Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 7 partie 3 sur 3 disponible !

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !

Quel est votre personnage préféré?

- Safia
35
31%
-Cam (Khamiel)
4
4%
-Doll
6
5%
-Zac (Tsakiel)
6
5%
-Mordred
39
35%
-Mickael
2
2%
-Gabriel
1
1%
-Adonis
12
11%
-Autre
7
6%
 
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Lalilol

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Re: Guerre sainte: apocalypse, décadence, et moi. [bit-lit, dystopie] chapitre 1 partie 2 corrigé

Message par Lalilol »

Coucou, j'aime vraiment cette nouvelle Safia. Ce caractère sombre, un peu démoniaque apporte ce petit peps. J'espère cependant, retrouver plus tard sa douceur que j'aimais bien chez elle. Après le reste du chapitre est génial ! Les descriptions sont vraiment plus développées et on arrive vraiment mieux à imaginer. Vraiment, c'est une très bonne correction !
Losa

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Re: Guerre sainte: apocalypse, décadence, et moi. [bit-lit, dystopie] chapitre 1 partie 2 corrigé

Message par Losa »

Wow ! Cette nouvelle Safia est beaucoup plus ... dark et dangereuse que l'autre et c'est mieux je trouve parce que au vue de ce qu'elle a vécu c'est normal qu'elle ressens tant de haine et de vengeance ! J'ai hâte de voir Mordred en tout cas ah ah et leur rencontre ! Préviens moi pour la suite ;)
zunic

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Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance)

Message par zunic »

Hello tout le monde, finalement après une très longue absence, je reviens avec Guerre sainte entièrement corrigé! Les personnages ont été étoffés et j'ai notamment ajouté de nouveaux points de vue et changé quelque peu le nom de Safia pour Sofia XD Je posterais deux fois par semaine à compter de lundi :o Prévenez moi si vous voulez être prévenu (ne faîtes pas attention à la redondance de prévenir :lol: )
zunic

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance)

Message par zunic »

Voici la première partie du premier chapitre, le premier chapitre est assez gros donc je l'ai divisé en trois ;)

CHAPITRE 1

Je ne voulais pas mourir. Cette évidence me frappa violemment tandis que je reprenais conscience. La douleur m’écorcha aussitôt, me lacérant. Ma peau, elle, brûlait. Mes muscles exposés à la chaleur du brasier se consumaient. Je hurlai et tentai de me lever. Des liens m’empêchaient de bouger. Je bloquai mon souffle dans ma gorge pour ne pas avaler plus de fumées toxiques et tirai de toutes mes forces. Je crispai les paupières, des étoiles dansant sous ma boîte crânienne. Mes oreilles bourdonnaient.

Soudain, mon dos s’arqua. Le monde vacilla, remplacé par le néant. Mon passé, mes souvenirs s’étiolèrent sous mes doigts. Je revins à moi, vierge en quelque sorte, comme une ardoise effacée. La fournaise rugissait toujours. Une seule chose en tête, survivre.

Je n’échouerai pas, quitte à me tordre de douleur. La rage gronda en moi, enflammant le moindre de mes nerfs. Des volutes de fumée m’enveloppèrent, tel un linceul d’obsidienne. Je sortirai coûte que coûte. En morceaux ou intact, je sortirai. Mon objectif m’apparaissait clair, limpide dans mon esprit et mon cœur. Seul m’importait mon but.

Les liens cédèrent quand les flammes les eurent suffisamment léchées. Je me mis debout et fonçai vers la sortie, n’accordant aucune importance aux vertiges qui m’assaillaient. Je tombai plusieurs fois, tâtai les murs à l’aveuglette et trouvai enfin la porte. Elle était verrouillée. La fureur m’envahit et rapporta à la surface cette énergie sombre, tapie en moi et dont je n’avais pas conscience une seconde plus tôt. La porte sortit de ses gonds pour aller s’écraser contre le mur du couloir. Je me précipitai à l’extérieur avant de me rendre compte que le feu ne me brûlait plus. Ma peau était intact, mes cheveux argentés pendaient le long de mon corps. Je me touchai le visage. Aucun dégât non plus. J’étais indemne.
Comment ? Je repoussai violemment cette question et accordai de l’importance à ce qui le valait vraiment. Qui m’avait enfermé dans un four crématoire ? Pourquoi ? Comment retrouver les coupables et les exécuter ? Ils ne devaient pas être loin. Je grinçai des dents. Ils ne m’échapperaient pas.

