Oneiris - Duologie + Novella [Heroic fantasy]

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !

Question banale AF : quel est votre perso préféré ?

Alice
2
17%
Achalmy
2
17%
Mars
2
17%
Soraya
2
17%
Ace
0
Aucun vote
Zane
2
17%
Connor
1
8%
Vanä
1
8%
Wilwarin
0
Aucun vote
 
Nombre total de votes : 12
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
http://tworzymyatmosfere.pl/poszewki-jedwabne-na-poduszki/
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

Bonjour :)
Je poste quelques jours en avance pour me permettre de retomber sur les vendredis pour poster les nouveaux chapitres. Je dois reconnaître que ça m'arrange ^^
Il reste trois chapitres après celui-ci avant la fin de la partie 2 (que j'ai terminée de rédiger) et la partie 3 n'en fera que 8 (4x2) :D On approche donc de la fin du tome 1 !
En espérant que le dénouement (enfin, il y aura encore le tome 2 :roll: ) vous plaira ;)
En attendant, bonne lecture !




Chapitre 18
Achalmy



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois de l’été, lac Ishalgen, Terres de l’Ouest.



Le coucher du soleil était encore plus beau au bord d’un navire. Accoudé au bastingage, à l’arrière-pont pour éviter de gêner les matelots pendant leur travail, j’observais l’astre diurne disparaître dans les flots infinis du lac. Une immense traînée d’or liquide arrosait la ligne d’horizon tandis que les ultimes rayons chauds éclairaient le ciel, la mer et la terre.
Wilwarin était adossé au garde-corps à côté de moi, nauséeux. La tête dans les bras, son bâton entre les jambes, je l’entendais parfois gémir de malaise.
— Tu devrais voir ça, lui soufflai-je d’une voix avenante. C’est magnifique.
— J’aimerais te voir perché entre les branches d’un arbre fondateur d’Enetari, Chasseur, gronda-t-il d’un ton vexé. Je me demande si tu t’y sentirais aussi à l’aise que sur un navire.
Malgré sa pique, je souris. C’était la première fois que Wilwarin prenait un bateau. Comment lui en vouloir d’avoir le mal de mer ? Sans compter que les Orientaux étaient attachés à la terre, aux arbres, à la nature, plutôt qu’à l’océan, qui bordait pourtant tout une partie de leurs contrées.
Quant à moi, j’avais l’impression d’être sur un nuage. Le roulis apaisait mon cœur, le vent chargé d’humidité était un délice et l’odeur d’iode ne me dérangeait absolument pas. Et il y avait l’eau. Partout. Infinie, puissante, bienveillante. Elle m’entourait sans me toucher, me veillait sans m’agacer. Devant, derrière, au-dessus, en-dessous, je la sentais m’envelopper comme une douce couverture.
Tout mon être vibrait de plaisir à être ici, sur ce navire, voguant au milieu de nulle part, parcourant les distances au gré du vent et des vagues. La perspective de sauter à l’eau et de m’immerger pleinement en son sein était envoûtante. Néanmoins, la capitaine, remarquant mon regard planté dans les profondeurs du bleu-vert, m’avait aussitôt affirmé qu’elle ne me repêcherait pas si je me noyais.
Comme si je pouvais me noyer.

Malgré mes envies, je me retins de me jeter à l’eau et me contentai de grignoter des abricots et du pain sec, assis sur le bastingage. Wilwarin allait un peu mieux, mais pas assez pour manger ni boire. Heureusement pour lui, le voyage ne durait qu’un jour. Si tout se passait bien, nous serions à Ma’an demain soir. Derrière Alice, mais pas très loin d’elle non plus.
Mon cœur se serrait à chaque fois que je songeais à elle. Comment vivait-elle les événements de ces derniers mois ? Parvenait-elle à garder la tête froide grâce à sa bonté et à son obstination ? Gardait-elle espoir ? Ou s’était-elle laissée submerger ?
Alice, tiens bon. Sois forte.
Le regard rivé aux dernières lueurs claires au fond du ciel, je faisais rouler le noyau de mon fruit entre mes doigts. Je m’étais pris d’affection pour elle. Je refermai brusquement le poing autour du noyau. Était-ce seulement de l’amitié ?
Irrité, je balançai le reste de mon abricot par-dessus bord et, avant qu’il ne touchât la surface, l’enveloppai d’une bulle d’eau. Avec quelques mouvements de doigts, je m’amusai à la faire virer, aller dans différentes directions, monter et descendre. Puis, lorsque j’eus satisfait mon esprit confus, je fis exploser la bulle d’eau et le noyau avec.
J’aurais aimé que ce fussent les têtes du Roi et du comte.

Comme il faisait une chaleur encore conséquente, Wilwarin et moi décidâmes de dormir sur le pont-arrière, près du garde-corps. Nous étions loin d’être les seuls à le faire, d’ailleurs. La quantité de marchandises en cale limitait l’espace et les hamacs étaient déjà réservés aux matelots. Ainsi, la plupart des voyageurs dormirent sur le pont avec une couverture et un sac sous la nuque en guise d’oreiller.
À mes pieds, Wilwarin somnolait en gémissant, parfois encore victime de haut-le-cœur. Il serrait son bâton contre sa poitrine avec la même affection qu’un enfant pour sa peluche. Il avait beau avoir des années de plus que moi, son visage rieur, sa silhouette filiforme et son caractère jovial lui donnaient un aspect enfantin.
Une fois qu’il fut pleinement endormi, je récupérai le petit sac qui transportait mon essentiel de voyage, le déposai à côté de celui de Wilwarin et m’allongeai. J’étais coincé entre lui et le bastingage, mais, plutôt que de m’oppresser, cette position me réconfortait. Le roulis était plus calme et lent qu’en fin d’après-midi et, assez rapidement, la lourdeur du sommeil s’abattit sur moi.

Une vague d’urgence me réveilla en sursaut. Les sens en alerte, le cœur battant en sourdine, le sang cognant contre les tempes, les poings serrés comme des étaux, j’observai l’immense ciel étoilé sans savoir ce qui m’avait réveillé. Ce n’était pas un bruit, ni une lumière, ni une odeur. C’était… on aurait dit mon instinct, ma peur.
Sans bouger, je tâtonnai l’espace autour de moi. Je sentis la tunique en tissu souple de Wilwarin, le grain du bois, des cordages… rien d’étrange.
Soudain l’évidence me frappa avec la violence d’un coup de pied dans l’estomac. Je ne sentais plus mes sabres. Je les avais déposés le long de mon flanc gauche, là où le garde-corps me bloquait. Le voleur qui me les avait pris devait être habile pour avoir réussi à ne pas me réveiller.

La colère et la peur qui me broyaient les tripes à l’idée de les avoir perdus chassèrent la fatigue de mon corps. Les sens aux aguets, je bondis sur mes appuis, fouillant du regard le pont plongé dans la pénombre. Les voiles se froissaient doucement dans le vent, les cordages grinçaient, le bois craquait, l’eau chantait.
Je ne voyais personne. Comme j’avais du mal à calmer mon cœur furieux, je m’enfonçai sur mes appuis, inspirai un grand coup puis fermai les yeux. Le monde s’offrit à moi en odeurs, en sons et en eau. L’eau, partout. Se mouvant sous la coque du navire comme dans l’air, se déplaçant, suivant les corps…
Là. Là, un corps faisait bouger les minuscules particules de brume. En me concentrant, je modifiai légèrement la structure de l’eau pour qu’elle coagulât sur l’intrus. Et, soudain, ce que j’identifiai comme une silhouette humaine se dessina dans mon esprit grâce à mon sens de l’eau.
Sans hésiter plus longtemps, je dégainai le petit couteau que je portais toujours à la ceinture et m’approchai à pas lents et maîtrisés. La lune était haute et brillante, mais le ciel couvert ne m’offrait qu’une lumière partielle et discontinue. Me fiant à mon instinct, à ma perception de l’eau, j’approchai de la silhouette en restant le plus discret possible.
Lorsque je fus plus qu’à quelques mètres du voleur, je m’arrêtai. Là, je le percevais entre des tas de cordages et des réserves d’huile. Je plissai les yeux pour l’apercevoir, mais je ne vis rien. Ce voleur était un maître de la discrétion.
Plutôt que de tergiverser, je n’y allai pas par quatre chemins :
— Rends-moi ce que tu m’as volé et je te laisserai la vie sauve.
J’avais rendu ma voix rauque et mon ton féroce avec l’espoir d’être un peu plus convaincant. Je n’avais guère envie de faire du grabuge en pleine nuit sur ce petit navire. La capitaine elle-même serait capable de me jeter par-dessus bord le cas échéant.

— Tu m’as entendu ? grondai-je à nouveau comme aucune réponse ne me venait.
Un grognement étouffé me parvint du tas de cordes. Comme un éclat de lune projetait un voile de lumière sur le pont, j’aperçus une silhouette menue se déplacer entre les tonneaux. Sans réfléchir plus longtemps, je bondis, glissai par-dessus les réserves d’huile et plaquai la silhouette.
Une voix féminine poussa un glapissement de peur et de douleur. Sans me laisser attendrir par le ton craintif et par la silhouette presqu’enfantine que je serrais, j’agrippai les bras de la voleuse et la retournai sans douceur sur le dos.
— Pardon, pardon, pardon, lâcha-t-elle avec un hoquet d’effroi.
L’adolescente – elle ne pouvait pas être plus vieille – était vêtue d’une combinaison sombre et moulante, ses cheveux bruns coupés à la longueur d’une phalange. Elle était encore plus petite et menue qu’Alice. Sûrement plus jeune, peut-être à peine quinze ans.
— Où sont mes sabres ? susurrai-je à son oreille en constant qu’elle ne les avait pas sur elle ni à ses côtés.
Tremblante, elle ne répondit rien. J’augmentai la pression sur ses articulations, mais je la vis serrer les dents et enfouir le nez dans des cordes. Fichue gamine.
— Je ne répéterai pas une deuxième fois ma question ! m’exclamai-je sans cacher ma colère.
Dans un geste vif, je vins loger mon couteau contre sa gorge. La lune m’offrit son visage et je la vis apeurée, mais froidement déterminée. Malgré son jeune âge, elle avait été entraînée. Peut-être était-elle une énième orpheline élevée par une bande de voleurs. Je n’étais pas surpris de croiser ce genre d’individus aux alentours de Ma’an.
— Où. Sont. Mes. Sabres ? articulai-je en prenant soin de distinguer chaque mot des autres.
— Laisse la gamine tranquille, c’est pas elle que tu veux, déclara une voix profonde par-dessus mon épaule.
D’un mouvement du buste, je lançai mon couteau dans la direction de la voix. Un sifflement étranglé, quelques pas précipités, un soupir puis :
— Ouf, je l’ai échappé belle.
Agacé que l’homme eût esquivé mon attaque, je fis l’erreur de leur laisser quelques secondes de répit. L’adolescente, aussi agile qu’une anguille, me repoussa de son dos à l’aide de ses jambes puis bondit en se soustrayant avec souplesse à ma poigne.
— Par le poing de Lefk ! grondai-je à voix basse en me redressant.
Je la vis disparaître dans le gréement, ombre mouvante le long du mât comme une chauve-souris dans la nuit. La maligne avait dû me surveiller de là-haut et attendre que je m’endormisse pour récupérer mes sabres.
Calmement, je me dressai face à l’homme. J’avais un peu de chance : le ciel nous offrit du répit et laissa la lune nous baigner de sa clarté opaque. Un gars costaud un peu plus grand que moi était appuyé au bastingage, une pipe à la bouche. Le crâne rasé, armé de deux épées courtes et d’un arc, mon instinct me hurla que cet individu était dangereux. Avec nonchalance, il observait mes sabres, encore rangés dans leur fourreau, en les faisant danser sous ses yeux.
Et je n’avais que mes poings et ma hargne pour l’abattre.

— Je vais te proposer un marché, Chasseur, reprit tranquillement l’homme de sa voix timbrée de fumeur. Si tu repars te coucher, nous te laisserons la vie sauve. Le cas contraire, tu mourras.
— Ah oui ?
— Oh oui. (Il marque une pause.) Tu le sais.
Un frisson glacé remonta ma nuque. Le crevard de Lefk… Je le sentais vibrer de puissance. Un Élémentaliste. De quel élément, j’étais incapable de le savoir. Pour ne pas m’aider, il avait des alliés ; au moins la petite chauve-souris qui devait nous veiller de là-haut. Je l’imaginais sans mal me balancer des couteaux furtifs depuis son perchoir.
— Tu sembles puissant, Chasseur. Je doute pas que tu feras des dégâts parmi nous si nous t’affrontons. Je doute pas non plus que nous finirons par balancer ton corps à la mer.
Ignorant une quelconque réponse ou réaction de ma part, il baissa les yeux sur Eon, mon long katana de glace, agrippa son manche et le tira délicatement de son fourreau.
La nausée me gagna. Si ce n’était mon père, personne n’avait utilisé ce sabre de mon vivant. C’était un bien extrêmement précieux, un héritage de ma mère.
Bon sang de Lefk, je peux pas le laisser faire !
L’impatience faisait tiquer mon visage. Les ongles enfoncés dans la paume, la rage au cœur, je mourais d’envie de bondir sur l’homme et de le ruer de coups de poing jusqu’à ce qu’il lâchât mes armes.
— Quelle sabre splendide, souffla le voleur en observant la lame bleutée d’Eon. Bon sang, est-ce que cette lame a une valeur, au moins ? Une arme élémentaire… Je me demande qui se battra pour l’obtenir.
— Personne, grondai-je d’une voix presque bestiale. Je l’arracherai à ton cadavre, espèce de merde infâme.
Dans l’éclat des étoiles, le visage du gars se déchira en sourire mordant.
— On dirait que tu es en colère, jeune Chasseur.
— Je prendrais soin de te faire souffrir avant de t’achever, me contentai-je de répondre sans ciller devant son ton narquois.
Sans prononcer un seul mot, exécutant seulement un geste discret, il ordonna à son alliée de m’attaquer. J’entendis le chuintement des poignards filant dans l’air. Sans même me retourner, je créai un arc de glace autour de moi pour dévier les couteaux. L’un d’eux passa à travers et m’entailla le bras. Je n’y prêtai aucune attention.
— Je vais la tuer si elle arrête pas ses bêtises, annonçai-je froidement à l’homme.
Comme il ne répondait pas, je soupirai. Lentement, je levai la main au-dessus de ma tête et resserrai les doigts. Je sentis le cercle d’eau se refermer autour d’un cylindre. Le cou de la jeune fille.
— Elle va mourir ! finis-je par crier à l’homme qui restait imperturbable.
— Vraiment ? lâcha-t-il d’un moqueur.
Soudain, mon contrôle sur le cercle d’eau qui étranglait la voleuse me fut volé. Si rapidement et brusquement que j’en restai pantois quelques secondes. Curieux de ma réaction, le voleur m’observa attentivement en silence puis éclata de rire.
M’empourprant de colère, je fis appel à toute ma volonté pour ne pas lui bondir dessus. C’aurait été une bonne idée pour me faire empaler aussitôt.
C’était un Élémentaliste du Nord, maîtrisant au moins la forme liquide de l’eau. Un Chasseur, un foutu Chasseur, tout comme moi.
C’était bien ma poisse, merde.

Au moins un Chasseur maîtrisant l’eau et une petite voleuse habile aux couteaux. Peut-être plus, je n’avais aucun moyen de le savoir. Ne me restait plus qu’à prier et à croire en mes compétences en l’absence de mes armes.
Sans attendre qu’ils ne passassent à l’attaque, j’envoyai un mince harpon de glace en direction du gars. D’un mouvement habile des appuis, il l’évita et envoya fuser dans ma direction un filet d’eau que je détournai tant bien que mal. Avec une sueur froide, je l’entendis siffler tout près de mon oreille. Le voleur jeta Eon dans son dos et dégaina Kan. Une lame courte était plus facile à manier sur le pont du bateau.

La bile me monta à la gorge lorsque l’éclat terriblement familier de l’arme se retrouva sous mon nez. Remarquant que j’étais figé par cette vision, l’homme s’esclaffa, narquois, puis courut dans ma direction. Avec un juron, je reculai en bondissant, évitant de justesse la pointe du katana.
— Je me demande ce que ça fait d’être attaqué par sa propre lame, lança l’homme en me harcelant sans pitié.
Ses paroles me déconcentrèrent une demi-seconde, suffisamment pour qu’il traçât un sillon vermeil sur mon bras gauche. Une brûlure éclatante me saisit l’avant-bras, faisant céder mes appuis. À genoux au sol, suffoquant de douleur, je restai médusé. Une pauvre petite coupure n’aurait pas dû me faire tant souffrir. Les mâchoires serrées, je levai les yeux. Une goutte de sang – le mien – perlait au bout de la lame de Kan.
Alors que le voleur, profitant de ma faiblesse immédiate, approchait tranquillement de moi, il poussa un cri et se laissa tomber au sol. Sa main droite – celle qui tenait le sabre – venait d’être plaquée au sol, écrasée par le manche de Kan. Le visage du Chasseur rougit brutalement et il ne tarda pas à grogner de souffrance.
— Saloperie ! gronda-t-il d’un ton furieux en essayant de retirer sa main du manche de mon arme.
Ahuri par ce qui se passait, je faillis me prendre l’un des petits poignards de la chauve-souris. Un mur de glace se dressa devant moi juste avant que l’arme ne me blessât. Je posai les mains sur la paroi glacée, la transformai instantanément en eau et la jetai vers la jeune fille. Je l’entendis crier. Puis une ombre bascula du gréement, chuta vers le sol et se rattrapa de justesse à une corde avant de s’aplatir sur le pont.
— Greg ! haleta-t-elle en se relevant maladroitement, sa cheville droite tordue dans un drôle d’angle, son flanc ensanglanté.
— File Ava, siffla le bandit en se retournant vers la jeune fille. Saute à l’eau si nécessaire, mais va te mettre en sécurité, par les Dieux !
Alors qu’elle tournait les talons, je lui coinçai les chevilles dans un bloc de glace. Elle s’étala par terre en criant. Sans me soucier des menaces que vociférait le voleur après moi, j’approchai de la gamine et appuyai mon talon sur son dos. Elle gémit.
— On vous a jamais dit que les armes élémentaires étaient plus que de simples outils ? (Je touchai avec douceur la coupure qu’avait tracée Kan sur ma peau.) Je me bats avec ces deux sabres depuis plusieurs années et ils circulent de génération en génération dans mes familles maternelle et paternelle.
D’un mouvement sec, je retirai mon pied du dos de la jeune fille et marchai vers le voleur. Notre combat avait réveillé des voyageurs et alarmé le matelot de quart, mais je ne le remarquai que maintenant, alors que leurs regards apeurés étaient tournés vers moi.
— Kan et Eon m’ont sauvé la mise plus d’une fois et sont ce que j’ai de plus précieux.
Une colère froide au fond des tripes, je me figeai devant le voleur, dont les yeux exorbités de douleur me foudroyaient. Sa main avait pris une inquiétante couleur violacée sous le manche de Kan. Sans brusquerie, je m’accroupis à côté du Chasseur et susurrai :
— J’avoue apprendre des choses sur ces armes élémentaires en même temps que vous. (Du bout du doigt, j’essuyai le sang qui perlait à la pointe de Kan. La lame vibra doucement lorsque je la touchai et un sourire étira mes lèvres.) Notamment que mes sabres n’apprécient pas tellement de faire couler le sang de leur porteur.
Avec fermeté, j’agrippai le manche de Kan et le katana décolla du sol sans difficulté. Le voleur, enfin relâché, se laissa basculer en arrière avec un grognement, sa main meurtrie collée à la poitrine. Mon sabre d’eau semblait ronronner de soulagement entre mes doigts et une vague de calme m’inonda la poitrine.
Sans délicatesse, je fis rouler le Chasseur sur le ventre et lui repris Eon. Je passai mon long katana par-dessus ma tête en appréciant son poids familier en travers de mon dos.
Une terrible envie d’ôter la vie du voleur me démangeait. Seul un soupçon de considération pour la relation qui semblait unir la gamine à l’homme m’empêchait de l’égorger immédiatement.
Peut-être aussi les voyageurs sur le bateau, le regard grave de Wilwarin qui venait de se réveiller et les recommandations d’Alice. J’inspirai une grosse bouffée d’air nocturne, taraudé à l’idée d’avoir semé un grand nombre de cadavres sur la route pour aider une jeune femme qui ne tolérait pas le meurtre.

