21 ans | Fils du Docteur Facilier | Puissant et Arrogant | Avec Ayna
Les différences entre Ayna et moi ce font de plus en plus évidentes au fur et à mesure de la conversation. Elle, la princesse des glaces qui veut voir le monde souffrir à ses pieds, moi, l'orphelin des ombres de la Louisiane qui veut... plus. Toujours plus. de connaissances, de contrôle. D'expérience. Peut-être est-ce pour cela que ma liberté retrouvée ne me suffit pas. Parce que rien ne me suffira jamais. Je ne sais pas si j'aime cette idée. Parce que d'un côté, cela veut dire que je serai toujours amené à plus, à mieux... Mais de l'autre, cela signifie que je ne trouverai jamais cet équilibre que je pensais obtenir une fois ma dette remboursée. Peut-être que je n'arrêterai jamais de regarder par dessus mon épaule et de craindre pour ma vie. Pire, peut-être que je finirai par me convaincre que seule la richesse et la gloire peuvent faire mon bonheur. Et inévitablement, je cesserai d'être méticuleux, et je ferai un faux pas. Je ne serai plus qu'un autre croque-mitaine que les héros pourront se venter d'avoir vaincu, un autre visage terrifié sur une pierre tombale. Le pire? Bien sûr que le pouvoir absolu est tentant. Je ferai un bon gouverneur. Logique, impartiale, pragmatique. Mais quand je parcours le monde, le savoir que j'accumule est une autre forme de pouvoir, ma façon à moi de redéfinir l'ambition et ce que je veux en retirer. La curiosité est censé être un défaut qui mène un homme à sa perte. Mais peut-être que la mienne me sauve. Peut-être que ma volonté de comprendre chaque parcelle d'Histoire, chaque objets magiques qui croise ma route, c'est ce qui m'empêche de me jeter dans une quête vaine de pouvoir comme Ayna. Peut-être que pour l'instant c'est ce sur quoi je doit me concentrer, avant de trouver ma prochaine grande quête. Et là, ma curiosité va vers la princesse perdue d'Arendelle. Elle, il n'y a pas doute qu'elle sait ce qu'elle veut. Ce que tant d'autre ont voulut avant elle. Le pouvoir. Et ça commence par moi. Chercher un ascendant psychologique sur moi, que je refuse de lui donner. Je suis de sa trempe, et elle est de la mienne, aussi différents que nous soyons. Et je pense que, comme moi, elle a conscience que ensemble, nous sommes un alliage unique, une lame à toute épreuve. Mais je refuse d'être une arme à ses côtés si nous ne sommes pas d'accord sur quel point frapper et comment. Si bien qu'elle cherche déjà une brèche en moi. L'épée n'est même pas forgée qu'elle veut déjà se retourner contre elle-même. Le subtil motif du damas devient déjà inégal tendis qu'une partie lutte pour prendre l'essor sur l'autre. La vérité? Ayna est vraiment intelligente. Si elle choisit son moment pour révéler cette information aux villageois, elle pourrait vraiment faire des dégâts, pour moi comme pour le groupe. Même si ce secret devait toujours exploser à un moment ou à l'autre, le fait qu'elle tienne à présent le détonateur n'est définitivement pas une bonne nouvelle. Mais elle n'a pas à le savoir. Et puis je saurais reprendre les rênes de la situation quoi qu'il en soit. Peut-être même la tourner à mon avantage, qui sait?
Je soutiens son regard quand elle approche son visage du miens en souriant. Si sûre de son plan infaillible. Je ne peux retenir un sourire vaguement amusé quand elle a même le culot de me dire que je lui fait perdre son temps.
-Une petite enquête ne t'amuses donc pas? Aurais-je donc un goût pour la chasse et les énigmes qui lui manquerait?
