Re: Un texte par jour ? (troisième texte /7)

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !
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Tic-Tac_Tu-Crak

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Re: Un texte par jour ? (troisième texte /7)

Message par Tic-Tac_Tu-Crak »

Bonjour à tous !

Je vous partage un petit défi que je me propose à moi-même. Cela fait longtemps que je n'ai pas écrit et j'essaie de me dérouiller un peu les doigts ! Comme j'avais des idées de personnage sans pour autant avoir un fil rouge, j'ai décidé faire cela sous forme de petit recueil sans chronologie. Il peut être interprété comme des fragments de vie ou de journal récupérés ici et là au fil des années. C'est simplement l'histoire d'une jeune femme qui fait l'expérience de la vie. Il y aura probablement des aspects un peu obscures - des choses dites à demi-mots, des évidences non explicités... à vous de combler dans votre tête comme bon vous semble, ou pas !

A bientôt, j'espère !

***

Texte 1 - 19/10/2020

« T’as qu’à le googler. » je lui dis en me retournant brusquement de mon côté du lit. Il essaya de me rattraper d’un bras mais j’enfonçais sous mon oreiller, enroulée dans ma couette comme dans une armure. Il poussa un soupir que j’interprétais comme agacé et j’entendis le lit grincer sous ses mouvements. Je devinais qu'il attrapait son téléphone et qu'il s'installait en position assise. « C’est quoi le terme exact déjà ? » il me demanda doucement. Je ne répondis pas. Je serrai davantage mes genoux contre ma poitrine et tentais d’avaler les sanglots qui m’étranglaient la gorge. Il soupira plus fort que la première fois et cela me fit me détester. « Est-ce que c’était… » et il prononça le mot. « Ne le dis pas ! » je m’exclamai brutalement, lui coupant la parole. « Je peux pas l’entendre ! » Ma voix se brisa sur ces derniers mots. Encore une fois, il voulu se rapprocher de moi ; je me recroquevillais, plaquais mes mains sur mes oreilles et serrais les paupières à m’en éclater les yeux. « Je suis pas là, je suis pas là. » je me mis à répéter frénétiquement à voix basse comme une barge. Il ne dit rien. Je crois qu’il était habitué. Mais ce n’était même pas à cela que je pensais. J’avais toutes ces pensées qui me hurler de crever et la poitrine broyée de honte. Comment c’était possible d’avoir les lèvres cousues comme ça alors que je l’aimais si fort ? J’étais probablement un peu malade, la tête un peu déséquilibrée… mais tout de même, il restait cette personne.

Je me fis violence, j’ouvris les yeux. Malgré mes mains comprimées sur mes oreilles, je l’entendais tapoter sur l’écran de son téléphone. Je restais là, clouée dans ce lit, comme paralysée. Incapable de dire, de me retourner vers lui, de dire pardon, de m’expliquer. Je desserrai la bouche comme pour parler mais aucun son ne sortit. C’était plus fort que moi. Et puis soudain, ma gorge se serra davantage ; mon corps se fit trop étroit pour moi et je me mis à suffoquer. Je me mis à respirer, respirer trop fort, avaler tout l’air que je pouvais, gonfler ma poitrine à la faire péter. Mais c’était jamais assez, j’avais l’impression d’étouffer, de ne même pas respirer. J’allais mourir là, dans ce lit trop mou qui me défonçait le dos chaque nuit ; c’était déjà fini alors que j’avais rien fait, même pas commencé, même pas mis le pied sur la ligne de départ.

« Tout va bien. Respire. » j’entendis soudain dans mon oreille. Je réalisais alors que j’étais plus dans la couette, que j’étais dans ses bras, que j’avais senti son haleine sur ma joue. C’était une crise angoisse mais j’arrivais pas à le croire. J’y arrivais jamais de toute façon. A chaque fois, c’était la fin du monde, à chaque fois, c’était comme si j’allais mourir. Il resta avec moi jusqu’à ce que je me calme, et lorsque ce fut le cas, il me laisse poser la tête sur sa poitrine et lui indiquer ce qui était vrai ou non, dans les articles qu’il avait trouvé.

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Tic-Tac_Tu-Crak

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Re: Un texte par jour ?

Message par Tic-Tac_Tu-Crak »

Salut ! J'ai essayé en vain de mettre l'image dans le texte avec un lien... J'ai pas réussi avec Image donc sii quelqu'un peu m'expliquer comment faire, je suis preneuse ! Bonne lecture !

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Texte 2 – 20/10/2020

C’était arrivé à deux reprises. La première fois, j’étais au labo. Je travaillais sur l’article à m’en faire fumer le crâne. La seconde fois, c’était dans le bus, ce matin, alors que j’étais sur le trajet pour me rendre au bureau. Je n’avais pas particulièrement voulu le noter ; cela s’était juste imposé à moi-même et je n’avais pu que contempler mon intérieur avec une attention admirative.

