louji a écrit :
- Oui, oui, je suis d'accord pour dire que ces dialogues sont trop "corrects" et je vais les modifier en partie, mais pas trop non plus car ils proviennent de deux personnages aux caractères différents, qui ne sont ni le tien, ni le mien ^^ Evidemment que je ne parlerais pas comme ça avec mon père à la place d'Al dans cette situation. Mais je ne suis pas lui. De même pour Connor, il a un côté un peu guindé que je veux garder. Mais je vais rendre leur dialogue plus hésitant et embarrassé je pense.
Tu ne t'en sortiras pas comme ça pour le coup haha. Ici la question n'est pas si le personnage te ressemble ou pas, sa réaction n'est pas vraisemblable peu importe la personnalité qu'il pourrait avoir, à moins d'être un extraterrestre infiltré lol. Et puis, même si tu veux absolument le faire parler comme si il récitait une plaidoirie devant un juge, alors il faut quand même en expliquer un minimum les raisons au lecteur, et essayer de rentrer dans sa tête par la narration plus que par le dialogue dans ce cas, car même pour quelqu'un de "guindé" ça n'a rien de normal de parler ainsi en de telles circonstances.
Et sinon, pour les deux chapitres que je n'avais pas commenté, je pourrais comme tout le monde ici dire que c'est très bien et tout ça. Mais après réflexion, je préfère commenter comme si je m'attendais à lire un livre publié par une grande maison d'édition. On peut avoir 18 sur 20 à l'école, si on ne continue pas à bosser davantage on retombe vite sous la moyenne à l'unif. J'ai pensé à la base que ça devait être plutôt le rôle de Daniel sur ce forum, mais visiblement ici (avec Vincent aussi) il est plus papy gâteau qui donne des biscuits que prof qui te mets une mauvaise note pour te pousser à donner le meilleur de toi-même
(et là si il commente cela prouvera qu'il lit tous les commentaires
) Donc je vais peut-être avoir l'air rude et me faire mal voir (pour ça que j'ai quand même hésité), mais, crois-moi, si je trouvais que tu n'avais pas de talent je te dirais juste "c'est très bien", et c'est au contraire parce que tu en as que je me permets d'être vraiment exigeant.
Pour cette partie on peut dire que j'ai vu le train passer sans monter dedans. Et je pense que c'est tout simplement parce que tu n'as pas pris le temps de vraiment la travailler comme une scène majeure le mériterait, ou juste pas pris le temps d'un point de vue quantitatif (nombre de pages). Elle est arrivée comme un cheveu dans la soupe (on les croit tranquillement installés au camp, il pourrait ne rien se passer de vraiment essentiel avant encore 10 chapitres, et paf en 5p tu nous retourne tout), ce qui pourrait être un bon point seulement si elle est vraiment poignante.
Ce qui l'empêche de l'être peut importe que tu aies 17 ou 40 ans selon moi, c'est donc que tu ne prends absolument pas le temps de vraiment rentrer dans la psychologie des personnages durant ce moment fatidique, ce qui te pousse parfois à sortir une suite de phrases bateaux pour auteur en panne d'inspiration. Je vais commenté la partie qui m'a fait le plus tiquer:
— Il est… commença l’homme en me jetant un regard dévasté. "il est" + "...", juste comme ça, si ce n'est pas suivi d'un peu plus de consistance, c'est un bon gros cliché éculé
J’avais la sensation d’avoir de la cire gluante dans la gorge. Avec des lèvres tremblantes, je secouai la tête pour lui donner un faible espoir.
— Je… Je m’en veux. C’est ma faute. idem
Des remords bien futiles. Je ne pouvais lui en vouloir ; la culpabilité me rongeait le corps comme un acide. Quand il fit quelques pas hésitants vers le corps glacé de son fils, je m’écartai sur le côté. Que faire contre le chagrin qui tordait ses traits en une grimace affligée ? patatra, c'est là que cela aurait nécessité un paragraphe plus long et vraiment soigné, et alors les dialogues précédents auraient été tout à fait corrects, mais on se retrouve avec 2 lignes qui ne font à ce point que souligner l'évidence qu'on pourrait tout simplement les zapper sans que cela ne change le récit
Connor Dillys frôla des doigts le front de mon ami. Son geste n’était pas assuré, comme s’il avait peur de le toucher.
