Dragon Lune (titre provisoire) en attente de com!

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Xail

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Dragon Lune (titre provisoire) en attente de com!

Message par Xail »

Il s'agit d'un prologue d'une histoire en cours. J'ai besoin de savoir deux choses en priorité : si les explications sont claires (parce que c'est clair dans ma tête mais pas forcément pour vous), et si ça vous donne envie de lire la suite (si c'est le cas, j'espère que vous n'êtes pas pressés !). Et si jamais vous avez une idée de titre, n'hésitez pas !
J'attends vos commentaires ! :mrgreen:

Prologue



- Autrefois, la Mère-Terre était recouverte d'immenses étendues de terre qu'on appelait continents. Sur ces terres qui semblaient sans fin vivaient de nombreux animaux et des plantes en tous genres. Sur ces terres vivaient aussi des Humains, des Centaures, des Elfes et des Nains. Et puis, un jour, la Mère-Terre déchaîna sa colère. Ses continents se déchirèrent, ses immenses plaines verdoyantes furent englouties, ses majestueuses forêts brûlèrent, ses montagnes s'effondrèrent. Les continents disparurent. Seules de petites îles survécurent, émergeant un peu partout sur les océans réunifiés. Et, après cinq millénaires d'enfer, la Mère-Terre s'apaisa.

La voix grave et éraillée de la vieille Centaure résonnait avec force dans la grande salle silencieuse où elle faisait son cours. Ses élèves étaient bien évidemment majoritairement des Centaures, mais il y avait aussi beaucoup d'Humains, quelques Elfes et même un Nain. Tous ces enfants étaient suspendus à ses lèvres, attendant la suite de l'histoire, la suite de leur Histoire.

La Centaure, après un léger silence, reprit son récit.

- Pour continuer l'histoire, il me faut revenir en arrière. Avant la Grande Destruction, une race venue du Ciel dans de grands vaisseaux, ayant prédit la catastrophe, se fixa pour but de tous nous sauver. Elle construisit donc des caissons très très résistants où elle enfermerait tous les êtres vivants. Ces caissons devaient les maintenir en vie le temps de la Grande Destruction, puis ils s'ouvriraient lorsque la Mère-Terre se serait apaisée et qu'elle serait de nouveau habitable. Dans ces caissons furent enfermés le Peuple, mais aussi tous les animaux et les plantes présents sur la Mère-Terre. Après avoir fait tout ceci, la race venue du Ciel repartie avec ses vaisseaux.

- Qui est le Peuple ? demanda innocemment un petit garçon.

- On appelle le Peuple le regroupement des Elfes, des Centaures, des Humains et des Nains, lui répondit la vieille professeure avant de continuer son cours.

- Après la Grande Destruction donc, vint la Renaissance. Durant cette période, qui dura plus d'un siècle, les caissons libérèrent petit à petit leur contenu. D'abord, ce fut les plantes qui reconquirent la Mère-Terre, puis les animaux en prirent peu à peu possession. Une fois qu'un équilibre se fut installé, le Peuple se réveilla. Les caissons qui étaient à l'air libre, sur des îles, libérèrent des Centaures, des Elfes, des Humains et des Nains qui s'éveillaient d'un sommeil de cinq mille ans. Ils étaient bien sûr désorientés de voir que la Mère-Terre avait complètement changé de visage. Mais, peu à peu, ils la redécouvrirent grâce, notamment, aux Humains qui les premiers construisirent des bateaux afin de pouvoir voyager sur leur nouvelle planète. Ils enseignèrent ce savoir aux autres races, et tous partirent à la reconquête de la Mère-Terre. Mais qui dit reconquête dit bataille. Les races se battirent afin de conquérir les plus grandes îles et les plus fertiles. Le Peuple se déchira, s’entre-tua, et beaucoup trop de sang coula. Les plus puissants parvinrent à conquérir des îles entières, d'autres s'allièrent pour avoir une île. Les plus malchanceux, s'ils ne mourraient pas, se débrouillaient pour se fabriquer un bateau et vivaient dessus. Malheureusement pour eux, ils étaient totalement dépendants des personnes vivant sur les îles. Cela les poussa à perfectionner leur navires, à les armer afin d'attaquer les bateaux de ceux qu'ils appelèrent les terriens. Dès qu'un terrien fabriquaient un bateau, ils le détruisaient impitoyablement, ils le pillait et tuaient l'équipage. Ils s'attaquaient même entre eux. Ces pirates, qui se nommaient les marins, devinrent les maîtres de l'océan. Ils commencèrent à commercer de diverses façons avec les terriens. Soit ils venaient les voir avec de l'or, des armes ou des bateaux qu'ils avaient eux-mêmes fabriqués, et ils les échangeaient contre des vivres, de l'eau douce et tout ce qu'ils ne pouvaient fabriquer sur leurs navires. Soit ils offraient leur protection à une île, et ils la défendaient contre les autres pirates, en échange d'or et de nourriture. Mais les marins se lassèrent d'être au service des terriens. Ils commencèrent à produire eux-mêmes leur eau douce avec de l'eau de mer, en la purifiant afin de la débarrasser du sel et des saletés. Petit à petit, ils parvinrent même à faire pousser leurs propres plantes et à élever leurs animaux. Lorsqu'ils furent totalement indépendants des terriens, ils perfectionnèrent leurs armes et, en formant parfois des alliances temporaires, ils attaquaient des îles entières. Ils récupéraient l'or, parfois les vivres, l'alcool. Ils en profitaient aussi pour réparer leurs bateaux, et parfois, ils massacraient totalement l'île. Lorsqu'ils la quittaient, elle était ravagée et, bien souvent, ils lui mettaient le feu, pour n'épargner aucun habitant.

- Mais ce que vous dites là ne concerne que les plus sanguinaires des pirates, l'interrompit un Elfe en prenant un petit air supérieur.

La Centaure lança au petit Elfe un regard qui, sans être méchant, lui fit fermer la bouche et se recroqueviller dans son coin, et elle reprit :

- Effectivement, certains pirates restaient relativement civilisés, et continuaient à commercer presque pacifiquement avec les terriens. Le commerce de bateaux se développa énormément à ce moment-là. Mais presque tous les pirates attaquaient à un moment ou à un autre une île et la saccageaient.

- Mais alors, demanda une Centaure en levant la main, pourquoi les terriens continuaient-ils à commercer avec des pirates qui les attaquaient ? Ils avaient si peur que ça des marins ?

- Il y a trois raisons principales qui font que le commerce entre marins et terriens fut aussi répandu. Tout d'abord, comme tu l'as dit, les terriens avaient peur des marins qui n'hésitaient pas à les menacer. Ensuite, si les pirates gagnaient de l'or honnêtement, et donc en commerçant, ils attaquaient moins les îles. Enfin la marchandise qu'ils vendaient était des bateaux, et ils étaient les seuls à en fabriquer car les terriens avaient peu à peu perdu ce savoir pourtant essentiel à leur survie. Et puis, les navires des pirates étaient beaucoup plus performants et rapides que ceux des terriens.

- Est-ce qu'il y avait des femmes chez les pirates ?

- Bien sûr, et c'étaient même les plus cruelles. Dans les légendes, la plupart des pirates les plus sanguinaires sont des femmes. Elles avaient la réputations d'être impitoyables, tuant hommes, femmes et enfants sans un regret. Mais attention, il ne faut pas confondre légendes et Histoire.

- Mais alors il y avait aussi des bébés pirates ?

La question un peu naïve fit rire les élèves, mais la vieille Centaure y répondit.

- C'était plutôt rare, mais cela arrivait qu'une pirate élève son bébé sur son navire. Cependant, la plupart d'entre elles élevaient leurs enfants sur la terre ferme, sur l'île d'attache du navire. Lorsqu'ils étaient assez grands, ils devenaient à leur tour des pirates.

- C'est vrai qu'ils volaient les enfants des autres pour en faire des pirates ?

- Cela aussi était rare, mais oui, certains pirates volaient des enfants, avec leurs mères, et les déposaient sur leur île d'attache. Les mères élevaient leurs enfants et très souvent, lorsque ceux-ci devenaient des pirates, elles aussi intégraient l'équipage.

- Vous parlez d'île d'attache, mais vous avez dit que les pirates n'avaient pas d'île.

- La plupart d'entre eux avaient finalement réussi à en conquérir une, presque toujours par la force. Sinon, en échange d'or, ils pouvaient accoster sur une autre île pirate.

- Comment les Centaures ont-ils pu oublier comment construire un bateau alors qu'ils ont la Mémoire Collective ?

- Les bateaux dont ils avaient souvenir n'étaient ni aussi résistants ni aussi rapides que ceux des pirates qui les coulaient bien trop facilement. Les gens préféraient acheter des bateaux aux pirates et les Centaures arrêtèrent rapidement d'en fabriquer. En plus, vendre ou acheter un bateau qui n'était pas pirate revenait à s'attirer les foudres des pirates qui venaient immanquablement saccager l'île et le navire.

- C'est quoi la Mémoire Collective ?

- Les Centaures ont une particularité : ils ont ce qu'on appelle la Mémoire Collective. C'est comme un immense livre où chaque Centaure peut écrire ce qu'il veut, et que tous les Centaures peuvent consulter. Sauf que rien n'est écrit, ce sont des souvenirs. C'est ce qui permet aux Centaures de connaître des choses qu'ils n'ont jamais vécues.

- Ça veut dire que vous avez des souvenirs d'avant la Grande Destruction ?

- Malheureusement, la Mémoire Collective n'a pas survécu à la Grande Destruction. Les plus anciens souvenirs que nous ayons sont ceux des premiers Centaures qui se sont réveillés après la Renaissance, et leurs souvenirs à eux sont très flous.

Le flot de questions s'interrompit soudain et un silence s'installa dans la classe. Les enfants assimilaient peu à peu les informations qui leur avaient été données. Après quelques minutes de réflexion, le jeune Nain leva la main et demanda à la Centaure :

- Est-ce que vous connaissez les Cratasses ?

- Les Cratasses sont l'une des deux races qui apparurent lors de la Renaissance. Ils sont dérivés de l'Humain. Le caisson où ils se trouvaient fut endommagé et leur nature même fut modifiée. Ils forment désormais une race à part. Ce sont des humanoïdes plutôt petits, très larges et donc très musclés. Ils ont le dos courbé et, tout le long de leur colonne vertébrale, ils ont des cheveux qui sont très souvent noirs. Parfois, ils tressent leur crinière. Ils ont des yeux soit jaunes, soit rouges. On dit que les Cratasses aux yeux rouges sont fous, car ce sont les plus sanguinaires, pire encore que les pirates. Ils ont la peau foncée, et leurs dents et leurs griffes sont plus longues et plus dures que chez les Humains. Ils ont aussi des oreilles plus grandes. Leurs pieds et leurs mains sont beaucoup plus larges. Ils sont d'une manière générale beaucoup plus résistants et costauds que les Humains, et au moins autant que les Nains, si ce n'est plus. Ils se promènent soit nus, soit vêtus d'habits volés sur les navires ayant le malheur de croiser leur chemins. Ils n'ont pas de langage propre et communiquent uniquement par gestes et grognements.

- Et mon papa dit qu'ils sont très bêtes ! s'exclama le Nain.

- Il est vrai que leur intelligence est inférieur à celle du Peuple, et heureusement sinon ils auraient déjà envahis la Mère-Terre.

- Mais s'ils sont stupides, pourquoi sont-ils tellement craints par les marins et les terriens ? Même les pirates tremblent devant eux !

- Ils sont stupides, comme tu dis, mais extrêmement sauvages, et leur technique d'attaque est très perfectionnée. Lorsqu'un navire approche de leur île, ils se cachent pour faire croire qu'elle est inhabitée. Une fois que le bateau a accosté, ils bondissent dessus tous en même temps et attrapent toutes les personnes présentes sur le bateau. Ils en mangent une grande partie le soir lors d'un festin, et ils gardent quelque membres de l'équipage afin de manœuvrer le navire. Le lendemain, quelque Cratasses embarquent sur le bateau avec le reste de l'équipage et toutes leurs femelles en gestation. Dès qu'ils débarquent sur une île, ils en dévorent les habitants et s'y installent.

La Centaure se tut un instant, observant les visages des enfants en face d'elle, leurs grands yeux innocents brillants de dégoûts.

- Ils mangent vraiment les gens ?

La vieille professeure hocha la tête, tout en sachant pertinemment que les élèves étaient bien trop petits pour
entendre toute la vérité, à savoir que les gens étaient mangés crus et surtout encore vivants. Une petite Humaine leva alors la main :

- Et la deuxième race ?

- J'allais y venir. On ne sait pas exactement à quel moment elle apparut sur la Mère-Terre, mais personne avant la Grande Destruction et la Renaissance ne l'avait aperçut. Ce sont de petits êtres très fins ayant un buste Humain et une queue de poisson. Ils vivent dans l'eau, ne commercent pas avec le Peuple et semblent pacifiques. Mais personne n'a jamais eu de vrai contact avec eux, et on ignore encore beaucoup de choses de leur race. Néanmoins, on connaît leur nom. Ce sont des Sirènes.

Un Centaure arriva soudain au galop, et cria :

- Tsylla !

La vieille professeure, à l'annonce de son nom, se retourna et le regarda avec surprise. Puis, comme si un message était passé entre eux, elle hocha la tête, s'adressant aux enfants, déclara :

- Les enfants, le cours est fini pour aujourd'hui. Vous pouvez y aller.

Aussitôt, ce fut la débandade et tous les petits se dispersèrent en bavardant, se racontant des légendes avec des pirates sanguinaires, des îles remplies de Cratasses et des mystérieuses Sirènes. Tsylla les regarda en souriant et, une fois de plus, se fit la réflexion que son métier était le plus beau au monde. Puis ses yeux se posèrent sur le Centaure et elle recouvra son sérieux. Ce dernier lui annonça avec un air grave :

- Ce soir se tiendra un Conseil extraordinaire à propos des catastrophes naturelles qui surviennent depuis quelques semaines.

- Tu veux parler de tous ces cyclones, ces tempêtes, ces pluies diluviennes, des tremblements de terre et ces tsunamis ?

- Exact. Il faut que tu sois présente ce soir à la tombée de la nuit, à la clairière.

- Et qui a demandé ce Conseil ? Un Centaure ?

- Non...

- Un Elfe alors ? Ou peut-être un Humain... Quand même pas un Nain ?

- Ce sont les Sirènes qui l'ont demandé.

- Les Sirènes ?! Mais elles n'ont jamais participé à un Conseil !

- Et bien il semblerait qu'elles veuillent changer cela. Elles ont des informations importantes à nous donner.

Tsylla réfléchit un instant, prise de court par la tournure des événements, puis dit finalement :

- Bien... Je serais là.

Le Centaure hocha la tête et repartit aussi vite qu'il était arrivé. La professeure, elle, resta dans sa classe, songeuse. Voilà bien des années qu'il n'y avait pas eu autant d'agitation... Cela promettait d'être intéressant.
Dernière modification par Xail le dim. 15 déc., 2013 6:41 pm, modifié 4 fois.
Marchombr

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Re: Prologue (pas de titre)

Message par Marchombr »

Franchement j'aime beaucoup ton idée ton imagination est génaile et ton histoire est extra!!!! J'ai hate de lire la suite!!! Le nom tu peux mettre soit le héros du livre soit le nom de la planète soit l'année de cette histoire!!!! :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: Tu pourras me prevenir quand tu auras écrit la suite STP!!
Xail

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Re: Prologue (pas de titre)

Message par Xail »

Merci Marchombr !
Alors, le problème du titre, c'est que il y a plusieurs héros, que je n'ai pas (encore) le nom de la planète et que je n'ai pas l'année non plus. Mais l'idée du nom de la planète, pourquoi pas !
SevenRed

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Re: Prologue (pas de titre)

Message par SevenRed »

C'est vachement sympa, pas banal et bien écrit, et pour moi c'est plus un chapitre qu'un prologue, on est déjà dans le contexte. Un prologue c'est plus bref que ça et plus vague.
Quel est l’élément-clé de ton histoire ? Que va-t-il se passer ? Si par exemple c'est une guerre, tu peux appeller ça "Le combat des Sirènes" exemple de mouise, bien sûr :).
DanielPagés

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Re: Prologue (pas de titre)

Message par DanielPagés »

Je suis tombé sur ton histoire en regardant ce qui était nouveau sur bknode... et je me suis laissé embarquer ! :D
Ne te casses pas la tête à trouver un titre pour le moment. Au point où nous en sommes, on ne sait pas du tout ce qui va se passer dans ton roman, donc impossible de lui donner un titre... Il faut parfois attendre que le roman soit terminé pour le trouver .
Toi, où en es-tu ? Tu l'as terminé ? tu l'écris et le publies à mesure ?

J'ai beaucoup aimé le côté "conte mythologique". Tu écris bien. Je n'ai pas trouvé ton âge... mais tu as un talent qui ne demande qu'à grandir, toi aussi !
Commencer un roman est difficile. Il faut accrocher le lecteur dès les premières lignes. on évite de commencer par un dialogue. J'aurais plutôt, ici commencé par :

La voix grave et éraillée de la vieille Centaure résonnait avec force dans la grande salle silencieuse où elle faisait son cours.
Ensuite j'aurais rapidement décrit la scène (la salle, taillée dans le roc ? dans la glace, le sel ? bâtie en Pierre, en bois ? ... ) l'atmosphère (intrigante de préférence, lumière ou pénombre...)
Puis l'histoire que raconte la centaure :
- Autrefois, la Mère-Terre était recouverte d'immenses étendues de terre qu'on appelait continents. Sur ces terres qui semblaient sans fin vivaient de nombreux animaux et des plantes en tous genres. Sur ces terres vivaient aussi des Humains, des Centaures, des Elfes et des Nains. Et puis, un jour, la Mère-Terre déchaîna sa colère. Ses continents se déchirèrent, ses immenses plaines verdoyantes furent englouties, ses majestueuses forêts brûlèrent, ses montagnes s'effondrèrent. Les continents disparurent. Seules de petites îles survécurent, émergeant un peu partout sur les océans réunifiés. Et, après cinq millénaires d'enfer, la Mère-Terre s'apaisa.
Après j'aurais décrit les élèves, comme tu l'as fait :
Ses élèves étaient bien évidemment majoritairement des Centaures, mais il y avait aussi beaucoup d'Humains, quelques Elfes et même un Nain. Tous ces enfants étaient suspendus à ses lèvres, attendant la suite de l'histoire, la suite de leur Histoire.

Comme le dit quelqu'un dans un commentaire, ce n'est pas vraiment un prologue (un prologue est un texte court qui est là pour nous intriguer et nous donner envie de nous plonger dans le bouquin, et là tu nous racontes une histoire assez complète...)
Mais un roman n'a pas forcément besoin de prologue, c'est une manie anglo-saxonne, depuis que les éditeurs ne publient que des romans traduits, on a fait pareil... mais bon tu peux commencer par le chapitre 1 !! ;)

Un conseil : donne un nom à ta professeure centaure... ça te permet d'éviter de répéter trop souvent "centaure"
Un deuxième : mets toujours une espace entre le tiret et le texte du dialogue, ton éditeur ou ton correcteur te remerciera... :D
Xail

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Re: Prologue (pas de titre)

Message par Xail »

Merci à vous deux d'avoir lu !
En fait, j'appelle ça un prologue parce que ce n'est pas l'histoire en elle-même mais juste de quoi placer le contexte et expliquer un peu toutes les choses qui diffèrent de notre monde. C'est pour ça aussi que je ne fais pas de description, je ne veux pas m'attarder sur ce chapitre, il n'est là vraiment que pour expliquer.
Merci DanielPagés pour tes conseils, mais je vais laisser (pour l'instant) le début tel qu'il est. Si quelqu'un me fait une autre remarque dessus, je le réécrirais peut-être.
En fait, l'histoire est dans ma tête, j'ai écrit la base dans un cahier de brouillon mais ce n'est vraiment que la trame donc effectivement, je l'écris et je la publie au fur et à mesure.
Xail

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Re: Prologue (pas de titre)

Message par Xail »

Petit double post pour poster le chapitre 1 ! Et j'attends évidemment vos commentaires !

Chapitre 1


Lorsque Tsylla arriva à la clairière où se tiendrait le Conseil Extraordinaire, la nuit était déjà tombée et un immense feu brûlait au milieu. La Centaure se dirigea aussitôt vers ses congénères rassemblés à l'opposé de la clairière, non sans jeter auparavant un coup d’œil sur les personnes déjà présentes en traversant. Elle aperçut non loin la délégation des Elfes, composées des chefs des quatre Clans principaux et de leur suite. Elle en connaissait deux de vue et les salua d'un signe de tête. Le troisième, le chef du Clan du Feu, avec qui elle avait encore quelques contacts, était venu avec sa fille. Tsylla échangea quelques mots avec lui et il lui présenta sa fille, Amawelle, qui ne prit même pas la peine de la saluer. Mais le quatrième chef, celui du Clan de l'Eau, lui était totalement inconnu. Elle alla donc le voir et se présenta. Il en fit de même, dit s'appeler Ellyor, et Tsylla se rappela alors de son père, qu'elle avait déjà rencontré il y avait longtemps de cela.

Puis la Centaure passa devant les Nains, qui n'étaient que quatre, ce qui ne l'étonnait pas, car les Nains n'avaient jamais pris très au sérieux ces Conseils. Mais ils faisaient au moins l'effort d'être présents, c'était déjà pas mal. Ils parlaient fort, comme le font tous les Nains. L'un d'entre eux d'ailleurs, le plus petit, qui était vraiment minuscule, braillait encore plus fort que les autres en parlant d'une attaque de Cratasses. Il était le Nain type : tout petit, roux, avec des cheveux et une barbe si emmêlés qu'il était impossible de les différencier, aussi large que haut et possédant une voix très grave et forte. Il n'avait toutefois ni l'allure ni le langage d'un mineur et paraissait plus cultivé qu'il ne le laissait voir. Tsylla l'interrompit un instant pour les saluer, mais aucun ne donna son nom, excepté le Nain roux qui se nommait Gorim Leimerienza. Visiblement, il avait voyagé, parce qu'il parlait à la façon de certains pirates, bien qu'il fut plus poli.

La Centaure continua son chemin jusqu'aux Humains qui, en la voyant passer, inclinèrent tous la tête pour marquer leur respect envers elle. Elle les connaissait presque tous pour avoir déjà voyagé avec eux, ou pour les avoir rencontrés au détour d'un chemin et avoir discuté avec eux. Elle reconnut entre autre Hallur, un homme d'une quarantaine d'années qui était plus grand qu'elle, l'un des rares, car les Centaures étaient très grands de nature. Il avait des cheveux blonds qui les descendaient jusqu'aux épaules, de beaux yeux bleus et un éternel sourire accroché aux lèvres. Lorsqu'il vit Tsylla, il la salua bruyamment, presque plus qu'un Nain le ferait. Mais la vieille femme lui rendit son salut en souriant. Elle savait qu'Hallur était un des meilleurs Humains qu'elle ait jamais rencontré. Elle ne voulait pas s'attarder et reprit donc son chemin lorsque son regard croisa celui d'une jeune fille à l'écart du groupe. La capuche rabattue de sa cape ne laissait apercevoir qu'une mèche rebelle de sa chevelure blonde, et ses yeux noisette. Par sa taille, on lui donnerait quinze ans tout au plus, mais son regard avait quelque chose de magnétique qui démentait cela et qui la vieillissait.

La Centaure rejoignit enfin ses congénères, apercevant parmi eux Caleb, un de ses anciens élèves avec qui elle avait gardé d'excellents rapports. C'était d'ailleurs elle qui lui avait demandé de venir. Lorsqu'enfin elle arriva à sa hauteur, il lui sourit, sans toutefois que son visage d'ange ne perde cet air rêveur qu'elle lui connaissait. Il semblait un peu perdu au milieu de toute cette agitation et Tsylla se rappela alors que c'était la première fois de sa vie qu'il assistait à un Conseil. Il s'approcha du feu, sa robe et ses cheveux châtains se parant alors de reflets rouges-orangés. Il n'était pas spécialement curieux, mais tout ce vacarme l'intriguait. Il avait bien sûr entendu parler des Sirène, notamment par son ancienne professeure Tsylla mais aussi par ses parents et ses amis. C'était d'ailleurs eux qui l'avaient en partie poussé à accepter l'invitation de Tsylla, et il l'avait fait pour deux raisons : pour voir ce qu'était un Conseil et rencontrer les Sirènes. Dans les deux cas, ce n'était pas donné à tout le monde, et il avait su saisir sa chance. Il se retrouvait donc là, au milieu de gens qu'il ne connaissait nullement, pour faire il ne savait quoi et rencontrer un peuple dont personne ne savait rien.

C'est alors qu'il y eut un moment de flottement suivi d'un intense brouhaha tandis que les Nains et les Humains se reculaient pour laisser passer les invités exceptionnels de ce soir. Caleb, du fait de sa grande taille, put les observer à loisir. Très petits, avec une peau très blanche, ils avaient tous des cheveux allant du bleu au violet en passant par le vert. Ils avaient aussi des capes noires qui traînaient au sol et qui étaient bien trop grandes pour eux. Elles devaient être humaines et le jeune Centaure remarqua que les Sirènes étaient nus en dessous. Il aperçut aussi des jambes, alors qu'il croyait que les Sirènes avaient des queues de poisson ! Puis il se rappela une théorie de Tsylla selon laquelle leur queue se transformerait en jambes hors de l'eau.

À leur tête, un mâle plus grand que les autres, avec une spectaculaire coiffure d'un violet sombre. À ses côtés, un autre mâle plus musclé que les autres qui semblait presque renfrogné à côté de ses congénères qui étaient, eux, tous sourires. Après venaient encore d'autres Sirènes qui devaient occuper diverses fonctions plus ou moins importantes dans leur royaume. Une silhouette encapuchonnée fermait la marche. La procession avançait plutôt rapidement et elle atteignit le centre de la clairière.

L'un des chefs Centaures s'avança et commença à parler avec le dirigeant des Sirènes, mais Caleb ne prêta pas attention aux banalités qu'ils échangeaient. Il regardait Tsylla qui buvait les paroles de la petite créature, mais qui semblait se contenir pour ne pas parler et poser la question qui lui brûlait les lèvres. Caleb se demanda pourquoi, puisque le Chef Centaure le faisait. Puis il se rappela que, malgré sa réputation et son savoir immenses, elle n'occupait en réalité aucun rôle politique chez les Centaures. Cependant, bien souvent, les chefs l'écoutaient et suivaient ses conseils qui se révélaient toujours sages.

Le regard de Caleb glissa lentement sur la foule et s'arrêta sur une magnifique Elfe. Grande, svelte, blonde, avec de beaux yeux bleus et un visage angélique, elle forçait le respect par son charisme si envoûtant. Elle était chef, ou bien le deviendrait, à n'en pas douter. Tout en elle le clamait. Elle avait l'air calme de ceux qui ont l'habitude d'être obéi. Caleb, perdu dans sa contemplation de la belle jeune femme, n'avait pas suivi un traître mot du discours du Chef Sirène. Soudain, il eut un déclic. Les Sirènes parlaient leur langue ! Et sans la moindre trace d'accent. Comment était-ce possible ? Le jeune Centaure se promit de poser la question à Tsylla mais, pour l'heure, puisqu'il ne pouvait y répondre seul, il tourna à nouveau les yeux vers l'Elfe. Elle ne le regardait pas, ne semblant même pas sentir son regard sur elle, toute concentré qu'elle était sur les Sirènes. Il la trouvait encore plus belle ainsi.

À vrai dire, tout le monde avait les yeux braqués sur le Chef Sirène. Enfin, presque tout le monde. Pas lui, puisqu'il était occupé à regarder l'Elfe, mais pas non plus la Sirène encapuchonnée, ni une Humaine, blonde elle aussi, toute petite, qui avait l'air d'une enfant. Si la Sirène ouvrait de grands yeux violets émerveillés en regardant autour d'elle, l'Humaine, elle, jaugeait du regard toutes les personnes présentes, comme le Centaure le faisait. Soudain, semblant dérangée par quelque chose, elle tourna la tête vers lui et leurs regards se croisèrent. Ils avaient les yeux de la même couleur, à savoir un marron noisette. Un instant, l'air parut s'électrifier entre les deux, puis Caleb baissa les yeux d'un air gêné. Il y avait quelque chose chez cette fille qui intriguait et attirait en même temps. Une alchimie dangereuse selon le Centaure.

Le Chef Sirène et celui des Centaures semblaient en avoir fini avec le blabla de politesse, puisque tout le monde, dans un même mouvement, s'assit, excepté les Centaures, qui ne le faisait presque jamais, et les Nains qui se considéraient bien assez petits comme ça. Le Chef des Sirènes, après s'être hissé sur le piédestal qu'on lui avait amené afin que tous puissent le voir, se racla la gorge et aborda enfin le sujet pour lequel il était là.

- Comme vous avez pu le constater, notre planète est depuis quelques mois régulièrement ravagée par divers cataclysmes tels que des cyclones, des orages d'une ampleur démesurée, des inondations, des tsunamis, des tremblements de terre et autres catastrophes naturelles. Nous avons nous aussi remarqué des changements similaires dans les fonds marins. Certains volcans que l'on croyait définitivement éteints se sont réveillés, des séismes se font ressentir, des failles apparaissent brusquement mais surtout, certaines bêtes des profondeurs remontent à la surface. Ceci ne peut signifier qu'une seule chose : quelque chose, au fond de la mer, s'est réveillé, et ce quelque chose pourrait fort détruire notre planète si nous ne faisons rien.

- Mais, s'exclama un Nain d'une voix forte, peut-être que notre Mère-Terre est dans une mauvaise passe et qu'il faut juste attendre qu'elle se calme.

- Guerrier Océly, reprit le Chef Sirène, pourriez-vous nous faire un rapport des dernières attaques subies et nous parler des bêtes que nous attaquent ?

Le mâle le plus musclé, celui que Caleb avait déjà remarqué à cause de sa mine renfrognée, se redressa aussitôt et s'exécuta.

- Nous avons subi ces deux derniers mois plus d'une vingtaine d'attaques, soit plus que ces deux dernières années. À chaque fois, ce n'était non pas un mâle en manque de nourriture mais des femelles accompagnées de leurs petits, ce qui signifie qu'elles quittaient définitivement les fonds marins. Plus rarement, c'était même des troupeaux entiers qui migraient des abysses vers des endroits moins profonds. Ce qui a provoqué le plus de dégâts, c'est la panique totale des bêtes et non leur agressivité envers nous. Elles fuyaient les fonds marins par peur de quelque chose. Même durant les Grandes Pluies, alors que les importantes inondations sur terre provoquaient dans la mer des courants très violents, ces bêtes n'avaient pas quitté les profondeurs.

- Cela fait plus d'un siècle qu'aucune Sirène n'avait vu ces bêtes, et les voilà qui remontent à la surface, reprit le Chef Sirène. Cela soulève de nouvelles questions, et la réponse se trouve dans les abysses.

- Et vous n'êtes pas allés voir ? demanda un peu brusquement un Humain.

- À vrai dire, nous parlons de profondeurs que les Sirènes ne peuvent atteindre seuls. Nous ne nous y aventurons pas non pas parce que nous ne voulons pas ou que nous avons peur, mais parce que notre corps ne le supporterait pas. Nous mourrions avant d'avoir atteint le fond.

-Je ne pense pas que nos deux problèmes soient liés, dit soudainement un Centaure. Je ne vois pas comment quelque chose, aussi effrayant soit-il, puisse provoquer les catastrophes naturelles dont nous parlons en étant au fin fond de l'Océan.

- Mais notre problème va très vite devenir le votre, le contredit doucement le Chef Sirène. Si les choses restent en l'état, les bêtes des profondeurs vont toutes remonter à la surface, et elles vous attaqueront. Elles sont aussi longues que vos navires, aussi rapides, et vos boulets de canon de les tueront pas. Elles détruiront tous vos bateaux, elles vous empêcheront de naviguer. Et, lorsqu'une tempête ravagera une île, personne ne pourra venir au secours de ses habitants. Sans compter que nous autres Sirènes nous viendrons nous réfugier sur vos îles, avec ou sans votre accord. Ce sera de partout la surpopulation, il y aura des famines et des épidémies de maladies auxquelles personne ne pourra rien faire, et ce sera notre lente agonie. Est-ce vraiment ce que vous voulez ?

- Vous croyez vraiment que des bêtes marines, aussi grosses soient-elles, peuvent détruire les bateaux pirates ? se moqua un Nain. On voit que vous ne les avez jamais rencontrer !

- J'ai lu, il y a fort longtemps de cela, un récit d'un pirate devenu fou, seul survivant d'une attaque subie par trois navires lourdement armés, commenta calmement le plus petit des Nains, Gorim. Selon lui, les bateaux auraient été attaqués par une immense bête aussi longue qu'un navire. Les lames n'étaient pour elle que des aiguilles qui ne la gênaient même pas. Sa peau était plus épaisse qu'une coque de navire, les boulets de canon ricochaient dessus sans la blesser. D'un coup de queue, elle avait envoyé par le fond deux des navires. Le troisième, elle l'a brisé en se dressant en l'air puis en retombant dessus. Si nous parlons bien des mêmes bêtes, nous sommes effectivement – pardonnez-moi l'expression – dans la merde.

- Enfin quelqu'un doué d'un peu de bon sens ! s'exclama le Chef Sirène. Alors, allez-vous nous aider ?

- Mais, interrogea un Elfe, comment voulez-vous qu'on aille explorer des abysses sous-marines où vous-même vous ne pouvez aller, et ce alors que nous ne pouvons même pas aller sous l'eau ?

- J'ai... entendu dire que les Nains sont capables de construire un navire qui va sous l'eau. Un sous-marin.

Tous les regards se tournèrent vers la jeune Humaine encapuchonnée qui n'avait jusqu'alors pas prononcé un seul mot.

- C'est exact, répondit Gorim sans paraître gêné. Puis-je savoir d'où vous tenez cette information, mademoiselle ?

- J'ai mes sources, répliqua-t-elle sur la défensive.

Gorim, plein de tact, n'insista pas et s'adressa au Chef Sirène :

- Nous pouvons construire un sous-marin mais si nous ne savons pas où aller, il ne nous servira pas à grand chose.
- Vous serez bien évidemment accompagnés par certains de mes hommes qui vous guideront dans les profondeurs.

- Et que ferons-nous quand nous aurons trouver votre ''quelque chose'' ? Je doute que nous puissions le détruire, même avec un sous-marin lourdement armé, surtout s'il fait peur aux bêtes des profondeurs.

- Je propose, s'écria alors Hallur en écartant les bras, que nous arrêtions de réfléchir maintenant. On fait ce qui vient d'être dit, et une fois qu'on aura trouvé votre truc, si on le trouve, on remonte et on refait un Conseil.

Alors qu'Amawelle, la magnifique Elfe que Caleb regardait, soupirait d'un air dédaigneux, trouvant cette idée stupide, Tsylla, elle, hocha la tête, songeuse.

- Un genre de mission d'observation, c'est ça ? Pourquoi pas. Ça nous permettrait d'avoir un peu plus d'informations pour nous préparer à ce qui nous attend.

- Excellente idée, acquiesça le Chef Sirène. Je pourrais vous donner Océly, l'un de nos meilleurs Guerriers, et puis peut-être un archéologue et un scientifique et un professeur en biologie marine et...

- Attendez attendez, le coupa Gorim. On ne va pas prendre quinze personnes que chaque race sinon on ne va pas s'en sortir. Le sous-marin n'aura certainement pas la taille d'un navire et je doute qu'on puisse être plus d'une douzaine à l'intérieur. Et puis, plus le voyage sera long, moins il faudra de personne. Une dizaine, ce serait l'idéal.

-Et bien, conclut Hallur, deux de chaque race !

Alors qu'un brouhaha s'éleva de la clairière, afin de déterminer qui ferait partie de cette expédition, un coup de feu retentit, et une petite troupe armée fit son apparition.

-Alors comme ça, on fait un Conseil sans nous ? s'exclama un pirate en rengainant son arme.
ploiuiu

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Re: Prologue + chapitre 1 (pas de titre)

Message par ploiuiu »

J'ai adore le prologue et le premier chapitres . Ils sont fantastique ! Je pourrai être prévenu pour la suite ?
Xail

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Re: Prologue + chapitre 1 (pas de titre)

Message par Xail »

Merci ploiuiu, je te préviendrai ! (Ne sois pas trop pressé quand même...)
Sinon, tu t'y retrouves bien dans les personnages ? Parce que j'ai l'impression de ne pas avoir été super claire.
Xail

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Re: Prologue + chapitre 1 (pas de titre)

Message par Xail »

Bon alors, j'ai fait deux trois petits changements. Tout d'abord, le prologue n'est plus un prologue, c'est un chapitre 1 donc le 1 est devenu le 2, et j'ai (enfin !) fini le troisième chapitre donc je vous remets tout. Et puis j'ai une idée de titre provisoire : "Dragon Lune". Vous aimez ?
Bon, ça fait un sacré pavé, mais vous êtes courageux, hein ? ^^ Et puis si vous avez déjà lu le 1 et le 2 vous pouvez passer direct au 3.
(Si jamais vous voyez une faute, signalez-la moi s'il vous plaît !)


Chapitre 1

- Autrefois, la Mère-Terre était recouverte d'immenses étendues de terre qu'on appelait continents. Sur ces terres qui semblaient sans fin vivaient de nombreux animaux et des plantes en tous genres. Sur ces terres vivaient aussi des Humains, des Centaures, des Elfes et des Nains. Et puis, un jour, la Mère-Terre déchaîna sa colère. Ses continents se déchirèrent, ses immenses plaines verdoyantes furent englouties, ses majestueuses forêts brûlèrent, ses montagnes s'effondrèrent. Les continents disparurent. Seules de petites îles survécurent, émergeant un peu partout sur les océans réunifiés. Et, après cinq millénaires d'enfer, la Mère-Terre s'apaisa.

La voix grave et éraillée de la vieille Centaure résonnait avec force dans la grande salle silencieuse où elle faisait son cours. Ses élèves étaient bien évidemment majoritairement des Centaures, mais il y avait aussi beaucoup d'Humains, quelques Elfes et même un Nain. Tous ces enfants étaient suspendus à ses lèvres, attendant la suite de l'histoire, la suite de leur Histoire.