— Achalmy, souffla une voix mélodique près de moi.
Les yeux encore rouges de sommeil et les cheveux ébouriffés, Wilwarin m’observait avec gravité, un pli soucieux au front. Si le meurtre laissait les Occidentaux honteux et mortifiés, les Orientaux le méprisaient ouvertement, préférant largement des voies plus douces et pacifiques.
— Pas la peine de le tuer, nous le mènerons aux forces armées sudistes une fois arrivés à Ma’an.
— Pour qu’il soit relâché deux jours après et qu’il lance sa bande à nos trousses ? (Je crachai sur le dos du voleur, qui tressaillit et dut faire tous les efforts du monde pour ne pas me bondir dessus.) Non merci.
Mon sabre encore en main, je tentai de garder le sang froid pour ne pas simplement enfoncer ma précieuse lame dans la nuque du bandit. Très calmement, Wilwarin s’approcha de moi et vint poser une paume réconfortante sur ma main tremblante de rage.
— Achalmy, je t’en prie. Ne faisons pas couler de sang ici. Par sur ce bateau, sur ce lac. (Il marqua une pause puis insista : ) Tu n’aimerais pas faire couler le sang de cet homme au milieu de cette étendue d’eau ?
— Figure-toi que c’est un Chasseur, reniflai-je avec un rire amer. Son sang se mêlerait tout à fait à l’eau.
Sans pitié, j’abattis ma lame sur la main meurtrie de l’homme, qu’il avait laissée reposer sur le pont. Le métal ripa contre l’os et il me fallut deux nouveaux coups brutaux avant que la main ne fût séparée du bras. Le bois était gorgé de sang. Les hurlements de douleur du Chasseur amputé se mêlaient à ceux indignés du Sage, à ceux hystériques de la chauve-souris et à ceux effrayés des autres passagers.
Aucun ne m’importait. Pas alors qu’on avait essayé de voler mes sabres et ma vie.
— Tu feras peut-être moins de dégâts ainsi, voleur, sifflai-je avec hargne en récupérant la main amputée par le majeur.
Ignorant les supplications de Wilwarin et les regards apeurés des voyageurs, je m’approchai du garde-corps et balançai le membre à l’eau. Derrière moi, je reconnus la voix ferme de la capitaine qui exigeait des explications et le calme.
Avec un sourire qui n’avait rien de joyeux, je me tournai vers elle.
— Les problèmes sont réglés, capitaine. Deux rats fouinaient sur notre navire, mais ils sont à présent plus en mesure de faire du mal. (J’adressai un regard las au lac infini.) Retournons nous coucher, à présent.

Le lendemain après-midi, nous débarquâmes à Ma’an. L’escarmouche de la nuit dernière avait empêché quiconque de se rendormir. Les deux voleurs avaient été attachés et bâillonnés puis livrés aux forces exécutantes sudistes une fois le navire amarré.
Les voyageurs comme les matelots s’étaient écartés de mon chemin dès que je m’étais rendu quelque part, la capitaine m’avait surveillé du regard tout le reste du voyage et Wilwarin ne m’adressait plus la parole. Tant pis pour lui, je ne comptais pas changer mes valeurs pour sa bonne humeur.
Alors que j’étais si près du but, je ne laisserais personne se dresser en travers de mon chemin. Humain ou divin, vieux ou jeune, homme ou femme, peu importait l’obstacle, je ne ferais preuve d’aucune pitié.
Si je devais ancrer mes promesses dans le sang, qu’il en fût ainsi.


Dernière modification par louji le lun. 15 juil., 2019 3:44 pm, modifié 2 fois.
Florance

Profil sur Booknode

Messages : 1304
Inscription : mar. 18 juin, 2013 5:58 pm
Localisation : Quelque part Entre les Mondes
Contact :

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par Florance »

Il est dur Alchamy. Ca fait un joli contraste avec Alice. Après son point de vue est parfaitement compréhensible. D'un côté, si le mec n'était pas un peu ami avec l'eau, je crois que je l'aurais pendu au bateau pour voir si les requins apprécient. Ils paraient qu'ils aiment bien le sang.

J'adore Wili. Mignon et gentil. En plus il conserve une certaine répartie même avec le mal de mer. Un mec vraiment pas mal. Je compatie aussi. Le mal de transport c'est vraiment pas cool.

J'ai hâte de lire la suite. J'avoue que je trouve que tout ça dure un peu en longeur. Tu comprendra que nous soyons curieux de voir les retrouvailles. M le bloc de glace fondra-t-il un peu ? Ace et Mars, m'intéresse plus, mais les héros aussi. Wili vient juste après.
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

Florance a écrit :Il est dur Alchamy. Ca fait un joli contraste avec Alice. Après son point de vue est parfaitement compréhensible. D'un côté, si le mec n'était pas un peu ami avec l'eau, je crois que je l'aurais pendu au bateau pour voir si les requins apprécient. Ils paraient qu'ils aiment bien le sang.

J'adore Wili. Mignon et gentil. En plus il conserve une certaine répartie même avec le mal de mer. Un mec vraiment pas mal. Je compatie aussi. Le mal de transport c'est vraiment pas cool.

J'ai hâte de lire la suite. J'avoue que je trouve que tout ça dure un peu en longeur. Tu comprendra que nous soyons curieux de voir les retrouvailles. M le bloc de glace fondra-t-il un peu ? Ace et Mars, m'intéresse plus, mais les héros aussi. Wili vient juste après.
Oui, il est implacable même ! J'avais envie de faire ressortir ce côté-là, dans ce chapitre, histoire de rappeler qu'il n'est pas toujours tendre et attentionné :P
En effet, ça contraste avec les pensées et valeurs d'Alice... A chacun ses défauts ! ;)
Haha, je sais pas s'il y a des requins dans mon lac d'eau douce, mais why not ? :lol:

Yep, Wilwarin, c'est un peu l'innocence et la bienveillance (un peu comme Mars et Alice !) d'Oneiris :roll: S'ils n'étaient pas là, ce serait très sombre :?

Merci beaucoup pour ton commentaire, tu me fais toujours autant sourire :D
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par vampiredelivres »

Aaaaal, mon loulou !

Nan, franchement, ça doit être parce que je suis en plein dans la partie violente de la Confrérie, mais j'ai adoré le comportement d'Achalmy. Ça change des pleurnicheries d'Alice, ça fait du bien. Attention, je commence à l'apprécier, notre petite princesse, mais elle n'a pas encore ce qu'il faut pour être reine, à mon sens. C'est bien mignon de vouloir aider les gens, mais si tu te fais pigeonner par ton propre peuple, ça va pas le faire. :lol:
En plus, au fond, il n'a fait qu'appliquer le châtiment traditionnel des voleurs… Et puis, c'est presque mignon de voir le dégoût et l'horreur de Wilwarin derrière. (Oui, si j'étais née sur Oneiris, j'aurais dû naître dans le Nord, je pense…)

Par contre, les réflexes d'Al ont totalement foutu le camp, j'ai l'impression… se faire piquer ses sabres dans son sommeil, puis faire des erreurs de débutant comme les siennes… Hum. Il est rouillé, notre pauvre Al, ça ne présage rien de bon pour son éventuel affrontement avec Ace… Si affrontement il y a… :ugeek:

Bref. Tout ça pour dire que j'approuve totalement le comportement d'Al. :mrgreen:
À bientôt !
DanielPagés

Profil sur Booknode

Messages : 2595
Inscription : mer. 09 mars, 2011 4:04 pm
Localisation : France sud-ouest
Contact :

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par DanielPagés »

Juste un coucou en passant. J'ai lu sur mon téléphone en plein salon. Bien vivant.
Je le relirai quand j'aurai une connexion sur mon pc pour te faire quelques remarques, mais rien ne m'a choqué ;)
Bisous d'Ouessant
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :Aaaaal, mon loulou !

Nan, franchement, ça doit être parce que je suis en plein dans la partie violente de la Confrérie, mais j'ai adoré le comportement d'Achalmy. Ça change des pleurnicheries d'Alice, ça fait du bien. Attention, je commence à l'apprécier, notre petite princesse, mais elle n'a pas encore ce qu'il faut pour être reine, à mon sens. C'est bien mignon de vouloir aider les gens, mais si tu te fais pigeonner par ton propre peuple, ça va pas le faire. :lol:
En plus, au fond, il n'a fait qu'appliquer le châtiment traditionnel des voleurs… Et puis, c'est presque mignon de voir le dégoût et l'horreur de Wilwarin derrière. (Oui, si j'étais née sur Oneiris, j'aurais dû naître dans le Nord, je pense…)

Par contre, les réflexes d'Al ont totalement foutu le camp, j'ai l'impression… se faire piquer ses sabres dans son sommeil, puis faire des erreurs de débutant comme les siennes… Hum. Il est rouillé, notre pauvre Al, ça ne présage rien de bon pour son éventuel affrontement avec Ace… Si affrontement il y a… :ugeek:

Bref. Tout ça pour dire que j'approuve totalement le comportement d'Al. :mrgreen:
À bientôt !
Je m'attendais à ce que tu apprécies ce chapitre, je crois :roll:
Je comprends que ça change des chapitres d'Alice, c'est vrai qu'elle est assez impuissante et victime des événements, donc ça doit changer un peu avec Al XD :roll:
T'inquiète pas, elle est pas encore montée sur le trône ;)

Se faire piquer ses sabres, on va dire que la voleuse est douée... Mais, c'est plutôt niveau combat qu'il se rouille, oui :P Et contre Ace... Il va pas en mener large s'il continue, c'est clair :lol:

Merci pour ton com ;)
A plus !
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Juste un coucou en passant. J'ai lu sur mon téléphone en plein salon. Bien vivant.
Je le relirai quand j'aurai une connexion sur mon pc pour te faire quelques remarques, mais rien ne m'a choqué ;)
Bisous d'Ouessant
Il n'y a pas beaucoup de monde sur le salon ? :?
Merci ! ^-^ Haha, si tu as autre chose à faire, ne t'inquiète pas ;)

Bises (pas d'Ouessant :lol: )
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par vampiredelivres »

Je pense que tu commences à me connaître, j'aime bien les sadiques (ou juste violents parce qu'ils doivent l'être). :mrgreen:
Oui, Alice se fait actuellement traîner en long et en large sur la map sans jamais vraiment avoir son mot à dire, donc c'est un peu compliqué de vraiment l'apprécier comme un personnage actif… vu qu'elle ne fait que subir…
Ça me fait quand même grincer des dents que je sois partiellement d'accord avec ce crétin de Dastan Samay… :? :evil: (On l'écorche quand, d'ailleurs ? :P)

J'veux bien pour la voleuse, mais pour le reste… il veut pas revenir, Zane, histoire de lui donner une bonne leçon ? Please ? :)
J'ai peur, du coup, vu la manière dont tu as tourné ça… :lol:
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :Je pense que tu commences à me connaître, j'aime bien les sadiques (ou juste violents parce qu'ils doivent l'être). :mrgreen:
Oui, Alice se fait actuellement traîner en long et en large sur la map sans jamais vraiment avoir son mot à dire, donc c'est un peu compliqué de vraiment l'apprécier comme un personnage actif… vu qu'elle ne fait que subir…
Ça me fait quand même grincer des dents que je sois partiellement d'accord avec ce crétin de Dastan Samay… :? :evil: (On l'écorche quand, d'ailleurs ? :P)

J'veux bien pour la voleuse, mais pour le reste… il veut pas revenir, Zane, histoire de lui donner une bonne leçon ? Please ? :)
J'ai peur, du coup, vu la manière dont tu as tourné ça… :lol:
Oui XD
Je comprends ! Le tome 2 devrait bien changer la donne pour Alice au niveau de personnage actif =)
Ben... en soit... Il veut aider son peuple, reprendre les rênes d'un empire qui barbote depuis quelques années à cause de la nonchalance de sa sœur, retrouver la gloire perdue de son peuple... Ses ambitions peuvent être bonnes, ses manières de faire sont éthiquement horribles :? :| Après, je ne sais pas si tu parlais de l'avis de Dastan à propos d'Alice :lol:

Haha, un petit coup à l'arrière du crâne, histoire de lui remettre l'esprit en place :D
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

Bonjour ! :)
J'espère que ce début d'année se passe bien pour vous, que la rentrée n'a pas été trop horrible pour celles et ceux qui l'ont subie ou ne le sera pas pour celles et ceux qui vont bientôt la subir... :roll:
Pour Alice, en tout cas, tout ne va pas très bien se passer :lol:




Chapitre 18
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois de l’été, la Zone Morte, Terres du Sud.



Le soleil s’était levé déjà deux fois depuis que nous avions quitté Ma’an. Les heures s’étiraient avec une lenteur insupportable tant la monotonie du paysage aride et vide et l’absence d’échanges dans le groupe me desséchaient. Personne ou presque ne parlait. Les sons les plus bruyants auxquels nous avions affaire étaient les supplications et les cris étouffés de l’Impératrice bâillonnée et attachée, jetée en travers du dos de sa monture comme s’il s’était agi d’un vulgaire sac de légumes. Je compatissais à son sort, l’ayant vécu durant quelques heures après la bataille du campement. Mais tout ce dont j’étais capable pour l’aider, c’était de lui murmurer de temps en temps ses paroles réconfortantes et d’envoyer vers elle mes pensées.
J’avais bien essayé de faire changer d’avis Dastan Samay et de le convaincre de laisser à sa sœur l’honneur de chevaucher libre. Cependant, le Sudiste était persuadé que l’Impératrice prendrait la fuite dès qu’elle aurait les mains déliées. Pourquoi refusait-il à ce point de lui laisser une chance ? Il n’avait qu’à tenir la bride du cheval de Soraya Samay pour s’assurer qu’elle ne s’enfuît pas. Mais cela aussi, il l’avait refusé.
Vraisemblablement, traiter les membres de sa famille comme de vulgaires animaux était aussi courant dans le Sud.

La Zone Morte méritait bien son nom. Malgré les propos du comte Wessex Bastelborn quelques jours plus tôt, et qui auraient dû me préparer, j’avais été frappée par la physiologie du terrain. Rien. Rien du tout. De la terre… non, à peine de la terre. Une espèce de poussière lourde qui ne se décollait même pas du sol sous les sabots des chevaux. Pas un brin de vent, pas une mauvaise herbe en vue. Le ciel était vide de nuages et les astres ne brillaient que faiblement la nuit, comme si un voile opaque et invisible recouvrait la voute céleste.
Heureusement, mon père et le Noble avaient prévu assez de rations pour le voyage, sachant que nous ne croiserions ni courant d’eau, ni plantes ou animaux. La température restait indifféremment la même, de jour comme de nuit, en plein soleil ou au cœur des ténèbres. Nous avions moins chaud qu’à Ma’an, mais l’air restait sec et assez lourd pour recouvrir de sueur nos fronts et nos nuques.
L’étrangeté du lieu me médusait et épuisait mon esprit. Ne voir que la terre infinie et plate, entrecoupée seulement par les mauvais tours que me jouait ma vue, minait mon moral comme de l’acide. Même les gardes semblaient s’être affaissés dans une espèce de monotonie mortelle qui sapait leur volonté et faisait rouiller leur réactivité.
Il n’y en avait qu’un seul que tout ceci laissait indifférent. Dont les yeux luisaient un peu plus à chaque mètre de gagné. Dont le visage s’étirait de plus en plus en sourire. Ace Wessex Bastelborn gardait le regard rivé à l’horizon, comme s’il était déjà capable d’apercevoir le Noyau d’Oneiris, le cœur de notre continent. L’endroit où je mourrai.

Je grignotais quelques raisins secs lorsque le garde avec lequel je chevauchais tira brusquement les rênes de notre monture. Avec un geste crispé, j’agrippai sa tunique pour ne pas tomber puis jetai un coup d’œil par-dessus son épaule. Nous chevauchions derrière mon père et le Noble, les autres soldats à notre gauche et Dastan Samay, tirant la monture de sa sœur, à notre droite.
C’était le comte Wessex Bastelborn qui avait immobilisé sa monture. Comme j’avais été plongée dans la dégustation de mes raisins secs, je n’avais pas fait attention au paysage. Au loin apparaissait une espèce de ligne noire. Mon cœur se serra : le noyau ?
Mais ce n’était pas l’étrange bande sombre au fond de l’horizon qui avait paralysé notre groupe. À une centaine de mètres se tenait une silhouette humaine, comme un miracle au milieu de cette terre désolée et infertile.
Ou peut-être était-ce un désastre.

— Comte Wessex Bastelborn ? lança mon père en faisant approcher sa monture de celle du Noble. Pourquoi est-ce que nous n’avançons pas plus ?
Il y eut quelques secondes de silence avant que notre meneur mystérieux daignât répondre :
— Reculez. Tous.
Ces deux mots nous percutèrent avec violence, s’ancrant dans notre esprit comme un ordre incandescent et impérieux. Même mon père tressaillit sur la selle de son étalon noir. La voix du comte résonnait encore sous mon crâne, son ton ne laissant supposer aucune réplique.
Une vague de danger m’inonda alors qu’une puissance phénoménale explosait autour de nous. Le garde devant moi poussa un grognement étranglé en lâchant les rênes et serra ses poings contre ses yeux. Les chevaux renâclèrent soudain et commencèrent à piétiner sur place, poussant de légers hennissements inquiets. La garde à ma gauche tomba de son cheval, vraisemblablement inconsciente. Sa monture fit demi-tour et partit aussitôt au galop.
Malgré la douleur qui tordait mes tripes et faisait s’abattre des coups de marteau sous mon crâne, je posai une main sur l’épaule du garde devant moi et m’enquis :
— Jake, vous allez bien ?
Puis, sans un signe extérieur quelconque, il s’affaissa puis tomba sur le côté. Je tentai de le retenir, mais son poids m’entraîna avec lui et nous roulâmes tous les deux dans la poussière d’un beige sale. Sans me soucier des écorchures sur mes coudes et mes genoux, je plaquai deux doigts sous sa mâchoire, mortifiée. Son cœur battait, mais faiblement. Qu’est-ce qui leur arrivait ? Ressentaient-ils aussi cette pression suffocante ? Mais pourquoi s’étaient-ils évanouis ?
C’était une sensation familière pour moi. C’était comme lorsque le comte prenait possession de mon corps en s’emparant de mon esprit. Néanmoins, cette fois, sa puissance s’étendait à toute la zone autour de nous et pas seulement à ma personne. Une force écrasante que j’avais connue pour la première fois à Vasilias, lorsque j’avais voulu prendre le contrôle des vents du comte. Puis qu’Achalmy avait, je supposai, subie lors de la bataille du camp. Et que le Noble avait exercé directement sur moi pour m’empêcher de fuir, de parler, de bouger.
Mais était-ce vraiment sa force, à présent ?

