Petite histoire, en quête d'avis

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Nutt

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Petite histoire, en quête d'avis

Message par Nutt »

Bonjour à tous !
J'ai écrit cette petite histoire, et j'aurais besoin d'avis (comme écrit dans le titre ^^) !
Je suis ouverte à tous commentaires ! Je recherche en particulier des avis constructifs, qui pourraient m'aider à améliorer mon écriture ! Si vous trouvez que des passages manquent de fluidité, dites le moi ! ;)
(D'ailleurs, si vous avez une idée de titre, je suis également preneuse !)
Merci d'avance !




Il est six heures. Mes yeux s’ouvrent péniblement. Ils s’y refusent. Je les oblige. Comme chaque jour, le réveil est difficile, la nuit a été courte. Immédiatement, je suis assourdie par le vacarme. Je plaque mes paumes sur mes oreilles. Les cris cessent, s’atténuent. Je ne m’y habituerai jamais totalement …
Je me lève, attrape mes affaires, et en remplis mon sac. Je me dirige vers la porte de la pièce exiguë, principalement occupée par mon petit lit, mais renonce. Pas aujourd’hui. Je m’avance vers la fenêtre, en repousse les battants. Mon sac prend son envol, avant de s’écraser quelques mètres plus bas. Je passe ensuite mes jambes, mon corps. Seuls mes bras me retiennent, refusant de m’infliger plus de bleus que je n’en ai déjà. Puis mon corps, affaibli par des semaines de rationnement, lâche. Je m’effondre sur le sol dans un bruit sourd. La porte d’entrée s’entrouvre, j’aperçois ses traits menaçants. La course commence. Entraînées par l’adrénaline, mes jambes repoussent le sol, me relèvent, et battent le sol. Je ne me retourne pas, je ne veux et ne peux pas envisager dès à présent ce qui m’attend ce soir. Je ralentis peu à peu. Le soleil pointe, une nouvelle journée commence. Je lève les yeux. Au loin, la dame de fer dépasse des toits, s’impose, persévérant chaque jour, et observe les milliers de touristes qui se pressent à ses pieds. La journée avance, je marche sans jamais ne m’arrêter, mais mon estomac proteste. Il m’en veut. Je le comprends. Je le maltraite un peu plus chaque jour. Je ne m’imposerai pas aujourd’hui. Je ne réclamerai par leur pitié. Je poursuis ma route, jusqu’à atteindre mon repaire.
Je m’assieds sur ma souche d’arbre biscornue, et sors du sac les derniers objets en ma possession; ceux que je n’ai pas encore vendus pour acheter un petit encas. Les passants me scrutent étrangement. Je hais ces regards inquisiteurs. Mais peu à peu, le feuille blanche les efface. Elle m’hypnotise, m’appelle, me cherche. Je plonge. Plus rien n’existe. Mon crayon trace et retrace une multitude de petits traits. Une image apparaît progressivement. Je la découvre avec toujours autant d’étonnement. Ma main ralentit, s’apaise. Je sors de mon extase, redresse la tête. J’y suis parvenu : ils m’observent toujours, mais désormais avec admiration. J’arrache la feuille de mon calepin. Je la dépose devant moi, face à eux. Deux d’entre eux, un couple, s’approchent. Ils me demandent un prix. Je ne leur réponds pas. Leurs regards sont pleins d’interrogations. Je bredouille, je n’aime pas évaluer mon travail. Ils se regardent, ébahis. Le premier homme me tend un billet, que je fourre aussitôt au fond de ma poche. Je tente de me replonger dans une nouvelle page, mais la magie a disparu. Une part de moi veut les voir, voir leur réaction. Je relève la tête, acquiesce à leur demande. Ils attrapent la feuille, et s’éloignent. Les autres attendent de moi un deuxième dessin, mais je n’y parviens pas.
J’aperçois une silhouette qui ne m’est pas inconnue au loin. Je me lève, attrape tout, et la poursuis. L’ombre tourne, je l’imite, mais elle s’est évaporée. Je ne comprends pas. Je reviens sur mes pas, refais le chemin, cherche aux alentours, mais je ne la vois pas. Je reviendrai demain. Je l’aurai. Adossée au mur, je sors de ma poche mon faible butin. Mes yeux s’écarquillent. Si personne ne me le vole, je pourrai manger chaud aujourd’hui. Et demain. Mon ventre rugit d’impatience. Je cours jusqu’aux rues marchandes. Les affichent m’appellent, me tentent, emplissent mon champ de vision de couleurs vives. C’est beau. C’est magnifique. Je rentre dans une échoppe, passe commande, et vais m’asseoir derrière une petite table. Je dévore.
Je ressors, et retourne dans la petite ruelle. L’ombre est la. Elle m’attend ? À mon arrivée, elle recule. Par peur qu’elle ne reparte, je me précipite. Elle s’évanouit, se dissout dans l’air tiède et moite de l’après-midi. Je m’effondre à sa place.
Je rentre, et, comme je l’espérais, la maison est vide. Je m’effondre sur le lit.
Je dois préparer le repas, ils rentreront bientôt. Je les attends. Ils arrivent. Je finis par m’endormir sur le petit canapé.
Je me retourne, regarde l’heure. Trois heures. Je me redresse d’un bond. J’appelle. Personne.
Le retour à la réalité est dur. Il blesse, fait disparaître les dernières lueurs d’espoir. Ils ne rentreront pas. L’ombre n’était que le fruit de mon imagination. Eux aussi. Tout doit cesser. Maintenant. Je ne peux plus les supporter.
Demain, à l’aube, tout ce calvaire aura cessé.
ChloPlume

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Re: Petite histoire, en quête d'avis

Message par ChloPlume »

Nutt a écrit :Bonjour à tous !
J'ai écrit cette petite histoire, et j'aurais besoin d'avis (comme écrit dans le titre ^^) !
Je suis ouverte à tous commentaires ! Je recherche en particulier des avis constructifs, qui pourraient m'aider à améliorer mon écriture ! Si vous trouvez que des passages manquent de fluidité, dites le moi ! ;)
(D'ailleurs, si vous avez une idée de titre, je suis également preneuse !)
Merci d'avance !




Il est six heures. Mes yeux s’ouvrent péniblement. Ils s’y refusent. Je les oblige. Tu aurais plus de fluidité en faisant de deux phrases une seule. Comme chaque jour, le réveil est difficile, la nuit a été courte. Immédiatement, je suis assourdie par le vacarme. Je plaque mes paumes sur mes oreilles. Les cris cessent, s’atténuent. Je ne m’y habituerai jamais totalement …
Je me lève, attrape mes affaires, et en remplis mon sac. Je me dirige vers la porte de la pièce exiguë, principalement occupée par mon petit lit, mais renonce. Pas aujourd’hui. Je m’avance vers la fenêtre, en repousse les battants. Mon sac prend son envol, avant de s’écraser quelques mètres plus bas. Je passe ensuite mes jambes, mon corps. Seuls mes bras me retiennent, refusant de m’infliger plus de bleus que je n’en ai déjà. Puis mon corps, affaibli par des semaines de rationnement, lâche. Je m’effondre sur le sol dans un bruit sourd. La porte d’entrée s’entrouvre, j’aperçois ses traits menaçants. La course commence. Entraînées par l’adrénaline, mes jambes repoussent le sol, me relèvent, et battent le sol. Je ne me retourne pas, je ne veux et ne peux pas envisager dès à présent ce qui m’attend ce soir. Je ralentis peu à peu. Le soleil pointe, une nouvelle journée commence. Je lève les yeux. Au loin, la dame de fer dépasse des toits, s’impose, persévérant chaque jour, et observe les milliers de touristes qui se pressent à ses pieds. La journée avance, je marche sans jamais ne Le -en- n'est pas indispensable puisque ta négation est déjà prononcé avec le -jamais-. Donc -sans jamais m'arrêter.- m’arrêter, mais mon estomac proteste. Il m’en veut.
Je le comprends.
Les passages à la ligne donnent plus de force, notamment si tu veux faire ressortir une phrase ou un petit paragraphe. Bon, là, je t'ai fait un passage arbitraire mais je trouve qu'il renforce encore la sensation de faim qui creuse le ventre de ton héroïne. Je le maltraite un peu plus chaque jour. Je ne m’imposerai pas aujourd’hui. Je ne réclamerai par leur pitié. Je poursuis ma route, jusqu’à atteindre mon repaire.
Je m’assieds sur ma souche d’arbre biscornue, et sors du sac les derniers objets en ma possession Si l'on excepte la virgule, le point et bien sur l'apostrophe, tous les signes de ponctuations ont un espace devant et derrière eux, y compris les points-virgules et les points de suspension -...-. ; ceux que je n’ai pas encore vendus Étant donné que c'est l'auxiliaire avoir, tu n'as pas besoin d'accorder ton participe passé. Donc -vendu- pour acheter un petit encas. Les passants me scrutent étrangement. Je hais ces regards inquisiteurs. Mais peu à peu, le -la- ; faute d'étourderie ^^ feuille blanche les efface. Elle m’hypnotise, m’appelle, me cherche. Je plonge. Plus rien n’existe. Mon crayon trace et retrace une multitude de petits traits. Une image apparaît progressivement. Je la découvre avec toujours autant d’étonnement. Ma main ralentit, s’apaise. Je sors de mon extase, redresse la tête. J’y suis parvenu : ils m’observent toujours, mais désormais avec admiration. J’arrache la feuille de mon calepin. Je la dépose devant moi, face à eux. Deux d’entre eux, un couple, s’approchent. Ils me demandent un prix. Je ne leur réponds pas. Leurs regards sont pleins -plein- étant un adverbe, tu ne l'accordes pas. d’interrogations. Je bredouille, je n’aime pas évaluer mon travail. Ils se regardent, ébahis. Le premier homme me tend un billet, que je fourre aussitôt au fond de ma poche. Je tente de me replonger dans une nouvelle page, mais la magie a disparu. Une part de moi veut les voir, voir leur réaction. Je relève la tête, acquiesce à leur demande. Ils attrapent la feuille, et s’éloignent. Les autres attendent de moi un deuxième dessin, mais je n’y parviens pas.
J’aperçois une silhouette qui ne m’est pas inconnue au loin. Je me lève, attrape tout, et la poursuis. L’ombre tourne, je l’imite, mais elle s’est évaporée. Je ne comprends pas. Je reviens sur mes pas, refais le chemin, cherche aux alentours, mais je ne la vois pas. Je reviendrai demain. Je l’aurai. Adossée au mur, je sors de ma poche mon faible butin. Mes yeux s’écarquillent. Si personne ne me le vole, je pourrai manger chaud aujourd’hui. Et demain. Mon ventre rugit d’impatience. Je cours jusqu’aux rues marchandes. Les affichent m’appellent, me tentent, emplissent mon champ de vision de couleurs vives. C’est beau. C’est magnifique. Je rentre dans une échoppe, passe commande, et vais m’asseoir derrière une petite table. Je dévore.
Je ressors, et retourne dans la petite ruelle. L’ombre est la. Elle m’attend ? À mon arrivée, elle recule. Par peur qu’elle ne reparte, je me précipite. Elle s’évanouit, se dissout dans l’air tiède et moite de l’après-midi. Je m’effondre à sa place.
Je rentre, et, comme je l’espérais, la maison est vide. Je m’effondre sur le lit.
Je dois préparer le repas, ils rentreront bientôt. Je les attends. Ils arrivent. Je finis par m’endormir sur le petit canapé.
Je me retourne, regarde l’heure. Trois heures. Je me redresse d’un bond. J’appelle. Personne.
Le retour à la réalité est dur. Il blesse, fait disparaître les dernières lueurs d’espoir. Ils ne rentreront pas. L’ombre n’était que le fruit de mon imagination. Eux aussi. Tout doit cesser. Maintenant. Je ne peux plus les supporter.
Demain, à l’aube, tout ce calvaire aura cessé.
Un bon texte de départ, peu de fautes. Ça manque de fluidité par plusieurs aspects, notamment parce que tu fais beaucoup de petites phrases, surtout des phrases d'actions qui commencent par -je- ; tu pourrais étirer ton action en ajoutant quelques descriptions, si tu le souhaites et en creusant les états d'âmes et les pensées de ton héroïne qui a l'air d'une fille dure et en grande souffrance.
Voilà pour la forme.
Le fond maintenant.
Et ... C'est là que ça devient paradoxal. Ton texte est excellent, empli d'un suspens insoutenable. Qui est-elle ? À qui appartiennent "ses traits menaçant" ? Qui sont ce "ils" ? On comprend qu'elle vit dans une famille ou chez un couple qui visiblement la maltraite puisqu'elle n'a pas à manger et qu'elle sort par la fenêtre mais que sait-on de plus ? Rien. On sait que ton héroïne est une fille, qu'elle dessine, qu'elle est fière ... Et c'est tout.
Ne sois pas aussi avare en détails :) tu peux offrir un texte de qualité aussi grande que celui dont je parle en détaillant un peu plus, en donnant par-ci, par-là des indices sur la situation de la jeune fille. Surtout que l'on veut en savoir plus ! J'attends donc la suite (avec impatience).
Nutt

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Re: Petite histoire, en quête d'avis

Message par Nutt »

Ouaww, merci beaucoup ChloPlule de m'avoir lue, et de m'avoir répondu, ça m'a vraiment touché !
Déjà, merci pour tous ces compliments, je ne m'y attendais pas pour un texte écrit au feeling, en peu de temps ...
En relisant mon texte, avec tes commentaires, je me rends compte qu'effectivement, je suis trop dans "l'action" : je décris ce qu'il se passe, mais pas assez le côté "sentiments". Je vais corriger les petites fautes et retravailler un peu mon texte en prenant en compte tes précieux conseils ! Je publierai surement une nouvelle version d'ici la fin de la semaine !
Je ne pensais pas publier de suite, mais je vais peut-être reconsidérer cette idée ^^ (Juste en y pensant, comme ça, une deuxième partie un peu particulière me tente bien, elle expliquerait un peu mieux la première ...) Cependant, je ne suis pas satisfaite du tout de la fin ! Je vais la changer : j'avais une idée précise que je voulais insinuer, lais j'ai tellement fait "implicite" qu'on ne comprend même pas ce que je voulais dire à la bas :lol:

PS : En revanche, pour "venduS", j'ai un petit doute ... Oui, c'est l'auxiliaire avoir, mais le complément est avant, donc on accorde le participe passé avec, non ? (désolée, mes derniers cours de grammaire remontent à déjà quelques temps ...) => "ceux que je n'ai pas encore vendus" (=> vendre quoi ? "ceux")
ChloPlume

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Re: Petite histoire, en quête d'avis

Message par ChloPlume »

Salut, bien vu concernant -vendus-. Étant donné que le COD est devant l'auxiliaire, il s'accorde, donc cette correction ne compte pas :)
Oui, n'hésite pas à donner des billes à ton lecteur sous peine de le perdre. Un texte qui ne parle qu'à celui qui l'écrit n'est pas très intéressant.
Bref, j'ai hâte de te relire :)
Nutt

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Re: Petite histoire, en quête d'avis

Message par Nutt »