La Centaure, après un léger silence, reprit son récit.
- Pour continuer l'histoire, il me faut revenir en arrière. Avant la Grande Destruction, une race venue du Ciel dans de grands vaisseaux, ayant prédit la catastrophe, se fixa pour but de tous nous sauver. Elle construisit donc des caissons très très résistants où elle enfermerait tous les êtres vivants. Ces caissons devaient les maintenir en vie le temps de la Grande Destruction, puis ils s'ouvriraient lorsque la Mère-Terre se serait apaisée et qu'elle serait de nouveau habitable. Dans ces caissons furent enfermés le Peuple, mais aussi tous les animaux et les plantes présents sur la Mère-Terre. Après avoir fait tout ceci, la race venue du Ciel repartie avec ses vaisseaux.
- Qui est le Peuple ? demanda innocemment un petit garçon.
- On appelle le Peuple le regroupement des Elfes, des Centaures, des Humains et des Nains, lui répondit la vieille professeure avant de continuer son cours.
- Après la Grande Destruction donc, vint la Renaissance. Durant cette période, qui dura plus d'un siècle, les caissons libérèrent petit à petit leur contenu. D'abord, ce fut les plantes qui reconquirent la Mère-Terre, puis les animaux en prirent peu à peu possession. Une fois qu'un équilibre se fut installé, le Peuple se réveilla. Les caissons qui étaient à l'air libre, sur des îles, libérèrent des Centaures, des Elfes, des Humains et des Nains qui s'éveillaient d'un sommeil de cinq mille ans. Ils étaient bien sûr désorientés de voir que la Mère-Terre avait complètement changé de visage. Mais, peu à peu, ils la redécouvrirent grâce, notamment, aux Humains qui les premiers construisirent des bateaux afin de pouvoir voyager sur leur nouvelle planète. Ils enseignèrent ce savoir aux autres races, et tous partirent à la reconquête de la Mère-Terre. Mais qui dit reconquête dit bataille. Les races se battirent afin de conquérir les plus grandes îles et les plus fertiles. Le Peuple se déchira, s’entre-tua, et beaucoup trop de sang coula. Les plus puissants parvinrent à conquérir des îles entières, d'autres s'allièrent pour avoir une île. Les plus malchanceux, s'ils ne mourraient pas, se débrouillaient pour se fabriquer un bateau et vivaient dessus. Malheureusement pour eux, ils étaient totalement dépendants des personnes vivant sur les îles. Cela les poussa à perfectionner leur navires, à les armer afin d'attaquer les bateaux de ceux qu'ils appelèrent les terriens. Dès qu'un terrien fabriquaient un bateau, ils le détruisaient impitoyablement, ils le pillait et tuaient l'équipage. Ils s'attaquaient même entre eux. Ces pirates, qui se nommaient les marins, devinrent les maîtres de l'océan. Ils commencèrent à commercer de diverses façons avec les terriens. Soit ils venaient les voir avec de l'or, des armes ou des bateaux qu'ils avaient eux-mêmes fabriqués, et ils les échangeaient contre des vivres, de l'eau douce et tout ce qu'ils ne pouvaient fabriquer sur leurs navires. Soit ils offraient leur protection à une île, et ils la défendaient contre les autres pirates, en échange d'or et de nourriture. Mais les marins se lassèrent d'être au service des terriens. Ils commencèrent à produire eux-mêmes leur eau douce avec de l'eau de mer, en la purifiant afin de la débarrasser du sel et des saletés. Petit à petit, ils parvinrent même à faire pousser leurs propres plantes et à élever leurs animaux. Lorsqu'ils furent totalement indépendants des terriens, ils perfectionnèrent leurs armes et, en formant parfois des alliances temporaires, ils attaquaient des îles entières. Ils récupéraient l'or, parfois les vivres, l'alcool. Ils en profitaient aussi pour réparer leurs bateaux, et parfois, ils massacraient totalement l'île. Lorsqu'ils la quittaient, elle était ravagée et, bien souvent, ils lui mettaient le feu, pour n'épargner aucun habitant.
- Mais ce que vous dites là ne concerne que les plus sanguinaires des pirates, l'interrompit un Elfe en prenant un petit air supérieur.

La Centaure lança au petit Elfe un regard qui, sans être méchant, lui fit fermer la bouche et se recroqueviller dans son coin, et elle reprit :
- Effectivement, certains pirates restaient relativement civilisés, et continuaient à commercer presque pacifiquement avec les terriens. Le commerce de bateaux se développa énormément à se moment-là. Mais presque tous les pirates attaquaient à un moment ou à un autre une île et la saccageaient.
- Mais alors, demanda une Centaure en levant la main, pourquoi les terriens continuaient-ils à commercer avec des pirates qui les attaquaient ? Ils avaient si peur que ça des marins ?
- Il y a trois raisons principales qui font que le commerce entre marins et terriens fut aussi répandu. Tout d'abord, comme tu l'as dit, les terriens avaient peur des marins qui n'hésitaient pas à les menacer. Ensuite, si les pirates gagnaient de l'or honnêtement, et donc en commerçant, ils attaquaient moins les îles. Enfin la marchandise qu'ils vendaient était des bateaux, et ils étaient les seuls à en fabriquer car les terriens avaient peu à peu perdu ce savoir pourtant essentiel à leur survie. Et puis, les navires des pirates étaient beaucoup plus performants et rapides que ceux des terriens.
- Est-ce qu'il y avait des femmes chez les pirates ?
- Bien sûr, et c'étaient même les plus cruelles. Dans les légendes, la plupart des pirates les plus sanguinaires sont des femmes. Elles avaient la réputations d'être impitoyables, tuant hommes, femmes et enfants sans un regret. Mais attention, il ne faut pas confondre légendes et Histoire.
- Mais alors il y avait aussi des bébés pirates ?

La question un peu naïve fit rire les élèves, mais la vieille Centaure y répondit.
- C'était plutôt rare, mais cela arrivait qu'une pirate élève son bébé sur son navire. Cependant, la plupart d'entre elles élevaient leurs enfants sur la terre ferme, sur l'île d'attache du navire. Lorsqu'ils étaient assez grands, ils devenaient à leur tour des pirates.
- C'est vrai qu'ils volaient les enfants des autres pour en faire des pirates ?
- Cela aussi était rare, mais oui, certains pirates volaient des enfants, avec leurs mères, et les déposaient sur leur île d'attache. Les mères élevaient leurs enfants et très souvent, lorsque ceux-ci devenaient des pirates, elles aussi intégraient l'équipage.
- Vous parlez d'île d'attache, mais vous avez dit que les pirates n'avaient pas d'île.
- La plupart d'entre eux avaient finalement réussi à en conquérir une, presque toujours par la force. Sinon, en échange d'or, ils pouvaient accoster sur une autre île pirate.
- Comment les Centaures ont-ils pu oublier comment construire un bateau alors qu'ils ont la Mémoire Collective ?
- Les bateaux dont ils avaient souvenir n'étaient ni aussi résistants ni aussi rapides que ceux des pirates qui les coulaient bien trop facilement. Les gens préféraient acheter des bateaux aux pirates et les Centaures arrêtèrent rapidement d'en fabriquer. En plus, vendre ou acheter un bateau qui n'était pas pirate revenait à s'attirer les foudres des pirates qui venaient immanquablement saccager l'île et le navire.
- C'est quoi la Mémoire Collective ?
- Les Centaures ont une particularité : ils ont ce qu'on appelle la Mémoire Collective. C'est comme un immense livre où chaque Centaure peut écrire ce qu'il veut, et que tous les Centaures peuvent consulter. Sauf que rien n'est écrit, ce sont des souvenirs. C'est ce qui permet aux Centaures de connaître des choses qu'ils n'ont jamais vécues.
- Ça veut dire que vous avez des souvenirs d'avant la Grande Destruction ?
- Malheureusement, la Mémoire Collective n'a pas survécu à la Grande Destruction. Les plus anciens souvenirs que nous ayons sont ceux des premiers Centaures qui se sont réveillés après la Renaissance, et leurs souvenirs à eux sont très flous.

Le flot de questions s'interrompit soudain et un silence s'installa dans la classe. Les enfants assimilaient peu à peu les informations qui leur avaient été données. Après quelques minutes de réflexion, le jeune Nain leva la main et demanda à la Centaure :
- Est-ce que vous connaissez les Cratasses ?
- Les Cratasses sont l'une des deux races qui apparurent lors de la Renaissance. Ils sont dérivés de l'Humain. Le caisson où ils se trouvaient fut endommagé et leur nature même fut modifiée. Ils forment désormais une race à part. Ce sont des humanoïdes plutôt petits, très larges et donc très musclés. Ils ont le dos courbé et, tout le long de leur colonne vertébrale, ils ont des cheveux qui sont très souvent noirs. Parfois, ils tressent leur crinière. Ils ont des yeux soit jaunes, soit rouges. On dit que les Cratasses aux yeux rouges sont fous, car ce sont les plus sanguinaires, pire encore que les pirates. Ils ont la peau foncée, et leurs dents et leurs griffes sont plus longues et plus dures que chez les Humains. Ils ont aussi des oreilles plus grandes. Leurs pieds et leurs mains sont beaucoup plus larges. Ils sont d'une manière générale beaucoup plus résistants et costauds que les Humains, et au moins autant que les Nains, si ce n'est plus. Ils se promènent soit nus, soit vêtus d'habits volés sur les navires ayant le malheur de croiser leur chemins. Ils n'ont pas de langage propre et communiquent uniquement par gestes et grognements.
- Et mon papa dit qu'ils sont très bêtes ! s'exclama le Nain.
- Il est vrai que leur intelligence est inférieure à celle du Peuple, et heureusement sinon ils auraient déjà envahis la Mère-Terre.
- Mais s'ils sont stupides, pourquoi sont-ils tellement craints par les marins et les terriens ? Même les pirates tremblent devant eux !
- Ils sont stupides, comme tu dis, mais extrêmement sauvages, et leur technique d'attaque est très perfectionnée. Lorsqu'un navire approche de leur île, ils se cachent pour faire croire qu'elle est inhabitée. Une fois que le bateau a accosté, ils bondissent dessus tous en même temps et attrapent toutes les personnes présentes sur le bateau. Ils en mangent une grande partie le soir lors d'un festin, et ils gardent quelque membres de l'équipage afin de manœuvrer le navire. Le lendemain, quelque Cratasses embarquent sur le bateau avec le reste de l'équipage et toutes leurs femelles en gestation. Dès qu'ils débarquent sur une île, ils en dévorent les habitants et s'y installent.

La Centaure se tut un instant, observant les visages des enfants en face d'elle, leurs grands yeux innocents brillants de dégoûts.
- Ils mangent vraiment les gens ?

La vieille professeure hocha la tête, tout en sachant pertinemment que les élèves étaient bien trop petits pour entendre toute la vérité, à savoir que les gens étaient mangés crus et surtout encore vivants. Une petite Humaine leva alors la main :
- Et la deuxième race ?
- J'allais y venir. On ne sait pas exactement à quel moment elle apparut sur la Mère-Terre, mais personne avant la Grande Destruction et la Renaissance ne l'avait aperçut. Ce sont de petits êtres très fins ayant un buste Humain et une queue de poisson. Ils vivent dans l'eau, ne commercent pas avec le Peuple et semblent pacifiques. Mais personne n'a jamais eu de vrai contact avec eux, et on ignore encore beaucoup de choses de leur race. Néanmoins, on connaît leur nom. Ce sont des Sirènes.

Un Centaure arriva soudain au galop, et cria :
- Tsylla !

La vieille professeure, à l'annonce de son nom, se retourna et le regarda avec surprise. Puis, comme si un message était passé entre eux, elle hocha la tête, s'adressant aux enfants, déclara :
- Les enfants, le cours est fini pour aujourd'hui. Vous pouvez y aller.

Aussitôt, ce fut la débandade et tous les petits se dispersèrent en bavardant, se racontant des légendes avec des pirates sanguinaires, des îles remplies de Cratasses et des mystérieuses Sirènes. Tsylla les regarda en souriant et, une fois de plus, se fit la réflexion que son métier était le plus beau au monde. Puis ses yeux se posèrent sur le Centaure et elle recouvra son sérieux. Ce dernier lui annonça avec un air grave :

- Ce soir se tiendra un Conseil Extraordinaire à propos des... problèmes qui surviennent depuis quelques semaines.
- Tu veux parler de tous ces cyclones, ces tempêtes, ces pluies diluviennes, des tremblements de terre et ces tsunamis ?
- Exact. Il faut que tu sois présente ce soir à la tombée de la nuit, à la clairière.
- Et qui a demandé ce Conseil ? Un Centaure ?
- Non...
- Un Elfe alors ? Ou peut-être un Humain... Quand même pas un Nain ?
- Ce sont les Sirènes qui l'ont demandé.
- Les Sirènes ?! Mais elles n'ont jamais participé à un Conseil !
- Et bien il semblerait qu'elles veuillent changer cela. Elles ont des informations importantes à nous donner.

Tsylla réfléchit un instant, prise de court par la tournure des événements, puis dit finalement :
- Bien... Je serais là.

Le Centaure hocha la tête et repartit aussi vite qu'il était arrivé. La professeure, elle, resta dans sa classe, songeuse. Voilà bien des années qu'il n'y avait pas eu autant d'agitation... Cela promettait d'être intéressant.


