Forum littéraire de Booknode

Personnellement je ne suis pas attiré par l'œuvre de Celine, mais je pense que puisque Celine passe pour être un grand auteur français dont 2 de ses œuvres font autorité, il serait malvenu d'interdire la sortie prochaine de 3 de ses livres considérés comme antisémites.
Vouloir interdire est un acte arbitraire qui s'apparente a la dictature, et ça voudrait aussi dire que le lecteur n'est pas capable de faire son jugement soi- même
Je ne vais pas reprendre la formule célèbre..

http://www.leparisien.fr/culture-loisir ... 476810.php

https://bibliobs.nouvelobs.com/actualit ... tisme.html

Pour moi le problème n'est pas tant de publier ou non ces oeuvres, elles existent et elles sont un témoignage essentiel. Car comme le disaient Uberto Eco et Jean Claude Carrière dans le débat "N'espérez pas vous débarrasser des livres", on peut aussi beaucoup apprendre de la médiocrité et de la nullité. Le vrai problème ici est de savoir encadrer ces livres, donner les clés de compréhension et d'analyse au lecteur directement dans l'ouvrage pour qu'il ne commette aucune erreur d'interprétation qui serait préjudiciable.

Il y a toujours ce vieil argument "le lecteur est capable de penser par lui-même", mais ce n'est pas le cas de tous les lecteurs.

Ça me rappelle le débat quand Mein Kampf de Hitler est entré dans le domaine public alors même que le Journal d'Anne Frank, pour des raisons de gros sous, ne le rejoindra pas avant longtemps.

Je ne suis pas fan de Céline (pour son côté collaborateur pendant la guerre et pour l'antisémite), je n'aime pas non plus sa plume, le style est trop vulgaire et le roman que j'ai lu ne m'a pas plu du tout. Après je conçoit que d'autre l'apprécie mais je ne vois pas le génie de l'auteur dans ses oeuvres c'est particulier et pas très fluide, un mot sur 2 est en argot. Il ne fait pas parti des auteurs que j'affectionne, pendant la guerre il a fait son beurre en allant du côté de l'occupant, en publiant des atrocités donc je ne l'admire pas un instant. Il a balancé des gens, prôner fièrement le nazisme et n'a jamais regretté ses actes après la guerre (j'avais vu un documentaire en première) donc pour moi c'est claire que discerner l'oeuvre de la personnalité ce n'est pas facile. Après on aurait une bonne question de philo et on pourrait aussi débattre sur d'autres personnages comme Polanski par exemple qui avec la rétrospective à la cinémathèque à fait polémique dans un autre domaine, après il y a plein de célébrités qui ne sont pas très nette (actions passés, crime, etc)

Après je ne sais pas s'il faut interdire ou non ses 3 livres - comme je ne le porte pas dans mon coeur, que j'ai fais des études d'histoire je serais de parti prix en disant plutôt non - après je pense qu'il faudrait que les éditeurs mettent des avertissements, des commentaires historiques et autres s'ils veulent les publier. Je ne suis pas sure que le lectorat fasse le part des choses, en plus certaines personnes aujourd'hui adhèrent encore à de telles idéologies et ça fait très peur pour ne pas dire autre chose - certains risquent de utiliser ces titres pour la propagande de groupuscules, bref d'en faire un outil de haine.
Après est-ce que les aficionados de mort à crédit veulent voir le côté très noir de cet auteur je ne suis pas certaine non plus.

Elle est très certainement vulgaire, elle ne parle pas le "bon français", c'est une mauvaise personne mais attention, tout
celà en tenant compte de ta façon de penser à toi.
Mais , nous on le connais pas, ne nous demande pas de juger. Et toi, comment es-tu ?!
On a pas le droit de juger !!!!

Jukebox
Ces œuvres existent ?
Oui mais elles ne circulent pas, elles ont disparu de notre champ visuel, comme des livres morts.
Alors la question de la republication qui est envisagée se pose inévitablement. On n'est pas sur un terrain banal !
Personnellement je ne vais pas lire pour voir si c'est nul ou médiocre, je ne suis pas journaliste .. je ne vais pas lire par goût
Je suis assez déconcerté de voir que les premiers qui condamnent sont prêts à rejoindre objectivement les fous ou les dictateurs pour qui la solution est la destruction, l'autodafé, la censure, l'interdiction .. Seule à mon sens la qualité de l'oeuvre peut faire qu'on publie ou qu'on ne publie pas, mais comme l'auteur est considéré par certains éminents critiques comme un grand de la littérature française, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas à considérer

Gallimard renonce à son projet considérant ou justifiant que la société française n'est pas prête pour une pareille republication, d'autant plus que son auteur ne le souhaitait pas.
Ceux qui attendaient cette republication auront comme seule consolation de pouvoir se la procurer au Canada qui a publié les 3 œuvres controversées sous le titre : Ecrits polémiques.
C'est bien sûr le droit de Gallimard de suspendre son projet, c'est même sa liberté, proclame-t-elle. Si sa liberté est de s'interdire de publier, et bien une œuvre controversée d'un grand auteur français ne reverra pas le jour grâce à Gallimard ...

