartient.