Oneiris - Duologie + Novella [Heroic fantasy]

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louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Oui, t'en fais pas ce sont des occitanismes... Et l'occitan est une langue bien plus riche que le français ! :lol:
3h de cours à 8h le samedi ? quelle cruauté !! :o De quoi t'épuiser pour la journée... ma pauvre Coline !
Vraiment tu as énormément progressé en quelques mois ! allez profite de ce qui reste de ton we ;)
Je m'en doutais ! :lol:

Oui, heureusement c'est pas souvent ! :(

Merci :D
Florance

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par Florance »

J'ai presque tout lu, d'une traite, et j'ai tellement envie de continuer la suite. On est majoritairement d'accord, ce mec, dieux du mal ou je ne sais quoi on a juste envie de le torturer.
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Florance a écrit :J'ai presque tout lu, d'une traite, et j'ai tellement envie de continuer la suite. On est majoritairement d'accord, ce mec, dieux du mal ou je ne sais quoi on a juste envie de le torturer.
Oh, merci beaucoup ! :D
Je suis contente que l'histoire te plaise ^-^
Haha, oui, je crois que tout le monde est unanime pour ça :lol:

Souhaites-tu que je te prévienne pour les sorties de chapitre ? ;)

Merci encore pour ton commentaire, c'est très gentil et encourageant :D
Florance

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par Florance »

louji a écrit :
Florance a écrit :J'ai presque tout lu, d'une traite, et j'ai tellement envie de continuer la suite. On est majoritairement d'accord, ce mec, dieux du mal ou je ne sais quoi on a juste envie de le torturer.
Oh, merci beaucoup ! :D
Je suis contente que l'histoire te plaise ^-^
Haha, oui, je crois que tout le monde est unanime pour ça :lol:

Souhaites-tu que je te prévienne pour les sorties de chapitre ? ;)

Merci encore pour ton commentaire, c'est très gentil et encourageant :D
Oui s'il te plait.
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Bonjour, j'espère que ça va en ces jours de froid et de neige :)
Je vais poster deux chapitres aujourd'hui, car les deux chapitres 9 sont assez courts et ça me permettra de rester un peu cohérente par rapport aux chapitres précédents ! De plus, ils clôturent la partie 1.
Bonne lecture ! ;)




Chapitre 9
Achalmy



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois du printemps, campement du Rituel de Maturité, Terres du Nord.



Je n’avais jamais eu aussi froid. Pourtant, je savais ce que c’était de sentir sa peau se crisper sous l’air glacé, les articulations se rétracter, les muscles trembler vainement pour repousser l’attaque gelée, les dents claquer furieusement, les pores du visage se fermer, la douleur qui accompagnait la perte de sensation dans les extrémités, les lèvres gercées et collantes, les paupières criblées de mille aiguilles. J’avais dormi au creux de la neige, assailli par des bourrasques glaciales qui hurlaient plus fort que des guerriers envoûtés, la glace gagnant du terrain sur la chaleur risible de mon corps. J’étais né au cœur de l’hiver, quand les monts disparaissaient dans les brumes, quand la mort régnait sur la vie. Dans mon sang coulaient des générations de Nordistes, qui avaient vaincu le froid, combattu les neiges et brisé la glace. Alors que je ne savais même pas lire, j’arpentais déjà les basses montagnes enneigées.
Le blizzard qui m’avait envahi n’avait pas grand-chose à voir avec une sensation de température. C’était au-delà. Ce froid me donnait une impression de vide, comme si l’énergie quittait mes muscles, le sang mes veines, la lucidité mon esprit et la lumières mes yeux.
J’étais en train de mourir. Voilà d’où venait cette foutue caresse givrée.
Et je n’avais pas prévu de mourir aujourd’hui.

J’étais conscient d’être impuissant. Conscient que des gens s’affrontaient près de moi, que le sang fuyait mon corps comme un lâche, que les sensations physiques, la douleur, le froid, s’atténuaient de seconde en seconde, que l’air renâclait à emplir mes poumons.
Lefk, mon Dieu bien-aimé, protecteur et châtieur de mes Terres natales, à qui j’avais servi une belle dette de sang, attirait à lui les fils de mon être. Mon corps tendait à la Mort, tandis que Galadriel enflammait mon esprit d’une volonté de vivre qui me surprenait.
Étaient-ce les Dieux ou seulement moi ?

Je crus entendre la voix d’Alice, vite surpassée par des cris et des tons plus graves que j’associai à des hommes. Il me sembla reconnaître l’intonation chaleureuse de mon ancien maître et celle crispée de mon père. Et le timbre aigre-doux d’une voix suave cachant de sombres desseins.

On marchait, ou plutôt on courait et on sautait, près de moi. Il y avait les claquements familiers du métal contre le métal, la sensation que les éléments se tordaient sous les ordres de puissants Élémentalistes et que des choses se jouaient près de moi sans que je pusse intervenir.
Alice était-elle tombée dans les bras dangereux du Noble ? Dans ce cas-là, d’où venaient les combats qui se déroulaient tout près ?
Il y eut bientôt seulement l’éclat étouffé de voix. Refroidi par ce soudain silence, je poussai mon esprit à prendre le contrôle de mon corps. Je ne fus capable que d’émettre un son faible, mélange de grognement et de geignement.
La seule chose qui me maintenait en vie était peut-être la fureur que provoquait mon impuissance. Je m’étais entraîné depuis mon enfance à être fort, autonome et capable de me défendre. Pas d’assister comme un boulet de plomb à l’enlèvement d’une amie.

Pendant ce qui me parut une éternité de rage douloureuse, il ne se produisit plus rien autour de moi. Le silence emplissait mes oreilles d’un grésillement et l’absence de sensations physiques me déroutait. Peut-être étais-je sur la dernière ligne droite avant de faire face aux yeux abyssaux du Dieu de la Mort.
Puis j’eus la sensation de flotter. Une voix douce, tendre et rassurante chuchotait à mon oreille. Qui aurait cru que Lefk fût si accommodant. Je trouvais son ton bien… humain pour la divinité de la mort.

Quelque chose chatouillait mon esprit. Un relent de goût métallique dans ce qui devait être ma bouche, la sensation infime d’un poids sous ma nuque, comme si quelque chose me touchait. Une impression fugace que celui qui me parlait m’était aussi familier que Lefk, en étant bien plus bienveillant.
Il y avait un battement régulier dans l’air. Jouait-on de la musique lorsque nous tombions dans les bras de Lefk ? Des percussions basses, discrètes et profondes, donnaient le rythme d’ensemble. S’ensuivait un souffle un peu raide, en crescendo puis decrescendo. Finalement, des sons grinçants joignirent la mélodie, pareils à des notes raides tirées de cordes abîmées.
Mon corps jouait une symphonie.
Celle de la Vie.
Dernière modification par louji le sam. 29 juin, 2019 9:31 pm, modifié 1 fois.
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Chapitre 9
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois du printemps, Terres du Nord.



Bringuebalée aussi délicatement qu’un sac de pommes de terre, j’avais été balancée sur l’épaule costaude d’un garde royal. Comme j’avais essayé de m’échapper, on avait refusé de me laisser marcher seule et le comte Wessex Bastelborn avait pris un malin plaisir à lier mes poignets avec une corde grâce à laquelle il me traînait tel un vulgaire chien.
J’avais repris mes esprits alors que le soleil glissait à l’horizon. Secouée par les pas de l’homme qui me portait, il m’avait fallu plusieurs minutes pour faire le constat de notre confrontation brutale avec les Occidentaux. Des quinze gardes, il n’en restait que treize. Je savais l’un d’eux tué par des Nordistes furieux au campement et l’autre avait dû être abandonné, sûrement trop blessé pour prendre la route. Comme la majeure partie de la troupe royale souffrait de blessures ou contusions, nous progressions lentement. Cela agaçait particulièrement le comte qui, comme si les attaques d’Al et les deux Maîtres d’Armes n’avaient jamais eu lieu, se portait radieusement bien. Seuls ses vêtements et sa fierté avaient été mis en lambeaux. Disparues les entailles, envolées les fractures. Là où les tissus étaient déchirés apparaissait une peau laiteuse qui ne montrait aucun signe d’une récente cicatrisation. J’étais déroutée. Avais-je rêvé les combats ? Ace Wessex Bastelborn avait-il été réellement blessé ?

Nous avions marché jusqu’au coucher du soleil. Une fois la nuit bien installée, le chef de la troupe royale avait soufflé l’idée de monter le camp. Ace Wessex Bastelborn avait manqué le frapper puis, constatant l’état déplorable des hommes, avait fini par céder. Nous nous étions éloignés du camp nordiste pour plus de sécurité et avions monté le campement. Les poignets toujours liés, on m’avait attachée à un arbre. Sidérée de ce traitement, j’avais fait part de cette situation offusquante. Quand un garde avait voulu me détacher pour m’accorder plus de confort, un éclair s’était abattu sur son bras et avait failli l’assommer. Les yeux luisants de colère, le Noble qui nous dirigeait tous avait menacé le prochain qui essaierait de m’aider d’une exécution immédiate. Après quoi, les gardes m’avaient à peine regardée de la soirée.
Qu’ils accordassent plus d’importance aux dires d’un simple Noble qu’au bon traitement de leur future souveraine m’avait donné envie de hurler. Malgré tout, je m’étais tue, sachant que me mettre en colère n’aurait rien arrangé.

La seule chose qui soulageait mon esprit malmené et mon corps meurtri était l’absence d’Achalmy et des Maîtres d’Armes. Si le Noble ne les avait pas emmenés, c’était qu’ils avaient pu s’en sortir. J’espérais de tout cœur qu’ils allaient bien ; qu’Al était en vie et pouvait être guéri.
L’idée qu’il pût rire à l’avenir, combattre avec ses deux sabres et mener une vie riche apaisait la poigne douloureuse dans ma poitrine.
Même si une pensée perfide me soufflait que sa vie serait bien meilleure que la mienne et que la jalousie me rongerait jusqu’à mon trépas.

D’après les mots échangés par les gardes, mon père avait envoyé l’un de ses comtes avec une troupe royale dans le Nord pour me ramener. Pourquoi ne pas avoir mandaté une seule personne, pour se faire plus discret ? Mon père craignait-il une opposition ? Était-ce la raison pour laquelle il avait envoyé seize hommes et femmes dans les Terres du Nord ?
Qu’allait-on faire de moi, à présent ? Simplement me ramener au Château du Crépuscule ?

La faim remuait mon estomac et la soif asséchait ma gorge. Envieuse, je fixai les gardes qui se rassasiaient à coups de grandes gorgées et de viande de lièvre. Les soirées passées auprès du feu avec Al me revinrent et j’éprouvai un élan de tristesse mélancolique qui me secoua. Ce jeune homme m’avait-il tant marquée ?
— Pourrais-je avoir à boire, s’il vous plaît ? demandai-je au chef de la troupe, qui dînait à deux mètres de moi.
Il me jeta un regard furtif et saisit sa gourde pour me la tendre. Se rappelant mes liens, il défit le goulot et se pencha vers moi.
Alors que mes lèvres frôlaient la précieuse boisson, la gourde fut brutalement repoussée, m’écorchant la bouche au passage.
— Il me semblait avoir été clair lorsque j’ai dit qu’aucun de vous ne devait interagir avec la princesse ? siffla le Noble avec un rictus méprisant.
Déglutissant péniblement, le chef de troupe se réinstalla à sa place sans me regarder. Des gardes royaux qui s’aplatissaient tel de vulgaires rats devant un comte ! La stupéfaction me faisait écarquiller les yeux et l’indignation rougir les joues.
— Quant à vous, ajouta le comte Bastelborn en se tournant vers moi, vous n’aidez pas vos hommes en les soumettant à la tentation. (Devant mon expression effarée, un sourire torve découvrit ses belles dents blanches.) Dans la mesure où vous m’avez sacrément compliqué la tâche, j’estime que vous vous passerez d’eau et de nourriture.
La fureur obstrua les bords de ma vision et je serrai fort les poings dans mon dos jusqu’à planter mes ongles dans la chair.
— Je suis princesse, m’exclamai-je avec véhémence. Vous paierez le traitement que vous me faites subir !
Subitement, il se pencha vers moi pour agripper mon menton avec force. Je grimaçai et tentai de me détourner de son regard glaçant, mais un changement dans ses yeux retint mon attention. L’espace d’une fraction de seconde, le parme de ses iris avait viré au rouge.
Un rictus mordant déchira les traits fins de son visage avenant.
— Et vous, Alice Tharros, vous paierez les péchés de votre sang, chuchota-t-il d’un ton suave à mon oreille, faisant couler une sueur froide le long de mon dos.


Dernière modification par louji le sam. 29 juin, 2019 9:36 pm, modifié 2 fois.
Florance

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par Florance »

Pourquoi ce taré de très probable dieu du mal ou pas mieux (même les dieux du mal que je connais ont l'ai mille fois plus sympa), n'est pas encore mort ?
Sinon, après avoir lu les précédents chapitres sans attendre, je trouve qu'il ne se passe pas grand chose.
Mais j'espère toujours voir l'autre périr dans d'atroce souffrance dès la première ligne du prochain chapitre.
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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Florance a écrit :Pourquoi ce taré de très probable dieu du mal ou pas mieux (même les dieux du mal que je connais ont l'ai mille fois plus sympa), n'est pas encore mort ?
Sinon, après avoir lu les précédents chapitres sans attendre, je trouve qu'il ne se passe pas grand chose.
Mais j'espère toujours voir l'autre périr dans d'atroce souffrance dès la première ligne du prochain chapitre.
Haha, ce serait trop facile s'il mourait maintenant :lol:
Oui, je confirme, ces deux chapitres servent de transition, ils n'apportent pas beaucoup à l'histoire ;) Puis ils sont très courts !