J’inspectai chaque pièce. La décoration se résumait à des murs blancs et des accessoires médicaux. Un centre de détention ? J’avais visiblement été retenue prisonnière ici.

Je fronçai les sourcils. Rien ne me revenait en mémoire. Ni mon nom, ni mon enfance, ni d’où je me trouvais. Rien. La sortie, il me fallait de l’air. Il me restait une porte à ouvrir dans le couloir. Je priai pour que ce soit la bonne. Je débouchai dans un hall. Le bâtiment possédait sûrement plusieurs étages mais je ne les explorai pas. Je ne voulais pas tomber sur ma cellule. Car j’étais certaine d’une chose. On m’avait retenu contre mon gré. La haine étreignit mon cœur. Oui, je la sentais au fond de moi, cette envie de tuer les responsables… Les responsables de quoi ? Je secouai la tête avant d’ouvrir la porte d’entrée. Comme les autres, elle n’était pas verrouillée. Seule celle de l’incinérateur l’était.

M’arrêtant sur le seuil, j’ouvris les yeux sur le monde.

La lune surplombait le ciel, haute et ronde, reflet de ma chevelure argentée. Elle brillait tandis que je la contemplais, comme sous un nouvel angle. Elle transperçait l’encre de la voûte céleste, les ténèbres profondes où ne se distinguait que de vagues formes. Le bruissement du vent indiquait une forêt ou tout du moins un parc d’arbres centenaires et imposants aux milliers de feuilles. Elles charriaient l’odeur musquée d’animaux sauvages et de fruits à coque, l’odeur de l’automne. Je me détendis, le doux murmure des prédateurs me berçant.

Puis, je levai les yeux vers la grande bâtisse devant moi. Elle surplombait les alentours, demeure immaculée, orgueilleuse. Larges comme Versailles, aussi hautes qu’un building, ses tours gothiques me toisaient. Ses meurtrières m’observaient telles des milliers d’arachnides. Blanc sur fond noir, la lune l’éclairait directement, nimbée d’un voile pâle, pâle comme la mort. Je la réduirai en cendres, détruirai sa splendeur virginale et souillerai ses occupants d’un sang vicié. Je la punirai pour avoir accueilli le mal en elle.

Ma volonté ordonna son ouverture, la porte sortant de ses gonds. Elle se ficha dans un arbre en un affreux choc. Les murs étaient d’or, le sol de marbre, l’escalier noir. Je montai les hautes marches et débouchai sur un étroit couloir. Je sondai chaque pièce à la recherche d’un feu d’argent, quoi que ça puisse être.

Je serrai les poings, fouillant chaque chambre, chaque salon, chaque salle d’eau. Personne.

—Ils ne sont nulle part… Pourquoi ? Je ne comprends pas. Pourquoi ? Ils doivent se trouver là. Mais qui ? Qui…

La richesse du mobilier me donna la nausée et je ravageai le moindre meuble, le plus petit objet. Ensuite seulement, je calmai le tremblement de mon corps. Perdre le contrôle de mes émotions desservirait ma vengeance. Je devais les trouver.

En relevant la tête, j’aperçus mon reflet dans le seul miroir épargné par ma fureur. Il trônait au milieu de la pièce. Doré, à patte de lion et de forme ovale, il englobait tout mon corps. Ma taille fine et mes formes voluptueuses me plaisaient. Ma peau était aussi pâle qu’une perle nacrée, mes longs cheveux bouclés d’une blancheur sépulcrale et mes yeux de deux nuances : bleu-roi et aigue-marine. La teinte la plus foncée dansait autour de ma pupille, rendant le spectacle hypnotique. Mes traits anguleux soulignaient mes pommettes hautes, mes lèvres pleines et mon nez retroussé. Je tâtai les contours ovale de mon visage, effleurant ma peau. Mon expression me renvoyait l’image d’une guerrière, farouche, déterminée mais nue. Il me fallait des vêtements. Les précédents n’étaient sûrement plus que poussière.

Cette chambre possédait une armoire… que j’avais renversé au sol. Je m’agenouillai, arrachai plusieurs lames de bois pour me frayer un passage et en tirai finalement une tenue. Un pantalon, un bustier, une veste et des bottes. Le tout noir et en cuir sauf le bustier qui lui était en coton rouge. Je les enfilai sans me poser plus de question. La sensation du tissu sur ma peau apaisa quelque peu les feux de ma colère. C’était comme revêtir une armure.