Hellow !
Je vais sûrement écrire une deuxième partie, ça me tente bien ...
Je sais bien que les lecteurs aiment toujours lire plus ! Je comprends, j'en fais partie : dès que je lis un texte que j'aime, je veux toujours en lire plus de la même personne !
Le soucis, c'est que ... Dès que ça me concerne ... *hum hum* Disons que ça devient tout de suite beaucoup plus compliqué ... On va dire que j'ai du mal a montrer ce que j'écris ... Au final, je me retrouve avec des tiroirs remplis de carnets noircis de textes, mais sans jamais rien publier ! Bref, on verra bien si je me lance a nouveau ou pas ...
Dans tous les cas, promis, au moins je retravaille la première partie, avec une fin plus travaillée !
Nutt

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Re: Petite histoire, en quête d'avis

Message par Nutt »

Coucou !
Cette après-midi, je ne sais pas ce qui m’a pris, mais j’ai eu un peu d’inspiration … Du coup, j’en ai profité ! ^^ J’ai retravaillé la première partie du texte, en tenant compte de tes conseils, ChloPlume ! J’ai ajouté quelques paragraphes, quelques phrases par ci par là ^^
J’ai aussi essayé d’améliorer la fin, dites-moi ce que vous en pensez, je ne suis pas sûre de moi pour ce passage …
Et là … J’ai vraiment dû avoir une inspiration subite : sans même réfléchir, j’ai commencé à écrire une deuxième partie … Elle est encore plus écrite au feeling que la première, j’espère que ça ne se verra pas trop …
Votre avis ?
(J’en profite, au passage, pour signaler que je suis à la recherche d’un titre, mais à ce niveau là, j’ai vraiment ZÉRO inspiration … Quelqu’un aurait pas une idée ?)
En tous cas, merci beaucoup de me lire :)





Il est six heures. Mes yeux s’ouvrent péniblement. Ils s’y refusent, je les oblige. Comme chaque jour, le réveil est difficile, la nuit a été courte. Immédiatement, le vacarme m’assourdit. Je plaque mes paumes sur mes oreilles. Les cris cessent, s’atténuent. Je ne m’y habituerai jamais totalement …
Je me lève, attrape mes affaires, et en remplis mon sac. Je me dirige vers la porte de la pièce exiguë, principalement occupée par mon petit lit, mais renonce. Pas aujourd’hui. Je m’avance vers la fenêtre, en repousse les battants. Mon sac prend son envol, avant de s’écraser quelques mètres plus bas. Je passe ensuite mes jambes, mon corps. Seuls mes bras me retiennent, refusant de m’infliger plus de bleus que je n’en ai déjà. Puis mon corps, affaibli par des semaines de rationnement, lâche. Je m’effondre sur le sol dans un bruit sourd. La porte d’entrée s’entrouvre, j’aperçois ses traits menaçants. La course commence. Entraînées par l’adrénaline, mes jambes repoussent le sol, me relèvent, et battent le sol. Je ne me retourne pas, je ne veux et ne peux pas envisager dès à présent ce qui m’attend ce soir. Je ralentis peu à peu. Le soleil pointe, une nouvelle journée commence. Je lève les yeux. Au loin, la dame de fer dépasse des toits, s’impose, persévérant chaque jour, et observe les milliers de touristes qui se pressent à ses pieds. La journée avance, je marche, sans jamais m’arrêter, mais mon estomac proteste.
Il m’en veut.
Je le comprends.
Je le maltraite un peu plus chaque jour.
Ce ventre, qui me tenaille, m’obsède. Il envahit toutes mes pensées. Mais si ce n’était que ça … Je ne sais plus ce qui me noue le plus : la faim, ou la peur ? Cette peur ne me quitte jamais. Le matin, au réveil, elle est là. Toute la journée, elle se cache, derrière tout ce qui m’entoure. Elle trouve toujours un moyen de s’insinuer au plus profond de mon âme, la sournoise. Mais c’est sûrement le soir qu’elle est la plus présente. Juste avant de franchir le seuil de l’entrée. Si seulement je pouvais me reposer … Si seulement mes quelques heures de sommeil journalières n’étaient pas assaillies de cauchemars … Si seulement je pouvais, rien qu’un jour, dormir paisiblement, ne pas me réveiller et entendre ma respiration haletante, mon cœur battant toujours plus fort. Un jour, il ne tiendra pas le choc. Un jour, je ne me réveillerai pas, et alors, je ne sentirais plus cette brûlure qui me déchire …
Un passant me bouscule. Je reviens subitement à la réalité.
Je ne m’imposerai pas aujourd’hui. Je ne réclamerai par leur pitié. Je poursuis ma route, jusqu’à atteindre mon repaire.
Je m’assieds sur ma souche d’arbre biscornue, et sors du sac les derniers objets en ma possession; ceux que je n’ai pas encore vendus pour acheter un petit encas. Les passants me scrutent étrangement. Je hais ces regards inquisiteurs. Mais peu à peu, la feuille blanche les efface. Elle m’hypnotise, m’appelle, me cherche. Je plonge. Plus rien n’existe. Mon crayon trace et retrace une multitude de petits traits. Une image apparaît progressivement. Je la découvre avec toujours autant d’étonnement. Ma main ralentit, s’apaise. Je sors de mon extase, redresse la tête. J’y suis parvenu : ils m’observent toujours, mais désormais avec admiration. J’arrache la feuille de mon calepin. Je la dépose devant moi, face à eux. Deux d’entre eux, un couple, s’approchent. Ils me demandent un prix. Je ne leur réponds pas. Leurs regards sont plein d’interrogations. Je bredouille, je n’aime pas évaluer mon travail. Ils se regardent, ébahis. Le premier homme me tend un billet, que je fourre aussitôt au fond de ma poche. Je tente de me replonger dans une nouvelle page, mais la magie a disparu. Une part de moi veut les voir, voir leur réaction. Je relève la tête, acquiesce à leur demande. Ils attrapent la feuille, et s’éloignent. Les autres attendent de moi un deuxième dessin, mais je n’y parviens pas.
J’aperçois une silhouette qui ne m’est pas inconnue au loin. Je me lève, attrape tout, et la poursuis. L’ombre tourne, je l’imite, mais elle s’est évaporée. Je ne comprends pas. Je reviens sur mes pas, refais le chemin, cherche aux alentours, mais je ne la vois pas. Je reviendrai plus tard. Je reviendrai demain. Je l’aurai, je la verrai, je lui parlerai. Adossée au mur, je sors de ma poche mon faible butin. Mes yeux s’écarquillent. Si personne ne me le vole, je pourrai manger chaud aujourd’hui. Et demain. Mon ventre rugit d’impatience. Je cours jusqu’aux rues marchandes. Les affiches m’appellent, me tentent, emplissent mon champ de vision de couleurs vives. C’est beau. C’est magnifique. Je rentre dans une échoppe, passe commande, et vais m’asseoir derrière une petite table. Je dévore.
Je ressors en vitesse, et retourne dans la petite ruelle. L’ombre est la. Elle m’attend ? À mon arrivée, elle recule. Par peur qu’elle ne reparte, je me précipite. Elle s’évanouit, se dissout dans l’air tiède et moite de l’après-midi. Je m’effondre à sa place.
Je rentre, et, comme je l’espérais, la maison est vide. Je m’effondre sur le lit.
Je dois préparer le repas, ils rentreront bientôt. Je les attends. Ils n’arrivent pas. Je finis par m’endormir sur le petit canapé.
Je me retourne, regarde l’heure. Trois heures. Je me redresse d’un bond. J’appelle. Personne.
Le retour à la réalité est dur. Il blesse, fait disparaître les dernières lueurs d’espoir. Ils ne rentreront pas. L’ombre n’était que le fruit de mon imagination. Eux aussi.
Comment ai-je pu me laisser berner une fois de plus ? Je pensais les avoir vaincues. J’en étais sûre, ces flashs, ces hallucinations avaient disparu …
Tout doit cesser. Maintenant. Je ne peux plus les supporter.
Demain, à l’aube, tout ce calvaire aura cessé.



