@Flamby: A un moment, tu écris "Il se montrait froid en de tels moments, je m’occupais de Colton en premier, et lui se chargeait des choses sérieuses" mais j'ai pas trop trop compris ce que ça voulait dire? Elle s'occupe de Colton de quelle manière, vu qu'il est probablement entrain de dormir non?
19 ANS ♦ GN ♦ GOUVERNEURE DE TOLBAR ♦ MEMBRE DU CONSEIL DES 9
Une année s'était écoulée depuis le mariage de Madeleine et Igor Romanoff. Un mariage auquel je n'avais pas assisté, d'ailleurs, malgré l'invitation fort polie et sympathique que nous avions reçu des mois et des mois à l'avance. Les médias des différents pays (mais surtout ceux de la capitale et de Jarkaïn, il faut l'avouer) s'étaient emparés de l'affaire pendant quelques mois, recherchant des tensions entre les dirigeants de Tolbar et ceux de Jarkaïn, sans jamais trouver de matière crédible pour leurs articles. Bien sûr, quelques rumeurs avaient vu le jour, l'une d'elle soutenant le fait que j'entretienne une relation torride et interdite avec Igor, probablement l'homme le plus froid que je connaisse. Et encore, "connaître" est un bien grand mot. Pour être tout à fait sincère, le seul que je pouvais me targuer de connaître tant soit peu me semblait être Alexey, et je ne le connaissais que via l'intermédiaire de Charlie. J'avais cru connaître Judith également, mais je dois admettre que nos relations depuis cette fameuse soirée mondaine dans l'appartement du nouveau président d'Ouroboros se rapprochaient fortement de zéro. Je connaissais Alexandre via Colton, qui souffrait tellement depuis que tout ce bordel nous était tombé sur la tête sans prévenir. Je n'ai jamais été de nature méfiante ou paranoïaque, et de nombreux professeurs de l'Académie de Tolbar m'avaient prévenu de ce manque qui devenait un défaut dans le monde politique de la planète. Je n'avais pas été méfiante, j'étais allée jusqu'à presque donner mon cœur à la Knight sans aucune condition, et voilà que les dossiers que Beth Highway atterrissait dans les mains comme du sucre glace recouvrant un gâteau. Voilà que l'un des tueurs de Jarkaïn retombait entre les mains de Maya, et finissait par nous conter une intéressante histoire à propos du Programme Artémis, de la Milice Zebra et d'un certain test de survie sur une planète portant le nom de Kepler. Avec les ressources de Rachel, il n'avait pas été compliqué de confirmer les dires de l'assassin, qui avait ensuite été incarcéré dans l'une de nos prisons les plus surveillées et secrètes, paumée au beau milieu du Comté de Tolbar. On ne sait jamais... peut-être la mémoire lui reviendrait-elle sur d'autres sujets dans le futur.
Je n'avais jamais assisté à des scènes de torture auparavant. J'avais lu des dizaines et des dizaines d'ouvrage sur le sujet, certains supportant son utilisation tandis que d'autres protestaient contre cette pratique avec de grands cris. Rien de bon ne sort d'une séance de torture, puisque le prisonnier sera toujours prêt à dire n'importe quoi pour échapper à la douleur. Non, rien de bon ne sort d'une séance de torture, et j'avais gentiment récité mon cours devant Maya lorsqu'elle avait commencé à s'emparer d'objets plus meurtriers les uns que les autres. De plus, la torture ne correspondait pas du tout à l'image que le Conseil des Neuf et moi-même tentions d'envoyer au reste de notre population, et au monde, pas vrai? Maya avait fait la sourde oreille pendant quelques minutes, avant de s'emporter et de me demander si je voulais de nouvelles informations sur nos "charmants" voisins ou si je préférais nourrir une bouche inutile de plus dans l'une de nos prisons tout de suite. Je voulais des informations utiles, et je dois dire que je n'avais pas ressenti une once de culpabilité en donnant mon accord pour la torture d'un homme qui avait tué des GNs, des membres de mon peuple, sans aucune raison et sans aucun motif autre qu'une haine irraisonné pour les personnes qui ne possédaient pas de pouvoirs surhumains. La méthode de ma sœur était particulière: elle commençait par torture le meurtrier sans aucune raison, elle ne demandait rien, elle ne tentait pas de lui soutirer des informations. Il souffrait, il hurlait même et il n'avait aucun moyen d'y échapper. Le premier jour, j'avais quitté les sous-sols de ce QG perdu au beau milieu d'une forêt de Bergham au bout d'une dizaine de minutes seulement. J'étais revenue le lendemain, confiant toutes mes responsabilités à Hayden, Marin et Kyoko pour les jours suivants. Le même schéma se répétait pendant une semaine entière: il ne souffrait pas assez pour mourir ou même pour perdre conscience, mais suffisamment pour que ses cris ne me percent les oreilles, puis suffisamment pour que ses supplications se fassent de plus en plus désespérés.
