Icarus, la vérité après le mythe [Mythologie/Réécriture]

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Roomsinside852456

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Icarus, la vérité après le mythe [Mythologie/Réécriture]

Message par Roomsinside852456 »

Coucou, voici un petit texte que j'ai écrit suite à une période où j'étais presque obsédée par le mythe d'Icare. Mon imagination a tourné à plein régime pendant toute une journée et finalement, une histoire est née. Je l'ai également partagée sur Wattpad, si vous avez un compte, allez y faire un tour. ;) J'espère que ce récit vous plaira et n'hésitez pas à commenter ! :oops:

Petit soleil, petit soleil, endors-toi dans mes bras refroidis par la nuit. Petit soleil, petit soleil, fermes les yeux et laisses-moi te conter l'histoire d'un homme devenu astre le temps d'un battement d'ailes. Dans un labyrinthe, le père et le fils ont été jetés par le roi enragé de jalousie. De ce piège, jamais ils ne devaient sortir et plus jamais les rayons du soleil ne viendraient embrasser leurs peaux couleur olive. Mais tel est pris qui croyait prendre !

Le sage dans sa vieillesse connaissait les nombres et les lettres, ses yeux perçants observaient la danse des étoiles et contemplaient paisiblement le fil du temps se consumer. Elle n'était pas encore venue l'heure de payer le passeur pour la dernière traversée sur le fleuve. Alors tout comme il avait imaginé le dédale qui, un jour a emprisonné le minotaure, il construisit des ailes dignes du prince des oiseaux. L'entreprise fût longue et fastidieuse car le père avait les mains douloureuses et le dos traitre. Son fils vigoureux avait les épaules larges et les bras robustes, il en aura besoin pour voler. Les deux hommes travaillaient silencieusement à s'échapper, priant pour que le temps leur soit favorable et que les vents les porte jusqu'à la terre ferme.

Lorsque les ailes furent terminées et attachées au dos de chacun, le soleil atteignait son zénith, le point le plus haut de son voyage infini. Pas un nuage n'occupait le ciel clair, comme s'ils avaient senti le malheur arriver et ne voulaient pas y assister. En sortant de la grotte qui surplombe la mer, les oiseaux improvisés avaient le cœur qui tambourinait dans leurs poitrines. C'était des colibris aux milles couleurs ! C'était des humains aux milles douleurs ! Imaginez-les jetant des regards alentour, impatients de tester la liberté qui les attendait au bout des plumes. L'air marin soufflait fort, ébouriffant les cheveux bruns du jeune homme. Inquiet, le vieil homme lui donna les derniers conseils car toujours, un père doit laisser son fils voler par lui-même.

"Ecoutes mon fils et prends garde à mes avertissements. Les vents sont levés, le ciel est clair et le soleil haut, toutes les conditions sont favorables. Cependant, de deux choses, tu dois te méfier absolument. Premièrement, garde-toi de voler trop bas, à cause de l'humidité de la mer. Deuxièmement, reste loin du soleil qui ferait fondre la cire. Dans les deux cas, ce serait la mort assurée."

Ses yeux ont vu trop de souffrance pour se tromper sur l'ombre qui noircissait le visage du garçon. Ce vol était son dernier. Les doigts parcheminés caressèrent une dernière fois la peau douce de sa joue, gravant dans les cals de sa paume la beauté de son fils. Des yeux bleus glaciers semblables aux siens, un nez droit, une bouche rouge sang, un menton tracé. L'âme du garçon, fougueuse et trépignante de désir, soufflait à l'âme du père en ces mots :

"Le moment n'est pas à la tristesse, vieil homme mais aux réjouissances ! Chantez oiseaux marins car vos frères s'envolent de leur cage ! Soufflez vents du nord, des albatros déploient leurs ailes et s'élancent ! Portez les vers la côte où les appellent les rameaux d'oliviers !"

Un jeu dangereux que celui que joue la destinée. Il n'y a jamais eu qu'un seul gagnant. Le jeune homme pourtant ne s'avoua pas vaincu et dès que l'air salé gonfla ses ailes, il ne pût retenir un cri d'allégresse qui s'échappa de sa bouche carmin. Comme il était bon de sentir la brise sur son visage, le soleil à nouveau, se faisait l'amant de sa peau et l'illuminait de rayons. Son reflet trouble dans l'eau filait à toute vitesse vers l'horizon. Ils n'étaient plus deux, ils étaient cent à goûter de la langue, le sel collé aux lèvres. Le vent grondant à ses oreilles, l'oiseau au cœur d'homme se lança alors dans une danse avec la destinée bravant les avertissements du sage. Il tournoya, aussi habile que ses frères et sœurs des nuées, faisant des allers-retours entre le bleu du ciel et celui de la mer quand soudain il l'aperçût.