Chapitre 2


Lorsque Tsylla arriva à la clairière où se tiendrait le Conseil Extraordinaire, la nuit était déjà tombée et un immense feu brûlait au milieu. La Centaure se dirigea aussitôt vers ses congénères rassemblés à l'opposé de la clairière, non sans jeter auparavant un coup d’œil sur les personnes déjà présentes en traversant. Elle aperçut non loin la délégation des Elfes, composées des chefs des quatre Clans principaux et de leur suite. Elle en connaissait deux de vue et les salua d'un signe de tête. Le troisième, le chef du Clan du Feu, avec qui elle avait encore quelques contacts, était venu avec sa fille. Tsylla échangea quelques mots avec lui et il lui présenta sa fille, Amawelle, qui ne prit même pas la peine de la saluer. Mais le quatrième chef, celui du Clan de l'Eau, lui était totalement inconnu. Elle alla donc le voir et se présenta. Il en fit de même, dit s'appeler Ellyor, et Tsylla se rappela alors de son père, qu'elle avait déjà rencontré il y avait longtemps de cela.

Puis la Centaure passa devant les Nains, qui n'étaient que quatre, ce qui ne l'étonnait pas, car les Nains n'avaient jamais pris très au sérieux ces Conseils. Mais ils faisaient au moins l'effort d'être présents, c'était déjà pas mal. Ils parlaient fort, comme le font tous les Nains. L'un d'entre eux d'ailleurs, le plus petit, qui était vraiment minuscule, braillait encore plus fort que les autres en parlant d'une attaque de Cratasses. Il était le Nain type : tout petit, roux, avec des cheveux et une barbe si emmêlés qu'il était impossible de les différencier, aussi large que haut et possédant une voix très grave et forte. Il n'avait toutefois ni l'allure ni le langage d'un mineur et paraissait plus cultivé qu'il ne le laissait voir. Tsylla l'interrompit un instant pour les saluer, mais aucun ne donna son nom, excepté le Nain roux qui se nommait Gorim Leimerienza. Visiblement, il avait voyagé, parce qu'il parlait à la façon de certains pirates, bien qu'il fut plus poli.

La Centaure continua son chemin jusqu'aux Humains qui, en la voyant passer, inclinèrent tous la tête pour marquer leur respect envers elle. Elle les connaissait presque tous pour avoir déjà voyagé avec eux, ou pour les avoir rencontrés au détour d'un chemin et avoir discuté avec eux. Elle reconnut entre autre Hallur, un homme d'une quarantaine d'années qui était plus grand qu'elle, l'un des rares, car les Centaures étaient très grands de nature. Il avait des cheveux blonds qui les descendaient jusqu'aux épaules, de beaux yeux bleus et un éternel sourire accroché aux lèvres. Lorsqu'il vit Tsylla, il la salua bruyamment, presque plus qu'un Nain le ferait. Mais la vieille femme lui rendit son salut en souriant. Elle savait qu'Hallur était un des meilleurs Humains qu'elle ait jamais rencontré. Elle ne voulait pas s'attarder et reprit donc son chemin lorsque son regard croisa celui d'une jeune fille à l'écart du groupe. La capuche rabattue de sa cape ne laissait apercevoir qu'une mèche rebelle de sa chevelure blonde, et ses yeux noisette. Par sa taille, on lui donnerait quinze ans tout au plus, mais son regard avait quelque chose de magnétique qui démentait cela et qui la vieillissait.

La Centaure rejoignit enfin ses congénères, apercevant parmi eux Caleb, un de ses anciens élèves avec qui elle avait gardé d'excellents rapports. C'était d'ailleurs elle qui lui avait demandé de venir. Lorsqu'enfin elle arriva à sa hauteur, il lui sourit, sans toutefois que son visage d'ange ne perde cet air rêveur qu'elle lui connaissait. Il semblait un peu perdu au milieu de toute cette agitation et Tsylla se rappela alors que c'était la première fois de sa vie qu'il assistait à un Conseil. Il s'approcha du feu, sa robe et ses cheveux châtains se parant alors de reflets rouges-orangés. Il n'était pas spécialement curieux, mais tout ce vacarme l'intriguait. Il avait bien sûr entendu parler des Sirène, notamment par son ancienne professeure Tsylla mais aussi par ses parents et ses amis. C'était d'ailleurs eux qui l'avaient en partie poussé à accepter l'invitation de Tsylla, et il l'avait fait pour deux raisons : pour voir ce qu'était un Conseil et rencontrer les Sirènes. Dans les deux cas, ce n'était pas donné à tout le monde, et il avait su saisir sa chance. Il se retrouvait donc là, au milieu de gens qu'il ne connaissait nullement, pour faire il ne savait quoi et rencontrer un peuple dont personne ne savait rien.

C'est alors qu'il y eut un moment de flottement suivi d'un intense brouhaha tandis que les Nains et les Humains se reculaient pour laisser passer les invités exceptionnels de ce soir. Caleb, du fait de sa grande taille, put les observer à loisir. Très petits, avec une peau très blanche, ils avaient tous des cheveux allant du bleu au violet en passant par le vert. Ils avaient aussi des capes noires qui traînaient au sol et qui étaient bien trop grandes pour eux. Elles devaient être humaines et le jeune Centaure remarqua que les Sirènes étaient nus en dessous. Il aperçut aussi des jambes, alors qu'il croyait que les Sirènes avaient des queues de poisson ! Puis il se rappela une théorie de Tsylla selon laquelle leur queue se transformerait en jambes hors de l'eau.

À leur tête, un mâle plus grand que les autres, avec une spectaculaire coiffure d'un violet sombre. À ses côtés, un autre mâle plus musclé que les autres qui semblait presque renfrogné à côté de ses congénères qui étaient, eux, tous sourires. Après venaient encore d'autres Sirènes qui devaient occuper diverses fonctions plus ou moins importantes dans leur royaume. Une silhouette encapuchonnée fermait la marche. La procession avançait plutôt rapidement et elle atteignit le centre de la clairière.

L'un des chefs Centaures s'avança et commença à parler avec le dirigeant des Sirènes, mais Caleb ne prêta pas attention aux banalités qu'ils échangeaient. Il regardait Tsylla qui buvait les paroles de la petite créature, mais qui semblait se contenir pour ne pas parler et poser la question qui lui brûlait les lèvres. Caleb se demanda pourquoi, puisque le Chef Centaure le faisait. Puis il se rappela que, malgré sa réputation et son savoir immenses, elle n'occupait en réalité aucun rôle politique chez les Centaures. Cependant, bien souvent, les chefs l'écoutaient et suivaient ses conseils qui se révélaient toujours sages.

Le regard de Caleb glissa lentement sur la foule et s'arrêta sur une magnifique Elfe. Grande, svelte, blonde, avec de beaux yeux bleus et un visage angélique, elle forçait le respect par son charisme si envoûtant. Elle était chef, ou bien le deviendrait, à n'en pas douter. Tout en elle le clamait. Elle avait l'air calme de ceux qui ont l'habitude d'être obéi. Caleb, perdu dans sa contemplation de la belle jeune femme, n'avait pas suivi un traître mot du discours du Chef Sirène. Soudain, il eut un déclic. Les Sirènes parlaient leur langue ! Et sans la moindre trace d'accent. Comment était-ce possible ? Le jeune Centaure se promit de poser la question à Tsylla mais, pour l'heure, puisqu'il ne pouvait y répondre seul, il tourna à nouveau les yeux vers l'Elfe. Elle ne le regardait pas, ne semblant même pas sentir son regard sur elle, toute concentré qu'elle était sur les Sirènes. Il la trouvait encore plus belle ainsi.

À vrai dire, tout le monde avait les yeux braqués sur le Chef Sirène. Enfin, presque tout le monde. Pas lui, puisqu'il était occupé à regarder l'Elfe, mais pas non plus la Sirène encapuchonnée, ni une Humaine, blonde elle aussi, toute petite, qui avait l'air d'une enfant. Si la Sirène ouvrait de grands yeux violets émerveillés en regardant autour d'elle, l'Humaine, elle, jaugeait du regard toutes les personnes présentes, comme le Centaure le faisait. Soudain, semblant dérangée par quelque chose, elle tourna la tête vers lui et leurs regards se croisèrent. Ils avaient les yeux de la même couleur, à savoir un marron noisette. Un instant, l'air parut s'électrifier entre les deux, puis Caleb baissa les yeux d'un air gêné. Il y avait quelque chose chez cette fille qui intriguait et attirait en même temps. Une alchimie dangereuse selon le Centaure.

Le Chef Sirène et celui des Centaures semblaient en avoir fini avec le blabla de politesse, puisque tout le monde, dans un même mouvement, s'assit, excepté les Centaures, qui ne le faisait presque jamais, et les Nains qui se considéraient bien assez petits comme ça. Le Chef des Sirènes, après s'être hissé sur le piédestal qu'on lui avait amené afin que tous puissent le voir, se racla la gorge et aborda enfin le sujet pour lequel il était là.
- Comme vous avez pu le constater, notre planète est depuis quelques mois régulièrement ravagée par divers cataclysmes tels que des cyclones, des orages d'une ampleur démesurée, des inondations, des tsunamis, des tremblements de terre et autres catastrophes naturelles. Nous avons nous aussi remarqué des changements similaires dans les fonds marins. Certains volcans que l'on croyait définitivement éteints se sont réveillés, des séismes se font ressentir, des failles apparaissent brusquement mais surtout, certaines bêtes des profondeurs remontent à la surface. Ceci ne peut signifier qu'une seule chose : quelque chose, au fond de la mer, s'est réveillé, et ce quelque chose pourrait fort détruire notre planète si nous ne faisons rien.
- Mais, s'exclama un Nain d'une voix forte, peut-être que notre Mère-Terre est dans une mauvaise passe et qu'il faut juste attendre qu'elle se calme.
- Guerrier Océly, reprit le Chef Sirène, pourriez-vous nous faire un rapport des dernières attaques subies et nous parler des bêtes que nous attaquent ?

Le mâle le plus musclé, celui que Caleb avait déjà remarqué à cause de sa mine renfrognée, se redressa aussitôt et s'exécuta.
- Nous avons subi ces deux derniers mois plus d'une vingtaine d'attaques, soit plus que ces deux dernières années. À chaque fois, ce n'était non pas un mâle en manque de nourriture mais des femelles accompagnées de leurs petits, ce qui signifie qu'elles quittaient définitivement les fonds marins. Plus rarement, c'était même des troupeaux entiers qui migraient des abysses vers des endroits moins profonds. Ce qui a provoqué le plus de dégâts, c'est la panique totale des bêtes et non leur agressivité envers nous. Elles fuyaient les fonds marins par peur de quelque chose. Même durant les Grandes Pluies, alors que les importantes inondations sur terre provoquaient dans la mer des courants très violents, ces bêtes n'avaient pas quitté les profondeurs.
- Cela fait plus d'un siècle qu'aucune Sirène n'avait vu ces bêtes, et les voilà qui remontent à la surface, reprit le Chef Sirène. Cela soulève de nouvelles questions, et la réponse se trouve dans les abysses.
- Et vous n'êtes pas allés voir ? demanda un peu brusquement un Humain.
- À vrai dire, nous parlons de profondeurs que les Sirènes ne peuvent atteindre seuls. Nous ne nous y aventurons pas non pas parce que nous ne voulons pas ou que nous avons peur, mais parce que notre corps ne le supporterait pas. Nous mourrions avant d'avoir atteint le fond.
-Je ne pense pas que nos deux problèmes soient liés, dit soudainement un Centaure. Je ne vois pas comment quelque chose, aussi effrayant soit-il, puisse provoquer les catastrophes naturelles dont nous parlons en étant au fin fond de l'Océan.
- Mais notre problème va très vite devenir le votre, le contredit doucement le Chef Sirène. Si les choses restent en l'état, les bêtes des profondeurs vont toutes remonter à la surface, et elles vous attaqueront. Elles sont aussi longues que vos navires, aussi rapides, et vos boulets de canon de les tueront pas. Elles détruiront tous vos bateaux, elles vous empêcheront de naviguer. Et, lorsqu'une tempête ravagera une île, personne ne pourra venir au secours de ses habitants. Sans compter que nous autres Sirènes nous viendrons nous réfugier sur vos îles, avec ou sans votre accord. Ce sera de partout la surpopulation, il y aura des famines et des épidémies de maladies auxquelles personne ne pourra rien faire, et ce sera notre lente agonie. Est-ce vraiment ce que vous voulez ?
- Vous croyez vraiment que des bêtes marines, aussi grosses soient-elles, peuvent détruire les bateaux pirates ? se moqua un Nain. On voit que vous ne les avez jamais rencontrer !
- J'ai lu, il y a fort longtemps de cela, un récit d'un pirate devenu fou, seul survivant d'une attaque subie par trois navires lourdement armés, commenta calmement le plus petit des Nains, Gorim. Selon lui, les bateaux auraient été attaqués par une immense bête aussi longue qu'un navire. Les lames n'étaient pour elle que des aiguilles qui ne la gênaient même pas. Sa peau était plus épaisse qu'une coque de navire, les boulets de canon ricochaient dessus sans la blesser. D'un coup de queue, elle avait envoyé par le fond deux des navires. Le troisième, elle l'a brisé en se dressant en l'air puis en retombant dessus. Si nous parlons bien des mêmes bêtes, nous sommes effectivement – pardonnez-moi l'expression – dans la merde.
- Enfin quelqu'un doué d'un peu de bon sens ! s'exclama le Chef Sirène. Alors, allez-vous nous aider ?
- Mais, interrogea un Elfe, comment voulez-vous qu'on aille explorer des abysses sous-marines où vous-même vous ne pouvez aller, et ce alors que nous ne pouvons même pas aller sous l'eau ?
- J'ai... entendu dire que les Nains sont capables de construire un navire qui va sous l'eau. Un sous-marin.