***


L’aube arrive. C’est le moment, cet instant tant attendu. J’en ai rêvé tellement de fois … Tout va s’arrêter. Je n’ai pas pu refermer l’œil, depuis mon difficile retour à la réalité. Comment ai-je pu espérer m’en être débarrassée ? Comment ai-je pu y croire. Ils m’avaient pourtant bien dit qu’ils reviendraient toujours. Que je ne serais plus jamais dans la solitude, malgré le vide qui habite la maison.
Que s’est il passé cette fois ? J’ai essayé de démêler la situation, mais mon esprit est confus. Je n’aurais peut-être pas dû prendre ces petites pilules, qui m’appelaient. Je m’étais dit que franchir l’étape de non-retour serait plus facile avec …
Je me suis trompée. Comme d’habitude, erreur de jugement.
Je pose les yeux sur la petite table face à moi, sur les boîtes alignées.
Je les revois. Je les entends. Ils me disent de le faire. Ils ne cessent de répéter que ça ne changera rien. Que le monde ne verra même pas la différence. Qu’il s’en portera peut-être même mieux. Que je ne sert à rien. Que je suis inutile. Totalement inutile.
Je m’avance, tend le bras, les effleure. Ce serait si facile de mettre un terme à tout cela.
Je la revois. C’est elle. C’est ma petite ombre. Ses traits deviennent plus réels. Je les distingue. Des larmes baignent ses joues rebondies. Cela me brise le cœur. Elle suffoque. Je suffoque avec elle. Je l’entend murmurer … Je lui avais promis … J’avais juré que je ne le ferais pas … Je lui ai toujours dit et répété. Elle en avait peur. Ça la terrifiait. Y croyais-je moi même ? C’était peut-être plus, au fond, pour la rassurer. Mais je le lui avais promis.
Je recule. Je ne peux pas lui faire ça.
Mais mes pensées ne sont pas de cet avis. Ils s’affrontent, se provoquent en un duel dont la fin marquera à jamais mon existence. Une décision doit être prise.
Que faire ?
J’essaie de les ignorer. Mais leurs cris m’obsèdent. Ils ne me laissent aucun répit. Je ne peux plus penser. Je ne m’entends plus penser. Je ne peux plus réfléchir.
Je n’en peux plus.
Je n’ai qu’une seule envie : que tout cesse.
Alors je me lance. J’y vais, c’est décidé. J’entends mon souffle haletant. Je l’écoute. Je le sais, il va s’épuiser. Tout est éphémère. Je m’y prépare. Les battements de mon cœur vont ralentir. Ma respiration aussi. Et, je l’espère, le bonheur, enfin, m’inondera. J’attends ce moment depuis si longtemps … Je m’avance. Tend le bras. Mes doigts effleurent de nouveau les petites boîtes, mais ils tremblent. J’y vois une représentation de mon esprit : tremblant, changeant d’avis sans cesse, à chaque seconde. Saisir ou ne pas saisir l’opportunité qui se présente. Je me convaincs que c’est le mieux. Je dois le faire. Je souffle fort, comme pour l’entendre une dernière fois. Le répète à voix haute. Ça ira très vite mieux. Je raffermis ma prise.
J’ouvre une à une les boîtes, en sors les petites plaquettes métalliques. J’en arrache un à un mes sauveurs. Empilés sur la table, je dois prendre.
Ils sont tous là, autour de moi. Certains ont un grand sourire plaqué sur leur visage. D’autres, une autre, pleure, sanglote, crie encore et encore mon nom. Je ferme mes yeux, Chaque parcelle de mon corps se contracte un peu plus. J’hurle, je dois les faire taire. Tout s’arrête. Le monde tourne au ralenti, et je les vois, chacun leur tour, s’effacer. Leurs contours s’estompent. Ils pâlissent. Il ne reste qu’elle, ma petite ombre. Je ne peux pas soutenir son regard, je détourne le mien. Comme les autres, elle disparaît finalement.
Je prends mes petits sauveurs dans une main, les serre fort, comme si je les enlaçais, comme si je les remerciais d’être là. J’attrape le verre.
Un bruit, en arrière fond, surgit. Je ne comprends pas. J’étais sûre que mon hurlement les avait fait déguerpir. Je les cherche du regard. Ils ne sont pas là. Le bruit persiste, devient de plus en plus net.
Des coups. Des coups pleuvent, de plus en plus fort, sur la porte d’entrée. Que dois-je faire ? J’y vais ? Je les ignore. Ça ne peut pas être important. Quoiqu’il en soit, rien n’aura bientôt plus d’importance.
Mais ils redoublent encore d’intensité. Et là, je l’entends. C’est elle. Je reconnaîtrais sa voix entre mille. elle crie mon nom. Ce n’est pas possible. Comment pourrait-elle être la ? Ça doit être encore une autre hallucination.
Une phrase change tout. Elle m’appelle, demande de l’aide, veut que je lui ouvre.
Je ne peux pas résister. Je me lève, réponds à sa demande, déverrouille la porte.
C’est elle. Comment est-ce possible ? Je n’en sais rien. Mais plus rien n’a d’importance. Elle se jette dans mes bras. L’étreinte dure, je ne veux pas plus qu’elle rompre ce contact.
Finalement, nous nous décrochons. M’arracher de ses bras frêles est difficile ; un froid balaie ma peau, le manque se fait déjà ressentir. Je l’observe avec attention, la scrute, des pieds à la tête. Elle, en revanche, a le regard fixe. Je le suis. Tout s’effondre en moi. Elle les a vu. Elle les regarde. Elle a forcément compris ce que je m’apprêtais à faire. Je ne peux pas le cacher. Alors je m’écarte. Je me détourne, mets de la distance entre nos deux corps. Elle va repartir. Elle sait que j’ai trahi ma promesse. Mais elle se rapproche. Pourquoi ? J’attend le coup qui n’arrive pas. Un contact, qui me glace. Elle me serre de nouveau dans ses bras. Je m’effondre. Elle renforce son étreinte. Je la suis, jusqu’au canapé. Nous nous asseyons. Elle se relève, prend tout ce qu’elle voit, et court jeter mes petits comprimés. Elle revient. Nos regards se croisent. Je comprends tout. Elle ne m’en veut pas. Elle est de retour. Tout est fini.
J’avais raison, mais je ne m’attendais pas à une telle fin : un nouveau jour commence, le calvaire a cessé. Je suis en vie.
ChloPlume

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Re: Petite histoire, en quête d'avis

Message par ChloPlume »

Nutt a écrit :Coucou !
Cette après-midi, je ne sais pas ce qui m’a pris, mais j’ai eu un peu d’inspiration … Du coup, j’en ai profité ! ^^ J’ai retravaillé la première partie du texte, en tenant compte de tes conseils, ChloPlume ! J’ai ajouté quelques paragraphes, quelques phrases par ci par là ^^
J’ai aussi essayé d’améliorer la fin, dites-moi ce que vous en pensez, je ne suis pas sûre de moi pour ce passage …
Et là … J’ai vraiment dû avoir une inspiration subite : sans même réfléchir, j’ai commencé à écrire une deuxième partie … Elle est encore plus écrite au feeling que la première, j’espère que ça ne se verra pas trop …
Votre avis ?
(J’en profite, au passage, pour signaler que je suis à la recherche d’un titre, mais à ce niveau là, j’ai vraiment ZÉRO inspiration … Quelqu’un aurait pas une idée ?)
En tous cas, merci beaucoup de me lire :)