— Comte Bastelborn, sentez-vous ça ? s’enquit mon père d’une voix nerveuse en se frottant les tempes, les traits grimaçants.
Je me levai et approchai de lui à pas intimidés. Lorsqu’il me vit arriver, il observa les dégâts par-dessus mon épaule et écarquilla les yeux devant les deux gardes inconscients. Quant à Dastan Samay, il était aussi descendu de sa monture et s’était assis à même le sol, la tête entre les jambes. L’Impératrice ne bougeait plus sur le dos du cheval.
— C’est le comte Wessex Bastelborn qui fait ça, expliquai-je à mon père, la voix tremblante sous la puissance qui m’écrasait sans pitié.
— Non, Alice, ce n’est pas moi.
Les mots du Noble, prononcés avec tranquillité malgré un soupçon de nervosité, me figèrent sur place. Si ce n’était pas lui…
— Pas cette fois, reprit l’homme en baissant les yeux sur moi. C’est lui.
Lui ? Comment ça, lui ? hurla une voix terrifiée dans mon esprit.
Le regard du comte était légèrement troublé. Impatience et colère s’y mêlaient dans un tourbillon instable. Instable ; comme il l’était depuis le début.
— Vous voulez dire que c’est cette personne, reprit mon père en pointant du doigt la silhouette qui n’avait toujours pas bougé, qui cause cette…
— Il envoie vers nous des vagues de puissance, marmonna le Noble d’un air irrité. Quel petit insolent… Qui pense-t-il être, pour tenter de nous intimider ainsi ?
Je devais reconnaître que j’étais intimidée. Peut-être le Noble ne souffrait pas comme nous, mais je n’avais aucune envie de faire la connaissance de cette personne. Avec l’impression que nous allions finir par mourir sous ces vagues de force invisible et écrasante, j’agrippai la manche de mon père et murmurai d’une voix suppliante :
— Papa, nous devons fuir.
— Alice… souffla mon père en me toisant avec incertitude.
Soudain, le comte sauta au bas de sa monture puis dégaina. Il y eut un sifflement puis une bourrasque s’abattit sur nous. Sa puissance me projeta plusieurs mètres en arrière alors que le cheval de mon père était déséquilibré et s’affaissait au sol. Dans un écran de poussière et de vent, je vis mon père rester coincé sous son étalon noir.
La terre se mit à trembler sous moi. Médusée, je cherchai du regard Dastan Samay. Il était le seul capable, à ma connaissance, de maîtriser les sols. Néanmoins, je ne vis que l’Impératrice recroquevillée dans la poussière, impuissante avec son bâillon et ses mains liées. Au loin, poussé par le vent violent qui s’était mis à souffler avec brusquerie, un cheval s’éloignait au galop, une silhouette sur le dos. Dastan Samay prenait la fuite.
J’aurais aimé avoir fait preuve de lâcheté au même moment que lui pour pouvoir fuir à temps.

Le sol tremblait en faisant claquer mes dents, le vent hurlait à mes oreilles. Mon père. Je devais rejoindre mon père. Voir s’il était encore coincé sous sa monture. Ce qui se passait entre l’inconnu au loin qui nous avait écrasés de sa puissance et le comte ne me regardait pas. De toute manière, c’était un champ de bataille hors de ma portée. Je n’étais qu’une pauvre princesse à peine capable de maîtriser ses éléments. Pas une Élémentaliste chevronnée comme Achalmy, pas une femme sûre d’elle comme l’Impératrice, pas une puissance calme comme Dastan Samay.
Rampant à même le sol pour éviter d’être attrapée par les rafales cruelles, les oreilles bourdonnantes, je m’approchai de la monture de mon père. Le cheval ne se relevait pas. S’était-il assommé en tombant ?
J’aperçus mon père en contournant l’animal. À moitié écrasé par ce dernier, il poussait des râles en tirant sur ses jambes, qui avaient disparues sous le flanc de la monture. Il était livide et le vent fouettait son visage de ses cheveux blonds-gris.
Avec un grognement, je me hissai près de lui en prenant appui sur l’encolure de l’étalon. Les yeux violets de mon père n’avaient rien perdu de leur mordant lorsqu’il les posa sur moi. Alors que je tendais les doigts vers son pantalon pour l’aider à tirer, il referma brutalement sa main sur mon poignet. Je sursautai puis l’observai avec appréhension.
— Alice, qu’est-ce que tu fais ? gronda-t-il d’une voix assez forte pour couvrir les chuintements assourdissants des bourrasques.
Comme je ne trouvais pas de réponse adéquate, je l’ignorai puis tirai sur son vêtement de mes forces misérables. Il avait beau s’être transformé en manipulateur insensible ces dernières années, il restait mon père. Je n’oubliais pas l’homme qui me hissait autrefois sur ses épaules pour que je pusse voir le paysage par-dessus les renforts du Château du Crépuscule. Je me rappelais très bien les histoires qu’il m’avait contées le soir en créant lui-même les effets, faisant danser des étincelles entre ses doigts ou en appelant de petits brins d’air pour qu’ils soulevassent mes couvertures.
Je me rappelais que je l’aimais, au fond.

Mon père continuait à me parler, mais je ne l’écoutais pas. Ses mots se perdaient dans le vent, dans cet air qui nous happait tous un jour ou l’autre. Mais je ne voulais pas que ce jour fût aujourd’hui pour nous. Avec la rage au cœur, je voulais le libérer et rentrer chez moi, auprès de ma mère et de mon frère. Je mourais d’envie de leur prouver que je pouvais, moi aussi, être une bonne reine. Qu’être bienveillant et altruiste n’était pas synonyme de faiblesse et d’incapacité à gouverner.
Les larmes roulaient sur mes joues. Le vent les séchait aussitôt. Mes dents crispées de colère et de peur étaient secouées par les tremblements de la terre. Mes doigts commençaient à sanguinoler sous l’acharnement que je mettais à tirer mon père de sous cette bête.
— Fichu cheval ! finis-je par hurler de rage en frappant mon poing sur l’encolure de l’animal, qui, inconscient, ne broncha pas.
Je m’en voulus aussitôt. Ce n’était pas la faute de l’étalon. C’était la faute de mon père, qui n’était pas descendu à temps. C’était la faute du comte, qui nous avait prévenus trop tard de l’effrayante menace qui s’était dressée face à nous. C’était ma faute, pour avoir été effrontée et arrogante.
Alors que l’impuissance lançait des filets de désespoir et de tristesse dans mon être, je levai les yeux. Au loin, entouré de tornades, de murs de flammes et de glace, évitant les éclairs comme les pics de roche saillant de terre sans prévenir, le comte Wessex Bastelborn affrontait l’inconnu.
La silhouette portait des vêtements déchirés qui avaient perdu toute couleur et consistance. À cette distance, j’étais incapable de dire s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. L’inconnu avait de longs cheveux noirs qui flottaient derrière lui tel un voile de ténèbres.
En observant un peu plus attentivement, je notai que la silhouette ne faisait appel qu’au feu et à la foudre. Le vent, la glace, la roche étaient de la volonté du Noble. Je ne rêvais pas. Deux monstres utilisaient les éléments impunément et combattaient avec la violence et la beauté des Dieux. Un combat monumental entre deux forces brutes.
Puis l’évidence me frappa. Le Noble m’avait affirmé qu’il n’était pas un Dieu. Mais il n’avait jamais nié avoir un lien avec eux. Et s’il était… une espèce d’envoyé d’Aion, du maître de la matière ? Ceci aurait expliqué sa capacité à faire appel à tous les éléments, ce qui était impossible pour les humains comme moi. Ses guérisons instantanées. Cette puissance qu’il pouvait dégager lorsqu’il le voulait pour nous contrôler. Si le comte Wessex Bastelborn était un envoyé d’Aion, alors qui était l’autre ? Un autre… Élu ?
Alors, qu’étais-je ? Pourquoi le comte affirmait-il que j’étais moi-même une Élue ? Ce titre, si spécifique, était autrefois accordé à de rares humains très proches des Dieux et dotés d’une partie de leur pouvoir. Mais ils avaient normalement disparu à la suite du Grand Désastre. Se pouvait-il que certains d’entre eux existassent encore ? Dans ce cas-là, que cherchait le Noble au Noyau ? S’il était déjà un proche d’Aion, en quoi se rendre au cœur d’Oneiris l’aiderait-il ?

— ALICE !
Le beuglement de mon père m’arracha à mes pensées. L’esprit encore envahi de questions, je dévisageai mon père en silence. Son visage avait blêmi un peu plus et ses traits se froissaient de douleur et de rage impuissante.
— Tu m’écoutes enfin ! gronda-t-il en m’empoignant par les épaules.
Intimidée par la colère nerveuse qu’il dégageait et par son regard intense, je ne pipai mot et le laissai me secouer en plus des tremblements de terre. Tout mon corps tremblait, mais c’était toujours moins perturbant que les secousses que mon esprit subissait à la suite de l’enchaînement des événements récents.
— Va-t’en, Alice, m’ordonna calmement mon père et me poussant sur le côté. Va-t’en avant qu’il ne soit trop tard.
— Mais, attaquai-je aussitôt en me penchant vers lui, je…
— Alice ! me coupa-t-il en écarquillant les yeux. Par les Dieux, pour une fois, écoute-moi. À deux, nous n’arriverons pas à me dégager. Et ces deux… (il jeta un regard furtif au Noble et à son adversaire en faisant une grimace consternée) … monstres finiront par nous tuer au milieu de leur affrontement.
Il me poussa sans délicatesse sur le côté et je m’affaissai en avalant de la poussière. Toussotant, je me redressai, seulement pour voir le bras tendu de mon père en direction du dernier cheval qui faisait face au vent, l’étalon gris pommelé qui était resté avec moi depuis le début.
— Monte sur ce fichu cheval et va-t’en ! Rentre au Château, explique tout à ta mère et à ton frère.
Leur expliquer que tu as voulu me sacrifier, mais que tu n’es pas allé au bout de ton projet ?
La colère faisait monter les larmes à mes yeux. Non, il allait rentrer avec moi. Devoir s’expliquer devant ma famille. Assumer l’égoïsme et la monstruosité de son ambition.

Alors que je comptais bien lui dire que je ne partirais qu’avec lui ou pas du tout, un écran de poussière explosa près de nous. J’entendis le craquement de la terre, la fureur du vent et un rire dément. Une intense odeur d’ozone et de roussi envahit mes narines. Les yeux piquants, je fermai les paupières pour tenter d’en chasser les particules de terre.
Il y eut un bruit de pas. Un craquement bref, mais assourdissant. Lorsque mon ouïe fut à peu près rétablie, j’entendis des râles de douleur. Une vague gelée m’étreignit la poitrine lorsque je compris qu’ils venaient de mon père.
Avec l’impression d’être d’une lenteur insupportable, je tâtonnai devant moi jusqu’à trouver la manche de mon père. Je remontai vers son épaule et me figeai en sentant un liquide poisseux. Lorsque je ramenai ma main à moi, elle était d’un rouge sombre.
— Papa, non…
Sans que je l’eusse senti venir, le Noble apparut à mes côtés, m’attrapa à bras-le-corps et m’emporta au loin. Son mouvement m’ayant coupé la respiration, je m’agrippai à lui en suffoquant. Qu’est-ce qui lui prenait ? La vision troublée, je remarquai que ses vêtements étaient brûlés. Feu, foudre ?
— Comte… commençai-je en essayant de me redresser entre ses bras.
— Chut, humaine, m’ordonna-t-il d’un ton cassant. J’ai la bonté de te sauver, mais je te laisserai derrière moi si tu m’étouffes de tes questions.
Mon père était déjà loin derrière. Le regard perdu dans le brouillard des éléments confondus, je tentai de le retrouver. Mais je ne voyais rien.
— Seigneur !
La voix claqua dans l’air à côté de nous. Instantanément, le Noble bondit sur le côté et nous entoura d’une voute de roc. Il transpirait et respirait fort. Vraisemblablement, le combat contre l’inconnu lui coûtait de l’énergie. Je ne l’avais jamais vu aussi dépassé lors d’un affrontement.
— Oh, mon seigneur, reprit la voix d’un air mielleux, que faites-vous caché sous terre ? Avec cette faible humaine dans les bras ?
Le comte ne répondit rien, soudain d’un calme grave. Une haine non cachée déformait son visage. Mais il semblait se retenir, comme refreiné par la puissance de l’ennemi.
— Seigneur, je suis tellement heureux de vous revoir après tant d’années. La dernière fois… à quand remonte la dernière fois ? Cinquante… cent ans ? Peu importe, après tout !
Et il rit. Il rit sauvagement, de manière démente. Une sueur froide coula sur ma nuque. J’étais encore dans les bras fins, mais solides du Noble, qui ne semblait nullement gêné par mon poids. Qui était cet individu que le comte affrontait ? Et pourquoi affirmait-il de telles choses ?
— Mon seigneur ? reprit l’adversaire d’une voix presque plaintive. Mon seigneur, pourquoi ne me répondez-vous pas ?
Un mélange d’émotions diverses tiraillait le Noble. Alors seulement je remarquai que ses yeux avaient perdu leur nuance parme. À présent, ils changeaient continuellement de couleurs. C’était fascinant et perturbant.
— Calamity, lança Ace Wessex Bastelborn d’un ton clair et assuré, tu ne mérites aucunement que je te réponde. Pas… pas après ce que tu m’as fait.
— Oh, seigneur, gémit l’ennemi avant de partir en un violent torrent de rires bruyants. Seigneur, seigneur, seigneur, arrogant, imbu de lui-même, aveugle… Vous méritiez ce que je vous ai fait subir.
— Espèce de petit…
La voix du Noble s’était transformée en grondement. Et la terre lui répondait en écho, tremblant à chaque souffle qui s’échappait des lèvres du comte.
Une bourrasque de puissance pure s’envola du corps du Noble, fracassa la voute de pierre qui nous protégeait, m’arrachant un cri, et ondula vers l’adversaire.
— Votre colère est tellement précieuse, mon seigneur, ronronna l’ennemi en accueillant la vague, les bras ouverts.
Il l’encaissa, se plia en deux pendant de longues secondes puis se redressa. Terrifiée, le sourire qui lui déchirait les traits manqua arrêter mon cœur.
Calamity. Le Noble l’avait appelé Calamity. Cela ne se pouvait pas. Calamity était une divinité mineure des désastres, née il y a quelques siècles. Apparaissant peu à la vue des humains, ce Dieu ne se manifestait que sur les champs de bataille ou à la suite d’une catastrophe – dont il était souvent à l’origine –, ne laissant derrière lui que des centaines de cadavres, des nuages sombres remplis d’éclairs et des traces calcinées.
Calamity était le monstre qui peuplait les histoires d’horreur, le méchant Dieu dont se servaient les parents pour menacer les enfants récalcitrants.
C’était une légende terrible, une divinité à peine priée.
Il ne pouvait pas se tenir juste sous mes yeux.

Alors que le Noble s’apprêtait à repartir au combat, Calamity leva de nouveau les bras au ciel, éclata de rire en constatant que des nuages sombres s’amoncelaient juste au-dessus de lui puis les laissa retomber. Une forte odeur d’ozone assaillait mes narines et les poils de ma nuque se dressaient face à la menace imminente de la foudre.
— Je m’en vais, mon seigneur, lança Calamity en effectuant une courbette moqueuse. Je m’en vais, car je sais que nous allons très prochainement nous revoir. (Il releva la tête et planta deux yeux d’un jaune intense et mauvais sur nous.) J’espère que ce sera notre dernière rencontre.
La divinité réalisa un petit mouvement de la main. Dans un impact assourdissant, un éclair s’abattit sur lui et, lorsque la poussière fut retombée, il avait disparu. Il devait s’être enfui pendant que la lumière et le bruit nous désorientaient.
— Quelle infâme pourriture, gronda Ace Wessex Bastelborn en me jetant presque au sol.
Je conservai mon équilibre in extremis puis m’éloignai de quelques pas en voyant des étincelles danser sur ses bras. Sa terrible colère s’exprimait sous forme élémentaire, comme cela arrivait de temps en temps aux Élémentalistes.
Mais pourquoi tant de rage ? Pourquoi la divinité des désastres connaissait-elle le comte Wessex Bastelborn ? Quel lien unissaient les deux hommes ? Ils semblaient se connaître depuis… des centaines d’années.
— Qui êtes-vous ? finis-je par demander d’une voix tremblante au Noble, qui toisait la direction qu’avait dû prendre Calamity en fuyant. Un Élu d’Aion ?
Dans un mouvement brusque, il se tourna vers moi. Ses yeux me lancèrent des éclairs.
— Oh, Alice, vraiment ? Un Élu d’Aion ?
Ouvrant grand les bras, il lâcha un rire sec et nerveux, l’air désabusé.
— Ai-je l’air d’un vulgaire Élu ?
Je n’en savais rien. Je ne savais plus rien. Plus rien depuis que j’avais quitté mon foyer, fait route avec un Chasseur qui avait bousculé tout mon être, été enlevée par un Noble inhumain pour être ramenée à un père qui prévoyait de me sacrifier.
Mon père, qui était mort.

À bout de forces, je me laissai tomber à genoux, pris ma tête entre mes mains et criai. De douleur, de peine, de tristesse, d’incompréhension, de colère.
— Je sais, chuchota presque gentiment la voix du Noble – ou peu importe ce qu’il était – à mon oreille. Je sais ce que tu ressens, Alice.
Avec ce qui me semblait être de la tendresse, il posa une main sur ma tête.
— Je t’aime bien, petite humaine. Je n’avais pas rencontré d’âme comme la tienne depuis des décennies. J’apprécie ta vision de notre monde et ta volonté. Tu n’es pas la plus forte d’entre vous, ni la plus courageuse, ni la plus intelligente. (Estomaquée par ses promos, je réagis à peine lorsqu’il vint s’asseoir tranquillement en face de moi.) Mais tu as une petite flamme au fond des yeux, Alice Tharros, une flamme charmante qui ne demande qu’à être nourrie. Tu n’es encore qu’une étincelle, mais, un jour, tu seras foudre.
Avec gravité, il se pencha vers moi et prit mon visage entre ses mains. Il sentait toujours bon les fleurs et sa peau était douce.
— Mais j’ai besoin de ton aide, petite humaine. De la tienne et des autres Élémentalistes qui vont bientôt nous rejoindre.
Ses yeux changeants m’hypnotisaient. Sa voix légèrement rauque me happait de ses intonations suaves. J’avais toujours été attirée par l’aura mystérieuse du Noble, mais je commençais à comprendre seulement maintenant.
Les mortels avaient toujours été attirés par les divins.
Et je n’avais plus besoin de lui demander qui il était. En réalité, je le savais depuis le début. Il avait menti, caché son identité, s’était habilement masqué sous les traits d’un mystérieux Noble aux étonnantes capacités et à l’aura charmante.
J’avais déjà soupçonné son identité, élaboré mille théories sur sa nature. Quelques rares indices auraient dû me marquer, me mettre sur la voie.
J’aurais dû comprendre bien avant que l’un des cinq grands Dieux d’Oneiris m’accompagnait.
Il était ce qui m’entourait, il était l’air que je respirais, les plantes que je mangeais, l’eau que je buvais, le sol sur lequel je me mouvais, le vent dans lequel je dansais.
Il était le seigneur des éléments, il était le maître de la matière.
Le Dieu Aion.




A présent, pour les personnes qui n'auraient pas lu le prologue, je vous conseille d'aller y jeter un coup d'oeil ! ;)
Je vais résumer les événements du prologue dans les chapitres à venir, mais, si vous le souhaitez, le prologue vous apportera plus de détails :)


Dernière modification par louji le lun. 15 juil., 2019 3:52 pm, modifié 4 fois.
DanielPagés

Profil sur Booknode

Messages : 2595
Inscription : mer. 09 mars, 2011 4:04 pm
Localisation : France sud-ouest
Contact :

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par DanielPagés »

Ouch ! :lol:
Bon, ben là on a avancé ! Je ne sais pas trop quel est son plan, mais il y en a un derrière tout ça qui va rassembler tout le monde.
Continue, vite !! :lol: :lol:

Quelques bricoles :

L’endroit où je mourrai. Si c'est certain, oui pour le futur... si c'est "l'endroit où je devais mourir si tout se passait conformément au plan" il vaut mieux mettre le conditionnel 'mourrais'

qui avait fait s’arrêter sa monture. hum... ça me rappelle certaines tournures passives dont on a parlé un ou deux chapitres plus haut. Pourquoi pas 'qui avait arrêté' ou 'immobilisé'. Tu me diras qu'on voit mieux l'action humaine qui transmet à l'animal... mais déjà tu as parlé du garde qui tirait sur ses rênes.

Ahaha ! "qui avait fait se figer notre groupe" idem ! ce sont des tournures lourdes. 'qui avait figé', 'bloqué', 'cloué sur place'...

▼Empêcher qqch. de bouger — bloquer, coincer, contrer, paralyser.
•À l’aide de liens — amarrer, arrimer, assujettir, assurer, attacher, bloquer, fixer, retenir, river.
▼Empêcher qqn de bouger — clouer, maintenir, retenir, river, tenir.
•Par l’usage de la force — maîtriser, neutraliser, se rendre maître de.
•Sous le coup de l’émotion — clouer sur place, figer, glacer, méduser, paralyser, pétrifier, statufier, tétaniser.