Tous les regards se tournèrent vers la jeune Humaine encapuchonnée qui n'avait jusqu'alors pas prononcé un seul mot.
- C'est exact, répondit Gorim sans paraître gêné. Puis-je savoir d'où vous tenez cette information, mademoiselle ?
- J'ai mes sources, répliqua-t-elle sur la défensive.

Gorim, plein de tact, n'insista pas et s'adressa au Chef Sirène :
- Nous pouvons construire un sous-marin mais si nous ne savons pas où aller, il ne nous servira pas à grand chose.
- Vous serez bien évidemment accompagnés par certains de mes hommes qui vous guideront dans les profondeurs.
- Et que ferons-nous quand nous aurons trouver votre ''quelque chose'' ? Je doute que nous puissions le détruire, même avec un sous-marin lourdement armé, surtout s'il fait peur aux bêtes des profondeurs.
- Je propose, s'écria alors Hallur en écartant les bras, que nous arrêtions de réfléchir maintenant. On fait ce qui vient d'être dit, et une fois qu'on aura trouvé votre truc, si on le trouve, on remonte et on refait un Conseil.

Alors qu'Amawelle, la magnifique Elfe que Caleb regardait, soupirait d'un air dédaigneux, trouvant cette idée stupide, Tsylla, elle, hocha la tête, songeuse.
- Un genre de mission d'observation, c'est ça ? Pourquoi pas. Ça nous permettrait d'avoir un peu plus d'informations pour nous préparer à ce qui nous attend.
- Excellente idée, acquiesça le Chef Sirène. Je pourrais vous donner Océly, l'un de nos meilleurs Guerriers, et puis peut-être un archéologue et un scientifique et un professeur en biologie marine et...
- Attendez attendez, le coupa Gorim. On ne va pas prendre quinze personnes que chaque race sinon on ne va pas s'en sortir. Le sous-marin n'aura certainement pas la taille d'un navire et je doute qu'on puisse être plus d'une douzaine à l'intérieur. Et puis, plus le voyage sera long, moins il faudra de personne. Une dizaine, ce serait l'idéal.
-Et bien, conclut Hallur, deux de chaque race !

Alors qu'un brouhaha s'éleva de la clairière, afin de déterminer qui ferait partie de cette expédition, un coup de feu retentit, et une petite troupe armée fit son apparition.
-Alors comme ça, on fait un Conseil sans nous ? s'exclama un pirate en rengainant son arme.


Chapitre 3


Le silence se fit aussitôt avant que le brouhaha ne reprenne, encore plus fort qu'avant. Océly, le Guerrier Sirène, dégaina aussitôt une pointe semblable à une lance mais avec une longue lame bleutée et un manche plus court. Il se plaça devant son roi et prit une position défensive. Plusieurs Elfes et la plupart des Centaures avaient pris leurs arcs et encoché une flèche. Les Humains avaient la main sur la garde de leurs épées. Hallur avait même sorti sa lourde hache qu'il maniait à une seule main. Caleb, la corde de son arc ramenée vers sa joue, une flèche prête à partir, coula un regard vers la belle Amawelle qui avait non pas un arc comme la plupart des siens mais une lame fine et longue, recourbée au bout et gravée de nombreux symboles elfiques. En garde, concentrée, elle semblait aussi dangereuse qu'elle était attirante.

Caleb aperçut les Nains, armés de petites haches qui semblaient ne rien peser dans leurs mains mais que le Centaure savait très lourdes. Seul Gorim avait les mains vides, n'étant pas armé. Derrière les Nains, la jeune Sirène aux yeux violets affichait un air surpris et ne semblait pas comprendre ce qu'il se passait. Non loin d'elle, l'Humaine blonde avait sorti deux poignards redoutablement effilés qu'elle avait l'air de savoir manier. Elle fixait les pirates mais elle tourna soudainement la tête et planta à nouveau ses yeux dans ceux du Centaure. La même sensation de brûlure que la première fois le parcourut et il se concentra sur les pirates, essayant d'oublier la désagréable attirance que la jeune fille exerçait sur lui.

Les pirates avaient eux aussi dégainé toutes leurs armes et chacun en avait au moins deux, une dans chaque main. L'un d'entre eux, petit, chauve, le visage buriné par le soleil et les années, s'avança, les mains en évidence, signifiant ainsi qu'il venait en paix. Il prit la parole et sa voix grave retentit dans toute la clairière :
- Nous ne sommes pas venus pour vous attaquer. Ceci est un Conseil à propos des catastrophes qui secouent notre planète, et il me semble que cela nous concerne autant que vous.
- Mais vous êtes des pirates !
- Et pas n'importe lesquels, intervint Tsylla. Vous avez en face de vous le célèbre Derry Threica, pirate marchand richissime.
- Enchanté, Professeure Tsylla, répondit le pirate. Je n'ai pas l'honneur de vous connaître personnellement, mais votre réputation vous a précédée.

La Centaure, flattée par le titre qu'il lui avait accordé, inclina la tête pour le remercier et reprit d'une voix posée :
- Et si vous rangiez ces armes ?
- Mais volontiers, sourit Derry.

D'un signe de la main, il ordonna à la troupe derrière lui de rengainer pistolets et autres lames. Les pirates s'exécutèrent comme un seul homme et la tension retomba. Tous les autres rengainèrent aussi leurs armes. Seules Amawelle et la jeune Humaine blonde furent un peu plus longues à s'exécuter.
- Bien, continua le pirate. Je vous ai entendu parler et votre plan est absolument irréalisable...
- N'importe quoi! le coupa un des Nains. Nous sommes parfaitement capable de construire ce sous-marin et...
- Je n'avais pas fini ma phrase, reprit Derry comme si de rien n'était. Votre plan est irréalisable sans notre aide.
- Nous pouvons très bien nous débrouiller sans vous, bande de pirates dégénérés ! s'égosilla à nouveau le Nain.
- Mais tais-toi donc, espèce d'abruti ! tonna Gorim en foudroyant son congénère du regard. Tu te ridiculises et tu ridiculises aussi les Nains !

Le Nain se recroquevilla aussitôt sous la colère de Gorim qui était effrayant. Ce dernier se tourna alors vers Derry qui, le sourire aux lèvres, regardait la scène d'un air amusé.
- Je vous en prie, continuez, Sir Derry.
- Comme je le disais, vous ne réussirez pas sans notre aide. Nous autres pirates connaissons l'Océan comme notre poche, nous savons où aller. Il y a, entre autre, une zone, au milieu de la mer, qui est toujours secouée par des tempêtes d'une ampleur démesurée et à laquelle personne n'a accès. Tous ceux qui l'ont approchée de trop près ont disparu. Et puis, face à d'autres pirates, nous savons nous défendre s'ils nous attaquaient, ce qui ne risque pas d'arriver. Nous vous offrons la protection et l'itinéraire. On peut même fournir le navire.

Le silence se fit tandis que chacun réfléchissait de son côté. Les différents Chefs demandèrent un moment de réflexion et se réunirent à l'écart. Amawelle, la fille du Chef du Clan du Feu, annonça d'un ton dédaigneux qu'elle trouvait cette idée stupide et dangereuse. Un pirate n'a pas de parole, leur faire confiance est impossible. Ellyor, son congénère Chef du Clan de l'Eau, se montra plus hésitant. Confier sa vie à un pirate le rebutait mais ils n'avaient pas pour l'heure de meilleure solution. Le Chef Sirène, lui, se montra tout à fait enthousiaste. À vrai dire, il ne comprenait pas vraiment le concept de trahison ni la méfiance des autres envers les pirates. Mais tant qu'on s'occupait de son problème, ça lui allait. Son Guerrier, à ses côtés, ne prononça pas un mot, gardant son air sérieux si différent des autres Sirènes.

Tsylla, toujours pleine de sagesse, se montra elle aussi favorable à ce projet. Puis elle se tourna vers Caleb, qu'elle avait présenté comme étant son assistant, et lui demanda son avis. Surpris, ce dernier ne sut que répondre et rougit, les regards fixés sur lui. Gorim, le sentant gêné, vola à son secours :
- À vrai dire, nous n'avons pas vraiment besoin d'un pirate. J'ai, pendant sept années, navigué sur les mers à bords d'un bateau pirate et je connais aussi bien l'Océan qu'eux. Et je sais aussi me défendre contre eux. Et quand bien même je me perdrais, Dame Tsylla a elle aussi navigué aux côtés de pirates plusieurs années durant.
- Mais vous ne savez pas où se trouve l'endroit dont il parle, objecta Hallur, l'immense Humain blond. Et nous ne pouvons pas nous permettre de nous balader pendant deux ou trois mois pour finir par tomber dessus. Nous n'avons pas de temps à perdre.
- Nous ne pouvons pas non plus nous encombrer de pirates dans le sous-marin. Le nombre de place est trop restreint pour pouvoir prendre avec nous un équipage complet.
- Mais nous n'avons besoin que d'un pirate, intervint la jeune Humaine blonde jusqu'alors dissimulée dans l'ombre et sous sa cape.
- Que faites-vous là ? Et puis qui êtes-vous ? questionna Amawelle, agressive.
- Aryna Tergum, diplômée de l'école Ehowa Tahyna, répondit l'intéressée d'un ton calme. Je sais que mon opinion n'a aucun poids, ajouta-t-elle en se tournant vers Tsylla, mais je suis de votre avis. Nous avons besoin d'un pirate, mais d'un seul, qui connaîtrait le chemin et qui serait suffisamment intelligent pour comprendre qu'il ne fera pas le poids face à nous.
- Mais cela veut dire qu'une race aura un membre de moins dans l'expédition, intervint Ellyor, l'air embêté.
- Effectivement, dit Gorim en hochant la tête, mais cela ne gênera pas les Nains. De toutes façons, nous ne vous serons pas très utiles sous l'eau car ce n'est pas notre élément. Et puis, la plupart d'entre nous ont le mal de mer.
- Ce qui veut dire qu'il y aura deux Centaures, deux Sirènes, deux Elfes, deux Humains, un Nain et un pirate, c'est ça ? demanda Caleb.

Surpris de sa propre audace, il rougit lorsque les regards se tournèrent vers lui, surtout lorsqu'il croisa pour la première fois celui d'Amawelle. Gorim, amusé, vola une fois de plus à son secours :
- C'est exact. Et je me propose d'être le Nain qui vous accompagnera car, même si je sais que beaucoup de mes congénères se proposeront, bien peu supporteront le voyage, et encore moins connaissent la mer comme moi.

Il y eut quelques protestations de la part des trois autres Nains mais un seul regard de Gorim suffit à les faire taire et tous finirent par se ranger de son avis, reconnaissant à contrecœur qu'il avait raison concernant leur mal de mer. La sélection fut aussi rapide chez les Elfes. Le clan le plus influent, celui du Feu, désigna Amawelle car leur chef était trop vieux pour y aller lui-même. Ellyor, le plus jeune des trois autres chefs, ferait aussi partie de l'équipage. Du côté des Sirènes, le choix fut un peu plus long. Océly, le Guerrier, fut désigné d'office par son roi mais ce dernier hésitait encore entre une dizaine de personnes pour le deuxième membre de sa race. Pour les Centaures, beaucoup voulaient que ce soit Tsylla qui y aille, malgré son âge. La vieille femme accepta de bonne grâce à la condition que ce soit Caleb qui l'accompagne. Là encore, il y eut des contestations mais Tsylla ne céda pas et les autres Centaures finirent par se plier à sa volonté. Les Humains aussi eurent du mal à choisir leurs représentants. Hallur fut désigné à l'unanimité mais trois autres hommes voulaient y aller. Soudain, Aryna s'avança, se planta devant Hallur et, levant la tête à cause des trente centimètres les séparant, elle annonça d'une voix calme :
- C'est moi qui t'accompagne. Les autres ne sont que des tas de muscles sans cervelle. Toi, tu as des muscles pour deux, moi j'ai un cerveau pour deux. On n'a pas besoin d'autre chose.

Hallur éclata de rire, lui envoya une grande tape sur l'épaule sans qu'elle ne bronche et lui lança :
- Toi, tu me plais !