Il est six heures. Mes yeux s’ouvrent péniblement. Ils s’y refusent, je les oblige. Comme chaque jour, le réveil est difficile, la nuit a été courte. Immédiatement, le vacarme m’assourdit. Je plaque mes paumes sur mes oreilles. Les cris cessent, s’atténuent. Je ne m’y habituerai jamais totalement …
Je me lève, attrape mes affaires, et en remplis mon sac. Je me dirige vers la porte de la pièce exiguë, principalement occupée par mon petit lit, mais renonce. Pas aujourd’hui. Je m’avance vers la fenêtre, en repousse les battants. Mon sac prend son envol, avant de s’écraser quelques mètres plus bas. Je passe ensuite mes jambes, mon corps. Seuls mes bras me retiennent, refusant de m’infliger plus de bleus que je n’en ai déjà. Puis mon corps, affaibli par des semaines de rationnement, lâche. Je m’effondre sur le sol dans un bruit sourd. La porte d’entrée s’entrouvre, j’aperçois ses traits menaçants. La course commence. Entraînées par l’adrénaline, mes jambes repoussent le sol, me relèvent, et battent le sol. Je ne me retourne pas, je ne veux et ne peux pas envisager dès à présent ce qui m’attend ce soir. Je ralentis peu à peu. Le soleil pointe, une nouvelle journée commence. Je lève les yeux. Au loin, la dame de fer dépasse des toits, s’impose, persévérant chaque jour, et observe les milliers de touristes qui se pressent à ses pieds. La journée avance, je marche, sans jamais m’arrêter, mais mon estomac proteste.
Il m’en veut.
Je le comprends.
Je le maltraite un peu plus chaque jour.
Ce ventre, qui me tenaille, m’obsède. Il envahit toutes mes pensées. Mais si ce n’était que ça … Je ne sais plus ce qui me noue le plus : la faim, ou la peur ? Cette peur ne me quitte jamais. Le matin, au réveil, elle est là. Toute la journée, elle se cache, derrière tout ce qui m’entoure. Elle trouve toujours un moyen de s’insinuer au plus profond de mon âme, la sournoise. Mais c’est sûrement le soir qu’elle est la plus présente. Juste avant de franchir le seuil de l’entrée. Si seulement je pouvais me reposer … Si seulement mes quelques heures de sommeil journalières n’étaient pas assaillies de cauchemars … Si seulement je pouvais, rien qu’un jour, dormir paisiblement, ne pas me réveiller et entendre ma respiration haletante, mon cœur battant toujours plus fort. Un jour, il ne tiendra pas le choc. Un jour, je ne me réveillerai pas, et alors, je ne sentirais plus cette brûlure qui me déchire …
Un passant me bouscule. Je reviens subitement à la réalité.
Je ne m’imposerai pas aujourd’hui. Je ne réclamerai par leur pitié. Je poursuis ma route, jusqu’à atteindre mon repaire.
La transition entre les deux phrases est peut-être un peu brusque. Je m’assieds sur ma souche d’arbre biscornue, et sors du sac les derniers objets en ma possession; ceux que je n’ai pas encore vendus pour acheter un petit encas. Les passants me scrutent étrangement. Je hais ces regards inquisiteurs. Mais peu à peu, la feuille blanche les efface. Elle m’hypnotise, m’appelle, me cherche. Je plonge. Plus rien n’existe. Mon crayon trace et retrace une multitude de petits traits. Une image apparaît progressivement ; je la découvre avec toujours autant d’étonnement. Ma main ralentit, s’apaise. Je sors de mon extase, redresse la tête. J’y suis parvenu : ils m’observent toujours, mais désormais avec admiration. J’arrache la feuille de mon calepin et la dépose devant moi, face à eux. J'ai choisit de fondre deux phrases courtes et séparées en une, ce qui est gras dans le texte. Je veux te montrer que des phrases plus longues donnent un côté moins heurté et adoucissent ton texte dont le propos, qui se devine mieux dans ta correction, est déjà très dur. Deux d’entre eux, un couple, s’approchent. Ils me demandent un prix, je ne leur réponds pas. Leurs regards sont plein d’interrogations. Je bredouille, je n’aime pas évaluer mon travail. Ils se regardent, ébahis. Le premier homme me tend un billet, que je fourre aussitôt au fond de ma poche. Je tente de me replonger dans une nouvelle page, mais la magie a disparu. Une part de moi veut les voir, voir leur réaction. Je relève la tête, acquiesce à leur demande. Ils attrapent la feuille, et s’éloignent. Les autres attendent de moi un deuxième dessin, mais je n’y parviens pas.
J’aperçois une silhouette qui ne m’est pas inconnue au loin. Je me lève, attrape tout, et la poursuis. L’ombre tourne, je l’imite, mais elle s’est évaporée. Je ne comprends pas. Je reviens sur mes pas, refais le chemin, cherche aux alentours, mais je ne la vois pas.
Je reviendrai plus tard.
Je reviendrai demain. Le passage à la ligne renforce la répétition et fait ressortir la force de l'affirmation de ta narratrice. Ce n'est, bien entendu, qu'une suggestion. Mais mettre une phrase, averbale ou anominale à la ligne lui offre une plus grande visibilité.
Je l’aurai, je la verrai, je lui parlerai. Je ne souligne pas que les points négatifs : la répétition sur un rythme ternaire avec la gradation est vraiment excellente ! Adossée au mur, je sors de ma poche mon faible butin. Mes yeux s’écarquillent. Si personne ne me le vole, je pourrai manger chaud aujourd’hui. Et demain. Mon ventre rugit d’impatience. Je cours jusqu’aux rues marchandes. Les affiches m’appellent, me tentent, emplissent mon champ de vision de couleurs vives. C’est beau. C’est magnifique. Je rentre dans une échoppe, passe commande, et vais m’asseoir derrière une petite table. Je dévore. Une phrase courte et percutante, j'aime beaucoup. Et puis, on se rend compte à quel point ton héroïne ne mange pas à sa faim.
Je ressors en vitesse, et retourne dans la petite ruelle. L’ombre est la. Elle m’attend ? À mon arrivée, elle recule. Par peur qu’elle ne reparte, je me précipite. Elle s’évanouit, se dissout dans l’air tiède et moite de l’après-midi. Je m’effondre à sa place.
Je rentre, et, comme je l’espérais, la maison est vide. Je m’effondre sur le lit.
Je dois préparer le repas, ils rentreront bientôt. Je les attends. Ils n’arrivent pas. Je finis par m’endormir sur le petit canapé.
Je me retourne, regarde l’heure. Trois heures. Je me redresse d’un bond. J’appelle. Personne.
Le retour à la réalité est dur. Il blesse, fait disparaître les dernières lueurs d’espoir. Ils ne rentreront pas. L’ombre n’était que le fruit de mon imagination. Eux aussi.
Comment ai-je pu me laisser berner une fois de plus ? Je pensais les avoir vaincues. J’en étais sûre, ces flashs, ces hallucinations avaient disparu …
Tout doit cesser. Maintenant. Je ne peux plus les supporter.
Demain, à l’aube, tout ce calvaire aura cessé.