Enfin, à l'aube du huitième jour, Maya m'avait demandé de l'accompagner dans la cellule de l'homme dont je n'avais même pas pris la peine d'apprendre le nom. Il était dans un sale état, et encore, c'était après avoir été rafistolé par des infirmières qui ne l'avaient pas traité doucement et gentiment. Nous étions peut-être des enfants aux yeux du reste du monde, tellement jeunes que les plus arrogants d'entre eux croyaient sans doute qu'ils pouvaient se permettre de faire n'importe quoi sur notre territoire, ou faire n'importe quoi à notre peuple, mais ils se trompaient lourdement et cet individu était entrain d'en payer le prix. Fort, certes, mais au moins n'était-il pas mort sous la foudre de Madeleine Knight comme ses compagnons de tuerie. Il n'avait fallu que quelques mots, pas même une menace, et l'homme avait accepté de nous dévoiler son histoire, ou plutôt ses informations. Il savait pertinemment qu'il ne retrouverait jamais sa liberté, peut-être même ne garderait-il pas sa vie, mais il y avait un monde entre souffrir tous les jours pour le restant de sa misérable existence et vivre enfermé, nourri et occupé par diverses activités dans une des prisons de notre comté. Après avoir vérifié la véracité de ces informations à propos des Romanoff et des Knight, à l'aide des contacts de Rachel et des avis et remarques de Maya et de moi-même, nous avions décidé de mettre le reste du Conseil des Neuf au courant. C'était la première fois de ma vie que je gardais un secret aussi lourd pour moi des oreilles et des yeux de mes frères et sœurs. Hayden était allé au mariage de Madeleine et Igor à ma place, et j'avais envoyé Alexis pour lui transmettre la nouvelle en personne au lieu d'attendre son retour. Les autres avaient promis de ne pas en souffler un mot à qui que ce soit, en-dehors de notre cercle rapproché. Pas même les sous-conseillers de la capitale de Tolbar (Tolbe) n'étaient au courant, pas plus que ceux de Balbeon (la plus grande ville de l'île de Bergham). Malgré tout, malgré le secret, c'était à partir de ce moment que nos relations avec les autres pays avaient commencé à changer, doucement au début puis un peu moins discrètement au fur et à mesure que les mois passaient.
« Mademoiselle la Gouverneure, nous avons installé une soixantaine de fermes agricoles et indépendantes sur le continent. Une cinquantaine d'entre elles sont déjà en fonctionnement, et dix autres attendent encore que des fermiers acceptent le travail, mais nous avons de fortes chances d'avoir les soixante installations en fonctionnement d'ici la fin du mois, le salaire étant généreux. » expliqua le représentant du Ministère de l'Agriculture continentale.
« Nous avons aussi installé dix fermes sur l'île, huit d'entre elles ont déjà trouvé un propriétaire. Les projets de fermes aquatiques sont toujours en cours, je pense que nous pourrons offrir les places aux travailleurs dès le
mois prochain. » enchaîna ensuite la représentante du Ministère Marin, qui était en partenariat avec l'autre représentant depuis le début du projet.
« Je ne pense pas que nous souffrirons de déficits avec toutes ces constructions, la population a été vraiment généreuse en don pour soutenir le projet, je pense que les médias et le Ministère de la Communication ont fait du très bon travail pour convaincre les gens de la nécessité et de l'avantage que nous procurerons une indépendance alimentaire dans les prochaines années, sans compter le nombre d'emplois crées dans ces fermes. » continua le représentant du Ministère de l'économie et des finances.
« Bien. Et où en êtes-vous avec votre projet de service civique et militaire, Mrs.Parson?! » demandais-je à la représentante du Ministère des Armées.
« Le service civique et militaire devrait rentrer en fonction à partir du mois d'août prochain. Tous les jeunes de 18 ans auront droit à une formation gratuite, sur une période de trois mois, autant militaire que citoyenne. Formation au combat au corps à corps, moyens de reconnaître un GM et de se protéger d'une quelconque attaque, survie dans la Nature, comment faire entendre sa voix dans notre pays, comment voter, comment participer, les devoirs d'un citoyen, une formation aux premiers secours, ainsi qu'une possibilité d'obtenir son permis de conduire à un moindre coût. » énonça-t-elle avec un sourire fier sur le visage.