Je sortis dans le couloir, descendis l’escalier et arpentai tranquillement le rez-de-chaussée. Une grande salle de bal rutilante, une salle de banquet, un salon, une cuisine pauvrement pourvue. Des domestiques y travaillaient.

—Où sont les maîtres des lieux ?

Ils s’arrêtèrent d’un même mouvement pour se tourner vers moi.

—Il est sortie, bredouilla une femme qui pétrissait du pain un instant plus tôt.

Ainsi donc, cette magnifique demeure ne possédait qu’un résident. Un homme. A qui appartenaient alors les vêtements féminins que j’avais volés ?

—Où ? grognai-je.

Les humains se jetèrent des regards apeurés. Certains se dirigèrent lentement vers les issues. Je fronçai les sourcils avant de me rendre compte de mon erreur. Ce n’étaient que de la vermine pour eux. Jamais ils ne leur diraient quoi que ce soit, à moins de leur crier des ordres. Mais à qui se référaient ce « eux » ? Cette perte de mémoire s’avérait fort agaçante.

—J’ai entendu… le seigneur Khamiel parler d’une boite de nuit, avança l’un des hommes près des fours.

Khamiel ? Ce nom me disait quelque chose. Oui, je devais le retrouver celui-là. Je les remerciai d’un hochement sec du menton. En cherchant un peu, je trouverais bien cet établissement.

—Maintenant, partez.

Leur seule envie était de détaler mais maintenant que je le leur en donnais l’ordre, ils ne bougeaient plus. Incompréhensible.

—Partez ! grondai-je.

Ils se bousculèrent dans leur hâte de sortir et certains tombèrent même sitôt arrivés dans les jardins. Je détournai le regard de cet affligeant spectacle.

Mes pouvoirs ne m’inspiraient guère une confiance absolue et une erreur était vite arrivé. Il me fallait des armes. Je glissai un long couteau dans ma botte gauche, un plus fin dans ma manche et une broche pour cuire le cochon dans mon dos. Cela devrait suffire.

Je souris et sortis, désireuse de jouer avec mes nouveaux atouts. Une dernière fois, j’observai le prestige de Khamiel, sa richesse et son statut. Comme ce manoir, il ne serait bientôt plus qu’un brasier ardent.

Une fois en face de l’imposante maison, je fermai les yeux et puisai dans les méandres de mon pouvoir. Il s’échappa par volutes et vint baigner le bois de la charpente, des murs, des fondations d’étincelles. J’attisai les flammèches d’une pensée, attisai et attisai encore. Inlassablement.

Le souffle d’une explosion projeta le verre des fenêtres autour de moi. Le feu lécha ma peau mais cette fois-ci je ne ressentis aucune douleur, juste une profonde jubilation. L’enfer se déchaînait sous mes yeux. Mes oreilles vibraient. Je m’ancrai au sol, les talons fermement plantés dans l’herbe, les flammes nimbant le paysage de nuance de rouge, de rouge sang, la fumée noire s’étendant jusqu’à la lune. En fin de compte, peut-être les armes seraient superflus.

La bâtisse ne tarda pas à disparaître dans les flammes et l’on s’en rendrait compte. Tant mieux. J’aurais moins de mal à les trouver.

Il neigeait. Je clignai des yeux, chassant mes larmes. Elles s’échappèrent en flots brûlants sur ma peau glacée et chutèrent au sol en fins cristaux. Tout me semblait étranger. Moi-même, je me faisais l’effet d’une étrangère. Je ne me connaissais pas. Je n’étais rien. La haine qui couvait en moi, ma seule boussole sur cette terre, sans souvenirs, sans passé, sans avenir. Juste cette haine.

Je quittai le grand domaine, coupant à travers le parc qui le jouxtait. Le portail en fer forgé ne résista pas à ma poigne et fondit rapidement. J’enjambai l’amas de métal au sol et pénétrai enfin dans la ville.

De belles maisons bordaient les rues. Un terre-plein central séparait deux voies. Je devais donc me trouver sur un axe principal. Je suivis les panneaux pour me diriger jusqu’au centre-ville. Les boîtes de nuit s’y trouvaient généralement dans les grandes villes.

