« Signe de mal que la fumée dans la solitude. » Proverbe gallois
Cub
I Like It Loud
Identité :
Je m’appelle Celyn Blevins, j’ai eu dix-sept ans le 10 novembre dernier et je suis américano-gallois. Contrairement à ce qu’on croit instantanément en voyant comment s’écrit mon prénom, ce dernier ne se prononce pas « Céline », qui est un prénom latin féminin, mais « Kéline », car c’est un prénom gallois masculin. En effet, je suis américain, puisque je suis né sur le sol américain et que ma mère est américaine, et j’ai la double-nationalité parce que mon père est gallois, ce qui est visible grâce à son nom de famille, dont j’ai hérité, son propre prénom et le mien. Le gallois étant une langue dont la prononciation est extrêmement difficile pour des Américains - je parle couramment le gallois et l’anglais -, c’est pourquoi la plupart des gens m’appellent Céline, mais ce n’est pas mon véritable prénom. Ayant abandonné depuis longtemps l’idée que quelqu’un puisse correctement le prononcer, même si je reprends ceux que je rencontre une première et dernière fois, je me fais appeler Céline, ce qui ne me dérange pas, ou Holly, comme le houx en anglais, car Celyn signifie « houx » en gallois. Je me suis souvent demandé pourquoi est-ce que mes parents m’ont donné le nom d’une plante, le houx étant la plante de l’hiver et plus particulièrement de Noël, et il se trouve que lorsque je suis sorti du ventre de ma mère, dans une chambre d’hôpital, il y avait apparemment du houx dans la pièce. Blevins est donc le nom de mon père, « louveteau » ou « petit loup » en gallois, et selon lui, le loup est notre animal totem.
Histoire :
Je suis un adolescent tout ce qu’il y a de plus banal, je n’ai vraiment rien d’exceptionnel qui me différencie des autres et je ne m’en plains pas. Je suis originaire de Starling, une petite ville américaine, où j’ai vu le jour quatre ans après Dilwyn, mon grand frère, « véritable et blanc », et dans laquelle nous avons grandi, Dilwyn étant aujourd’hui à l’université. Mon enfance a été on ne peut plus normale, heureuse, jusqu’à ce que mes parents divorcent l’année de mes six ans. Cet événement est commun, il y a beaucoup d’enfants qui ne voient pas leurs parents, mariés ou non, rester ensemble, mais même si un divorce, ou plus généralement une séparation, est habituel dans nos sociétés occidentales modernes, celui de mes parents m’a fait énormément de mal parce que je compris très vite que rien ne serait plus jamais pareil, que quelque chose s’était définitivement brisé entre eux et que ça marquait un tournant décisif dans nos vies. J’en ai été horriblement malheureux, me croyant fautif, celui qui avait causé cette rupture, mais ma mère comme mon père m’ont assuré du contraire, et Dilwyn, avec qui je passe le plus clair de mon temps encore maintenant, m’a réconforté, épaulé et élevé, car, durant cette période difficile pour moi, j’avais le plus besoin de mon frère.
Avec du recul, le fait que nos parents ont divorcé est d’une logique imparable : je me souviens du ton qui montait bien trop souvent entre eux, des menaces proférées des deux côtés, notamment celui de notre mère, et des bruit de pas rapides qui martèlent le sol, des portes qui claquent et de la vaisselle qui explose, parce que notre mère, impulsive, n’hésitait pas à se servir de la vaisselle comme d’une arme, qu’elle fracassait par terre lors d’une dispute ou dans un simple accès de colère. Elle n’est pas seulement violente dans les gestes, mais aussi dans les mots, et elle était d’une violence inouïe à l’égard de notre père, pourtant son mari, la personne qu’elle aimait à l’époque, j’en suis sûr et certain, je suis persuadé qu’ils s’aimaient et je crois qu’ils s’aiment toujours. Alors, même si mes parents étaient parfois tendres l’un envers l’autre, l’amour rimait avec violence à mes yeux d’enfant, mais je savais que ce n’était pas que ça, ma mère ayant été assez douce avec mon grand frère et moi en dépit de ses fréquentes crises de colère. Cependant, quand elle s’emportait, c’était terrible : sa fureur était disproportionnée par rapport à la bêtise qu’on avait faite, ou plutôt ce qu’elle considérait comme une bêtise et qui n’en était pas forcément une.