Je me levai et approchai à pas intimidés de lui. Plutôt 'Je me levai et approchai de lui à pas intimidés.'

Je sursautai puis l’observai avec interdiction. "Avec interdiction" ?????

Je me repellais que je l’aimais :roll: :lol:

je voulais que nous rentrassions dans notre foyer. hum... :D

Une intense odeur d’ozone et de roussi m’envahit les narines. ou 'envahit mes narines', mieux syntaxiquement parlant...

Une sueur froide coula dans ma nuque. dans ? ou sur ou derrière

Oh, seigneur, gémit l’ennemi avant de partie en un violent torrent de rires bruyants. 'partir'

Une forte odeur d’ozone m’assaillait les narines : tiens j'ai déjà lu ça plus haut, pas loin... ;)

J’espère que, cette fois-ci, sera notre dernière rencontre. un peu ambigu : 'cette fois ci' semble faire référence à la rencontre actuelle. Or Calamity vient de parler d'autres rencontres à venir... pas trop clair

Tu répètes souvent "noble" alors qu'il n'y a que lui, donc pas d'ambiguité si tu remplaces le noble par un pronom
gronda le Noble gronda-t-il / danser sur les bras du Noble/ danser sur ses bras

Tu n’es pas la plus forte d’entre vous, ni la plus courage... courageuse ?


T'es rentrée ?
On te soutient ! ;)
Bisous
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Ouch ! :lol:
Bon, ben là on a avancé ! Je ne sais pas trop quel est son plan, mais il y en a un derrière tout ça qui va rassembler tout le monde.
Continue, vite !! :lol: :lol:

Quelques bricoles :

L’endroit où je mourrai. Si c'est certain, oui pour le futur... si c'est "l'endroit où je devais mourir si tout se passait conformément au plan" il vaut mieux mettre le conditionnel 'mourrais'

qui avait fait s’arrêter sa monture. hum... ça me rappelle certaines tournures passives dont on a parlé un ou deux chapitres plus haut. Pourquoi pas 'qui avait arrêté' ou 'immobilisé'. Tu me diras qu'on voit mieux l'action humaine qui transmet à l'animal... mais déjà tu as parlé du garde qui tirait sur ses rênes.

Ahaha ! "qui avait fait se figer notre groupe" idem ! ce sont des tournures lourdes. 'qui avait figé', 'bloqué', 'cloué sur place'...

▼Empêcher qqch. de bouger — bloquer, coincer, contrer, paralyser.
•À l’aide de liens — amarrer, arrimer, assujettir, assurer, attacher, bloquer, fixer, retenir, river.
▼Empêcher qqn de bouger — clouer, maintenir, retenir, river, tenir.
•Par l’usage de la force — maîtriser, neutraliser, se rendre maître de.
•Sous le coup de l’émotion — clouer sur place, figer, glacer, méduser, paralyser, pétrifier, statufier, tétaniser.

Je me levai et approchai à pas intimidés de lui. Plutôt 'Je me levai et approchai de lui à pas intimidés.'

Je sursautai puis l’observai avec interdiction. "Avec interdiction" ?????

Je me repellais que je l’aimais :roll: :lol:

je voulais que nous rentrassions dans notre foyer. hum... :D

Une intense odeur d’ozone et de roussi m’envahit les narines. ou 'envahit mes narines', mieux syntaxiquement parlant...

Une sueur froide coula dans ma nuque. dans ? ou sur ou derrière

Oh, seigneur, gémit l’ennemi avant de partie en un violent torrent de rires bruyants. 'partir'

Une forte odeur d’ozone m’assaillait les narines : tiens j'ai déjà lu ça plus haut, pas loin... ;)

J’espère que, cette fois-ci, sera notre dernière rencontre. un peu ambigu : 'cette fois ci' semble faire référence à la rencontre actuelle. Or Calamity vient de parler d'autres rencontres à venir... pas trop clair

Tu répètes souvent "noble" alors qu'il n'y a que lui, donc pas d'ambiguité si tu remplaces le noble par un pronom
gronda le Noble gronda-t-il / danser sur les bras du Noble/ danser sur ses bras

Tu n’es pas la plus forte d’entre vous, ni la plus courage... courageuse ?


T'es rentrée ?
On te soutient ! ;)
Bisous
Haha, oui, enfin un grand pas après avoir tourné en rond pendant un moment :roll:

Bon, les bricoles, je m'y attendais, car j'ai écrit ce chapitre d'une traite sans le retoucher, alors il y avait de fortes chances pour qu'il y ait des maladresses (et l'une de mes amies en a relevé aussi!) :oops: Du coup, je prends note des corrections, merci ! ;)

Bouh, je vois plein de maladresses dans le texte maintenant que j'ai le nez dedans :lol:

"Repellais" ... c'est intéressant comme mot... :lol:

C'est tellement moche le subjonctif imparfait, j'aimerais me rincer les yeux à la Javel... Je vais cherche une autre tournure pour la phrase, histoire d'éviter ce "rentrassions" (et la phrase qui n'est pas très jolie tout court) :roll:

Ah oui, pour le "cette fois-ci", c'est ambigu, en effet !

Oui, j'ai fait ma rentrée... le 4 ! :cry: Mais ça va, comme c'est le début d'année, mon emploi du temps n'est pas trop chargé ;)
Merci, courage à toi aussi !
Et merci pour ton précieux retour ;) Bisous
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par vampiredelivres »

GLOIRE ET HONNEUR AU DIVIN AION ! :lol:

Plus sérieusement, je suis trop contente qu'il soit vraiment notre grand maître des éléments… Ça rend Alice d'autant plus cruche qu'elle a juste cru quelqu'un – ou a voulu le croire, en tout cas – lorsqu'il lui a dit "Non, je ne suis pas Aion". Mais bon, elle est comme ça, on commence à l'aimer telle qu'elle.
Le petit passage de Calamity et leur affrontement était très cool ! D'ailleurs, tant qu'on y est, tu l'auras probablement deviné, mais j'adore déjà Calamity. Il a l'air totalement barge et psychotique, c'est génial ! :lol: Le combat était bien décrit, et d'autant plus intéressant qu'Alice n'y participe absolument pas, ça rend les choses beaucoup plus vivantes au niveau des dommages collatéraux, qu'on a souvent tendance à occulter…
Mais du coup, c'est un peu dommage que Dastan ait foutu le camp, j'aurais bien aimé le voir égorgé sur l'autel à la place de sa sœur… D'ailleurs, qu'est-ce qui est arrivé à l’Impératrice, du coup ? Elle est restée en mode saucisson pendant tout l'affrontement ? La pauvre, elle a dû se prendre pas mal de rocs dans la tronche… :mrgreen:

Une dernière question, parce que je suis une tête de linotte : Al est l'Élu du Nord, Alice celle de l'Ouest, Soraya celle du Sud, et celui de l'Est, c'est…? :?

D'ailleurs, quelques petites remarques que Daniel n'a pas faites, il me semble…
◊ Avec la rage au cœur, jje voulais le libérer et rentrer chez moi ;)
◊ Ce titre, si spécifique, était autrefois accordé à de rares humains très proches des Dieux et doués d’une partie de leur pouvoir. :arrow: Doué : Qui a un don, des capacités naturelles pour quelque chose. => Tu n'aurais pas voulu dire "dotés" ?
◊ Il était ce qui m’entourait, il était l’air que je respirais, les plantes que je mangeais, l’eau que je buvais, le sol sur lequel je me mouvais, l’air dans lequel je dansais. :arrow: Répétition de l'air ;)

À bientôt ! :)
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :GLOIRE ET HONNEUR AU DIVIN AION ! :lol:

Plus sérieusement, je suis trop contente qu'il soit vraiment notre grand maître des éléments… Ça rend Alice d'autant plus cruche qu'elle a juste cru quelqu'un – ou a voulu le croire, en tout cas – lorsqu'il lui a dit "Non, je ne suis pas Aion". Mais bon, elle est comme ça, on commence à l'aimer telle qu'elle.
Le petit passage de Calamity et leur affrontement était très cool ! D'ailleurs, tant qu'on y est, tu l'auras probablement deviné, mais j'adore déjà Calamity. Il a l'air totalement barge et psychotique, c'est génial ! :lol: Le combat était bien décrit, et d'autant plus intéressant qu'Alice n'y participe absolument pas, ça rend les choses beaucoup plus vivantes au niveau des dommages collatéraux, qu'on a souvent tendance à occulter…
Mais du coup, c'est un peu dommage que Dastan ait foutu le camp, j'aurais bien aimé le voir égorgé sur l'autel à la place de sa sœur… D'ailleurs, qu'est-ce qui est arrivé à l’Impératrice, du coup ? Elle est restée en mode saucisson pendant tout l'affrontement ? La pauvre, elle a dû se prendre pas mal de rocs dans la tronche… :mrgreen:

Une dernière question, parce que je suis une tête de linotte : Al est l'Élu du Nord, Alice celle de l'Ouest, Soraya celle du Sud, et celui de l'Est, c'est…? :?

D'ailleurs, quelques petites remarques que Daniel n'a pas faites, il me semble…
◊ Avec la rage au cœur, jje voulais le libérer et rentrer chez moi ;)
◊ Ce titre, si spécifique, était autrefois accordé à de rares humains très proches des Dieux et doués d’une partie de leur pouvoir. :arrow: Doué : Qui a un don, des capacités naturelles pour quelque chose. => Tu n'aurais pas voulu dire "dotés" ?
◊ Il était ce qui m’entourait, il était l’air que je respirais, les plantes que je mangeais, l’eau que je buvais, le sol sur lequel je me mouvais, l’air dans lequel je dansais. :arrow: Répétition de l'air ;)

À bientôt ! :)
XD contente de voir ton enthousiasme
(d'ailleurs, en parlant d'Aion, tu as vu que la MAJ 6.0 arrive le 19/09 :geek: Je sais pas trop quoi en penser... Ils présentent ça comme la MAJ du siècle qui va tout changer de ouf, mais, à part rajouter 2-3 instances et supprimer 60% de la map, je vois pas trop ce qui va changer :lol: )

Oui, je m'en doute :D C'était assez prévisible, même si j'ai essayé d'inclure quelques contre-indices :roll: Ha, oui, mais bon, elle n'est pas la seule à l'avoir pris pour autre chose que le tout-puissant Aion !
Oh, contente que le passage t'ait plu, je savais pas du tout comment il passait :? J'avais l'impression que c'était assez chaotique (même si ça va bien avec la scène, il y a une limite haha). Oui, tu as ton personnage complètement barge, là, oui XD
Ah oui, mais je l'avais pas prévu dans la suite du plan, à vrai dire :roll: (mais il sera dans le T2 ^^) Pour l'Impératrice, un bon saucisson impérial, oui :D

Tu n'es pas une tête de linotte, puisque ça n'a pas été révélé :lol: Tu auras ta réponse dans les prochains chapitres ;)

Oh, merci pour les remarques, c'est gentil !

- Le double "j" n'était pas là, à la base :roll: Je l'ai ajouté en corrigeant la phrase sur BN
- Yep, c'est "dotés" le mot auquel je pensais plus particulièrement ^-^
- Oupsie, en effet, merci !

Merci beaucoup pour ton commentaire ! ;)
A bientôt =)
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

Bon, je me doute qu'après le chapitre précédent, celui-ci n'aura pas la même saveur, mais le voilà quand même :roll:



Chapitre 19
Achalmy



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois de l’été, Ma’an, Terres du Sud.



La sueur me coulait dans les yeux, sur la nuque et les épaules. La gauche, celle qui avait été meurtrie par une flèche lors de mon affrontement contre la troupe royale deux semaines plus tôt, me lançait particulièrement.
Avec un grognement, je rampai vers Wilwarin, qui s’était caché sous un amas de vieilles caisses en bois abandonnées. Grâce à sa silhouette frêle, il s’était glissé dessous sans difficulté, mais c’était tout bonnement impossible pour moi. J’étais trop grand, trop large d’épaules et, peut-être, un peu trop pataud. Alors je me contentai de me caler contre le mur près de lui, le souffle encore court de notre récente fuite.
— Tu arrives à les repérer avec tes animaux ? murmurai-je d’une voix basse et rauque.
— N-Non, bredouilla Wilwarin, les joues roses d’avoir couru. En fait, je… je n’arrive pas à entrer en contact avec les animaux des alentours.
— Comment ça ?
— Il me faut du temps pour établir un contact serein et confiant avec un être que je ne connais pas. (Il parut soudain las et embarrassé.) J’en suis incapable, la fuite m’a rendu nerveux. J’arrive à peine à détecter leur aura, alors communiquer avec eux… ? Impossible.
La colère me fit serrer les dents alors que la fatigue me rendait déjà tendu.
— Wilwarin, si on sort pas vivants de ce pétr…
— Je sais ! me coupa-t-il d’un ton angoissé. Achalmy, je ne me suis jamais battu ! Nous sommes un peuple pacifique, le combat ne fait pas partie de nos tradi…
— Vanä sait se battre, rétorquai-je sèchement sans attendre qu’il eût terminé sa phrase. Et plutôt bien, d’ailleurs.
— Tu crois que je ne le sais pas ?
Au ton de sa voix, sec et nerveux, je compris que je l’avais vexé. Mais, à ce moment-là, alors qu’une bande de voleurs assoiffés de vengeance était à nos trousses, je m’en fichais éperdument.
— Vanä est une exception, reprit l’Oriental en plissant les yeux. Elle est la seule Sage à savoir combattre. Nous autres, les plus anciens et moi, ne sommes pas aptes à…
— Tais-toi, sifflai-je alors que des raclements de chaussures nous parvenaient depuis la rue adjacente.
Comprenant ce qui se passait, Wilwarin recula sous les caisses comme un chat effrayé par l’aboiement d’un gros chien. Avec nervosité, j’agrippai mon sabre court, Kan, et adoptai une posture offensive. Je misais sur une attaque surprise pour décimer le gros de leurs forces. Le reste, je le ferais à l’improvisation et au culot. Improviser était un pan essentiel du style de combat que Zane m’avait enseigné. Pour le culot, c’était ma touche personnelle.
Et elle n’aurait sûrement pas plu à mon ancien maître.

Les voix se rapprochèrent. Nerveux, je m’efforçai de prendre un rythme de respiration profond et souple. Si ma vie avait été la seule en jeu, j’aurais été plus serein. Mais avec un fardeau incapable d’user de ses compétences d’Élémentaliste ?
Même Alice m’était plus utile au combat, souffla une voix cynique au coin de mon esprit.
Pour être honnête, non seulement elle était utile, mais, j’en étais certain, elle pouvait aussi être efficace. Seuls sa peur de blesser autrui et son manque de confiance en elle l’empêchaient de faire pleinement appel à sa puissance.
Mais Alice n’était pas là. Elle était partie depuis deux jours déjà de Ma’an alors que j’y étais encore coincé. Nous avions débarqué hier en fin d’après-midi. Une journée s’était écoulée depuis. Une journée harassante et dangereuse.
Les deux voleurs que j’avais combattus sur la Cocarde, le petit voilier que nous avions emprunté, n’avaient pas tardé à se libérer des forces sudistes. Dès lors, le Chasseur à qui j’avais ôté la main avait lancé ses hommes à nos trousses. Une demi-douzaine de gars fâchés et agressifs nous poursuivait depuis ce matin. J’ignorais si le Chasseur bandit était leur chef, ou une importante figure de leur groupe, mais il avait dû se montrer convaincant pour que ses compagnons se lançassent aussi rapidement à notre poursuite.

Wilwarin et moi avions passé la nuit dans la grange d’une auberge de bas-étage. Alors que le soleil se levait tout juste, nous avions entendu des bruits de pas et de lames. Cachés par le foin, les voleurs ne nous avaient pas débusqués tout de suite. En passant par une fenêtre de la grange, nous avions pu fuir sans se faire remarquer. J’ignorais comment les gars faisaient pour nous retrouver partout où nous allions, mais ils réussissaient. Peut-être avaient-ils parmi eux des Élémentalistes capables de nous tracer.

Avec lenteur, pour éviter de faire du bruit, je dégainai Eon, mon long katana de glace. La lame émit tout de même un discret chuintement, délicat et métallique. Un son que j’adorais.
Trois hommes apparurent devant moi. Sentant mon aura menaçante et mon regard perçant posé sur eux, ils tournèrent la tête. Le plus âgé devait avoir trente ans. Vêtus de vêtements simples, pour passer inaperçus, et souples, pour faciliter la course, ils se jetèrent nerveusement sur leurs armes. Mais j’avais été plus rapide.
La lame d’Eon entailla profondément le bras de l’homme le plus proche de moi dans un bruit de succion. Sans attendre, je basculai mes appuis et enfonçai Kan, dans un mouvement de botte foudroyante, dans la gorge d’un deuxième. Les yeux exorbités, il fixa sans comprendre le sang qui gicla à haute pression une fois le sabré délogé de son cou.
Mon cœur pulsait rapidement sous mes côtes, envoyant mon sang bouillant de combattivité dans mon corps. J’aspirai à grandes bouffées l’air chaud et humide de Ma’an, ignorant les gouttelettes de sueur sur mon corps et mes mains moites. Avec un mouvement rotatif du bassin, je fis virevolter mes sabres jumeaux pour taillader le torse du troisième voleur – une femme, remarquai-je alors. Poussant un cri étouffé de douleur, elle s’effondra et roula dans la poussière en répandant une traînée rougeâtre.
Sans me laisser reprendre mon souffle, le premier voleur, celui que j’avais blessé au bras, me lança une dague. Un jet d’eau la détourna de mon visage et je me servis du serpent liquide pour lui percer l’épaule. Le voleur porta une main à la plaie ouverte et bascula en arrière, sonné de douleur.
— Ici, ici ! hurla une voix à ma droite.
La gorge rendue sèche par ma respiration courte, j’avalai péniblement ma salive. Trois autres voleurs arrivaient en courant, leurs armes déjà la main. Avec difficulté, je dressai une paroi de glace entre les deux murs étroits qui délimitaient la ruelle poussiéreuse et étouffante.
Le contrecoup de cet appel élémentaire se fit aussitôt ressentir. Sonné de fatigue, je tombai sur un genou, jurai tout bas, puis me relevai en tremblant sur mes appuis.
Tu devras être plus résistant si tu veux battre le comte Wessex Bastelborn, gronda une voix autoritaire au coin de mon esprit.
Ou plus malin, asséna une autre. Utilise le gaz, pas la glace, crétin d’Al. Il fait chaud, pas froid. C’est le Sud, pas le Nord.
Évidemment. Crétin de moi.

Mes assaillants s’efforçaient de briser le mur de glace à coups de hache et d’épée. Je pris le temps de calmer mon cœur avant de repartir au combat. Plutôt que d’attendre qu’ils eussent terminé de casser la frontière gelée qui nous séparait, je fis disparaître instantanément celle-ci en la transformant en nuage brumeux. Je me jetai sur le groupe de voleurs, pris de court et désorientés. D’un mouvement descendant du poignet, j’abattis Eon sur l’un d’eux, qui s’affaissa à mes pieds en criant de douleur et de surprise.
L’un des voleurs profita du cri de son allié pour me repérer. Sa lame m’érafla la joue alors que je bondissais en arrière en percevant l’éclat argenté d’une épée courte. Le sang tiède commença à couler sur ma joue et j’en récupérai une goutte du bout de la langue. Son goût métallique me galvanisa.
Avec un cri féroce, je me jetai contre l’ennemi. Sa lame bloqua celle de Kan. Profitant de son attention détournée, je fis remonter Eon vers son flanc. Mon bras trembla brutalement lorsque le katana fut soudainement bloqué à une trentaine de centimètres du sol. D’un coup d’œil, j’observai mon arme et écarquillai les yeux d’étonnement. Le voleur avait contré ma lame du pied. Une petite plaque de métal recouvrait la plante de sa bottine noire.
Malin, malin.
Une paire d’iris d’un bleu pâle me toisèrent froidement lorsque je retournai mon attention vers l’ennemi. Une bouche charnue, un visage halé par le soleil, des cheveux châtain fouettés par le vent et le sable… La femme que j’affrontais était plutôt jolie à voir.
Et dure à cuire.

