The Debt (terminé) [Contemporain / Ado-YA]

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louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

15Lina15 a écrit : C'est marrant tu vois, parce que je le voyais plutôt gros :lol:
Merde, tu m'as tuée :lol:
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

Bonjour !
Voilà la suite de The Debt, avec un événement pas bien réjouissant...
J'ai retrouvé un rythme d'écriture régulier et j'ai attaqué le soixantième chapitre ce soir... J'espère pouvoir terminer The Debt avant cet été, où l'histoire fêtera ses 3 ans... En attendant, merci aux personnes qui me lisent et à celles qui commentent, et bonne lecture :D




31
Une nouvelle victime



C’est d’un sommeil calme et reposant que je me réveille le lendemain matin. Comme j’ouvre les yeux un peu avant ma sonnerie, j’ai le temps de l’arrêter avant qu’AC/DC lance la sauce. L’écran de mon portable m’informe qu’il est six heures cinq et que nous sommes le mardi dix mars.
J’entends le parquet du couloir craquer. Puis, quelques secondes plus tard, la chasse d’eau. Dans un élan de courage, je me lève, enfile une veste pour ne pas avoir froid puis ouvre ma porte en baillant.
– B’jour, lancé-je à Mark alors que celui-ci commence à descendre les escaliers.
– Bonjour, répond-t-il d’une voix ensommeillée. Bien dormi ?
Pour une rare fois, je prends le temps de réfléchir à sa question puis déclare d’un ton léger :
– Oui.
Surpris, il me dévisage un instant puis me rend mon sourire.
– Tu m’en vois ravi. (Il recommence à descendre.) Un bon café et ça ira bien. Je t’en prépare un ?
– Oui, s’il te plaît.
Je retourne dans ma chambre pour m’habiller.

Cinq minutes plus tard, j’entre dans la cuisine en humant une bonne odeur de bacon qui me met l’eau à la bouche. Mark est affublé de son tablier à motif de chat et remue le contenu d’une poêle au-dessus de la gazinière. Perplexe, je m’assois à table, où une tasse de café noir et une aissette vide m’attendent.
N’en pouvant plus, je pose la question qui me taraude :
– Pourquoi tu cuisines ?
– Mauvaise question, Zach, répond-t-il sans se tourner vers moi.
Je grommelle, mais n’en démords pas.
– Pourquoi tu te remets à cuisiner ?
– Parce que j’ai envie.
– Mais… (Un goût de bile me monte à la gorge, mais je pose tout de même ma question : ) Ce n’est pas Alison qui cuisinait ?
Cette fois, Mark se tourne vers moi et ce n’est pas pour me sourire. Il a un rictus crispé à la place et le regard sombre. D’une voix lasse, il dit :
– Zach… Je pensais t’avoir élevé hors des stéréotypes. Tu penses qu’Alison cuisinait parce qu’elle était la femme de la maison ?
– Quoi ? N-Non ! pas du tout. C’est juste que…
– Que je ne cuisinais plus depuis leur mort car je n’en avais plus l’envie.
– C’était toi le chef cuisinier, alors ? soufflé-je d’une petite voix.
– Oui. Alison… Aly, elle n’était pas douée pour ça. (Son visage se détend un peu.) Je crois que c’est pour mes talents de cuisinier qu’elle m’a épousé.
Il ponctue ces paroles d’un rire et je le dévisage avec stupéfaction. Je ne l’ai jamais entendu évoquer sa défunte épouse ou ses filles en riant. C’est une première.
– Déride-toi, Zachary, marmonne-t-il d’une voix ferme en m’observant. J’aurais l’impression d’être un monstre autrement.
– Qu-quoi ? balbutié-je, stupéfait. T’es pas un monstre, Mark.
– Alors ne me regarde pas avec ces yeux de merlan frit ! râle-t-il en levant le regard au ciel.
– Pardon, marmotté-je avant de boire plusieurs gorgées de café.
Alors que je repose ma tasse, il verse la moitié de la poêle dans mon assiette. Du bacon grillé et des œufs brouillés. Je n’ai jamais osé lui dire, mais je préfère le salé le matin. Alors qu’il se mette à faire de vrais petits déjeuners anglais me ravit.
– Bon appétit, lance-t-il d’un ton enjoué en attaquant son assiette.
– Bon appétit. Et merci.
Sans attendre plus, j’embroche une tranche de bacon. C’est délicieux.
Mark n’a pas menti : c’est un vrai cordon bleu. Déjà son repas de l’autre jour était très bon.
– Mark… (Il lève ses yeux presque noirs vers moi.) Je sais que c’est mon job de faire à manger, mais… mais tu cuisines vraiment bien alors…
– Tu n’échapperas pas à tes corvées, mon garçon, me coupe-t-il durement.
Je me vexe face à son ton autoritaire et me renfrogne. Quelques secondes d’un silence lourd passent puis Mark lâche un rire bref.
– Je plaisante, Zach. Ça me fait plaisir de t’entendre dire ça. En fait… (Un large sourire passe sur son visage.) Ça me fait vraiment plaisir. J’ai arrêté de cuisiner après l’accident car je savais qu’il n’y aurait plus personne pour me dire « C’est délicieux, merci papa ».
Pensif, je l’observe un moment avant de souffler d’un air mi-amusé mi-sérieux :
– C’est délicieux, merci… Mark.
Il m’adresse un regard intense puis soupire.
– Et… si je ne rentre pas trop tard et que je suis pas trop fatigué, je ferais en sorte de préparer le repas à ta place. C’est sûr que tu ne m’arrives pas à la cheville pour ça.
– Merci, m’indigné-je en fronçant les sourcils.
Face à mon expression, il pouffe de nouveau puis se lève.
– Passe une bonne journée, Zach.
Il m’ébouriffe les cheveux quand il passe à côté de moi et ajoute :
– Et je suis mauvaise langue. Tu atteints peut-être mon genou en cuisine.
Très content de lui, il sort en sifflotant. Je maugréé un moment puis finis mon assiette en souriant.

Alors que je franchis le portillon du jardin, le 4x4 des Daniels s’arrête à ma hauteur. La vitre s’abaisse puis le visage souriant de Philip apparaît.
– Bonjour, mon garçon ! Je te dépose au lycée ?
– Volontiers, accepté-je en contournant le véhicule.
Par habitude, j’ouvre la portière arrière, mais Phil me coupe dans mon élan :
– Monte devant ! Lily commence plus tard alors elle n’est pas là.
– Oh… d’accord.
Je m’exécute sans plus attendre. Phil redémarre et ne tarde pas à rejoindre la route à double voies qui mène à Lake Town. Il baisse le son de la radio puis, un bras à moitié posé sur son siège, me dit :
– Lily Rose m’a parlé des nouveaux qui sont arrivés au lycée. Des jumeaux c’est ça ? Ils se ressemblent ? Danny et Jessie, hein ?
Face à sa maladresse, je souris pour moi-même puis réponds :
– Ils sont jumeaux, mais ils se ressemblent comme un frère et une sœur se ressemblent. Quant à leurs prénoms… c’est Dante et Jessica.
– Ah, oui, c’est ça.
Une dizaine de minutes plus tard, il s’arrête près du trottoir en face du lycée et me souhaite une bonne journée. Faisant de même, je sors puis traverse la route en prenant soin de ne pas me faire renverser par une voiture ou un deux roues.

Comme je suis arrivé en voiture, j’ai quelques minutes d’avance. Le lycée est encore très calme lorsque je vais chercher mes affaires au casier. Je viens d’y arriver quand des sons étouffés me parviennent d’un couloir à l’intersection la plus proche. Plusieurs voix, trois il me semble, ainsi que des bruits mats. Finalement, alors que je demande si je dois aller voir, un cri me décide.
Ce que je vois fait monter un goût de bile dans ma gorge. Sans plus réfléchir, je balance mon sac à terre et me jette sur Nick qui est en train de ruer de coups Dante. Il est prostré au sol, le visage en sang, les mains devant les yeux pour les protéger, le contenu de son sac répandu par terre. Elliot, légèrement en retrait, rigole. Son rire se mue en cri aigu quand Nick et moi tombons au sol.
– Espèce de connard ! hurlé-je en plaquant mon adversaire par les épaules.
– Regardez qui voilà, pouffe Nick en me dévisageant avec un rictus haineux.
Pour le faire disparaître de son visage triomphant, j’abats mon poing contre sa mâchoire. Sa tête rebondit et du sang s’écoule à la commissure de ses lèvres.
– Nick ! s’exclame Elliot en faisant un pas vers nous.
Je l’arrête d’un regard assassin. Visiblement effrayé, il m’observe quelques secondes puis détale en courant. Un de moins.
Soudain, une myriade d’étoiles explose devant mes yeux. Désorienté, je me rattrape au mur puis encaisse durement un coup de pied dans les côtes. Le souffle coupé, la vision floue, je tente tant bien que mal de faire face à mon ennemi. Nick, le bas du visage ensanglanté, une lueur meurtrière dans les yeux, me toise de toute sa hauteur.
– Allez, Gibson, montre-moi ce que tu vaux.
– Nick, ça m’amuse pas de faire la bagarre avec toi, soupiré-je en portant une main à ma tempe douloureuse. Va-t’en et on en parle plus.
– Elliot, Dante et moi on s’amusait bien avant ton arrivée, réplique-t-il en rabattant ses cheveux bruns en arrière. Si y’en a un qui doit se casser, c’est toi.
– S’amuser ? dis-je en haussant un sourcil.
– Ben ouais. Tu veux vraiment le défendre, Gibson ?
– Oui, c’est mon ami.
– Ton ami ? Cette tapette ?
Il ponctue ses paroles d’un coup de pied désinvolte dans le ventre de Dante. Ce dernier lâche un gémissement de souffrance en se recroquevillant sur lui-même. Sa façon de se protéger, de ne rien dire, me fait douloureusement comprendre que c’est loin d’être la première fois qu’il subit ce genre d’agression
Furieux, je me jette sur Nick. J’esquive son poing et plante mon coude dans son sternum. Les yeux exorbités, il recule en essayant de reprendre sa respiration. Je profite de sa faiblesse immédiate pour donner plusieurs coups à son visage. De vieux réflexes de jeunesse me reviennent. Je me revois en train de me battre sans raison valable avec Raylen à mes côtés. Face à ce souvenir aigre-doux, ma fureur se calme et, pantelant, j’attrape le col de Nick qui bouge à peine.
– Maintenant… haleté-je en plantant mes yeux dans les siens, dégage.
Comme toute réponse, il m’adresse un sourire narquois de ses dents ensanglantées. Avec une adresse qui me surprend moi-même, je le gifle du revers de la main. Cela semble l’humilier plus qu’autre chose. En poussant un cri rageur, il s’arrache à ma poigne et envoie de toute sa force un coup de poing dans mon estomac. La douleur m’arrache un cri. Je m’effondre par terre, tordu par la souffrance qui vrille mes tripes. Membre actif du club de football américain, Nick est bâti comme un taureau et ses bras ont l’épaisseur de mes cuisses. Je fais à présent les frais de sa carrure.
– Arrête !
C’est Dante, qui tient à peine debout. Le visage crispé de douleur, une main sur le ventre, il s’interpose entre Nick et moi. C’est ridicule à voir. Ses genoux tremblent et il fait une tête de moins que son adversaire.
– Dante… soufflé-je d’une voix rauque.
– Qu’est-ce qui se passe ici ?
Un coup de frayeur monte en moi. Nous nous tournons tous les trois vers Mme Hoover, ma professeure de littérature anglaise, qui vient d’apparaître à l’angle du couloir.
– Mr Johnson, Mr McKinney et Mr Gibson, je peux savoir ce que vous fabriquez ?
– Mme Hoover, quel plaisir de vous voir ! s’exclame d’un ton enjoué Nick, comme si son visage en sang n’était qu’un détail.
Impassible, elle le toise d’un regard méfiant. Puis bascule ses yeux noirs sur Dante, en qui elle semble avoir le plus confiance.
– Mr McKinney, pouvez-vous m’expliquer ce qui s’est passé ?
– Eh bien… commence-t-il avant de chanceler.
L’inquiétude serre ma gorge, mais je ne peux même pas me lever ; alors encore moins l’aider.
– Vous me parlerez de tout ça après être allés à l’infirmerie.
Son ton est sans appel. Avec dépit, Nick, Dante et moi nous forçons à la suivre.


Dernière modification par louji le mer. 19 févr., 2020 12:13 pm, modifié 2 fois.
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

Hello ! ^^
Voilà le nouveau chapitre... On fait la rencontre d'un nouveau personnage secondaire, qu'on reverra quelques fois au cours du récit :)
Bonne lecture et à bientôt ;)




32
Infirmerie



Juste derrière la professeure, Nick marche d’un pas déterminé. Quelques mètres plus loin, Dante et moi, bras dessus-dessous, les suivons tant bien que mal. Ma tête est lourde et mon ventre palpite de douleur.
Deux minutes plus tard, nous sommes à l’infirmerie. Comme il est encore tôt, personne n’est là. Mme Hoover nous ordonne de nous installer chacun sur un lit et d’attendre le personnel médical.
C’est donc dans un silence tendu que nous regardons les minutes défiler sur l’horloge. Mme Hoover reste près de l’entrée au cas où l’un de nous déciderait d’en finir.
– Déjà de bon matin ! s’exclame une nouvelle voix.
C’est l’infirmière : la quarantaine, des cheveux frisés, la silhouette raide. Mme Meyer nous observe tous les trois un moment puis discute avec Mme Hoover dans le couloir. Je n’entends pas leurs paroles, mais je ne doute pas que l’infirmière essaie de savoir pourquoi trois adolescents se retrouvent à l’infirmerie avant même la première sonnerie.
Finalement, après deux longues minutes, Mme Hoover nous souhaite bonne journée et s’en va. Mme Meyer ferme à moitié la porte de l’infirmerie puis se poste devant nous en nous toisant sévèrement.
– Je peux savoir ce qui s’est passé ?
– Une petite bagarre entre camarades, madame, répond Nick avec un sourire suffisant. Rien d’autre.
– Mr Johnson, ce n’est pas la première fois que vous venez ici… Mais, cette fois, j’ai l’impression que ce n’est pas parce que vous avez reçu un coup pendant un match. Pourquoi vous vous êtes battus, tous les trois ?
– Nick et moi, on avait juste une petite altercation, explique Dante avec un sourire grimaçant. Zachary est intervenu pour nous séparer, mais ça s’est mal terminé.
L’air peu convaincue par ces explications, Mme Meyer nous dévisage un instant puis soupire.
– Vous savez quoi ? je m’en fiche. Mon boulot, c’est de vous réparer. Vous donnerez vos explications stupides à Mr Harrys.
Génial. Le directeur va être ravi de me voir à nouveau dans son bureau.

Mme Meyer commence par Dante, qui est sévèrement touché au visage. Quand elle en a fini avec lui, il a trois points de suture à la tempe, un œil au beurre noir et les lèvres boursouflées.
– À vous deux, maintenant, marmonne-t-elle en se tournant vers Nick et moi.
– Je me sens bien, maugrée le footballer d’un air mécontent. J’ai pas envie de louper les cours.
– Vous allez quand même me laisser vous examiner et on verra après.
Tout en râlant, Nick enlève son haut pour révéler un torse musclé. Et une marque rouge au niveau du sternum. Malgré moi, je sens une pointe de fierté monter.
– Pas de douleurs ? demande Mme Meyer en palpant sa poitrine.
– Un peu. Mais ça passe.
– Bien. Et le visage ?
– Vous savez, un coup de poing fait pas plus mal qu’une chaussure à crampons dans la gueule.
– J’en doute pas, marmonne l’infirmière avant d’entreprendre le nettoyage d’une plaie sur la joue gauche de Nick.
Une fois son travail terminé, elle l’autorise à se rhabiller et lui conseille de ne pas s’entraîner pendant une semaine. J’ai quand même réussi à lui écorcher la pommette gauche et à lui fendre la lèvre.
– À vous, déclare soudain l’infirmière en se tournant vers moi.
Je lui jette un regard noir pour essayer de la dissuader de s’occuper de moi, mais elle se contente d’esquisser un sourire torve en enfilant de gants en caoutchouc neufs.
– Vous ne me faites pas peur, jeune homme. Allez, on enlève le haut.
Agacé, je me contente de lui tendre mes mains aux jointures abîmées.
– Juste un peu de désinfectant là-dessus et je pourrai de nouveau écrire. C’est tout ce dont j’ai besoin, Mme Meyer.
Elle me fixe en silence puis plisse les yeux, l’air mauvais.
– Votre nom ?
Je le lui donne.
– Bien, Mr Gibson. J’ai un boulot ici : celui de soigner les élèves. Alors vous allez me laisser faire mon job.
– Et le mien, c’est de travailler, rétorqué-je, borné. Et je perds du temps à l’infirmerie.
– Vous avez vu votre tête ? Vous pensez vraiment que vos profs vous vont laisser rentrer dans leur classe ?
Cette fois, je baisse les yeux car je ne peux y rétorquer. Visiblement satisfaite, Mme Meyer va chercher du coton, des pansements et du désinfectant. Pendant ce temps, Nick s’en va en souhaitant bonne journée à l’infirmière. Elle ne le retient pas. Quant à moi, je commence par enlever ma veste puis mon t-shirt à manches longues. Ma peau semble blafarde à la lumière crue de l’infirmerie.
– C’était pas compliqué, grommelle l’infirmière en se tournant vers moi.
Son regard s’attarde sur ma poitrine et mes flancs. Gêné, je replie les bras sur mon torse.
– Vous avez eu un accident, Mr Gibson ? demande l’infirmière d’un ton informel.
– Oui. D’où les cicatrices.
D’où ma répugnance à me déshabiller. Je ne veux pas en parler avec elle. Et pas devant Dante, dont je sens le regard posé sur moi.
– On peut passer à autre chose ? grommelé-je d’une voix irritée.
– Vous avez des traces d’hématomes sur les flancs, remarque-t-elle en s’approchant. Et des rougeurs récentes.
Comme d’anciens coups de batte et un récent coup de pied dans les côtes.
D’une main experte, elle palpe mon crâne. Je grimace quand elle touche ma tempe droite. C’est ici que Nick a dû me frapper pour me désorienter.
– Il n’y a pas l’air d’avoir de fractures. Vous avez reçu d’autres coups ?
– Dans le ventre. (Avec humilité, j’admets : ) Ça fait un mal de chien.
– Je vous donnerai des analgésiques (Elle commence à s’occuper de mes jointures.) S’il y a des traces de sang dans votre urine dans les prochains jours, revenez me voir.
J’acquiesce en silence. Dante, toujours installé dans le lit d’à côté, nous observe sans rien dire.
– C’est bon, soupire Mme Meyer en me rendant mes mains. Mr Gibson, si vous tenez tant que ça à retourner en cours, libre à vous. Mr McKinney, en revanche, je vais appeler vos parents pour qu’ils viennent vous chercher.
– Quoi ? lâche celui-ci d’un air accablé. Non, pas la peine !
– Si, je vous assure.
L’infirmière sort de la pièce pour contacter les parents de Dante. Ce dernier a les traits affaissés et un vide dans les yeux.
– Ça te dérange à ce point ? soufflé-je en me rhabillant.
– Oui, répond-t-il d’un ton sec.
Il n’a pas l’air de vouloir en parler. Je n’insiste pas.

Au bout de quelques minutes, je me sens assez en forme pour aller en cours. Alors que je m’apprête à franchir l’entrée de l’infirmerie, Dante s’exclame :
– Attends ! (D’un regard inquisiteur, je l’invite à poursuivre : ) Ça ne te dérange pas de rester avec moi jusqu’à ce que ma mère arrive ?
– Non, je réponds, un peu étonné. Tu es sûr et certain que c’est elle qui va venir ?
– Comment ça ?
– Mme Meyer a dit qu’elle appellerait tes parents et toi tu as dit « ma mère ».
Muet, Dante me dévisage un instant puis éclate de rire. Le voir faire allège la chape de plomb qui recouvre mes épaules depuis que je me suis battu avec Nick.
– Zach, tu es toujours aussi bizarre.
Ne sachant comment le prendre, je me renfrogne.
– Il me semblait déjà qu’à l’époque tu faisais attention à des détails débiles, mais, qu’au final, tu étais aveugle aux choses importantes.
Cette fois, je réajuste mon sac sur mon épaule et grommelle :
– Je crois que je vais aller en cours.
– Arrête, ne va pas me faire croire que tu es vexé, s’esclaffe Dante avant de redevenir sérieux. Ce n’est pas ton genre. Et tu sais que je dis la vérité.
Soutenant son regard intense, je cherche mentalement une pique à rétorquer, mais je n’en ai pas sous la langue. Je soupire, retourne m’asseoir sur un lit inoccupé et attends en silence l’arrivée de la mère de Dante.

Une vingtaine de minutes plus tard, une petite silhouette menue passe à toute vitesse devant moi et se dirige vers Dante.
– Mon cœur !
La femme qui vient d’arriver saute au cou de Dante, qui grimace de douleur. Avant qu’aucun de nous deux n’ait le temps de réagir, elle s’exclame d’une voix explosive :
– Je me demandais pourquoi tu n’étais plus à l’appartement quand j’ai proposé à Jess de vous emmener… Et regarde où je te retrouve ! À l’infirmerie et tout amoché. Tu peux m’expliquer ce qui s’est passé, Dante ? Tu crois que ça me fait plaisir de recevoir un appel du lycée, alors que je venais de déposer ta sœur à l’entrée, en me rongeant les sangs pour toi ?
Sans laisser le temps à son fils de répondre, elle se tourne vivement vers moi, ses yeux noisette, si semblables à ceux de Jessica, luisant de colère, et crache à mon intention :
– C’est lui qui s’en est pris à toi ? (Dante ouvre la bouche, mais ses mots sont étouffés par la voix criarde de la femme.) Il va le payer ! Je n’ai pas inscrit mon fils dans un lycée privé pour qu’il se fasse tabasser par des ordures homophobes.
Perdu, je la regarde s’égosiller en faisant de grands gestes.
Pour une première rencontre avec la mère des jumeaux, cela commence mal.