En tout cas, merci pour ta lecture et pour ton commentaire, c'est vraiment sympa :D
A dans deux semaines ^-^
DanielPagés

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par DanielPagés »

Bien, bien ! Des envies de meurtre. On l'aura un jour ce salopard ! J'espère un châtiment exemplaire. Le cul dans la braise jusqu'à ce qu'il en fonde !! :lol:
Tas vu comment tu me fais parler ? Un gentil garçon comme moi !! :lol: Ben oui, on s'est pris à l'aimer, l'Alice pas trop maline, mais on n'est pas seuls ! ;)
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Bien, bien ! Des envies de meurtre. On l'aura un jour ce salopard ! J'espère un châtiment exemplaire. Le cul dans la braise jusqu'à ce qu'il en fonde !! :lol:
Tas vu comment tu me fais parler ? Un gentil garçon comme moi !! :lol: Ben oui, on s'est pris à l'aimer, l'Alice pas trop maline, mais on n'est pas seuls ! ;)
Ben dis donc, je pensais pas ce personnage aussi détestable :lol:
Oui, je vois ça :roll: Ça détonne dans ta bouche ! :lol:

Merci pour ton passage alors que tu viens juste de revenir... c'est adorable :D
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Bonjour, tout le monde, il neige chez moi alors que j'écris ces mots, mais j'espère que vous avez la grand-beau de votre côté. Et j'espère que vous passez une bonne fin d'année et je souhaite de n'avoir pas une vilaine gueule de bois pour le nouvel an :D



***

Partie 2
Poursuites

***




Chapitre 10
Achalmy



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois de l’été, campement du Rituel de Maturité, Terres du Nord.



Le soleil rasait les cimes des arbres à l’est, enflammant les nuages et rougissant l’immaculé du paysage neigeux. Le deuxième mois de l’été venait de s’installer, mais la neige subsistait. À hauteur du camp, la nature avait réussi à grignoter de l’espace, les jeunes pousses écartant les fragments de neige pour admirer le soleil, les sapins retrouvant leur splendeur, les animaux vagabondant entre les troncs. Pourtant, alors que l’Ouest et l’Est profitaient des douces soirées tièdes, des cultures foisonnantes et de la faune abondante, que le Sud dorait sous leur soleil chéri, le Nord continuait à frissonner dans l’air du matin et à se réchauffer auprès des feux de camp.
Parfois, la punition infligée par Lefk suite au Grand Désastre me paraissait injuste. Qu’avions-nous fait, nous, peuple sans prétention du Nord, pour mériter une telle désolation ? Ne pouvions-nous pas profiter de la vie comme les autres Terres ?
Tu as d’autres priorités, Al, me réprimandai-je alors que j’admirais le lever du soleil.
Je devais partir. Il était plus que temps. Après plus de deux mois de convalescence, j’étais prêt à reprendre la route.
À retrouver Alice.

La première semaine suivant notre affrontement contre le Noble avait été la pire. Pas que je m’en rappelais très bien ; je l’avais passée majoritairement inconscient. Cependant, les bribes de souvenirs que j’en gardai étaient très désagréables. Ma blessure au torse avait vite été prise en charge par les Maîtres d’Armes et un guérisseur, mais ça n’avait pas empêché l’infection de s’installer. La fièvre m’avait enivré plus fort que l’alcool, plus chaudement que la chair d’une femme, plus brutalement que la sensation de virevolter au combat.
S’il n’y avait pas eu Zane, avec son calme à toute épreuve, son inquiétude bornée ; s’il n’y avait pas eu mon père avec son amour tenace, sa main serrée autour de la mienne nuit et jour, la fièvre m’aurait emporté. Lorsque le guérisseur et Vanä, avec leurs concoctions à base de plantes affreuses, avaient réussi à faire baisser ma température, au début du troisième mois du printemps, ma guérison avait été plus supportable.
Mes quatre côtes cassées m’avaient cloué au lit un bon mois et demi. Au bout de deux semaines, les Maîtres d’Armes m’avaient autorisé à me lever pour soulager ma vessie ou mes intestins et faire de rapides ablutions. Les bandages qui enserraient vigoureusement mon torse n’avaient pas facilité la tâche et l’œil acéré de Vanä non plus.
Avoir été traité comme un amoindri, parfois un enfant, pendant deux mois, avait fini par me miner le moral et, ces deux dernières semaines, c’était de la morosité léthargique que les Maîtres d’Armes me protégeaient. La honte, les remords, le souvenir cuisant de ma défaite, le regard terrifié d’Alice et l’expression cruelle du comte Bastelborn me donnaient envie de disparaître au fond d’un trou gelé.
C’était peut-être uniquement grâce à l’attitude enjouée de Zane et à la bienveillance de mon père que je gardais encore la dignité d’un être humain. Car, après avoir été nourri à la petite cuillère, après avoir souillé mes draps dans les pics de fièvre comme un nourrisson, après avoir gémi, peut-être pleuré, je ne m’en rappelais plus, quel honneur me restait-il ?
Quand je n’avais eu cesse de répéter cette question aux Maîtres d’Armes, Zane s’était contenté de s’esclaffer et d’ébouriffer mes cheveux, ignorant mes interrogations, et mon père m’avait regardé de cet air soucieux que je ne lui connaissais pas.
En réalité, c’étaient sûrement Vanä et Riktil qui avaient réussi à me secouer et à me sortir de ma léthargie.

Ils étaient les deux autres Maîtres d’Armes qui devaient rejoindre Zane et mon père pour le Rituel de Maturité. L’un d’eux passait du temps avec sa compagne lorsqu’Alice et moi étions arrivés et l’autre n’avait pointé le bout de son nez que deux jours après l’affrontement.
J’avais d’abord aperçu Vanä, que j’avais prise pour un homme avec ses cheveux platine coupés courts et son allure sèche. Ses mains délicates et ses traits fins, quand j’avais été capable de les remarquer entre les épisodes de fièvre, m’avaient prouvé le contraire.
Elle était l’une des deux Maîtres d’Armes de l’Est et son affinité avec les plantes faisait d’elle une guérisseuse en plus d’une guerrière. S’ajoutait à cela son titre de Sage, preuve de son appartenance à l’Épine, gouvernement de l’Est. Son caractère trempé et son allure féroce faisaient d’elle l’une des femmes, ou même l’un des humains, les plus coriaces qu’il m’eût été donné de rencontrer.
Et je devais voyager avec elle.

Ma blessure avait mis à peu près autant de temps que mes côtes pour guérir. Le guérisseur n’avait pu me recoudre avant d’avoir drainé l’infection et les tissus supérieurs avaient pris leur temps pour se refermer, sans parler de ceux qui étaient en-dessous. Cette lente convalescence m’avait coûté une bonne part d’énergie et je l’avais recouvrée en dormant. Un sommeil réparateur, mais aussi mauvais pour un jeune homme habitué à marcher et à chasser. Mes muscles avaient en partie fondu, ma graisse avait été aspirée par mon organisme pour combler les poussées de fièvre et mes os s’étaient alourdis d’inoccupation. Sans compter la présence permanente qui me surveillait du coin de l’œil.
Les Maîtres d’Armes s’étaient mis d’accord pour ne jamais me laisser seul. Mon père et Zane étaient montés pour accorder des Marques à de jeunes adultes. Vanä, dont les origines ne l’autorisaient pas à ce genre de choses, voulait toutefois dénicher un jeune avec lequel elle aurait pu échanger des rituels de combat propres aux deux contrées. Riktil, au milieu de tout ce sérieux, semblait venu pour faire la fête. Il s’était donc tout naturellement dévoué pour me surveiller. S’il était resté près de moi de temps en temps, au cas où j’aurais besoin de quelque chose, ou que la douleur me fît tourner de l’œil, l’homme en avait néanmoins profité pour s’éclipser et aller retrouver sa belle et son peuple.
Je ne lui en avais pas voulu ; surveiller un demi-mort qui se morfondait dès qu’il avait l’esprit assez clair pour ceci n’avait rien de divertissant. Riktil était un fanfaron, une grande gueule et un fêtard prêt à boire, à jouer ou à culbuter à la moindre occasion. Son crâne chauve bruni par le soleil luisait comme un goulot de bouteille, ses bras épais maniaient sans pareille la masse – raison pour laquelle on devait l’appeler Maître et non pas débauché – et son rire était terriblement contagieux. Je l’aimais bien. Surtout que, lorsqu’il partait occuper son esprit et son corps, j’avais la tente pour moi tout seul et le silence pour ruminer mes idées.
Mon père m’avait laissé son couchage. On avait installé aux quatre coins de la tente un espace personnel pour chacun des Maîtres d’Armes. Zane et mon père étaient du même côté. Ce dernier s’était fait une autre couchette avec un matelas en surplus et des couvertures. C’était lui qui m’avait ramené du champ de bataille, où j’avais été laissé à moitié mort, jusqu’à la tente. C’était sa voix que j’avais entendue alors que je délirais, cette voix que j’avais prise pour celle de Lefk.
Zane et mon père, avec leurs forces combinées à celles du peuple Nordiste qui avait fini par chasser la troupe royale, avaient réussi à repousser l’ennemi. À savoir Ace Wessex Bastelborn. Penser à lui me faisait frémir. Prononcer son nom écorchait ma bouche comme un alcool fort.
Si Zane et mon père avaient fini par obliger le Noble à reculer, ils n’avaient pu empêcher l’enlèvement de la princesse. Quand je leur avais fait part de ma colère et de mon inquiétude à ce propos, ils n’avaient fait que secouer la tête. « C’était te sauver toi ou cette stupide fille gâtée ! » avait sifflé mon père, et je l’avais fusillé du regard.
« Elle voulait partir, Al » avait gentiment soufflé Zane en posant une main sur mon épaule. « Elle s’était déterminée à retrouver ses Terres et son peuple. À embrasser sa destinée. »
« Sûrement pas en se faisant enlever par un dément égocentrique ! » avais-je répliqué avant de me tourner sur le côté pour mettre fin à la discussion.
Sur le coup, j’étais trop brûlant de colère pour les remercier de m’avoir sauvé, d’avoir limité les conséquences sur notre peuple. J’avais été injuste envers eux.
Plus tard, quand je m’étais suffisamment remis pour ne plus avoir d’excuses liées à ma santé, j’avais marmonné un « merci » si bas et si ronchon que Zane avait plissé les yeux en me dévisageant puis crié « Tu as dit quoi ? » En réponse, je l’avais ignoré en serrant les dents. À voir ses yeux brillants et son sourire en coin, ce bougre m’avait bien entendu.

— Tu comptes rêvasser encore longtemps ou nous pouvons partir ?
La voix cassante de Vanä me ramena brusquement à la réalité. Le soleil avait dépassé les arbres et brillait chaleureusement, recouvrant les alentours d’un halo lumineux qui brûlait la rétine. Il avait bien dû s’écouler une demi-heure depuis que je m’étais installé sur une roche pour admirer le soleil levant.
Mes fesses engourdies m’arrachèrent une grimace quand je me levai. Courbaturé, je m’étirai longuement puis soupirai.
— On peut y aller, annonçai-je à Vanä en tapotant ma besace.
— Tu ne veux pas dire au revoir à Zane et à ton père ?
Mon regard glissa par-dessus son épaule pour tomber sur la tente des Maîtres d’Armes. Je leur avais déjà fait mes salutations la veille, mais l’idée de partir sans leur accorder quelques derniers mots me serra le cœur. Il y avait trois jours, je leur avais annoncé que je descendais dans l’Ouest pour m’assurer de la bonne santé d’Alice. Devant leur surprise, j’avais bredouillé que je n’aurais l’esprit tranquille qu’en la sachant au chaud dans son immense lit de princesse. Visiblement guère convaincu, Zane avait pouffé puis murmuré des messes basses à mon père. Celui-ci m’avait toisé comme s’il me voyait pour la première fois et m’avait accordé un regard bienveillant et un sourire satisfait. Puis « Je comprends parfaitement, Al, il m’est arrivé la même chose avec Nikja. »
Je n’avais pas trop compris son allusion à ma mère et j’avais préféré laisser tomber. Leur avis sur la question ne m’importait guère. J’avais un objectif et j’allais l’atteindre.