La voleuse me repoussa en arrière avec un cri guttural. Un raclement de poussière fusa derrière moi et je me retournai pour voir une hache s’abattre dans ma direction. Instinctivement, je fis appel aux éléments et la lame courbée de l’ennemi se ficha dans une motte de glace. Sans mes pouvoirs, j’aurais été grièvement blessé.
De nouveau, je me tournai vers la femme, qui lançait son épée vers mon flanc. Je contrai à l’aide d’Eon puis ordonnai mentalement à mon arme de se transformer en glace. En apercevant la lame gelée, la voleuse écarquilla les yeux puis bondit en arrière. Mais trop tard : son épée resta collée à la mienne, figée par le lien glacé qu’avait forgé Eon entre elles. Plutôt que de se retrouver en position de faiblesse, la voleuse lâcha son épée puis s’éclipsa d’un bond agile.
Avant que j’eusse le temps de l’attraper, elle courut sur le mur, agrippa une pierre saillante puis se hissa au bord du toit. En quelques secondes, elle avait disparu.
Rapide.
Le grognement du dernier assaillant m’arracha à la contemplation du ciel dégagé. D’un mouvement vif, je tranchai l’air à l’aide de Kan. Mon sabre vint cogner brusquement contre la hache du voleur dans un crissement métallique. Sans plus attendre, l’homme redressa son arme pour la lever au-dessus de sa tête. Après avoir emmagasiné assez de puissance, il la fit fuser dans ma direction. Je reculai aussitôt, pour me retrouver bloqué contre le mur. La peur sauta à ma gorge alors que la hache filait droit vers ma poitrine.
Une pierre frappa la tempe du voleur. Désorienté, il bascula de côté et son arme me frôla pour s’enfoncer dans le mur à quelques centimètres de mon bras gauche.
Le cœur battant en sourdine, je tournai la tête vers l’origine du lancer de pierre.
— Ça va ? s’enquit Wilwarin, l’air effaré par le geste qu’il venait de commettre.
— Ça va, confirmai-je en me décalant du mur.
Avant que l’ennemi eût le temps de recouvrer ses esprits, j’abattis le pommeau d’Eon à l’arrière de son crâne. Il s’effondra dans la poussière avec un geignement indigné.
— Tu viens de me sauver la vie, Wilwarin, déclarai-je tranquillement en m’avançant vers lui, mes sabres au bout des bras.
— Tu aurais contré l’attaque, répliqua mon allié en secouant la tête, modeste.
— Peut-être pas. Il m’a acculé contre le mur, j’ai pas fait attention. (Je jetai un coup d’œil autour de nous pour m’assurer que la menace était passée.) Ces salauds ont l’avantage du terrain. Je suis habituée à me battre dans les plaines, les côtes, les forêts… Mais la ville, les dédales de ce taudis ?
Agacé par ma propre faiblesse, je secouai la tête. Qu’est-ce qui m’arrivait depuis quelques temps ? N’avais-je pas été tatoué de la Marque Noire car j’étais fort et capable ? J’avais cette irritable impression que ma vie dépendait des actions des autres en ma faveur.
Exactement ce que je détestais.

— Partons vite, repris-je à l’adresse de Wilwarin en rengainant mon long sabre de glace.
Par précaution, je gardai en main Kan et me mis à trottiner, m’assurant que l’Oriental me suivait. Les traits encore tendus par notre récente confrontation avec les voleurs, Wilwarin courait derrière moi en tournant frénétiquement la tête. Le pauvre, il n’était pas habitué. Le gouvernement de l’Est devait vraiment être inquiet des ambitions du roi Tharros et de ses fidèles acolytes pour qu’il envoyât l’un de ses Sages sur le terrain. Comme mon allié me l’avait si bien dit, ils n’étaient pas des guerriers.
Cela n’empêchait pas Wilwarin de bien savoir viser avec des pierres.

Alors que nous tentions tant bien que mal de sortir de la ville et de ses méandres aussi poussiéreux que dangereux, j’accordai une courte prière aux Dieux. S’ils pouvaient nous empêcher de retomber sur les sbires du Chasseur amputé, je leur en serais reconnaissant.
Les yeux fixés sur le bout de la ruelle que nous traversions, je ne fis pas tout de suite attention à ce que Wilwarin me montrait du doigt. Le Sage dut m’appeler pour que je lui accordasse mon esprit. Une embouchure coupait la ruelle en deux. Une odeur de pourriture et de fermentation en provenait. Guère attiré par la bouche sombre qui ouvrait sa gueule sur un couloir humide et nauséabond, je fronçai le nez.
— Achalmy, insista mon allié en me faisant les gros yeux, regarde.
Avec un soupir impatient, je m’approchai de lui et lorgnai la minuscule allée sombre. Des peaux de fruits et d’animaux en décomposition se mélangeaient pour former une mélasse obscure et puante. Le coin devait servir de compost à ciel ouvert.
— Des ordures, grommelai-je en roulant les yeux. C’est ça que tu voulais me montrer ?
Wilwarin me dévisagea d’un air exaspéré comme si j’étais un parfait imbécile. Il pointa de nouveau la ruelle du doigt.
— Regarde au bout, marmonna-t-il avant de grommeler quelque chose dans sa barbe.
J’étais prêt à parier que c’était une injure. Ignorant sa mauvaise humeur, je plissai les yeux. Et poussai une petite exclamation. Une barrière fermait la ruelle à l’autre bout et laissai voir ce qui devait être un petit pré. Trois chevaux et deux ânes y broutaient avec flegme sous le soleil torride.
Sans plus attendre, je me jetai dans la traboule. Lorsque mes pieds s’enfoncèrent dans la mélasse en décomposition et habitée de centaines de mouches, je réprimai un grognement dégoûté. Les intestins à l’air ou un cadavre abandonné depuis trois jours n’étaient pas foncièrement plus repoussants.
J’entrouvris les lèvres pour respirer avec la bouche et soulager mes narines des odeurs pestilentielles qui tentaient de s’y infiltrer. Mes semelles produisaient un « spouitch » éloquent à chaque pas. Les murs étaient envahis de champignons et de plantes grimpantes qui tiraient leurs forces de l’humus qui s’étendait à mes pieds.
— Achalmy, attends-moi, s’il te plaît, m’intima Wilwarin d’un ton étouffé.
Préférant ne pas gaspiller mon souffle inutilement, je ne répondis pas, mais ralentis légèrement la cadence. Au bout de quelques trop longues minutes, nous atteignîmes la barrière qui fermait la ruelle. Le cheval qui se tenait le plus près de nous leva brièvement la tête pour nous narguer quelques instants avant de se tourner. J’avais une belle vue sur sa croupe.
— Wilwarin, marmonnai-je entre mes dents, tu veux bien faire comprendre à ce canasson que c’est pas très poli de montrer ses fesses à des inconnus ?
Comme il tentait de déloger la barrière en la secouant, le Sage ne me répondit pas. Avec un soupir las, je le repoussai sans brusquerie puis posai une main sur le montant en bois. Je sentis l’eau se condenser sous ma paume. Puis le bois se fendit sous la pression de l’eau à haute température s’infiltrant entre ses fibres.
Sans difficulté, je poussai la barrière cassée de côté et m’avançai dans le pré. Soulagé de l’air bien plus pur que j’inspirai, je laissai mes épaules se détendre.
Tout va bien. On va y arriver. On va retrouver Alice. La sauver.

— Achalmy, souffla Wilwarin derrière moi, il nous faut du matériel pour chevaucher.
Finir le trajet à dos de cheval était la raison pour laquelle nous nous retrouvions les pieds dans le crottin après les avoir trempés dans de la mélasse en décomposition. Nous serions au Noyau beaucoup plus rapidement ainsi.
— Appelle-moi Al, déclarai-je soudain en me tournant vers le Sage. Plus simple.
— D’accord, répondit-il d’un air penaud avant de montrer les équidés qui broutaient l’herbe desséchée de leur petit pré. Il nous faut de quoi les harnacher.
— Eh bien, tâchons de trouver, me contentai-je de déclarer avec un sourire en coin.
Sans attendre sa réponse, je fis le tour du pré. Il était petit, trop petit pour cinq bêtes. Mais leur propriétaire ne devait pas avoir les moyens d’acheter de plus grandes parcelles de terres. À l’idée de voler deux de ses animaux, je me sentais un poil coupable. Mais cette légère culpabilité n’était rien face à la peur qui me tordait les tripes en songeant au sort prochain d’Alice.
Alors que je me hissais par-dessus la barrière pour me rendre à une petite cabane qui était installée près d’un puits, l’image sanglante d’Alice affaissée dans les bras du comte Wessex Bastelborn m’assaillit. Je clignai des yeux, mais ne pus entièrement chasser les entailles vermeilles qui ressortaient vivement sur la peau claire de mon amie. Ni ses yeux grands ouverts sur le ciel, mais vides de vie.
Furieux, je fis exploser le cadenas qui bloquait la porte du cabanon. Perdu dans mes pensées révoltées, il me fallut un moment pour comprendre ce qu’étaient les cordes de cuir et les formes sombres qui étaient rangées ici. Des selles, des rênes, des filets et des étriers étaient disposés sur des étagères et des montants en bois. Le cuir n’était pas d’une grande qualité ni récent, mais il conviendrait parfaitement.
— Wil ! criai-je d’une voix puissante. J’ai trouvé.
Le Sage ne m’en voulut pas de le surnommer ainsi ni de m’être adressé à lui d’un ton un peu mordant. Ses yeux verts-jaunes, qui s’étaient assombris naturellement depuis ce matin, luisirent dans les rayons de soleil qui éclairaient son visage juvénile.
— Laisse-moi expliquer à ces pauvres chevaux nos intentions et nous partons, finit par souffler Wilwarin avec une grimace contrite.

La plaine aride était si vide de vie et d’ombres, le ciel si immobile et le sol si régulier que je me demandais comment je faisais pour ne pas perdre la tête. Wilwarin m’avait prévenu que traverser la Zone Morte ne serait pas une partie de plaisir. Que les Dieux avaient chassé toutes traces de vie de ces contrées. Pire : que même la mort n’y était pas présente. Aucune carcasse, aucun arbre rabougri n’étaient visibles depuis deux jours. Il n’y avait que les cieux bleus, immobiles et sans nuages, et cette poussière lourde sous les sabots de nos montures.
Wilwarin avait prévu le coup, car il savait que nous ne trouvions ni de quoi boire, ni de quoi nous nourrir. Nous avions volé – Wil disait emprunté, mais je ne voyais pas comment nous allions rendre les animaux à leur propriétaire – un âne en plus des deux chevaux pour transporter des vivres. Il nous en restait encore, de quoi subvenir à nos besoins pour deux ou trois jours. Mais j’avais peur que nous manquions d’eau. Les bêtes étaient gourmandes en liquide et c’était tout à leur honneur alors qu’elles nous portaient depuis deux jours.

Wil prétendait savoir où se trouvait l’unique entrée du Noyau. L’Épine, le gouvernement de l’Est, dont faisaient partie Vanä et Wilwarin, gardait un œil vigilant sur le cœur d’Oneiris depuis les événements du Grand Désastre. Cette surveillance avait commencé par repérer l’accès au Noyau et à prévenir les curieux qui voudraient s’aventurer là-bas des dangers qu’ils pouvaient rencontrer.
D’après Wilwarin, aucun humain n’avait pénétré le Noyau depuis le Grand Désastre. La colère des Dieux, qui s’était abattue sur les quatre contrées d’Oneiris, nous avait bien fait comprendre leur amertume et leur souffrance.
Le comte Wessex Bastelborn pensait-il vraiment obtenir les faveurs des Dieux après le Grand Désastre ? Il s’était écoulé cinq cents ans depuis les événements qui avaient jeté une barrière entre nous et nos divinités protectrices, mais que représentait cette durée pour nos créateurs ? Étaient-ils aujourd’hui plus enclins à nous écouter ? Avaient-ils pardonné nos ancêtres, ceux qui avaient été à l’origine de la fracture de nos liens ?
Six humains avaient déclenché le Grand Désastre. Un roi Tharros, une impératrice Samay, un chasseur des anciennes Terres Libres ainsi que trois Élus. Ceux-ci étaient des favoris des Dieux avant le Grand Désastre, des hommes et des femmes pourvus d’une partie des pouvoirs des divinités et médiateurs entre les Cieux et nous. Comme aucun des six humains qui s’étaient rendus au Noyau n’était revenu, nous ne sûmes jamais ce qui avait provoqué la colère des Dieux.
Peut-être étions-nous sur le point de provoquer un deuxième Désastre en quémandant les faveurs des divinités protectrices d’Oneiris.


Dernière modification par louji le lun. 15 juil., 2019 4:23 pm, modifié 4 fois.
TcmA

Profil sur Booknode

Messages : 407
Inscription : dim. 02 sept., 2018 10:44 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par TcmA »

Hello, Sunshine :D

(Je ne passerai plus par notre forum pour commenter, je pense, je le ferai directement sur BN :0 )

Comme d'habitude, tu écris tellement bien ♥ (Tu m'excuseras, je n'ai pas fait attention aux fautes, je suis un peu claquée ce soir :'/)

Même si le chapitre précédent était plein de révélations, celui-ci est rempli d'action toutes plus badass les unes que les autres! Vraiment, j'étais happée par l'action, je ne pouvais pas m'arrêter de lire. Et les descriptions des duels, des blessures, de la fièvre combattante d'Al, de ses pouvoirs (toujours aussi classes)... Wow wow wow, yes please, on en veut plus :3
Les interactions et les dialogues entre Wilwarin et Al sont vraiment tops, ils sont fluides et réalistes, ils me font beaucoup rire. Et j'adore Wilwarin, il est super XD
Oh ho ho, les retrouvailles approchent, les chemins sont sur le point de se croiser, et ces réflexions inquiétantes, voire sinistres... J'ai hâte d'en lire plus *^*

Merci et bravo pour ce beau chapitre, j'ai hâte d'en lire la suite!

Bisous,

Sasa :3
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

TcmA a écrit :Hello, Sunshine :D

(Je ne passerai plus par notre forum pour commenter, je pense, je le ferai directement sur BN :0 )

Comme d'habitude, tu écris tellement bien ♥ (Tu m'excuseras, je n'ai pas fait attention aux fautes, je suis un peu claquée ce soir :'/)

Même si le chapitre précédent était plein de révélations, celui-ci est rempli d'action toutes plus badass les unes que les autres! Vraiment, j'étais happée par l'action, je ne pouvais pas m'arrêter de lire. Et les descriptions des duels, des blessures, de la fièvre combattante d'Al, de ses pouvoirs (toujours aussi classes)... Wow wow wow, yes please, on en veut plus :3
Les interactions et les dialogues entre Wilwarin et Al sont vraiment tops, ils sont fluides et réalistes, ils me font beaucoup rire. Et j'adore Wilwarin, il est super XD
Oh ho ho, les retrouvailles approchent, les chemins sont sur le point de se croiser, et ces réflexions inquiétantes, voire sinistres... J'ai hâte d'en lire plus *^*

Merci et bravo pour ce beau chapitre, j'ai hâte d'en lire la suite!

Bisous,

Sasa :3
(Yep, ce sera plus simple :) )

Beh, j'ai l'impression d'avoir fait du caca sur ce chap, mais, si tu l'aimes bien, tant mieux quand même XD (pas de soucis pour les fautes, j'ai mon correcteur préféré (c'est Daniel ♥) qui laisse rien passer :lol: )

Voui, je voulais un chapitre qui bouge après celui d'Alice, car mettre un chapitre tout calme où il se passe pas grand-chose aurait été assez frustrant pour le lecteur, je pense ^^' J'aurais pas cru que ça te plaise autant :shock: Merci !
Si les dialogues passent bien, tant mieux, j'ai toujours peur qu'ils sonnent faux =D
Yeees, ça arrive tout bientôt :lol:

Merci à toi d'être passée lire, oui ♥

Bizouz (oui, c'est nouveau, c'est mon correcteur qui me l'a proposé, j'ai bien aimé XD)

Co'
TcmA

Profil sur Booknode

Messages : 407
Inscription : dim. 02 sept., 2018 10:44 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par TcmA »

louji a écrit :Voui, je voulais un chapitre qui bouge après celui d'Alice, car mettre un chapitre tout calme où il se passe pas grand-chose aurait été assez frustrant pour le lecteur, je pense ^^' J'aurais pas cru que ça te plaise autant :shock: Merci !
Si les dialogues passent bien, tant mieux, j'ai toujours peur qu'ils sonnent faux =D
Ça marche super bien et puis ce côté sauvage (feral en anglais, parce que le mot est super cool) d'Al est fascinant. Ça rappelle, comme tu l'avais dit il y a quelques chapitres, qu'il est un Chasseur et qu'il a dû se battre pour survivre/arriver là où il est. Chais pas, c'est cool *^*
louji a écrit :Bizouz (oui, c'est nouveau, c'est mon correcteur qui me l'a proposé, j'ai bien aimé XD)
Pas mal, pas mal, j'aime beaucoup XD
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

TcmA a écrit : Ça marche super bien et puis ce côté sauvage (feral en anglais, parce que le mot est super cool) d'Al est fascinant. Ça rappelle, comme tu l'avais dit il y a quelques chapitres, qu'il est un Chasseur et qu'il a dû se battre pour survivre/arriver là où il est. Chais pas, c'est cool *^*
louji a écrit :Bizouz (oui, c'est nouveau, c'est mon correcteur qui me l'a proposé, j'ai bien aimé XD)
Pas mal, pas mal, j'aime beaucoup XD
Oui, je vois de quoi tu parles :D C'est ce qui fait son charme, on va dire XD Mais c'est sympa à gérer ce genre de personnage, car tu peux lui donner des coups de sang assez fascinants à mettre en scène =D
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

Ohlala, j'ai la tête en l'air, j'ai oublié quelque chose de très important !



A l'adresse des éventuel(le)s lecteur(trice)s qui passent par là : une de mes très proches amies a enfin osé poster son histoire sur ce forum et je voulais l'aider à avoir quelques passages sur son histoire :D En revanche, je préviens tout de suite : elle écrit en anglais, car elle s'y sent plus à l'aise qu'en langue française. Comme elle est douée et fait des efforts sur les tournures de phrases et le vocabulaire, c'est un anglais d'assez bon niveau, donc il faut tout de même avoir de bonnes bases dans la langue pour lire ^-^
Quant aux thèmes, c'est à propos de la recherche et de la reconstruction de soi, des relations humaines, de la psychologie... je crois que ça peut intéresser tout le monde ! Mais le mieux est encore d'y faire un tour directement : DC/RC.

Voilà, en espérant que vous vous y intéressiez (et vous inquiétez pas, elle ne mord pas :P )
TcmA

Profil sur Booknode

Messages : 407
Inscription : dim. 02 sept., 2018 10:44 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par TcmA »

Cooooooooooooooooooooo' :oops: :oops:

Aaaaah, tu me fais rougir :oops:

Merci, Sunshine ♥ ♥ ♥
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

TcmA a écrit :Cooooooooooooooooooooo' :oops: :oops:

Aaaaah, tu me fais rougir :oops:

Merci, Sunshine ♥ ♥ ♥
Normal héhé :mrgreen:
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par vampiredelivres »

Heyyy !

J'ai lu le chapitre 20 min après sa sortie… mais c'est maintenant que je trouve le temps de commenter… Je déteste déjà la reprise. :lol:

J'aime beaucoup ce chapitre. Clairement, ça a pas la même gueule que l'affrontement entre Aion et Calamity, mais il est franchement bien ! On revient dans le domaine de l'humainement possible (dans ton monde, du moins), et ça permet de calmer un peu les esprits après la douce folie de Wessex… XD Et puis, c'est très intelligent de réutiliser le Chasseur de la dernière fois, même si ce n'est pas directement. C'est logique de sa part de vouloir se venger, et encore plus logique de ne pas y aller lui-même et en solo, après la dernière fois. (N'empêche, il l'a bien mérité !)
J'aime beaucoup la comparaison entre Wilwarin et un chat, c'est à la fois très mignon et totalement ridicule pour ce pauvre type… :lol: Et puis, Al qui s'auto-insulte pendant les combats… :mrgreen:
Ah, et accessoirement, elle a beau se faire botter les fesses et se tirer pour survivre, j'adore la voleuse ! GIRL POWER ! (Elle va revenir plus tard ? Elle était trop cool *-*)

C'est marrant, parce qu'Al panique totalement à l'idée qu'Alice soit avec Wessex… alors que, au fond, elle est probablement plus en sécurité qu'elle ne l'a jamais été avec son père, du moins pour le moment. Les retrouvailles entre Al et Ace s'annoncent joyeuses ! :D

Mais du coup, les chevaux, ils sont au régime pendant la traversée de la Zone Morte, nan ? À moins qu'ils aient embarqué du foin au passage (ça m'étonnerait)… les pauvres !