Cherches donc, mon chou, je suis curieux de voir ce que tu trouveras, et comment. Une fois de plus, la curiosité prend le pas sur la peur. Peut-elle vraiment y arriver? Si j'étais elle, je commencerai par Marie, qui a lancé l'alerte quand je me suis introduit dans la grotte, mais ce sera un cul de sac, car la pirate ne connais pas les motifs de mes actions, si bien qu'elle n'apprendrai rien de nouveau à la fille d'Hans. Puis il y a Nyssa et Freddie, dont je suis ouvertement proche, mais la première ne connais pas les détails de mon plan, et elle est trop loyale, et si la seconde en sait plus, elle est trop têtue pour parler. Et une autre raison pour laquelle je ne m'inquiète pas: les secrets que je perçois en Ayna sont infiniment plus lourds que les miens. Tout ce que je ne dis pas me permet de garder l'avantage, mais ceux d'Ayna? La jeune femme que je tente d'apercevoir derrière cette carapace glacée? C'est une version d'elle même qu'elle préférerai enterrer que de révéler au monde. Et les secrets que l'ont tente de pousser dans la tombe sont toujours les plus mortels.
Je continue de l'interroger sur ces désirs et ces objectifs, notamment sur Séraphina. Sur quel genre de monde veut-elle régner? Un monde endormis, piégé à tout jamais par l'influence de la sorcière, ou bien éveillé et perdu, prêt à tomber entre ses griffes à elle? Mais l'archère aux cheveux de corbeaux en fait à nouveau une question d'égo.
-Et tu penses l'être? Je ne m'étais en réalité pas posé la question, mais maintenant, je veux savoir. Parce qu'elle n'est pas assez entraîné pour la vaincre. En terme de puissance magique, peut-être, mais Ayna est arrogante, peu structurée. Tout ce que je refuse d'être.
As-tu seulement déjà combattu des adversaires magiques auparavant? La magie des enfants d'Arendelle est sauvage et indomptable, inégalée par bien des aspects. Mais celle de Maléfique et Séraphina? C'est un kaléidoscope de possibilité dans laquelle une seconde d'inattention peut vous faire perdre pied, encore plus que ma magie à moi. On ne peut les battre sans les avoir étudié, ce qui est mon cas. Et même moi, je ne penses pas être un adversaire de taille seul, du moins pas encore. Et certainement pas avant d'avoir compris exactement ce qu'il se passe. Le reste de la réponse est quelque peu cryptique, mais elle semble indiquer qu'elle ne tuera nos camarades seulement après notre victoire. Diviser pour mieux régner en somme. Malin
-Donc tu préfères les tuer après? Et qui veux-tu voir manger les pissenlits par la racine en premier? Ses sœurs j'imagine, même si je préfère l'entendre de sa bouche.
Je croit la voire sourire brièvement quand je dis être ravis d'être son défit, et elle me retourne la question. Je me demande si je viens de voir un sourire sincère de sa part, ou bien seulement une autre facette de son jeu? Quoi qu'il en soit, c'est à mon tour de rapprocher un peu mon visage du siens, l'espace séparant nos deux fronts n'étant plus qu'une affaire de centimètre. Quelque soit le jeu auquel elle voudras jouer, je jouerai.
-Peut-être. Mais peut-être pas de la façon qui te plairais.
La décoder, comprendre le fonctionnement de son esprit ses pouvoirs? Oui. La servir dans son ascension au trône vers un monde froid et cruel? Ça ne m’intéresse pas.
-Peut-être que j'attends encore plus de toi que ce que tu t'imagine, Ayna, je rajoute, murmurant presque. Puis-je voir ce qu'il y a derrière sa haine et sa soif de chaos? Il y a t-il une limite entre la fillette qu'on a façonné à vouloir régner et l'enfant qu'Elsa a vu naître? Ou bien est-ce que la vraie elle est une personne entièrement différente, qu'elle-même n'a pas encore rencontré? Pas que je veuille la changer, mais je vois un potentiel qui ne demande qu'à être accomplis.