— Je vais leur dire au revoir une dernière fois ! lançai-je à Vanä en m’éloignant vers la tente.
Se contentant de hocher la tête, je sentis son regard sur ma nuque tandis que je montais à la rencontre des Maîtres d’Armes.
Tranquillement installés en tailleur face à face près du feu, mon père et Zane discutaient doucement, une tasse de thé dans la main pour le premier et une pierre à aiguiser avec son sabre pour le deuxième. Ils levèrent les yeux en même temps quand je laissai tomber le pan de tissu qui servait d’entrée. Leurs traits tirés trahissaient leur réveil récent. Une marmite de jogurt était suspendue au-dessus des flammes paresseuses. Mon estomac se tordit et la salive envahit ma bouche. En me levant ce matin, j’avais grignoté, mais ce n’était apparemment pas assez.
— Je te sers un bol ? proposa mon père en montrant le faitout.
Avec un hochement de tête, je m’installai à côté de Zane. Ce dernier, occupé à affûter la lame de son katana déjà bien tranchante, me jeta un coup d’œil en biais.
— Je pensais que Vanä et toi partiez au lever du soleil.
— On a pris du retard, déclarai-je simplement avec un haussement d’épaules.
— Tiens, lança mon père en me tendant une généreuse portion de jogurt avec une cuillère en bois.
— Merci.
Sans attendre, j’attaquai mon bol avec appétit. J’adorais cette recette. L’onctuosité du fromage frais, la douceur du miel et le craquant des baies. Mon père m’avait préparé ce petit-déjeuner pendant des années. Malgré mon ressentiment envers cet homme, je devais reconnaître qu’il cuisinait bien.
— Je fais vite, précisai-je entre deux bouchées. Vanä m’attend.
— Tu es seulement venu pour te goinfrer ? se moqua Zane avec un regard étincelant de malice. Élève indigne.
Vexé, je manquai m’étrangler avec une cuillère de jogurt et me forçai à bien avaler avant de marmonner :
— Tu sais bien que non. Je voulais vous dire au revoir.
Avec un souffle moqueur, Zane retourna à son activité tandis que mon père m’adressait un regard reconnaissant.
— Au fait, reprit mon ancien maître d’un air pensif, je sais que tu en veux beaucoup à Connor, mais tu pourrais au moins lui dire que son jogurt est le plus fameux des Terres du Nord.
De nouveau vexé, je me renfrognai, mais surpris le regard inquisiteur de mon père. Avec un grognement, je haussai les épaules.
— C’est le même jogurt que tu me fais manger depuis des années. Il n’a pas changé. (Comme il me fixait sans rien dire, l’air presque déçu, j’ajoutai en roulant des yeux : ) Oui, c’est bon. On va pas en faire tout un plat !
À ces mots, un sourire satisfait étira ses lèvres et je jurai à voix basse. Avec un rire à demi-étouffé, Zane tapota mon épaule.
— Je crois que je suis soulagé de ne pas avoir d’enfants. Quand je vois ce que Connor a sacrifié pour toi, je me dis que tu es bien ingrat.
— S-Sacrifié ? répétai-je, médusé. Il m’a abandonné !
Le silence tomba aussi froidement qu’une neige d’hiver. Aussitôt, le regard déjà dur de mon père s’assombrit et la bonne humeur de mon ancien maître s’envola.
— Allons, Achalmy, reprit celui-ci d’un ton rêche, tu as passé l’âge des colères puériles. Ouvre les yeux et sois lucide. Ton père voulait que tu sois fort et que tu marches dans nos traces. Mais il savait aussi qu’il n’était pas doué pour enseigner, il avait peur de ne pas être objectif avec toi, d’être trop dur ou trop laxiste.
Comme pour l’affronter, je plongeai les yeux dans ceux de mon père.
— Il aurait fallu essayer pour en être sûr !
— Tu as été malheureux ? souffla-t-il soudain, une lueur coupable dans l’acier de son regard.
La question me prit au dépourvu et je ne répondis pas tout de suite.
— Pas vraiment, finis-je par reconnaître, à ma propre surprise.
J’hésitai un instant. L’envie d’en découdre avec mon père brûlait au creux de mon ventre et je mourais d’envie de lui faire connaître mes pensées. Mais ce serait trahir les valeurs que m’avait inculquées Zane. Ce serait trahir la confiance qu’il avait pour moi, cette confiance qu’il avait placée en un jeune homme raisonné et non pas en un adolescent bouillonnant de colère. Alors, je repris d’une voix que j’essayai de maîtriser :
— Zane a été un maître formidable. J’avais un lit douillet tous les soirs et trois repas par jour. Des congés de temps en temps. Je… j’étais heureux. J’aimais m’entraîner, graisser l’acier, nettoyer les lames, me baigner dans le ruisseau près de la cabane et m’amuser à envoyer l’eau dans les airs. J’aimais quand on jouait aux cartes avec Zane et quand il me serrait dans ses bras pour me féliciter.
Je vis mon ancien maître tressaillir et il grimaça un sourire en se détournant. Ce bougre devait avoir les larmes aux yeux.
Prenant une grande inspiration, je chassai de mon esprit les souvenirs heureux pour retrouver les plus sombres. Ce n’était pas parce que je reconnaissais ma chance que j’en oubliais mon abandon.
— En revanche, je me rappelle les premières soirées passées à sangloter sous la couette en me demandant Pourquoi ? Les repas que préparait Zane étaient simples et pas aussi bons que les tiens. Nous avions – et nous avons toujours – une bonne relation. Mais… (Je soupirai, hésitai, puis marmonnai après avoir jeté un coup d’œil à mon père : ) Toi et moi, on a une complicité différente. Quand tu me chatouillais, quand tu me portais sur tes épaules pour que je voie l’horizon, toutes ces soirées à dormir l’un contre l’autre près du feu… Et puis… tu étais le seul à parler de ma mère avec cette tendresse dans la voix. (Le visage de mon père se froissa un peu plus.) C’est toi qui me racontais des histoires de loups, de guerriers, de Chasseurs, d’aventure et de héros le soir pour que je m’endorme.
Le souffle court, je me tus. Il savait qu’il m’avait manqué. Que je lui en avais voulu.
— Tu m’as manqué aussi, Al, souffla doucement mon père d’une voix sourde de tristesse. Tu étais tout ce que j’avais de précieux, tout ce qui me restait de Nikja. C’est la seule femme que j’ai aimée, tu sais. Al, c’était toi qui me faisais les plus beaux compliments pour ma cuisine et tes sourires généreux me réchauffaient le cœur. (Il posa sa tasse et se leva.) Moi aussi, j’ai regretté et j’ai pleuré. Tu crois que ça a été facile d’abandonner mon fils ?
Ses épaules s’affaissèrent quand il lâcha un gros soupir. Il vint s’asseoir à côté de moi et tapota mon genou.
— Je t’aime, Achalmy. Pourtant, ça n’a pas toujours été évident. Je t’ai vu naître en emportant avec toi la chaleur de l’être qui comptait le plus pour moi. Nikja a à peine eu le temps de te serrer contre sa poitrine qu’elle rendait son dernier souffle.
Mon cœur se comprima et mes yeux me brûlèrent. La tristesse qui m’empoignait le cœur à la mention d’une femme que je ne connaissais même pas me dépassait. Pourquoi me sentais-je coupable d’avoir pris la vie d’un être dont je n’avais aucun souvenir ? Pourquoi n’aurais-je pas été coupable, d’ailleurs ? Prendre une vie pour avoir la sienne… C’était égoïste.
— Elle avait à peine la force de parler, Al, reprit à voix basse mon père. Nous étions haut dans le Nord. Nous avions trouvé abri dans une minuscule cabane qui résistait tant bien que mal aux tempêtes de neige. Nikja voulait revoir son peuple et éventuellement accoucher auprès d’eux. Nous n’avons pas eu le temps de rejoindre le mont Valkovjen, car les contractions l’ont prise au petit matin. Nous nous étions décidés à partir trop tard. Nikja a rendu son dernier soupir dans une cabane isolée du monde. Tu imagines mes remords, Achalmy ? Si j'avais accepté de partir plus tôt, elle aurait pu te donner la vie dans de meilleures conditions.
Zane avait toujours le visage détourné. Mon père avait déjà dû lui raconter l’histoire. Cela n’empêchait pas la tristesse d’être toujours aussi vive.
— J’aurais pu te haïr, reprit mon père dans un murmure. Te haïr d’avoir pris la vie de ta mère pour naître. Surtout que tu tenais tellement de moi que c’était presque insultant pour Nikja. À croire qu’elle n’avait pas passé neuf mois à te former en son sein et à souffrir pour te mettre au monde. Mais c’était ma faute. Nikja insistait depuis un moment pour retrouver son peuple. Je refusais, car je craignais pour sa santé. Mais elle a eu raison de moi et nous sommes partis. Quel fou ai-je été ! Ma pauvre Nikja, suant avec son gros ventre avec de la neige jusqu’aux cuisses. (Il se tourna vers moi et je me raidis devant les larmes qui perlaient à ses cils.) Je l’ai serrée dans mes bras pendant la durée du travail. Des heures et des heures, Al. Je lui ramenais de l’eau, je faisais fondre de la glace sur son front brûlant. Je voyais son visage se crisper, sa voix se casser sous ses cris, son corps tenter de t’éjecter en vain. Alors que je pensais que tu allais naître mort-né à cause des heures qui s’étaient écoulées depuis les premières contractions, Nikja a poussé un hurlement déchirant et tu es sorti.
Une boule s’était logée dans ma gorge et refusait d’en sortir. Je connaissais les circonstances de ma naissance. Mère morte en couches. Travail long et mortel. Je n’avais jamais voulu savoir les détails. Si mon père me les donnait aujourd’hui, c’était sûrement pour que je comprisse l’amour qu’il me portait malgré les circonstances.
— Je n’avais jamais assisté à un accouchement, Al. Je ne savais que faire de toi, du sang, de Nikja. Ta mère m'a expliqué très calmement alors qu'elle vivait ses derniers instants. Je t’ai pris, tu t’es alors mis à hurler. Une bonne nouvelle, selon Nikja. Ah, ça oui, tu étais vigoureux ! Un bon bébé bien rose aux joues rondes et aux membres déjà puissants. Nikja avait l’air très fière. Mais je voyais dans ses yeux cette lumière que j’aimais tant s’éteindre. C’était trop tard. Elle a juste tendu des mains tremblantes vers toi. J’avais coupé le cordon, alors je t’ai déposé au creux de sa poitrine. Elle a écarté les tissus pour te donner le sein. Je me rappelle que ses gestes étaient laborieux ; elle était tellement fatiguée ! Je me suis installé derrière elle, j’ai calé sa tête contre mon épaule et j’ai pleuré dans ses cheveux alors que, tandis que tu tétais, elle mourait. (Mon père braqua soudain les yeux sur moi en m’agrippant le bras. Je tressaillis.) Son dernier souffle, son dernier mot, a été ton prénom. Nous nous étions mis d’accord en avance sur nos choix, mais nous hésitions encore pour le prénom masculin. Elle m’a dit son ultime choix. Je l’ai respecté, Achalmy. Son dernier acte a été de te donner la vie, sa dernière parole de te nommer. Elle voulait que tu vives. Comment aurais-je pu te laisser ?
Il lâcha mon bras et ses mains se mirent à trembler. La honte s’empara brusquement de moi et, sans réfléchir, j’attrapai ses doigts. Mon père sursauta puis pinça les lèvres.
— Je l’ai embrassée une dernière fois, je t’ai laissé contre sa poitrine encore chaude, pour que tu t’imprègnes un peu d’elle, de sa chaleur, de son odeur, de son amour, j’ai fermé ses yeux et je t’ai recouvert d’une couverture. Je t’ai repris dans mes bras quand tu as recommencé à pleurer, parce que tu avais faim et froid. Si je pouvais t’offrir mes bras, je ne pouvais pas t’offrir la nourriture. Alors ont commencé les jours les plus terrifiants de mon existence. Je te donnais de l’eau tiède mélangée à des plantes riches en fibre que je déterrais sous les couches de neige. Je te gardais enfoui sous les fourrures de mes vêtements. Tes cris me rendaient fou, l’absence de ta mère dément et l’idée que tu puisses mourir me terrorisait plus que n’importe quoi au monde. Mais je ne pouvais pas te laisser mourir. Pas alors que Nikja avait donné sa vie pour toi. J’ai descendu à toute vitesse les pentes enneigées. Plus vite que je ne l’ai jamais fait. Je suis arrivé dans un petit hameau après des heures de course ininterrompue. Tu étais presque inerte contre ma poitrine, si petit et si fragile. Tu manquais tant de nourriture que tu ne pleurais même plus. Je ne sais pas si c’est Galadriel qui nous a accordé un miracle, mais, en tout cas, ça s’est passé. Je suis arrivé aux abois dans le village. J’ai hurlé pour une nourricière. Une femme enceinte ou une mère venant d’accoucher. Un homme m’a pris par le bras et il m’a mené jusqu’à sa cabane. À l’intérieur, une jeune femme au ventre bien rond. À la poitrine pleine de lait. Je t’ai presque jeté contre elle. Tu étais pâle, maigrichon. Mais tu as tété vigoureusement. Et là, j’ai su que c’était bon. En tout cas, pour l’instant, car la mort infantile est récurrente.
Il se tut et sembla remarquer nos mains serrées l’une dans l’autre.
— Je t’ai laissé auprès de cette jeune femme le temps nécessaire au sevrage. Puis je t’ai pris avec moi, nous avons quitté le village et nous avons voyagé ensemble pendant de longues années.
Silencieux, je fixai les flammes sans savoir quoi dire. Merci ? Pas assez fort. Tu aurais dû sauver maman ? Déplacé. Je suis désolé ? Futile.
— Sois prudent, Al, déclara soudain mon père en me toisant. Promets-le-moi. Pars à la recherche de ton amie si ça peut alléger ton cœur. Mais sois prudent, mon fils. Je t’aime. J’aimerais qu’on puisse passer plus de temps ensemble.
— Oui, papa, soupirai-je avec une grimace contrite. Merci… merci pour tout.
Étonné, il ne dit rien. Puis esquissa un léger sourire.
— C’est normal. (Il me donna une petite tape dans le dos.) Il serait peut-être temps de te mettre en route, Vanä va être furieuse.
À ces paroles, Zane poussa une exclamation.
— Si j’étais toi, Al, je me dépêcherais ! Vanä est déjà pas commode de bonne humeur, alors en colère…
Je m’esclaffai et me levai. J’adressai un regard reconnaissant aux deux pères que j’avais eus, posai la main sur le manche de Kan et baissai la tête, restant incliné plus que nécessaire.
Voyant leurs petites mines qui se voulaient enjouées, mais qui étaient grimaçantes d’émotion refoulée, je compris que mon message était passé.
— À bientôt, soufflai-je en quittant la tente.
Ils ne dirent rien, mais je sentis leurs regards dans mon dos et cela me suffit.


Dernière modification par louji le mer. 03 juil., 2019 9:38 am, modifié 5 fois.
Wayden23

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par Wayden23 »

Ah j'ai même pas pensé qu'on était vendredi et que donc s'il devait y avoir un nouveau chapitre cette semaine ce serait aujourd'hui :lol: Ca m'en fait 2 de retard à rattraper, et 4 à commenter... Zut, j'ai oublié ce que je voulais dire pour les deux premiers :lol:

Et sinon, autant en Angleterre qu'en Belgique, il a neigé un jour, et tout le reste de la pluie ou des nuages :lol: Ils en ont parlé aux actus, en Belgique il y a eu en décembre... 5 heures d'ensoleillement, ni plus ni moins xD Donc tu es sans doute plus chanceuse que moi en tout cas^^
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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par Wayden23 »

Ah j'avais déjà lu les 2 petits chapitres en fait :lol: Je commente le dernier et je reviendrai plus tard sur les précédents.