Notre mère n’était pas spécialement intransigeante, mais il y avait bien des choses sur lesquelles elle l’était, inflexible, ce, qu’avec Dilwyn, nous ne comprenions sincèrement pas, donc nous faisions en sorte de ne pas lui donner plus de raisons de s’énerver. Néanmoins, notre mère s’énervait quelques fois « pour rien », et si ce n’était jamais objectivement « pour rien », elle s’énervait trop fort pour ce que c’était, d’autant plus que nous étions des petits garçons relativement sages. Ca ne nous empêchait pas de l’aimer profondément, de parler avec elle, elle qui n’avait pas de tabou, ne se censurait pas, était d’une franchise à toute épreuve, quitte à blesser. Elle ne se souciait aucunement de ce qu’elle disait et de ce qu’on pouvait en penser, et mon frère et moi nous sommes habitués à sa manière d’être, c’est pourquoi nous ne sommes absolument pas susceptibles, ayant déjà tout entendu de sa part. A l’inverse, notre père est posé, consciencieux, mais avec son petit caractère, et c’est ce qui faisait que notre mère et lui entraient régulièrement en collision. Entre eux, car je ne suis pas naïf, il y avait de l’amour, mais surtout de la passion : c’était passionnel, c’était ça qui guidait leur mariage, lui qui s’est étiré sur une quinzaine d’années avant qu’il ne soit rompu. C’était compliqué et ça l’est encore, que ce soit pour eux ou pour nous, leurs fils.
J’en ai beaucoup pleuré, fait des cauchemars et suis passé par toutes les étapes du deuil, le deuil de notre vie de famille, à quatre, ensemble et, au-delà de mon frère, ce qui m’a aidé à le faire est le football. Pas le football américain, l’autre, le soccer, celui auquel joue le Pays de Galles, celui que j’adore, celui qui me fait rêver. Le football est mon sport préféré, mon activité favorite, et j’en fais depuis tout petit. Je suis un fervent admirateur de notre championnat national, mais je dois avouer que la
Premier League est sans aucun doute le meilleur championnat de football à l’échelle mondiale, que ce soit en termes de spectacle, de clubs ou de richesse. Le championnat anglais est riche, extrêmement riche, et au sein de ce même championnat, six des meilleurs clubs du monde s’affrontent chaque année pour en remporter la prestigieuse coupe, ce qu’on ne voit nulle part ailleurs. La LIGA, le championnat espagnol, et la Série A, le championnat italien, sont extraordinaires, sans oublier la
Bundesliga, le championnat allemand, mais la
Premier League est au-dessus d’eux à tous les niveaux. J’aurais tellement aimé être au Pays de Galles, jouer dans une équipe de notre championnat puis rejoindre Manchester United, mon club de cœur en Angleterre, mais il est trop tard, c’est impossible, les joueurs sont repérés dès leur plus jeune âge. J’en ressens un léger pincement au cœur, mais ce dernier disparaît bien vite lorsque je joue. Je ne me suis jamais senti aussi vivant qu’en jouant au football, et je fais partie de l’équipe de football du lycée de Starling depuis que j’y suis.
Mais, ce qui a finalement compliqué davantage les choses a été que notre père a obtenu notre garde et que, six ans après, à douze ans, notre mère a commis l’irréparable : elle a tué. Elle n’a pas tué un animal, elle a tué quelqu’un, un autre être humain, et elle a été jugée et condamnée, emprisonnée pour le meurtre qu’elle a perpétré. A l’heure actuelle, on ignore toujours le ou les motifs d’un tel geste, même si elle semble en connaître le pourquoi, mais elle refuse d’en dévoiler quoique ce soit, se taisant volontairement. Ma mère a tué, elle a aussitôt été arrêtée et s’est déclarée coupable ; elle n’a pas lutté, elle s’est laissée emmener sans résister, elle n’a pas bronché. Et elle est restée muette. Une équipe de policiers, d’enquêteurs et de détectives a été formée, ils ont été mobilisés et cherchent à comprendre pourquoi est-ce que ma mère a agi ainsi, mais, cinq ans après, ils continuent de chercher, vraisemblablement en vain. Ca fait cinq ans que ma mère est en prison, et ça fait cinq ans que Dilwyn et moi allons la voir deux fois par semaine après que tout le monde soit rentré de sa journée de cours ou de travail. Une fois notre mère arrêtée, notre père n’a pas réfléchi à deux fois : il voulait nous emmener la voir et il nous accompagne, mais je devine qu’il y va seul de temps en temps.
C’est ce qui me fait croire qu’il aime encore notre mère, visible lorsqu’on est réunis autour d’une table ronde dans la salle des visites. J’ignore si notre mère l’aime toujours, son air étant impassible, mais il y a immanquablement dans son regard cette étincelle qui ne s’allume qu’en sa présence. Face à notre mère, Dilwyn et moi ne savons pas comment l’appréhender, mais ce qui ne change pas est que nous l’aimons, cependant, je lui en ai quand même voulu quand j’étais au collège parce que j’ai souffert des moqueries des autres élèves, qui me rappelaient sans arrêt que ma mère est une meurtrière. J’inspirais le rire ou la peur, car ceux qui ne se moquaient pas avaient peur de moi, croyant à tort que j’étais comme ma mère, et j’en pleurais chaque soir, me retenant de pleurer devant eux. Néanmoins, ça s’est calmé, les gens finissent par oublier, même si ce n’est pas mon cas.