Dernière modification par louji le mer. 19 févr., 2020 12:15 pm, modifié 2 fois.
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

Salut,
je passais par là, ça m'a fait du bien de lire de nouveaux chapitres ! :D
Ils sont plus fins et plus détaillés, t'es tu encore amélioré ! Zach prend de plus en plus vie, je vais finir par m'attacher à ce personnage, il est vraiment humain. Par contre j'ai un problème avec Dante, je le vois encore gros :lol: .
Merci de nous régaler de tes talents, continue, je passerai de temps en temps.
À bientôt ;)
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :Salut,
je passais par là, ça m'a fait du bien de lire de nouveaux chapitres ! :D
Ils sont plus fins et plus détaillés, t'es tu encore amélioré ! Zach prend de plus en plus vie, je vais finir par m'attacher à ce personnage, il est vraiment humain. Par contre j'ai un problème avec Dante, je le vois encore gros :lol: .
Merci de nous régaler de tes talents, continue, je passerai de temps en temps.
À bientôt ;)
Hello ! Plaisir de te revoir ;)
Haha, ça date de quelques années ces chapitres... (fin, au moins un an...), mais c'est gentil, merci ! :D
Je suis contente que Zach te plaise, car tu vas le voir encore un moment... :lol:
Tu sais, je suis plutôt le genre de personne qui aime imaginer les personnages de fiction à sa manière, et ça va de même avec mes personnages... Donc si tu le vois "gros", ça me dérange pas du tout ! ;) En fait, je voulais juste lui donner un physique un peu atypique, il est pas juste "normal", "mince", donc voilà =)

Merci beaucoup pour ton commentaire, c'est vraiment sympa... ;)
A bientôt ! =D
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

Bonjour !
On en apprend un peu plus sur Dante sur ce chapitre... J'espère que ça ne vous semblera pas trop maladroit... :?
Je voulais aborder quelques notions, mais je le fais peut-être maladroitement... N'hésitez pas à me le dire !




33
Harcèlement



Dante me sauve.
Alors que sa mère, ses cheveux châtains hirsutes sur son crâne, ses yeux noisette brillant d’animosité, sa mâchoire contractée, est sur le point de s’en prendre à moi physiquement, il descend de son lit et la prend par les épaules.
– Maman, arrête ! (Elle le dévisage, les yeux exorbités.) C’est Zach, mon ami ! Ce n’est pas lui qui m’a fait ça. S’il est blessé, c’est parce qu’il a pris ma défense.
Elle reste un moment silencieuse, les lèvres pincées, les yeux rivés à ceux de son fils. Puis le masque de colère sur son visage commence à se dissiper.
– Tu es vraiment Zachary Gibson ? me demande-t-elle en se tournant vers moi. Tu étais en sixième avec Dante ?
– Oui, madame, je réponds docilement.
Encore méfiante, elle me toise quelques secondes puis soupire en laissant descendre la tension de ses épaules étroites.
– Je suis désolée de m’être emportée comme ça. J’ai vu que tu étais blessé et j’ai tout de suite pensé que c’était toi qui t’en étais pris à Dante.
– Pas de soucis, dis-je en secouant la tête.
L’air gêné, elle m’adresse un sourire crispé puis se tourne vers son fils, qui est resté debout à côté d’elle. Dante est visiblement le plus embarrassé d’entre nous. Ses yeux marrons-verts sont baissés et il se tient les mains comme pour les empêcher de trembler.
Il ne peut malheureusement pas empêcher sa voix de le faire lorsqu’il prend la parole.
– M-Maman… Je ne… je-je ne veux pas que tu ailles voir le directeur.
– Comment ça ? maugrée Mme McKinney en lui prenant le bras. Dante, regarde-moi. (Il s’exécute à contrecœur, le visage fermé.) Tu veux laisser passer ça ? Tu as vu ton visage, mon cœur ?
– Maman, gémit mon camarade en prenant sa main fine entre les siennes. Je t’assure que ça va. Je viens juste d’arriver. Comment tu t’imagines que le directeur va me voir si je me retrouve impliqué dans une bagarre dès ma première semaine ?
– Tu n’as pas été impliqué ! rétorque avec véhémence la femme. Tu en es la victime.
– Maman, tu vois très bien ce que je veux dire. Je refuse de finir chez Mr Harrys. Ce type qui m’a agressé… C’était un abruti isolé. Les autres personnes que j’ai rencontrées sont formidables.
Moyennement convaincue, elle croise les bras sur poitrine.
– Dante, ce qu’a fait ce garçon est grave. Et tu comptes le laisser s’en sortir comme si de rien n’était ?
– Oui. Je ne veux pas de problèmes. Jess et moi, on est là pour commencer une nouvelle vie. On veut se faire de vrais amis, vivre notre jeunesse comme le font les autres adolescents. Nick a bien vu qu’il y avait des gens pour prendre ma défense. (Il me jette un regard plein de reconnaissance à ces paroles.) Je ne pense pas qu’il recommencera.
– Et pourquoi il a commencé, au juste ? souffle sa mère en le toisant d’un air tendu. Tu l’as cherché ?
– Jamais de la vie ! s’indigne Dante en fronçant les sourcils. Non, je… je suis venu en avance ce matin pour pouvoir avancer mon cours d’économie et je suis tombé sur ces deux gars…
– Deux ?
– Oui, l’autre s’est enfui quand Zach est arrivé.
– Je vois… Continue.
– Ce Nick… Il a commencé à se moquer de moi, à me dire que j’étais une crevette, une lopette, et tout ce qu’on peut dire de mon physique de gringalet.
– Tu n’es pas si gringalet, j’interviens sans réfléchir. J’ai vu pire que toi.
– Merci Zach, sourit Dante en me jetant un regard reconnaissant. Bref, j’ai commencé à répliquer et ça leur a pas plu. Ils ont commencé à insulter ma famille et je me suis énervé. J’ai frappé Nick. Rien de méchant, évidemment, je sais pas me battre. Alors il a commencé à me ruer de coups en me traitant de noms d’oiseaux.
Sentant une colère noire monter en moi à ces mots, je serre poings et mâchoires.
– Ce Nick, là… reprend Mme McKinney d’un air lugubre. Il a commencé à t’insulter uniquement sur ton physique ?
– Maman… soupire Dante d’une voix agacée.
– Il faut que tu me le dises. On a eu assez de problèmes par rapport à ça les années précédentes. C’est pour arrêter le harcèlement quotidien dont tu étais victime que tu as changé d’établissement. Je ne veux pas que ça se reproduise ici.
– Moi non plus.
– Alors, Dante, dis-moi : est-ce que ce Nick t’a frappé parce que tu es gay ?
L’expression qui se peint sur le visage de Dante me fend le cœur. C’est un mélange de désarroi, de honte, de colère et de tristesse.
– Oui et non, finit-il par marmonner entre ses dents. Il m’a bien traité de « pédé » et j’en passe des meilleures, mais il n’avait aucun moyen de savoir si j’étais homo ou pas.
À la fin de sa phrase, il lève les yeux vers moi et m’observe. Une boule obstrue ma gorge. Il semble attendre quelque chose de moi. Mais quoi ? Apprendre qu’il est gay ne m’a pas vraiment choqué. Cela ne change pas le regard que je pose sur ce garçon si proche et si éloigné de moi en même temps.
Finalement, comme il n’obtient aucune réaction de ma part, il détourne les yeux, les mâchoires contractées.
Ça me blesse.

– Bon, on rentre à la maison ?
Dante est déjà en train d’enfiler sa veste. Sa mère acquiesce d’un hochement de tête.
Comme je ne sais pas quoi dire, je les regarde sortir de l’infirmerie en silence. J’ai envie de réconforter Dante, de rassurer sa mère, mais je n’arrive à rien.
Un millier de mots en tête, une centaine sur la langue, mais aucun de prononcé, je les suis jusqu’à l’entrée du lycée. Mme McKinney se tourne vers moi avant qu’ils ne partent définitivement.
– Merci d’avoir protégé mon fils, tout à l’heure.
– Pas de problème, je réponds d’une voix faible.
– Je… J’ai été un peu surprise quand Dante m’a dit d’un air ravi que son ancien camarade se trouvait dans son nouveau lycée. (Elle plonge ses yeux dans les miens et ajoute en parlant plus bas : ) Dante a du mal à l’avouer, mais il souffre beaucoup à cause de son orientation sexuelle. Je t’en prie, agis avec lui comme tu le ferais s’il était hétéro.
Interdit, je la dévisage sans répondre. Pense-t-elle vraiment que je me comporterai différemment envers Dante maintenant que je sais qu’il est gay ?
En réalité, suis-je vraiment capable d’affirmer que cela ne change rien pour moi ?

– Maman, arrête de l’embêter, finit par soupirer Dante en continuant d’éviter mon regard.
Mme McKinney m’adresse un dernier sourire de reconnaissance puis descend les escaliers. Dante s’en va derrière elle.
J’ouvre la bouche pour le retenir, tends le bras, mais ne réussis pas à le rattraper.
– Dante !
Un cri. Plus qu’une interpellation.
– Je ne les laisserai pas faire.
Qu’est-ce que je raconte, au juste ?
– Jessica et toi… Je ne veux pas que vous subissiez des moqueries ou du harcèlement ici.
Pourquoi avancé-je, sûr de moi et complètement à la ramasse en même temps, vers lui, qui se tient toujours dos à moi ?
– Je vous défendrai. Je… je te protégerai Dante. Toi et ta sœur.
Cette fois, il se retourne vers moi, les traits figés.
– Je te le promets.
Une promesse prononcée dans un souffle.
– Tu es mon ami.

Dante finit par rejoindre sa mère qui l’appelle en criant.
Mais pas avant de m’avoir regardé, les yeux embués de larmes refoulées, les lèvres pincées sur des mots imprononçables.
Serai-je capable de tenir ma promesse ? De me lier à Dante en sachant pertinemment que je ne pourrais rien lui apporter d’autre que de l’amitié ?
Qu’attend-il de moi ?
Pourquoi cette douleur dans ses yeux quand sa mère a dit qu’il était gay ? Pourquoi cette souffrance sur son visage quand il a vu que je ne réagissais pas ?
Il faut que j’éclaircisse les choses avec lui. Vite.


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Bonjour, bonsoir :)
Voilà la suite, avec l'entrée d'un nouveau personnage pour le reste de l'histoire... ;)




34
Rencontre



J’aurais souhaité que l’altercation entre Nick, Dante et moi reste secrète, mais ce n’est malheureusement pas le cas.
À la fin de ma première heure, Lily Rose et Jessica me sautent presque dessus pour savoir ce qui s’est passé. Elles me parlent toutes les deux en même temps, d’une voix rapide et inquiète, si bien que je n’ai pas le temps de répondre à aucune des questions qu’elles enchaînent l’une après l’autre.
Néanmoins, c’est Jessica qui l’emporte en m’agrippant par le col et en plantant un regard déterminé dans le mien.
– Qui est le salaud qui s’en est pris à mon frère ? Pourquoi il l’a frappé ? (Lily Rose pose une main sur son épaule pour la calmer, mais Jessica se dérobe et me plaque avec férocité contre le mur.) Tu l’as défendu, au moins ? Tu connaissais le type qui l’a agressé ?
Je ne peux m’empêcher d’admirer les nuances de noisette dans ses yeux, la courbe de ses lèvres, ses longues mèches de cheveux rouge qui descendent sur ses épaules.
Je cligne des yeux pour revenir à mes esprits. Qu’est-ce qui m’arrive ? Ce n’est pas la première fois que je regarde une fille un peu plus longuement que la politesse ne le permet, mais c’est vrai que j’ai rarement eu l’occasion d’être aussi proche de l’une d’elles.
– Zachary, tu m’écoutes ? gronde-t-elle de sa voix naturellement un peu grave, mais que je trouve parfaitement sensuelle.
– O-Oui, bredouillé-je en baissant les yeux, honteux.
– Alors réponds à mes questions.
Sentant son souffle tiède contre la peau nue de mon cou, le frôlement de ses cheveux contre mes bras et la proximité de sa poitrine, j’essaie de m’écarter, mais elle me maintient en place avec une poigne de fer.
– Tu l’as pas défendu, c’est ça ? siffle-t-elle en élevant la voix.
– Jessica, arrête, intervient Lily avec son calme naturel. Il ne serait pas blessé s’il n’avait pas défendu Dante. S’il essaie de s’éloigner, c’est parce que votre proximité le gêne.
Une génie cette fille, je te le dis.
Lui adressant un regard plein de reconnaissance, je m’éloigne un peu de Jessica, qui me surveille d’un air farouche. À sentir mes joues chaudes, je ne doute pas que je suis rouge comme une tomate.
– Alors ? marmonne Jessica en croisant les bras.
– C’est Nick, un membre du club de football, qui l’a attaqué, expliqué-je en reprenant le contrôle de ma voix. J’étais en train de prendre mes affaires quand j’ai entendu des cris. Je suis allé voir et je l’ai trouvé en train de s’en prendre à Dante. (Je soutiens le regard perçant de Jessica.) Alors je suis intervenu pour arrêter la bagarre. Comme peut en témoigner cette bosse, j’ajoute en portant une main à ma tempe douloureuse.
Une lueur d’inquiétude s’allume dans les yeux verts de Lily.
Jessica me dévisage puis laisse toute trace de colère s’effacer de son visage.
– Je suis désolée de t’avoir crié dessus, souffle-t-elle en s’approchant de moi. Merci d’avoir pris la défense de mon frère. (Elle secoue la tête.) Cet imbécile ne ferait pas de mal à une mouche. Même si cette mouche lui tourne autour de la tête depuis deux heures en faisant « bzz bzz ».
Malgré moi, sa comparaison m’arrache un sourire. En me voyant faire, son expression se détend un peu plus et elle me rend mon sourire. Son charmant visage s’en retrouve illuminé.
Le cœur battant, je regarde ailleurs.
Lily Rose me sort de cette situation gênante.
– Jess, on va être en retard.
– Ouais, tu as raison ! s’exclame l’intéressée après un coup d’œil à sa montre. Bon, on y va. À plus ! Et merci encore pour Dante.
– De rien, c’est normal, répliqué-je en secouant les mains.
– On se retrouve pour le déjeuner ? me propose Lily avec un sourire amical.
– Oui, ça me dit bien.
Les filles m’adressent un salut de la main puis s’en vont. Je relâche mon souffle, une tension dans la poitrine.
Il faut aussi que je fasse le point sur mes sentiments.

Le déjeuner avec les filles se fait sans accroches. Je leur explique en détail ce qui s’est passé ce matin. Lily Rose s’enquiert de mon état, mais j’ai vite fait de la rassurer. Quant à Jessica, savoir Dante au chaud à leur maison l’apaise.
L’après-midi se déroule plutôt rapidement. Je retrouve Jessica et Lily à la sortie des cours puis nous prenons le chemin de l’arrêt de bus ensemble.
Jessica habitant encore sur Lake Town, elle prend un car différent du nôtre. Elle serre Lily Rose dans ses bras pour la saluer – la facilité avec laquelle les filles se font des câlins me laissera toujours perplexe – puis se tourne vers moi.
– Merci d’être intervenu pour défendre mon frère, ce matin, souffle-t-elle en s’approchant.
– Tu n’as pas à me remercier pour ça, Jess, la contredis-je en secouant la tête.
L’ombre d’un sourire apparaît sur ses lèvres charnues.
– Tu te décides enfin à m’appeler « Jess ».
– Hein ? Oh ! Euh… désolé.
Je me tais car je ne suis capable que de bafouiller, à ma grande honte.
– Je te pardonne, s’esclaffe-t-elle avant de se pencher vers moi.
Raide comme un bout de bois, je la dévisage, mais ne l’arrête pas quand elle dépose un baiser sur ma joue.
Ce simple contact fait bondir mon cœur contre mes côtes et frissonner la peau de mon cou.
– C’est pour mon frère, souffle Jessica en se reculant.
Et, d’un mouvement des talons, elle s’en va, son épaisse chevelure rouge rebondissant sur ses épaules.
Un petit silence puis Lily Rose pouffe.
– Qu’est-ce qu’il y a ? grommelé-je à son attention.
– Rien, t’es adorable. Tu viens ?
Agacé, je la suis jusqu’à l’arrêt.

Lily Rose prend rarement le bus alors ça me fait plaisir de m’asseoir à côté d’elle pour rentrer à la maison. Nous sommes vers le milieu, là où je me sens le plus à l’aise. Lily est du côté de la fenêtre. Une mèche blonde en travers des yeux, elle regarde le paysage défiler.
– C’est vraiment fini entre Anthony et toi ? demandé-je sans préambule.
Je la sens se raidir à côté de moi. Gêné, je m’en veux aussitôt.
– Depuis qu’il a eu un coup de sang à l’hôpital, nous nous ne sommes pas revus, finit-elle par avouer d’une petite voix.
– Mais… il te manque, non ?
– Évidemment, soupire Lily Rose en repoussant sa mèche de cheveux. Je l’aimais, moi. Pour lui, je suis loin d’en être sûre.
– Il ne te mérite pas, grogné-je en serrant les dents.
– Tu exagères, Zach, je ne suis pas une fille si bien que ça.
– Tu te trompes. Tu es l’une des meilleures personnes que je connaisse.
Du coin de l’œil, je la vois se détourner, légèrement gênée. C’est à mon tour de sourire : j’ai pris ma revanche !
Lily Rose descend un arrêt avant moi. Elle m’embrasse sur la joue, me souhaite une bonne fin de journée puis s’en va. Je la regarde s’éloigner dans le froid à travers la fenêtre. J’espère ne jamais la perdre.
Cette fille est bien trop précieuse.

Les yeux baissés sur la chaussée, à quelques mètres seulement de la maison, quelqu’un me bouscule.
Emporté en arrière, je fais quelques pas pour conserver mon équilibre tandis que la personne dans laquelle je suis rentré pousse un petit cri de surprise en faisant tomber ce qu’elle tenait à la main.
C’est-à-dire un journal et un appareil photo. Mon cerveau a à peine le temps d’enregistrer qu’il s’agit d’une femme entre deux âges que je plonge par terre pour ramasser les objets tout en me confondant en excuse.
– C’est pas grave, me rassure l’inconnue en récupérant ses biens, que je lui tends.
– Encore navré, murmuré-je en gardant les yeux baissés.
– Pas de soucis, je te dis, souffle-t-elle en me dévisageant.
Son regard devient tellement insistant que je me relève, mal à l’aise.
– Tu habites dans le coin ? s’enquiert la femme sans me quitter des yeux.
– Oui, acquiescé-je tout en lui faisant comprendre que je ne veux pas m’éterniser.
– Très bien. Et… (Comprenant que son regard insistant me gêne, elle le détourne vers une maison quelconque.) Euh, tu connais un peu le coin ?
– Ben… oui, je réponds, décontenancé par sa demande.
Je jette un coup d’œil à son appareil photo puis à son journal.
– Vous venez visiter ? Il n’y a pas grand-chose à voir…
– Oh ! Non, pas vraiment, s’esclaffe la femme d’un rire agréable. Je suis journaliste. Je travaille pour un petit journal local à Denver. Ma rubrique concerne le tourisme régional. On m’a demandé d’aller à Lake Town car il paraît que le lac vaut le détour.
En effet, Lake Town ne s’appelle pas la ville du lac pour rien. J’ai déjà eu l’occasion de voir celui-ci et il faut avouer qu’il est plutôt pas mal. Il y a un coin spécial pour les pêcheurs, une entreprise qui loue des canoës et des pédalos, des maisons en bois le long du lac…
– Enfin, je me suis trompée de ville, avoue la femme en m’adressant un sourire contrit.
Je le lui rends car il me met étrangement à l’aise.
– Vous êtes à Daree, une commune voisine de Lake Town.
– J’en étais sûre que j’aurais dû prendre le bus d’à côté, marmonne-t-elle pour elle-même.
Soudain, elle me tend son bras libre. Elle a une main de pianiste, grande et fine. Un peu comme les miennes.
– Elena Dent. Comme je te l’ai dit, je suis journaliste.
– Zachary Gibson, je lui annonce en lui rendant sa poignée de main. Banal lycéen.
Un petit rire s’échappe de ses lèvres puis elle récupère son bras pour farfouiller dans une des poches de son veston en cuir. Finalement, elle en sort une carte de visite, qu’elle me tend.
– Prends-la, ça me ferait plaisir. Je ne connais personne ici. (Elle me fait un clin d’œil complice.) Si jamais je suis complètement perdue, je t’appellerai.
– Euh… OK, accepté-je en prenant la petite carte.
La femme me sourit, chasse ses boucles noires de son visage d’un mouvement de tête, puis s’en va en faisant claquer les talons de ses bottes sombres sur le sol.

Une minute plus tard, je suis sur le parvis de la maison. Tandis que ma main fouille mon sac à la recherche des clefs, je relève la tête vers la rue et reconnais l’inconnue à une cinquantaine de mètres. Tournée vers moi, en train de m’observer. Je me fige, surpris.
Quand elle remarque que je l’ai découverte, elle se retourne et s’en va d’un pas rapide.
Étrange.


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Bonjour :)
Un chapitre un peu plus long cette fois-ci, en espérant qu'il vous plaise !




35
Discussion en tête-à-tête



Le lendemain matin, je suis rassuré de retrouver Dante en cours d’histoire. À mon entrée dans la salle, il m’adresse un petit sourire en hochant la tête. Je m’installe derrière lui puis sors les affaires dont j’ai besoin. Alors que Mr Dalton entre dans la pièce, sa sacoche dans une main, son téléphone portable à clapet – les smartphones sont « trop compliqués » d’après lui – dans l’autre, Dante se tourne vers moi.
Je ne peux pas m’empêcher de grimacer en remarquant ses lèvres gonflées, le violet-bleu autour de son œil gauche et les points de suture sur sa tempe.
– Ça te dit qu’on déjeune ensemble à midi ?
– Si tu veux, acquiescé-je. Avec les filles ?
Il hésite un instant puis souffle d’un air un peu gêné :
– Que tous les deux, si ça ne te dérange pas.
Sa demande me surprend un peu. Néanmoins, devant son regard insistant, je ne me sens pas de refuser.
– On fait comme ça alors.

Trois heures plus tard, notre plateau repas en main, Dante et moi cherchons une table de libre pour déjeuner. Nous en trouvons une de deux places, isolée dans un coin, qui nous convient très bien.
– J’ai dû te perturber tout à l’heure, avec ma demande, déclare Dante en s’asseyant.
Juste à peine.
– Mais il faut que je te parle d’un truc en privé.
– D’accord.
Une bulle d’angoisse se coince dans ma gorge. De quoi veut-il causer ? Pourquoi juste nous deux ? Je n’aime pas trop cela…
– T’es tout pâle, Zach, souffle Dante avec un sourire crispé.
– P-Pardon, bredouillé-je en plongeant le nez dans ma salade. C’est juste que je ne suis pas trop habitué.
– Habitué à quoi ?
– Euh… (Je jette un regard gêné aux alentours.) À déjeuner seul avec un gars que je connais à peine.
Visiblement étonné, Dante hausse un sourcil puis s’esclaffe.
– Nan, mais tu t’imagines quoi, là, au juste ?
Je me sens devenir rouge comme une tomate.
– J’en sais rien. Mais reconnais que ça fait bizarre ta demande de manger tout seul avec moi. Puis… en plus…
– En plus quoi ? demande-t-il en me dévisageant.
Je me sens d’un coup très bête. Qu’est-ce que je me suis imaginé ?
– Rien du tout, marmonné-je en me détournant.
– Nan, Zach, dis-moi.
– J’ai mal compris quelque chose, c’est tout, expliqué-je en secouant la tête. Ça n’arrivera plus.
– Tu as cru quoi ? dit-il d’un air interdit. Que je voulais manger en tête-à-tête avec toi ? (Il me fixe un instant, l’air de ne pas y croire.) Tu pensais que je te draguais, ou quoi ?
– Ben oui, je dis de but en blanc.
Il se fige, pâle, puis recule légèrement sur son siège. Un silence pesant s’installe entre nous.
– T’as cru ça parce que je suis gay ? finit par demander Dante à voix basse.
– Je sais pas.
– Menteur ! s’exclame Dante avec colère.
Mort de honte, je me ratatine sur ma chaise. Il a raison : je suis un menteur. La façon dont il a évité mon regard au moment où sa mère m’a appris qu’il était gay, sa manière de me fixer, l’aisance qu’il a pour parler avec moi, les compliments qu’il m’a faits… j’ai cru des choses.
– Je suis désolé, soufflé-je au bout de quelques secondes de silence. J’ai mal interprété tes gestes et paroles.
– Je vois ça, maugrée-t-il d’un air agacé. Zach, c’est pas parce que je suis gay que je vais sauter sur tous les gars que je croise.
– Évidemment, je réponds en me sentant très, très, bête.
– Puis… (Ses traits se détendent un peu.) Sans vouloir te vexer, t’es pas mon genre de gars.
Je pousse un court soupir de soulagement. D’une certaine manière, je suis rassuré.
– Puis, Zach, reprend Dante d’un ton calme. Je suis pas stupide, j’ai bien remarqué que tes yeux cherchaient ailleurs.
Devant mon air égaré, Dante m’adresse un demi-sourire.
– Tu crois que j’ai pas remarqué la façon dont tu regardais ma sœur ?
Il me faut bien cinq secondes pour comprendre ce qu’il vient de dire.
Je ne me croyais pas capable d’avoir les joues plus chaudes après la discussion que je viens d’avoir avec Dante mais, en fait, je peux. Mon visage est brûlant et j’ai presque envie de pleurer.
Ma panique m’entraîne presque à échafauder un plan pour m’enfuir quand Dante pose gentiment sa main sur mon poignet. Il a la peau fraîche.
– Ça te stresse à ce point ?
– De quoi ? bredouillé-je, les mâchoires contractées.
– D’être attiré par quelqu’un ?
Je me détourne de son regard perçant pour fixer un groupe d’élèves qui cherche une table où manger.
– Tu ne comprendrais pas, de toute façon, le rembarré-je d’une voix plus sèche que je ne le souhaitais.
– Oh si, bien plus que tu ne peux l’imaginer, répond Dante dans un murmure plein de douleur.
Déconcerté, je tourne les yeux vers lui et ne sais pas comment réagir face à sa mine déconfite.
– Moi aussi, Zach, j’ai été attiré par quelqu’un à une époque où je n’assumais pas ces sentiments. J’étais jeune. Je ne me posais pas encore de questions sur mon hétérosexualité. Puis… j’ai rencontré quelqu’un. En fait, je passais plus de temps à l’observer qu’autre chose. J’ai dû échanger qu’une dizaine de mots avec lui. Mais il me fascinait.
Je l’écoute en silence remémorer son passé. Soudain, il lève brusquement les yeux vers moi et me fixe avec cette lueur au fond du regard qui m’a fait croire qu’il me draguait.
– Cette personne était un garçon de ma classe, au collège, et c’est lui qui m’a amené à me poser des tas de questions. Je ne l’oublierai jamais, même si je n’étais pas vraiment amoureux de lui.
Il ponctue ses mots d’un soupir accompagné d’une gorgée de soda. Il n’en dira pas plus.
Cependant, il n’a pas besoin d’en dire plus. J’ai compris.
Ce garçon dont il parle, c’est moi.

– Personne ne mérite d’être aimé par moi, déclaré-je au bout d’un moment.
Dante relève les yeux de son plat de pâtes à la bolognaise puis éclate de rire.
– En temps normal, cette phrase ferait extrêmement orgueilleuse mais, dit par ta bouche, elle est vraiment fataliste.
Je me renfrogne. Dante ne m’a toujours pas dit ce dont il voulait parler au juste. Et me voilà en train d’exposer ma vie sentimentale – inexistante – avec lui.
– Zach, reprend Dante en cherchant mon regard, tu as le droit d’aimer, personne ne te l’interdit.
– Je sais bien, marmonné-je entre mes dents.
– Vraiment ? souffle mon camarade avec un sourire narquois.
Je pousse un grognement ; il m’énerve.
– Si tu es attiré par Jess…
– Je ne suis pas amoureux d’elle, le coupé-je d’un ton sec.
– Calme-toi, la bête, soupire Dante en agitant la main. Je ne dis pas que tu es amoureux. Mais t’es clairement attiré par elle, tu ne peux pas le nier.
OK, je ne peux pas le nier. M’enfin…
– Physiquement, oui, elle m’attire, avoué-je d’une voix gênée mais… ce n’est pas ça l’amour.
– Laisse-moi deviner… tu n’es jamais sorti avec personne, hein ?
– Non, je reconnais avec un peu d’agacement.
– Mais je parie que plusieurs filles t’ont fait des avances.
– Je ne crois pas, je réponds en haussant les épaules.
– Avec ta gueule d’ange ? Ça m’étonnerait.
Je lui jette un regard noir, le coupant dans la dégustation de ses pâtes.
– Ben quoi ?
– Tu peux arrêter de balancer des trucs pareils au milieu d’une conversation ?
Dante lève les yeux au plafond comme si ce n’était rien du tout avant d’enchaîner :
– Zach, tout ce que je veux te dire, c’est qu’il ne faut pas que tu te refrènes dans tes sentiments.
– Tu ne peux pas comprendre, soupiré-je, le cœur en déroute.
Il m’observe en silence quelques instants puis souffle d’une voix douce qui me surprend :
– Si tu t’interdis d’aimer à cause de ton passé, c’est vraiment pas malin.
– Je ne veux plus blesser personne, rétorqué-je d’une voix tremblante.
– Je sais, Zach.
Il m’adresse un regard plein de compréhension, d’empathie. Ma gorge se serre.
– Mais tu as appris à aimer sans blesser, non ?
– Qu’est-ce que tu veux dire ?
– Cet homme qui t’a adopté… tu l’aimes, hein ? Et Lily Rose, tu es prêt à te sacrifier pour elle, pas vrai ?
Les yeux dans mon assiette, je laisse le doute m’envahir. Mais il s’en va vite. Dante a raison. Et ça me fait peur.
– Ils sont le père et la sœur que tu n’as jamais eus et tu les chéris comme les membres de ta propre famille. (Dante penche la tête de côté.) En quoi c’est mal, Zach ? Tu les aimes et, pourtant, ils vont bien. Alors arrête de t’inquiéter et laisse-toi aller.
– Mais, ta sœur, c’est différent.
– En quoi ?
– Ben… je…
Ne trouvant pas les mots adéquats, je me tais.
– Tu as envie de l’aimer, pas vrai ? murmure Dante d’un air pensif. Tu as envie d’apprendre à la connaître, de savoir ce qu’elle aime et n’aime pas. Tu as envie de tout ça, car elle t’intrigue, elle t’attire comme un insecte est attiré par la lumière. (D’un coup, il rit.) Oups, je viens de te traiter d’insecte.
Il plante sa fourchette dans une boulette de viande.
– Jessica est une lumière, Zachary. Elle m’est précieuse. Elle est géniale, c’est tout. (Il secoue sa fourchette sous mon nez.) Je comprends tout à fait qu’elle t’attire.
– J’ai peur, je dis tout d’un coup, sans vraiment réfléchir.
– T’inquiète, elle te mordra pas, s’esclaffe Dante avant de redevenir sérieux devant mon regard assassin. Pardon. Sans plaisanter, ne perds pas ton temps à te poser trop de questions. Jess… on a parlé un peu de toi, ensemble. (À ces mots, mon cœur se soulève dans ma poitrine avant de redescendre.) Elle voudrait mieux te connaître, mais elle ose pas trop t’approcher car tu as toujours cet air renfermé. Jess n’est pas hyper sociable alors un de vous deux va devoir faire un effort.
Il pointe sa fourchette dans ma direction, les pics à quelques centimètres de mon nez.
– Et, Zachary Gibson, tu vas faire cet effort. Ordre de ton futur beau-frère.
– Beau-frère ? m’exclamé-je en écarquillant les yeux. T’es pas bien !
– Oh si, déclare-t-il fièrement avant d’engloutir sa boulette de viande.
Je baisse les yeux pour réfléchir tandis qu’il mâche avec application.
Jessica. Son regard intense, ses mains habiles tachées d’encre, sa voix grave et passionnée.
Elle est belle. Intrigante. Je veux entendre son rire. Passer la main dans sa chevelure souple. Plonger le regard dans ses yeux rêveurs. Contempler ses lèvres pleines… et les embrasser.
Fais chier.

Dante me coupe en pleine réflexion en claquant ses couverts sur la table.
– Mais, Zach, ce n’est pas pour parler amourettes que je t’ai demandé de manger avec moi.
Ah ? C’est pas trop tôt.
– J’aimerais qu’on parle harcèlement, toi et moi.
Pas certain de l’avoir bien compris, je fronce les sourcils.
– Ça fait combien de temps que ça dure ? (J’ouvre la bouche, mais il me coupe.) Pourquoi ces types s’en prennent à toi ? Est-ce que tu te défends, au moins ?
– De quoi tu parles ? soufflé-je, mortifié.
– Du harcèlement que tu vis au lycée, espèce d’idiot. Tu crois que je n’avais pas compris ?
– Tu te trompes, Dante, répliqué-je d’un ton ferme.
– Non, je me trompe pas. Il y a des signes qui ne trompent pas. Je sais que ce Nick, celui qui m’a agressé, t’a aussi agressé auparavant. Et je parie qu’il le fait pour le compte de quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui te déteste.
Anthony.
Je chasse de mon esprit le rictus triomphant de mon ennemi.
Dante ne doit pas savoir. Je ne sais pas comment il a compris, mais je ne veux pas qu’il sache. Et, surtout, je ne veux pas qu’il en parle.

– Laisse tomber, je déclare brusquement en me levant. J’ai eu des soucis avec Nick, mais rien d’autre.
Je me rhabille sous le regard colérique de Dante.
– Il faut qu’on en parle, Zach. On réglera le problème ensemble. Je connais la pression que ces connards te foutent. Je l’ai subie pendant des années. Mais, aujourd’hui, je suis ici pour m’en débarrasser. Je n’aurais pas cru que le harcèlement existe dans ce lycée, mais, apparemment, je me suis trompé.
Je prends mon plateau et Dante se rhabille en vitesse pour essayer de me suivre.
– Quand j’ai compris que c’était toi, leur cible préférée, j’en suis tombé des nues.
Mais comment il parle celui-là ?
– Zach ! crie Dante alors que je file à travers la cour pour poser mon plateau. Il faut qu’on en parle !
Mes longues jambes m’entraînent loin de lui, loin de ses mots qui me font mal, loin de la vérité.


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Bonjour, bonsoir !
De nouveau un chapitre assez long avec une petite confrontation entre les personnages...
Si vous avez la moindre remarque, n'hésitez pas :)




36
La vérité qui éclate



J’ai évité Dante le reste de la journée ainsi que jeudi. Vendredi est déjà là. Dans l’idéal, j’aimerais ne pas le croiser de nouveau et laisser passer le week-end dans l’espoir de tasser les choses.
La pause de midi est arrivée quand je croise Anthony dans les couloirs. Sur le coup, je suis trop désemparé pour réagir. Comme souvent, il déambule avec sa bande de potes. L’absence de Nick et d’Elliot me soulage en partie. Mon cher camarade s’est bien remis de son séjour à l’hôpital : il aborde un visage souriant, des cheveux bien coiffés, des vêtements de marque fringants et un air satisfait.
Le revoir aussi vite et aussi brutalement me laisse pantois au milieu du couloir. Le regard perçant d’Anthony ne met pas longtemps à rencontrer le mien. Je ressens comme un verre d’eau glacée se déverser dans ma nuque. À son tour, il se fige. La surprise et le doute de son visage laissent place à la colère et au mépris.
– Tiens donc, regardez qui voilà, grince-t-il en s’arrêtant à quelques mètres de moi. Le monstre.
Je ne réponds pas. Les chiens galeux qui suivent Anthony comme son ombre me dévisagent de la tête aux pieds comme si j’étais déguisé en clown.
– Alors, espèce de sale meurtrier, lance Anthony en croisant les bras sur sa poitrine d’un air amusé, qui est ta prochaine cible ?
– Je n’ai pas de prochaine cible… chuchoté-je trop bas pour que personne ne l’entende.
– Je t’ai pas entendu, reprend-t-il d’une voix condescendante. Dis-moi, espèce de salaud, qui est ta prochaine victime ?
– Personne ! je réponds cette fois assez fort pour me faire entendre.
– Personne ? répète-t-il d’un air étonné. Vraiment ? Tu es sûr ?
Il avance de quelques pas avant de se retourner vers les badauds présents.
– Sachez, chers amis, que Zachary ici-présent a essayé de me tuer il y a un mois !
Devant cette annonce, un brouhaha s’élève dans le couloir. Les murmures me parviennent de tous les côtés, faisant naître chez moi un mal de tête et un malaise intense. Je sens les regards s’attarder sur ma personne comme sur une bête sauvage.
– Eh oui… souffle Anthony, le visage grave, mettant au profit ses talents de comédien. Je venais voir Zachary chez lui quand… (Il secoue la tête.) J’ignore ce qui lui a pris. Il est devenu fou. Fou ! J’avais à peine ouvert la bouche qu’il m’a sauté à la gorge.
Un murmure horrifié s’élève. Pour contenir la vague d’émotions qui monte en moi, je serre les poings.
– Il m’a jeté à terre, ses mains enserrées autour de ma gorge. (Du bout des doigts, il frôle son cou, les yeux dans le vide.) L’air ne rentrait plus dans mes poumons. Je voyais son visage démoniaque au-dessus de moi. Ses doigts crispés toujours plus fort sur ma gorge. Alors, j’ai senti la vie me quitter.
Un nouveau murmure répond à ce monologue dramatique.
– J’ai vraiment cru vivre mes derniers instants. Mais… (Il se retourne vers moi et pointe un doigt dans ma direction.) Mais je refusais de me laisser tuer par ce monstre ! Alors, je me suis débattu, je l’ai repoussé et j’ai réussi à m’enfuir.
Menteur. Ce sont Holly et Jade qui m’ont empêché de te tuer. Et je suis sûr que tu t’es pissé dessus en t’évanouissant.
– Voilà ce qu’il est, mes amis, s’exclame Anthony, les yeux grands ouverts. Un meurtrier, un monstre, une crevure.
Les visages mortifiés sont tournés vers moi ; les regards de peur, d’incompréhension, de jugement, sont braqués sur moi ; les chuchotements qui courent de lèvres en lèvres sont toujours plus d’horreurs prononcées en mon nom.
Anthony a bouffé le peu de vie, les minces espoirs, qui subsistaient en moi.
C’est alors que j’entends des pas rapides dans mon dos, une main qui se pose sur mon épaule puis une voix féminine s’exclamer :
– C’est faux !
Stupéfait, je tourne la tête pour fixer Lily Rose avec horreur. Bordel, que fait-elle là ?
Va-t’en, Lily, va-t’en, je ne t’attirerai que des problèmes !
Néanmoins, devant le pli sévère de ses lèvres qui me rappelle Sofia et la flamme de conviction dans ses yeux, la même que dans le regard de Philip quand il défend une idée, je comprends que je ne pourrais pas la dissuader.
Visiblement aussi surpris de la voir ici, Anthony reste muet pendant plusieurs secondes avant de lâcher un rire nerveux.
– Lily, ma puce, qu’est-ce que tu…
– Appelle-moi ta puce encore une fois et je te refais le portrait, gronde Lily Rose d’un air menaçant.
– Du calme, lâche-t-il en levant les mains. Qu’est-ce qui te prend, à défendre ce type ?
– Ce « type » c’est Zach, mon meilleur ami. Évidemment que je vais le défendre.
– Contre ton copain ? souffle Anthony d’un air mortifié.
– Tu n’es plus mon copain, Anthony, répond calmement ma camarade. Et tu me l’as bien fait comprendre quand je suis venue te voir à l’hôpital et que tu m’as traitée comme une moins-que-rien en disant que tu avais seulement profité de moi.
Cette querelle entre deux icônes populaires du lycée suscite l’attention de la foule. Toujours plus de gens affluent dans le couloir, prenant soin d’éviter Lily et moi et Anthony de l’autre côté.
– C’est faux, Lily Rose, dit Anthony d’une voix douce. À mes yeux, tu es la personne la plus…
– Tais-toi, le coupe mon amie d’un air las. Ton comportement à l’hôpital et, surtout, envers Zach toutes ces années, m’a fait comprendre quel genre de personne tu es. Et, franchement, c’est pas beau à savoir.
– Qu’est-ce que tu racontes ? marmonne-t-il d’un ton crispé.
– Je te parle de l’agressivité dont tu as fait preuve quand Zach est venu te présenter ses excuses – chose que tu n’as jamais faite pour lui. Du fait que tu m’as poussée comme une malpropre, insulté ton père, celui de Zach et Zach lui-même.
– C’est tout ce qu’il mérite, crache-t-il en me fusillant du regard.
– T’es qu’un pauvre con, lâche soudain Lily Rose en s’avançant.
Le brouhaha augmente. Je parie que cette scène va alimenter les discours de nombreux jours à venir.
– Tu crois que ne suis pas au courant de tout ce que tu as fait subir à Zach depuis que tu es arrivé au lycée ?
– Hein ?
– Arrête de faire l’innocent ! s’agace Lily Rose en élevant la voix. J’ai appris la vérité à ton propos, Anthony Greenlight ! Tu oses traiter Zach de crevure, de monstre et d’ordure, mais… tu te crois mieux que lui ? Tu sais ce que Zach fait au quotidien pour racheter ses erreurs de jeunesse ? Non, tu n’en as aucune idée ! (Elle tourne les yeux vers moi, un petit sourire aux lèvres.) Zach sera toujours un gars mille fois plus respectable et valeureux que toi.
Ces mots manquent faire monter les larmes à mes yeux. Ma gorge est affreusement nouée et mes mains tremblent. On m’a trop peu fait de compliments et j’ai l’impression de respirer un peu mieux quand ils sont faits avec sincérité.
Cependant, si Lily Rose aborde ces sujets, c’est qu’elle sait tout. Et ça, c’est vraiment nul.
– Je sais que tu le harcèles depuis que tu as appris qu’il avait commis une erreur, reprend mon amie d’un air grave.
– Une erreur ? répète Anthony d’un air interdit. Lily, il a tué une femme et ses deux petites filles, bordel !
Un murmure scandalisé s’élève autour de moi.
– Et il travaille dur tous les jours depuis plus de cinq ans pour réparer cette erreur ! réplique Lily Rose sans se laisser démonter. Je sais qu’il deviendra un homme respectueux, honorable juste et bon. Contrairement à toi.
Cette fois, Anthony s’énerve. Il s’avance jusqu’à elle assez près pour qu’il ait à baisser les yeux pour la voir, leurs visages à une vingtaine de centimètres. Un silence pesant s’installe autour de nous.
Sans plaisanter, si cet enfoiré ose lever la main sur Lily, je suis prêt à commettre un nouvel homicide et à crever en prison.
– Lily Rose, tu as des preuves de ce que tu avances ?
– Des preuves directes ? Non, aucune. Mais, si je demande à Zach ou à son père, je sais qu’ils pourront confirmer qu’il subit ton harcèlement depuis la seconde.
– Eh bien tu te trompes, ma jolie, rétorque avec mépris mon ennemi. Car je ne harcèle pas Zach.
– Arrête de nier ! crie Lily Rose, hors d’elle. Apprendre ce que tu lui faisais subir depuis des mois seulement maintenant me dégoûte assez pour que tu mentes en plus.
– Je ne mens pas !
Avec un geste brutal, il recule puis dirige son attention vers moi.
– Dis-lui toi !
Incapable d’ouvrir la bouche, je le regarde sans rien faire.
– Dis-lui que c’est faux, susurre Anthony en me fixant.
Je sens tellement de menaces dans ses yeux que j’en ai peur. Peur pour Lily, au cas où il voudrait s’en prendre à elle. Peur pour moi. Pour ce qu’il va encore me faire subir.
– C’est… commencé-je avant de me taire.
C’est définitif, je suis incapable de reconnaître que je suis la victime d’Anthony et sa bande. J’ignore si c’est par peur, par honte, par dépit ou encore par fierté.
Lily Rose me regarde avec une immense empathie et je me détourne ; je ne la mérite pas.
– De toute façon, reprend Anthony en perdant peu à peu le contrôle de sa voix qui monte dans les aigus, tu n’es qu’une conne naïve et prétentieuse, Lily Rose !
Ces mots blessants font blêmir mon amie. Elle perd visiblement son assurance, se demande si ce que vient de dire son ex est vrai. Je n’aurais pas cru Lily aussi fragile. Je pensais qu’entre nous deux, c’était la solide. Mais on ne peut pas être éternellement fort.
– Ne l’écoute pas, lui soufflé-je doucement. Il veut te blesser, te rabaisser, t’attribuer des torts pour t’affaiblir.
Mon amie m’observe en silence puis m’adresse un petit hochement de tête reconnaissant.
– C’est cette méthode de déstabilisation que tu utilisais contre Zach ? continue Lily Rose en reprenant sa confiance en elle. T’es qu’un manipulateur hypocrite et égoïste.
– Égoïste ? Je voulais juste te protéger de ce malade mental, rétorque-t-il avec colère.
– Je suis assez grande pour me protéger, souffle-t-elle en secouant la tête. Si Zach avait voulu me faire du mal, ça ferait longtemps qu’il l’aurait fait.
Je sens qu’elle veut mon soutien, mais je me perds de plus en plus dans mes pensées. Lily Rose est tout de même naïve. Et si elle ne l’est pas, elle est un peu aveugle. Le nombre de fois où je suis revenu amoché après une journée au lycée… Ou alors il lui a fallu plus de temps pour admettre que le garçon qu’elle aimait faisait subir ce genre de choses à l’un de ses amis.
Il n’y a qu’une personne qui ait pu lui ouvrir les yeux : Dante. Il va falloir que je le voie. En vitesse.

On me sort brutalement de mes pensées quand on m’empoigne par le bras. C’est Lily. Et elle fait fièrement face à son ex, à la bande de celui-ci et à la foule.
– Écoutez-moi ! Je refuse de laisser des choses comme le harcèlement moral et physique se passer dans ce lycée. Zach n’a pas assez d’estime pour lui-même pour oser en parler. Mais, aujourd’hui, il n’aura plus à souffrir de ça.
Je ne dis rien. Elle a de l’espoir. Pas moi.
– Zachary est quelqu’un de bien, ajoute-t-elle d’une voix adoucie. Vous devez me croire. Apprenez à le connaître avant de le juger.
Et, sur ces paroles dont je me serais passé, elle m’entraîne derrière elle dans le couloir. La foule s’ouvre devant nous et les chuchotements bondissent à notre passage.
Mes pensées s’égarent, s’agitent, virevoltent, s’enfuient et s’entrechoquent tandis que Lily Rose m’emmène loin du chahut, loin de la vérité, loin d’Anthony.


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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

Bonjour (ou bonsoir) !
Peut-être que ce chapitre surprend un peu, je vous laisse découvrir :)




37
Accusations



Je ne sais plus exactement à quel moment, mais j’ai fini par me séparer de Lily Rose. Le conflit avec Anthony m’a coupé l’appétit. Isolé dans un recoin du cybercafé d’à côté, je suis resté plongé dans mes pensées sans rien faire.
Lily Rose sait tout. Tout ce que j’ai essayé de cacher depuis le début du lycée. Les insultes d’Anthony à la sortie des cours. Ses coups de poing contre mon visage, ses coups de pieds dans mon dos, ses sales petits tours quotidiens pour me rappeler le crime que j’ai commis.
Je pensais pourtant avoir caché les bleus, effacé la peur et la tristesse de mon visage.
Que dois-je faire, à présent ? Comment Mark réagira-t-il devant le fait accompli ? Car il sait que j’ai été harcelé au lycée. Il le sait.
Et il y a un responsable à tout cela : Dante. Il a cafté.

Comme si rien ne s’était passé, je retourne en cours l’après-midi. On chuchote dans mon dos et on s’écarte encore plus que d’habitude sur mon passage.
Néanmoins, je finis par me noyer dans l’anonymat d’une foule d’élèves pressés de rentrer chez eux en ce début de week-end. Les rires, les complaintes, m’entourent. Au lieu de calmer la flamme qui brûle en moi, cette banalité qui m’est interdite ne fait que raviver ma colère.
Je reconnais la tignasse ébouriffée de Dante à une vingtaine de mètres de la sortie. Adossé contre le mur d’enceinte, il grignote des biscuits en discutant avec deux garçons que je ne connais pas. Je presse alors le pas dans sa direction. Dès qu’il m’aperçoit, il se redresse en cessant de manger. Ma colère doit être palpable.
– Zach… commence Dante avec un petit sourire.
– Tais-toi ! le coupé-je brutalement en me campant devant lui.
Son visage pâlit et j’entends les deux camarades avec lesquels il discutait s’en aller.
– Pourquoi ?
Ma voix est un souffle de glace.
– Pourquoi quoi ? murmure-t-il, visiblement tendu.
– Pourquoi tu as tout raconté à Lily Rose ? susurré-je en me penchant vers lui.
– Zach…
– Dis-moi pourquoi ! crié-je en le saisissant par le col. Tu es qui pour te permette d’exposer ma vie ainsi ?
– Je suis ton ami ! rétorque Dante en agrippant mon poignet. Tu as fait la promesse de me protéger et le minimum est que je fasse pareil pour toi.
– Je suis assez grand pour me défendre seul, Dante, déclaré-je avec véhémence en le plaquant contre le mur.
Il grimace quand son dos rencontre brutalement la surface dure. J’ai oublié à quel point il est maigrelet. Et la force que je possède quand je veux.
– Zachary, souffle Dante en me dévisageant. Je voulais juste t’aider. En parler à Lily Rose me semblait la meilleure chose à faire. C’est celle qui te connaît le mieux. J’ai pensé qu’elle pourrait… t’aider ou je ne sais pas…
– Tu ne sais pas. Exactement. (Je le lâche puis recule de quelques pas en ruminant mes idées noires.) Tu n’es qu’un pauvre imbécile ignorant !
– T’as pas le droit de dire ça, réplique Dante avec une douleur dans la voix qui me serre le cœur.
Malheureusement pour lui, ma colère est plus forte que ma compassion à cet instant.
– Mais tu as ruiné ma vie, abruti ! hurlé-je en m’approchant à nouveau de lui.
– Arrêtez !
Dante et moi tournons la tête vers Lily Rose qui arrive en trottinant. Elle m’agrippe le bras et me force à reculer.
– Qu’est-ce qui te prend, Zachary ?
– Et à toi, qu’est-ce qui t’a pris ? je réplique d’un ton glacial en la foudroyant du regard. T’as trouvé ça amusant d’exposer ma vie privée à tout le lycée, tout à l’heure ?
– Quoi ? Non, Zach, tu te trompes.
– Non, je me trompe pas. (Je les observe à tour de rôle en les fusillant du regard.) À vous deux, vous avez ruiné le fragile équilibre que j’avais passé des années à établir !
À ces mots, ils blêmissent tous les deux. Mais Lily Rose a le courage d’affronter ma rancœur.
– Zach, si revenir deux soirs par semaine chez toi couvert de bleus, te faire insulter et moquer à longueur de journées par tes propres camarades, si te faire piéger dans des tours ridicules, est un équilibre pour toi, alors il y a un problème.
– Il y a toujours eu un problème avec moi, Lily, soufflé-je d’un ton glacial. N’oublie pas qui je suis et ce que j’ai fait.
– Tu es…
– Un assassin.
Le mot claque dans l’air de ma propre voix. Le silence qui suit prouve que rien ne peut changer cela.
– Et j’aurais aimé que la punition que recevait cet assassin reste secrète, j’ajoute en avançant à pas lents vers Dante.
– Je suis désolé si…
– Désolé ? tonné-je en le plaquant par les épaules. Tu te fous de moi ? Tu voudrais que je hurle à tous les autres que tu es homo ?!
Les yeux de Dante s’écarquillent d’horreur. Il baisse la tête, l’air déconfit, et ses épaules tombent. J’ai l’impression d’avoir cassé un objet fragile en le balançant par terre comme un gosse en train de pleurnicher.
– Je crois que tu viens de le faire, pauvre con.
Cette voix un peu grave me fait aussitôt relever la tête. Jessica se tient à quatre mètres de moi, son sac bandoulière contre la hanche, ses cheveux ramenés en arrière. Ses yeux flamboient.
– Tu n’es qu’un pauvre abruti, cingle-t-elle en s’avançant. Tu accuses mon frère de se prendre pour le régisseur de ta vie, mais tu es qui, toi aussi ?
Avec une force étonnante, elle me sépare de Dante, qui reste sans rien dire, le menton presque contre la poitrine. Alors je remarque les larmes qui roulent sur ses joues et toute la colère s’envole de mon cœur. Seuls restent l’amertume, la honte et un vide infini.
Des étoiles éclatent devant mes yeux quand Jessica me fout une gifle monumentale. Honnêtement, elle n’aurait rien à envier à Mark avec un don pareil.
Le coup est si fort que je titube de quelques pas, l’œil gauche fermé et la joue du même côté en feu.
– Jess ! crie Lily Rose. Qu’est-ce qui te prend ?
– Comment ça, ce qui me prend ? hurle-t-elle en écartant les bras. Cet enfoiré gueule sur mon frère, le menace et le violente et je devrais rester sans rien faire ?
– Mais c’était pas la peine de le gifler !
– Je crois qu’il en méritait bien une, au contraire.
Après quoi, elle crache à mes pieds et susurre d’une voix menaçante :
– Approche mon frère encore une fois et tu le regretteras. Tu ne mérites pas toute l’attention qu’a Dante pour toi. T’es qu’une ordure.
Elle prend, avec une délicatesse qui me rend presque jaloux, le bras de son frère pour l’éloigner de moi et ajoute en murmurant :
– En fin de compte, tu es peut-être le monstre que les autres t’accusent d’être.
Ce mot, je l’ai entendu des dizaines de fois, peut-être des centaines, mais il ne m’a jamais autant blessé que prononcé par Jessica.

Une fois les jumeaux partis, Lily Rose se tourne vers moi et tend la main pour me toucher, mais je recule. J’ai à nouveau peur du moindre contact.
– Zach…
Les mâchoires serrées, je secoue la tête puis m’en vais sans attendre Lily Rose.
Mais elle ne me suit pas.
Heureusement.


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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

Hello !
Un petit chapitre plus sympa et moins tendu... En espérant que ça vous plaise ;)




38
Entraide



Cela faisait des années que je ne m’étais pas autant morfondu dans ma chambre. Vendredi soir. Samedi. Dimanche matin. On est l’après-midi. Et je suis toujours dans mon lit à fixer le plafond.
En temps normal, Mark ne m’aurait jamais laissé faire. Il m’aurait tiré du lit, obligé à prendre une douche et à manger, puis il m’aurait forcément trouvé quelque chose à faire.
Pas aujourd’hui. Depuis hier matin, il est plongé dans la correction de copies d’élèves et il a à peine pris le temps de manger. Donc il ne s’intéresse pas à moi. Ce qui, honnêtement, me va très bien pour l’instant. Mon portable est éteint depuis vendredi soir et, je n'en doute pas, si je l’allume, je recevrai des dizaines de messages.
De Lily Rose pour savoir comment je vais.
De Jessica pour m’insulter.
De Dante pour chercher à comprendre.
Je n’ai envie de répondre à aucun d’entre eux.

Poussé par la faim, je descends à la cuisine pour préparer une omelette aux lardons et aux champignons. Comme Mark est toujours enfermé dans son bureau, je lui prépare un plateau puis lui apporte.
– Oh, merci, ça m’arrange, déclare-t-il en levant à peine les yeux quand je dépose le plateau sur son grand bureau. Désolé d’être enfermé dans ma tanière depuis hier, mais j’ai traîné à corriger tout ça et je dois les rendre demain.
– Pas de soucis, je réponds d’une voix rauque avant de faire demi-tour.
La poignée est déjà dans ma main quand la voix de Mark s’élève :
– Zach ?
– Mmh ?
Son regard se balade sur mon visage puis il fronce les sourcils.
– Qu’est-ce qui ne va pas ?
– Rien, je mens en baissant les yeux. J’ai juste mal dormi.
Je ferme la porte derrière moi avant qu’il n'ajoute quelque chose.
Il ne me rattrape pas : ses copies sont actuellement sa priorité.

Allongé sur le ventre sur le lit, je fixe mon portable éteint sur ma table de nuit.
Je l’allume ?
Non.
Mais… et si Jessica voulait s’excuser ?
Ou plutôt, devrais-je m’excuser ?
Elle va te tuer, Zach. Même si tu t’excuses. T’es fichu. C’est tout.

Je me suis endormi. La sonnerie de l’entrée me réveille en sursaut au milieu d’un rêve brumeux dont je ne me rappelle que des images floues. Une voix de femme qui m’est inconnue. Des larmes.
La petite bouteille d’eau sur ma table de chevet m’éclaircit l’esprit. Je m’apprête à aller ouvrir quand j’entends les pas de Mark au rez-de-chaussée puis la porte qui grince. Des voix.
– Zach, c’est pour toi ! crie Mark quelques secondes plus tard.
À cette annonce, ma gorge se noue. Je n’ai jamais de visites. Ça ne peut être qu’une de mes connaissances. Lily Rose ? Dante ? Jessica… ?
Prêt à dévaler les marches, je me fige en me rappelant que je suis resté amorphe tout le week-end, que je porte un t-shirt trop grand, un caleçon et que mes joues sont recouvertes de chaume.
– Et merde ! grondé-je à voix basse en me précipitant vers la commode.
Soudain la porte d’entrée se referme et Mark m’annonce :
– Je les fais monter, Zach.
Hein ? Non. Non !
Je viens tout juste d’enfiler un jeans noir quand on toque à ma porte et qu’elle s’ouvre.
– Salut, lance timidement Dante en s’arrêtant sur le seuil.
Il s’écarte et ma panique augmente d’un cran quand je distingue la chevelure rouge de Jessica derrière lui. Son visage est figé sur une expression morose.
Comme je les dévisage sans rien dire, Dante lâche un rire nerveux puis détourne le regard.
– On te dérange, peut-être ?
– Un peu, je reconnais d’un ton froid.
Un silence gêné s’installe entre nous. Jusqu’à ce que Jess déclare d’une voix étonnée :
– Je ne pensais pas que tu aimais le jaune.
– Hein ? lâché-je en la dévisageant avec surprise.
Ses yeux se baladent sur les murs nus de ma chambre.
– Le papier peint, explique Jessica en retournant son attention vers moi, il est jaune. Comme tu t’habilles toujours en noir ou avec des couleurs sobres, je pensais que ta chambre irait de pair.
Je manque lui expliquer que cette chambre n’est pas la mienne, mais celle de Jade, la fille de Mark que j’ai tuée, mais je n’en trouve pas le courage.
– Ce n’est pas vraiment ta chambre, de toute manière, non ? souffle Dante d’une voix douce en observant la pièce.
– En effet, avoué-je avec un haussement d’épaules.
– Elle est tellement… impersonnelle, murmure Jess en faisant quelques pas dans la chambre. Rien ne te ressemble ici.
– Qu’est-ce qui me ressemble, de toute façon ? répliqué-je avec dépit.
– La gentillesse, lance Dante en me souriant.
C’est plutôt toi l’incarnation de la gentillesse, songé-je en sentant mon cœur se gonfler de chagrin. Jessica, qui est toujours en train d’examiner ma chambre, se penche vers le mur contre lequel est appuyé mon lit.
– C’est quoi, tous ces dessins ?
Les yeux piquants, je me tourne vers ce qu’elle indique. Habitué à les voir, j’ai presque oublié les esquisses de Jade punaisées sur mon mur. Des fleurs, sa famille, des bateaux, des étoiles, des taches de couleur, des animaux.
– Ce sont les dessins de Jade, j’explique tout simplement.
– C’est elle qui occupait la chambre, comprend Jess.
– Ta petite sœur ? s’enquiert Dante d’un ton hésitant.
Je l’observe sans répondre. Je ne mérite pas d’être appelé le grand-frère de Jade ou de Holly. Pas alors que je les ai tuées.
– Et, l’homme qui nous a ouvert, reprend Jessica en lâchant les dessins du regard. C’est ton père ?
– C’est Mark, je réponds d’une voix laconique.
Les jumeaux échangent un regard. J’imagine que ma situation doit leur paraître étrange.
– C’est quand même ton père, non ? insiste Dante. Tu vis sous son toit, il te fournit tes vêtements, ta nourriture et tout le reste… C’est lui qui t’élève.
– Si tu veux, soupiré-je en posant une main sur ma commode.
– Vous ne vous aimez pas ? demande Jess avec sa franchise désarmante.
Son frère lui donne un petit coup de coude, mais elle l’ignore. Son regard noisette est rivé au mien et elle exige une réponse.
– On… commencé-je avant de me rembrunir.
Je n’ai jamais eu une conversation pareille avec personne d’autre. Pourquoi eux ?
– Je… je l’aime comme mon propre père, je finis par souffler.
– Et lui ?
– Comme son fils. Je crois.
– Malgré le fait que tu as tué sa famille ?
– Jessica ! s’exclame Dante d’une voix indignée.
– Quoi ? J’ai le droit de savoir, non ? (Elle s’approche de moi et me prend le bras, ce qui m’arrache à la contemplation du parquet.) Si cet homme, à qui tu as brisé la vie, a décidé de t’adopter et de t’élever comme son propre enfant, c’est qu’il y a une raison. C’est que tu le mérites.
Cela doit être désagréable pour elle, mais je ne réponds pas. Que voudrait-elle que je dise ?
– Tu n’as pas besoin de passer ta vie à vouloir épargner celle des autres, murmure Jessica en essayant de capter mon regard.
– C’est le minimum que je puisse faire, rétorqué-je en secouant la tête. Après mon crime.
– La justice a décidé que ce n’était pas un crime. Ton père adoptif non plus. Tu es le seul à te borner à te considérer comme un criminel de sang-froid.
– C’est ce que je suis ! susurré-je en reculant de quelques pas.
Elle me retient et prend ma main dans la sienne. Ses doigts sont froids, ses phalanges calleuses, mais sa peau indéniablement douce.
– Non, Zach, t’es juste un gars mal dans sa tête.
– C’est pas mal dans sa peau ? corrige Dante derrière nous d’un air interrogateur.
– Oh, la ferme, toi, gronde sa sœur en lui jetant un regard torve. Je ne suis pas bête ; je connais l’expression. Et je ne pense qu’il soit mal dans son corps, mais plutôt dans sa tête.
Sa poigne se renforce sur ma main et je me sens obligé de la regarder et de l’écouter – ce qui n’est pas bien difficile, en réalité.
– Tu te persuades que tu ne mérites l’amour de personne, que tout ce que tu fais est mal ou inutile, et que ton malheur n’est rien. Je… je sais que, Dante et moi, on est deux éléments tout nouveaux dans ta vie – enfin, en principe – et qu’on ne devrait pas avoir le droit de la chambouler comme ça, mais… Dante est inquiet pour toi.
Celui-ci hoche la tête, le visage grave. Sa bouche plissée le fait paraître plus vieux.
– Il sait que tu feras tout pour le protéger des gars homophobes qui s’en prendront à lui. Alors…
– Je veux te protéger, moi aussi, la coupe Dante en s’avançant.
Il prend mon autre main libre et la serre à son tour. Malgré ma gêne évidente, il ne la lâche pas.
– On est peut-être pas victimes du même harcèlement, mais notre douleur est la même. (Il lève les yeux vers moi.) Je n’aurais jamais cru qu’un grand gars comme toi au regard sombre puisse se faire harceler au lycée, mais je me fourvoyais.
– Lily Rose a décidé de parler avec le directeur du lycée, ajoute Jessica d’un ton grave. Elle souhaite faire cesser définitivement toutes les formes de harcèlement. Même si ça signifie balancer son copain comme premier bourreau.
Peu étonné par cette démarche de mon amie, j’en reste néanmoins agacé.
– On veut juste t’aider, souffle Dante avec un sourire crispé.
– Et on veut que tu nous aides, ajoute Jessica en me dévisageant.
– Mais comment ? murmuré-je d’un air défaitiste.
– En nous intégrant aux autres élèves, en nous aidant dans les matières où on a du mal, en nous présentant un peu la ville, en… passant du temps avec nous, quoi.
Il me semble la voir se rembrunir. Comme gênée. Ou je rêve peut-être.
– Tu crois que c’est possible ? demande Dante avec un espoir fébrile dans la voix.
– Mais… vous ne me détestez pas ? (Comme ils me dévisagent, je me force à retirer mes mains des leurs et je continue en bredouillant : ) Je… je me suis comporté comme un abruti vendredi dernier. Surtout envers toi, Dante.
– T’inquiète, t’étais en colère et je comprends très bien pourquoi.
– Je suis désolé, soufflé-je en l’observant. Vraiment.
– Je sais, chuchote-t-il en m’adressant un sourire doux.
– Moi aussi, je suis désolée, intervient Jessica en passant d’un pied à l’autre. De t’avoir giflé.
– Oh, je suis habitué, déclaré-je d’une voix lasse.
Devant leur regard stupéfait, je m’en veux aussitôt.
– Alors, tu te prends souvent des tartes de la part des filles ? s’enquiert Jess en haussant un sourcil.
Les joues chaudes, je cherche à me sortir de cette mauvaise situation. Je ne peux pas me prétendre coureur de jupons ni leur avouer que Mark a été violent envers moi pendant des années.
– Non, c’est ton père, comprend Dante.
Cette fois, je me sens devenir livide. Un creux de peur s’ouvre dans ma poitrine et je lui jette un regard affolé.
– Je t’en prie, ne dis rien. On s’est expliqués, lui et moi. On… a pris un nouveau départ. Plus de violences. (Mon regard va de l’un à l’autre. Ils sont aussi immobiles que des statues colorées.) Je vous en prie. Je ne veux pas être séparé de lui. Il est tout ce que j’ai.
– On comprend, Zach, ne t’inquiète pas comme ça, tente de me rassurer Jess d’un ton calme.
– Puis, tu nous as nous aussi, ajoute en marmonnant Dante.
– Alors… vous ne direz rien ?
– Non, promis, affirme Dante en secouant la tête.
– Sauf si ces violences continuent, marmonne Jessica en m’observant fixement.
Je hoche la tête, légèrement soulagé. Pendant l’espace de quelques secondes, je me suis imaginé Mark condamné pour violences sur mineur. Obligé de se séparer de moi. Non, je ne veux pas.
Comme la tête me tourne, je me dirige vers mon lit et m’y assieds. Tout va trop vite.
– Bref, on ne va pas te gêner plus longtemps, lance Dante d’une voix enthousiaste. Comme tu ne répondais ni aux messages, ni aux appels, on était inquiets avec Jess et on a pris la décision d’aller te voir.
– Lily nous a donné ton adresse, précise Jessica.
– On voulait que les choses soient claires entre nous : on est là pour s’entraider, pas pour se disputer pour des conneries. Et… encore désolé d’avoir parlé de tes problèmes à Lily Rose.
– De toute façon, elle aurait fini par comprendre, soupiré-je, les épaules affaissées.
Soudain, Jessica s’assied à côté de moi. Ce qui a pour conséquence d’accélérer mon rythme cardiaque.
– Essaie d’être un peu moins renfermé, Zach, souffle-t-elle en posant une main sur ma cuisse. Tes problèmes ne se résoudront pas en les regardant faire. N’hésite pas à en parler à Lily ou à nous. On est là pour t’aider. (Elle plonge ses yeux noisette dans les miens.) Pour te soutenir.
Je sens mon visage devenir un peu plus chaud. Alors, stupidement, je pose ma main sur la sienne.
Il lui faut quelques secondes pour s’en rendre compte. Une fois fait, elle devient aussi rouge que ses cheveux.
Aucun de nous deux n’ose enlever sa main. J’entends Dante pouffer puis sortir de ma chambre. Non, ne me laisse pas seul dans cette situation gênante.
Tu t’y es mis tout seul, imbécile, me réprimandé-je en me maudissant de ne pas avoir le courage de juste soulever ma main de quelques millimètres pour nous débarrasser de ce moment embarrassant qui s’étire.
Je ne le fais toujours pas.
Soulève la main. Juste un peu.
Juste.
Un peu.

Je soulève la main puis prends clairement celle de Jess dans la mienne.
– Tu as de jolies mains, souffle Jessica à voix basse. De jolies mains de pianiste.
– Merci.
Du coin de l’œil, je la vois sourire.