La deuxième fois donc, c’était aujourd’hui vers huit heures. J’étais assise côté fenêtre et le bus était moyennement plein. Je regardai la route se dérouler à travers la vitre, je regardai sans voir les bâtiments passer les uns après les autres. Je pensais tranquillement à ma vie, mon travail, mon amoureux. Et là, après un énième instant quelconque, j’ai réalisé que sous mon masque, de manière totalement spontanée, je m’étais mise à sourire. J’écarquillais les yeux avec une surprise émue et me penchai vers ce qui se passait en moi.

Je n’allais pas faire la dramatique et dire « cela fait si longtemps que je suis malheureuse que je ne sais plus ce que c’est que d’être heureuse ». Elle n’est pas comme ça ma vie, elle n’a pas le tragique des œuvres d’art ou des pays en guerre ; mais cela faisait tout de même plusieurs mois que je n’avais pas ressenti une joie si dénuée d’angoisse.

J’essayais de ne pas réfléchir le moment. Je restais dans mon corps et appréciais, pendant quelques minutes et avec une gratitude infinie, cet élan dénué de tristesse.

Le soir, quand je suis rentrée, mon mari a déverrouillé la porte avant même que je n’enfonce la clef dans la serrure. J’ai jeté mon masque et j’ai fait tomber mes habits contaminés sur le sol ; il me disait déjà combien je lui avais manqué. Sans le toucher, car mes mains étaient encore sales, j’ai plaqué mon corps presque nu sur le sien en pyjama et, entre quelques bisous mouillés d’amour, je lui racontais ce petit miracle qui avait baigné toute ma journée.

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Tic-Tac_Tu-Crak

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Re: Un texte par jour ? (troisième texte /7)

Message par Tic-Tac_Tu-Crak »

Bonjour à tous !
Voici un troisième petit texte, je le préfère aux autres donc peut-être que ce dérouillage de doigts fonctionne pas si mal haha
J'ai décidé de me tenir à un semaine de cet exercice et ensuite, je passerai à autre chose. Écrire m'a donné envie d'écrire et j'ai commencé à penser à une autre histoire... qui aboutira à quelque chose de concret... ou pas ! On verra bien, pour l'instant, je m'amuse bien.
Bonne lecture !

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Texte 3 – 21/10/2020

J’ai vu une psy vendredi dernier. Cela doit être la quatrième maintenant. Que des femmes. La première c’était en fin de collège, lorsque qu’en prenant conscience de moi-même, j’avais également pris conscience de mon profond mal-être. Je suis restée avec elle quelques mois avant de brusquement arrêter. Je crois qu’elle a dit un mot qui a froissé mes parents et ils ne m’ont jamais laissé y repartir. La seconde c’était bien plus tard, en quatrième année de fac. Les cafards que je n’avais pas réussi à éradiquer lors de mon adolescence avaient pondus leurs œufs dans ma poitrine. La troisième, c’était ici, juste après mon déménagement ; jeune adulte, je m’étais décidée à me prendre en main et à désinsectiser mes pensées. En vain donc, car il y a quelques jours, j’avais eu l’occasion d’en rencontrer une quatrième.

J’ai fondu en larmes dès l’instant où nous avons raccroché. Alors que j’étouffais mes sanglots dans un oreiller, une partie de moi-même se fit la réflexion que cela faisait longtemps que je n’avais pas pleuré aussi fort et que cela faisait du bien. Je ne comprenais pas comment ce bout de cerveau pouvait rester aussi détaché face à la vie. C’était le même bout qui me disait que mes cheveux sentaient bons lorsque je faisais une crise d’angoisse ou qui, lorsque mon mari s’énervait pour une quelconque raison, me murmurait tranquillement qu’on allait tous crever et que tout était ridicule.

Je suis restée dans mon lit un moment, à mouiller mes draps de morve et de larmes. Je crois que j’avais mis moins d’espoirs naïfs dans mon mariage que dans cet appel. Je me sentais profondément trahie et en colère, presque en détresse. Il y avait aussi la profonde déception teintée de mépris que j’avais souvent ressenti, enfant puis ado, lorsque mes parents ne pouvaient pas répondre aux questions que je leur posais. Mon père, ma mère, et aujourd’hui mes psys étaient tous descendus de leur piédestal. Ou peut-être était-ce simplement moi qui avait grimpé les marches en remarquant que c’était simplement un escalier vers la suite de la vie. J’avais crié dans l’oreiller. Putain, quelle merde c’est de grandir et de se heurter au chaos du monde. Tout était libre et déstructuré, et pourtant je me cassais les cottes dans les carcans de mes pensées et de la société organisée.

La colère pris enfin le dessus sur ma paralysie de désespérée. Je sortais du lit, buvais un grand verre d’eau et me mis à tourner en rond dans mon appartement vide. Mon mari était dehors ; quand bien même il aurait été là, j’aurais quand même été seule. On est tous entourés du précipice que creusent nos pensées. Lorsqu’il rentra, il ne me demanda pas comment s’était passé l’appel – il m’avouera plus tard qu’il avait oublié que je devais le passer. Je ne fis rien de la soirée ; je me cachais sous la couette du lit, comme si cela pouvait me protéger de moi-même, jetais mon cerveau par la fenêtre et m’absorbais dans un fil continu de vidéos YouTube.


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