Dis, je viens d'y penser, ce serait pas Wil, l'Élu de l'Est ? :)

Je pique son rôle à Daniel, vu qu'il n'est pas encore là :mrgreen:
« J’ignorais si le Chasseur bandit était leur chef, ou une importante figure de leur groupe, mais il avait dû se montrer convainquant pour que ses compagnons se lançassent aussi rapidement à notre poursuite. » :arrow: Une petite erreur, quand tu écris « convainquant », c'est le participe présent, et « convaincant », c'est l'adjectif ;)
Peut-être avaient-ils des Élémentalistes parmi eux capables de nous tracer. :arrow: « Peut-être avaient-ils parmi eux des Élémentalistes capables de nous tracer. » ferait plus joli, je trouve. ^-^
« Sans attendre, je basculai mes appuis et enfonçai Kan, dans un mouvement de botte perçante, dans la gorge d’un deuxième. » :arrow: La botte perçante est une tournure un peu bizarre… foudroyante, éventuellement ? :)
« Les yeux exorbités, il fixa sans comprendre le sang gicler à haute pression lorsque le sabre se délogea de son cou. » :arrow: Fixa le sang gicler… Perso, je trouve ça pas très beau… ça passerait mieux avec une proposition relative, non ?
« Un jaillissement d’eau la détourna de mon visage et je me servis de ce jet pour lui percer l’épaule. » :arrow: Je comprends que tu veuilles éviter la répétition de jet, mais jaillissement… je suis pas sûre… :?
« Je suis habituée à me battre dans les pleines, les côtes, les forêts… » :arrow: plaines ;)
« Les murs étaient envahis de champignons et de plantes grimpantes qui tiraient leurs forces du composte qui s’étendait à mes pieds. » :arrow: Je composte du compost :) Ah, et accessoirement, le compost résulte d'un processus de transformation artificiel, causé par l'humain. La version naturelle du compost, c'est l'humus.
« L’Épine, le gouvernement de l’Est, dont faisaient partie Vanä et Wilwarin, gardait un œil vigilent sur le cœur d’Oneiris depuis les événements du Grand Désastre. » :arrow: vigilant


Voilààà, je t'abandonne là-dessus. Je crois que je vais aller jouer à Civilisation V tant que je le peux encore… :lol:
À bientôt !
Dernière modification par vampiredelivres le jeu. 27 sept., 2018 7:02 pm, modifié 1 fois.
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :Heyyy !

J'ai lu le chapitre 20 min après sa sortie… mais c'est maintenant que je trouve le temps de commenter… Je déteste déjà la reprise. :lol:

J'aime beaucoup ce chapitre. Clairement, ça a pas la même gueule que l'affrontement entre Aion et Calamity, mais il est franchement bien ! On revient dans le domaine de l'humainement possible (dans ton monde, du moins), et ça permet de calmer un peu les esprits après la douce folie de Wessex… XD Et puis, c'est très intelligent de réutiliser le Chasseur de la dernière fois, même si ce n'est pas directement. C'est logique de sa part de vouloir se venger, et encore plus logique de ne pas y aller lui-même et en solo, après la dernière fois. (N'empêche, il l'a bien mérité !)
J'aime beaucoup la comparaison entre Wilwarin et un chat, c'est à la fois très mignon et totalement ridicule pour ce pauvre type… :lol: Et puis, Al qui s'auto-insulte pendant les combats… :mrgreen:
Ah, et accessoirement, elle a beau se faire botter les fesses et se tirer pour survivre, j'adore la voleuse ! GIRL POWER ! (Elle va revenir plus tard ? Elle était trop cool *-*)

C'est marrant, parce qu'Al panique totalement à l'idée qu'Alice soit avec Wessex… alors que, au fond, elle est probablement plus en sécurité qu'elle ne l'a jamais été avec son père, du moins pour le moment. Les retrouvailles entre Al et Ace s'annoncent joyeuses ! :D

Mais du coup, les chevaux, ils sont au régime pendant la traversée de la Zone Morte, nan ? À moins qu'ils aient embarqué du foin au passage (ça m'étonnerait)… les pauvres !

Dis, je viens d'y penser, ce serait pas Wil, l'Élu de l'Est ? :)

Je pique son rôle à Daniel, vu qu'il n'est pas encore là :mrgreen:
« J’ignorais si le Chasseur bandit était leur chef, ou une importante figure de leur groupe, mais il avait dû se montrer convainquant pour que ses compagnons se lançassent aussi rapidement à notre poursuite. » :arrow: Une petite erreur, quand tu écris « convainquant », c'est le participe présent, et « convaincant », c'est l'adjectif ;)
Peut-être avaient-ils des Élémentalistes parmi eux capables de nous tracer. :arrow: « Peut-être avaient-ils parmi eu des Élémentalistes capables de nous tracer. » ferait plus joli, je trouve. ^-^
« Sans attendre, je basculai mes appuis et enfonçai Kan, dans un mouvement de botte perçante, dans la gorge d’un deuxième. » :arrow: La botte perçante est une tournure un peu bizarre… foudroyante, éventuellement ? :)
« Les yeux exorbités, il fixa sans comprendre le sang gicler à haute pression lorsque le sabre se délogea de son cou. » :arrow: Fixa le sang gicler… Perso, je trouve ça pas très beau… ça passerait mieux avec une proposition relative, non ?
« Un jaillissement d’eau la détourna de mon visage et je me servis de ce jet pour lui percer l’épaule. » :arrow: Je comprends que tu veuilles éviter la répétition de jet, mais jaillissement… je suis pas sûre… :?
« Je suis habituée à me battre dans les pleines, les côtes, les forêts… » :arrow: plaines ;)
« Les murs étaient envahis de champignons et de plantes grimpantes qui tiraient leurs forces du composte qui s’étendait à mes pieds. » :arrow: Je composte du compost :) Ah, et accessoirement, le compost résulte d'un processus de transformation artificiel, causé par l'humain. La version naturelle du compost, c'est l'humus.
« L’Épine, le gouvernement de l’Est, dont faisaient partie Vanä et Wilwarin, gardait un œil vigilent sur le cœur d’Oneiris depuis les événements du Grand Désastre. » :arrow: vigilant


Voilààà, je t'abandonne là-dessus. Je crois que je vais aller jouer à Civilisation V tant que je le peux encore… :lol:
À bientôt !
Ouh, big commentaire, merci beaucoup ! :shock: :oops:

Ha, ma pauvre... Courage ! T'as beaucoup de boulot le soir ? :?

C'est vrai que face à un combat entre dieux, ça n'a pas grand-chose à voir :lol: M'enfin, tant mieux si le combat passe bien, je savais pas trop quoi en penser ^^ Haha, oui, je voulais pas que les choses soient trop rapidement terminées avec ce Chasseur :) Et ça me donnait une bonne excuse pour mettre un peu d'action dans le chap =)
L'auto-insulte, c'est magnifique :lol:
Yep, la voleuse était pas du tout prévue, mais j'ai bien aimé la mettre en scène, même brièvement :) (pour ce qui est de la faire revenir plus tard, c'est pas trop prévu, mais je garde la perspective en tête... c'est vrai que ça pourrait être cool de la faire revenir ^-^)

Haha, il est pas vraiment au courant, malheureusement :lol: Quant aux retrouvailles... elles arrivent tout bientôt XD

Nope, ils ont pris des vivres aussi pour les chevaux, je pensais l'avoir précisé... Ils ont notamment piqué un âne pour ça :lol:

En effet, c'est Wil :geek: (bon, ça paraît assez évident... Il vient de l'Est, est jeune et élémentaliste... il rassemble les conditions nécessaires XD)

Rhô, je fais de ces fautes stupides :| :oops: Merci beaucoup, en tout cas, je corrige tout ça ;)
- Yep, c'est plus joli avec le "parmi eux" avant, je modifie, merci ^^
- Bon, si tu n'aimes pas percer, lantipem comme je dis ! :lol: "foudroyante" c'est plus classe, il faut dire :mrgreen:
- C'est clairement moche, mais je sais pas comment le tourner XD Bwarf, avec un "qui", ça devrait passer...
- Voui, c'était pour éviter la répétition... On va chercher autre chose, hein :cry: :lol:
- Mmh, dans la mesure où le coin est utilisé par les habitants comme dépôt municipal d'ordures naturelles, est-ce que je peux quand même pas considérer ça comme du compost ? :geek: Mais, pour le coup, dans la phrase que tu as relevée, "humus" convient mieux, en effet... Je vais mettre humus dans cette phrase, mais garder "compost" pour le début :)

Hop, tout corrigé, c'est bon, merci beaucoup ! =)

Et merci, plus généralement, pour ton soutien et ton enthousiasme toujours présents ;) 8-)
Bonne soirée et bon jeu :mrgreen:
DanielPagés

Profil sur Booknode

Messages : 2595
Inscription : mer. 09 mars, 2011 4:04 pm
Localisation : France sud-ouest
Contact :

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par DanielPagés »

Ahah ! Je suis très content que Sara me pique mon boulot ! J'avais pas eu le temps de m'occuper sérieusement de toi depuis un mois !! ;)

Je trouve que tu prends de la maturité au niveau écriture et c'est super. Pour un chapitre où il ne se passe pas grand chose, :lol: c'est bien fluide et prenant...

Allez quelques remarques :
Pris de court et désorientés, je me jetai dans le groupe de voleurs en profitant de l’effet de surprise. Non, tu peux pas le dire comme ça ! plutôt comme ça : Je me jetai dans le groupe de voleurs, pris de court et désorientés, en profitant de l’effet de surprise.
Mais pris de court et effet de surprise, disent la même chose.
Alors peut-être simplement : Je me jetai sur le groupe de voleurs, pris de court et désorientés.

je me jetai dans la traboule - ahah ! seuls les Lyonnais comprendront !

N'abuse pas des "alors que" il y a d'autres subordonnants composés, "pendant que" par exemple, essaye d'alterner.

*** J'adore : Que les Dieux avaient chassé toutes traces de vie de ces contrées. Pire : que même la mort n’y était pas présente.

Les bêtes étaient gourmandes en liquide et c’était tout à leur honneur alors qu’elles nous portaient depuis deux jours.
Que veux-tu dire par "c'était tout à leur honneur" et que veut dire cette expression en général ? est-ce que ça correspond à ce que tu veux exprimer ? J'ai un doute...


Continue ! ;) ♡♡♡
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Ahah ! Je suis très content que Sara me pique mon boulot ! J'avais pas eu le temps de m'occuper sérieusement de toi depuis un mois !! ;)

Je trouve que tu prends de la maturité au niveau écriture et c'est super. Pour un chapitre où il ne se passe pas grand chose, :lol: c'est bien fluide et prenant...

Allez quelques remarques :
Pris de court et désorientés, je me jetai dans le groupe de voleurs en profitant de l’effet de surprise. Non, tu peux pas le dire comme ça ! plutôt comme ça : Je me jetai dans le groupe de voleurs, pris de court et désorientés, en profitant de l’effet de surprise.
Mais pris de court et effet de surprise, disent la même chose.
Alors peut-être simplement : Je me jetai sur le groupe de voleurs, pris de court et désorientés.

je me jetai dans la traboule - ahah ! seuls les Lyonnais comprendront !

N'abuse pas des "alors que" il y a d'autres subordonnants composés, "pendant que" par exemple, essaye d'alterner.

*** J'adore : Que les Dieux avaient chassé toutes traces de vie de ces contrées. Pire : que même la mort n’y était pas présente.

Les bêtes étaient gourmandes en liquide et c’était tout à leur honneur alors qu’elles nous portaient depuis deux jours.
Que veux-tu dire par "c'était tout à leur honneur" et que veut dire cette expression en général ? est-ce que ça correspond à ce que tu veux exprimer ? J'ai un doute...


Continue ! ;) ♡♡♡
Coucou Daniel ! ;)

Oui, ça fait du travail en moins :lol: Pas de soucis, j'ai vu que tu étais bien occupé sur les salons ;) C'est gentil de passer malgré ton emploi du temps chargé !!

Ah bon ? J'avais le sentiment qu'il y avait quelque chose d'inachevé dans ce chapitre, mais tant mieux alors :roll:

- Oui, je me disais bien que ça n'allait pas :oops: Je vaix changer !
- Haha, c'était pour éviter la répétition :roll: Puis je me suis dit que même si les gens connaissaient pas, ils prendraient ça pour un vieux terme poussiéreux qui se cale bien dans un récit d'époque ancienne =D Mais c'est peut-être trop bizarre ? :lol:
- Oups, pas fait attention ! J'y pense à l'avenir ^^
- Oh, pour l'expression, j'avais en tête quelque chose de ce genre "Ils le méritent (après ce qu'ils font) / Ils ont raison d'agir ainsi (après avoir fait cela)" ... quelque chose comme ça

Merci beaucoup pour ton commentaire et tes encouragements ♥
A bientôt ;)
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

Aller, dernier chapitre de la partie 2 ! La partie 3 sera assez courte et marquera la fin du T1... J'y crois ! :lol:
Normalement, ce chapitre devrait répondre à un certain nombre de questions et d'interrogations sur Aion, le comte, la Prophétie... J'espère que tout sera assez clair et compréhensible :roll: Si ce n'est pas le cas, n'hésitez pas à me le dire :)
PS : après ce chapitre, je vais poster un petit récapitulatif des cultures, peuples et Terres d'Oneiris ^^




Chapitre 19
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 3e mois de l’été, la Zone Morte, Terres du Sud.



Mon père est mort. La divinité mineure Calamity nous a attaqués. Le comte Wessex Bastelborn est en réalité le Dieu Aion.
Je ne cessais de me répéter ces mots, sans qu’ils prissent un sens concret pour autant. La situation était trop absurde, irréelle, pour que je parvinsse à l’assimiler pour de bon. J’avais l’impression de flotter dans un rêve long et douloureux duquel j’étais incapable de sortir.

— Alice.
La voix percutante du comte – non, du seigneur Aion – m’arracha à ma rêverie. Nous marchions côte à côte depuis l’attaque de Calamity en direction du Noyau. J’ignorais ce que nous allions y faire, maintenant que mon père…
En serrant les dents, je refoulai les larmes qui me brûlèrent les paupières.
… que mon père était mort, Dastan Samay parti et les gardes décédés. D’un regard par-dessus mon épaule, je m’assurai que l’étalon gris qui portait le corps inconscient de l’Impératrice nous suivait encore. Le seigneur Aion m’avait assurée qu’il avait ordonné à l’animal de ne pas nous lâcher d’une semelle.
— Alice, voilà le Noyau, ajouta le Dieu, ses iris, qui changeaient de couleur sans fin, levés vers la façade qui se dressait devant nous.
Non, pas une façade. Une enceinte. Je pouvais voir sa courbure disparaître à l’horizon. L’esprit embrumé, il me fallut un moment pour prendre conscience de la particularité de la structure qui me faisait face. Combien de mètres le mur mesurait-il ? Deux fois, trois fois, les maisons les plus hautes de Vasilias ? Il était fait d’une roche noire qui brillait d’un éclat obscur dans le coucher de soleil. Je ne distinguais aucune ouverture, seulement une façade si régulière et parfaite qu’elle ne pouvait être l’œuvre des humains.
— Allons-y.
Comme je ne le suivais pas, Aion se tourna vers moi.
— Alice ?
— Qu’allons-nous faire, seigneur Aion ? m’enquis-je d’une voix tremblante.
Il m’observa un instant d’un air presque… triste. Puis il se tourna de nouveau vers le mur, les épaules tendues.
— Prendre ma revanche.

Sans dire un mot de plus, il reprit son chemin, et le cheval qui nous suivait avec lui. Dépitée, obligée de l’accompagner, je me forçai à mettre un pied l’un devant l’autre et ainsi de suite. J’avais faim, j’avais soif, mais ce n’était rien face au vide dans mon cœur.
Malgré les objectifs égoïstes et cruels de mon père, je ne parvenais pas à lui en vouloir. Tout ce que je ressentais, c’étaient la peine, les regrets, le manque. Je savais que son absence allait rapidement me peser et me meurtrir. Déjà, je m’en voulais de ne pas avoir insisté, avant ma fuite du château il y a quelques mois, sur le sujet de mon mariage. Si je m’étais montrée à la hauteur de ses attentes, peut-être aurait-il changé d’avis sur mon avenir ?
Mais il était mort, et c’était bien trop tard pour ces questions futiles.