Main dans la main, on reste ainsi sans rien dire une bonne minute. Puis Jess s’éclaircit la gorge et je la lâche, honteux.
Elle se lève et tend sa chemise noire et rouge qui s’est froissée. Quand je me redresse à mon tour, elle m’embrasse.
Sur la joue.
Mais elle m’embrasse.
– J’y vais, chuchote-t-elle en reculant, les joues roses. À plus.
– À demain, soufflé-je, le sang battant contre les tempes.
Elle m’observe un moment puis donne un coup de tête vers le mur derrière moi.
– Je peux prendre un des dessins ? Je les trouve très beaux.
– Bien sûr, vas-y.
Je m’écarte et elle récupère une feuille représentant Mark, Alison, Holly et Jade dans le jardin de la maison.
– Je vais y ajouter quelque chose puis je te le rendrai pour que tu le punaises à côté de ton lit.
– Tu es sûre ?
– Oui.
Elle roule délicatement la feuille puis commence à descendre les escaliers.
Avant de partir définitivement, elle m’adresse un sourire plein de promesses.


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15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

Hello !
Ça va ?
Je viens de lire les derniers chapitres, et c'est vraiment génial :D. Je pouvais pas venir plus souvent mais pendant les vacances je suivrais de près et ferai des commentaires plus précis parce que je sais à quel point ça fait plaisir et utile.
Qu'il ai des amis pour le protéger et qui vont vraiment s'assumer et ne pas l'écouter quand il dira que ''tout va bien'', c'est vraiment cool, je les adore, non seulement leur personnalité mais aussi leur rôle, à chacun. J'aurais cru qu'ils allaient restés fâchés plus longtemps et Jessica en rajouterai mais finalement tout va bien, c'est surprenant mais certainement la meilleure chose à faire parce que même si cela aurait rendue plus profonde leur relation, cela aurait pu être un peu lourd (surtout avec un caractère comme Jessica, en plus ça met en valeur sa spontanéité).
Je ne me rappelle pas que tu ai déjà parlé des dessins au-dessus de son lit, c'est machiavélique !! Et là encore, elle va changer les choses... En parlant de Jessica, je suis vraiment excitée du développement de leur relation !! (même Dante qui se marre discrètement, génial !)

Tu as le temps avec les cours de continuer à écrire ? Pressée de lire une sortie du gang des 4 ^^.
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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :Hello !
Ça va ?
Je viens de lire les derniers chapitres, et c'est vraiment génial :D. Je pouvais pas venir plus souvent mais pendant les vacances je suivrais de près et ferai des commentaires plus précis parce que je sais à quel point ça fait plaisir et utile.
Qu'il ai des amis pour le protéger et qui vont vraiment s'assumer et ne pas l'écouter quand il dira que ''tout va bien'', c'est vraiment cool, je les adore, non seulement leur personnalité mais aussi leur rôle, à chacun. J'aurais cru qu'ils allaient restés fâchés plus longtemps et Jessica en rajouterai mais finalement tout va bien, c'est surprenant mais certainement la meilleure chose à faire parce que même si cela aurait rendue plus profonde leur relation, cela aurait pu être un peu lourd (surtout avec un caractère comme Jessica, en plus ça met en valeur sa spontanéité).
Je ne me rappelle pas que tu ai déjà parlé des dessins au-dessus de son lit, c'est machiavélique !! Et là encore, elle va changer les choses... En parlant de Jessica, je suis vraiment excitée du développement de leur relation !! (même Dante qui se marre discrètement, génial !)

Tu as le temps avec les cours de continuer à écrire ? Pressée de lire une sortie du gang des 4 ^^.
Hey, Lucie, ravie de te revoir !! :mrgreen: Comment ça va ? Tu souffles un peu ? ;)

Merci beaucoup pour ton commentaire, c'est adorable et ça me fait super plaisir !! Ça casse un peu la monotonie des chapitres publiés les uns à la suite des autres :roll: :lol: (d'ailleurs, j'en mets un nouveau juste après :roll: )
Oh, merci beaucoup, j'ai hâte de savoir comment tu réagiras... Surtout qu'on arrive à la partie de l'histoire où les intrigues se recoupent et mènent vers le final... ;) (très pompeux haha)

Yeees, ils vont vite être très soudés ^^ Je suis contente de savoir que tu les apprécies, ce sont des personnalités un peu à part, mais il en faut dans le monde ! Oui, au final, la dispute se règle assez vite, j'avais pas envie de l'éterniser... Puis, Dante et Jess n'avaient pas non plus envie de rester à ce point mort alors qu'ils viennent de se rencontrer... Fin voilà :P
C'est possible que ce soit la 1ère fois que je les mentionne ! :o Mais ils sont là, collés au mur XD
Haha, tu l'auras le développement, ne t'inquiète pas ;)

Oui, ça va ! Je m'étais lancée un petit défi personnel qui était de terminer The Debt avant le 20 juin (où l'histoire fêtera ses 3 ans haha), mais c'est trop compliqué, j'ai trop de chapitres à écrire... Alors je me laisse l'été ! J'ai terminé les cours il y a deux semaines, mais je suis en stage maintenant :) Et toi, comment se sont passés tex examens ? ;)
Le gang des 4 ? Kécéssé ? :lol:

Autrement, ça fait un bail que je n'ai pas lu Synesthésie... Tu penses poster de nouveaux chapitres prochainement ? ;)

Encore merci pour ton passage et à bientôt ;)
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

Un chapitre de transition pour amener sur de nouvelles intrigues... N'hésitez pas à me dire vos suggestions, vos idées d'améliorations... Je suis preneuse de toutes remarques :)



39
L'inconnue familière



Trois jours plus tard, alors que j’ai passé le mercredi après-midi à travailler à la bibliothèque avec Lily, Jess et Dante, j’ai la surprise de trouver Mark à la maison. En train de boire un café au salon avec une femme qui me tourne le dos.
D’abord stupéfait, je les dévisage sans me déchausser ou enlever mon manteau. L’inconnue a des cheveux noirs bouclés qui lui tombent en dessous des omoplates.
– Zach, qu’est-ce que tu fabriques ? lance Mark en remarquant que je me suis figé.
– R-Rien, bredouillé-je en retirant ma veste puis mes baskets de ville.
Quand je relève les yeux, la femme est tournée vers moi, une tasse à la main. Mon cœur rate un battement puis repart un peu plus rapidement. C’est la journaliste que j’ai croisée l’autre jour, celle qui s’est perdue et m’a donné une carte de visite. Elena Dent.
Qu’est-ce qu’elle fabrique ici ?

Sur les conseils de Mark, je me prépare un café puis les rejoins au salon. Mark est installé sur le canapé face à la cheminée, Elena s’est assise sur le fauteuil de droite. Je prends l’autre.
– Ravie de te revoir, lance la journaliste en m’adressant un sourire chaleureux.
Je lui adresse un sourire crispé en retour. Pas que je me méfie d’elle, mais Mark invite si peu de personnes à la maison que j’en suis surpris. Même les Daniels viennent rarement.
– Mme Dent m’a dit que vous vous étiez rencontrés il y a un peu plus d’une semaine.
– C’est ça, confirmé-je en basculant mon regard sur Mark.
Il a retiré sa cravate habituelle pour le travail et déboutonné les deux premiers boutons de sa chemise crème. Quant à la journaliste, elle porte le même blouson en cuir que la dernière fois, ainsi qu’un jeans gris souris près du corps et des bottes noires. Malgré son début de quarantaine, c’est une femme à l’aspect rock’n’roll qui doit s’en faire retourner plus d’un. Son visage a quelque chose d’altier. Je ne sais pas si ce sont ses yeux sombres perçants, ses traits nets ou son allure autoritaire.
Ses longues mains fines entourent sa tasse de café tandis que qu’elle m’observe en silence.
– J’ai rencontré Mme Dent sur la route, reprend Mark en grimaçant un sourire.
– Je vous ai dit de m’appeler Elena, soupire celle-ci en lui jetant un regard amusé.
Mark affiche un air contrit. Il boit quelques gorgées de café, mais je vois les commissures de ses lèvres se relever. Plissant les yeux, j’examine les deux adultes. J’ai comme l’impression qu’il se passe un petit quelque chose entre eux.
– Bref, soupire Mark en reposant sa tasse vide. Elena se trouvait au bord de la route entre Lake Town et Daree, manifestement perdue.
– On peut le dire, confirme Elena en s’esclaffant. C’est un peu triste pour une journaliste reporter, mais je n’ai aucun sens de l’orientation.
– Je me suis arrêté à sa hauteur, explique Mark en se tournant vers moi. Quand elle m’a dit qu’elle souhaitait aller à Daree, je lui ai proposé de la déposer.
– Puis de boire un café, termine Elena, les yeux pétillants.
Elle me plait, mais je ne saurais trop dire pourquoi. Peut-être parce que quelque chose chez elle me met en confiance.
– Et nous y voilà, conclut Mark avec un haussement d’épaules.
Quelques secondes de silence puis je demande d’un air inquisiteur à Elena :
– Mais vous n’enquêtiez pas à Lake Town ? Pourquoi être venue ici ?
Pendant l’espace d’une seconde, ses traits se figent, comme si elle était prise au dépourvu, puis elle reprend une expression sereine en esquissant un petit sourire.
– Je voulais interroger les habitants de Daree à propos du lac, explique-t-elle en fixant le contenu de sa tasse.
– Oh, d’accord… lâché-je d’un ton peu convaincu.
Néanmoins, elle ne pousse pas son explication et prend bien soin de fixer sa boisson tandis qu’elle avale quelques gorgées de café.
– Vous allez rentrer à Lake Town avant d’avoir pu interroger beaucoup de gens, fait remarquer Mark en grimaçant.
– Je reviendrai demain, nous assure-t-elle sans se décourager.
Son regard bascule vers moi, me dévisage puis revient sur Mark.
Elena me met en confiance, comme si c’était une vieille connaissance. Mais elle reste une personne très mystérieuse sur qui je ne connais pratiquement rien.
C’est une inconnue familière.

Une heure, six tasses de café et de nombreuses questions sur Lake Town posées à Mark et moi plus tard, Elena nous fait part de sa décision de rentrer dans son petit hôtel.
Quand la femme récupère son sac à main et son écharpe noire, je ne manque pas la moue un peu déçue de Mark. Qui aurait cru qu’il prendrait en intérêt cette journaliste fraîchement arrivée de Denver ? Depuis qu’il m’a adopté, je n’ai jamais vu Mark s’intéresser à une femme et je n’ai jamais eu vent d’une moindre relation avec le sexe opposé.
Je ne suis pas sûr qu’il ait encore bien fait le deuil d’Alison. Ou il vient juste de le terminer.
– Je vois qu’elle a l’air de t’intéresser… soufflé-je avec amusement tandis que nous débarrassons la table basse des tasses.
– Pas plus que ça, rétorque Mark d’un air bourru.
C’est ça, mon œil.
Amusé, je secoue la tête en empilant les tasses dans l’évier pour les nettoyer.
– Et toi, reprend Mark en me lorgnant d’un air suspicieux, tu ne m’avais pas dit que l’avais rencontrée.
Je hausse les épaules avec indifférence.
– Je lui ai parlé quelques minutes après lui être rentré dedans. Elle m’a donné sa carte de visite puis est partie. Je ne pensais jamais la revoir.
– Je vois.
Alors que je fais la vaisselle, Mark sort des ingrédients du frigo.
– Qu’est-ce que tu prépares ? je m’enquiers en le regardant enfiler son tablier.
– Je vais faire un écrasé de pommes de terre avec des steaks.
– Très bien, approuvé-je en sentant mon estomac gargouiller à l’idée du bon repas qui nous attend.

Le soir, allongé dans mon lit à fixer le plafond, des écouteurs dans les oreilles, je songe à la journée que je viens de passer. L’après-midi était vraiment chouette. Lily, Dante, Jessica et moi, on s’est tous mutuellement aidés pour nos devoirs et révisions. Lily Rose s’occupait de la chimie et de la biologie, Dante des maths et de la physique, Jessica des langues et moi de l’histoire-géo et de l’économie. J’ai vite compris que, même s’ils avaient des préférences, Jessica et son frère étaient doués partout.
« Des petits génies » a dit Lily Rose avec un sourire. Mais il faut le reconnaître : les jumeaux ont de bons résultats scolaires dans toutes les disciplines et de très bonnes notes dans leur matière préférée : l’art pour Jess et les maths pour Dante.
Comme nous commençons tous à penser à notre avenir, nous avons abordé ce sujet-là et j’ai appris que Dante souhaitait devenir ingénieur et que Lily Rose pensait aller dans la recherche. Seuls Jessica et moi étions encore dans le flou.
Et il y a Elena Dent.

Je continue à écouter de la musique pendant encore une heure lorsque je comprends ce qui me sembler familier chez cette femme.
Elle me ressemble. Ou, plutôt, je lui ressemble.


Dernière modification par louji le mer. 19 févr., 2020 12:43 pm, modifié 2 fois.
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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

louji a écrit :
15Lina15 a écrit :Hello !
Ça va ?
Je viens de lire les derniers chapitres, et c'est vraiment génial :D. Je pouvais pas venir plus souvent mais pendant les vacances je suivrais de près et ferai des commentaires plus précis parce que je sais à quel point ça fait plaisir et utile.
Qu'il ai des amis pour le protéger et qui vont vraiment s'assumer et ne pas l'écouter quand il dira que ''tout va bien'', c'est vraiment cool, je les adore, non seulement leur personnalité mais aussi leur rôle, à chacun. J'aurais cru qu'ils allaient restés fâchés plus longtemps et Jessica en rajouterai mais finalement tout va bien, c'est surprenant mais certainement la meilleure chose à faire parce que même si cela aurait rendue plus profonde leur relation, cela aurait pu être un peu lourd (surtout avec un caractère comme Jessica, en plus ça met en valeur sa spontanéité).
Je ne me rappelle pas que tu ai déjà parlé des dessins au-dessus de son lit, c'est machiavélique !! Et là encore, elle va changer les choses... En parlant de Jessica, je suis vraiment excitée du développement de leur relation !! (même Dante qui se marre discrètement, génial !)

Tu as le temps avec les cours de continuer à écrire ? Pressée de lire une sortie du gang des 4 ^^.
Hey, Lucie, ravie de te revoir !! :mrgreen: Comment ça va ? Tu souffles un peu ? ;)

Merci beaucoup pour ton commentaire, c'est adorable et ça me fait super plaisir !! Ça casse un peu la monotonie des chapitres publiés les uns à la suite des autres :roll: :lol: (d'ailleurs, j'en mets un nouveau juste après :roll: )
Oh, merci beaucoup, j'ai hâte de savoir comment tu réagiras... Surtout qu'on arrive à la partie de l'histoire où les intrigues se recoupent et mènent vers le final... ;) (très pompeux haha)

Yeees, ils vont vite être très soudés ^^ Je suis contente de savoir que tu les apprécies, ce sont des personnalités un peu à part, mais il en faut dans le monde ! Oui, au final, la dispute se règle assez vite, j'avais pas envie de l'éterniser... Puis, Dante et Jess n'avaient pas non plus envie de rester à ce point mort alors qu'ils viennent de se rencontrer... Fin voilà :P
C'est possible que ce soit la 1ère fois que je les mentionne ! :o Mais ils sont là, collés au mur XD
Haha, tu l'auras le développement, ne t'inquiète pas ;)

Oui, ça va ! Je m'étais lancée un petit défi personnel qui était de terminer The Debt avant le 20 juin (où l'histoire fêtera ses 3 ans haha), mais c'est trop compliqué, j'ai trop de chapitres à écrire... Alors je me laisse l'été ! J'ai terminé les cours il y a deux semaines, mais je suis en stage maintenant :) Et toi, comment se sont passés tex examens ? ;)
Le gang des 4 ? Kécéssé ? :lol:

Autrement, ça fait un bail que je n'ai pas lu Synesthésie... Tu penses poster de nouveaux chapitres prochainement ? ;)

Encore merci pour ton passage et à bientôt ;)
Salut ! Oui je me doute que ce soit un peu décevant de n'avoir personne pour entrecouper les chapitres... Il me reste encore une semaine, je sais pas trop si ça s'est bien passé mais je pense que ça ira, j'ai un stage mais en fin de 2e année, de 3 mois.
Bah le gang des 4 j'incluais Lily Rose avec !
Pour Synesthésie, je recommence tout juste à y penser en ce moment, j'aurais ta réponse en Juillet, le temps que j'y réfléchisse ;) (pas sûr de vouloir reprendre). Je vais lire le nouveau chapitre ;)
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

En effet, le final semble monter doucement... Au final il ne se passe pas grand chose dans ce chapitre mais ça permet de respirer, ça fait du bien de temps en temps. Par contre, ça parait évident que c'est sa mère et le fait que tu fasses comme si on avait pas compris est peut-être gênant (même si je comprend qu'il n'ai pas l'idée de penser que ça puisse être elle).
Pour les jumeaux ça ne m'étonne pas qu'ils soient très intelligent, ça leur va bien.
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :
Salut ! Oui je me doute que ce soit un peu décevant de n'avoir personne pour entrecouper les chapitres... Il me reste encore une semaine, je sais pas trop si ça s'est bien passé mais je pense que ça ira, j'ai un stage mais en fin de 2e année, de 3 mois.
Bah le gang des 4 j'incluais Lily Rose avec !
Pour Synesthésie, je recommence tout juste à y penser en ce moment, j'aurais ta réponse en Juillet, le temps que j'y réfléchisse ;) (pas sûr de vouloir reprendre). Je vais lire le nouveau chapitre ;)
Oui, mais c'est pas trop grave, car j'ai quand même eu un tas de retour de ta part et d'autres lecteurs sur The Debt au début, donc je vais pas me plaindre ;)

Encore 1 semaine d'examen ? Argh, courage :evil:
Yep, nous, ils ont coupé la poire en deux : un stage d'un mois minimum en 1e année et de deux mois minimum en 2e année... je préfère ainsi ! Comme ça, on a deux expériences différentes :)

Ah, d'acc, j'avais pas compris :lol:

15Lina15 a écrit :En effet, le final semble monter doucement... Au final il ne se passe pas grand chose dans ce chapitre mais ça permet de respirer, ça fait du bien de temps en temps. Par contre, ça parait évident que c'est sa mère et le fait que tu fasses comme si on avait pas compris est peut-être gênant (même si je comprend qu'il n'ai pas l'idée de penser que ça puisse être elle).
Pour les jumeaux ça ne m'étonne pas qu'ils soient très intelligent, ça leur va bien.
Nope, c'est plutôt une transition, en effet :)
Haha, bah c'est clair qu'il va pas se dire ça tout de suite notre cher Zach :P Autrement, je te laisse découvrir héhé
Tant mieux, j'avais peur que ça fasse... cliché ? A côté de la plaque ? :roll:

Merci beaucoup pour ton retour ! :D
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

louji a écrit :
Oui, mais c'est pas trop grave, car j'ai quand même eu un tas de retour de ta part et d'autres lecteurs sur The Debt au début, donc je vais pas me plaindre ;)

Encore 1 semaine d'examen ? Argh, courage :evil:
Yep, nous, ils ont coupé la poire en deux : un stage d'un mois minimum en 1e année et de deux mois minimum en 2e année... je préfère ainsi ! Comme ça, on a deux expériences différentes :)

Ah, d'acc, j'avais pas compris :lol:

Nope, c'est plutôt une transition, en effet :)
Haha, bah c'est clair qu'il va pas se dire ça tout de suite notre cher Zach :P Autrement, je te laisse découvrir héhé
Tant mieux, j'avais peur que ça fasse... cliché ? A côté de la plaque ? :roll:

Merci beaucoup pour ton retour ! :D
En fait, c'est pas tellement des examens, mais oui, il y a toujours des trucs notés. C'est spécifique à ma filière je crois parce que au départ le stage était comme toi. Non, ça fait pas du tout cliché, ce qui me dérange plus c'est que tu fasses un faux suspense sur la mère :lol: :roll: . Moi aussi, je suis contente de pouvoir te lire et qu'on discute tranquillement :D . Maintenant, je suis pressée que tu sorte le prochain…
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :
En fait, c'est pas tellement des examens, mais oui, il y a toujours des trucs notés. C'est spécifique à ma filière je crois parce que au départ le stage était comme toi. Non, ça fait pas du tout cliché, ce qui me dérange plus c'est que tu fasses un faux suspense sur la mère :lol: :roll: . Moi aussi, je suis contente de pouvoir te lire et qu'on discute tranquillement :D . Maintenant, je suis pressée que tu sorte le prochain…
T'as pas de partiels ? La chance :cry: (nous ils nous foutent contrôle continu + petits partiels, bande de fourbes.... XD)
Oh, c'est plutôt nous qui sommes bizarres je crois XD Je connais plein de potes en DUT qui ne font un stage qu'en fin de 2e année =)

D'ailleurs, je voulais te poser plus de questions, j'ai complètement zappé, pour Synesthésie :o
Tu n'es pas sûre de vouloir reprendre par manque d'inspiration ? Ou tu as le sentiment que tu as envie de passer à autre chose ? =)
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

louji a écrit : T'as pas de partiels ? La chance :cry: (nous ils nous foutent contrôle continu + petits partiels, bande de fourbes.... XD)
Oh, c'est plutôt nous qui sommes bizarres je crois XD Je connais plein de potes en DUT qui ne font un stage qu'en fin de 2e année =)

D'ailleurs, je voulais te poser plus de questions, j'ai complètement zappé, pour Synesthésie :o
Tu n'es pas sûre de vouloir reprendre par manque d'inspiration ? Ou tu as le sentiment que tu as envie de passer à autre chose ? =)
Salut, bah c'est plutôt le sentiment de vouloir passer à autre chose :roll: :lol: .
En fait, comme je l'ai déjà dit, je traine cette histoire depuis un bail, elle a muté et tout, j'ai changé et l'idée que je défendais, le perso que je voulais voir grandir et progresser a pour moi perdu de l'intérêt. Ça commence à faire loin le temps où je me sentais concernée par ces thématiques mais en même temps je connais cette histoire par cœur bien que je ne l'ai jamais écrit en entier et je trouve ça dommage, d'autant que j'ai commencé à la publier et je me doute que certains voudrait savoir où je voulais les mener, d'autant que j'ai plus développé le côté science-fiction avec les nouvelles technologies que prévu
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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :
Salut, bah c'est plutôt le sentiment de vouloir passer à autre chose :roll: :lol: .
En fait, comme je l'ai déjà dit, je traine cette histoire depuis un bail, elle a muté et tout, j'ai changé et l'idée que je défendais, le perso que je voulais voir grandir et progresser a pour moi perdu de l'intérêt. Ça commence à faire loin le temps où je me sentais concernée par ces thématiques mais en même temps je connais cette histoire par cœur bien que je ne l'ai jamais écrit en entier et je trouve ça dommage, d'autant que j'ai commencé à la publier et je me doute que certains voudrait savoir où je voulais les mener, d'autant que j'ai plus développé le côté science-fiction avec les nouvelles technologies que prévu
Yep, je vois... ! Je crois que toutes les personnes qui tentent l'écriture passent par là =) On commence avec un personnage qui nous ressemble, qui porte des valeurs communes aux nôtres, qu'on a envie de voir progresser et grandir... Sauf qu'on grandit plus vite que ce personnage et on a envie de passer à autre chose !
C'est vrai que c'est dommage, mais ça m'est aussi arrivé de laisser tomber une histoire, car tout le déroulé était dans ma tête, je savais que le protagoniste grandissait et atteignait ses objectifs, mais... j'étais passée à autre chose et j'ai pas continué ! (pourtant, j'étais à 1/3 du tome 2 huhu :roll: ).
C'est vrai que j'aurais bien aimé savoir comment Lina évoluait, ce qu'elle allait accomplir pour elle-même et pour les autres... Mais je serais tout aussi ravie que tu te remettes à l'écriture en t'impliquant dans un projet tout neuf qui te permet d'aller au-delà de Synesthésie et d'explorer des choses nouvelles ;)
louji