Puis, au fur et à mesure que nous parlons et caressons sa panthère, l’étau se resserre, notre conversation se précise. Je finis par lui indiquer ce que je veux vraiment d'elle. Un marché où chacun trouve son compte, j'y gagne plus encore de connaissances et je récupère un monde qui vaut la peine d'être exploré, elle gagne des pouvoirs, une nouvelle compréhension d'elle-même et jolie chemin vers son précieux trône. Bien sûre, la princesse ne me donne pas un oui ou non définitif, et à nouveau, je souris à sa question. Je ne peux m'empêcher de noter l’ambiguïté de l'expression "reine de ton monde" et elle ne me déplaît pas. Je m'imagine une seconde un monde comme le voudrais Ayna, elle et moi faisant régner notre loi, plus de raison de regarder constamment par dessus notre épaule, rien pour se dresser au travers de notre route. Qui sait, peut-être que les étranges pouvoirs de glace d'Ayna pourrais même vaincre les Iowas, et nous régneront ensembles sur les vivants et les morts. Et après? Un coup de couteaux dans le dos? La paranoïa palpable de deux souverains qui sont trop malins l'un pour l'autre. Le monde, plongé dans des ténèbres comme il n'en a jamais connu. Mais si même ça, nous étions trop intelligents et puissants pour l'éviter? Mais dans ce cas, l'ennuie finirai sans doute par avoir raison de nous. Pendant une seconde, j'aimerai peut-être penser un peu moins pouvoir prendre le fruit de la tentation qu'Ayna me tends et en profiter, me bercer d'illusion. Mais ce n'est pas la personne que je veux être. Je me suis entraîné à toujours penser dix coups à l'avance, y compris de moi-même. Surtout de moi-même. Si bien qu'après un silence durant lequel mes yeux se perdent un instant dans ses cheveux, je finis par répondre:
-Ce que je vois en toi? Tes pouvoirs? C'est une infinité de possibilités. Quelque chose de nouveau, du jamais vu. Un hymne potentiel à la création que personne n'a jamais encore entendue. En toi, Ayna? Du chaos, de la colère, de la destruction, un monde qui a été gelé et qui ne veux plus jamais se réveiller. Quelqu'un de plus jeune qu'elle ne veux l'admettre. Et surtout? Quelqu'un qui n'a pas décidé ce que cela voudras dire pour elle d'être reine. Si bien que pour l'instant, je crains que je ne puisse te confier mon monde. La communauté Vaudou n'est pas la plus apprécié là d'où je viens. Elle est fragile, et tout tente de la tuer, le monde extérieur, le temps... elle même. Elle n'a pas besoin d'une reine qui viendrait les gouverner, elle a besoin d'une reine qui ai l'humilité de passer le temps nécessaire à la comprendre.
Je pourrais passer des heures à lui parer de ma communauté, ses croyances, ses traditions, mon rapport si particulier avec elle, moi, le fils de celui qui l'a blessé si profondément qu'il a également causé le départ de sa reine originelle, Mama Oddie. Depuis, les pratiquants vaudous ont perdus leur sens de l'unité et de la direction, et aux yeux du monde, ce ne sont plus que des sorciers malfaisants, qu'il faut chasser et tenir à l’écart du reste de la société.
Je poursuis, passant ma main dans la terre et la faisant couler à travers mes doigts au fur et à mesure que je parle.
-Mais. Si jamais au court de notre partenariat tu me montre que tu es capable de faire partie de quelque chose de plus grand que toi sans chercher à en prendre le dessus, que tu es capable d'accepter que le monde a un équilibre fragile que tu ne peux que accompagner et non détruire ou dominer, que tu es capable de faire partie d'une religion... Alors peut-être que là j'estimerai que tu es capable d'être reine de tout ce que tu voudras. Peut-être même de mon monde.
Je fais attention à ne pas lui promettre directement la couronne vaudou. D'une part, ce n'est pas ma place de l'attribuer, d'une autre, peut importe tout ce que je peux lui apprendre, elle restera une étrangère à la communauté, je ne peux lui promettre qu'elle sera acceptée. Et ensuite il y a Freddie. Freddie qui a ses propres problèmes d'égo et d'impulsivité, mais qui est teigneuse à souhait et ne manque pas de détermination. Je me suis toujours demandé ce qu'elle pourrait accomplir si on jour, elle se mettait à l'ouvrage.
Je suis conscient qu'elle risque de ne pas vraiment apprécier l'ensemble de ma tirade, mais si nous devons travailler ensemble, surtout en temps qu'élève et professeur, elle doit être capable d'entendre ce genre de chose sans m'assassiner pour outrage à majesté.