[Petit texte d'émotions] Monsieur A

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Aiolos

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[Petit texte d'émotions] Monsieur A

Message par Aiolos »

Tu as déjà eu le cœur brisé ? Moi c’est la première fois que ça se produit. Je ne pensais pas que ça m’arriverait un jour. J’avais perdu espoir. Je te vois froncer les sourcils devant cette dernière phrase. Oui, tu as bien lu, j’avais perdu espoir. L’espoir d’aimer.
Depuis que je suis petite, on me bassine avec le grand Amour, celui avec un grand A. Mais je ne l’avais encore jamais rencontré en personne. J’avais bien eu des copains (et même des copines !) mais le personnage n’avait jamais daigné se montrer. Les absents ayant toujours tort, j’avais fini par douter de son existence. Et puis un jour… un jour j’ai croisé un regard qui a fait tilt. Ca n’était pas non plus la première fois que ça mais celui-ci avait pour particularité qu’il allait me mener bien plus loin que tous les autres.
Il aura fallu un an avant qu’on ne discute pour la première fois. Les yeux associés au regard avaient fixé mon dos pendant quelques minutes tandis-que je marchais devant avant que la bouche associée aux yeux ne m’interpelle. En était sortie une voix étonnamment douce qui m’avait bien plu. Puis un discours qui me plut plus encore. Je te l’avoue, je ne m’y attendais pas. Rien ne nous prédestinait à être capable de tenir une conversation sans devoir nous sentir obligé de la meubler. D’ailleurs, plus tard même la conversation s’est révélée superflue. S’en suivirent quelques semaines à jouer au chat et à la souris. Quelques semaines durant lesquelles mon intérêt pour cet être à qui appartenaient ce regard, ces yeux, cette bouche et cette voix si attrayante, ne fit qu’augmenter. Je ne parlerais pas de sentiments. Enfin, je ne pense pas. Mais je ne m’en étais jamais autant rapprochée.
Et puis plus rien. Plus un mot, plus un message, sauf nécessité. Tout juste un regard quand on se croisait. Il avait trouvé quelqu’un d’autre que ma triste personne.
Je ne vais pas te cacher que ça m’a porté un petit coup. Voir un peu plus gros que petit. Et pourtant, je me disais que je n’avais aucun droit d’être blessée. Après tout, nos échanges n’avaient jamais été suffisamment longs pour être qualifiés de « longues conversations jusqu’au cœur de la nuit ». Mais ça chatouillait douloureusement. Suffisamment en tout cas pour que je boive plus qu’à l’accoutumé ce soir-là.

Plus de deux mois passèrent. Je sens que quelque chose a changé chez lui. Mon instinct me crie qu’il n’est plus avec elle mais ma raison essaie de le faire taire à grand coup de batte de baseball. Malgré tout, je me retrouve rapidement à rêver de nous. De lui m’interpelant comme la première fois, de moi me retournant pour lui répondre en souriant. Je suppose que tu devines la suite. Oui, il m’a bien interpelé. Par message, je le conviens, mais ce n’était pas loin du scénario que mon esprit embué d’eau de rose s’était imaginé. On s’est alors de nouveau rapproché. Plus encore qu’avant. Mais je doutais. Constamment. J’étais sur mes gardes. Tu comprends sûrement pourquoi. Et puis un soir j’ai décidé de lâcher prise et j’ai quitté la soirée avec un jeune homme qui n’était pas celui dont les yeux m’attiraient. Je ne regrette pas, ne crois pas le contraire. C’était super. Mais ce n’était juste pas le bon. Je devais d’ailleurs revoir cette fameuse bonne personne le lundi suivant. A la vitesse à laquelle allaient les rumeurs dans l’école, j’étais persuadée qu’il en avait eu vent mais ne m’en avait pas tenu rigueur. Après tout, nous n’avions pas signé de contrat d’exclusivité. Nous n’avions même pas dépassé le flirte.
Pour une fois, j’avais surestimée la capacité de mes (adorés) camarades à colporter les ouï-dires. En effet, il ne savait rien et j’eus le privilège de lui annoncer la nouvelle. Je ne voulais pas de non-dits entre nous. Ca a jeté un froid. Il n’avait clairement pas apprécié alors je suis partie. Ca m’a beaucoup travaillé. Tellement, que je suis revenue au bout d’un quart d’heure pour annoncer devant son visage surpris que je culpabilisais, et ce parce qu’il me plaisait. Il n’était clairement pas préparé à ça ! D’ailleurs il m’avoua plus tard qu’il était persuadé que je lui avais raconté tout ça pour mettre de la distance entre nous. Cet aveu marqua le début d’une douloureuse idylle gangrénée par les doutes que je ressentais et la certitude que ça n’allait pas durer. Enfin, j’annonce ça comme si ça avait duré une éternité parce que pour moi, chaque heure était une douce torture dans l’attente de le retrouver le soir. La vérité c’est que ça n’aura duré que quelques jours. J’avais eu la bonne idée de choisir la dernière semaine avant les vacances.
Le premier jour s’est bien déroulé. Quelques messages échangés naturellement sur un ton léger. Ni trop, ni pas assez. Et puis le lendemain rien. Aucune réponse à mes deux derniers messages. Pourtant il les avait clairement vus (merci Facebook !). C’est le troisième jour qu’est arrivée sa réponse sous la forme d’une déclaration polie, dépourvue de toute chaleur affective. Il m’annonçait que pour des raisons personnelles, il allait prendre ses distances avec moi, qu’il m’expliquerait à la rentrée. Là, le coup a été bien plus douloureux. Comme si on m’enserrait le cou pour m’empêcher de respirer. Oh que ça fait mal ! Pourtant je n’ai pas pleuré. Je ne suis plus capable de pleurer depuis des années. Mais dieu que je l’aurais voulu ! Premier réflexe : rationaliser, en parler aux amis pour prévoir un filet en cas de chute. Là a commencé la vraie douleur. Deuxième réflexe : visser un casque sur mes oreilles et rentrer dans ma phase warrior. Parce que, vois-tu, j’ai toujours eu la capacité étonnante de transformer la douleur des échecs en hargne. C’est comme ça que je me retrouve dans ma chambre, dansant à la lumière de la lune et m’imaginant avec minutie ma revanche contre ce coup dur de la vie. Malheureusement ça n’a pas duré, la tristesse et la douleur sont revenues à l’assaut. Il semblerait que même ma hargne a ses limites. Peut-être étaient-ce la marque de ces suçons encore visibles sur ma peau blanche qui l’ont effritée, à l’image du cheval de Troie. Ou tout simplement, que finalement, j’avais fini par rencontrer monsieur A. Oui, tu sais, celui dont je te parlais au début. Qui aurait cru qu’en si peu de temps, il aurait pu se dégager un chemin jusqu'à mon cœur ? Sûrement pas moi. Et pourtant… Je ne peux que le constater : je suis amoureuse. Je sais que si jamais il revenait vers moi, je l’accueillerais avec ce même sourire que celui que j’ai esquissé quand il m’a interpelé pour la première fois, puis quand le deuxième fois j’ai reçu son message.
J’ai pris le risque de m’attacher et j’ai perdu. Est-ce que je le regrette ? Non. Non, parce que je sais aujourd'hui que je suis capable d’aimer.
Je dirais même d’Aimer avec un grand A.
Lumione

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Re: [Petit texte d'émotions] Monsieur A

Message par Lumione »

Ton texte est super beau !
Je suis moi aussi dans une phase warrior !
brimbe73

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Re: [Petit texte d'émotions] Monsieur A

Message par brimbe73 »

Bravo!!
magnifique texte!
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