Ce projet avait été l'un des plus compliqué à mettre en place, mais le résultat était finalement là, après sept mois de combat et de discussions pour convaincre les sous-conseillers de soutenir le projet. Il avait fallu quelques mois pour convaincre la population, mais selon un sondage récent provenant du Ministère de la Communication, quatre-vingt-trois pour cent des habitants de Tolbar était maintenant favorable à ce service civique et militaire. Après tout, qui refuserait d'apprendre à se défendre contre de possibles attaques GMs? Il était impossible que les GNs restent impuissants face à ce genre d'attaques, surtout quand les armes à feu étaient interdites dans le Comté de Tolbar. L'exemple historique des Etats-Unis sur la planète Terre m'avait rapidement convaincu de n'autoriser les armes que pour les professionnels, ou alors pour les particuliers possédant un permis de port d'arme, autant dire un permis qu'il n'est pas possible d'obtenir facilement. Notre comté se balançait entre une politique ouverte et fermée à la fois, mais finalement le mélange semblait apporter ses fruits puisqu'une majorité de la population était satisfaite du gouvernement en place, ainsi que du règne du Conseil des Neuf depuis maintenant trois années.
« Très bien, merci pour votre temps et vos explications. Je lève la séance d'aujourd'hui, on continuera ces discussions demain. » annonçais-je en me levant de mon siège qui trônait au bout de la table.
Les représentants des différents ministères acquiescèrent avec des hochements de têtes, avant que chacun ne récupère ses affaires et ne quitte la pièce de conseil avec quelques paroles de politesse et de légères révérences (plutôt des inclinaisons de la tête, et légèrement du torse, je n'étais franchement pas du genre à faire des histoires sur le protocole). Je restais une minute entière dans le silence de la salle maintenant vide, comme je le faisais à chaque pour me détendre et pour me vider et me séparer du travail accompli dans la journée, avant de sortir à mon tour par une porte qui se trouvait camouflée derrière un rideau au fond de la salle. Pas la meilleure cachette, mais en même temps cette porte n'était pas censée être un échappatoire, simplement un moyen pour moi de rejoindre mes appartements sans avoir à croiser des dizaines de personnes qui traînaient devant le siège du gouvernement de Balbeon à chaque fois. Je longeais le sentier du parc du palais, remarquant alors Colton assis sur un banc. Je dois avouer qu'il n'allait plus vraiment bien depuis qu'il avait appris toutes ces histoires à propos du passé des Knight et des Romanoff, ainsi que leur probable implication dans les meurtres des anciens dirigeants d'Ouroboros. En même temps, comment réagiriez-vous si vous appreniez que l'homme pour lequel vous êtes entrain de tomber follement amoureux était un menteur, possiblement meurtrier et très probablement complice dans lesdits meurtres? Pas forcément très bien, et mon frère n'était pas tellement bon à le cacher, comme il le prouvait en avalant de longues gorgées de... martini? sans même grincer des temps devant la puissance de l'alcool qu'il était entrain d'ingurgiter. Je me retenais de pousser un soupir las: il continuait de visiter Alexandre, cachait bien son jeu lorqu'il était avec son amant, mais autant dire qu'il était misérable le reste du temps. D'un geste fluide, je lui volais la bouteille qui était encore remplie au tiers, avant d'indiquer au jeune homme de me suivre d'une indication du menton assez sévère.
« Alexandre et Judith vont se marier dans un mois. » annonça-t-il en se laissant tomber sur mon lit.
« Tant mieux pour eux. » répondis-je tout en confiant la bouteille à une femme de chambre qui passait dans le couloir, et la remerciant avec un sourire et un hochement de tête.
« Je veux pas y aller. Je peux pas y aller. » continue-t-il en se prenant la tête entre les mains.
« Pas comme si on avait le choix. Louper un mariage peut-être, mais en louper deux? Impossible, surtout pour nous. » argumentais-je en pensant aux nombreuses rumeurs qui couraient déjà sur Colton et Alexandre, ainsi que Judith et moi-même.
« Comment j'ai pu être aussi crédule? » Colton me demande, sa voix se brisant légèrement à la fin de la phrase.