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Message par louji »

40
Balade



Deux jours plus tard, Lily Rose nous annonce, à Dante, Jess et moi, qu’elle a prévu de partir en montagne avec nous. Vraisemblablement, elle ne nous laisse pas vraiment le choix. Manifestement ravis de cette sortie inopinée, les jumeaux acceptent de bon cœur. Mon cas nécessite plus de réflexion.
Le soir, alors que le départ est prévu le lendemain matin à neuf heures avec rendez-vous devant la maison de Lily Rose, j’aborde le sujet avec Mark à table. Il me regarde d’abord bizarrement avant de froncer les sourcils.
– Je sais que c’est brutal, mais Lily nous a prévenus que ce matin, expliqué-je en plantant ma fourchette dans une carotte.
– Eh bien… commence-t-il en se redressant sur sa chaise, je ne vois pas en quoi ça pose problème. Au contraire, toi qui fais si rarement de sorties, tu devrais en profiter.
– C’est vrai ? Tu acceptes ? m’étonné-je en le dévisageant.
Il me lance un regard torve, agacé.
– Zach, évidemment que je suis OK. Tu ne m’as presque jamais demandé d’autorisation pour des sorties. Ce serait cruel si je refusais.
Il y a un an, tu aurais refusé.
Arrête de penser à ça, abruti.
– Super alors, soufflé-je, un peu mal à l’aise.
– Tu y vas avec les nouveaux de ton lycée ?
– Oui.
– Ils sont sympas ?
– Très.
– Et ce sont tes amis ?
J’hésite un instant. Je considère déjà Dante comme un bon compagnon, mais Jessica… je ne sais pas, je n’ai pas envie de la voir comme une simple « amie ».
– On peut dire ça, murmuré-je avant d’avaler mes carottes.
– C’est bien, alors, déclare Mark d’un air serein. Je suis content que tu te sois fait de nouveaux copains.
Sa remarque me fait du bien. Il s’inquiète pour moi et me savoir entouré le rassure.
– Et toi, ça se passe bien à l’université ?
– Ça peut aller, répond-t-il avec un petit sourire grimaçant. C’est pas facile tous les jours, mais j’aime mon métier. Je n’arrêterai pas aujourd’hui. (Il plante soudain ses yeux dans les miens.) D’ailleurs, j’y pense, tu as une idée de ce que tu vas faire après le lycée ?
Mes pensées s’envolent de mon crâne pour le rendre vide. Réfléchis. Trou noir. Néant.
– J’en sais rien.
– Tu as encore le temps, souffle Mark avant d’embrocher des carottes avec sa fourchette.
– Pas tant que ça, marmonné-je avant de soupirer.
Voilà une autre préoccupation dont je dois m’inquiéter.

Le lendemain, je suis campé devant le portail des Daniels à neuf heures pétantes, un sac de randonnée à l’épaule, des baskets aux pieds, en pantalon de sport et veste polaire. Quelques secondes avant neuf heures une, le portail s’ouvre en émettant un discret chuintement puis la silhouette élancée de Lily Rose s’avance entre les battants. Coincés sous un bonnet vert, ses cheveux dorés tentent de s’échapper. Elle a enfilé des chaussures de montagne et un épais manteau.
À ma vue, son visage rayonne et elle vient coller deux bises affectueuses sur mes joues.
– Tu vas avoir froid, marmonne-t-elle en remarquant que je n’ai ni bonnet, ni écharpe ni gants.
J’hausse les épaules en guise de réponse. Fidèle à elle-même, elle tourne les talons et s’en va en courant.
– Je vais t’en chercher, bouge pas !
Je ne bouge pas, promis.
Trois minutes plus tard, Lily revient les bras chargés d’accessoires. Sans se préoccuper de mon avis, elle me glisse un bonnet sur le crâne, attache autour de mon cou une écharpe en laine bleu clair et me tend une paire de gants en cuir sombre.
– Tu n’étais pas obligée... commencé-je avant de me faire couper la parole.
– Je voulais pas te voir mourir de froid. (Elle pose son index sur mon nez.) Déjà que tu as le bout du nez tout rouge. En plus, l’écharpe fait ressortir tes yeux.
Si elle le dit.
Un bruit de moteur attire notre attention. Une petite voiture se gare près de nous et les jumeaux en sortent. J’ai le temps d’apercevoir Mme McKinney et je lui adresse un sourire crispé.
– Coucou ! s’exclame joyeusement Jessica en allant prendre Lily Rose dans ses bras.
Dante vient cogner son poing contre le mien. Raylen et moi faisions pareil. Ça m’arrache un sourire.
– Salut.
Jessica se tient près de moi. Elle aborde un ensemble noir qui fait ressortir ses cheveux rouges.
Elle est belle.
– Ça va ? demandé-je en chassant les pensées qui envahissent mon esprit.
– Oui, sourit-elle en déposant son sac à ses pieds. C’est une super initiative de Lily Rose. Je suis pas allée en montagne depuis un bail.
Je n’y suis jamais allé.
– Vous êtes prêts ? nous demande Lily, les mains sur les hanches.
– Oui, nous clamons en cœur.
– Je vais prévenir mon père alors. C’est lui qui nous emmène.
Sur ces mots, elle franchit le portail et retourne dans sa maison. Pendant ce temps, nous rassemblons nos affaires devant le coffre du 4x4 des Daniels et patientons en silence. Finalement, Dante tire sur un pan de mon écharpe.
– Elle est neuve ? Je ne t’ai jamais vu avec.
– Non, c’est Lily Rose qui me l’a prêtée.
– Ah ! Tu devrais la mettre plus souvent, elle te va bien. (Dante se tourne vers sa sœur.) Pas vrai, Jess ?
Je vois à son expression qu’il fait exprès d’apostropher Jessica pour nous mettre mal à l’aise. Néanmoins, le regard de Jessica glisse de l’écharpe à mon visage. Ses joues rougissent légèrement et elle se met à fixer avec un intérêt brutal les fleurs qui commencent à pousser dans l’herbe qui borde les trottoirs.
– Bonjour tout le monde !
Philip me sauve d’une situation embarrassante.

Une fois installés, Lily Rose à l’avant, les jumeaux et moi à l’arrière, Phil démarre. Nous nous engageons sur l’autoroute et j’observe le paysage défiler par la fenêtre. Cela me permet aussi d’éviter le regard de Jess qui est assise à côté de moi. Sa chaleur s’insinue dans mes vêtements et j’en ai presque la tête qui tourne.
Mon intérêt pour cette fille me désempare. C’est vrai qu’on rigolait sur ce sujet avec Raylen. Mais aucun de nous deux n’a jamais eu de petite-amie. Et mes relations amoureuses sont le cadet de mes soucis depuis l’accident de voiture. Je ne suis pas dupe, j’ai dix-sept ans et les hormones en guerre civile. Alors je me demande si l’attirance que j’ai pour elle n’est due qu’à son corps aux jolis courbes ou est liée à quelque chose de bien plus profond.
La première option serait plus facilement gérable que la deuxième.

Après une heure de route, Phil se gare sur un parking au pied d’une colline où démarre un chemin de randonné régulièrement fréquenté. Le père de Lily Rose nous aide à décharger, il embrasse sa fille sur le front, nous salue de la main en nous souhaitant une bonne balade puis repart.
– Ton père est super gentil, fait remarquer Dante en regardant le 4x4 s’éloigner dans la circulation.
– C’est vrai, souffle Lily avec un sourire doux. J’ai de la chance.
Elle hisse son sac à dos sur ses épaules, s’empare de ses bâtons et pointe le chemin.
– On va faire l’aller-retour. Ça nous prendra environ quatre heures. Mon père sera là pour nous récupérer vers quinze heures.
– Tu as déjà fait la randonnée ? s’enquiert Jessica d’un air un peu méfiant.
– Oui, oui, t’inquiète.
Sur quoi, elle s’engage sur la piste d’un pas vif.

Une heure et demie plus tard, Lily Rose et Dante nous ont semés. Jessica avance lentement, prenant soin de noter chaque détail du paysage – pour pouvoir peindre et dessiner plus tard m’a-t-elle dit. Quant à moi, je ne suis pas spécialement endurant et la marche lente me convient très bien.
Ce qui te convient bien, c’est de te retrouver seul avec elle, me souffle une voix.
– Alors… commencé-je en coupant le silence qui plane depuis plusieurs minutes, tes parents ont trouvé une maison à Daree ?
– Oui ! confirme Jessica en tournant des yeux brillants vers moi. On va habiter à quelques rues de chez toi et Lily Rose.
– Vous emménagez quand ?
– Dans trois-quatre mois, quand les cours seront terminés.
– Pas avant ? je m’enquiers avec une pointe de déception.
Elle me jette un regard étonné et je comprends que je n’ai pas très bien choisi mes mots. Je bafouille des paroles incompréhensibles avant de me renfrogner en fixant le sol à mes pieds.
– Au fait, j’y pense, lance Jessica deux minutes plus tard. J’avais oublié ça.
Glissant son sac sur son bras, elle ouvre une poche sur le côté et en sort une feuille de papier roulée maintenue par un élastique. Et elle me la tend.
– C’est le dessin de Jade. Tu te rappelles ? je te l’avais pris dans ta chambre.
– Oui, je réponds d’une voix étranglée.
Je retire l’élastique et déroule le papier. Le dessin de la petite fille est resté tel quel, avec sa famille autour d’elle, mais une silhouette a été ajoutée. Un grand garçon aux cheveux noirs, à l’expression renfrognée et aux vêtements sombres.
– C’est toi, déclare Jessica avec un soupçon d’amusement dans la voix.
– Oh, je fais avant d’ouvrir grand les yeux. Attends, pourquoi tu as fait ça ?
Comme si elle n’avait pas d’arguments valables, elle hausse les épaules avec nonchalance. Finalement, devant mon regard insistant, elle soupire.
– Écoute, j’ai trouvé ça triste que tu vives dans la maison des Grace, que tu aies été élevé par le père des deux petites filles, mais que tu te considères pas comme l’un des leurs.
– Je ne suis pas…
« Je crois que c'est ce jour-là que j'ai pris conscience que je t'avais enfin vraiment accepté. J'étais prêt à te mêler à elles. À ma famille. »
Les paroles de Mark me reviennent en tête alors que le son de ma voix diminue jusqu’à s’éteindre.
– Si, et tu le sais, reprend Jess en s’approchant de moi. Tu devrais montrer ce dessin à ton père. Pour savoir ce qu’il en pense.
– Il va me tuer, maugrée-je en roulant la feuille.
Visiblement peu convaincue, Jessica m’adresse un sourire en coin. Une mèche de sa frange dépasse et s’est coincée dans ses cils. J’ai envie de l’enlever, d’observer ses iris pendant des heures, de toucher sa peau et…
– On y va ! lancé-je brutalement en reprenant la route.
– OK… souffle Jess, refroidie par ma brusquerie.
Le chemin monte en pente et nos respirations accélèrent. Alors que nous abordons un virage, je sens quelque chose dans ma main. Fronçant les sourcils, je baisse le nez et observe sans comprendre les doigts de Jessica liés aux miens.
– Ne dis rien, lâche-elle d’un ton péremptoire.
Je ne dis rien.

Nous retrouvons Lily Rose et Dante au sommet de la montée. Nous arrivons au niveau d’un plateau qui domine la vallée et la vue me laisse pantois. Je crois ne rien avoir vu d’aussi impressionnant de toute ma vie.
Nos camarades, en nous entendant, se tournent vers nous. Je vois leur regard s’arrêter sur nos mains serrées l’une dans l’autre, mais aucun des deux ne dit rien. Tant mieux, je suis déjà prêt à m’enterrer dans un trou ; pas besoin d’en rajouter.
– On mange ici ? propose Lily Rose en montrant un coin herbu avec des grosses pierres sur lesquelles s’asseoir.
– Oui, parfait, acquiesce Jessica en souriant.
Elle s’approche des roches et je lâche sa main. Tout en déposant son sac, elle me lance un regard un peu déçu puis s’assied. Je fais de même.
Nous mangeons en silence les sandwichs qu’on a préparés chez nous. Comme je suis assis en face du paysage, j’ai tout le loisir de l’admirer. Et d’admirer Jess qui se tient à côté.
Je suis du regard des oiseaux en train de frôler les monts des Rocheuses au loin quand je sens un léger coup de coude entre mes côtes.
– T’as pas perdu ton temps, souffle Dante d’un air conspirateur en se penchant vers moi.
– De-de quoi tu parles ? bredouillé-je en fixant mon sandwich presque fini.
– De toi et ma sœur en train de se tenir la main.
Le froid ne pourrait pas plus rougir mes joues.
– C’est elle qui l’a fait, expliqué-je en jetant un coup d’œil aux filles qui se sont éloignées pour prendre des photos du paysage. Et je n’ai pas osé retirer ma main.
– C’est que ça devait pas être aussi désagréable que ça, murmure mon ami avec un sourire narquois.
– Tais-toi, grommelé-je en attrapant ma gourde.
Lily Rose se tourne vers nous alors que j’avale plusieurs gorgées.
– Venez les garçons ! On va prendre des photos.
Apparemment très excité, Dante bondit de son rocher et court vers elles. Peu enthousiaste, il me faut plus de temps pour les rejoindre.
– On va prendre une photo de nous quatre devant la vallée, propose Lily Rose en levant son appareil photo Nikon.
Sans nous laisser exprimer notre avis, elle se place devant nous, son appareil bien haut. Dante prend aussitôt place à ses côtés et Jessica le rejoint. Il ne reste plus que moi.
– Qu’est-ce que tu attends ? me lance Lily en me dévisageant.
– Je n’aime pas trop être pris en…
D’un pas déterminé, Jessica sort du groupe et m’empoigne par le bras pour me ramener près des autres.
Honteux, je baisse aussitôt les yeux avant le flash fataliste. C’est alors que Jessica vient se lover contre moi en posant sa tête sur mon épaule. Cela me fait redresser le menton.
Et flash.
– Fais voir ! crie Dante, excité comme une puce, en lorgnant par-dessus l’épaule de Lily Rose.
Notre amie clique sur un bouton et la photo s’affiche.
– On est trop beaux, s’enthousiasme Dante avec un sourire éclatant.
– Oh la tête de Zach ! s’esclaffe Lily avant d’être prise d’un fou-rire.
– Montre, ordonne Jessica en tendant la main pour récupérer l’appareil.
Elle fixe la photo qui s’affiche puis lève le visage vers moi.
– T’es adorable.
– Hein ? lâché-je avant de prendre l’appareil à mon tour.
Conformément à ce que je pensais, Lily Rose et Dante ressortent comme des mannequins habitués à la photographie. Jessica et moi, en arrière-plan, sommes collés l’un à l’autre. Sa tête sur mon épaule, son bras en travers de mon dos. Et ma tête d’ahuri.
– La honte, murmuré-je en rendant l’appareil à sa propriétaire.
– Mais non, me rassure Dante en me donnant une petite tape dans le dos. Au contraire, vous êtes trop chous avec Jess.
Je le fusille du regard et il m’adresse un sourire contrit. Je me tourne vers Jessica pour obtenir des explications. L’expression de son visage alors qu’elle regarde la photo m’en dissuade. Envolée la fille un peu agressive et autoritaire. Ses traits ne sont que douceur et légèreté.
– J’ai bien fait, déclare-t-elle d’un air satisfait. Autrement Zach aurait pas levé le nez.
– C’est vrai, dit Lily avant de me jeter un regard amusé. Puis ça a pas l’air de trop le déranger.
Trop honteux, je me détourne, le visage brûlant. Combien de temps encore comptent-ils me torturer ?

La descente est plus facile. Nous sommes restés quarante-cinq minutes pour manger et il est presque quinze heures quand nous arrivons au parking. Les muscles de mes jambes me font mal et mes pieds sont aussi sensibles que s’ils marchaient sur de la lave. Je suis impatient de renter à la maison, de prendre un bon bain chaud et de m’enfouir sous la couette.
Durant le retour, j’ai essayé de me tenir le plus éloigné de Jessica. Elle ne s’en est pas plainte. Je me demande si son comportement à l’aller n’était qu’un jeu ou si elle se souciait vraiment de moi.
Nous nous asseyons tous les quatre sur des pierres pour nous reposer. Personne ne parle, trop fatigué.
Quelques minutes plus tard, le 4x4 des Daniels apparaît pour nous chercher.

Dernière modification par louji le mer. 19 févr., 2020 12:49 pm, modifié 4 fois.
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

Salut !
Je suis contente de tomber tout de suite dessus, par hasard, encore un nouveau chapitre très bon ^^.

J'aime la balade en montagne (j'avais oublié qu'ils étaient si près), la photo est le genre de réaction typique qui colle parfaitement à Zach et les réactions de Jess soulignent à quel point elle est parfaite pour lui (même si je ne doute pas qu'il va finir par réagir parce que là il était un peu passif). C'est vrai que je me demande aussi ce qu'il va bien pouvoir faire comme études après le lycée… Il y a un moment donné où ils discutent tous les deux et je ne comprends pas pourquoi il y a une gêne quand elle dit qu'ils vont bientôt être voisins et qu'il répond "Tant mieux", ça ne m'a pas choqué ou en tout cas je trouvais sa réaction disproportionnée (même si elles le sont toujours avec Jess).
Encore une fois, je suis pressée de voir comment va pouvoir se développer leur relation et surtout comment il va réagir et réussir à s'adapter à cette nouvelle vie "normale & heureuse".
J'ai remarqué tu as écrit à un endroit "visage" ou lieu de "virage", à peu près au milieu.

Je suis contente que tu m'aies répondu ton air sur le sujet est très intéressant. C'est vrai qu'on a tendance à se créer des petits mondes intérieurs et s'en servir pour créer nos histoires. Le fait est, que parfois on voit trop grand et on arrive pas à suivre la vitesse de notre imagination :lol: :lol: .
C'est marrant que tu me dises ça, parce que je pensais qu'il FALLAIT que je reprenne l'écriture de Syn, mais en disant cela, c'est comme si tu me donnais l'autorisation de m'arrêter et de passer à autre chose. Et puis, la question n'est pas de me forcer même s'il faut parfois en passer par là pour réussir, donc je ne sais pas, j'y réfléchis. En tout cas, sache que tu sera la 1ere au courant ;) .

Je reviendrai…
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :Salut !
Je suis contente de tomber tout de suite dessus, par hasard, encore un nouveau chapitre très bon ^^.

J'aime la balade en montagne (j'avais oublié qu'ils étaient si près), la photo est le genre de réaction typique qui colle parfaitement à Zach et les réactions de Jess soulignent à quel point elle est parfaite pour lui (même si je ne doute pas qu'il va finir par réagir parce que là il était un peu passif). C'est vrai que je me demande aussi ce qu'il va bien pouvoir faire comme études après le lycée… Il y a un moment donné où ils discutent tous les deux et je ne comprends pas pourquoi il y a une gêne quand elle dit qu'ils vont bientôt être voisins et qu'il répond "Tant mieux", ça ne m'a pas choqué ou en tout cas je trouvais sa réaction disproportionnée (même si elles le sont toujours avec Jess).
Encore une fois, je suis pressée de voir comment va pouvoir se développer leur relation et surtout comment il va réagir et réussir à s'adapter à cette nouvelle vie "normale & heureuse".
J'ai remarqué tu as écrit à un endroit "visage" ou lieu de "virage", à peu près au milieu.

Je suis contente que tu m'aies répondu ton air sur le sujet est très intéressant. C'est vrai qu'on a tendance à se créer des petits mondes intérieurs et s'en servir pour créer nos histoires. Le fait est, que parfois on voit trop grand et on arrive pas à suivre la vitesse de notre imagination :lol: :lol: .
C'est marrant que tu me dises ça, parce que je pensais qu'il FALLAIT que je reprenne l'écriture de Syn, mais en disant cela, c'est comme si tu me donnais l'autorisation de m'arrêter et de passer à autre chose. Et puis, la question n'est pas de me forcer même s'il faut parfois en passer par là pour réussir, donc je ne sais pas, j'y réfléchis. En tout cas, sache que tu sera la 1ere au courant ;) .

Je reviendrai…
Hello ! =)
Oh, merci beaucoup, ça me fait plaisir :oops:

En fait, j'ai fait une grosse supposition sur le fait qu'il y aurait des montagnes autour de Denver :lol: (après vérification, il y a bien du relief, ouf XD)
Oui, haha, ça lui va bien :D (pour l'instant, il est passif, oui, mais ça va changer ;) ). Pour les études, tu verras ! J'espère que ça collera bien XD (mais tu sauras qu'à la fin héhé)
En fait, je me suis fait la même réflexion en relisant le chapitre pour corriger les coquilles (le "visage" au lieu de "virage" m'a échappé quand même, j'ai corrigé, merci !), mais j'avais trop la flemme de réécrire le passage... Arf, je n'ai plus le choix à présent, faut que je le fasse :lol:
Oui, c'est un peu son challenge, maintenant, la "vie "normale & heureuse" " :lol:

Bah, tout de même, faut bien s'aider les uns les autres, puis ça me fait plaisir de discuter avec toi ! =)
Haha, peut-être que tu avais le sentiment de vouloir continuer l'écriture, la construction d'un monde, de personnages, d'un récit, mais que tu n'arrivais pas à savoir si c'était avec Syn ou autre chose ^^ Puis, la seule personne qui décide, au final, c'est toi, ne l'oublie pas non plus ;)
Quant à se forcer... comme tu dis, il faut parfois clairement se forcer si on veut finir une histoire. La motivation et l'inspiration ne sont pas toujours au rendez-vous et il faut savoir faire avec. Je pense qu'on fait un progrès en écriture (en dehors de la forme ou du fond d'un récit) lorsqu'on prend conscience que l'écriture n'est pas toujours une tâche "agréable" et qu'il faut parfois de dire "Aller, j'écris, même si c'est moche, nul, même si c'est quelques lignes, quelques mots, j'écris". A partir de là, tu sais tout de suite si l'écriture, c'est juste un passe-temps ou un besoin ! Un besoin n'est pas toujours agréable, mais il faut l'assouvir quand même !
(Ceci est mon avis, ce n'est pas un proverbe universel :lol: )
Donc, à toi de voir... Peut-être que ton besoin d'écrire va se raviver si tu passes à un autre projet, où tu dois tout refaire de A à Z... Pas forcément drôle, mais très inspirant et enrichissant !
J'espère, oui, que tu me tiendras au courant ! :P

A bientôt ;)
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

louji a écrit :
15Lina15 a écrit :Salut !
Je suis contente de tomber tout de suite dessus, par hasard, encore un nouveau chapitre très bon ^^.