Très bien dans l'ensemble comme toujours. J'ai beaucoup aimé la partie avec la naissance, même si maintenant je vais avoir l'impression de te plagier avec la fin de mon premier tome :lol: Juste 2 remarques:

"quand j’étais assez guéri pour ne plus avoir d’excuses liées à ma santé" ==> "quand j'étais assez guéri" m'a fait tiquer à la lecture. C'est pas incorrect en soi, mais ça sonne comme un enfant qui parle mal français pour moi haha. J'aurais dit plutôt par exemple "une fois suffisamment remis".
— Pas vraiment, finis-je par reconnaître, à ma propre surprise. Zane a été un maître formidable. J’avais un lit douillet tous les soirs et trois repas par jour. Des congés de temps en temps. Je… j’étais heureux. J’aimais m’entraîner, graisser l’acier, nettoyer les lames, me baigner dans le ruisseau près de la cabane et m’amuser à envoyer l’eau dans les airs. J’aimais jouer aux cartes avec Zane, j’aimais quand il me serrait dans ses bras en me félicitant.

Je vis mon ancien maître tressaillir et il grimaça un sourire en se détournant. Ce bougre devait avoir les larmes aux yeux.
Prenant une grande inspiration, je chassai de mon esprit les souvenirs heureux pour retrouver les plus sombres.

— En revanche, je me rappelle les premières soirées passées à sangloter sous la couette en me demandant Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Les repas qui manquaient de ta main experte, cette manière que tu avais de faire filer tes doigts sous mes vêtements pour me chatouiller et qui me faisait pleurer de rire. De même, tu étais le seul à parler de ma mère avec cette tendresse dans la voix. (Le visage de mon père se froissa un peu plus.) C’est toi qui me racontais des histoires de loups, de guerriers, de Chasseurs, d’aventure et de héros le soir pour que je m’endorme.
Là c'est une remarque que je ferai aussi pour les chapitres que je commenterai plus tard, ces dialogues ne sont pas très réalistes, on y croit pas (attention, là je critique en temps que lecteur, je sais bien que j'ai moi même encore bcp de boulot niveau dialogues xD). Imagine toi avoir une conversation vraiment délicate avec ton père que tu n'as pas vu depuis des années et que tu crois t'avoir abandonné. L'émotion est très grande, les mots ont beaucoup de mal à sortir, soit tu ne les trouves pas soit tu n'oses ou ne veut pas les dire, etc. Alors tu penses que tu te mettrais pouf, juste comme ça, à faire une jolie petite énumération des bons côtés de la vie avec celui qui t'a élevé?
A ta place je mettrais ça en off (il le pense mais ne le dit pas), je lui fait juste gromeller 2-3 mots poussifs et j'ajoute tj en off qu'il se rend compte qu'en effet il ne pouvait pas se plaindre. Et tant pis si le maîtr ene tressaille pas et n'a pas le sourire :lol:
Pour le dialogue suivant, j'utiliserai juste un moins bon français, et un français plus "parlé". Que, encore une fois tu imagines parler à ton père en lui disant "les repas qui manquaient de ta main experte" et réussir à placer "de même" en lui avouant des pensées si personnelles?
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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par Florance »

C'est triste et c'est beau. Ils sont trop mignons eux tous.
Meurt l'autre.
La suite !
Oui tu peux m'appeler Flo'.
Désolée si c'est court mais bon.
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Wayden23 a écrit :Ah j'ai même pas pensé qu'on était vendredi et que donc s'il devait y avoir un nouveau chapitre cette semaine ce serait aujourd'hui :lol: Ca m'en fait 2 de retard à rattraper, et 4 à commenter... Zut, j'ai oublié ce que je voulais dire pour les deux premiers :lol:

Et sinon, autant en Angleterre qu'en Belgique, il a neigé un jour, et tout le reste de la pluie ou des nuages :lol: Ils en ont parlé aux actus, en Belgique il y a eu en décembre... 5 heures d'ensoleillement, ni plus ni moins xD Donc tu es sans doute plus chanceuse que moi en tout cas^^
C'est pas grave si tu ne commentes pas tout, encore une fois ;) C'est déjà gentil de commenter =D

Oui, je vois que le ciel gris depuis novembre aussi X.x Mais je crois qu'on a quand même eu un peu plus de 5h d'ensoleillement :')

Wayden23 a écrit :Ah j'avais déjà lu les 2 petits chapitres en fait :lol: Je commente le dernier et je reviendrai plus tard sur les précédents.

Très bien dans l'ensemble comme toujours. J'ai beaucoup aimé la partie avec la naissance, même si maintenant je vais avoir l'impression de te plagier avec la fin de mon premier tome :lol: Juste 2 remarques:

"quand j’étais assez guéri pour ne plus avoir d’excuses liées à ma santé" ==> "quand j'étais assez guéri" m'a fait tiquer à la lecture. C'est pas incorrect en soi, mais ça sonne comme un enfant qui parle mal français pour moi haha. J'aurais dit plutôt par exemple "une fois suffisamment remis".
— Pas vraiment, finis-je par reconnaître, à ma propre surprise. Zane a été un maître formidable. J’avais un lit douillet tous les soirs et trois repas par jour. Des congés de temps en temps. Je… j’étais heureux. J’aimais m’entraîner, graisser l’acier, nettoyer les lames, me baigner dans le ruisseau près de la cabane et m’amuser à envoyer l’eau dans les airs. J’aimais jouer aux cartes avec Zane, j’aimais quand il me serrait dans ses bras en me félicitant.

Je vis mon ancien maître tressaillir et il grimaça un sourire en se détournant. Ce bougre devait avoir les larmes aux yeux.
Prenant une grande inspiration, je chassai de mon esprit les souvenirs heureux pour retrouver les plus sombres.

— En revanche, je me rappelle les premières soirées passées à sangloter sous la couette en me demandant Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Les repas qui manquaient de ta main experte, cette manière que tu avais de faire filer tes doigts sous mes vêtements pour me chatouiller et qui me faisait pleurer de rire. De même, tu étais le seul à parler de ma mère avec cette tendresse dans la voix. (Le visage de mon père se froissa un peu plus.) C’est toi qui me racontais des histoires de loups, de guerriers, de Chasseurs, d’aventure et de héros le soir pour que je m’endorme.
Là c'est une remarque que je ferai aussi pour les chapitres que je commenterai plus tard, ces dialogues ne sont pas très réalistes, on y croit pas (attention, là je critique en temps que lecteur, je sais bien que j'ai moi même encore bcp de boulot niveau dialogues xD). Imagine toi avoir une conversation vraiment délicate avec ton père que tu n'as pas vu depuis des années et que tu crois t'avoir abandonné. L'émotion est très grande, les mots ont beaucoup de mal à sortir, soit tu ne les trouves pas soit tu n'oses ou ne veut pas les dire, etc. Alors tu penses que tu te mettrais pouf, juste comme ça, à faire une jolie petite énumération des bons côtés de la vie avec celui qui t'a élevé?
A ta place je mettrais ça en off (il le pense mais ne le dit pas), je lui fait juste gromeller 2-3 mots poussifs et j'ajoute tj en off qu'il se rend compte qu'en effet il ne pouvait pas se plaindre. Et tant pis si le maîtr ene tressaille pas et n'a pas le sourire :lol:
Pour le dialogue suivant, j'utiliserai juste un moins bon français, et un français plus "parlé". Que, encore une fois tu imagines parler à ton père en lui disant "les repas qui manquaient de ta main experte" et réussir à placer "de même" en lui avouant des pensées si personnelles?


Nan mais arrête avec le plagiat, tout le monde se plagie x') C'est impossible d'avoir une idée totalement innovante et originale. Quelqu'un, quelque part, y aura aussi pensé, même s'il ne l'aura pas mis par écrit, dessin, ou je ne sais quoi. C'est juste qu'il faut savoir prendre une idée et la tourner à sa sauce pour la rendre plus personnelle :) Mais, encore une fois, je pense que c'est impossible de ne pas plagier un concept ou quelqu'un quand on fait quelque chose. On ne peut pas commencer une activité de 0, on ne peut pas écrire sans lire, on ne peut pas dessiner sans savoir ce qu'est le dessin ou la peinture. On commence à créer en recopiant, c'est après qu'on affine ce qu'on veut et ce qu'on crée, mais on copie forcément quelqu'un sur Terre à un moment ou à un autre... Après, faut être malin pour rendre une idée banale ou usée jusqu'à la corde sympathique et porteuse de nouveautés :)

Pour les remarques :
- Je comprends ce que tu veux dire, c'est vrai que la tournure est pas très jolie ^^ Je vais la changer
- Oui, oui, je suis d'accord pour dire que ces dialogues sont trop "corrects" et je vais les modifier en partie, mais pas trop non plus car ils proviennent de deux personnages aux caractères différents, qui ne sont ni le tien, ni le mien ^^ Evidemment que je ne parlerais pas comme ça avec mon père à la place d'Al dans cette situation. Mais je ne suis pas lui. De même pour Connor, il a un côté un peu guindé que je veux garder. Mais je vais rendre leur dialogue plus hésitant et embarrassé je pense.

En tout cas, merci beaucoup pour tes retours, c'est bien sympa ;)
Je pense que tu aies terminé ton stage alors... (je me trompe peut-être), bonne année en avance et profite avant de reprendre !
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Florance a écrit :C'est triste et c'est beau. Ils sont trop mignons eux tous.
Meurt l'autre.
La suite !
Oui tu peux m'appeler Flo'.
Désolée si c'est court mais bon.
Merci beaucoup de ton passage et de ton commentaire :D Ça me fait bien plaisir !

C'est gentil ;)
Super, allons pour Flo alors =D
Ah nan mais, tu n'as pas à t'excuser :o Je vais pas me plaindre des personnes qui prennent le temps de commenter :')

Merci encore ! Et bonne année :D
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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par vampiredelivres »

Owww, c'est beau ! Enfin, on sait tout sur Achalmy, sa naissance, sa relation plus que bordélique avec son père… c'était très beau, très bien expliqué, vraiment ^-^ Par contre, j'attends de savoir ce qui arrive à Alice, parce que Bastelborn m'intrigue vraiment…
C'est vraiment un commentaire en speed (et manque d'inspi' complet… :oops: ), mais voilààà, tout ça pour te dire que je suis toujours là, et que je te lis toujours. Même si je sens que je vais être souvent à la traîne, en ce moment…
Je te souhaite une excellente année 2018, en tout cas !
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :Owww, c'est beau ! Enfin, on sait tout sur Achalmy, sa naissance, sa relation plus que bordélique avec son père… c'était très beau, très bien expliqué, vraiment ^-^ Par contre, j'attends de savoir ce qui arrive à Alice, parce que Bastelborn m'intrigue vraiment…
C'est vraiment un commentaire en speed (et manque d'inspi' complet… :oops: ), mais voilààà, tout ça pour te dire que je suis toujours là, et que je te lis toujours. Même si je sens que je vais être souvent à la traîne, en ce moment…
Je te souhaite une excellente année 2018, en tout cas !
Oh, merci beaucoup de ton commentaire ! :D
Je sais que tu es vraiment débordée, alors ne t'inquiète pas si tu ne commentes pas, je comprends entièrement ;)

Du coup, merci pour ces compliments ! Oui, c'est un chapitre plutôt de transition, histoire de ne pas repartir à l'aventure sans avoir vraiment expliqué et exploité les relations entre ces 3 personnages =D
Pour Alice, ça arrive dans le prochain chapitre ;)
Nan mais c'est déjà super gentil de prendre le temps de commenter, et c'est "construit" dans la mesure où tu indiques ce qui t'a plu, et donc ce que je peux garder :D
Merci beaucoup, à nouveau bonne année à toi aussi !
DanielPagés

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par DanielPagés »

Bravo... c'est particulièrement beau et touchant, la seconde partie. waooo ! ;)

Dans la première qui a dû être plus laborieuse à écrire (non ?) j'ai relevé quelques maladresses, et pour bien commencer l'année...

- "Avoir été traité comme un amoindri, parfois un enfant, pendant deux mois avait fini par me morfondre"
Ce n'est pas quelque chose qui me morfond, c'est moi qui me morfonds après qu'il me soit arrivé quelque chose, ou à cause de quelque chose.

- "Son caractère trempé et son allure féroce faisaient d’elle une des femmes"
Dans la narration il est plus correct et surtout souvent plus agréable pour le lecteur, d'écrire "l'un -l'une"

- "sans parler de ceux inférieurs"
Un peu maladroit je trouve. Peut-être peux-tu tourner ça autrement : "sans parler de ceux qui devaient guérir en dessous" par exemple

- "qui se morfondait sur lui-même"
Non, on se morfond, c'est tout, c'est rester renfermé dans une attente ennuyeuse... donc replié sur soi forcément.

- "C’était lui qui m’avait ramené du champ de bataille, où j’avais été laissé à moitié mort, à la tente."
"Jusqu'à la tente " serait mieux. Pense à lire à voix haute et à écouter la musique de tes phrases.

- "Zane et mon père, avec leurs forces combinées à celles du peuple Nordiste qui avait fini par chassé la troupe royale, avaient réussi à repousser l’ennemi."
gloups ! c'est qui qui avait fini ?
"chassé" ? ouais t'as trop bu ! il reste pas mal de fautes !

- "J’avais un objectif et j’allais l’accomplir"
On atteint un objectif, on accomplit une mission...


Gros bisous et bonne année ! ;)
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Bravo... c'est particulièrement beau et touchant, la seconde partie. waooo ! ;)

Dans la première qui a dû être plus laborieuse à écrire (non ?) j'ai relevé quelques maladresses, et pour bien commencer l'année...

