@Naji et Amne : Merci beaucoup, les filles!
Thorment Kollerov-Volkonski
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A bientôt, chéri, on se revoit vite.
-Au revoir, mon cœur.
-Salut, je vous le ramènerai.
-On t’aime.
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Aujourd’hui est la prérentrée de ma nouvelle école, celle de Ravenswood, et j’y suis arrivé ce matin aux alentours de huit heures, ce qui est assez tôt, j’en conviens, par rapport à l’heure officielle à laquelle débutera véritablement la journée, c’est-à-dire onze heures. Je préférais y être au plus vite, espérant encore et toujours y rencontrer Caym, le croiser, mais que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur du bâtiment, je ne l’y ai pas encore vu.
Je me suis rendu seul à Ravenswood, sans l’aide de mes parents, et les ai rassurés à ce propos car ils s’en sont inquiétés, ayant préparé avec eux toutes mes affaires la dernière semaine passée à la maison à leurs côtés et ceux de ma sœur. Ils ont veillé à ce que je ne manque de rien, et me voilà chargé comme un bœuf, tirant une grande et épaisse valise derrière moi, et portant sur chaque épaule un gros cabas rempli de tissus, de torchons et de serviettes dans lesquels est soigneusement enroulé mon matériel de poterie. Mon visage n’affiche rien, aucune expression, et arbore un air blasé habituel, ce qui ne change pas de d’habitude, mais sous cette façade lisse et polie, je souffre du poids de mes bagages, qui est considérable. Si un de mes parents avait été là, je ne serais pas en train d’avancer aussi lentement qu’un escargot, mais j’ai insisté pour qu’ils me laissent faire et gérer en complète autonomie, résultat, ce que ça m’a apporté pour l’instant est que je comprends définitivement mieux pourquoi les escargots ne sont pas des rapides, étant donné qu’ils transportent leur maison sur leur dos, activité que j’imite tant bien que mal en ce moment.
A présent, je suis planté devant les colocations placardées sur le tableau d’affichage, et quelle n’est pas ma surprise de constater que mon nom… N’y apparaît pas. C’est écrit noir sur blanc. Sans être écrit : je n’y suis pas inscrit. Mes yeux s’écarquillent légèrement de stupeur face à ça et j’en reste à la fois estomaqué, défait et dubitatif. … Que faire ? Est-ce que l’administration m’a oublié ? C’est possible, après tout. Du moins, non pas une possibilité à négliger. Pas que ce soit grave, c’est simplement que j’aurais aimé savoir dans quelle chambre je suis pour pouvoir me délester de mon fardeau, et, dépité, je me détourne du tableau et me fraye maladroitement un chemin dans la foule tout en jouant difficilement des coudes et m’excusant brièvement, progressant parmi les élèves qui se massent, se rassemblent et s’agglutinent autour du tableau certainement pour la même raison que moi, à une variante près : je suis surtout impatient de savoir quelle est ma chambre et non mon colocataire, la personne qui la partagera avec moi toute l’année. Honnêtement, ça m’importe peu, parce que j’ai fait la demande de ne pas me retrouver avec Caym, qui a donc été placé avec… Aaron Olsen, je crois ? Ce n’est pas que je ne souhaitais pas être dans la même chambre que lui, bien au contraire, mais je n’ai pas envie d’empiéter sur son espace vital d’emblée, et évite qu’il ne découvre dès le premier jour que je suis son cousin, dont sa mère lui a caché l’existence pendant dix-sept ans, ce qui n’est pas rien.
Par ailleurs, il y a vraiment trop de monde, et qui dit trop de monde dit trop d’essences, et j’ai été forcé de verrouiller mon esprit, car les essences de toutes ces personnes se dissolvant les unes dans les autres me prenaient la tête. Je continue de marcher tout droit, autrement dit au hasard, m’éloignant de l’effervescence générale, jusqu’à m’engager dans un couloir où je remarque que des garçons d’environ mon âge s’y aventurent sans hésitation avec leurs valises, alors, fronçant les sourcils, concentré, je les y suis et observe que ce couloir est celui donnant effectivement sur les chambres. C’est bien ma veine… Soupirant discrètement et sans me décomposer pour autant, je garde mon sang-froid et cale tranquillement ma valise contre le mur le plus proche, avant de déposer mes deux cabas à mes pieds, passant ensuite une main dans mes cheveux blonds, que je rabats nonchalamment en arrière. Je transpire à cause de l’effort que j’ai fourni et secoue mon T-Shirt, me créant ma propre ventilation tout en regardant autour de moi avec curiosité, m’attardant sur chaque détail que retracent mes yeux. La décoration de l’école est très belle, et mes oreilles traînent tandis qu’elles captent quelques bribes de conversations s’élevant çà et là concernant les colocations, les vacances et les amourettes de chacun. Peut-être que Caym n’est pas loin… Je saurais le reconnaître quand je le verrais, mais il ne semble pas être encore là, alors je décide de patienter, le temps de me reposer un peu du voyage et de régler ce petit souci avec l’administration.