Avec l’impression d’être attachée par une corde invisible au Dieu, je le suivais sans joie ni peine. J’étais vide, comme une amphore. Lointaine, comme les nuages dans le ciel. Perdue, comme une feuille dans le vent.
Nous longions l’enceinte du Noyau dans un silence entrecoupé par nos respirations et les échos des sabots du cheval. Même l’animal avançait sans manifester le moindre saut d’humeur.
Puis le seigneur Aion se figea, la tête tournée vers le mur. Un sourire las étirait faiblement ses lèvres pâles. D’un mouvement du menton, il m’indiqua l’enceinte.
— Voici le Passage. Les autres le déplacent régulièrement pour éviter qu’on le trouve facilement.
— Les autres ? soufflai-je, perplexe et hagarde.
— Les autres divinités protectrices d’Oneiris. Mes égaux. (Il grimaça furtivement.) Mes anciens égaux. Galadriel, Lefk, Kan et Eon.
Je me tus. J’avais du mal à intégrer que je me baladais avec l’un des grands Dieux d’Oneiris depuis plusieurs mois. Je n’avais pas encore tout compris, surtout la raison pour laquelle il était condamné à fouler le sol des mortels et à cacher son identité. Mais j’étais trop anéantie pour quémander des réponses.
— Nous sommes bientôt arrivés, courage.
Malgré la douceur de sa voix, la colère me prit. Sentant la chaleur affluer à mon visage et la tension à mon ventre, je criai :
— Courage ? Courage ? Mon père est mort, par les Dieux ! Je ne comprends plus rien à ce qui m’arrive ! Je ne sais plus qui je suis… Sans compter que je ne sais même pas vraiment qui vous êtes.
— Je te l’ai dit, je suis Aion.
— Non, c’est faux. Si vous étiez le seigneur Aion, vous ne seriez pas là à perdre votre temps avec moi.
Il cilla. Clignant rapidement des paupières, il me jaugea d’un regard songeur et curieux. Il n’avait pas vraiment changé depuis notre confrontation avec Calamity. Mais je percevais une étrange aura autour de lui. Dès que je m’approchais assez, je sentais dans l’air tout un tas d’odeurs incongrues : ozone, herbe coupée, roussi, terre retournée, embrun, pluie… Comme s’il les dégageait.
— Ce n’est pas complètement faux, reconnut-il d’une voix lointaine. Mais ce n’est vraiment juste non plus. (Avec un sourire malicieux, il m’adressa un signe de tête.) Je suis bel et bien le Dieu Aion, Alice. Mais je n’ai plus la puissance et l’essence que j’avais autrefois.
— Autrefois ?
— Avant le Grand Désastre.
Surprise, je fronçai les sourcils. Depuis le Grand Désastre… la colère des Dieux… le châtiment brutal qui s’était abattu sur tout Oneiris…
— Nous discuterons de tout ça plus tard. Hâtons-nous d’entrer dans le Noyau avant que le Passage change encore d’emplacement. Là-bas, nous serons installés plus confortablement.
— Comment le savez-vous ? marmonnai-je, sceptique.
Malgré tout, je lui emboîtai le pas. Le « Passage » s’avérait être une simple fente de trois mètres de haut découpée dans la roche noire. En passant sous la voûte, je pus me faire une idée de l’épaisseur du mur d’enceinte : au moins un bon mètre cinquante. L’entrée étant large de deux mètres, le cheval y pénétra sans encombre.
Aussitôt de l’autre côté, l’air s’épaissit. Subjuguée par le paysage qui s’ouvrit devant moi, je me figeai et ouvris la bouche d’ébahissement. Une forêt humide d’arbres denses, de grandes fleurs multicolores, de buissons riches en fruits que je n’avais jamais vus, s’offraient à nous. La terre était brune et sûrement très fertile. Je percevais des chants d’oiseaux et d’insectes que je n’avais encore jamais entendus. Et l’écoulement paisible d’un ruisseau près de nous.
La vue était déconcertante après avoir passé trois jours dans un désert de vide. Émerveillée par la végétation luxuriante et la promesse de vie qu’elle renfermait, je me dirigeai vers un arbre, me laissai tomber contre son tronc et enfouis ma tête dans mes genoux. Puis je pleurai.
— C’est le jardin des Dieux, ici, souffla Aion en s’approchant de moi.
Avec légèreté, je le sentis s’asseoir à côté de moi. L’odeur de fleur primait sur les autres.
— Nous gardons dans le Noyau les espèces, végétales comme animales, que nous apprécions le plus, pour les protéger des humains.
Il marqua une petite pause.
— Vous êtes peut-être notre création la plus aboutie en termes d’évolution et de capacités sur tous les plans, mais vous êtes incroyablement irrespectueux d’un tas de concepts essentiels.
— Comme le respect des uns et des autres, la reconnaissance envers ce qui nous entoure, l’entraide et la générosité, énonçai-je d’un ton étranglé par mes larmes.
— Notamment, acquiesça le Dieu d’un air sombre.
Les yeux encore mouillés de larmes, je relevai la tête. L’étalon pommelé de gris broutait sauvagement l’herbe aussi verte que tendre qui tapissait le sol. Le pauvre n’avait pas mangé depuis un moment. Et les gargouillements de mon ventre me rappelaient que moi non plus.
— Tiens, mange ceci, souffla le Dieu en tendant le bras vers un buisson trapu et d’un vert qui tendait au kaki.
Il en décrocha un gros fruit jaune-orangé qui dégageait une forte odeur sucrée. Méfiante, je pris le végétal. Comment devais-je le manger ? La peau était-elle comestible ?
— Croque dedans, rien ne te fera de mal.
Fatiguée, je jetai un coup d’œil au Dieu. Il avait l’air sincère. Avec dépit, je songeais que, s’il avait voulu me tuer, il n’aurait pas attendu de m’empoisonner avec un fruit mystérieux.
Alors je portai ce dernier à mes dents et croquai brutalement dans sa peau un peu rugueuse. Elle céda sans efforts en délivrant un jus sucré légèrement acidulé sur ma langue. C’était tellement bon qu’une nouvelle vague de larmes afflua.
Pendant une demi-heure, le seigneur Aion me fit goûter pas moins de dix aliments différents, légumes, baies, pousses, fleurs, fruits… Tous avaient une saveur unique qui, j’en étais certaine, n’était pas présente dans le monde des humains. Cette nourriture était une preuve de plus que le Noyau était le domaine des Dieux.
Je me sentais intimidée par la présence sereine, mais imposante, de la végétation. Le soleil perçait à peine entre les feuillages denses et lourds des arbres trapus. Tous ne l’étaient pas. Certains troncs étaient fins et longilignes comme des bambous, sans en être. D’autres ressemblaient aux frênes, hêtres et platanes de mes contrées.

Pendant que je me remplissais l’estomac de mets nouveaux et agréablement parfumés, j’avais aperçu quelques animaux. Notamment des rongeurs, qui ressemblaient à des écureuils, mais avec les membres antérieurs reliés aux flancs par des membranes fines. Je me demandais si ces animaux pouvaient voler, ou, à défaut, planer. Il y avait aussi eu des oiseaux, bien plus colorés et gros que ceux de mes Terres, avec des becs de toutes les formes. J’avais entraperçu, pendant une fraction de seconde, la queue d’un serpent bleu-violet disparaître sous un buisson. Et la fourrure fauve de ce qui devait être un singe dans les hauteurs d’un arbre.

Alors que je revenais du ruisseau proche, où j’avais pu me nettoyer les mains, le visage et les cheveux tant bien que mal, le seigneur Aion m’apostropha.
— Nous allons monter le campement ici.
— Mais… commençai-je, confuse, nous n’avons plus l’équipement nécessaire. Nous avons tout perdu quand les chevaux se sont enfuis.
— Pas d’inquiétude, souffla le Dieu avant de se tourner vers l’arbre le plus proche.
Immédiatement, une excroissance poussa en plein milieu du tronc. Mais elle n’avait pas la forme classique et noueuse d’une branche. C’était un bras de bois duquel s’étiraient d’autres brindilles. Perplexe, il me fallut plusieurs secondes pour comprendre qu’un petit abri fait de branches soudées les unes aux autres sortait de l’arbre. Subjuguée, j’observai l’excroissance se séparer du tronc pour tomber à ses racines. Un petit auvent de bois sous lequel trois personnes pouvaient facilement tenir.
Après quoi, le Dieu serra le poing puis l’ouvrit comme s’il voulait faire jaillir ses doigts. Un feu prit naissance au milieu d’un cercle de pierre qui, cinq minutes plus tôt, n’y était pas. Et il avait accompli tout ceci sans une once de difficulté… Dire, qu’au début, je le prenais pour un Élémentaliste chevronné des Terres au-delà des Mers. Il ne devait même pas y en avoir là-bas. Sa capacité à manier tous les éléments venait simplement du fait qu’il en était le créateur.

— Il vaut mieux que nous restions près de l’entrée, reprit le Dieu en se dirigeant vers le cheval, qui dormait debout après s’être repu. Ainsi, nos poursuivants nous verront immédiatement.
— Nos poursuivants ? m’inquiétai-je en sentant l’angoisse me tordre les tripes.
Était-ce Calamity ? J’envoyai une courte prière aux Dieux pour qu’ils nous épargnassent une nouvelle confrontation avec la divinité mineure des désastres. Il avait tué mon père. Un flot de rage m’envahit et je serrai les dents. Si j’étais amenée à le revoir, j’espérais pouvoir lui faire payer son meurtre.
— Oh, tu les connais, répondit tranquillement Aion en saisissant le corps toujours inanimé de Soraya Samay. Du moins, l’un d’eux.
Mon cœur se mit à battre fort. Une partie des hommes de mon père avait une mission dans l’Ouest. Capturer et détourner Achalmy pour nous l’apporter. Se pouvait-il que les gardes royaux fussent arrivés ?
— Tu as compris, lança avec amusement le Dieu en analysant mon expression.
— Que vont faire les soldats maintenant que mon père est mort ?
Le seigneur Aion ne devait pas s’attendre à cette réponse, car il fronça les sourcils d’un air perplexe. Puis il s’esclaffa.
— Oh, tu penses encore que ton ami est entre les mains des gardes royaux ?
— Ce… n’est pas le cas ?
— Pas depuis un moment, Alice, souffla-t-il d’une voix douce en déposant le corps de l’Impératrice près du feu. La Samay devrait se réveiller d’ici quelques minutes.
Le visage éclairé par les flammes paresseuses, il observa les traits sereins de la jeune femme.
— Aussi arrogante et imbue d’elle-même que son ancêtre. Mais, contrairement à Kala Samay, Soraya a des pouvoirs. Même si j’aurais préféré que ce soit Dastan qui soit à nos côtés ; il est bien plus puissant.
— Que voulez-vous dire ?
— J’ai besoin d’Élémentalistes, expliqua le Dieu en relevant les yeux dans ma direction. Pour vaincre Calamity.
— Le vaincre ? répétai-je, ahurie. Mais… c’est impossible. C’est un Dieu, il est trop puissant.
Un éclat sauvage et féroce déforma brièvement les traits charmants de mon meneur.
— Et moi je suis le Dieu Aion, maître de la matière et des éléments.
— Mais vous n’êtes plus que l’ombre de vous-même.
Face à la hardiesse de mes paroles, je piquai du nez en rougissant brutalement. Il allait me punir de mon audace et de mon irrespect…
— La vérité fait d’autant plus mal que tu es innocente, Alice, marmonna-t-il d’un ton étouffé. Tu as raison : Calamity m’a volé une partie de mes pouvoirs. C’est pour ça qu’il possède le don de manier les éléments et qu’il ne vieillit pas.
Soudain vieux et fatigué de milliers d’années, le Dieu s’affaissa près de feu, l’air mélancolique.
— Mais Calamity était autrefois comme toi, Alice : un simple humain.
— Vraiment ?
— Oui. Il était mon Élu, un mortel auquel j’avais accordé une toute petite essence de mes pouvoirs et avec qui je communiquais lorsque je voulais échanger avec son peuple.
— Et… il…
— Dayen m’a trahi, asséna brusquement Aion en relevant les yeux dans ma direction.
Un éclat de haine et de douleur y brillait. Ainsi, l’un de nos Dieux Protecteurs avait été trahi cinq siècles plus tôt, lors du Grand Désastre, par un humain qui était censé être son plus proche fidèle.
— Et… vous n’avez plus qu’une partie de vos pouvoirs ? murmurai-je, abattue par ce que je venais d’apprendre.
— C’est exact. Dayen a profité d’une faiblesse immédiate de ma part pour me voler l’essence de mon don sur la matière et les éléments. Néanmoins, il a été coupé au milieu du transfert ; autrement, je ne serais pas là pour te l’expliquer. Aujourd’hui, nous avons les mêmes capacités, c’est pourquoi l’un comme l’autre sommes incapables de vaincre notre adversaire.
— Calamity cherche à vous tuer ?
— Évidemment. Une fois qu’il aura absorbé le reste de mes pouvoirs, il sera définitivement un Dieu.
— Quelle horreur, ne pus-je m’empêcher de souffler en portant les mains à ma bouche.
Une grimace épuisée tira les traits fins du Dieu. Soudain, je me demandai s’il s’agissait de son apparence réelle ou d’un simple masque.
— Qu’avez-vous fait, par la suite ?
— Après que Dayen m’ait volé mes pouvoirs ? (D’un geste furtif, il leva le regard au ciel. Il était d’un bleu-violet.) J’ai demandé à mes anciens égaux de vous punir pour votre outrage.
— Le Grand Désastre.
— Le Grand Désastre, répéta le seigneur Aion avec un sourire crispé. Lefk a puni le Nord en les obligeant à vivre l’hiver éternellement, Kan a figé les mers de l’Ouest pour faire cesser leur commerce, Eon a étendu le territoire du Sud et rendu plus difficile les transactions de marchandises et Galadriel obligé l’Est à prendre soin de la nature et des animaux. Ils vous ont tous punis à leur façon.
— Mais… et les Élémentalistes ? Ils sont apparus du jour au lendemain.
— Lorsque Dayen m’a volé mes pouvoirs, non seulement il a été coupé, mais son corps mortel n’était pas conçu pour recevoir autant de puissance. Aujourd’hui, il pourrait, car les prières des humains l’ont rendu plus fort. Mais, à l’époque, lorsque mes pouvoirs m’ont été arrachés, le surplus que Dayen n’a pu absorber s’est répandu sur Oneiris. Il a touché au hasard des centaines d’humains, qui ont été les premiers Élémentalistes.
— Je vois, chuchotai-je, ébahie par les révélations que je venais d’apprendre.
J’étais la première humaine à connaître les raisons du Grand Désastre. Consciente de ce que cela signifiait, une peur profonde et sourde commençait à monter en moi. Serais-je à la hauteur de l’espoir et de la confiance que le Dieu Aion venait de placer en moi ?

— Une fois que les autres Dieux nous ont punis, qu’avez-vous fait ? repris-je, curieuse et les lèvres brûlantes de mille questions.
— J’ai erré. J’étais meurtri, désespéré, perdu.
Oh, je connais bien ces sentiments.
— Je ne parlais pas la langue humaine, qui plus est. Je n’étais pas comme vous, je ne vieillissais pas, je ne me nourrissais pas, ne dormais pas. Mais je n’étais plus tout à fait un Dieu. Je ne pouvais plus aller là où bon me semblait, avoir conscience du tout, d’Oneiris, échanger avec les autres divinités… Pendant peut-être cinquante ans, je suis resté dans le Noyau, l’ombre de celui que j’avais été, à essayer de ne pas me laisser dépérir de douleur.
— Qui aurait cru que les Dieux souffrent autant…
— Eh oui, petite humaine, marmonna Aion avec un sourire narquois, nous vous ressemblons sur certains points.
Sans prévenir, il claqua des doigts et le feu repartit de plus belle. Il nous apportait une agréable chaleur et une douce lumière qui n’étaient pas des moindres alors qu’une nuit fraîche tombait sur nous.
— Par la suite, je suis enfin sorti du Noyau. J’ai côtoyé les humains à Ma’an pour apprendre leur langue et leur culture. Dans cette ville, mon excentrisme et ma différence n’ont surpris personne. J’y suis resté cinquante ans, le temps de me familiariser avec votre univers. Puis, pendant quatre cents ans, j’ai vécu dans le monde humain en prenant différentes identités que je laissais tomber à intervalles réguliers pour ne pas être l’objet de soupçons. Régulièrement, je tombais sur Calamity, nous nous battions, en tuant des centaines d’humains sur notre passage. Sa légende est née de nos affrontements récurrents. Puis, alors que nous nous séparions après une énième bataille qui avait créé un véritable chaos dans les Terres du Nord, j’ai pris une décision.
Il ramena ses genoux contre sa poitrine comme s’il avait été un enfant. Dans la pénombre, il avait un aspect vulnérable. Ses poignets et ses chevilles osseux dépassaient sous ses vêtements. Sa chevelure blanche et ondulée reposait délicatement sur ses épaules graciles.
— J’ai mis de côté ma fierté et j’ai décidé que j’allais m’aider des humains pour vaincre Calamity.
— Il vous a fallu cinq cents ans pour le décider ? soufflai-je, perplexe.
Le regard noir qu’il me lança me fit craindre qu’il ne me grillât sur place. Visiblement d’humeur légère, il préféra me laisser en vie.
— J’étais un Dieu Protecteur, Alice, ne l’oublie pas. C’était moi qui protégeais, veillais et aidais les humains. Pas le contraire.
L’air agacé, il fit un geste de la main.
— Mais je n’avais pas non plus oublié la trahison dont j’avais été victime. Si c’était Dayen, mon Élu, qui m’avait réellement blessé, d’autres l’avaient aidé. Et, parmi eux, ton ancêtre, le roi Lawrence Tharros, et l’impératrice Kala Samay. J’avais sur la langue le goût amer de la trahison et je rêvais de voir leur sang couler.
— Leur sang… le mien, compris-je avec une sueur froide.
— Eh oui. J’ai donc élaboré un plan qui me permette de condamner les Tharros et les Samay tout en les forçant de m’aider à vaincre Calamity.
— Vous vous êtes fait passer pour un marchand de Mor Avi, avez montré à mon père ce dont vous étiez capable et lui avez soumis votre fichue Prophétie. Il a accepté ce que vous lui proposiez, vous a fait Noble puis s’est mis dans la tête que j’étais destinée à mourir. (Les larmes me montèrent aux yeux et je les laissai couler alors que je continuais d’exposer le plan terrible du Dieu déchu : ) Alors il s’est éloigné de moi, en a parlé à Dastan Samay, qui guettait le trône de sa sœur, a fait croire à de prétendues fiançailles pour rapprocher nos peuples, votre plan cruel. Ainsi, Dastan savait, qu’en échange de la vie de sa sœur, il aurait le pouvoir des Dieux. Et mon père pensait de même.
Mortifiée, je secouai la tête, ce qui fit glisser les larmes de mes joues sur le côté.
— Mais il n’en était rien. Il n’y a jamais eu de Prophétie, de fichus Élus. Vous avez tout inventé, pour tendre un piège à mon père et à Dastan Samay. Les Élus, ma famille et les Samay étaient juste des Élémentalistes qui pourraient vous prêter main-forte contre Calamity. Et le seul moyen de les mener au Noyau, où vous semblez vouloir l’affronter, était de leur faire croire que les Dieux leur accorderaient des pouvoirs.
L’air grave, le seigneur Aion m’avait écouté en silence. Je continuais à pleurer, sans savoir à qui j’en voulais. À Dastan Samay, à mon père, pour leur avidité ? Au seigneur Aion pour sa fourberie ? À mon ancêtre et ses compagnons pour avoir trahi et blessé l’un de nos Dieux Protecteurs ? À eux tous, je crois.

— Si tout s’était bien passé, si Dayen ne nous avait pas attaqués, j’aurais fait croire à cette Prophétie jusqu’au bout, révéla Aion avec un pâle sourire. Du moins, c’est ce que je souhaitais. Voir le sang des Samay et des Tharros couler. (Il ajouta avec un rire amer : ) Couler des mains de leur propre sang. Pour avoir une preuve de plus de leur avidité et cruauté.
— Et les deux autres Élus ? Le Nord et l’Est ?
— J’allais improviser. Trouver de puissants Chasseurs n’a rien de difficile. Quant aux Orientaux, leur gouvernement veille de près les grands événements sur Oneiris. Je savais que l’un des Sages finirait par se mêler de mes affaires.
— Et vous auriez tué ces innocents ?
— Achalmy Dillys n’est pas un innocent, rétorqua avec amusement le Dieu.
Mon cœur se figea à la mention de mon ami.
— Enfin, reprit le seigneur Aion en s’étirant. Tu devrais aller te coucher.
— Je ne pourrai pas dormir, rétorquai-je en secouant la tête. Pas après de telles révélations.
M’observant avec curiosité quelques instants, le Dieu se leva soudain et, sans me demander mon avis, me prit sous les aisselles et me souleva comme si j’étais une enfant.
— Alice Tharros, je ne vais pas te tuer. J’aimerais même que tu survives à notre affrontement contre Calamity. Car tu m’intéresses. Malgré le sang corrompu qui coule dans tes veines, tu ne ressembles pas aux autres membres de ta famille.
— Lâchez-moi, s’il vous plaît, chuchotai-je, apeurée.
Souriant avec mystère, il me déposa sur le sol, puis toucha mon front du bout du doigt.
— Dors, maintenant, jeune humaine.
Je ne le pensais pas capable d’avoir la capacité d’influer mon état physique, mais je me sentis soudain alourdie de sommeil. Traînant les pieds, j’allai m’allonger sous l’auvent que le Dieu avait créé.
Puis, la tête lourde, les oreilles emplies des bruits de la forêt, les yeux clos sur le sourire d’Al, je m’endormis.



Dernière modification par louji le lun. 15 juil., 2019 4:28 pm, modifié 3 fois.
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

Bonus : détails et rappel sur le monde d'Oneiris

Les informations données ici ont toutes été expliquées à un moment à un autre dans les précédents chapitres. Néanmoins, certaines informations n'ont été nommées qu'une fois, ou au compte-goutte, ce qui n'a pas forcément retenu votre attention ^^ Alors j'ai fait un petit récap sur la géographie, la géopolitique, les mœurs et cultures des grands peuples d'Oneiris auquel vous pourrez vous référer dès que vous avez un doute ! ;)




Oneiris a été créé par cinq Dieux primordiaux : Kan et Eon, Déesse du Temps et Dieu de l'Espace, Aion, maître de la Matière et des Eléments, ainsi que par Galadriel et Lefk, Mère de la Vie et Père de la Mort. Oneiris prend un aspect très simple de quatre grandes contrées (Nord, Ouest, Sud, Est) où dominent un peuple et son gouvernement. Au centre du continent se tient le Noyau, lieu de rencontre entre Hommes et Dieux. C'est notamment par le biais du Temple de Timoria qu'ont lieu ces rencontres. Le Noyau est entouré de ce qu'on appelle la "Zone Morte", une espèce de cercle dépourvu de vie qui entoure le cœur d'Oneiris et qui nécessite quelques jours de chevauchée pour être traversé.