J'aime la balade en montagne (j'avais oublié qu'ils étaient si près), la photo est le genre de réaction typique qui colle parfaitement à Zach et les réactions de Jess soulignent à quel point elle est parfaite pour lui (même si je ne doute pas qu'il va finir par réagir parce que là il était un peu passif). C'est vrai que je me demande aussi ce qu'il va bien pouvoir faire comme études après le lycée… Il y a un moment donné où ils discutent tous les deux et je ne comprends pas pourquoi il y a une gêne quand elle dit qu'ils vont bientôt être voisins et qu'il répond "Tant mieux", ça ne m'a pas choqué ou en tout cas je trouvais sa réaction disproportionnée (même si elles le sont toujours avec Jess).
Encore une fois, je suis pressée de voir comment va pouvoir se développer leur relation et surtout comment il va réagir et réussir à s'adapter à cette nouvelle vie "normale & heureuse".
J'ai remarqué tu as écrit à un endroit "visage" ou lieu de "virage", à peu près au milieu.

Je suis contente que tu m'aies répondu ton air sur le sujet est très intéressant. C'est vrai qu'on a tendance à se créer des petits mondes intérieurs et s'en servir pour créer nos histoires. Le fait est, que parfois on voit trop grand et on arrive pas à suivre la vitesse de notre imagination :lol: :lol: .
C'est marrant que tu me dises ça, parce que je pensais qu'il FALLAIT que je reprenne l'écriture de Syn, mais en disant cela, c'est comme si tu me donnais l'autorisation de m'arrêter et de passer à autre chose. Et puis, la question n'est pas de me forcer même s'il faut parfois en passer par là pour réussir, donc je ne sais pas, j'y réfléchis. En tout cas, sache que tu sera la 1ere au courant ;) .

Je reviendrai…
Hello ! =)
Oh, merci beaucoup, ça me fait plaisir :oops:

En fait, j'ai fait une grosse supposition sur le fait qu'il y aurait des montagnes autour de Denver :lol: (après vérification, il y a bien du relief, ouf XD)
Oui, haha, ça lui va bien :D (pour l'instant, il est passif, oui, mais ça va changer ;) ). Pour les études, tu verras ! J'espère que ça collera bien XD (mais tu sauras qu'à la fin héhé)
En fait, je me suis fait la même réflexion en relisant le chapitre pour corriger les coquilles (le "visage" au lieu de "virage" m'a échappé quand même, j'ai corrigé, merci !), mais j'avais trop la flemme de réécrire le passage... Arf, je n'ai plus le choix à présent, faut que je le fasse :lol:
Oui, c'est un peu son challenge, maintenant, la "vie "normale & heureuse" " :lol:

Bah, tout de même, faut bien s'aider les uns les autres, puis ça me fait plaisir de discuter avec toi ! =)
Haha, peut-être que tu avais le sentiment de vouloir continuer l'écriture, la construction d'un monde, de personnages, d'un récit, mais que tu n'arrivais pas à savoir si c'était avec Syn ou autre chose ^^ Puis, la seule personne qui décide, au final, c'est toi, ne l'oublie pas non plus ;)
Quant à se forcer... comme tu dis, il faut parfois clairement se forcer si on veut finir une histoire. La motivation et l'inspiration ne sont pas toujours au rendez-vous et il faut savoir faire avec. Je pense qu'on fait un progrès en écriture (en dehors de la forme ou du fond d'un récit) lorsqu'on prend conscience que l'écriture n'est pas toujours une tâche "agréable" et qu'il faut parfois de dire "Aller, j'écris, même si c'est moche, nul, même si c'est quelques lignes, quelques mots, j'écris". A partir de là, tu sais tout de suite si l'écriture, c'est juste un passe-temps ou un besoin ! Un besoin n'est pas toujours agréable, mais il faut l'assouvir quand même !
(Ceci est mon avis, ce n'est pas un proverbe universel :lol: )
Donc, à toi de voir... Peut-être que ton besoin d'écrire va se raviver si tu passes à un autre projet, où tu dois tout refaire de A à Z... Pas forcément drôle, mais très inspirant et enrichissant !
J'espère, oui, que tu me tiendras au courant ! :P

A bientôt ;)
Cool pour le truc de la montagne ! XD
Désolée de te faire tout réécrire ^^
Et merci pour ton commentaire sur Syn, ça m'aide beaucoup pour la suite et ça me rassure encore :)
À la prochaine
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

Je vous souhaite un bon été, en espérant que vous pourrez en profiter :)



41
Un début d'amour



Le soir, remarquant que je suis épuisé, Mark décide de s’occuper du repas. Il prépare des lasagnes. Après une longue marche dans les montagnes, j’en suis ravi.
Pendant le repas, nous restons tous les deux plutôt silencieux avant que Mark ne demande d’un air un peu soupçonneux :
– Ben alors, tu me racontes pas ta journée ? Ça s’est mal passé ?
Une sortie entre amis, une balade en montagne par un temps magnifique, une belle vue pour le pique-nique, les photos… la main de Jess dans la mienne. Comment cela ne pourrait-il pas être bien ?
– C’était super… soufflé-je, les yeux dans le vague, avec un sourire idiot aux lèvres.
– Je suis content de l’appendre, déclare Mark avant de boire son verre d’eau.
Je continue de fixer la table en songeant à Jessica. À ses cheveux soyeux et à ses mèches rebelles. À la douceur de ses yeux noisette, à la volupté de ses lèvres. À son attention envers moi. Une fille ne m’a jamais traité ainsi – à part Lily Rose, mais c’est encore différent.
– Zach ?
Clignant des yeux, je relève la tête. Mark m’observe d’un air inquisiteur.
– Tu es bien pensif.
– Oh, lâché-je, mal à l’aise, je repensais juste à la balade.
– Mmh…
Mark ne me pose plus de questions jusqu’au dessert. Je suis en train de manger mon yaourt quand il demande de but en blanc :
– Tu penses à une fille, hein ?
Je manque m’étrangler avec du yaourt – ce serait une sale mort.
– P-Pourquoi tu dis ça ? bafouillé-je de manière très crédible.
Amusé, il me toise d’un regard moqueur puis déclare :
– Je ne suis pas né de la dernière pluie, tu sais.
– Mais… mais je… je… laisse tomber.
Je crois voir passer une petite moue déçue sur son visage. Ne me dis pas qu’il voudrait que je lui raconte. Non, pitié, j’ai assez de doutes comme ça pour être recouvert de honte.
Tandis que je fais la vaisselle, Mark boit une tisane censée aider à dormir. Il n’a pas insisté. Pas encore. Puis, alors que je suis en train de laver la poêle, il lâche :
– Cette fille, c’est très récent. Si ça avait daté d’avant, tu te serais déjà trahi. (Il se tourne vers moi, les yeux brillants.) C’est la jumelle, c’est ça ?
Mon visage se décompose. Le sien s’illumine.
– Ah, qui aurait cru ça ! s’exclame-t-il d’une voix légère. Zach qui est attiré par quelqu’un.
– Tais-toi… grommelé-je, les joues chaudes.
Je regrette aussitôt mes paroles en entendant la chaise de Mark racler. Je n’aurais pas dû lui dire « tais-toi ». Au lieu d’une baffe, c’est une petite tape sur l’épaule qu’il me donne.
– Tu penses l’aimer ?
LA question. J’en sais rien.
J’en ai envie.
Non, crétin, tu auras des ennuis après.
– Je sais pas, je finis par répondre avec sincérité.
– C’est normal, souffle Mark d’un ton calme. Je n’étais pas sûr et certain non plus d’aimer Alison quand je l’ai rencontrée.
– C-Comment se sont passés vos débuts ?
Étonné par ma question, il me lance un regard désemparé puis plonge les yeux dans le vide comme si, ce faisant, il plongeait dans ses souvenirs.
– Elle en avait dix-neuf et moi vingt-et-un quand on s’est rencontrés. Nous faisions tous les deux nos études. J’étais à l’université et elle travaillait pour devenir infirmière. Nous nous sommes croisés lors d’une soirée étudiante.
– Bourrés ? lâché-je aussitôt, m’imaginant l’ambiance mythique d’une telle fête.
– Même pas, s’esclaffe-t-il. Alison ne buvait pas car elle détestait l’alcool et, moi, je devais aller voir ma famille le lendemain et je n’avais pas envie d’avoir la gueule de bois. La salle où se déroulait la fête avait un espace plus calme réservé aux non-buveurs. On s’est vus là-bas. J’ai tout de suite été frappé par la gentillesse qui émanait de son visage. (Ses yeux se font rêveurs.) Oh, Zach, ce n’était pas la plus belle fille de la soirée. Elle avait un nez légèrement tordu, des lèvres fines et des yeux banals mais… mais sa beauté intérieure était tellement forte qu’elle en rendait son physique plus attrayant.
Mon cœur se serre. Alison était une femme incroyable ; tout Daree pourrait l’affirmer. Mais la vision de l’homme avec lequel elle a partagé sa vie me semble encore plus authentique.
– Je l’ai draguée comme pas permis, reprend Mark avec un demi-sourire. Mais elle était peu sensible à mon flirt d’étudiant. Elle ne voulait pas d’un gamin, mais d’un homme. Il m’a fallu un moment pour le comprendre. Au début, j’ai pensé que c’était à cause de la couleur de ma peau. Ça a été la douche froide. Puis, un jour, elle est venue s’asseoir à la table où je m’étais installé dans un café. C’était une coïncidence. Peut-être la coïncidence qui a fait que je l’ai épousée. Bref, on a parlé pendant des heures. Elle m’a donné son numéro et le début de notre relation a doucement commencé. Tout s’est fait par étape et c’était agréable.
Il lâche un petit soupir puis se tourne vers moi. Il se fige.
– Zach, commence Mark d’un ton inquiet. Et, qu’est-ce qu’il y a ?
Je sais que les larmes roulent sur mes joues, que je renifle, mais je ne fais rien contre.
– Je suis tellement désolé, murmuré-je d’une voix tremblante.
Comprenant la situation, il m’observe sans rien dire, un mélange de résignation et de malaise sur le visage.
– Sèche tes larmes, mon garçon, finit par m’ordonner Mark d’un ton plus autoritaire. Je sais qu’Aly t’aurait pardonné.
– Pardonné d’avoir tué ses filles ? lâché-je d’une voix incrédule en dévisageant Mark.
Ses traits se crispent comme si je venais de le frapper. D’une certaine manière, c’est presque la même chose. Je me détourne, honteux.
– Alison, Jade et Holly ont vécu une belle vie avant de partir.
– Comment peux-tu dire ça ? chuchoté-je, choqué. Elles avaient toute la vie devant elles.
La température descend de quelques degrés et, les poings serrés comme des étaux, Mark susurre :
– Tu crois que je ne le sais pas ?
– Si, tu le sais, et je ne comprends pas comment tu fais pour ne pas vouloir me tuer ! crié-je en plantant les yeux dans les siens. C’est la moindre des justices : une vie contre une autre.
– La ferme ! hurle Mark avant de m’empoigner par les épaules. On a déjà parlé de tout ça, Zachary ! Tu paies ta justice sous la forme d’une dette et, moi, j’essaie de me remettre en étant responsable de quelqu’un, ce quelqu’un étant toi.
– Tu es trop bon, murmuré-je en baissant les yeux.
Il secoue la tête et souffle d’un air abattu :
– Restons-en là, je t’en prie.
Les épaules tombantes, il sort de la cuisine.
Décidément, j’ai le don de tout gâcher.

Assis au bord de mon lit, je me triture les doigts. Mark s’est enfermé dans sa chambre. Sûrement pour pleurer sa famille disparue. Je m’en veux. Il a pris sur lui pour m’expliquer sa rencontre avec Alison. Le début de leur relation, la façon dont ils en sont venus à partager leur vie. Et tout ce dont je suis capable, c’est de lui rappeler qu’elle est morte, elle et ses filles, tout ça par ma faute.
Je suis un crétin. Un fichu crétin.

La peur m’écrase la trachée. Planté devant la porte de Mark, ma main contre le battant, prêt à frapper, j’hésite. Qu’est-ce que je vais lui dire ?
Pardon ? Pardonne-moi d’être aussi bête ? Tu veux bien me supporter encore quelque temps ?
Agacé, je soupire, pose le front contre la porte et ferme les yeux. Comment font les enfants normaux lorsqu’ils se disputent avec leurs parents ? Attendent-ils que les choses se tassent, que la bonne ambiance revienne ? Si ça se trouve, ce sont les parents qui font le premier pas… Non, il n’y a pas de raison. C’est moi qui l’ai blessé, c’est à moi d’aller le voir.
– Mark ? lancé-je d’un ton intimidé en toquant doucement à la porte.
– Oui ?
– Je peux entrer ?
– Oui, vas-y.
Doucement, j’ouvre la porte et m’avance dans sa chambre. Comme d’habitude, elle est en ordre et si bien rangée qu’on pourrait la croire inutilisée. Une photo de la famille Grace au complet trône sur la table à chevet. J’en détourne le regard avant que ça ne fasse mal.
Plongé le nez dans un bouquin, Mark est installé près de la fenêtre sur un vieux fauteuil rembourré.
– Je voulais… euh, je voulais m’excuser.
Ma voix pleine de trémolos lui fait lever les yeux. Son visage est las et le devient un peu plus en me voyant.
– Oublie, Zach. C’est aussi un peu ma faute. Si je n’avais pas abordé le sujet, tu ne… tu ne te serais pas mis dans un tel état.
– Quand même. (J’inspire puis souffle d’une voix tremblante : ) Désolé.
Avec un soupir, il pose son livre sur ses cuisses puis regarde par la fenêtre.
– Tu veux bien allumer un feu ? Je te rejoins dans le salon d’ici cinq minutes.
Il m’adresse un petit sourire dépité. Il n’a pas encore chassé les fantômes de sa famille de son esprit, mais j’ai l’intuition que ma venue lui a allégé le cœur. C’est le principal.

Le soir, nous sommes tous les deux installés devant la cheminée, Mark son livre policier à la main et moi les yeux fixés sur les flammes rougeoyantes. Nous ne pourrons bientôt plus faire de feu avec la température croissante de la saison douce alors j’en profite.
C’est alors que je me rappelle du dessin que m’a donné Jess. Comme un automate, je me lève et vais chercher mon sac à dos dans ma chambre. Mark me jette un coup d’œil étonné quand je redescends dans la minute qui suit. Avec l’air probablement stupide, je m’arrête devant lui.
– Oui ? fait-il d’un air inquisiteur.
– Euh… Jessica m’a dit que je devrais te montrer ça, déclaré-je en lui tendant le dessin roulé par un élastique.
– Qu’est-ce que c’est ? me demande-t-il en récupérant la feuille.
Il retire l’élastique et commence à dérouler le dessin. Je l’arrête alors que le ciel dessiné des années plus tôt par Jade apparaît.
– Attends. C’est… s’il te plaît, ne lui en veux pas. Elle a vu ça dans ma chambre et… ça doit être son côté artiste… elle… elle a voulu… Je n’étais pas vraiment d’accord pour…
– Zach, souffle Mark avec un demi-sourire, calme-toi.
Mark déroule la feuille en entier. Il reconnaît de suite la patte de sa fille cadette et son visage se crispe. Il parcourt des yeux la famille puis son regard s’arrête sur la silhouette qu’a ajouté Jess en essayant de garder le style de la petite fille.
Pendant un long moment – beaucoup trop long pour moi – il observe le dessin. Après quoi, il sourit, repose la feuille sur la table basse et avale quelques gorgées de la tisane qu’il s’est préparé des minutes plus tôt.
– Cette fille…
Pitié, ne lui en veux pas.
– Est vraiment…
Passe tes nerfs sur moi, pas sur Jess.
– Audacieuse.
Ma gorge se serre douloureusement alors que mon cœur essaie de s’extirper de ma poitrine.
– Tu… commencé-je, sans savoir comment réagir.
– Jessica… je crois que je vais bien l’aimer.
– Hein ?
Levant les yeux vers moi, il esquisse un léger sourire.
– Elle a pris un des dessins de Jade dans ta chambre où elle a dessiné sa famille pour t’ajouter ensuite. C’est assez osé.
– O-Oui, bafouillé-je en sentant la honte me chauffer les joues.
– Zach, assieds-toi, ordonne Mark en tapant la place libre sur le canapé à côté de lui.
Je m’exécute sans un mot. Raide comme un piquet, j’attends ce qu’il va dire.
– Zach… reprend Mark à voix basse. Si cette fille te plaît… alors fonce.
– Quoi ? lâché-je, stupéfait, en tournant la tête pour le dévisager.
– Cette Jessica tient à toi et a de l’estime pour toi. En plus, elle sait ce que tu as fait, n’est-ce pas ? (Mon expression doit répondre à sa question car il enchaîne : ) Malgré ça, elle a tout de même insisté pour t’ajouter sur ce dessin. C’est un beau geste.
L’émotion rend les muscles de ma gorge et de ma poitrine ankylosés. Je revois le regard songeur de Jess quand elle a pris le dessin. Son petit sourire quand elle me l’a rendu. Elle a fait tout ça pour moi.
Elle m’a embrassé sur la joue.
Dit mes quatre vérités en face.
A pris le risque de subir les foudres de Mark simplement car elle estimait que la famille Grace devait me reconnaître comme l’un des leurs.
M’a serré la main.

Dans le salon, il n’y a plus que le crépitement des flammes, le souffle de nos respirations, les BOOM-BOOM acharnés de mon cœur.
Merde. Je crois que je suis amoureux.


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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

Salut :D
Pour commencer, je sais que c'est délicat, mais je trouve bizarre tout de même que Mark ne vienne pas le rassurer et réconforter, c'est son fils (même si d'adoption), je le trouve vraiment froid (malgré son intérêt pour Jess et sa réaction que j'apprécie et trouve justifiée).
Après, je trouve ça dommage que tu n'es fais que deux parties dans le chapitre : les deux repas, on dirait qu'il se passe rien de la journée, et c'est peut-être vrai et surement qu'il n'y aurai rien eu d'intéressant mais d'un point de vue narratif c'est plus fluide, moins saccadé et plus logique. En fait, t'étouffe le suspens dans l'œuf, tu ne laisses aucun doute sur ses sentiments, alors même si cela fait quelque chose quand il prend conscience de ce qu'il ressent, je crois que cela aurait pu être plus puissant avec un plus long chapitre et des péripéties, mais après je ne sais pas ce que tu as prévu pour la suite donc à toi de voir. Tiens-moi au courant, j'aimerai ton avis et, excuse-moi si j'étais trop directe ;) , évidemment il était toujours aussi bien, dans ton style (que j'aime bien).
Bonne continuation :D
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :Salut :D
Pour commencer, je sais que c'est délicat, mais je trouve bizarre tout de même que Mark ne vienne pas le rassurer et réconforter, c'est son fils (même si d'adoption), je le trouve vraiment froid (malgré son intérêt pour Jess et sa réaction que j'apprécie et trouve justifiée).
Après, je trouve ça dommage que tu n'es fais que deux parties dans le chapitre : les deux repas, on dirait qu'il se passe rien de la journée, et c'est peut-être vrai et surement qu'il n'y aurai rien eu d'intéressant mais d'un point de vue narratif c'est plus fluide, moins saccadé et plus logique. En fait, t'étouffe le suspens dans l'œuf, tu ne laisses aucun doute sur ses sentiments, alors même si cela fait quelque chose quand il prend conscience de ce qu'il ressent, je crois que cela aurait pu être plus puissant avec un plus long chapitre et des péripéties, mais après je ne sais pas ce que tu as prévu pour la suite donc à toi de voir. Tiens-moi au courant, j'aimerai ton avis et, excuse-moi si j'étais trop directe ;) , évidemment il était toujours aussi bien, dans ton style (que j'aime bien).
Bonne continuation :D
Hello ! :D
Lucie, arrête de prendre des pincettes avec moi, je t'ai déjà dit que tu pouvais être franche, exprimer ton avis... Vraiment, tu ne me vexeras pas, ne t'inquiète pas ! ;) (puis, un auteur qui ne sait pas écouter ses lecteurs, c'est vraiment dommage :| ) Surtout que je trouve aussi qu'il manque quelque chose à ce chapitre, sans pouvoir mettre le doigt dessus ! (enfin, tu m'as donné une idée je crois !)

Alors, si je devais défendre Mark, je dirais que c'est parce qu'il a fait remonter tous ces souvenirs et que ça le chamboule et le bouscule, alors il a plutôt envie de s'isoler, mais... ça, je le sais, mais pas le le lecteur, donc je vais sûrement rajouter un passage dans ce sens ! ;)
Mmhh, je pense du coup rallonger le chapitre, mais pas forcément dans le sens où tu me le suggères... Pour le coup, je voulais qu'il prenne un peu brutalement conscience de ses sentiments sans pousser plus loin cette réflexion (dans ce chapitre-ci, en tout cas ^^). Je pensais plutôt rajouter une scène où Mark et Zach essaient de se réconcilier, je sais pas, ou une petite discussion.

En tout cas, merci beaucoup de ton retour, ce n'est pas la 1ère fois que tu m'aides à corriger certains passages, alors merci ! :)
Tu pars un peu ces vacances ? ^^
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

Hello ! ^^
Les choses avancent doucement dans le gang des 4 (dédicace à 15Lina15, haha :D )




42
Invitation



Le lundi suivant, j’ai du mal à affronter le regard de Jess. Dante et Lily Rose, qui soupçonnent mes sentiments pour notre camarade, me jettent des petits regards en coin et m’adressent des sourires complices au fil de la journée. Ils m’agacent et me rassurent en même temps.
Que devrais-faire ? Lui avouer qu’elle m’attire ? Attendre d’être sûr de mes sentiments ?