***


L’aube arrive. C’est le moment, cet instant tant attendu. J’en ai rêvé tellement de fois … Tout va s’arrêter. Je n’ai pas pu refermer l’œil, depuis mon difficile retour à la réalité. Comment ai-je pu espérer m’en être débarrassée ? Comment ai-je pu y croire C'est une question ou une affirmation ? La formulation est interrogative mais la ponctuation affirmative. Cela peut aussi être un effet de style, ce mélange ; je veux juste être sûre.. Ils m’avaient pourtant bien dit qu’ils reviendraient toujours. Que je ne serais plus jamais dans la solitude, malgré le vide qui habite la maison.
Que s’est il passé cette fois ? J’ai essayé de démêler la situation, mais mon esprit est confus. Je n’aurais peut-être pas dû prendre ces petites pilules, qui m’appelaient. Je m’étais dit que franchir l’étape de non-retour serait plus facile avec …
Je me suis trompée. Comme d’habitude, erreur de jugement.
Je pose les yeux sur la petite table face à moi, sur les boîtes alignées.
Je les revois. Je les entends. Ils me disent de le faire. Ils ne cessent de répéter que ça ne changera rien. Que le monde ne verra même pas la différence. Qu’il s’en portera peut-être même mieux. Que je ne sert à rien. Que je suis inutile. Totalement inutile.
Je m’avance, tend le bras, les effleure. Ce serait si facile de mettre un terme à tout cela.
Je la revois. C’est elle. C’est ma petite ombre. Ses traits deviennent plus réels. Je les distingue. Des larmes baignent ses joues rebondies. Cela me brise le cœur. Elle suffoque. Je suffoque avec elle. Je l’entend murmurer … Je lui avais promis … J’avais juré que je ne le ferais pas … Je lui ai toujours dit et répété. Elle en avait peur. Ça la terrifiait. Y croyais-je moi-même Toujours un tiret entre les deux mots. ? C’était peut-être plus, au fond, pour la rassurer. Mais je le lui avais promis.
Je recule. Je ne peux pas lui faire ça.
Mais mes pensées ne sont pas de cet avis. Ils s’affrontent, se provoquent en un duel dont la fin marquera à jamais mon existence. Une décision doit être prise.
Que faire ?
J’essaie de les ignorer mais leurs cris m’obsèdent. Ils ne me laissent aucun répit. Je ne peux plus penser. Je ne m’entends plus penser. Je ne peux plus réfléchir.
Je n’en peux plus.
Je n’ai qu’une seule envie : que tout cesse.
Alors je me lance. J’y vais, c’est décidé. J’entends mon souffle haletant. Je l’écoute. Je le sais, il va s’épuiser. Tout est éphémère. Je m’y prépare. Les battements de mon cœur vont ralentir. Ma respiration aussi. Et, je l’espère, le bonheur, enfin, m’inondera. J’attends ce moment depuis si longtemps … Je m’avance. Tend le bras. Mes doigts effleurent de nouveau les petites boîtes, mais ils tremblent. J’y vois une représentation de mon esprit : tremblant, changeant d’avis sans cesse, à chaque seconde. Saisir ou ne pas saisir l’opportunité qui se présente. Je me convaincs que c’est le mieux. Je dois le faire. Je souffle fort, comme pour l’entendre une dernière fois. Le répète à voix haute. Ça ira très vite mieux. Je raffermis ma prise.
J’ouvre une à une les boîtes, en sors les petites plaquettes métalliques. J’en arrache un à un mes sauveurs. Empilés sur la table, je dois les prendre.
Ils sont tous là, autour de moi. Certains ont un grand sourire plaqué sur leur visage. D’autres, une autre, pleurent, sanglotent, crient encore et encore mon nom. Je ferme mes yeux, Chaque parcelle de mon corps se contracte un peu plus. J’hurle, je dois les faire taire. Tout s’arrête. Le monde tourne au ralenti, et je les vois, chacun leur tour, s’effacer. Leurs contours s’estompent. Ils pâlissent. Il ne reste qu’elle, ma petite ombre. Je ne peux pas soutenir son regard, je détourne le mien. Comme les autres, elle disparaît finalement.
Je prends mes petits sauveurs dans une main, les serre fort, comme si je les enlaçais, comme si je les remerciais d’être là. J’attrape le verre.
Un bruit, en arrière fond, surgit. Je ne comprends pas. J’étais sûre que mon hurlement les avait fait déguerpir. Je les cherche du regard. Ils ne sont pas là. Le bruit persiste, devient de plus en plus net.
Des coups. Des coups pleuvent, de plus en plus fort, sur la porte d’entrée. Que dois-je faire ? J’y vais ? Je les ignore. Ça ne peut pas être important. Quoiqu’il en soit, rien n’aura bientôt plus d’importance.
Mais ils redoublent encore d’intensité. Et là, je l’entends. C’est elle. Je reconnaîtrais sa voix entre mille. elle crie mon nom. Ce n’est pas possible. Comment pourrait-elle être la ? Ça doit être encore une autre hallucination.
Une phrase change tout. Elle m’appelle, demande de l’aide, veut que je lui ouvre.
Je ne peux pas résister. Je me lève, réponds à sa demande, déverrouille la porte.
C’est elle. Comment est-ce possible ? Je n’en sais rien. Mais plus rien n’a d’importance. Elle se jette dans mes bras. L’étreinte dure, je ne veux pas plus qu’elle rompre ce contact.
Finalement, nous nous décrochons. M’arracher de ses bras frêles est difficile ; un froid balaie ma peau, le manque se fait déjà ressentir. Je l’observe avec attention, la scrute, des pieds à la tête. Elle, en revanche, a le regard fixe. Je le suis. Tout s’effondre en moi. Elle les a vu. Elle les regarde. Elle a forcément compris ce que je m’apprêtais à faire. Je ne peux pas le cacher.
Alors je m’écarte. Je me détourne, mets de la distance entre nos deux corps. Elle va repartir. Elle sait que j’ai trahi ma promesse. Mais elle se rapproche. Pourquoi ? J’attend le coup qui n’arrive pas. Un contact, qui me glace. Elle me serre de nouveau dans ses bras. Je m’effondre. Elle renforce son étreinte. Je la suis, jusqu’au canapé. Nous nous asseyons. Elle se relève, prend tout ce qu’elle voit, et court jeter mes petits comprimés. Elle revient. Nos regards se croisent. Je comprends tout. Elle ne m’en veut pas. Elle est de retour. Tout est fini.
J’avais raison, mais je ne m’attendais pas à une telle fin : un nouveau jour commence, le calvaire a cessé. Je suis en vie.
La suite permet vraiment de comprendre ce que tu cherches à dire dans le premier texte. Tu as mieux géré la fluidité de ton texte même si je pense que tu as vraiment un truc avec les petites phrases, tu ne fais quasiment que ça :D
Mais en soi, c'est beaucoup mieux. Continue de travailler et n'aie pas peur de rallonger tes phrases. L'astuce est de lire à voix haute. Si ça te semble trop ... Heurté, alors c'est qu'il faut fluidifier. Si ça te semble trop long alors il faut raccourcir. Si tu as du mal à reprendre ton souffle, introduit des virgules, des points, des pauses par la ponctuation.
Continue de travailler.
Voilà pour la forme.
Pour le fond.
La maladie mental.
C'est bien ça ? Pourquoi ce thème ?
Je trouve en tout cas que tu l'exprime assez bien : ton héroïne qui confond réalité et hallucination et, en même temps, a douloureusement conscience de sa maladie et de sa solitude ... Je trouve cela intéressant ; mais c'est aussi une pente savonneuse. Gare aux écueils !
En tout cas, je te souhaite bon courage et bonne continuation. J'espère te (re)lire très vite !
Nutt

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Re: Petite histoire, en quête d'avis

Message par Nutt »