- "Avoir été traité comme un amoindri, parfois un enfant, pendant deux mois avait fini par me morfondre"
Ce n'est pas quelque chose qui me morfond, c'est moi qui me morfonds après qu'il me soit arrivé quelque chose, ou à cause de quelque chose.

- "Son caractère trempé et son allure féroce faisaient d’elle une des femmes"
Dans la narration il est plus correct et surtout souvent plus agréable pour le lecteur, d'écrire "l'un -l'une"

- "sans parler de ceux inférieurs"
Un peu maladroit je trouve. Peut-être peux-tu tourner ça autrement : "sans parler de ceux qui devaient guérir en dessous" par exemple

- "qui se morfondait sur lui-même"
Non, on se morfond, c'est tout, c'est rester renfermé dans une attente ennuyeuse... donc replié sur soi forcément.

- "C’était lui qui m’avait ramené du champ de bataille, où j’avais été laissé à moitié mort, à la tente."
"Jusqu'à la tente " serait mieux. Pense à lire à voix haute et à écouter la musique de tes phrases.

- "Zane et mon père, avec leurs forces combinées à celles du peuple Nordiste qui avait fini par chassé la troupe royale, avaient réussi à repousser l’ennemi."
gloups ! c'est qui qui avait fini ?
"chassé" ? ouais t'as trop bu ! il reste pas mal de fautes !

- "J’avais un objectif et j’allais l’accomplir"
On atteint un objectif, on accomplit une mission...


Gros bisous et bonne année ! ;)
Oh, c'est gentil d'avoir le courage de commenter le 1er de l'an :lol:

Euh... euh, je sais plus, très honnêtement. Je suis dans le brouillard :roll: Je me rappelle juste que je n'avais justement pas prévu d'écrire la deuxième partie, puis que je me suis laissée entraîner...
En tout cas, désolée pour les fautes, il y en a qui piquent :oops: (je devais être mal lunée ce jour-là)

Pour les remarques (merci de les avoir relevées ! :D ) :

- Je vais utiliser un autre verbe, parce que je n'arrive pas à voir comment tourner la phrase :?
- C'est vrai que c'est plus joli avec un "l'"
- Je change ça, c'est pas très beau, en effet !
- Je crois que j'ai du mal avec ce verbe :roll:
- Euh, le 1er "avait" renvoie au "peuple" et le 2ème à "Zane et mon père"... il y a une faute ? :cry:
Bouh le "chassé" fait mal... Il faudra que je relise ce chapitre avec attention quand je serais plus en forme :lol:

Encore merci pour tes conseils avisés et ta lecture, ça fait toujours aussi plaisir :D
Je te souhaite une très bonne année 2018, la santé, le bonheur, le succès, des romans... !
DanielPagés

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par DanielPagés »

louji a écrit :
DanielPagés a écrit :
Oh, c'est gentil d'avoir le courage de commenter le 1er de l'an :lol:

Euh... euh, je sais plus, très honnêtement. Je suis dans le brouillard :roll: Je me rappelle juste que je n'avais justement pas prévu d'écrire la deuxième partie, puis que je me suis laissée entraîner...
En tout cas, désolée pour les fautes, il y en a qui piquent :oops: (je devais être mal lunée ce jour-là)
...

- Euh, le 1er "avait" renvoie au "peuple" et le 2ème à "Zane et mon père"... il y a une faute ? :cry:
Bouh le "chassé" fait mal... Il faudra que je relise ce chapitre avec attention quand je serais plus en forme :lol:

...

Je te souhaite une très bonne année 2018, la santé, le bonheur, le succès, des romans... !
Pour moi le premier de l'an est toujours calme, c'est une période où je me terre dans un coin sombre pour pouvoir rêver... :lol: Mais les jours précédents j'ai profité de la mer, du soleil et de coins merveilleux avec les amis (t'as vu ça sur FB ;) )

Si t'avais pas prévu d'écrire la 2e partie et que tu t'es laissée embarquer, tu devrais toujours faire comme ça !!! :lol: ça se sent que c'est sorti de toi sans effort, que tu le ressentais profondément.

Oui j'avais bien pensé que le 1er renvoyait au peuple... mais comme tu dis avant "Zane et mon père, avec leurs forces combinées à celles du peuple Nordiste qui avait fini par... ça semble logique de mettre "avait fini"au pluriel vu que c'est cet ensemble de forces le vrai sujet... non ?

2017 nous a apporté une certaine Louji et ça c'est du bonheur ! ;) :lol:
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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :
Pour moi le premier de l'an est toujours calme, c'est une période où je me terre dans un coin sombre pour pouvoir rêver... :lol: Mais les jours précédents j'ai profité de la mer, du soleil et de coins merveilleux avec les amis (t'as vu ça sur FB ;) )

Si t'avais pas prévu d'écrire la 2e partie et que tu t'es laissée embarquer, tu devrais toujours faire comme ça !!! :lol: ça se sent que c'est sorti de toi sans effort, que tu le ressentais profondément.

Oui j'avais bien pensé que le 1er renvoyait au peuple... mais comme tu dis avant "Zane et mon père, avec leurs forces combinées à celles du peuple Nordiste qui avait fini par... ça semble logique de mettre "avait fini"au pluriel vu que c'est cet ensemble de forces le vrai sujet... non ?

2017 nous a apporté une certaine Louji et ça c'est du bonheur ! ;) :lol:
Oui, ça n'avait pas l'air très sombre, morose ou triste toutes ces photos :D Tu étais en Catalogne ? C'est magnifique en tout cas, on aurait dit des photos prises l'été dernier.

Bah, c'était un passage assez intéressant à raconter et pas mal intense, c'est peut-être pour ça :roll:

Oui, c'est vrai, ça semble plus logique, je corrige !

2017 m'a apporté la communauté du forum de Booknode, et ça c'est génial :D

Profite bien du soleil et de l'air marin si tu y es encore ;)

Bisous
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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par Wayden23 »

louji a écrit : - Oui, oui, je suis d'accord pour dire que ces dialogues sont trop "corrects" et je vais les modifier en partie, mais pas trop non plus car ils proviennent de deux personnages aux caractères différents, qui ne sont ni le tien, ni le mien ^^ Evidemment que je ne parlerais pas comme ça avec mon père à la place d'Al dans cette situation. Mais je ne suis pas lui. De même pour Connor, il a un côté un peu guindé que je veux garder. Mais je vais rendre leur dialogue plus hésitant et embarrassé je pense.
Tu ne t'en sortiras pas comme ça pour le coup haha. Ici la question n'est pas si le personnage te ressemble ou pas, sa réaction n'est pas vraisemblable peu importe la personnalité qu'il pourrait avoir, à moins d'être un extraterrestre infiltré lol. Et puis, même si tu veux absolument le faire parler comme si il récitait une plaidoirie devant un juge, alors il faut quand même en expliquer un minimum les raisons au lecteur, et essayer de rentrer dans sa tête par la narration plus que par le dialogue dans ce cas, car même pour quelqu'un de "guindé" ça n'a rien de normal de parler ainsi en de telles circonstances.


Et sinon, pour les deux chapitres que je n'avais pas commenté, je pourrais comme tout le monde ici dire que c'est très bien et tout ça. Mais après réflexion, je préfère commenter comme si je m'attendais à lire un livre publié par une grande maison d'édition. On peut avoir 18 sur 20 à l'école, si on ne continue pas à bosser davantage on retombe vite sous la moyenne à l'unif. J'ai pensé à la base que ça devait être plutôt le rôle de Daniel sur ce forum, mais visiblement ici (avec Vincent aussi) il est plus papy gâteau qui donne des biscuits que prof qui te mets une mauvaise note pour te pousser à donner le meilleur de toi-même :lol: (et là si il commente cela prouvera qu'il lit tous les commentaires :lol: ) Donc je vais peut-être avoir l'air rude et me faire mal voir (pour ça que j'ai quand même hésité), mais, crois-moi, si je trouvais que tu n'avais pas de talent je te dirais juste "c'est très bien", et c'est au contraire parce que tu en as que je me permets d'être vraiment exigeant.


Pour cette partie on peut dire que j'ai vu le train passer sans monter dedans. Et je pense que c'est tout simplement parce que tu n'as pas pris le temps de vraiment la travailler comme une scène majeure le mériterait, ou juste pas pris le temps d'un point de vue quantitatif (nombre de pages). Elle est arrivée comme un cheveu dans la soupe (on les croit tranquillement installés au camp, il pourrait ne rien se passer de vraiment essentiel avant encore 10 chapitres, et paf en 5p tu nous retourne tout), ce qui pourrait être un bon point seulement si elle est vraiment poignante.
Ce qui l'empêche de l'être peut importe que tu aies 17 ou 40 ans selon moi, c'est donc que tu ne prends absolument pas le temps de vraiment rentrer dans la psychologie des personnages durant ce moment fatidique, ce qui te pousse parfois à sortir une suite de phrases bateaux pour auteur en panne d'inspiration. Je vais commenté la partie qui m'a fait le plus tiquer:
— Il est… commença l’homme en me jetant un regard dévasté. "il est" + "...", juste comme ça, si ce n'est pas suivi d'un peu plus de consistance, c'est un bon gros cliché éculé

J’avais la sensation d’avoir de la cire gluante dans la gorge. Avec des lèvres tremblantes, je secouai la tête pour lui donner un faible espoir.

— Je… Je m’en veux. C’est ma faute. idem

Des remords bien futiles. Je ne pouvais lui en vouloir ; la culpabilité me rongeait le corps comme un acide. Quand il fit quelques pas hésitants vers le corps glacé de son fils, je m’écartai sur le côté. Que faire contre le chagrin qui tordait ses traits en une grimace affligée ? patatra, c'est là que cela aurait nécessité un paragraphe plus long et vraiment soigné, et alors les dialogues précédents auraient été tout à fait corrects, mais on se retrouve avec 2 lignes qui ne font à ce point que souligner l'évidence qu'on pourrait tout simplement les zapper sans que cela ne change le récit
Connor Dillys frôla des doigts le front de mon ami. Son geste n’était pas assuré, comme s’il avait peur de le toucher.

— Il faut que j’aille me débarrasser de lui, annonça-t-il d’une voix blanche. Que je le tue. rebelote
— Maître Dillys… Tuer le comte Wessex Bastelborn ne résoudra rien. Au contraire, cet acte ne ferait qu’envenimer les choses et compliquer les relations entre nos Terres. là, moi, si dans de telles circonstances j'entend quelqu'un sortir ça, je lui fous 4 baffes mdr. Autant le contenu que le fait que, sans davantage de description, on dirait un mauvais politicien face à un journaliste. Tu peux à la limite lui faire dire ça si tu y tiens vraiment, mais alors il faut un paragraphe narratif qui explique pourquoi c'est vraiment la seule chose qu'elle a trouvé à dire, qui décrit vraiment sa douleur de se retrouver impuissante, à dire des phrases bateau pour tenter vainement de raisonner quelqu'un qui crève de peur de perdre son fils

Il n’avait plus rien d’hésitant ou de délicat lorsqu’il se tourna vers moi pour cingler :

— Vous n’allez pas perdre un membre de votre famille, à ce que je sache ? Si nous en sommes là, si mon fils est presque mort, si Zane et moi mettons nos vies en danger, c’est votre faute, princesse ! Si vous n’aviez pas posé les pieds ici… tu penses réellement que qui que ce soit dans l'univers, avec son fils presque mort à côté de soi, parlerait comme cela?

Il étouffa la suite dans un roulement de jurons. Non, quand ton fils est proche de la mort, que quelque chose bouillonne en toi qui va te pousser à aller mener un combat presque suicide tellement tu ne te controle plus,
l'auteur qui te fait parler ne peut pas s'en sortir avec un dialogue cliché et puis "il poussa des jurons" et hop on passe à aure chose
Je me sentais tellement surpassée par les événements que les larmes perlèrent à mes paupières. Il faisait si froid que j’eus peur qu’elles ne gèlent sur mes cils. là ça peut paraître n'être qu'un détail, mais je pense que c'est représentatif du fait que tu ne te plonges pas suffisamment dans la psychologie de tes personnages pour t'inprégner de leurs souffrances: je pense que dans sa situation le fait que ses larmes gèlent est vraiment le cadet de ses soucis et ne lui viendra jamais à l'esprit
En définitive, ce passage mérite juste d'être 2 à 4 fois plus long. Alors oui, il y a le risque que cela ne déplaise à certains. Mais pour moi c'est précisément dans ces scènes cruciales que je déteste ces livres s'adressant uniquement aux ados ou aux gens n'ayant pas un réel goût pour la lecture. Non, dans un moment si important, avoir quelques pages en plus pour rendre le tout vraiment poignant ce n'est pas forcément rébarbatif x)

Tu as du talent pour écrire, raconter et imaginer une histoire. Là, ce qui m'a manqué c'est vraiment cette impression que l'auteur s'est arrêté, a fermé les yeux un moment pour ressentir ce qu'il veut transmettre, car il y croit, et il croit au potentiel affectif de la scène, ce qu'elle peut faire aussi ressentir au lecteur à travers son travail. C'est hyper difficile, ce n'est pas encore demain la veille que moi-même je penserai y parvenir, mais ce qui m'a fait passer complètement à côté ici c'est cette impression que tu l'avais écrit comme n'importe quel autre passage non crucial, "allez, de l'action, 2-3 phrases décrivant ses émotions, 2-3 tournures bien trouvées et hop, c'est dans la poche", ce qui l'a rendu à mes yeux d'autant plus cruellement désincarnée et à côté de la plaque (dans le sens que je n'y croyais pas du tout, que cela sonnait faux et cliché) que j'attendais d'un tel passage dans le récit qu'il ait une âme, un souffle particulier.
A contrario, j'ai senti que le passage où Al et son père parle de sa naissance te viennent davantage des tripes, et j'ai beaucoup plus aimé, mis à part le fait que je trouve les dialogues quand même pas suffisamment naturels vu l'émotion qui devrait les submerger.