Un char tiré par deux chevaux trainait derrière lui l'astre du jour. Et dans sa lumière aveuglante, l'enfant fou d'orgueil vit un Dieu. La chaleur faisait mouvoir les lignes droites des contours de sa peau d'or. Curieux, l'homme pris dans le délire, se lança à la poursuite du soleil. Dieu né d'une femme, toujours, il porte son fardeau de beauté. Vénéré par la race sensuelle, adoré des oracles, il est maudit. Sa chevelure bonde tels les blés un jour de moisson, ses muscles fins, la ceinture ouvragée ceignant ses reins. C'est à cette œuvre d'art empoisonnée que notre triste héro voua ses derniers émois. Dans son cœur plus qu'une flèche, la foudre avait frappée. Fou de son propre sexe, il tomba amoureux d'une divinité solitaire. Marpessa, Cassandre, Daphné, et Hyacinthe, Cyparisse, Leucatas. Tous ont aimé, tous ont chuté.

Petit soleil, tu as connu le même destin. Rejeté du Dieu solaire, tu es venue t'écraser sur la terre, tu t'es laissé enterré par la mer. Pourtant, l'histoire ne s'arrête pas là. Laisse-moi continuer ce récit tragique d'un astre condamné à ne plus voler.

La mort attend les hommes à la fin de leur voyage. La vie n'est qu'une liberté provisoire, un état purgatoire, un moment illusoire. Il ne reste plus que la poussière balayée par les larmes et les cris d'un père. Les arbres ont vu les ailes du fils fondre près du fourneau d'Hélios, le dieu jaloux. Il incendia l'impertinent qui avait osé voler trop haut, défiant les Dieux tyranniques et les anges hérétiques. Et l'espace d'un battement d'ailes, dans sa chute, il éclipsa la beauté du soleil. Les vents qui le portaient auparavant, le poussait alors à sa perte, avivant les flammes qui le consumaient. Il était éblouissant ! Il mettait le feu au ciel, un sourire aux lèvres, une hystérie dans la gorge, des braises sous la peau.

Petit soleil, tu ne peux savoir à quel point il était beau ! Les arbres enracinés à notre mère la Terre pleurait sur ce jeune corps, mort au bord du ciel. Hélios avait eu sa revanche. Il n'y avait pas assez de place pour deux soleils sous le regard de Zeus. Il resta seul roi des nuées.

Ainsi se finit notre histoire ? De bouches d'hommes, on raconte qu'Icare périt noyé, tué par son orgueil et sa folie. Et s'il existait une autre fin ? Et si les Dieux n'en avaient pas terminé avec les hommes ?

L'objet de l'amour d'Icare n'était pas le soleil, mais son maître, dieu de la beauté masculine, des chants, des arts, de la poésie et prince du malheur. Sa main ornée d'or et de pierreries tenait ferme les rennes de son char, l'autre, désespérément, tentait de sauver le pauvre rêveur des griffes de la destinée. Une seule fois, il voudrait tellement que son amour ne soit pas vain. Une seul fois ! Si la destinée refusait de l'aider, il la ferait plier. Depuis les nuées, il guida l'amant dans les bras de la mer priant pour qu'elle berce l'humain à sa sœur la lune qui régit les marées.

Les chevaux tiraient tant et si bien que la nuit arriva rapidement et enveloppa le monde d'une couverture de ténèbres. Plus un bruit dans les forêts, tandis que les prédateurs sortaient de leurs tanières pour chanter à la face de leur mère. Un hibou hulula, une biche dorée fila, la déesse chasseresse arrivait et près des rochers où se jetaient les vagues, elle recueilli la créature fracassée. Son cœur, jamais n'a connu de faiblesses et elle prenait pitié de son frère que l'amour maudissait.

"Cher frère, c'est un cadeau bien pesant que tu me fais là. Mes flèches n'ont pas tremblé lorsqu'elles se sont plantées dans le cœur inconstant de Coronis, fille de Phlégias. Penses-tu que j'hésiterai à tuer un autre de tes amants maudits ?"

Seul le chant du silence lui répondit. Apollon et Artémis, les jumeaux sans amours, liés à jamais comme le jour et la nuit s'étaient emplis d'acier pour atteindre les sièges de l'Olympe. Ils vouaient l'un envers l'autre chaque battement de cœur et chaque blessure.

"Qu'il en soit ainsi, sa vie ou sa mort ne tient plus qu'à sa volonté."

A ses mots, l'esprit de la déesse entra en contact avec les bribes de vie encore présentes dans le corps refroidissant. Elle s'adressa alors ainsi :

"Icare ! Icare ! Regrettes-tu de ne pas avoir suivi les conseils de Dédale, ton père ?"

La réponse tarda à venir mais les morceaux s'accrochaient à la chaleur du corps.

"Non, j'ai été libre, j'ai été fou, j'ai été amoureux. J'ai connu en un saut plus que d'autres en toute une vie. Je ne regrette pas d'avoir vécu."

"Icare, petit soleil de midi, fils de la lune tu continueras à fouler du pied la terre. Cependant, jamais plus tu ne verras la face du soleil qui t'as rejeté, jamais plus ses rayons n'embrasseront ton ventre. Tu dormiras le jour et t'éveillera la nuit. Comprends-tu ?"