Coucou ChloPlume !
Encore une fois, merci de m'avoir lue et de m'avoir corrigée. Je vais faire une dernière version du texte, avec tes conseils ...
(Ahah merci de me montrer mes erreurs, mais aussi mes points forts :) )
Tant mieux si la deuxième partie explique la première, c'est bien ce qu'il me semblait, elle n'était pas assez claire ...
Pour les phrases courtes, disons que c'est à moitié choisi : je voulais en mettre pas mal pour intensifier le rythme, mais j'ai dû un peu trop en abuser ! En revanche, d'habitude, c'est plutôt le contraire :lol: J'ai toujours eu tendance à faire des phrases à rallonge ! ^^
Pour "Comment ai-je pu y croire", je vais être honnête, cette phrase devait être interrogative, j'ai juste oublié le point d'interrogation !
Oui, mon thème était bien la maladie mentale, avec les hallucinations. Pourquoi ce thème ? Honnêtement, je ne le sais même pas moi-même ! Je tiens quand même à te rassurer, je vais bien, j'ai la chance de ne pas souffrir pas de telles maladies ! J'ai lu quelques livres sur ce thème, je fais des études en rapport avec ce thème, et surtout, j'ai toujours été passionnée de psychologie, donc je voulais essayer d'écrire sur une maladie mentale depuis longtemps ...
Merci beaucoup, à vrai dire, c'est la première fois que j'écris sur ce thème, j'avais peur de faire un texte bancale, je ne savais pas tellement ce que ça allait donner ...
C'est vrai que c'est une pente TRÈS glissante ... Tu trouves que certaines phrases sont mal dites, mal exprimées ?
Dernière petite chose, tu as parlé plusieurs fois de mon "héroïne", mais pourquoi mon personnage serait féminin ? (Je voulais faire un personnage plutôt mixte, je n'arrivais pas à savoir au début si ce serait une fille ou un garçon, donc c'est comme ça que j'ai tranché ! Du coup, pendant tout mon texte, j'ai essayé de n'avoir aucun accord à faire ... J'ai oublié un passage ? Il y a un féminin quelque part ? J'avais repéré une petite erreur dans les premières phrases, mais je l'ai corrigée dans la deuxième version !)
Merci beaucoup pour tous ces encouragement, j'aime également beaucoup te lire ! :)
Bisous
Nutt
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Re: Petite histoire, en quête d'avis

Message par Nutt »

En relisant le passage
"Un jour, il ne tiendra pas le choc. Un jour, je ne me réveillerai pas, et alors, je ne sentirais plus cette brûlure qui me déchire …
Un passant me bouscule. Je reviens subitement à la réalité.
Je ne m’imposerai pas aujourd’hui. Je ne réclamerai par leur pitié. Je poursuis ma route, jusqu’à atteindre mon repaire.
Je m’assieds sur ma souche d’arbre biscornue »
je me réalise qu’effectivement, ça fait des passages brusques, mais j’aime bien, ça insiste sur le retour BRUSQUE à la réalité …

J’espère que cette version sera la bonne, qu’il y’a aura moins d’erreur !



Il est six heures. Mes yeux s’ouvrent péniblement. Ils s’y refusent, je les oblige. Comme chaque jour, le réveil est difficile, la nuit a été courte. Immédiatement, le vacarme m’assourdit. Je plaque mes paumes sur mes oreilles. Ce court instant de silence m’apparaît comme une véritable délivrance : les cris cessent, s’atténuent, je respire. Je ne m’y habituerai jamais totalement …
Je me lève, attrape mes affaires, et en remplis mon sac. Je me dirige vers la porte de la pièce exiguë, principalement occupée par mon petit lit, mais renonce. Pas aujourd’hui. Je m’avance vers la fenêtre, en repousse les battants. Mon sac prend son envol, avant de s’écraser quelques mètres plus bas. Je passe ensuite mes jambes, mon corps. Seuls mes bras me retiennent, refusant de m’infliger plus de bleus que je n’en ai déjà. Puis mon corps, affaibli par des semaines de rationnement, lâche. Je m’effondre sur le sol dans un bruit sourd. La porte d’entrée s’entrouvre, j’aperçois ses traits menaçants. La course commence. Entraînées par l’adrénaline, mes jambes repoussent le sol, me relèvent, et battent le sol. Je ne me retourne pas, je ne veux et ne peux pas envisager dès à présent ce qui m’attend ce soir. Je ralentis peu à peu. Le soleil pointe, une nouvelle journée commence. Je lève les yeux, et aperçois, au loin, la dame de fer qui dépasse des toits, s’impose, persévérant chaque jour, et observe les milliers de touristes qui se pressent à ses pieds. La journée avance, je marche, sans jamais m’arrêter, mais mon estomac proteste.
Il m’en veut.
Je le comprends.
Je le maltraite un peu plus chaque jour.
Ce ventre, qui me tenaille, m’obsède. Il envahit toutes mes pensées. Mais si ce n’était que ça … Je ne sais plus ce qui me noue le plus : la faim, ou la peur ? Cette peur ne me quitte jamais. Le matin, au réveil, elle est là. Toute la journée, elle se cache, derrière tout ce qui m’entoure. Elle trouve toujours un moyen de s’insinuer au plus profond de mon âme, la sournoise. Mais c’est sûrement le soir qu’elle est la plus présente. Juste avant de franchir le seuil de l’entrée. Si seulement je pouvais me reposer … Si seulement mes quelques heures de sommeil journalières n’étaient pas assaillies de cauchemars … Si seulement je pouvais, rien qu’un jour, dormir paisiblement, ne pas me réveiller et entendre ma respiration haletante, mon cœur battant toujours plus fort. Un jour, il ne tiendra pas le choc. Un jour, je ne me réveillerai pas, et alors, je ne sentirais plus cette brûlure qui me déchire …
Un passant me bouscule. Je reviens subitement à la réalité.
Je ne m’imposerai pas aujourd’hui. Je ne réclamerai par leur pitié. Je poursuis ma route, jusqu’à atteindre mon repaire.
Je suis arrivée, c’est mon abri, ma cachette, mon refuge. Je m’assieds sur ma souche d’arbre biscornue, et sors du sac les derniers objets en ma possession ; ceux que je n’ai pas encore vendus pour acheter un petit encas. Les passants me scrutent étrangement. Je hais ces regards inquisiteurs. Mais, peu à peu, la feuille blanche les efface. Elle m’hypnotise, m’appelle, me cherche. Je plonge. Plus rien n’existe. Mon crayon trace et retrace une multitude de petits traits. Une image apparaît progressivement ; je la découvre avec toujours autant d’étonnement. Ma main ralentit, s’apaise, et je sors lentement de mon extase, redresse la tête. J’y suis parvenu : ils m’observent toujours, mais désormais avec admiration. J’arrache la feuille de mon calepin et la dépose devant moi, face à eux. Deux d’entre eux, un couple, s’approchent. Ils me demandent un prix, je ne leur réponds pas. Leurs regards sont plein d’interrogations. Je bredouille, je n’aime pas évaluer mon travail. Ils se regardent, ébahis. Le premier homme me tend alors un billet, que je fourre aussitôt au fond de ma poche. Je tente de me replonger dans une nouvelle page, mais la magie a disparu. Une part de moi veut les voir, voir leur réaction. Je relève la tête, acquiesce à leur demande. Ils attrapent la feuille, et s’éloignent. Les autres attendent de moi un deuxième dessin, mais je n’y parviens pas.
J’aperçois une silhouette qui ne m’est pas inconnue au loin. Je me lève, attrape tout, et la poursuis. L’ombre tourne, je l’imite, mais elle s’est évaporée. Je ne comprends pas. Je reviens sur mes pas, refais le chemin, cherche aux alentours, mais je ne la vois pas.
Je reviendrai plus tard.
Je reviendrai demain.
Je l’aurai, je la verrai, je lui parlerai. Adossée au mur, je sors de ma poche mon faible butin. Mes yeux s’écarquillent. Si personne ne me le vole, je pourrai manger chaud aujourd’hui. Et demain. Mon ventre rugit d’impatience. Je cours aussitôt jusqu’aux rues marchandes. Les affiches m’appellent, me tentent, emplissent mon champ de vision de couleurs vives. C’est beau. C’est magnifique. Je rentre dans une échoppe, passe commande, et vais m’asseoir derrière une petite table. Je dévore.
Je ressors en vitesse, et retourne dans la petite ruelle. L’ombre est la. Elle m’attend ? À mon arrivée, elle recule. Par peur qu’elle ne reparte, je me précipite. Elle s’évanouit, se dissout dans l’air tiède et moite de l’après-midi. Je m’effondre à sa place.
Je rentre, et, comme je l’espérais, la maison est vide. Je m’effondre sur le lit.
Je dois préparer le repas, ils rentreront bientôt. Je les attends. Ils n’arrivent pas. Je finis par m’endormir sur le petit canapé.
Je me retourne, regarde l’heure. Trois heures. Je me redresse d’un bond. J’appelle. Personne.
Le retour à la réalité est dur. Il blesse, fait disparaître les dernières lueurs d’espoir. Ils ne rentreront pas. L’ombre n’était que le fruit de mon imagination. Eux aussi.
Comment ai-je pu me laisser berner une fois de plus ? Je pensais les avoir vaincues. J’en étais sûre, ces flashs, ces hallucinations avaient disparu …
Tout doit cesser. Maintenant. Je ne peux plus les supporter.
Demain, à l’aube, tout ce calvaire aura cessé.



