Ambroise
Je descendais lentement les marches menant vers la salle à manger, le salon, l'entrée ... Silence. J'étais seule. Encore une fois .. Dans deux jours, j'aurais treize ans. Un âge qui me tient à coeur. Je me demande si d'ici là, Nina sera revenu de son voyage d'affaire. D'ailleurs, j'étais en colère contre cette dernière ... Ne m'avait-elle pas promit de prendre soin de moi ici ? Que je ne serait jamais seule ? Qu'elle serait toujours là pour moi ? Je ne la voyais plus. Un soupir s'empara de moi et je laissais ma main caresser une photo sur laquelle nous posions tout les trois. Elio, Nina, et Ambroise, frère et soeurs sans parents. Je refoulais mes larmes en lisant la date au dos du papier. Bon sang ... Je me sentais seule ... Je comprenais qu'Elio passe du temps avec les filles. Après tout, il serait peut-être temps qu'il ai un enfant ... Non, trop jeune. Je comprenais plus de choses maintenant. Dans deux jours, j'aurais treize ans.
J'enfilais rapidement un sweat appartenant à mon frère, ne prenant pas la peine de me coiffer. J'allais juste faire un tour ... Quand j'entendis un appel. Clarisse nous demandait de la rejoindre à la mairie. J'étais encore une enfant, ça ne me concernait pas. Et puis je n'avais pas envie d'y aller et de me retrouver seule mais avec des personnes autour de moi. Je ne savais pas où était Troy mais aujourd'hui, j'avais surtout besoin de ma famille. Du moins, de ce qui m'en restait. Je détestais penser ainsi. Dehors, le soleil me fit plisser les yeux un bref instant avant que je n'emprunte un petit chemin qui montait. Il y avait des fleurs de milles et une couleur qui le longeait. Elles étaient belles, et en temps normale, je les aurait ramassé. Ce que je ne fis pas. Je n'avais pas la tête à ramasser des fleurs. Les oiseaux chantaient. Ça me rappelait les sorties à la campagne qu'on faisait avant. Maintenant, j'y habite, à la campagne. Même si je me sentais assez seule avant, ici, il n'y avait pas beaucoup d'enfants, peu d'animation ... Non, ça serait mentir. Il y avait de l'animation mais pas forcément ... Positive ? Les cailloux roulaient sous mes pieds. C'était agréable mais je risquais de tomber à force de marcher comme ça ... Oh, et depuis quand ça me faisait peur de tomber ? La forme dérivé du mot me fait peur oui. De tomber dans un gouffre et de ne jamais me relever. J'étais encore jeune pour penser ainsi ... Dans deux jours, j'aurais treize ans.
J'étais presque arrivée en haut de la petite colline. Encore quelques pas. Encore beaucoup de pas finalement. Je m'assis un moment sur le côté, dans l'herbe et commençais à en arracher quelques touffes. On ne peut pas résister à l'appel de l'herbe. C'est un besoin vital de l'arracher. Et pourtant, c'est comme retirer la vie à des enfants par millier. Ça me calma aussitôt et à la place, je focalisais mon attention sur un pissenlit. On dit que le pissenlit a un don de divination, et de voeux. Quand on souffle sur le pissenlit, on compte les graines qui restent et on a l'âge de notre mort. Il y a aussi une façon d'avoir l'heure en soufflant trois fois ... Mais ça me faisait peur de savoir l'âge de ma mort et ne m'intéressais pas d'avoir l'heure. Non, je voulais faire un voeux. Sans le retirer de la terre, je me penchai pour souffler dessus et voir les graines s'envoler. Mon voeux ? Je le gardais enfouie au fond de mon coeur. Je me remis ensuite en marche. C'est fout comme subitement, il y avait beaucoup plus de mouches ou d'insectes étranges dans les parages. C'était même plutôt .. Glauque. Je levai les yeux vers le ciel, vers les nuages. Il y avait tellement de questions qui se bousculaient en moi que je préférais ne m'en poser aucune. Je regardais ensuite autour de moi. La terre avait l'air d'avoir était retournée. Les feuilles étaient étalées sur le sol par centaines. Étrange, pensai-je. En temps normal, j'aurais donné un coup de pieds dans un tas mais aujourd'hui, je n'avais pas la tête à faire ça. Dans deux jours, j'aurais treize ans.
Je discernais une masse noir à quelques pas de là. Beaucoup de choses volantes planaient au dessus de cette chose. Qu'était-ce ? Il n'y avait qu'une manière de le savoir ... Mais, le voulais-je vraiment ? Un frisson me parcourra le dos. C'était plutôt grand et ... Je ne sais pas. Je me rapprochais lentement de la masse et reconnu un tissu. Une cape pour être précise. Une cape noire. Quelque chose de très grand était enroulé à l'intérieur. De plus en plus étrange, me dis-je. Ma main tremblait, et c'est avec cette même main tremblante que je retournais ce qu'il y avait dans ce tissu. Je le savais même avant mon action et j'aurais préféré me tromper sur le coup. Et puis, ce que j'avais imaginé été sans aucun doute, beaucoup moins horrible ... Un corps. Un corps froid. Le visage plein de sang pâteux ... Et ce visage. Mon coeur s'arrête de battre, le temps arrête de tourner.
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"Non! Ambroise a fait à manger! On mange ce qu'elle a fait... Mais vous vous souvenez du numéro du centre anti-poison ?"
"Ambroise ? Tu me fais confiance ?"
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J'écarquillai les yeux.
-Nina ? Ça va ?
Je la secouai doucement, tandis que l'anxiété montait peu à peu en moi.
-Bon, d'accord, tu me fais peur là. T'es contente ? T'as réussi ta blague, tu m'entends ? Alors tu peux ouvrir les yeux maintenant !
Calme, calme ... Bon, d'accord je ... Son coeur. Il bat ? Oui ? Non ?
Mes gestes étaient maladroits et sur le coup, j'oubliai tout. Je poussai un cri en découvrant quelques insectes ramper sur elle. Elle n'était pas morte juste ... Endormie. C'est ça ! Elle était assommée. Un rire nerveux s'empara de moi et je soulevai, du moins j'essayai de soulever Nina. Rien à faire. Elle me paraissait lourde aujourd'hui. Bon .. J'allais trouver Elio qui lui donnera un cachet et tout rentrera dans l'ordre. Oui. C'est ça je .. J'allais faire ça. Avant de partir, je pris la peine d'allonger Nina confortablement.
-Je t'en prie ...
Je me sentais si faible. Si faible de ne pas pouvoir la porter et la mettre à l'abri. Je me dépêchais ensuite de dévaler la pente. M'écorchant au passage. Et me rendis chez nous. Je poussai la porte brutalement et me mit à crier le prénom de mon frère. Il n'était pas là ... Comme si ça pouvait m'aider à le trouver, je fis tomber toutes les chaises, tout ce qui était à porté de main avant de ressortir. Où était-il bon sang ?! Il n'était jamais là non plus ! J'accrochai ensuite mes cheveux en une rapide que de cheval et décidai d'aller voir Caleb. L'état de sa maison me laissa perplexe quelques instants. Visiblement, il avait déserté.
Panique
Rage
La mairie. Ils devaient se trouver là bas. Une vague d'espoir m'envahit. Et je m'y rendis en courant. Nina ... Je poussais une porte, en priant pour que ce soit la bonne. Nina ... Dans deux jours, j'aurais treize ans.