Les Terres du Nord, plus simplement appelées le Nord, est la plus petite partie d'Oneiris (lorsqu'on s'arrête aux limites connues de ses habitants) et la moins habitée. Son peuple, les Nordistes, sont des nomades vivant de la chasse, de la cueillette, de l'art des armes, et du commerce avec les Terres limitrophes. Il n'y a pas de gouvernement en place, les Nordistes vivant selon leurs propres lois. Des codes d'honneur régissent éventuellement certains comportements, mais cela s'arrête ici.

Chez les Nordistes, les Elémentalistes sont appelés Chasseurs, notamment en écho à la grande part de la population vivant de la chasse. Ils maîtrisent l'eau, en particulier, une, deux ou ses trois formes : liquide, solide et gazeuse. Leurs yeux, souvent d'une couleur se rapprochant de l'eau (bleu, gris, vert) changent de nuance en fonction de la forme de l'eau utilisée.

Les Nordistes ont une affection plus grande pour le Dieu de la Mort, Lefk, à qui ils aiment vouer une dette de sang.

Ils ont un concept de la famille (et de la vie en général) en opposition avec l'Ouest, ce qui crée de nombreuses tensions entre les deux peuples seulement séparés par la chaîne des collines de Minosth. Dans le Nord, hommes et femmes partagent la couche de qui ils veulent et fondent des familles au gré du vent. Les enfants ne vivant qu'avec un seul parent sont courants et n'ont rien de bizarre à leurs yeux. Chez eux, l'honneur dicte grandement les lignes de conduite de vie et la force est l'une des plus grandes valeurs d'un Homme. Force définie lors d'un rituel sacré se déroulant la dix-neuvième année du jeune Nordiste. Il est alors envoyé vers l'extrême-amont au début du printemps dans le but d'aller chercher au fond des grottes glaciales un Saphir des Glaces, pierre précieuse unique à leur contrée et d'une grande rareté. Plus un Saphir est gros, bien formé, d'une jolie couleur bleu ciel, plus loin au nord sa montagne créatrice est, et plus importante est la reconnaissance que l'on accorde au jeune Nordiste qui l'a rapporté. Cette coutume, aussi appelée Rituel de Maturité, est très chère aux yeux des Nordistes et constitue leur principale fête. Une autre de leurs habitudes est d'accorder aux combattants les plus vaillants de leurs Terres une Marque. Représentant grossièrement trois coups de griffe, ce tatouage est apposé dans la partie gauche du cou. Seuls deux Maîtres d'Armes nordistes, après s'être accordés sur le mérite du demandeur, peuvent donner ce tatouage. La couleur de celui-ci varie en fonction du nombre de formes de l'eau maîtrisés : blanc pour un, gris pour deux, noir pour trois.



Les Terres de l'Ouest, aussi appelées l'Ouest, est un Royaume de taille à peu près équivalente à l'Est. Son peuple, les Occidentaux, vit avant tout de l'élevage et de l'agriculture, du bois, du métal et de la mer. Riche de terres fertiles, de forêts diverses et d'un bord de mer, le Royaume des Tharros se porte plutôt bien.

Dans l'Ouest, les Elémentalistes sont élevés au-dessus du reste de la population grâce à des titres de noblesse et des droits de propriété terrestre. Aussi appelés Nobles, les Elémentalistes occidentaux maîtrisent la foudre, le vent ou les deux en même temps. Dès que le don disparaît dans une famille, elle perd son titre et ses terres. Les Nobles se différencient en portant des couleurs propres à chacun. Le turquoise et le blanc sont réservés à la famille royale, mais les Nobles aiment bien se parer de bleu, mais aussi de différentes nuances de blanc, gris, beige et violet. Les Occidentaux sont d'ailleurs connus pour leurs vêtements spécifiques : des parties de tissu (haut, manches, pantalon) rattachés par des anneaux de métal (or et argent le plus souvent pour les plus aisés ; fer, bronze pour les moins fortunés). Au niveau des iris, ce sont des couleurs plutôt surnaturelles qui définissent les Elémentalistes : nuances de violets pour ceux qui utilisent les deux éléments ; gris argenté, brillant, pour les Nobles faisant uniquement appel au vent ; bleu électrique, très intense, pour ceux qui maîtrisent juste la foudre.

C'est Kan, la Déesse du Temps, qui est très vénérée dans l'Ouest, notamment en raison du nombre d'inventions et d'avancées technologiques développées sur ces Terres.

Les Occidentaux vivent sous la direction des Nobles qui possèdent les terres qu'ils exploitent, mais, plus globalement, c'est la famille royale des Tharros qui dirige le pays. L'accès au trône se fait par ordre de naissance, sans restriction de sexe. Néanmoins, un héritier direct peut être mis de côté s'il ne maîtrise par les deux éléments propres à l'Ouest : la foudre et le vent. Après tout, le roi ou la reine est le représentant des Nobles, des Elémentalistes de ses contrées, alors il se doit de maîtriser les éléments qui lui sont dus.
Les Occidentaux possèdent une vision de la famille qui leur est aussi propre : les couples fidèles et stables représentent la norme, les enfants sont choyés et sensibilisés aux métiers de leurs parents jusqu'à l'adolescence, où ils entrent en apprentissage. Rapidement, traditionnellement, les jeunes Occidentaux se marient, portent avec fierté l'anneau conjugal, et fondent une famille à leur rythme.



Les Terres du Sud, plus communément appelées Sud, forment la plus grande partie d'Oneiris, avec des terres qui s'étendent très loin sur un autre bout de continent. Les frontières sont assez floues à ce niveau-là et sont constamment réclamées par les tribus nomades et libres qui habitent de l'autre côté de la frontière. Les Sudistes se réunissent dans des familles de marchands, et vivent essentiellement du commerce. Par la monnaie ou le troc, des marchandises venues de toutes les terres connues des Hommes volent entre leurs doigts agiles. Les marchands sont la pierre de fondement de l'Empire des Samay, vieille dynastie de femmes commerçantes s'étant imposée comme organisatrice de l'empire. Elles se sont proclamées Impératrices et ont donné une lignée de dirigeantes féroces et ambitieuses qui ont conquis toujours plus loin au sud. Dans le Sud, les femmes sont cheffes de famille et régissent les lois propres aux caravanes de commerçants.

Dans le Sud, les Elémentalistes peuvent faire varier les sols et/ou créer des flammes. Ils tiennent d'ailleurs leur nom, Souffleurs, notamment de ces dernières. Dès lors qu'un Homme a une sensibilité au feu ou à la terre, ses yeux prennent des nuances dorées, du simple reflet ambré pour les Elémentalistes les moins puissants à de l'or pur pour les plus talentueux. Contrairement aux autres Terres où les Elémentalistes sont craints et respectés, admirés et jalousés, les Souffleurs du Sud ne comptent pas sur leurs talents pour mener une belle vie. Sur ces Terres, c'est la prospérité d'une famille de marchands qui compte avant tout.

De manière assez logique, c'est le Dieu de l'Espace, Eon, qui est très admiré dans le Sud. L'Empire est grand, s'élargit, évolue, sous la bénédiction d'Eon, qui veille sur l'espace gagné par les générations de Sudistes au cours du temps.
Les Samay ont un pouvoir bien plus limité que la famille Tharros peut en avoir sur son peuple. Les Impératrices s'étant imposées à la tête de l'Empire, leur pouvoir reste restreint. Les femmes de la dynastie impériales ont notamment une prise de décision importante concernant les taxes imposées aux marchands et interviennent dans la gestion des conflits commerciaux. La société sudiste étant matriarcal, seules les femmes héritent du trône impérial. Si une impératrice n'engendre pas de fille, l'héritière sera cherchée parmi les nièces, cousines, tantes…

Les caravanes de marchands regroupent souvent plusieurs familles qui se lient les unes aux autres au fil du temps. Ces grandes familles voyagent perpétuellement, commerçant avec le monde, découvrant toujours plus de territoire. Pour éviter la consanguinité, les caravanes sudistes font souvent des échanges d'enfants, lorsqu'ils sont encore en bas âge et ne sont pas trop attachés à leurs proches.



Les Terres de l'Est, communément nommées l'Est, se trouvent à l'opposé du Royaume et occupent une superficie à peu près égale. En opposition aux autres contrées, l'Est est assez peu peuplé et ne souhaite guère évoluer plus que nécessaire. Ils détiennent un mode de vie sans prétention, pacifiste et très proche de la nature. Ils ne possèdent pas d'économie à proprement parlé, car aucune monnaie ne circule sur leurs Terres. Seuls le don et le troc existent pour l'échange de biens ou de services.

Suite aux événements du Grand Désastre, les Orientaux ont développé une sensibilité accrue à la nature et, plus globalement, à la vie. Ils détiennent tous un don avec la flore, plus ou moins puissant selon les personnes. Ce don s'exprime par la capacité à faire pousser plus vite, à maintenir les plantes en vie plus longtemps, et à plier légèrement à leur volonté la flore pour en tirer le meilleur parti. Leurs habitations, des cabanes dans les grands bois centenaires de leurs contrées, ont notamment été construites grâce à ce don. De plus, les Orientaux sont incapables de consommer de la chair animale et se nourrissent, à vrai dire, assez peu. Quelques rares élus, dignes de confiance aux yeux de leur déesse protectrice, Galadriel, se voient offrir la capacité de communiquer avec les animaux. Ces échanges sont strictement mentaux et basés sur l'instinct : seuls des échanges assez simples sont possibles entre humain et faune. Ces élus, appelés Sages, forment l'Épine, gouvernement de l'Est. Chez les Orientaux, le don élémentaire se traduit par l'assombrissement de l'iris au cours de la journée puis pat son éclaircissement la nuit.

Ce gouvernement intervient dans la justice, pour gérer les conflits entre Orientaux, mais n'exerce pas de pouvoir économique (puisqu'il n'y a pas "d'économie" à proprement parlé), ni d'exercice militaire (l'Est est un peuple pacifique). L'Epine intervient aussi lors de négociations politiques avec les autres Terres ou lorsque les Terres de l'Est sont face à un potentiel danger.

La vie dans l'Est est aussi libre qu'un arbre peut pousser là où il le souhaite. Homme et femmes ne sont soumis à aucune règle, et les normes n'existent pas. S'il est courant dans l'Ouest de se marier, et dans le Nord de ne pas le faire, l'Est reste une contrée de liberté et de libre-arbitre. Le respect de l'autre et la générosité innés des Orientaux est une espèce de colle qui soude le peuple et empêche les uns de profiter et/ou de soumettre les autres.
TcmA

Profil sur Booknode

Messages : 407
Inscription : dim. 02 sept., 2018 10:44 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par TcmA »

Hello Sunshine :)

Wow, dernier chapitre de la partie 2! Et bientôt la fin du tome 1! Félicitations! Tu peux être fière de toi! Et j'y crois avec toi! Courage *^*

J'arrête pas de dire "Ce chapitre est mon préféré", mais je crois que le Chapitre 19 est définitivement mon préféré de tous! Il est tellement riche d'informations, de belles descriptions, de tournures de phrases super classe, le rythme est parfait, c'est tellement intéressant, YES YES YES J'ADORE. Ahem. Comme toujours, ton style d'écriture est super agréable à lire, j'ai bouffé le chapitre en quelques minutes *^*

Les sentiments d'Alice sont tellement bien retransmis! Sa douleur à venir, son impression de vide, sa tristesse, sa terreur... Ah, vraiment j'adore! Elle me fait mal au cœur, la pauvre... Quand est-ce qu'elle aura son câlin? ;^;

Les interactions entre Alice et Aion sont géniales! J'ai tellement rit quand Aion dit :
"La vérité fait d’autant plus mal que tu es innocente, Alice, marmonna-t-il d’un ton étouffé."
:lol:

Aion me fascine. Il est puissant mais doux, furieux envers les humains mais juste et respectueux envers Alice... Et bon sang, quand il utilise ses pouvoirs, on a l'impression de sentir sa langueur et sa rancœur à travers sa puissance ;^; Et choupi, quand il ramène ses genoux contre sa poitrine ;^; J'ai tellement hâte de lire la suite *^*

J'ai adoré la découverte du Noyau par Alice, elle est tellement émerveillée, tellement triste... Le Noyau dégage une certaine mélancolie, c'est beau ;^;

WOW WOW WOW, LE PLAN D'AION. Sérieux, la façon dont Alice s'en rend compte et le raconte... J'ai eu une boule dans la gorge ;^; T'vas réussir à me faire pleurer, vilaine (ce que tu as déjà réussi à faire avec d'autres histoires, d'ailleurs XD).
Et sérieux, ces phrases :
"Je continuais à pleurer, sans savoir à qui j’en voulais. À Dastan Samay, à mon père, pour leur avidité ? Au seigneur Aion pour sa fourberie ? À mon ancêtre et ses compagnons pour avoir trahi et blessé l’un de nos Dieux Protecteurs ? À eux tous, je crois."
MAGNIFIQUES, PURÉE.

Et wow, le récap sur les cultures, peuples et Terres d'Oneiris est tellement classe *^* J'adore toutes ces infos, les traditions, les vêtements, les mœurs, les économies... C'est tellement intéressant! On voit que tu as vraiment bien travaillé ton univers, c'est impressionnant! Bravo! ♥

J'AI TELLEMENT HÂTE DE LIRE LA SUITE. Ce chapitre annonce tellement de choses qui vont être super classes *^*

Merci pour ce magnifique chapitre et pour ton histoire,

Bisouz!
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1724
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion [Fantaisie médiévale/High fantasy]

Message par louji »

TcmA a écrit :Hello Sunshine :)

Wow, dernier chapitre de la partie 2! Et bientôt la fin du tome 1! Félicitations! Tu peux être fière de toi! Et j'y crois avec toi! Courage *^*

J'arrête pas de dire "Ce chapitre est mon préféré", mais je crois que le Chapitre 19 est définitivement mon préféré de tous! Il est tellement riche d'informations, de belles descriptions, de tournures de phrases super classe, le rythme est parfait, c'est tellement intéressant, YES YES YES J'ADORE. Ahem. Comme toujours, ton style d'écriture est super agréable à lire, j'ai bouffé le chapitre en quelques minutes *^*

Les sentiments d'Alice sont tellement bien retransmis! Sa douleur à venir, son impression de vide, sa tristesse, sa terreur... Ah, vraiment j'adore! Elle me fait mal au cœur, la pauvre... Quand est-ce qu'elle aura son câlin? ;^;

Les interactions entre Alice et Aion sont géniales! J'ai tellement rit quand Aion dit :
"La vérité fait d’autant plus mal que tu es innocente, Alice, marmonna-t-il d’un ton étouffé."
:lol:

Aion me fascine. Il est puissant mais doux, furieux envers les humains mais juste et respectueux envers Alice... Et bon sang, quand il utilise ses pouvoirs, on a l'impression de sentir sa langueur et sa rancœur à travers sa puissance ;^; Et choupi, quand il ramène ses genoux contre sa poitrine ;^; J'ai tellement hâte de lire la suite *^*

J'ai adoré la découverte du Noyau par Alice, elle est tellement émerveillée, tellement triste... Le Noyau dégage une certaine mélancolie, c'est beau ;^;

WOW WOW WOW, LE PLAN D'AION. Sérieux, la façon dont Alice s'en rend compte et le raconte... J'ai eu une boule dans la gorge ;^; T'vas réussir à me faire pleurer, vilaine (ce que tu as déjà réussi à faire avec d'autres histoires, d'ailleurs XD).
Et sérieux, ces phrases :
"Je continuais à pleurer, sans savoir à qui j’en voulais. À Dastan Samay, à mon père, pour leur avidité ? Au seigneur Aion pour sa fourberie ? À mon ancêtre et ses compagnons pour avoir trahi et blessé l’un de nos Dieux Protecteurs ? À eux tous, je crois."
MAGNIFIQUES, PURÉE.

Et wow, le récap sur les cultures, peuples et Terres d'Oneiris est tellement classe *^* J'adore toutes ces infos, les traditions, les vêtements, les mœurs, les économies... C'est tellement intéressant! On voit que tu as vraiment bien travaillé ton univers, c'est impressionnant! Bravo! ♥

J'AI TELLEMENT HÂTE DE LIRE LA SUITE. Ce chapitre annonce tellement de choses qui vont être super classes *^*

Merci pour ce magnifique chapitre et pour ton histoire,

Bisouz!
Ben dis donc, je méritais pas ça :oops: :lol:

Oui ! J'ai écrit les 3 premiers chapitres de la partie 3, il m'en reste encore 5... Comme j'arrive à tenir le rythme d'un chapitre toutes les 2 semaines... La fin arrive pour tout bientôt :) Bwarf, je sais que vais arriver à la fin, c'est juste que c'est le travail derrière qui me déprime déjà (relecture, correction, écriture du scénar du T2... mais bon, je l'ai voulu XD) !

C'est marrant, j'ai pas l'impression d'avoir fait grand-chose d'extraordinaire avec ce chapitre... C'est surtout de l'informatif :roll: J'aurais pas cru qu'il te rendrait aussi enthousiaste XD Mais merci beaucoup ! (même si, encore une fois, je trouve pas avoir fait un travail particulier sur ce chapitre... si ce n'est essayer de ne rien oublier comme infos et d'avoir un minimum de logique dans les dialogues XD)

Mais... t'es nerveuse, en ce moment ? XDD J'ai l'impression que t'as vécu les événements du chapitre x1000, alors que j'ai vraiment pas foutu grand-chose au niveau des ressentis (je crois)... :geek: Son câlin, c'est pas pour tout de suite :roll:

Aion, c'est un vrai défi... Même moi, j'ai du mal à le cerner, j'écris vraiment au pif avec lui, en me disant "Bwa, ça va passer, aller". Mais il a une espèce de dualité en lui que j'aime bien mettre en avant, je suis contente qu'elle ressorte ! :D

Pour le Noyau, c'est vrai que j'ai essayé d'avoir une ambiance mélancolique, surtout par rapport à l'histoire d'Aion, mais c'était pas censé te faire presque pleurer XD (il a son côté un peu gros fourbe égoïste Aion, qui casse la tristesse qu'il porte en lui)

MDR c'est une arnaque totale le plan d'Aion, c'est juste une bonne excuse pour moi :lol: Quand j'ai eu l'idée d'Oneiris, le scénario se déroulait comme je l'ai présenté : un Dieu déchu, une Prophétie, des Élus, deux protagonistes qui sont choisis par le destin... j'ai trouvé ça tellement cliché que je me suis "nope nope nope, on va faire plus simple : Aion c'est un gros manipulateur fourbe menteur et il veut juste des coupains pour l'aider à se débarrasser de son pire ennemi pour redevenir tout-puissant". C'est plus drôle quand même, puis plus... authentique, je sais pas... plus réaliste ! Donc voilà : un Dieu déchu trop fier pour demander de l'aide aux humains, une fausse Prophétie, de faux Élus, et deux protagonistes paumés. C'est plus marrant quand même :lol: Bon, et ce plan, il explique certains points qui pouvaient paraître incohérents dans les chapitres précédents... Voilà, je pouvais rien dire, maintenant oui :lol:
(Elle a rien de magnifique, cette phrase, si ? XD)

Le récap, ça fait un peu info brute, mais bon, c'est toujours sympa d'avoir ça sous la main... Puis ça me servira bien pour remettre un peu les choses en tête lorsque je débuterai le T2 =)
Nan mais me félicite pas pour l'univers, Sasa, je le mérite pas du tout, vraiment :lol: Sans plaisanter, Oneiris doit faire partie des histoires pour lesquelles je me suis le moins cassé la tête, où j'ai fait presque 0 recherche (la plus grosse que j'ai faite, c'était pour savoir quels arbres on avait en France... :roll: ), où j'ai tout inventé au moment où je l'écrivais... Vraiment, aucun mérite à avoir x') (y'a des histoires sur ce forum bien plus recherchées sur ce plan là :shock: Ui, je pense à vous Sarah et Vince :D )

Merci beaucoup pour ton enthousiasme, en tout cas, et ta présence toujours aussi chaleureuse et encourageante ♥

Et si jamais tu as des p'tites remarques, n'hésite surtout pas :3 Tu me connais : tu peux tout me dire ;)

Comment ça tu me piques mon "bizouz" oh. T'as qu'à demander à ton correcteur d'avoir de la personnalité :evil:

Bizouze (paf !)
Répondre

Revenir à « Essais et créations en plusieurs parties »