Nouvelle expérimentale

[lolo99]

Je l’ai arrêté dans sa marche alors qu’il rentrait chez lui sortant d’une journée de cours probablement éreintante.
Je ne savais pas si je faisais bien d’être aussi directe...


Ma dernière expérience en la matière s’était montrée plutôt douloureuse et je peux sans exagérer l’imager par un énorme plat dans une piscine glacée... avec beaucoup d’élan.
Mais malgré ça j’étais indéniablement attirée par lui, ou du moins par l’image qu’il renvoyait.
Mais que faire quand, lorsque l’univers nous envoie un signe, on est absolument incapable de comprendre ce qu’il signifie ? Ma dernière expérience a-t-elle servie à mieux réussir la suivante ? Celle dans laquelle je m’apprête à me jeter dans la seconde qui suit ? Ou alors a-t-elle servie à me dissuader de recommencer ? Dans le doute j’ai décidé d’en vivre une deuxième. Et si celle ci ne m’amène à rien, comme la première, peut être qu’en effet l’univers essayait tant bien que mal de me dire d’attendre sagement la venue d’un homme sans essayer de le rechercher sur les visages des personnes de mon entourage. Je ne saurais expliquer pourquoi pour la deuxième fois de ma vie, un inconnu s’insinue dans ma tête de la sorte. Je le vois une fois, par hasard, puis tous les jours suivants deviennent des potentielles rencontres dans les couloirs de l’école. Je ne les connais pas, j’ignore jusqu’à leur voix car la peur me tord l’estomac chaque fois que mon cœur m’ordonne de le laisser s’exprimer. Je ne crois pourtant pas être une femme superficielle. Je ne vois mes amis et mes connaissances qu’à travers ce qu’ils sont plutôt qu’à travers ce qu’ils paraissent être. La beauté est un qualificatif qui englobe une personne en entier. La beauté est une attitude, une intelligence, une voix, et tant d’autres choses. Pourtant je vois en ce garçon quelque chose qui m’attendrit sans savoir pourquoi. Bien sûr, il est attirant. Mais c’est si rare que cela suffise à me pousser à l’acte. Si rare qu’avant aujourd’hui cela ne m’était arrivé qu’une fois. Cette fois où j’ai réalisé que le garçon que j’imaginais voir n’existait pas. J’aurais dû apprendre de cette erreur, faire barrière à mes ardeurs.
Ne serait-il pas plus judicieux, moins risqué et moins douloureux pour moi de me contenter d’apprécier les instants où je l’aperçois ? De conserver l’image de lui que j’ai bâtie dans ma tête en l’observant ? Et en parallèle j’attendrais qu’il m’arrive quelque chose, qu’une rencontre change ma vie. Ce serait surement plus sage, plus romanesque d’attendre que mon prince charmant apparaisse et fasse le premier pas.


Cependant je ne peux m’empêcher de me dire que peut être, mon expérience précédente n’était qu’un brouillon, un entrainement dans le but de réussir dans celle ci. La curiosité, mêlée avec la frustration ne me laisse pas de choix. La peur des regrets est plus forte de la peur des remords. Je suis consciente de la situation dans laquelle je m’engage, dans laquelle j’embarque mon âme fragile et si facilement ébranlable, si émotive que je suis. Car je suis peut être en train de mettre le feu aux poudres, mais impossible de me contrôler. En réfléchissant si je ne peux m’empêcher malgré la peur d’aller à la rencontre des êtres qui me touchent par leur seule façon d’exister, cela doit signifier que cette attitude est ancrée en moi et que la refouler serait mentir non pas seulement à moi même mais aussi à ce potentiel « prince charmant ». Et comment peut-on accepter d’être aimée par quelqu’un qui ne sait pas qui vous êtes réellement puisque votre rencontre est le fruit du refoulement d’un instinct qui vous est propre ?


Je me tiens devant lui. Il me regarde avec curiosité. Je lui souris nerveusement. Le voir en face me procure une sensation d’allégresse que je dois contrôler absolument.

- On ne se connaît pas mais je t’ai vu plusieurs fois dans le lycée et pour être honnête tu me plais beaucoup. C’est assez osé de te le dire comme ça mais je n’ai rien trouvé de mieux que l’honnêteté totale. Alors voilà mon numéro, si jamais tu étais curieux et que tu voulais qu’on se voie un jour. Sinon accepte juste le compliment et débarrasse toi du papier.


Il me sourit, très étonné de l’audace de ma déclaration puis me remercie pour ma franchise et glisse le papier dans sa poche du bout des doigts. Je le quitte, assez gênée mais plus légère que jamais. Je ne sais pas ce qu’il compte faire du petit papier sur lequel j’ai griffonné un numéro au hasard mais la félicité du moment me fait oublier ce sacrifice.

J’ai hésité jusqu’au bout à lui tendre la main gauche dans laquelle se trouve mon véritable numéro. Pourtant c’est la main droite que je lui ai tendue. En comparant la frustration de l’ignorance à la potentielle souffrance que j’aurais pu éprouver si cette histoire avait mal tournée, je me sens gagnante. Car la meilleure sensation est celle que je vis en ce moment : celle de l’adrénaline quittant progressivement mes veines après deux petites minutes de torrent émotionnel.

Certes j’ai détruit moi même toutes mes chances dans la reconquête de mon orgueil, cependant lors de cette deuxième expérience, je me suis vengée de la première, j’ai récupéré la confiance qu'elle m’avait arrachée et je me suis protégée du mal que cette nouvelle aurait pu causer au détriment du bien qu’elle aurait pu donner. J’ai préféré la sécurité de l’ignorance à l’incertitude de l’amour. Et je suis effrayée face à la satisfaction que je ressens en y songeant.

[lolo99]

Salut ! J'ai voulu faire partager une petite histoire qui m'est venue à l'esprit. C'est la première fois donc si vous avez un commentaire à faire n'hésitez pas ce sera très constructif pour moi !
Merci d'avoir lu !

[boscos]

C'est agréable à lire , les redondances insistent à souhait mais c'est plutôt simpa
Continue , et si tu as d'autre choses à proposer fait moi signe ^^