Je quittai le Design District et me dirigeai vers Coconut Grove. Entre temps, j’avais reconnu l’endroit où je me trouvais. Miami, aux Etats-Unis, les panneaux écrits en anglais m’ayant aidé mais aussi mon intuition. Mes souvenirs étaient comme enfermés dans une boite mais cette information en était sortie, un peu par hasard.

Les rues étaient désertes. Pourtant, des images de rues bondées s’imprimaient sous ma rétine à l’évocation de Miami. Une métropole aussi importante comportait beaucoup d’habitants. Je l’avais déjà visité avec… Avec qui ? Avant quoi ? Que s’était-il passé ? Peut-être était-ce en lien avec les personnes que je devais retrouver ? Khamiel…

J’arrivai enfin à Coconut Grove. Mes pieds me brûlaient après tant d’heures à marcher dans le noir. Les rues se firent plus animées. Des personnes s’aventuraient sur les trottoirs et des enseignes lumineuses trouaient l’obscurité de la nuit.

Une boite de nuit, il était dans un de ces établissements mais il y en avait au moins une dizaine. Comment le trouver ? Je me rapprochai. Les hommes me dévisagèrent. Aucune femme ne se trouvait là. Pourquoi ?

—Je peux vous aider, grognai-je à leur attention.

Ils rirent avant de s’écarter. Je me frayai un chemin dans la foule et entrepris ma quête.

Deux minutes plus tard, je sortais précipitamment d’un premier bar. Des images tournaient en boucle dans ma tête, des images de mort. Des hurlements imaginaires me vrillaient les tympans. Je repris mon souffle, observai la lune pleine dans le ciel et conjurai les apparitions de charnier dans ma tête. Mon pouls se calma et mes pensées s’éclaircirent.

Bon sang, d’où me venait ces scènes de carnage ? Et pourquoi m’affolaient-elles à ce point ? Ces yeux argentés… J’avais croisé le regard d’un homme dans ce bar et elles avaient aussitôt défilé dans mon esprit en flash. Certains possédaient des paillettes argentés dans leurs yeux mais lui… Il me rappelait quelqu’un, un homme aux yeux d’argent. Mon instinct me disait qu’il n’était pas Khamiel. Lui aussi, je devais le trouver.

Un nom s’imposa à mon esprit : l’Angel’s Miami. Je levai les yeux et avisai sa façade en face de moi.

aller à chapitre 1 partie 2 sur 3
Dernière modification par zunic le ven. 20 juil., 2018 4:00 pm, modifié 1 fois.
Kaleryane

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 1 disponible !

Message par Kaleryane »

J'adore ton premier chapitre génial !!!
Losa

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 1 disponible !

Message par Losa »

Ton premier chapitre est très prenant ! Le fait qu'elle se retrouve sans souvenirs sans rien mais juste avec cette rage de vouloir se venger.... Je l'aime déjà ! Le hic c'est qu'elle maîtrise très vite ses pouvoirs.... Alors que si elle a perdu la mémoire elle ne devrait pas se souvenir qu'elle en a et comment les utiliser si ?
Après j'ai hâte de découvrir la suite de l'histoire ! Surtout avec ces beaux yeux argent haha ! Préviens moi pour la suite :)
zunic

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 1 disponible !

Message par zunic »

Losa a écrit :Ton premier chapitre est très prenant ! Le fait qu'elle se retrouve sans souvenirs sans rien mais juste avec cette rage de vouloir se venger.... Je l'aime déjà ! Le hic c'est qu'elle maîtrise très vite ses pouvoirs.... Alors que si elle a perdu la mémoire elle ne devrait pas se souvenir qu'elle en a et comment les utiliser si ?
Après j'ai hâte de découvrir la suite de l'histoire ! Surtout avec ces beaux yeux argent haha ! Préviens moi pour la suite :)
Merci ! Justement, je voulais mettre l'accent sur le fait qu'elle les maîtrise naturellement, que ça lui vient sans qu'elle ne le comprenne mais je ne sais pas comment l'accentuer :)
zunic

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 1 disponible !

Message par zunic »

Voici la deuxième partie du premier chapitre, j'espère que vous aimerez ! :)

Ce ne pouvait être une coïncidence. Je décidai donc d’y entrer, franchissant aussitôt la distance qui nous séparait. La musique me percuta de plein fouet. Les murs vibraient, mes oreilles se bouchèrent et mes membres résonnèrent au rythme de cette clameur.