« Pourquoi je continue de le voir? Pourquoi je me suis laissé avoir, avec des putains de sentiments qui me font plus de mal que de bien? »
Colton se tait ensuite pendant une dizaine de secondes, pendant lesquelles je traverse la pièce pour m'asseoir à ses côtés sur le lit, le visage toujours entre les mains jusqu'à qu'il pousse une sorte de gémissement qui ressemblerait plus à celui d'un chien blessé qu'à sa propre voix, d'habitude si assurée et certaine d'elle-même. Je pose simplement ma paume sur son genou, sans pour autant briser le silence qui s'était installé dans la pièce. Peut-être que j'aurais dû, ça l'aurait empêcher de réfléchir et de dire ce qui allait suivre:
« Tu avais des soupçons à propos d'Alexandre et Judith avant cette putain de soirée, pas vrai? » me questionna-t-il beaucoup plus calmement, beaucoup plus froidement. « C'est pour ça que tu n'es pas tombée dans les bras de Judith, pourquoi tu as changé d'avis sur elle en quelques jours à peine... pourquoi tu m'as pas prévenu? »
Ce n'est plus de la tristesse vis à vis de sa situation avec Alexandre que je vois dans ses yeux maintenant, mais plutôt de la colère dirigée totalement dans ma direction. Voyant le danger arriver avant même qu'il ne bouge, je me relevais du lit d'un mouvement vif, bloquant par la même occasion le coup que Colton avait tenté de m'asséner maladroitement. Mon frère, mon bras droit, ne levait jamais la main sur qui que ce soit. Mais je l'avais trahi, et il avait bu suffisamment pour que je m'attende à ce genre de réaction. Heureusement pour moi, il ne sembla pas avoir l'envie ou la force de répéter son attaque, et il laissa retomber son bras piteusement sur le matelas du lit. Je m'éloignais d'un pas supplémentaire, hésitante quant à ce que devrait être ma prochaine action.
« J'ai plongé tête la première, et toi... tu t'es sauvée toi-même, tu m'as abandonné. » continua-t-il d'une voix implacable. « Sors. Delphine, sors. »
« Je suis désolée. » je réponds de la plus petite voix possible, avant de me diriger vers la sortie.
Je ne pleure pas, j'avais appris à contrôler mes larmes depuis très longtemps déjà, mais disons que je n'étais pas loin et que je n'avais aucune envie de croiser quelqu'un là maintenant tout de suite. Malheureusement - ou heureusement? - pour moi, mes envies ne semblaient pas s'appliquer à mes frères et sœurs, puisque je retrouvais Marin et Alexis dans le couloir, l'air tous les deux inquiets et effrayés par ce qu'ils venaient très certainement d'entendre. Je poussais un soupir tremblant, les regardant avec des yeux tristes sans aucune explication capable de sortir de ma bouche. Alexis sembla être le premier à réagir, et il m'enveloppa dans un câlin de papa-ours qu'il savait si bien faire, avant que Marin ne nous rejoigne et ne nous enveloppe tous les deux grâce à sa carrure plus large que la mienne ou celle du messager. Ce moment de plénitude ne dura qu'une ou deux minutes - personne ne traversa le couloir pendant ce temps, et j'en étais contente - avant que Marin ne nous libère, puis qu'Alexis ne me relâche aussi. Je leur adressai un sourire sincère, auquel ils répondirent sans mots, avant que mon masque de Gouverneure ne reprenne sa place et que je ne reprenne mes esprits et mon assurance.
« Alexis, j'aurais besoin que tu informes Judith Knight que nous serons présents à son mariage. Marin, j'ai besoin que tu trouves des sous-conseillers dignes de confiance pour diriger Tolbar pendant une
semaine. » expliquais-je en me redressant, plus souveraine tout d'un coup.
« Pourquoi aurait-on besoin de sous-conseillers pour diriger à notre place? » demanda Marin avec un air naïf, tandis que je voyais qu'Alexis avait déjà compris la situation.
« On nous reproche de ne pas sortir suffisamment de Tolbar, de ne pas être assez présents dans la
gouvernance mondiale. » affirmais-je d'un ton déterminé. « Ce mariage est l'occasion de montrer notre présence... et notre importance dans le schéma mondial. On y va tous, à ce foutu mariage. »
@Tout le monde: Je sais que ce message est un peu long, mais je raconte (grosse-modo) ce qu'il s'est passé à Tolbar depuis un an, quasiment. Enfin, je situe le temps passé entre 8 mois et un an. Vous aurez la situation du pays, la situation du Conseil des Neuf, les plans pour le futur, bref ça vaut le coup de le lire en entier. (aa) Surtout que je ne suis pas là pendant un mois, donc je vous laisse libre de faire le mariage sans moi, mais faites genre les Gavaris sont là quoi (sauf Maya et Rachel, elles sont là mais personne ne les connaît! :p). Ça envoie un message fort, s'ils arrivent à 9 (enfin, 7 en pleine lumière mais les gens savent qu'il y a 9 membres au Conseil). Wala, bonnes vacances et je verrai si je peux poster pendant ce mois mais ça m'étonnerait beaucoup quand même! ^^' Après Flamby, je peux toujours te filer mon portable si tu veux me tenir au courant de l'avancée du scénario, et en retour je pourrais te filer les actions de mes persos ou des trucs dans le genre. Ciao! ♥