Hallur se retourna et clama qui voulait l'entendre que les Humains étaient au complet, ce qui fit taire ses compagnons, indignés d'être supplantés par une gamine débarquée de nulle part. L'un d'eux tenta même de poignarder la jeune fille. D'un geste vif, il lança son arme dans sa direction mais Aryna esquiva le poignard qui alla se planter dans l'arbre derrière elle. Elle le récupéra, le soupesa un instant puis le relança à son propriétaire qui, lui, ne put l'éviter et le prit dans l'épaule.
- La prochaine fois ce sera dans la tête, lâcha-t-elle d'une voix glaciale.

L'incident fut clos et chacun reprit ses activités comme si de rien n'était.

Le roi Sirène, pressés pour les différents chefs et toujours indécis, finit par se tourner vers la personne la plus proche, à savoir Caleb, et lui demanda s'il valait mieux qu'il choisisse un scientifique ou un biologiste. Le Centaure, un peu dépassé par les événements et ne parvenant pas à croire qu'il faisait partie du voyage, lui répondit en toute honnêteté :
- J'en sais rien du tout. Dites, qui est la petite Sirène avec les yeux violets, là-bas ?

Le roi Sirène regarda dans la direction que lui indiquait Caleb et observa la silhouette comme s'il la voyait pour la première fois. Il fronça les sourcils et ordonna à son Guerrier d'aller la chercher. Océly se dirigea donc vers la Sirène, l'attrapa par le bras et l'amena à son monarque.
- Décline ton identité jeune fille, ordonna le souverain.
- Alya Ewase, répondit bravement la gamine, car c'était une gamine.
- Et que fais-tu ici ? Quel rôle as-tu ?
- Aucun Votre Majesté. Je suis ici juste par curiosité. Je voulais voir le Peuple de plus près.
- Petite effrontée ! s'exclama le roi qui avait plus l'air amusé qu'en colère. Comment as-tu réussi à t'introduire dans ma suite sans que je ne m'en rende compte ?
- J'ai manipulé votre intendant pour qu'il croit que je suis votre fille.

À nouveau, le monarque fronça les sourcils et fixa intensément la jeune fille pendant de longues secondes. La Sirène finit par briser le silence qui s'était installé :
- Votre Charme ne marchera pas sur moi. Aucun Charme ne fonctionne sur moi.
- C'est impossible.
- Je sais, on me le dit souvent.
- Enlève ta cape, exigea le roi.

La jeune fille s'exécuta sans se soucier de sa nudité. Caleb, lui, détourna les yeux, gêné. Le souverain tourna autour de la jeune fille, l'observant sous toutes les coutures. Elle était toute petite, bien plus encore que ses congénères et avait la même peau pâle qu'eux. Elle était fine et avait l'air fragile. Son visage, du fait de son jeune âge, avait encore ses rondeurs de l'enfance, donnant à la jeune Sirène un minois qui respirait l’innocence. Contrairement aux autres Sirènes qui avaient les yeux de la même couleur que leur chevelure, elle avait une longue crinière blanche avec des reflets bleutés qui lui descendait jusqu'en dessous des fesses et de grands yeux d'un violet à peine plus clair que celui qui colorait les yeux du roi.
- Quel âge as-tu ? finit par demander celui-ci.
- 17 ans Votre Majesté.
- Et comment s'appelle ta mère ?
- Eiw Ewase.
- C'est toi qui fera partie du voyage avec Océly, déclara soudainement le roi.
- Moi ? Mais pourquoi ? Je ne suis qu'une gamine sans savoir et sans expérience.
- Tu es de toute évidence une Fille de la Lune et tes pouvoirs pourraient s'avérer utiles.
- Une Fille de la Lune ? Qu'est-ce que c'est ? laissa échapper Caleb, tandis que la Sirène avait l'air aussi surprise que lui.
- Il arrive parfois un phénomène très rare, qui ne se produit jamais plus d'une fois par siècle. C'est ce qu'on appelle la Lune Bleue. Une nuit, la Lune se lève et au lieu d'être argentée, elle est bleue. Et, trois mois plus tard, il se produit la même chose. Trois mois, c'est le temps de gestation des Sirènes. Lorsqu'un enfant est conçu une nuit de Lune Bleue, il naît une nuit de Lune Bleue. Ces enfants sont toujours unique, c'est-à-dire qu'il n'y en a qu'un par portée au lieu de trois ou quatre en temps normal. Si cet enfant est un garçon, il meurt juste après sa naissance. Mais, si c'est une fille, elle développera en grandissant des pouvoirs extraordinaires. La dernière Fille de la Lune était ma grand-mère, elle avait le don de parler aux bêtes, de connaître les pensées des gens, de guérir. Chaque Fille de la Lune a des pouvoirs particuliers qu'elle doit découvrir toute seule.

Sous le choc, Alya entortilla une mèche de ses cheveux autour de ses doigts. Caleb, lui, avait l'impression que le roi ne disait pas toute la vérité mais, sentant que sa présence gênait, il s'éloigna, pressé de raconter à Tsylla ce qu'il venait d'apprendre.

Alors que la soirée touchait à sa fin, une effervescence régnait dans la clairière. Soudain, un coup de feu retentit et le pirate Derry prit la parole.
-J'ai parlé avec vos dirigeants et je suis le pirate qui vous accompagnera dans votre quête. Voyageront avec moi Tsylla Iwass et son assistant Caleb Lyberm pour les Centaures, Amawelle Fey'lissia et Ellyor Oe'tesly pour les Elfes, Aryna Tergum et Hallur Helledour pour les Humains, Océly Azulhyato et Alya Ewase pour les Sirènes et Gorim Leimerienza pour les Nains. Tous ceux-là, préparez vos affaires, nous partons demain à l'aube.
Dernière modification par Xail le mar. 10 juin, 2014 7:36 pm, modifié 2 fois.
DanielPagés

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Re: Dragon Lune (titre provisoire) en attente de com!

Message par DanielPagés »

Ca y est j'ai tout lu... ça nous change un peu.
Le début était un peu austère, mais ça commence à devenir plus dynamique !!
J'aime bien le thème qui se découvre... et je vais adorer cette quête-là...
Au niveau de l'écriture il y a du talent, mais pas mal de choses à corriger : les répétitions par exemple...
Mais si tu as l'inspiration, continue à écrire. tu seras toujours à temps de faire tes correction quand tu en seras à la fin ou lorsque tu bloqueras...
Continue ! ;)
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Re: Dragon Lune (titre provisoire) en attente de com!

Message par Xail »

DanielPagés merci beaucoup ! Je sais que je fais pas mal de répétitions, surtout au niveau des noms employés pour désigner les personnages mais j'en ai tellement que je suis obligée d'être précise dans les termes que j'utilise (je peux pas vraiment dire "la jeune fille" comme ça vu qu'il y en a trois, faut que je précise laquelle).
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Re: Dragon Lune (titre provisoire) en attente de com!

Message par Titine974 »

Salut!
Alors j'ai bien apprécié le début de l'histoire, quand tu nous faire découvrir l'Histoire de l'histoire lool, après un peu de description serait bien, décrire un peu plus le lieu ou se trouve tes personnages et aussi leur émotion, surtout dans le dernier chap. Tu annonces des choses importantes mais on ne sent pas assez les émotion de tes pers comme avec la sirène au yeux violets, tu devrais décrire plus les émotions ou décrire les mimiques pour faire mieux sentir a tes lecteur comment elle le prend parce que ton lecteurs est curieux (en tt cas c'est mon cas lool) de savoir comment réagissent tes pers suivant une révélation. j'espère que tu comprends ce que je dis :mrgreen: Mais sa vaut aussi pour les autre personnage
Et aussi j'adore Caleb quant il voit la superbe elfe blonde svelte, un vrai mec et aussi j'adore la fille humaine au yeux noisette! j'aime bien les filles qui ont du caractère ^^

voilà j'espère avoir une suite bientôt :P
Xail

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Re: Dragon Lune (titre provisoire) en attente de com!

Message par Xail »

Alors, merci Titine, j'apprécie ton commentaire ! N'hésite pas à en parler autour de toi ;)
Effectivement, j'ai un peu survolé leurs émotions parce qu'ils sont trop nombreux mais dès le chapitre 4 (que j'essaye de poster le plus vite possible ! ^^) ça s'améliore ! (Enfin je crois :lol: )
cerise14

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Re: Dragon Lune (titre provisoire) en attente de com!

Message par cerise14 »

Alors là je ne m'attendais pas à ça :o j'en reste sans voix, c'est juste super méga trop génial, rien à dire, je suis accro!!!! :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: et j'exige d'être prévenu pour la suite :D
Xail

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Re: Dragon Lune (titre provisoire) en attente de com!

Message par Xail »

Merci beaucoup ! ❤
Xail

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Re: Dragon Lune (titre provisoire) en attente de com!

Message par Xail »

Hey ! Ça y est, voici enfin le chapitre 4 ! Dites-moi ce que vous en pensez ! :D


Chapitre 4


Le lendemain matin, sous une pluie battante, les dix compagnons, nommés ainsi par Alya la petite Sirène, partirent pour un voyage de trois jours jusqu'au port où serait mis à leur disposition un navire. De là, ils navigueraient vers Luiha, l'île où les Nains fabriquaient leur sous-marins. Puis, en suivant les indications du pirate Derry, qu'il n'avait pas encore données, ils iraient jusqu'à la zone où se cachait la cause de tous leurs problèmes. Ils mettraient plusieurs semaines avant d'arriver à destination, et ces semaines devaient permettre de créer des liens au sein du groupe.

Mais, à la lueur grisâtre de l'aube de cette morne matinée, tous s'étaient retranchés sous leurs grandes capes et le silence était plombant. Seule Alya pépiait gaiement, tranquillement assise sur le dos de Caleb car elle avançait trop lentement et retardait trop le groupe. Tsylla, à ses côtés, se prêtait volontiers au jeu de la jeune fille et répondait de son mieux à toutes ses questions sur le Peuple, son Histoire, ses coutumes. À part les deux femmes, pas un ne parlait, même Hallur était pensif. Il fermait la marche et surveillait donc les arrières de la petite troupe. Et comme il était consciencieux, surtout lorsque d'autres vies que la sienne étaient entre ses mains, il ne cessait de jeter des coups d’œil à droite à gauche, la main négligemment posée sur le manche de sa hache.

En tête du cortège, Derry et Gorim, qui s'observaient l'un l'autre sans animosité mais sans non plus vraiment être confiants. De temps à autre, Ellyor, l'éclaireur, revenait pour signaler ou un passage difficile ou des traces suspectes, ce qui les obligeaient à faire un détour car leur mission était secrète afin de ne pas risquer de la compromettre. Amawelle, qui cheminait juste derrière le Nain et le pirate, ne quittait pas des yeux ce dernier, craignant une trahison. Au moindre faux pas de Derry, elle pourrait dégainer son arme et lui trancher la gorge. Elle était parfaitement capable d'un tel acte et Derry l'avait bien senti, mais il mettait un point d'honneur à l'ignorer, ce qui agaçait considérablement l'Elfe. Océly, lui, surveillait Alya car son roi lui avait clairement fait comprendre la veille que s'il arrivait quoi que ce soit à la Sirène, il n'avait plus de tête. Littéralement. Cela avait d'abord surpris le Guerrier car leur roi était juste et non-violent. Mais Alya était une Sirène particulière, lui avait-il dit, et elle valait plus que toutes les richesses du royaume. Aussi, le Sirène restait toujours non loin d'elle, attentif à ses moindres faits et gestes.

Enfin, Aryna, plus silencieuse encore que les autres, était juste devant Hallur. Elle était partagée entre sa fierté de faire partie d'une telle aventure, elle qui n'était qu'une pouilleuse, et la peur qu'on découvre ses origines et qu'on la jette dehors.

À l'heure du déjeuner, ayant pris trop de retard, ils ne s'arrêtèrent pas pour se rassasier, et chacun mangea en marchant, sauf Alya qui était confortablement installée sur le dos de Caleb. Personne n'émit de protestation, soit parce que ça ne les dérangeait pas, soit parce qu'ils refusaient de montrer leur faiblesse. Seule Alya eut un air étonné quand elle l'apprit, mais elle ne fut pas plus dérangée que cela, puisqu'elle était sur le dos de Caleb. Le reste de l'après-midi se passa dans le même silence grisâtre et même la petite Sirène finit par se taire, fatiguée.

Lorsqu'enfin ils arrivèrent au premier point où ils passeraient la nuit, les langues se délièrent quelque peu et la bonne humeur revint tandis que la pluie s'arrêta. Pourtant, même monter le camp sur le sujet de quelques disputes. Les premières, certainement pas les dernières.

- Amawelle, je t'ai dit de t'occuper de monter les abris ! gronda Hallur à l'Elfe qui, effrontément, l'ignora et continua à s'occuper du feu.

- Tu n'as pas à me donner d'ordre. Tu n'es qu'un Humain, et moi une Elfe. Je fais ce que je veux. Monter les abris, c'est bon pour les Nains, je ne suis pas votre larbin, rétorqua calmement cette dernière.