Le pacte scellé, Artemis veilla sur ce fils qu'elle désirait secrètement. Rêveur et doux, il avait les étoiles comme sœurs et les animaux comme spectateurs les soirs de pleine lune, lorsqu'il dansait nu dans les prairies. Et les âmes rencontrant Charon murmurent encore que le rire des feu-follets est semblable au rire qui retentit dans le ciel, le jour où Icare éclipsa le soleil.
creel

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Re: Icarus, la vérité après le mythe [Mythologie/Réécriture]

Message par creel »

Bonjour Roomsinside852456 , j'aime beaucoup votre réécriture, je n'avais jamais songé à une suite de ce mythe, j'avais pensé court, simple, juste une mort en ayant été brulé puis noyé (ce qui est assez peu probable, vu que nos cendres ne peuvent se noyer), rien de plus . Etant moi-même amatrice de mythologie greco-roraine, (visible sur mon profil, Cerbère, gardien des Enfers d'Hadès, ci à-gauche), j'avais déjà lu pas mal de version (pour ne pas dire énormément) du mythe d'Icare, Dédale (nom du père d'Icare dont le mot dédale est inspiré par l'architecte du labyrinthe particulièrement sophistiqué et bien d'autre invention) finit d'ailleurs par se venger de Minos sur l'île qui ensuite devient l'un des trois juges des Enfers avec Radamanthe et Eaque (deux autres fils de Zeus).
Ne nous éloignons pas du sujet tout de même, j'ai comme même tendance à construire des phrases (un peu ou carrément trop,) trop longue et/ou hors-sujet. J'aime votre plume, votre écriture, il est particulier et j'en apprécie pas moins.
Votre fin peu être logique, et même épatant à mes yeux, Icare secouru par des divinités puis devenu créature de la nuit au coté d'Artémis, la déesse chaste, pourquoi pas ? Une bonne imagination en tout cas. Par contre, j'ai repéré certaine erreur dans ton récit, Daphné n'a pas voire jamais (dans mes souvenirs) voulu conquérir Hélios, dieu du Soleil, elle fut métamorphosée en laurier à sa demande envers son père le dieu des dieu (Zeus), Apollon en était fou d'amour d'elle ; le dieu des arts, Apollon n'est pas "sans amour", mais qui sait, peut-être avez-vous lu une autre version de la mythologie, il en existe tellement.
Bref, pour résumer, malgré quelques incohérence (ou pas) j'apprécie votre écriture, surtout vos comparaisons originales.
Et si l'idée vous vient de discuter mythologie, je serais à votre écoute ;) ;) ;)
Roomsinside852456

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Re: Icarus, la vérité après le mythe [Mythologie/Réécriture]

Message par Roomsinside852456 »

Coucou creel,
Merci énormément d'avoir pris le temps de me lire, et de commenter. Cela fait vraiment plaisir !
Je vois que vous en savez un rayon sur la mythologie et c'est vrai que Daphné n'a jamais aimé Apollon. D'ailleurs, la célèbre couronne de laurier provient d'elle, enfin de son arbre, puisqu'à la base on portait une couronne de rameaux d'oliviers.
En fait, c'est une faute voulue, et oui ! Je l'ai mise pour des raisons totalement ridicules mais voilà. D'abord, j'adore ce prénom, ensuite je voulais faire une liste équilibrée de 3 femmes, 3 hommes qui ont fait partie de la vie "amoureuse" du dieu. Dans mon récit, elle ne veut pas conquérir Hélios, c'est un exemple de plus qui montre qu'Apollon n'a pas vraiment de relations amoureuses heureuses ou durables.
Pour moi, il devait y avoir une fin autre que celle qu'on connait tous. C'était très dérangeant de finir sur sa simple mort, condamnation de son péché d'orgueil. Je me suis toujours dit : Quoi ? C'est tout ? ça peut pas se finir comme ça ! Un être qui a assez de cran pour défier le soleil,oublier les recommendations de son père ne peut pas mourir aussi misérablement. Il doit avoir du panache !
Je voulais aussi rappeler au gens que Dédale ne lui a pas seulement dit de ne pas voler trop haut mais il lui a aussi conseillé de ne pas voler TROP BAS. Aujourd'hui les gens ont peur de l'ambition donc ils s'écrasent face aux autres. Et puis, Artémis a toujours été ma déesse préférée, une déesse de promesses et de paroles. Dur envers les autres mais encore plus envers elle-même, elle est pour moi l'autre côté d'Apollon qui se jette dans l'amour et le déssastre, elle reste sensée et concentrée sur ses objectifs. Je voulais montrer qu'elle aussi pouvait avoir des désirs, vouloir un être proche d'elle, donner ou redonner la vie sans perdre sa virginité. Peut-être est-ce égoïste de sa part, qui sait ?
Les feu follets sont aussi un sujet intéressant puisqu'on disait qu'ils guidaient les esprits vers le royaume des morts. Ils apparaissaient dans les cimetières. Ce sont un peu les soleils de la nuit, à défaut de briller le jour, j'ai voulu le faire briller la nuit. Les feu follets joueurs ont le rire d'Icare.
Merci encore pour votre commentaire et désolée de ne pas avoir répondu plus tôt, j'étais partie en vacances. :3
Bise
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