Bon j'arrête là, je suis crevé haha. J'espère que je ne vais pas réaliser demain que j'ai vraiment été trop dur sans même m'en rendre compte, je sens que je vais même pas oser me relire et regarder ce que tu as commenté :lol:

(ah et mon stage dure jusque début mars, mais je vais essayer de trouver du travail à londres ensuite^^)

(et je rajoute après coup: c'est fort possible aussi que tu aies d'autres récits sur le feu plus tes autres activités, et que tu n'aies pas le temps de te focaliser vraiment à fond dessus. Alors ce qui ressort de tout ce que j'ai blablaté c'est juste que pour certaines scènes clef cela se ressent au moins parfois, quand l'auteur n'a pas pris autant de temps qu'elles ne le méritaient)
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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par DanielPagés »

Wayden23 a écrit :
louji a écrit :Et sinon, pour les deux chapitres que je n'avais pas commenté, je pourrais comme tout le monde ici dire que c'est très bien et tout ça. Mais après réflexion, je préfère commenter comme si je m'attendais à lire un livre publié par une grande maison d'édition. On peut avoir 18 sur 20 à l'école, si on ne continue pas à bosser davantage on retombe vite sous la moyenne à l'unif. J'ai pensé à la base que ça devait être plutôt le rôle de Daniel sur ce forum, mais visiblement ici (avec Vincent aussi) il est plus papy gâteau qui donne des biscuits que prof qui te mets une mauvaise note pour te pousser à donner le meilleur de toi-même :lol: (et là si il commente cela prouvera qu'il lit tous les commentaires :lol: ) Donc je vais peut-être avoir l'air rude et me faire mal voir (pour ça que j'ai quand même hésité), mais, crois-moi, si je trouvais que tu n'avais pas de talent je te dirais juste "c'est très bien", et c'est au contraire parce que tu en as que je me permets d'être vraiment exigeant.
Non, tu ne te fais pas mal voir, tu donnes ton avis et c'est ça qui fait la richesse de Booknode par rapport à d'autres plateformes !

Ouais, je suis papy-gâteaux ! (et je lis les commentaire, en général) ;) Et je vous aime bien trop... :roll:
Depuis toujours. Je pousse à écrire, à continuer. Je n'ai pas trop le temps de rentrer dans des grandes analyses. C'est plutôt Vincent qui fait ça, d'habitude. :lol: Je réagis sur des sensations de lecteur plutôt que de prof. En me disant que lorsqu'on est lancé, il vaut mieux continuer jusqu'au bout et reprendre le roman par la suite pour l'améliorer. Je sais la fragilité de la motivation des ados et j'y vais toujours doucement. Je ne doute pas que Coline, une fois terminée l'histoire, reprendra tout ça. Un roman c'est comme un fruit, longtemps il ressemble au fruit définitif, mais il reste acide et a besoin de mûrir, de prendre du sucre et des couleurs. Et pour pas mal d'auteurs ça se fait souvent dans un deuxième temps.
Ceci dit, tes analyses sont précieuses et je suis sûr qu'elle en prend note. A elle d'estimer ce qu'elle doit modifier - et si elle doit modifier quelque chose -, une fois tous les avis entendus.
Elle débute, et c'est un bon début avec un talent qui ne demande qu'à grandir.

Allez ! Bonne année avec plein de beaux textes et de discussions ! ;)
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

La vache, t'as été inspiré :lol:
Et t'inquiète pas si tu te trouves trop dur, ça ne me blesse pas ;) Si j'avais voulu que tout le monde me dise que c'est bien et qu'il n'y a rien à modifier, je n'aurais pas posté cette histoire ici ! C'est justement pour recueillir des avis comme les tiens, ou les conseils plus "soft" de Daniel, que je me suis aventurée sur le forum de Booknode. Après, on a tous nos sensibilités, mais on peut me dire les choses honnêtement, j'ai assez de maturité et de recul (j'espère :roll: ) sur mon histoire pour comprendre tout ce qu'on me dit ^^ Après, c'est vrai qu'il y a certaines choses que je rechigne à toucher, notamment par désintérêt, car je n'ai aucune ambition avec cette histoire si ce n'est découvrir l'écriture de la fantasy et m'améliorer dans cette activité ^^
Après c'est toujours enrichissant et intéressant de débattre avec des gens qui ont du mordant :D
Wayden23 a écrit :
Tu ne t'en sortiras pas comme ça pour le coup haha. Ici la question n'est pas si le personnage te ressemble ou pas, sa réaction n'est pas vraisemblable peu importe la personnalité qu'il pourrait avoir, à moins d'être un extraterrestre infiltré lol. Et puis, même si tu veux absolument le faire parler comme si il récitait une plaidoirie devant un juge, alors il faut quand même en expliquer un minimum les raisons au lecteur, et essayer de rentrer dans sa tête par la narration plus que par le dialogue dans ce cas, car même pour quelqu'un de "guindé" ça n'a rien de normal de parler ainsi en de telles circonstances.
Bon, pour qu'on soit clair, le passage que tu mentionnes ici concerne le début du dialogue entre Al et les deux Maîtres d'Armes ? Ou aussi la suite quand Connor raconte la mort de la mère d'Al ? Car j'ai un peu du mal à comprendre où ça coince vraiment pour toi ^^ Parce que j'ai l'impression que la 2ème partie du chapitre passe plutôt bien auprès des lecteurs... mais peut-être pas pour toi :?
Je relis le dialogue entre Al et son père et je suis d'accord pour dire que des phrases sonnent "trop bien" :? Après, je ne sais pas si tu as vu, mais j'ai déjà modifié pour essayer d'amorcer le dialogue moins abruptement et je vais essayer de raccourcir et d'alléger les phrases ^^
Et sinon, pour les deux chapitres que je n'avais pas commenté, je pourrais comme tout le monde ici dire que c'est très bien et tout ça. Mais après réflexion, je préfère commenter comme si je m'attendais à lire un livre publié par une grande maison d'édition. On peut avoir 18 sur 20 à l'école, si on ne continue pas à bosser davantage on retombe vite sous la moyenne à l'unif. J'ai pensé à la base que ça devait être plutôt le rôle de Daniel sur ce forum, mais visiblement ici (avec Vincent aussi) il est plus papy gâteau qui donne des biscuits que prof qui te mets une mauvaise note pour te pousser à donner le meilleur de toi-même :lol: (et là si il commente cela prouvera qu'il lit tous les commentaires :lol: ) Donc je vais peut-être avoir l'air rude et me faire mal voir (pour ça que j'ai quand même hésité), mais, crois-moi, si je trouvais que tu n'avais pas de talent je te dirais juste "c'est très bien", et c'est au contraire parce que tu en as que je me permets d'être vraiment exigeant.
Je ne compte pas me faire publier, ni avoir 18/20, hein :lol:
Sans plaisanter, je comprends ^^ Après, Daniel commente plutôt la forme que le fond, ce qui me va très bien car j'aimerais aussi m'améliorer sur ce plan-là =)
Et je n'ai pas spécialement de talent, j'essaie juste d'écrire régulièrement depuis quelques années :)
Pour cette partie on peut dire que j'ai vu le train passer sans monter dedans. Et je pense que c'est tout simplement parce que tu n'as pas pris le temps de vraiment la travailler comme une scène majeure le mériterait, ou juste pas pris le temps d'un point de vue quantitatif (nombre de pages). Elle est arrivée comme un cheveu dans la soupe (on les croit tranquillement installés au camp, il pourrait ne rien se passer de vraiment essentiel avant encore 10 chapitres, et paf en 5p tu nous retourne tout), ce qui pourrait être un bon point seulement si elle est vraiment poignante.
Ce qui l'empêche de l'être peut importe que tu aies 17 ou 40 ans selon moi, c'est donc que tu ne prends absolument pas le temps de vraiment rentrer dans la psychologie des personnages durant ce moment fatidique, ce qui te pousse parfois à sortir une suite de phrases bateaux pour auteur en panne d'inspiration. Je vais commenté la partie qui m'a fait le plus tiquer:
— Il est… commença l’homme en me jetant un regard dévasté. "il est" + "...", juste comme ça, si ce n'est pas suivi d'un peu plus de consistance, c'est un bon gros cliché éculé

J’avais la sensation d’avoir de la cire gluante dans la gorge. Avec des lèvres tremblantes, je secouai la tête pour lui donner un faible espoir.

— Je… Je m’en veux. C’est ma faute. idem

Des remords bien futiles. Je ne pouvais lui en vouloir ; la culpabilité me rongeait le corps comme un acide. Quand il fit quelques pas hésitants vers le corps glacé de son fils, je m’écartai sur le côté. Que faire contre le chagrin qui tordait ses traits en une grimace affligée ? patatra, c'est là que cela aurait nécessité un paragraphe plus long et vraiment soigné, et alors les dialogues précédents auraient été tout à fait corrects, mais on se retrouve avec 2 lignes qui ne font à ce point que souligner l'évidence qu'on pourrait tout simplement les zapper sans que cela ne change le récit
Connor Dillys frôla des doigts le front de mon ami. Son geste n’était pas assuré, comme s’il avait peur de le toucher.

— Il faut que j’aille me débarrasser de lui, annonça-t-il d’une voix blanche. Que je le tue. rebelote
— Maître Dillys… Tuer le comte Wessex Bastelborn ne résoudra rien. Au contraire, cet acte ne ferait qu’envenimer les choses et compliquer les relations entre nos Terres. là, moi, si dans de telles circonstances j'entend quelqu'un sortir ça, je lui fous 4 baffes mdr. Autant le contenu que le fait que, sans davantage de description, on dirait un mauvais politicien face à un journaliste. Tu peux à la limite lui faire dire ça si tu y tiens vraiment, mais alors il faut un paragraphe narratif qui explique pourquoi c'est vraiment la seule chose qu'elle a trouvé à dire, qui décrit vraiment sa douleur de se retrouver impuissante, à dire des phrases bateau pour tenter vainement de raisonner quelqu'un qui crève de peur de perdre son fils

Il n’avait plus rien d’hésitant ou de délicat lorsqu’il se tourna vers moi pour cingler :

— Vous n’allez pas perdre un membre de votre famille, à ce que je sache ? Si nous en sommes là, si mon fils est presque mort, si Zane et moi mettons nos vies en danger, c’est votre faute, princesse ! Si vous n’aviez pas posé les pieds ici… tu penses réellement que qui que ce soit dans l'univers, avec son fils presque mort à côté de soi, parlerait comme cela?

Il étouffa la suite dans un roulement de jurons. Non, quand ton fils est proche de la mort, que quelque chose bouillonne en toi qui va te pousser à aller mener un combat presque suicide tellement tu ne te controle plus,
l'auteur qui te fait parler ne peut pas s'en sortir avec un dialogue cliché et puis "il poussa des jurons" et hop on passe à aure chose
Je me sentais tellement surpassée par les événements que les larmes perlèrent à mes paupières. Il faisait si froid que j’eus peur qu’elles ne gèlent sur mes cils. là ça peut paraître n'être qu'un détail, mais je pense que c'est représentatif du fait que tu ne te plonges pas suffisamment dans la psychologie de tes personnages pour t'inprégner de leurs souffrances: je pense que dans sa situation le fait que ses larmes gèlent est vraiment le cadet de ses soucis et ne lui viendra jamais à l'esprit
En définitive, ce passage mérite juste d'être 2 à 4 fois plus long. Alors oui, il y a le risque que cela ne déplaise à certains. Mais pour moi c'est précisément dans ces scènes cruciales que je déteste ces livres s'adressant uniquement aux ados ou aux gens n'ayant pas un réel goût pour la lecture. Non, dans un moment si important, avoir quelques pages en plus pour rendre le tout vraiment poignant ce n'est pas forcément rébarbatif x)

Tu as du talent pour écrire, raconter et imaginer une histoire. Là, ce qui m'a manqué c'est vraiment cette impression que l'auteur s'est arrêté, a fermé les yeux un moment pour ressentir ce qu'il veut transmettre, car il y croit, et il croit au potentiel affectif de la scène, ce qu'elle peut faire aussi ressentir au lecteur à travers son travail. C'est hyper difficile, ce n'est pas encore demain la veille que moi-même je penserai y parvenir, mais ce qui m'a fait passer complètement à côté ici c'est cette impression que tu l'avais écrit comme n'importe quel autre passage non crucial, "allez, de l'action, 2-3 phrases décrivant ses émotions, 2-3 tournures bien trouvées et hop, c'est dans la poche", ce qui l'a rendu à mes yeux d'autant plus cruellement désincarnée et à côté de la plaque (dans le sens que je n'y croyais pas du tout, que cela sonnait faux et cliché) que j'attendais d'un tel passage dans le récit qu'il ait une âme, un souffle particulier.
A contrario, j'ai senti que le passage où Al et son père parle de sa naissance te viennent davantage des tripes, et j'ai beaucoup plus aimé, mis à part le fait que je trouve les dialogues quand même pas suffisamment naturels vu l'émotion qui devrait les submerger.
Mmh, oui, je vois ton ressenti. C'est vrai que j'ai écrit ces 2 chapitres en l'espace d'une semaine et d'une traite. Et donc qu'ils méritent amplement des retouches :')
Pour le côté psychologie des personnages, c'est vrai que je suis allée un peu vite. Après, en rallongeant vraiment les pensées des personnages ou, du moins, les interprétations d'Al et Alice sur les pensées des autres persos, j'ai peur de perdre la tension du combat et des événements :?
Je modifierai demain les passages que tu as relevés, c'est vrai qu'ils sont fades et stéréotypés ^^'
Bon j'arrête là, je suis crevé haha. J'espère que je ne vais pas réaliser demain que j'ai vraiment été trop dur sans même m'en rendre compte, je sens que je vais même pas oser me relire et regarder ce que tu as commenté :lol:
Nan mais attends, c'est super gentil de faire un commentaire aussi long !
(et je rajoute après coup: c'est fort possible aussi que tu aies d'autres récits sur le feu plus tes autres activités, et que tu n'aies pas le temps de te focaliser vraiment à fond dessus. Alors ce qui ressort de tout ce que j'ai blablaté c'est juste que pour certaines scènes clef cela se ressent au moins parfois, quand l'auteur n'a pas pris autant de temps qu'elles ne le méritaient)
Bwarf, je suis en vacances, j'ai que ça à faire :') Mais c'est vrai que je n'accorde pas extrêmement beaucoup (on note ce français de qualité) d'importance à cette histoire vu son but, mais... mais je peux faire des efforts :roll:

Encore merci pour ton commentaire et tes conseils, et courage pour la fin de ton stage (et ta recherche de boulot) !
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :
Non, tu ne te fais pas mal voir, tu donnes ton avis et c'est ça qui fait la richesse de Booknode par rapport à d'autres plateformes !