En cette affaire, je trouve la position de l'éditeur plutôt saine. Bon, en même temps, je n'apprécie pas la plume de Céline... ça aide à rester serein, je le reconnais volontiers! Après, l'argument d'un Y.Moix qui souligne que ne connaître que le Céline des romans plébiscités, c'est parler d'un Céline qui n'existe pas, tient la route. On peut s'interroger sur la censure (qui n'est pas mise en place ici puisque le choix appartient à l'éditeur), tout en s'interrogeant sur l'opportunité de publier de tels écrits qui s'apparentent sans doute à une "incitation à la haine" proscrite par la loi, dans un contexte spécialement "chatouilleux" sur ces questions...
Alors on pourra dire à juste titre que de dissimuler tout un pan d'histoire, c'est aussi prendre le risque de la voir se répéter mais faire confiance au seul jugement du lecteur, à une époque où -pardon à tous!- on sait de moins en moins lire... j'avoue bien volontiers que tout ça me laisse perplexe... (en d'autres termes, ma contribution au débat est un peu nulle et non avenue, mais bon. C'est un ressenti à vif tôt le matin, on dira... )

Contente de la décision pris par les éditeurs de ne pas les publier.

Une simple recherche sur internet et on peut voir qu'il est super facile de lire ces textes antisemistes de Celine facilement. Ca doit être egalement trouvable en bibliotheque, donc il n'a a pas censure de ce coté puisque si on veut lire les textes, il suffit d'un clic.

Du coup je pense que Gallimard a eu raison de ne pas les publié, non pas car je trouve ca bien que ce ne soit pas diffuser dans la société, mais je trouverai ca moyen que Gallimard se fasse de l'argent grace a des oeuvre antisemistes.

Sur la dernière intervention.
Les auteurs ont toujours été confrontés à des problèmes d'argent avec les éditeurs. Ca ne se sait pas trop car ce sont des affaires privées qui concernent éditeurs et auteurs. Il suffit de voir pour cela le nombre d'auteurs qui quittent leur maison d'édition ou que l'éditeur les remercie (ce qu'on sait moins). On le voit aussi parfois dans des journaux intimes d'auteurs ou des correspondances. On dit qu'il existe des bons éditeurs, j'ose croire que cela veut dire que ceux-là ne sont pas là que pour le fric qu'ils aiment la littérature et ont envie de la faire vivre. Mais un éditeur est d'abord soucieux de faire tourner sa boutique, et pour faire tourner sa boutique, comme disait POL sur France Culture: pas de sentiments à avoir avec ses collaborateurs et ses auteurs, sinon la publication serait difficilement envisageable. Je ne pense pas qu'il faille avoir une vue illusoire sur le rapport éditeur-auteur, surtout quand ce dernier est mort depuis des lustres. Ceux qui ont amené la grosse édition en France se livraient une guerre sans merci, et bien sûr qu'il y avait des intérêts mercantiles

Patrice : Dans mon intervention, je ne pensais pas du tout au droit de rénumération de l'auteur ou de ces descendants
Je trouve juste ça pas très moral de la part de Gallimard de ce faire de l'argent avec des textes antisémistes, car je suis sur que leur intention de base, en voulant sortir ces livres, n'était pas dans un soucis de partage des connaissances.

Bonsoir Ryusuka
Mon problème avec Gallimard: quand je vois dans la collection Blanche, les livres qui sortaient avant les années 70 disons, c'était des pépites ou mythique comme on dit. Aujourd'hui je vois que Gallimard publie des livres que personnellement je considère comme non publiables, j'en suis désabusé au point de me demander ce qui anime vraiment l'héritier Gallimard. Je m'interroge donc sur la qualité des livres Gallimard publiés aujourd'hui tout en reconnaissant que la maison continue de publier d'excellents ouvrages. Avant on achetait un Gallimard, aujourd'hui Gallimard n'est plus tout à fait une référence: je suis partagé ! Alors pour ces 3 livres polémiques de Céline, j'aurais bien aimé savoir quel était le point de vue de Gallimard avant qu'il suspende son projet. Quand ça atteint cette dimension, il est bon de savoir le sentiment qui pousse à la décision autrement que de dire: "nous reprenons notre liberté estimant que l'époque n'est pas prête à recevoir cette republication .."
Je n'exclus par le fait que les idées de Gallimard pouvaient être fondées, mais comme on n' en saura guère plus sinon que ça donne le sentiment que l'éditeur se retire sur la pointe des pieds en laissant une note amère.. Je pense que du temps de la génération du grand père, c'était plus clair. Voilà on ferme un dossier et j'ai l'impression que la liberté en pâtit.