Caractère :
Je suis facile à vivre, passionné et ouvert. Je n’arrive pas à être pessimiste malgré le divorce de mes parents, le meurtre commis par ma mère et le harcèlement dont j’ai été victime au collège. Expressif, je suis rieur, disponible et sociable, quoique timide, fais trop rapidement confiance aux autres et suis aimant, loyal et fidèle. Encore une fois, je ne suis pas foncièrement naïf, mais je dois admettre que je le suis d’une certaine manière, émerveillé, avec des étoiles plein les yeux. Je suis resté innocent, n’ai jamais d’arrière-pensée et suis franc, ma franchise reflétant mon petit caractère, à l’image de mon père. J’ai appris de mes parents et, contrairement à ma mère, je ne m’énerve pas facilement : il en faut beaucoup pour m’énerver, mais quand je m’énerve, il vaut mieux ne pas être témoin. Je suis assez turbulent, impatient et infatigable, le football me permettant de me défouler. Enfin, je ne me suis toujours pas complètement remis de tout ce qui s’est passé, mais je le cache derrière mon sourire me faisant trois fois le tour de la figure, un enthousiasme débordant et un entrain contagieux.
Liens :
Quand j’étais petit, aux alentours de quatre ans, notre père nous emmenait, Dilwyn et moi, jouer dans un parc à côté de l’école maternelle où nous étions et, là-bas, j’y ai rencontré une fille blonde de mon âge du nom de
Gwendolyn Browning. Son prénom était trop long et difficile à prononcer pour un enfant de quatre ans, alors je la surnommais Lyn. Nous jouions donc ensemble, nous nous amusions, nous nous entendions parfaitement, et Lyn est devenue ma première amie en dehors de mon grand frère, qui n’est pas que mon frère, mais aussi mon meilleur ami. J’étais fier d’avoir une amie, surtout Lyn pour amie, et nous étions proches, je l’aimais beaucoup, d’ailleurs, même à l’époque, je l’aimais plus que beaucoup : j’attendais avec la plus grande impatience le moment où nous nous rendrions au parc, je demandais inlassablement à mon père d’y aller et je boudais lorsqu’il me répondait par la négative, avant de recommencer à le harceler, car je voulais être avec Lyn et passer tout mon temps en sa compagnie. Mais, un jour, Lyn a arrêté de venir au parc. La première fois qu’elle ne s’y est pas montrée, je me suis dit qu’elle n’avait pas pu venir pour telle ou telle raison, qu’elle était malade ou qu’elle avait eu un empêchement, n’importe lequel, mais, en voyant qu’elle ne revenait plus, j’ai compris qu’elle ne reviendrait pas et j’en ai eu le cœur brisé. J’ai d’abord cru qu’il lui était arrivé quelque chose de grave, mais mon père m’a expliqué qu’elle avait simplement arrêté de venir et j’en ai été malheureux comme les pierres. J’ai ensuite pensé qu’elle ne voulait plus me voir, qu’elle n’avait plus envie de jouer avec moi, que c’était de ma faute, que j’avais fait quelque chose de mal, que c’était moi le problème, mais non, Lyn ne venait plus et c’était tout, c’était comme ça, il n’y avait rien de plus à ajouter. Et je n’aurais jamais cru la retrouver plus tard, au collège. Lyn. C’était elle. En chair et en os. Je l’ai immédiatement reconnue dès que mes yeux se sont posés sur elle. Et j’ai aussitôt été subjugué par elle. Je n’avais d’yeux que pour elle, je ne songeais plus qu’à elle, et c’est toujours le cas. Je suis amoureux d’elle, je l’aime vraiment, mais je ne suis pas allé la voir depuis parce qu’elle ne m’a jamais reconnu, ou du moins, si elle l’a fait, elle ne me l’a jamais fait savoir d’une quelconque manière. Cependant, si nous ne nous fréquentons pas, nous avons dû travailler à deux sur un sujet et en faire un exposé devant le reste de la classe, ce qui a été une formidable expérience puisque j’étais auprès de Lyn. Au début, elle m’a fait sincèrement rire, car elle n’était pas prête à y mettre du sien, et je lui ai doucement, mais fermement précisé que je ferai ma partie, mais pas la sienne. Elle a fini par faire la sienne et nous avons eu une excellente note à ce devoir. Ca m’a montré que Lyn a dû changer, qu’elle n’est plus l’enfant avec laquelle je jouais avant, mais, j’ai encore en tête son image que je superpose à la Lyn actuelle sans pour autant idéaliser l’une ou l’autre. J’aime Lyn pour ce qu’elle est, ce qu’elle a été, ce qu’on a vécu ensemble, elle me manque affreusement et je rêve qu’on redevienne proches. Pour ça, il faut que je prenne mon courage à deux mains, aille la voir et lui remémore ces souvenirs, qu’elle semble avoir oubliés, et advienne que pourra.
Physique :
Je mesure un mètre soixante-dix. Ma peau est légèrement halée, mes cheveux constamment en bataille sont châtain foncé et mes yeux en amande sont sombres, pétillants de malice.