Ouais, je suis papy-gâteaux ! (et je lis les commentaire, en général) ;) Et je vous aime bien trop... :roll:
Depuis toujours. Je pousse à écrire, à continuer. Je n'ai pas trop le temps de rentrer dans des grandes analyses. C'est plutôt Vincent qui fait ça, d'habitude. :lol: Je réagis sur des sensations de lecteur plutôt que de prof. En me disant que lorsqu'on est lancé, il vaut mieux continuer jusqu'au bout et reprendre le roman par la suite pour l'améliorer. Je sais la fragilité de la motivation des ados et j'y vais toujours doucement. Je ne doute pas que Coline, une fois terminée l'histoire, reprendra tout ça. Un roman c'est comme un fruit, longtemps il ressemble au fruit définitif, mais il reste acide et a besoin de mûrir, de prendre du sucre et des couleurs. Et pour pas mal d'auteurs ça se fait souvent dans un deuxième temps.
Ceci dit, tes analyses sont précieuses et je suis sûr qu'elle en prend note. A elle d'estimer ce qu'elle doit modifier - et si elle doit modifier quelque chose -, une fois tous les avis entendus.
Elle débute, et c'est un bon début avec un talent qui ne demande qu'à grandir.

Allez ! Bonne année avec plein de beaux textes et de discussions ! ;)
Daniel, tu es le gardien de cette section de Booknode, et sans toi ce serait pas pareil ;)
Vincent, c'est effrayant quand il part dans ses grandes analyses, mais très amusant à lire ! :twisted:

Je vais devoir reprendre tout ça ? :| On verra, hein :lol:
Tu me donnes envie de croquer des fraises avec ta comparaison héhé. C'est pas la saison malheureusement :cry:

J'en prends note ! Toujours ;) Et les modifications, j'essaie de les faire, mais il arrive que la flemme soit plus forte.

Aller, encore merci pour vos conseils à tous et (encore, encore, encore) bonne année :D
cochyo

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par cochyo »

WOW ca faisait longtemps ! j'ai tout lu et c'est juste excellent ! Merci !
Dernière modification par cochyo le mar. 16 janv., 2018 9:35 pm, modifié 1 fois.
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

cochyo a écrit :WOW ca faisait longtemps ! j'ai tout lu et ces juste excellent ! Merci !
Merci à toi ! :D
Je suis contente que ça te plaise =) J'espère que la suite te plaira aussi.

Bonne année 2018 ;)
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Bonjour chers Booknode, j'espère que vous avez bien attaqué l'année 2018... ;)
Après des nouvelles d'Al, on prend celles d'Alice... En espérant que ça vous plaira :P




Chapitre 10
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois de l’été, à une centaine de lieues à l’est du château du Crépuscule, Terres de l’Ouest.



Au point où nous en étions, je me demandais si je reverrais jamais mon foyer et ma famille. Le sous-bois où nous étions installés depuis plusieurs jours ressemblait à d’autres que nous avions traversés au cours des dernières semaines. Les ondulations de terrain, les ruisseaux et les prairies nuançaient le paysage, mais pas assez pour que je pusse situer exactement où nous nous trouvions. Sans compter que notre meneur tyrannique prenait soin d’éviter tout village ou âme qui vécût.
Nous étions quinze au total : les treize gardes royaux, dont Errick, leur chef, le comte Ace Wessex Bastelborn et moi. Nous avions cinq chevaux avec nous, pour transporter les vivres et le matériel de campement. Le reste des animaux, à l’origine au nombre de seize, avait été échangé dans différents villages contre de la nourriture, de l’eau ou des vêtements. Rien pour moi, évidemment. Le Noble m’avait bien fait comprendre ses intentions et il me traitait toujours comme une simple fermière mal éduquée et coupable d’un terrible crime. Je possédais simplement la tenue que j’avais acquise avec Al dans le hameau près des Collines. Avec l’arrivée de la belle saison, j’avais laissé de côté le manteau et les grosses chaussettes. Néanmoins, déjà usés lors de leur achat, mes vêtements étaient à présent bons à jeter : ma chemise était effilée et raidie de crasse, la semelle de mes chaussures était percée, ce qui rendait la marche particulièrement pénible, mon pantalon était troué aux genoux et mon veston partait en lambeaux.
Sans parler de mon allure. Lorsque le Noble m’avait emmenée, je n’avais plus mon sac de toile ni ma lame. J’avais pleuré toute une soirée face à ces pertes. Mon baluchon contenait la brosse de mon arrière-grand-mère, un bracelet de ma mère et l’épée courte qui m’avait été offerte par mon père pour mes douze ans. Les derniers souvenirs qui m’avaient rattachée à ma famille. Envolés.

Parmi la troupe royale, il n’y avait que cinq femmes et elles ne m’accordaient guère d’attention ou de gentillesse. Seul Errick, leur meneur, avait fini par se montrer bienveillant envers moi, au mépris de la mise en garde du Noble. L’homme aux cheveux poivre et sel m’avait évitée les premiers jours puis s’était doucement rapproché en s’excusant de son attitude. Il n’avait pas oublié mon statut et se morfondait du comportement de ses hommes et du Noble envers moi.
Lors de mon voyage avec Achalmy, j’avais eu droit à un minimum de confort, de propreté et d’intimité, ce qui n’était pas le cas en compagnie des gardes. Lorsque j’avais voulu faire mes ablutions le surlendemain de mon enlèvement, Ace Wessex Bastelborn avait refusé de me laisser me baigner seule. Incapable de me dénuder devant eux, j’avais préféré me laver uniquement les mains et le visage. J’avais dû attendre une semaine avant de pouvoir me baigner entièrement dans une rivière. Errick m’avait prise à part pendant une pause et m’avait proposé de monter la garde pendant mes ablutions. D’abord réticente, il m’avait fallu plusieurs minutes avant de lui faire confiance et de me déshabiller. À présent, dès que j’avais besoin d’intimité, pour des ablutions ou des besoins naturels, je m’approchais de lui et il m’aidait. Sans Errick, je serais devenue folle. Crasseuse et déshonorée.
Aujourd’hui, je devais avoir l’allure d’une fermière. Mes cheveux avaient poussé, touchant mes épaules, mais le manque de brossage et de soin les avait rendus sales et abîmés. Mes ongles cassés étaient incrustés de terre, mes bras et jambes couverts d’écorchures et de bleus, et la peau de mon visage était sèche et négligée.
Déchue de mon statut, j’avais aussi perdu le confort et la facilité de vie que j’avais connus depuis toujours. Cette déchéance m’avait fait prendre conscience plus que jamais de ma chance. Le soir, lorsque je m’allongeais sur ma couverture qui sentait le moisi, je songeais à Achalmy. Comment avait-il fait pour passer tant d’années en extérieur, se nourrissant de chasse et de cueillette, dormant sur le sol, se lavant dans les rivières ? Passer quelques semaines avec ce rythme de vie m’avait beaucoup appris, mais mon lit et ma baignoire m’avaient manqué. Aujourd’hui, j’aurais donné n’importe quoi pour un peu d’eau chaude, des vêtements propres et une couche digne de ce nom.

Nous n’étions pas restés longtemps dans le Nord. Après avoir quitté le campement, nous avions marché droit jusqu’à la frontière puis avions dépassé les Collines. Heureusement, nous n’avions pas subi d’attaques de hors-la-loi. Quoi qu’avec la présence du Noble, je ne savais pas si nous craignions grand-chose. Cet homme possédait une puissance phénoménale. Je me demandais si c’était à cause de ses origines aviriennes. Néanmoins, je n’avais jamais entendu parler d’Élémentalistes dans les Terres au-delà des Mers. Sans compter, qu’en plus des éléments occidentaux, il savait manipuler l’eau sous différentes formes. Ce Noble était une énigme à lui tout seul.
Si le comte nous avait éreintés pendant notre périple dans le Nord, il avait drastiquement ralenti la cadence dès notre entrée dans l’Ouest. En plus de ne pas se diriger vers le Château du Crépuscule ou Vasilias, nous avions voyagé à une extrême lenteur. Plus de deux mois s’était écoulé depuis mon enlèvement et, pourtant, nous nous trouvions, d’après mes estimations, au beau milieu de mes Terres natales.
Je n’avais aucune idée des plans du Noble. Était-il au moins sous les ordres de mes parents ? Si non, il n’aurait pas pu faire appel à une troupe royale. À moins qu’il les eût soudoyés ? Non, plusieurs fois, les hommes avaient voulu s’en aller et Ace Wessex Bastelborn les avait retenus par la force. De plus, de toutes les pièces que nous avions récoltées en vendant les chevaux, aucune n’était revenue aux gardes.

La douceur de l’été était l’un des rares réconforts qui rendait ma situation supportable. La nuit, une simple couverture me suffisait ; l’eau des rivières n’était pas trop glaciale et nous n’avions aucun mal à trouver de quoi nous nourrir, végétal comme animal.
Comme s’il les sentait arriver, le Noble nous faisait lever le camp dès que des gens s’approchaient. Je m’en étais rendu compte lorsqu’un jour nous avions pris trop de temps pour nous préparer. J’avais pu entendre les voix et les pas de plusieurs personnes. La main gelée de l’homme sadique s’était abattue sur ma bouche au moment où j’avais voulu hurler à l’aide. Terrorisée, je n’avais plus essayé de crier dès que je sentais des gens dans les parages.

Personne ne connaissait ses plans. Pas même Errick, le chef de troupe. Ses hommes et lui-même s’impatientaient, s’indignaient de leur traitement, du temps qui s’était écoulé depuis leur départ du Château. Il n’était pas prévu que nous fassions un détour une fois les Terres du Nord derrière nous. D’après ce que j’avais entendu, mon père avait requis l’aide du comte Wessex Bastelborn pour me retrouver. Le roi lui avait confié une troupe royale et ils étaient partis. Mais comment m’avaient-ils retrouvée ? Comment avaient-ils su que je me trouvais dans le Nord et pas ailleurs ? Qui les avait guidés jusqu’au campement du Rituel du Maturité ?
Il n’y avait que les chasseurs près de Vasilias et l’élève de Maître Soho avec qui nous avions échangé assez pour qu’ils connussent notre destination. Le comte avait-il fait le tour de Vasilias en espérant trouver des témoins ? Était-il tombé sur cet attroupement de chasseurs qui leur avaient indiqué qu’une occidentale bien habillée et un jeune homme aux deux sabres avaient dormi et mangé avec eux ? Ace Wessex avait-il alors su que nous nous dirigions vers le nord ? Oui, mais après ? Comment le Noble avait-il pu deviner notre direction. « Le nord », c’était évasif. Ou alors, sachant les origines d’Achalmy, avait-il supposé que nous irions rejoindre sa patrie ?
Je ne saurais jamais.

Nous campions au même endroit depuis quatre jours. En réalité, ça aurait pu être agréable : nous avions trouvé un espace dégagé dans un sous-bois, proche d’une rivière, et protégé par la ramure chatoyante des arbres. Nous ne manquions de rien. Si ce n’était de liberté. Les échanges étaient réduits au minimum, le Noble s’assurait que nous ne nous éloignions jamais trop et nous n’avions aucune distraction si ce n’étaient les jeux de dés des gardes.
Exclue du groupe, j’étais réduite à regarder les hommes et femmes cuisiner, organiser la vie du camp et les tours de garde, nettoyer, faire le feu… De temps en temps, quand il estimait que j’étais d’humeur assez bonne pour essayer de m’enfuir, le comte liait mes poignets et m’obligeait à rester assise sur ma couverture. C’était rageant et humiliant.

L’après-midi touchait à sa fin. Adossée à un arbre, je regardais le soleil jouer entre les branches. Des oiseaux piaillaient et les insectes chantaient. Je songeais à ma famille. À l’intérêt de mon père pour mon éducation, aux petits moments complices que j’avais échangés avec ma mère, au rire malicieux d’Ash. À quel moment tout cela s’était transformé en disputes, en désintérêt, en condescendance et en mépris ? Pourquoi mon père m’avait-il trahie avec ce mariage en temps de paix et de prospérité ? Pourquoi ma mère s’était-elle détournée de moi, me brisant le cœur. Pourquoi mon petit frère avait-il cessé d’aller courir dans les champs avec moi, de monter dans les arbres et de se faire des bleus en me suivant dans les cascades ?
Pourquoi ?
Que voulaient-ils de moi ?

Parfois, je songeais à ces fiançailles. Aux mots de Maître Soho et d’Al. Ils avaient en partie raison : Dastan Samay devait être tout sauf un rustre. Grand frère de l’Impératrice, il avait été élevé par la précédente souveraine de l’empire comme étant au service de la gente féminine. Notre mariage serait une concrétisation des relations diplomatiques et commerciales entre nos Terres. Au cours de mon éducation, il m’était arrivé de lire des histoires de mariages arrangés où les époux tombaient amoureux et vivaient heureux. D’abord refusant de croire à ces fables, je me posais aujourd’hui des questions. Pourquoi ne pas lui laisser sa chance ? D’après les dires de mon père, qui l’avait rencontré lors de l’organisation des fiançailles, Dastan était un charmant jeune homme, serviable et amical.
Et si le Sudiste arrivait à atteindre mon cœur malgré nos origines et la nature de notre union ?