***


L’aube arrive. C’est le moment, cet instant tant attendu. J’en ai rêvé tellement de fois … Tout va s’arrêter. Je n’ai pas pu refermer l’œil, depuis mon difficile retour à la réalité. Comment ai-je pu espérer m’en être débarrassée ? Comment ai-je pu y croire ? Ils m’avaient pourtant bien dit qu’ils reviendraient toujours. Que je ne serais plus jamais dans la solitude, malgré le vide qui habite la maison.
Que s’est il passé cette fois ? J’ai essayé de démêler la situation toute la nuit, mais mon esprit est confus. Je n’aurais peut-être pas dû prendre ces petites pilules, qui m’appelaient. Je m’étais dit que franchir l’étape de non-retour serait plus facile avec …
Comme d’habitude, une erreur de jugement.
Je pose les yeux sur la petite table face à moi, sur les boîtes alignées.
Je les revois. Je les entends. Ils me disent de le faire. Ils ne cessent de répéter que ça ne changera rien. Que le monde ne verra même pas la différence. Qu’il s’en portera peut-être même mieux. Que je ne sers à rien. Que je suis inutile. Totalement inutile.
Je m’avance, tend le bras, les effleure. Ce serait si facile de mettre un terme à tout cela.
Je la revois. C’est elle. C’est ma petite ombre. Ses traits deviennent plus réels. Je les distingue. Des larmes baignent ses joues rebondies. Cela me brise le cœur. Elle suffoque. Je suffoque avec elle. Je l’entend murmurer … Je lui avais promis … J’avais juré que je ne le ferais pas … Je lui ai toujours dit et répété. Elle en avait peur. Ça la terrifiait. Y croyais-je moi-même ? C’était peut-être plus, au fond, pour la rassurer. Mais je le lui avais promis.
Je recule. Je ne peux pas lui faire ça.
Mais mes pensées ne sont pas de cet avis. Ils s’affrontent, se provoquent en un duel dont la fin marquera à jamais mon existence. Une décision doit être prise.
Que faire ?
J’essaie de les ignorer, mais leurs cris m’obsèdent. Ils ne me laissent aucun répit. Je ne peux plus penser. Je ne m’entends plus penser. Je ne peux plus réfléchir.
Je n’en peux plus.
Je n’ai qu’une seule envie : que tout cesse.
Alors je me lance. J’y vais, c’est décidé. J’entends mon souffle haletant. Je l’écoute. Je le sais, il va s’épuiser. Tout est éphémère. Je m’y prépare. Les battements de mon cœur vont ralentir. Ma respiration aussi. Et, je l’espère, le bonheur, enfin, m’inondera. J’attends ce moment depuis si longtemps … Je m’avance. Tend le bras. Mes doigts effleurent de nouveau les petites boîtes, mais ils tremblent. J’y vois une représentation de mon esprit : tremblant, changeant d’avis sans cesse, à chaque seconde. Saisir ou ne pas saisir l’opportunité qui se présente. Je me convaincs que c’est le mieux, que je dois le faire. Je souffle fort, comme pour l’entendre une dernière fois. Le répète à voix haute. Ça ira mieux. Je dois juste agir, pour changer les choses. Je raffermis ma prise.
J’ouvre une à une les boîtes, en sors les petites plaquettes métalliques. J’en arrache un à un mes sauveurs. Empilés sur la table, je dois les prendre, ce n’est plus une question de choix.
Ils sont tous là, autour de moi. Certains ont un grand sourire plaqué sur leur visage. D’autres, une autre, pleurent, sanglotent, crient encore et encore mon nom. Je ferme mes yeux, Chaque parcelle de mon corps se contracte un peu plus. J’hurle, je dois les faire taire. Tout s’arrête. Le monde tourne au ralenti, et je les vois, chacun leur tour, s’effacer. Leurs contours s’estompent. Ils pâlissent. Il ne reste qu’elle, ma petite ombre. Je ne peux pas soutenir son regard, je détourne le mien. Comme les autres, elle disparaît finalement.
Je prends mes petits sauveurs dans une main, les serre fort, comme si je les enlaçais, comme si je les remerciais d’être là. J’attrape le verre.
Un bruit, en arrière fond, surgit. Je ne comprends pas. J’étais sûre que mon hurlement les avait fait déguerpir. Je les cherche du regard ; ils ne sont pas là. Le bruit persiste, devenant de plus en plus net.
Des coups. Des coups pleuvent, de plus en plus fort, sur la porte d’entrée. Que dois-je faire ? J’y vais ? Je les ignore. Ça ne peut pas être important. Quoiqu’il en soit, rien n’aura bientôt plus d’importance.
Mais ils redoublent encore d’intensité. Et là, je l’entends. C’est elle. Je reconnaîtrais sa voix entre mille. elle crie mon nom. Ce n’est pas possible. Comment pourrait-elle être la ? Ça doit être encore une autre hallucination.
Une phrase change tout. Elle m’appelle, demande de l’aide, veut que je lui ouvre.
Je ne peux pas résister. Je me lève, réponds à sa demande, déverrouille la porte.
C’est elle. Comment est-ce possible ? Je n’en sais rien. Mais plus rien n’a d’importance. Elle se jette dans mes bras. L’étreinte dure, je ne veux pas plus qu’elle rompre ce contact.
Finalement, nous nous décrochons. M’arracher de ses bras frêles est difficile ; un froid balaie ma peau, le manque se fait déjà ressentir. Je l’observe avec attention, la scrute, des pieds à la tête. Elle, en revanche, a le regard fixe. Je le suis. Tout s’effondre en moi. Elle les a vu. Elle les regarde. Elle a forcément compris ce que je m’apprêtais à faire. Je ne peux pas le cacher. Alors je m’écarte. Je me détourne, mets de la distance entre nos deux corps. Elle va repartir. Elle sait que j’ai trahi ma promesse, notre pacte. Mais elle se rapproche. Pourquoi ? J’attend le coup qui n’arrive pas. Un contact, qui me glace. Elle me serre de nouveau dans ses bras. Je m’effondre. Elle renforce son étreinte. Je la suis, jusqu’au canapé. Nous nous asseyons. Elle se relève, prend tout ce qu’elle voit, et court jeter mes petits comprimés. Elle revient. Nos regards se croisent. Je comprends tout. Elle ne m’en veut pas. Elle est de retour. Tout est fini.
J’avais raison, mais je ne m’attendais pas à une telle fin : un nouveau jour commence, le calvaire a cessé. Je suis en vie.
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