Nous partageons tous les quatre une table à midi. Visiblement passionné, Dante nous raconte l’expérience qu’il a réalisée ce matin en physique. Il embarque Lily Rose avec lui et nos scientifiques débattent pendant de longues minutes. Quand le niveau devient trop compliqué pour nous, Jessica, qui est assise juste en face, et moi nous retrouvons tous les deux en tête-à-tête sans rien dire. Elle ouvre la bouche au moment où je fais de même. Gênée, elle rougit puis baisse les yeux. Adorable.
– Et toi, comment s’est passée ta matinée ? je finis par souffler en reposant mes couverts.
– Plutôt sympa. On a présenté nos projets de fiche de publicité pour le lycée en cours d’art plastique. La prof m’a mis un A alors je suis contente.
– Tu peux ! m’exclamé-je, réjoui qu’elle ait eu une bonne note dans sa matière préférée.
– Et toi ?
Un haussement d’épaules.
– Rien de spécial à signaler.
– Je vois… souffle-t-elle en m’observant.
Je lui rends son regard puis elle me sourit. D’abord prêt à me détourner, je fais un effort pour le lui rendre. Elle semble soulagée que je le fasse.
– Bon, les tourtereaux, on vous gêne pas trop ?
Dante nous coupe d’un ton gras. Jessica se renfrogne. Quant à moi, mon visage doit brûler comme un soleil d’été.
– Dante, laisse-les tranquille, murmure Lily Rose d’un air amusé.
– Mouais, marmonne notre camarade en posant son coude sur le dossier de sa chaise, tourné vers nous. Si on fait rien, ces deux-là se tourneront autour sans jamais se caser.
– Dante ! gronde Jessica en lui faisant les yeux ronds. Toi, tu ferais mieux de te trouver un mec au lieu de te mêler de mes affaires.
– C’est un coup bas ça, sis, réplique mon ami en faisant la moue. C’est pas si facile à trouver que ça un gars homo qui soit sympa et qui me plaise.
À ces mots, Jessica roule les yeux.
– En même temps, tu as vu tes critères ? Tu es bien trop compliqué, comme garçon !
– C’est parce que je suis unique.
– Unique mes fesses.
Voyant que la discussion va tourner à la guerre civile fraternelle, je m’interpose en lâchant d’une voix légère :
– Ça vous dirait de venir chez moi après les cours ?
Je ne me rends compte de ce que je viens de dire seulement lorsque mes trois compagnons tournent des yeux médusés dans ma direction.
– Venir chez toi ? répète Lily Rose d’un air choqué. Mr Zachary Gibson nous invite chez lui ? C’est un honneur !
– Lily… murmuré-je, rouge de honte.
– Zach, c’est la première fois que tu m’invites, explique-t-elle en ouvrant grand les bras. Désolée d’être surprise !
– Je… j’ai dit ça comme ça.
À ces paroles, ils grimacent tous les trois.
– Alors, tu n’as pas spécialement envie qu’on vienne ? souffle Jess d’un ton peiné.
– Hein ? Si, bien sûr que si ! répliqué-je en me penchant au-dessus de la table. Ça… ça me ferait plaisir…
– Alors, on vient ! s’exclame Dante avec un sourire éclatant.
À côté de moi, Lily m’adresse un sourire doux comme une brise d’été.
– C’est bien de t’entendre un peu parler de ce que tu ressens.
– Quoi ?
– Et bien, tu as dit « ça me ferait plaisir ». Je t’entends pas souvent dire ça. Alors je suis contente.
– Oh. D’accord.
Si elle le dit…

Avant que la sonnerie pour les cours de l’après-midi retentisse, j’envoie un message à Mark pour être certain d’avoir son aval par rapport à mon invitation spontanée.

J’ai invité Lily Rose et les jumeaux à la maison après les cours. Ça ne te dérange pas ?

Mon portable vibre dans ma poche alors que je viens de m’installer pour l’heure qui arrive. C’est Mark.

Non, pas de soucis, bien au contraire. Profitez bien. Je rentre tard, mange sans moi.

À la fin des cours, nous montons tous les quatre dans le bus scolaire. Je m’installe à un siège au milieu et je m’attends à ce que Lily Rose me rejoigne. Mais cette dernière s’assied à côté de Dante, juste devant moi, et Jess vient s’installer sur le siège près de moi.
– Alors, ton après-midi ? lance-t-elle en s’emparant de son portable et d’une paire d’écouteurs.
– Ça va, je réponds avant de me décider à être honnête : plutôt ennuyante, en fait.
Je vois sur le profil de visage qu’elle m’offre un demi-sourire. Après quoi, elle me tend un écouteur.
– Euh… tu veux me faire écouter ta musique ?
– Perspicace, se moque-t-elle gentiment.
Lâchant un soupir agacé, je prends l’écouteur et l’enfonce dans mon oreille. Smells like teen spirit de Nirvana m’emplit aussitôt la tête. Malgré moi, je souris et ferme les yeux pour savourer la voix rocailleuse de Cobain.
– Ravie de voir que tu apprécies ce genre de musique, souffle Jess en hochant la tête d’un air satisfait.
– Je n’écoute presque que du vieux rock, avoué-je en la regardant.
– Un point de plus pour toi, murmure-t-elle, les yeux dans le vague.
Mon reflet dans la vitre à ma droite me révèle que j’ai rougi.

Dante et Lily sont excités comme des puces lorsqu’on arrive devant le petit portillon de la maison. C’est un œil nouveau que je pose sur la demeure des Grace. C’est aussi mon foyer. Je crois que c’est la première fois que je ressens la fierté d’accueillir des amis chez moi.
– Elle est vraiment super mignonne, cette maison, fait remarquer Jessica en observant la façade. La dernière fois qu’on est venus avec Dante, on a pas trop regardé.
Son frère approuve d’un hochement de tête enthousiaste. Je sors les clefs de mon sac et ouvre la porte avant de m’écarter.
– Entrez, je vous en prie.
Mes trois camarades m’adressent des sourires en passant. Jess, qui arrive en dernière, s’arrête à ma hauteur et dépose un baiser sur ma joue.
Je l’entends s’esclaffer de ma gêne évidente tandis qu’elle rentre à l’intérieur.

Nous nous installons tous les quatre à la cuisine pour prendre des boissons chaudes et quelques biscuits. Tandis que Lily boit un thé, Dante sort une feuille de papier de son sac et la place sous le nez de notre amie.
– Je crois que j’ai mal recopié la formule de maths que le prof nous a montrée tout à l’heure. Tu peux vérifier ?
– Oui, pas de soucis, acquiesce Lily Rose en reposant sa tasse.
Un peu perdus dans ces chiffres et ces nombres, Jessica et moi nous déplaçons dans le salon pour savourer calmement nos cafés.
– Tu peux allumer la cheminée ? demande mon amie en s’approchant.
– Bien sûr. (Remarquant qu’il ne reste que deux bûches, je grimace.) Je vais chercher du bois, je reviens.
J’emprunte une porte située à côté des escaliers qui mène au garage, où un petit stock de bois se trouve. J’empile quatre bûches sur mes avant-bras et sursaute quand Lily Rose débouche des escaliers. Une petite expression amusée est plaquée sur ses traits fins.
– Alors ?
– Alors quoi ? marmonné-je, dubitatif.
– Ben… entre Jess et toi, ça se passe comment ?
Je la fixe sans rien dire.
– Zach, je suis pas aveugle. Jessica te laisse plein d’opportunités à saisir et toi tu fais rien pour aller dans son sens… Réagis !
– M-Mais… ce… ce n’est pas… bredouillé-je en m’efforçant de ne pas faire tomber les bûches.
Comme dépitée, Lily Rose secoue la tête puis va chercher deux bûches pour m’aider. Silencieuse, elle remonte et je la suis, une boule dans la gorge.

À notre retour, Dante et Jess parlent d’un film qu’ils ont vu ensemble la veille, assis sur le canapé. Je glisse deux bûches dans la cheminée puis allume un feu à l’aide de vieux journaux et d’une allumette.
– Super, merci beaucoup, souffle Jessica d’un air ravi. Les cheminées sont de plus en plus rares dans les maisons, aujourd’hui. Je trouve qu’elles apportent quelque chose de chaleureux et convivial.
Pratique pour contrer l’ambiance glaciale qui règne ici la plupart du temps.
D’un grognement pour moi-même, je chasse mes idées noires puis rejoins mes compagnons.
– Tu as un jeu de carte ? s’enquiert Dante en se levant.
– Euh… oui, sûrement dans le bureau de Mark. Bougez pas, je reviens.
Tandis que Dante se rassied, je me lève et pars vers l’ancienne salle à manger. L’odeur légèrement renfermée de la pièce se faufile à travers mes narines et j’observe avec la même fascination enfantine qu’autrefois les grandes bibliothèques de Mark. Si je ne me trompe pas, il y a des paquets de carte et des jeux de société dans un meuble bas derrière le bureau. C’est en contournant ce dernier que je remarque un objet inhabituel sur le plateau.
Mon cœur fait un bond de gymnaste quand je reconnais l’objet en question. Bon sang, je pensais l’avoir rangé. Perdu. Le journal que j’ai tenu les mois suivants l’accident qui a coûté la vie à la famille de Mark et à mon meilleur ami.
Mark a dû le feuilleter avant moi : il est dépoussiéré et les pages craquent à peine sous mes doigts lorsque je l’ouvre. Les souvenirs effleurent mon esprit tandis que je relis des passages pris au hasard. Mes semaines de solitude, de souffrance et de chagrin à l’hôpital. Mon anxiété par rapport à l’adoption spontanée de Mark.
– Zach ?
Le journal manque m’échapper des mains. Presque honteux, je lève les yeux et fixe en silence Jessica. Son regard passe du cahier que j’ai entre les bras aux grandes bibliothèques puis à moi.
– Tu mettais du temps à venir alors je…
Elle laisse sa phrase en suspens puis s’approche.
– Qu’est-ce que c’est ? souffle-t-elle avant de dire d’un ton moqueur : ça ne ressemble pas à un jeu de cartes.
– C’est… c’est, euh…
Comment suis-je censé expliquer qu’il s’agit d’un journal intime écrit à mes douze ans pour essayer d’extérioriser l’océan d’émotions qui manquait me submerger à l’époque ?
– Je peux voir ?
– Oui, tiens.
Ses mains le prennent délicatement des miennes et elle feuillette le journal.
– C’est ton écriture, remarque Jess avant de froncer les sourcils et de me dévisager. Tu tenais un journal intime ?
– O-Oui. C’était après l’accident de voiture. C’est Mark qui m’a obligé à le faire. Il voulait apprendre à me connaître grâce à ça.
– C’est rusé… murmure Jessica d’une voix douce. Et je pourrais le lire ?
– Euh… c’est, comment dire… ? Peut-être un peu trop personnel ?
– Si tu veux pas, je comprends.
Sans être vexée, elle repose le journal et se tourne vers moi, une lueur dans ses yeux noisette.
– Alors, où est ce fameux jeu de cartes ?


Dernière modification par louji le lun. 24 févr., 2020 10:29 am, modifié 3 fois.
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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

louji a écrit :Hello ! ^^
Les choses avancent doucement dans le groupe des 4 (dédicace à 15Lina15, haha :D )



42
Invitation



Le lundi suivant, j’ai du mal à affronter le regard de Jess. Dante et Lily Rose, qui soupçonnent mes sentiments pour notre camarade, me jettent des petits regards en coin et m’adressent des sourires complices au fil de la journée. Ils m’agacent et me rassurent en même temps.
Que devrais-faire ? Lui avouer qu’elle m’attire ? Attendre d’être sûr de mes sentiments ?

Nous partageons tous les quatre une table à midi. Visiblement passionné, Dante nous raconte l’expérience qu’il a réalisée ce matin en physique. Il embarque Lily Rose avec lui et nos scientifiques débattent pendant de longues minutes. Quand le niveau devient trop compliqué pour nous, Jessica, qui est assise juste en face, et moi, nous retrouvons tous les deux en tête-à-tête sans rien dire. Elle ouvre la bouche au moment où je fais de même. Gênée, elle rougit puis baisse les yeux. Adorable.
– Et toi, comment s’est passée ta matinée ? je finis par souffler en reposant mes couverts.
– Plutôt sympa. On a présenté nos projets de fiche de publicité pour le lycée en cours d’art plastique. La prof m’a mis un A alors je suis contente.
– Tu peux ! m’exclamé-je, réjoui qu’elle ait eu une bonne note dans sa matière préférée.
– Et toi ?
Un haussement d’épaules.
– Rien de spécial à signaler.
– Je vois… souffle-t-elle en m’observant.
Je lui rends son regard puis elle me sourit. D’abord prêt à me détourner, je fais un effort pour le lui rendre. Elle semble soulagée que je le fasse.
– Bon, les tourtereaux, on vous gêne pas trop ?
Dante nous coupe d’un ton gras. Les joues de Jessica deviennent de la couleur de ses cheveux. Quant à moi, mon visage doit brûler comme un soleil d’été.
– Dante, laisse-les tranquille, murmure Lily d’un air amusé.
– Mouais, marmonne notre camarade en posant son coude sur le dossier de sa chaise, tourné vers nous. Si on fait rien, ces deux-là se tourneront autour sans jamais se caser.
– Dante ! gronde Jessica en lui faisant les yeux ronds. Toi, tu ferais mieux de te trouver un mec au lieu de te mêler de mes affaires.
– C’est un coup bas ça, sis, réplique mon ami en faisant la moue. C’est pas si facile à trouver que ça un gars homo qui soit sympa et qui me plaise.
À ces mots, Jessica roule les yeux.
– En même temps, tu as vu tes critères ? Tu es bien trop compliqué, comme garçon !
– C’est parce que je suis unique.
– Unique mes fesses.
Voyant que la discussion va tourner à la guerre civile fraternelle, je m’interpose en lâchant d’une voix légère :
– Ça vous dirait de venir chez moi après les cours ?
Je ne me rends compte de ce que je viens de dire que lorsque mes trois compagnons tournent des yeux médusés dans ma direction.
– Venir chez toi ? répète Lily Rose d’un air choqué. Mr Zachary Gibson nous invite chez lui ? C’est un honneur !
– Lily… murmuré-je, rouge de honte.
– Zach, c’est la première fois que tu m’invites, explique-t-elle en ouvrant grand les bras. Désolée d’être surprise !
– Je… j’ai dit ça comme ça.
À ces paroles, ils grimacent tous les trois.
– Alors, tu n’as pas spécialement envie qu’on vienne ? souffle Jess d’un ton peiné.
– Hein ? Si, bien sûr que si ! répliqué-je en me penchant au-dessus de la table. Ça… ça me ferait plaisir…
– Alors, on vient ! s’exclame Dante avec un sourire éclatant.
À côté de moi, Lily m’adresse un sourire doux comme une brise d’été.
– C’est bien de t’entendre un peu parler de ce que tu ressens.
– Quoi ?
– Et bien, tu as dit « ça me ferait plaisir ». Je t’entends pas souvent dire ça. Alors je suis contente.
– Oh. D’accord.
Si elle le dit…

Avant que la sonnerie pour les cours de l’après-midi retentisse, j’envoie un message à Mark pour être certain d’avoir son aval par rapport à mon invitation spontanée.

J’ai invité Lily Rose et les jumeaux à la maison après les cours. Ça ne te dérange pas ?

Mon portable vibre dans ma poche alors que je viens de m’installer pour l’heure qui arrive. C’est Mark.

Non, pas de soucis, bien au contraire. Profitez bien. Je rentre tard, mange sans moi.

À la fin des cours, nous montons tous les quatre dans le bus scolaire. Je m’installe à un siège au milieu et je m’attends à ce que Lily Rose me rejoigne. Mais cette dernière s’assied à côté de Dante, juste devant moi, et Jess vient s’installer sur le siège près de moi.
– Alors, ton après-midi ? lance-t-elle en s’emparant de son portable et d’une paire d’écouteurs.
– Ça va, je réponds avant de me décider à être honnête : plutôt ennuyante, en fait.
Je vois sur le profil de visage qu’elle m’offre un demi-sourire. Après quoi, elle me tend un écouteur.
– Euh… Tu veux me faire écouter ta musique ?
– Perspicace, se moque-t-elle gentiment.
Lâchant un soupir agacé, je prends l’écouteur et l’enfonce dans mon oreille. Smells like teen spirit de Nirvana m’emplit aussitôt la tête. Malgré moi, je souris et ferme les yeux pour savourer la voix rocailleuse de Cobain.
– Ravie de voir que tu apprécies ce genre de musique, souffle Jess en hochant la tête d’un air satisfait.
– Je n’écoute presque que du vieux rock, avoué-je en la regardant.
– Un point de plus pour toi, murmure-t-elle, les yeux dans le vague.
Mon reflet dans la vitre à ma droite me révèle que j’ai rougi.

Dante et Lily sont excités comme des puces lorsqu’on arrive devant le petit portillon de la maison. C’est un œil nouveau que je pose sur la demeure des Grace. C’est aussi mon foyer. Je crois que c’est la première fois que je ressens la fierté d’accueillir des amis chez moi.
– Elle est vraiment super mignonne, cette maison, fait remarquer Jessica en observant la façade. La dernière fois qu’on est venus avec Dante, on a pas trop regardé.
Son frère approuve d’un hochement de tête enthousiaste. Je sors les clefs de mon sac et ouvre la porte avant de m’écarter.
– Entrez, je vous en prie.
Mes trois camarades m’adressent des sourires en passant. Jess, qui arrive en dernière, s’arrête à ma hauteur et dépose un baiser sur ma joue.
Je l’entends s’esclaffer de ma gêne évidente tandis qu’elle rentre à l’intérieur.

Nous nous installons tous les quatre à la cuisine pour prendre des boissons chaudes et quelques biscuits. Tandis que Lily boit un thé, Dante sort une feuille de papier de son sac et la place sous le nez de notre amie.
– Je crois que j’ai mal recopié la formule de maths que le prof nous a montrée tout à l’heure. Tu peux vérifier ?
– Oui, pas de soucis, acquiesce Lily Rose en reposant sa tasse.
Un peu perdus dans ces chiffres et ces nombres, Jessica et moi nous déplaçons dans le salon pour savourer calmement nos cafés.
– Tu peux allumer la cheminée ? demande mon amie en s’approchant.
– Bien sûr. (Remarquant qu’il ne reste que deux bûches, je grimace.) Je vais chercher du bois, je reviens.
J’emprunte une porte située à côté des escaliers qui mène au garage, où un petit stock de bois se trouve. J’empile quatre bûches sur mes avant-bras et sursaute quand Lily Rose débouche des escaliers. Une petite expression amusée est plaquée sur ses traits fins.
– Alors ?
– Alors quoi ? marmonné-je, dubitatif.
– Ben… Entre Jess et toi, ça se passe comment ?
Je la fixe sans rien dire.
– Zach, je suis pas aveugle. Jessica te laisse plein d’opportunités à saisir et toi tu fais rien pour aller dans son sens… Réagis !
– M-Mais… ce… ce n’est pas… bredouillé-je en m’efforçant de ne pas faire tomber les bûches.
Comme dépitée, Lily Rose secoue la tête puis va chercher deux bûches pour m’aider. Silencieuse, elle remonte et je la suis, une boule dans la gorge.
À notre retour, Dante et Jess parlent d’un film qu’ils ont vu ensemble la veille, assis sur le canapé. Je glisse deux bûches dans la cheminée puis allume un feu à l’aide de vieux journaux et d’une allumette.
– Super, merci beaucoup, souffle Jessica d’un air ravi. Les cheminées sont de plus en plus rares dans les maisons, aujourd’hui. Je trouve qu’elles apportent quelque chose de chaleureux et convivial.
Pratique pour contrer l’ambiance glaciale qui règne ici la plupart du temps.
D’un grognement pour moi-même, je chasse mes idées noires puis rejoins mes compagnons.
– Tu as un jeu de carte ? s’enquiert Dante en se levant.
– Euh… oui, sûrement dans le bureau de Mark. Bougez pas, je reviens.
Tandis que Dante se rassied, je me lève et pars vers l’ancienne salle à manger. L’odeur légèrement renfermée de la pièce se faufile à travers mes narines et j’observe avec la même fascination enfantine qu’autrefois les grandes bibliothèques de Mark. Si je ne me trompe pas, il y a des paquets de carte et des jeux de société dans un meuble bas derrière le bureau. C’est en contournant ce dernier que je remarque un objet inhabituel sur le plateau.
Mon cœur fait un bon de gymnaste quand je reconnais l’objet en question. Bon sang, je pensais l’avoir rangé. Perdu. Le journal que j’ai tenu les mois suivants l’accident qui a coûté la vie à la famille de Mark et à mon meilleur ami.
Mark a dû le feuilleter avant moi : il est dépoussiéré et les pages craquent à peine sous mes doigts lorsque je l’ouvre. Les souvenirs effleurent mon esprit tandis que je relis des passages pris au hasard. Mes semaines de solitude, de souffrance et de chagrin à l’hôpital. Mon anxiété par rapport à l’adoption spontanée de Mark.
– Zach ?
Le journal manque m’échapper des mains. Presque honteux, je lève les yeux et fixe en silence Jessica. Son regard passe du cahier que j’ai entre les bras aux grandes bibliothèques puis à moi.
– Tu mettais du temps à venir alors je…
Elle laisse sa phrase en suspens puis s’approche.
– Qu’est-ce que c’est ? souffle-t-elle avant de dire d’un ton moqueur : ça ne ressemble pas à un jeu de cartes.
– C’est… c’est, euh…
Comment suis-je censé expliquer qu’il s’agit d’un journal intime écrit à mes douze ans pour essayer d’extérioriser l’océan d’émotions qui manquait de me submerger à l’époque ?
– Je peux voir ?
– Oui, tiens.
Ses mains le prennent délicatement des miennes et elle feuillette le journal.
– C’est ton écriture, remarque Jess avant de froncer les sourcils et de me dévisager. Tu tenais un journal intime ?
– O-Oui. C’était après l’accident de voiture. C’est Mark qui m’a obligé à le faire. Il voulait apprendre à me connaître grâce à ça.
– C’est rusé… murmure Jessica d’une voix douce. Et je pourrais le lire ?
– Euh… c’est, comment dire… ? Peut-être un peu trop personnel ?
– Si tu veux pas, je comprends.
Sans être vexée, elle repose le journal et se tourne vers moi, une lueur dans ses yeux noisette.
– Alors, où est ce fameux jeu de cartes ?
Hey hey, merci pour la dédicace ;)
Ce chapitre est plus long, plus détaillé, je préfère ^^
Je me répète peut-être mais je trouve leur relation, évidente et les interventions avec Dante et sa sœur sont vraiment gênantes :shock: Je trouve un peu maladroit et trop rapide aussi la manière dont elle découvre son carnet --> bien vu qu'il ne lui autorise pas
Très bonne idée l'invitation chez Zach !
Si tu continues à trop tourner autour du pot, ça risque de devenir ennuyant ou gênant. Fais gaffe...
Bonne continuation !! :)
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