J’étais presque résolue. Prête à laisser une chance à Dastan Samay. Mais comment lui accorder quoi que ce fût si je ne rentrais jamais chez moi ? Je n’arrivais pas à cerner le comte Bastelborn. Quel était son but ? Ses motivations ? Son visage élégant ne trahissait, de temps en temps, que l’amusement, la convoitise, ou l’impatience. Il m’était arrivé de surprendre sur ses traits une expression si sombre qu’elle m’en donnait des frissons. Qu’est-ce qui se cachait derrière son regard perçant, ses sourires torves et son air pensif ?
Que voulait cet homme ?

Je le lui avais demandé. Il y avait plus d’un mois. Quel était son objectif.
Tout ce qu’il avait fait, c’était secouer lentement la tête, mystérieux, puis souffler « vous verrez bien ».
J’attendais. Et je ne voyais toujours rien.

Cinq gardes préparaient le repas de ce soir : un chevreuil accompagné de patates douces et de jeunes pousses. Le feu crépitait doucement dans son cercle de pierres et le reste des gardes jouait aux dés sur une couverture dégagée.
Ace Wessex Bastelborn n’était pas en vue. Cela ne voulait pas dire qu’il était parti. Simplement que je ne pouvais le voir. J’étais persuadée que lui le pouvait.
Les genoux contre la poitrine, les bras entourant ces derniers, j’avais posé mon menton sur mes mains. J’observais. Je n’avais que ça à faire. Une angoisse permanente s’était logée dans mon ventre et je craignais à chaque instant d’être abattue par le Noble.
Je sursautai quand une main se posa sur mon épaule. Retenant un cri, j’électrocutai par réflexe la personne. Errick, chef de troupe et, heureusement pour lui, Élémentaliste de la foudre, recula en grimaçant.
— Je vous ai fait peur ? souffla l’homme d’un air penaud. Désolé.
— Non, non, le rassurai-je, gênée. C’est à moi de m’excuser, je ne voulais pas vous électriser.
Il haussa les épaules et m’indiqua d’un coup de tête la rivière qui se trouvait à une trentaine de mètres.
— Vous voudriez faire vos ablutions ?
— Le repas est bientôt prêt, lui fis-je remarquer. On risque de nous attendre.
— Pff, lâcha-t-il en riant, des gardes n’attendent jamais pour manger. Allez, venez.
Avec une grimace, je me levai et m’étirai. Je récupérai le savon dur et la serviette que j’utilisais pour me laver et le suivis. Nous ne parlâmes pas le long du court trajet et, conformément à nos habitudes, nous nous éloignâmes en aval pour plus de tranquillité. Le comte Bastelborn savait ce que nous faisions et il ne cherchait pas à nous trouver. Tant que nous étions de retour avant un quart d’heure, il nous « faisait confiance ».
Nous inspectâmes les alentours pour nous assurer de l’absence d’une quelconque personne et Errick alla monter la garde, dos à la rivière, bien campé sur ses appuis, l’arme à portée de main. Je m’installai sur la berge et commençai à retirer mes couches supérieures. Je posai mes chaussures le plus loin de l’eau et entrepris de laver les vêtements qui en avaient le plus besoin. Une fois ma tâche accomplie, je les étendis sur le sol en les exposant le plus possible au soleil et entrai dans l’eau. Le courant était presque nul, mais la rivière n’était pas chaude pour autant. Très vite refroidie, je frottai rapidement ma peau avec le savon et plongeai tête sous l’eau pour laver mes cheveux.
Quand je remontai à la surface, le comte Bastelborn était nonchalamment assis sur la berge opposée, en train de graisser son épée fine.
La surprise m’arracha un cri. L’homme releva les yeux et m’adressa un sourire fugace.
— La pudeur des Hommes me fascinera toujours. Vous acceptez d’exposer certaines parties de vos corps, mais pas d’autres. Pourquoi ? Qu’est-ce qui rend votre poitrine ou votre entrejambe plus intime qu’un bras ou qu’une bouche ?
Ses paroles me percutèrent de plein fouet. Le visage brûlant de honte, je m’enfonçai dans l’eau jusqu’au menton en espérant que l’eau floutât assez mon corps nu.
— Comte Bastelborn ?
Je tournai la tête derrière moi. Errick nous toisait avec stupéfaction.
— Capitaine Errick Rend, c’est honorable de proposer à votre princesse de surveiller ses ablutions, mais, au cas où vous n’auriez pas remarqué, vous ne pouvez surveiller qu’une seule berge.
— Laissez-la tranquille, lança l’homme en foudroyant le Noble du regard. Vous lui avez tout enlevé, daignez lui laisser son intimité.
— Je ne m’intéresse guère aux jeunes femmes, soupira le comte. Ni au reste. Je n’ai pas ce genre de considération… mortelle. La sexualité est la faiblesse de votre peuple.
Comme toujours, sa façon de parler me sonnait. Il s’adressait à nous comme si nous n’appartenions pas au même monde. Était-ce parce qu’il était originaire des Terres au-delà des Mers ? Les Hommes de là-bas étaient-ils si différents de nous ?
— Alice Tharros, reprit le comte en me regardant dans les yeux, vos petites escapades avec le capitaine Rend vous font peut-être croire que vous avez encore un soupçon de liberté, mais c’est faux. (Il se leva en s’étirant comme un chat.) Chaque fois que vous vous êtes éloignés, je vous ai surveillés.
Je me sentis blêmir en comprenant l’étendue de ses mots.
— Chaque fois que vous vous pensiez seuls, j’étais là. (Il m’adressa un sourire mielleux.) Vous êtes une marchandise trop précieuse pour être laissée hors de vue.
Cette fois, le malaise et la honte manquèrent de m’arracher des larmes. Combien de fois m’étais-je déshabillée, pensant être seule ? Combien de fois m’avait-il vue nue, caché dans les bois ?
— Vous êtes un monstre, bredouillai-je d’une voix tremblante.
Comme si je venais de lui annoncer quelque chose d’incroyable, il me fixa d’un air stupéfait. Puis il éclata de rire.
— Je ne suis pas un monstre. C’est vous le monstre, jeune humaine. Vous, vos amis, vos gardes, votre famille… Ce sera trop tard quand vous vous en rendrez compte. Vous aurez déjà tout perdu.
La fureur flouta ma vision. Qui était cet immonde individu pour espionner une femme pendant sa toilette, pour la traiter de monstre, elle et ses connaissances ?
— Allez-vous-en ! tonnai-je en levant les bras hors de l’eau. Ou je vous ferais du mal.
Il s’esclaffa.
— Vous savez ce dont je suis capable, Alice Tharros. (Il s’approcha de la berge d’un pas lent, provoquant.) Vous savez que vous ne pouvez rien contre moi.
Se moquant de l’eau qui envahissait ses chaussures, il rentra dans la rivière, ses yeux déments posés dans les miens. Un frisson de dégoût remonta le long de mon échine et je reculai alors qu’il avançait.
— Essayez donc, souffla-t-il d’une voix charmeuse. Appelez vos vents, vos éclairs. Appelez-les.
Les souffles qui faisaient bruisser les branches s’intensifièrent. Le ciel gronda au loin.
Ça oui, je les appelle.
— Faites-le ! tonna le Noble en écarquillant les yeux, à seulement quelques mètres de moi.
Il devait clairement me voir, à présent. Mais son regard n’avait pas quitté une seule seconde le mien. Je ne comprenais pas ses intentions.
Comme si ses vêtements gorgés d’eau ne le gênaient pas, il continuait d’avancer dans la rivière d’un pas ferme.
La peur m’étreignit la gorge.
— Par Aion, soufflai-je d’une voix sourde, sentant les larmes affluer dans mes yeux.
Le comte se figea, le visage soudain tiré.
— Aion ?
Sa surprise me prit au dépourvu. Les bras croisés sur la poitrine, tremblante, je le dévisageai.
— Pourquoi Aion ? finit par demander le Noble, réellement curieux. D’habitude, vous êtes là à pleurnicher sur vos morts, maudissant Lefk et suppliant Galadriel. Priant Kan d’épargner votre corps débile et votre esprit fragile, suppliant Eon de laisser la culture d’Oneiris s’étendre toujours plus loin. Mais jamais Aion.
Glacée par l’eau et par l’homme, je ne lui répondis pas tout de suite.
Son visage se plissa comme celui d’un enfant capricieux et il cria, impatient :
— Expliquez-moi !
Je sursautai en glapissant. Je n’étais pas fière de moi, nue et tremblante au milieu de l’eau, terrorisée par un homme dément.
— Ne la brutalisez pas ! s’insurgea Errick en s’avançant vers nous.
Je voyais bien qu’il prenait soin de ne pas baisser les yeux vers moi. Malgré tout, son regard divagua et il se détourna, gêné. Je me sentis rougir un peu plus.
— Mêlez-vous de ce qui vous regarde, siffla le Noble en levant les yeux.
J’entendis un bruit sourd derrière et moi et tournai la tête. Un hoquet de stupeur souleva ma poitrine. Errick s’était effondré, face contre terre. Je n’avais pourtant pas senti le moindre souffle d’air ou de lourdeur électrique.
— Mmh, plus faible que votre cher ami le Chasseur, constata le comte d’un air pensif.
La mention d’Achalmy m’arracha un frisson.
— Donc, reprit le Noble en basculant son regard de nouveau sur mon visage, où en étions-nous ? Ah ! oui. Le Dieu Aion.
— Il… commençai-je d’une voix chevrotante, effrayée à l’idée de lui donner une mauvaise réponse, il est le Dieu de la matière et des éléments. Le protecteur des Élémentalistes. Nous… invoquons son nom lorsque nous avons besoin de courage, car il est synonyme de force et de vaillance. On dit… qu’Aion peut avoir la douceur de l’eau, la fougue du feu, la dureté de la glace, la liberté du vent, la beauté des fleurs, la subtilité des sols ou la rapidité des éclairs.
Visiblement satisfait de ma réponse, le comte me toisa d’un air pensif.
— Bien, jeune fille.
Le soulagement vida l’air de mes poumons et m’incita à pleurer. Mais j’étais trop effrayée pour pleurer.
Comme si rien ne s’était passé depuis quelques minutes, il fit demi-tour et sortit de l’eau. Ses cheveux étaient trempés, ses vêtements dégoulinaient, mais il se contenta de repartir dans les sous-bois sans un regard pour moi.
Cet homme était fou.

Dès que je fus certaine de son absence, je sortis de l’eau à toute vitesse, me rhabillai de mes vêtements encore humides et secouai Errick. Mes cheveux dégoulinaient sur ma chemise, humidifiant son col et me refroidissant encore un peu plus.
Comme je n’arrivais à rien avec Errick, je le tournai sur le dos avec un grognement. Il était blême et son nez saignait. Je vérifiai son pouls à la base de sa mâchoire et soupirai en sentant le battement régulier bienfaiteur.
Cette fois, je ne pus me retenir. Les sanglots secouèrent sans douceur mes épaules, mon nez coula et mes yeux furent aussi mouillés que mes cheveux. Le visage entre les mains, agenouillée près du corps inerte d’Errick, je laissai le soulagement, la terreur, l’angoisse et l’injustice m’arracher la poitrine.


Dernière modification par louji le mer. 03 juil., 2019 10:10 am, modifié 5 fois.
Wayden23

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par Wayden23 »

olala, déjà tant de temps de passé x)
J'étais 5 jours en "city trip" (en fait je faisais visiter Bruxelles et Anvers à quelqu'un), puis reprise du boulot, et voilà, pas une ligne d'écrite ni sur ce forum, ni pour mon bouquin :lol:

C'est toujours difficile de savoir où on peut mettre le curseur de la critique, ça varie beaucoup d'un forum à l'autre, d'une personne à l'autre (en plus quand il s'agit de débattre si je me laisse aller je peux être un requin juste pour le plaisir de la rhétorique haha). Et ici d'autant plus car ce sont beaucoup de jeunes, et ce qu'on peut trouver mauvais venant de quelqu'un de 40 ans peut être très très bien pour quelqu'un de 14, c'est dur de juger ce qui est du seulement à la jeunesse et au manque de pratique, et ce qui est du manque de talent.

C'est vraiment que pour ces deux chapitres, car c'est un passage charnière et c'est drôle mais à la fin de la lecture j'étais pas content, comme si j'étais ton père face à un mauvais bulletin :lol:
Mais si j'ai pris la peine ici de "critiquer" franchement, c'est bien parce que moi je pense que tu as du talent :3 (ma meilleure amie a horreur de ce smiley hahaha)

Et sinon oui, savoir doser entre psychologie, description et action dans ce genre de scènes, c'est très difficile. D'autant que certains te diront "j'aime les passages plus lents, ça permet de maintenir en haleine et de faire durer", là où d'autres te diront "oh non c'est trop chiant, moi quand je suis dans l'action je zappe ces passages là" x).

Mais je ne te demande même pas de les changer, je sais que cette histoire est un ballon d'essai pour toi, si j'ai dit tout ça c'est pour que tu t'en souviennes pour peut-être une prochaine scène importante mélant action et drame^^ (et pour moi l'action est toujours mélée au drame, ça n'existe que dans la littérature d'ados, les gars qui font des blagues en risquant leur vie, mais ça je l'ai déjà dit :lol: )

Et finalement (oui, je fais tout à l'envers, vu que c'est ce que tu m'as répondu en premier xD) oui je parlais juste de ce passage en particulier que je parlais, ce que j'ai cité, pour l'autre chapitre. Le reste c'est bien^^.

Et maintenant je vais essayer de lire le chapitre 10 :D
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