Je vous partage un petit défi que je me propose à moi-même. Cela fait longtemps que je n'ai pas écrit et j'essaie de me dérouiller un peu les doigts ! Comme j'avais des idées de personnage sans pour autant avoir un fil rouge, j'ai décidé faire cela sous forme de petit recueil sans chronologie. Il peut être interprété comme des fragments de vie ou de journal récupérés ici et là au fil des années. C'est simplement l'histoire d'une jeune femme qui fait l'expérience de la vie. Il y aura probablement des aspects un peu obscures - des choses dites à demi-mots, des évidences non explicités... à vous de combler dans votre tête comme bon vous semble, ou pas !
A bientôt, j'espère !
Texte 1 - 19/10/2020
« T’as qu’à le googler. » je lui dis en me retournant brusquement de mon côté du lit. Il essaya de me rattraper d’un bras mais j’enfonçais sous mon oreiller, enroulée dans ma couette comme dans une armure. Il poussa un soupir que j’interprétais comme agacé et j’entendis le lit grincer sous ses mouvements. Je devinais qu'il attrapait son téléphone et qu'il s'installait en position assise. « C’est quoi le terme exact déjà ? » il me demanda doucement. Je ne répondis pas. Je serrai davantage mes genoux contre ma poitrine et tentais d’avaler les sanglots qui m’étranglaient la gorge. Il soupira plus fort que la première fois et cela me fit me détester. « Est-ce que c’était… » et il prononça le mot. « Ne le dis pas ! » je m’exclamai brutalement, lui coupant la parole. « Je peux pas l’entendre ! » Ma voix se brisa sur ces derniers mots. Encore une fois, il voulu se rapprocher de moi ; je me recroquevillais, plaquais mes mains sur mes oreilles et serrais les paupières à m’en éclater les yeux. « Je suis pas là, je suis pas là. » je me mis à répéter frénétiquement à voix basse comme une barge. Il ne dit rien. Je crois qu’il était habitué. Mais ce n’était même pas à cela que je pensais. J’avais toutes ces pensées qui me hurler de crever et la poitrine broyée de honte. Comment c’était possible d’avoir les lèvres cousues comme ça alors que je l’aimais si fort ? J’étais probablement un peu malade, la tête un peu déséquilibrée… mais tout de même, il restait cette personne.
Je me fis violence, j’ouvris les yeux. Malgré mes mains comprimées sur mes oreilles, je l’entendais tapoter sur l’écran de son téléphone. Je restais là, clouée dans ce lit, comme paralysée. Incapable de dire, de me retourner vers lui, de dire pardon, de m’expliquer. Je desserrai la bouche comme pour parler mais aucun son ne sortit. C’était plus fort que moi. Et puis soudain, ma gorge se serra davantage ; mon corps se fit trop étroit pour moi et je me mis à suffoquer. Je me mis à respirer, respirer trop fort, avaler tout l’air que je pouvais, gonfler ma poitrine à la faire péter. Mais c’était jamais assez, j’avais l’impression d’étouffer, de ne même pas respirer. J’allais mourir là, dans ce lit trop mou qui me défonçait le dos chaque nuit ; c’était déjà fini alors que j’avais rien fait, même pas commencé, même pas mis le pied sur la ligne de départ.
« Tout va bien. Respire. » j’entendis soudain dans mon oreille. Je réalisais alors que j’étais plus dans la couette, que j’étais dans ses bras, que j’avais senti son haleine sur ma joue. C’était une crise angoisse mais j’arrivais pas à le croire. J’y arrivais jamais de toute façon. A chaque fois, c’était la fin du monde, à chaque fois, c’était comme si j’allais mourir. Il resta avec moi jusqu’à ce que je me calme, et lorsque ce fut le cas, il me laisse poser la tête sur sa poitrine et lui indiquer ce qui était vrai ou non, dans les articles qu’il avait trouvé.