— Il faut que j’aille me débarrasser de lui, annonça-t-il d’une voix blanche. Que je le tue. rebelote
— Maître Dillys… Tuer le comte Wessex Bastelborn ne résoudra rien. Au contraire, cet acte ne ferait qu’envenimer les choses et compliquer les relations entre nos Terres. là, moi, si dans de telles circonstances j'entend quelqu'un sortir ça, je lui fous 4 baffes mdr. Autant le contenu que le fait que, sans davantage de description, on dirait un mauvais politicien face à un journaliste. Tu peux à la limite lui faire dire ça si tu y tiens vraiment, mais alors il faut un paragraphe narratif qui explique pourquoi c'est vraiment la seule chose qu'elle a trouvé à dire, qui décrit vraiment sa douleur de se retrouver impuissante, à dire des phrases bateau pour tenter vainement de raisonner quelqu'un qui crève de peur de perdre son fils
Il n’avait plus rien d’hésitant ou de délicat lorsqu’il se tourna vers moi pour cingler :
— Vous n’allez pas perdre un membre de votre famille, à ce que je sache ? Si nous en sommes là, si mon fils est presque mort, si Zane et moi mettons nos vies en danger, c’est votre faute, princesse ! Si vous n’aviez pas posé les pieds ici… tu penses réellement que qui que ce soit dans l'univers, avec son fils presque mort à côté de soi, parlerait comme cela?
Il étouffa la suite dans un roulement de jurons. Non, quand ton fils est proche de la mort, que quelque chose bouillonne en toi qui va te pousser à aller mener un combat presque suicide tellement tu ne te controle plus,
l'auteur qui te fait parler ne peut pas s'en sortir avec un dialogue cliché et puis "il poussa des jurons" et hop on passe à aure choseJe me sentais tellement surpassée par les événements que les larmes perlèrent à mes paupières. Il faisait si froid que j’eus peur qu’elles ne gèlent sur mes cils. là ça peut paraître n'être qu'un détail, mais je pense que c'est représentatif du fait que tu ne te plonges pas suffisamment dans la psychologie de tes personnages pour t'inprégner de leurs souffrances: je pense que dans sa situation le fait que ses larmes gèlent est vraiment le cadet de ses soucis et ne lui viendra jamais à l'esprit
En définitive, ce passage mérite juste d'être 2 à 4 fois plus long. Alors oui, il y a le risque que cela ne déplaise à certains. Mais pour moi c'est précisément dans ces scènes cruciales que je déteste ces livres s'adressant uniquement aux ados ou aux gens n'ayant pas un réel goût pour la lecture. Non, dans un moment si important, avoir quelques pages en plus pour rendre le tout vraiment poignant ce n'est pas forcément rébarbatif x)
Tu as du talent pour écrire, raconter et imaginer une histoire. Là, ce qui m'a manqué c'est vraiment cette impression que l'auteur s'est arrêté, a fermé les yeux un moment pour ressentir ce qu'il veut transmettre, car il y croit, et il croit au potentiel affectif de la scène, ce qu'elle peut faire aussi ressentir au lecteur à travers son travail. C'est hyper difficile, ce n'est pas encore demain la veille que moi-même je penserai y parvenir, mais ce qui m'a fait passer complètement à côté ici c'est cette impression que tu l'avais écrit comme n'importe quel autre passage non crucial, "allez, de l'action, 2-3 phrases décrivant ses émotions, 2-3 tournures bien trouvées et hop, c'est dans la poche", ce qui l'a rendu à mes yeux d'autant plus cruellement désincarnée et à côté de la plaque (dans le sens que je n'y croyais pas du tout, que cela sonnait faux et cliché) que j'attendais d'un tel passage dans le récit qu'il ait une âme, un souffle particulier.
A contrario, j'ai senti que le passage où Al et son père parle de sa naissance te viennent davantage des tripes, et j'ai beaucoup plus aimé, mis à part le fait que je trouve les dialogues quand même pas suffisamment naturels vu l'émotion qui devrait les submerger.
Bon j'arrête là, je suis crevé haha. J'espère que je ne vais pas réaliser demain que j'ai vraiment été trop dur sans même m'en rendre compte, je sens que je vais même pas oser me relire et regarder ce que tu as commenté
(ah et mon stage dure jusque début mars, mais je vais essayer de trouver du travail à londres ensuite^^)
(et je rajoute après coup: c'est fort possible aussi que tu aies d'autres récits sur le feu plus tes autres activités, et que tu n'aies pas le temps de te focaliser vraiment à fond dessus. Alors ce qui ressort de tout ce que j'ai blablaté c'est juste que pour certaines scènes clef cela se ressent au moins parfois, quand l'auteur n'a pas pris autant de temps qu'elles ne le méritaient)