Alors que Hallur manqua de s'étouffer, Gorim fit preuve d'un sang-froid extraordinaire pour un membre de sa race, réputée pour être colérique. Il ne broncha pas et observa plutôt la réaction de Derry, qui sembla piqué au vif. Le pirate s'approcha de l'Elfe, sans se soucier de leur différence de taille, et siffla :

- Et donc pour vous, les Nains sont des larbins qui ne méritent d'être ici que pour vous servir ?

Amawelle, méfiante, ne recula pas mais elle se raidit.

- Pourquoi vous souciez-vous tant d'eux ? Ont-ils une importance particulière à vos yeux ?

-Mon équipage est majoritairement composé de Nains, et ils sont plus loyaux que n'importe quel Elfe...

-Voilà bien une preuve que les Nains ne sont pas à la hauteur des Elfes ! le coupa Amawelle. De vulgaires pirates, qui...

Avant qu'elle n'ait eu le temps de finir sa phrase, Derry la fit basculer en arrière et, une fois à terre, il bloqua sa tête entre ses deux sabres qu'il avait dégainés entre temps. La jeune femme n'eut pas le temps de réagir. Derry, d'un ton mortellement froid, martela :

- Je suis Nain, mes parents étaient Nains et ils étaient des gens infiniment meilleurs que toi. Alors descends du piédestal où tu t'es juchée toute seule, oublie ton arrogance et la fierté de toi-même que tu as et que tu ne mérites pas, et cesse de te croire supérieure à tout le monde. Tu es, de nous tous ici, celle qui a le moins mérité ta place. Tu n'es ici que parce que ton père est un Elfe respectable et influent, mais tu n'as aucunement fait tes preuves, contrairement aux autres. Tu ne mérites ni ma considération ni mon respect, et s'il fallait sacrifier un membre de l'expédition, ce serait toi sans hésiter. Continue comme ça et tu vas finir par te faire égorger pendant ton sommeil.

Il se redressa, rangea ses lames et acheva sa tirade.

- Et ce sera tout ce que tu mérites.

Un grand silence s'en suivit. Tout le monde avaient les yeux fixés sur Amawelle, toujours à terre, dont les yeux étincelaient de rage devant une telle humiliation, tandis que Derry retourna à ses occupations comme si rien de tout cela ne s'était produit. Caleb, un peu choqué par la scène, chuchota à Hallur qui se trouvait à ses côtés :

- Il a été un peu dur là, non ?

- Tu plaisantes ? s'exclama ce dernier. Moi, à sa place, je lui aurait arraché la tête sans hésiter.

Le Centaure lui lança un regard horrifié auquel Hallur répondit par une grande claque sur l'épaule et un éclat de rire. Caleb ne fut pas rassuré pour autant. Il s'éloigna un peu de l'Humain et observa Tsylla s'approcher de la jeune femme pour l'aider à se relever mais celle-ci refusa la main tendue et se releva toute seule. La vieille femme, un air déçu sur le visage, murmura à Amawelle :

- Ton père aurait eu honte de ta conduite.

Sans un mot de plus, elle s'éloigna et rejoignit Alya, qui avait suivi la scène avec de grands yeux ébahis sans tout comprendre. Non loin d'elles, Aryna souriait. Il était grand temps que cette peste soit remise à sa place, selon elle, et sa satisfaction était clairement lisible sur son visage.

Puis chacun retourna à ses occupations et le camp fut monté. Ellyor revint alors, chargé de gibier qu'il était allé chasser seul malgré la proposition d'Hallur pour l'accompagner. Le repas du soir fut donc composé de viande grillée et de quelques fruits ramassés par Alya et Tsylla. La Sirène, épuisée par tant d'action, s'endormit devant le feu sans même finir son repas. Hallur la prit alors dans ses bras, comme il le faisait avec ses deux filles, âgées de six et huit ans, et l'emmena dans son abri. Océly, ayant pour ordre de ne pas la laisser, voulu rester avec elle mais Hallur refusa net, car il était un homme, et les hommes ne dormaient pas avec les femmes. Ce fut donc pour cette nuit Amawelle qui fut chargée de la surveiller, et elle prit cette mission comme une punition, ce en quoi elle n'avait pas tout à fait tord.

Une fois qu'Amawelle eut quitter le feu central pour rejoindre son abri, l'ambiance se fit plus légère et les bavardages, plus nombreux. Tsylla, Caleb à ses côtés, discutait avec Derry et essayait de faire participer son élève mais celui-ci ne se montra guère bavard, par timidité et par fatigue aussi. Il ne tarda d'ailleurs pas à aller se coucher dans la tente qu'il partageait pour cette nuit avec Gorim. Avant de s'endormir, il pria pour que celui-ci ne ronfle pas comme le faisaient les Nains, sinon il risquait de passer une mauvaise nuit. Mais, à peine s'allongea-t-il qu'il dormait déjà, et si Gorim ronfla, il ne s'en rendit pas compte.

Océly, ne pouvant assurer sa mission, tournait en rond, à tel point que Gorim finit par le forcer à s'asseoir. Il lui donna un peu de liqueur, qu'il fabriquait lui-même, au Sirène qui en prit une gorgée avant de tout recracher en s'étouffant. Le Nain partit dans un fou rire incontrôlable qui dura bien cinq minutes et Océly, vexé, croisa les bras et ne bougea pas. Puis Gorim, un peu calmé, engagea la conversation pour en savoir un peu plus sur les Sirènes. Le Guerrier, d'abord méfiant, finit par se relâcher et il parla un peu de sa vie sous l'eau.

Hallur, après s'être occupé d'Alya, revint et s'assit à côté de sa congénère. Avec un sourire, il
lui lança :

- Alors, tu viens d'où ?

- De l'école Ehowa Tahyna, répondit simplement Aryna.

- C'est pas la réponse que j'attends. Avant d'aller dans cette école, tu étais où ?

- Nulle part, comme tous les enfants qui vont à cette école.

- On vient tous de quelque part.

- Pas moi.

Sentant que le sujet était sensible, Hallur n'insista pas et, lorsque la jeune fille lui demanda de lui parler de sa famille, le papa, un peu gâteux de ses filles, s'exécuta avec joie.

De l'autre côté du feu, Ellyor, seul, les yeux dans le vague, pensait lui aussi à son fils Til, âgé de huit ans. C'était un merveilleux petit garçon curieux de tout et pressé d'apprendre le métier de son père. Ellyor lui avait promis de l'emmener à un Conseil avec lui pour ses dix ans, et le petit garçon ne parlait que de ça. Il était toujours très fier de son père, même s'il ne le voyait pas souvent. Ellyor regrettait d'ailleurs de ne pas pouvoir s'en occuper plus, mais ses charges de Chef de Clan étaient très prenantes, et il n'avait pas assez de temps à consacrer à son fils. Il repensa alors à son propre père qui, bien que peu présent, avait toujours prêtée une oreille attentive à ses problèmes et qui avait suivi de près son éducation, faisant de lui ce qu'il était aujourd'hui. Son père avait toujours été son héros, et l'Elfe espérait être lui aussi un excellent père.

Comme Hallur annonça prendre le premier tour de garde, tous purent aller se coucher. Océly s'attarda un peu, mais l'Humain lui ordonna de filer sous la tente où dormait déjà Ellyor et le Sirène n'insista pas. La nuit avait été coupée en trois fois trois heures, et lorsque Hallur alla se coucher, il réveilla Gorim qui prit le deuxième tour de garde avec force ronchonnements. Puis ce fut au tour du chef Elfe de veiller sur ses compagnons, avant de tous les réveiller en même temps que le soleil.

Il y eut beaucoup de grognements et tous eurent du mal à se lever, fourbus à cause de l'humidité et du vent glacial qui avaient rendu la nuit mauvaise. Le petit-déjeuner, composé des restes de la veille, fut frugal et n'améliora guère l'humeur générale. Le camp fut démonté en un temps record et, lorsque tout fut rangé, les dix compagnons ne s'attardèrent pas.

Le reste de la journée fut tout aussi morne. Il ne pleuvait plus, mais le ciel était gris et bas, et un vent glacial soufflait sans discontinuer. La petite Alya ne mit pas longtemps à se plaindre du froid et tout le cortège dut s'arrêter pour lui trouver une couverture. Amawelle râla et Ellyor l'appuya. Ils étaient déjà bien assez en retard comme ça. Comme la veille, ils ne s'arrêtèrent pas pour se rassasier et encore une fois, personne ne se plaignit.

Ils avaient adopté la même formation que la veille et avançaient à un rythme soutenu qui empêchait toute conversation, y compris entre Tsylla et la petite Sirène, qui dormait à moitié sur le dos du Centaure, enroulée dans sa couverture. Le soir, ils montèrent le camp dans une grotte qui les abriterait du vent et qui leur permettait surtout de ne pas avoir à monter les tentes. La fatigue se fit bien plus sentir cette fois-ci, et personne ne discuta autour du feu. La plupart allèrent se coucher dès qu'ils eurent finit leur repas et, très vite, il ne resta plus qu'Aryna, qui prit le premier tour de garde, et Derry.

Ce dernier observait depuis leur départ la jeune fille. Il émanait d'elle une force, une sauvagerie qui démentait l'impression de fragilité que pouvait donner son apparence fluette de gamine. Son regard, surtout, qui était toujours en mouvement, captant tout de l'environnement de la jeune fille, donnait l'illusion qu'elle était plus âgée que tous ici.

Aryna sentait le regard du pirate posé sur elle mais elle l'ignorait et ce, depuis le début de leur aventure. Déjà dans la clairière, elle s'était sentie observée, d'abord par Caleb puis par Derry. Cette sensation l'avait suivie et, si le Centaure ne semblait plus lui prêter attention, ce n'était pas le cas du Nain. La jeune fille soupira et tenta de passer outre. Mais, au bout d'une longue demi-heure de silence interrompu seulement par les craquements du feu, elle se tourna brusquement vers le pirate et riva son regard au sien, décidant qu'elle ne le lâcherait pas des yeux tant qu'il ne se serait pas expliqué.

Derry sourit alors et lui demanda d'une voix très différente de celle qu'il avait habituellement, beaucoup plus douce :

- Quel âge as-tu ?

Aryna, désarçonnée par la question, ne montra pas sa surprise mais hésita à répondre, méfiante. Elle avait du mal à cerner le pirate. Il n'avait pas l'air méchant mais elle le savait redoutable en affaire. Elle avait parlé avec Tsylla la veille pour en apprendre un peu plus sur lui et, de ce que la Centaure lui avait dit, il était loyal et menait son équipage d'une main de maître. Il répartissait toujours le butin de façon égale entre ses hommes, même s'il donnait parfois des primes aux membres de son équipage qui le méritait. Un homme bien, en somme. Alors pourquoi était-il pirate ?

- Vingt ans, finit par dire Aryna. Et toi ?

- Ça n'a pas d'importance, rétorqua-t-il en haussant les épaules, dévoilant ainsi son épaule, et un mystérieux tatouage dont Aryna ne comprit pas la signification.

Lorsqu'il vit que l'Humaine fixait son tatouage, il se leva brusquement et disparut bien vite dans l'obscurité, là où les autres dormaient. Aryna, ne comprenant pas ce changement d'attitude si soudain, haussa les épaules et ne chercha pas à en savoir plus.

Les deux autres tours de garde furent assurés par Océly et Caleb. Au petit matin, lorsque le Centaure se chargea de lever tout le monde, personne ne parut vraiment reposé. Ils se dépêchèrent tous de manger et de tout replier pour partir au plus vite.

Cette journée se déroula exactement comme les deux précédentes, dans la grisaille et le silence. Aryna jetait de fréquents coups d’œil au pirate et Alya se tortillait sans cesse sur le dos de Caleb, sans parvenir à trouver une position confortable. À vrai dire, l'eau lui manquait. Elle ne savait pas comment Océly faisait pour tenir, mais cela lui était insupportable. Elle avait mal aux jambes et commençait à ressentir de désagréables démangeaisons. Vivement une rivière, un lac, un ruisseau, n'importe quoi où elle pourrait se baigner !

L'après-midi fut encore plus difficile que le matin. Mais leurs efforts furent récompensés. Ils arrivèrent à la petite ville portuaire de Gotta au moment où le soleil se couchait, incendiant ainsi la ville. Et tous eurent le souffle coupé.
DanielPagés

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Re: Dragon Lune (titre provisoire) en attente de com!

Message par DanielPagés »

Lea petite vie de cette troupe un peu hétéroclite m'a collé un grand sourire... tu as vraiment une écriture sympa et ça a l'air de grouiller dans ta tête ! :lol:
Je me perds un peu dans tout tes personnages, il aurait fallu que je relise tout...
Continue, jeune fille, tu as du talent ! ;)
Xail

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Re: Dragon Lune (titre provisoire) en attente de com!

Message par Xail »

Merci ! :D
Le chapitre 5 est en cours d'écriture ! (Enfin, faut pas être trop pressé quand même... :lol: )
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