J’entrai, le pas faussement désinvolte. Les néons m’aveuglèrent pendant trois, quatre secondes avant que ma vision ne me revienne progressivement. Un couloir se dessina dans mon champ de vision, éclairée par des lumières stroboscopiques. Je me fondis dans la foule sitôt franchi le seuil. La salle centrale se composait d’une immense piste de danse, d’alcôves se perdant dans les renfoncements des murs et de piédestal où des femmes étaient enchaînées.

Mon cœur s’effrita tandis que je les observais. Leurs expressions reflétaient tantôt la terreur tantôt un désespoir amorphe. Elles n’étaient pas consentantes. Des personnes, sûrement ces hommes qui pullulaient dans ces lieux, les avaient forcés à s’exhiber, nue, dans des cages. La lumière crue des projecteurs ne laissait aucun doute sur le genre de sévices qu’elles subissaient. Des bleus parsemaient leurs corps, du sang séchaient le long de leurs jambes… Je détournai les yeux, horrifiée.
Je ressentais leur lente agonie jusque dans mes os. Une sourde angoisse monta des tréfonds de mon âme. Et si… S’il vous plaît, faîtes que cela ne me soit pas arrivé.

Des anges, ces hommes aux prunelles d’argent étaient des anges. Les créatures de légende, pourvues de grandes ailes pâles, venues tout droit du Paradis. Bon sang. Mais pourquoi ? Que s’était-il donc passé ? Ne devaient-ils pas aider les humains au lieu de les torturer ? Quelque chose m’échappait.

Je rejoignis le comptoir, essayant de me vider l’esprit. Je ne pouvais rien faire pour ces filles, pas seule et démunie comme je l’étais. Non, il me fallait me concentrer sur mon but. Khamiel. Et l’ange aux yeux argentés.

Des femmes étaient assises pas loin de moi et parce qu’elles étaient les seules de l’engeance féminine en liberté dans cette boite, je portai mon attention sur elles.

—Ces boîtes à anges ne devraient pas exister. Regardez-moi ces humaines… Qu’ont les hommes de notre engeance dans la tête ? s’énerva une femme aux longs cheveux violets.

Ainsi donc ils n’enfermaient que les humaines, pas leurs congénères du beau sexe.

—Khamiel est un habitué, se lamenta-t-elle.

—Sans vouloir te vexer Isa, cela ne m’étonne pas de ton frère, répliqua une autre ange blonde. Il est ici, en ce moment même. Je l’ai vu parler à Tsakiel en arrivant.

Tsakiel ? L’ange aux yeux d’argent. Magnifique. Mes deux proies dans le même espace confiné, servies sur un plateau.

—Les voilà, indiqua Isa, la sœur de Khamiel.

Je dirigeai mon regard dans la même direction qu’elle et aperçut un homme à la même peau bronzée qu’Isa et aux cheveux blonds. Khamiel. Son compagnon possédait de longs cheveux bruns et son visage était celui de mon souvenir. Tsakiel. L’homme aux yeux d’argents.

Tsakiel fouilla la boîte des yeux et son regard s’attarda sur le groupe de filles assises à côté de moi. Ils avancèrent vers elles, la démarche lente et assurée.

—Isa, la salua froidement Khamiel.

Sa voix me rappela la douleur. Je frémis.

—Khamiel, la salua-t-elle de même. Tsakiel, comment vas-tu ?

—Bien. Les affaires se portent à merveille.

Isa sourit de toutes ses dents.

—Ah bon ? Malgré la perte de ta plus lucrative offre ?

Sa remarqua acerbe fit mouche. Il se raidit ostensiblement.

—On dit qu’elle s’est enfuie, commenta une autre femme aux cheveux semblables aux miens.

—Umabel, ravie de te revoir.

Quelqu’un me tapota l’épaule et je me retournai, agacée. Le serveur qui m’avait interpellé, me toisa avec méfiance. Ses cheveux blonds cendrés lui mangeaient la moitié du visage, sa coupe oscillant entre un mi-long négligé et une coupe militaire rasé sur les côtés. Le résultat devenait grotesque, deux longueurs se défiant en un dual qu’aucune ne pouvait gagner. Non, il avait juste l’air d’un vagabond. Impression renforcé par sa barbe de trois jours.

—Que voulez-vous ? me demanda-t-il abruptement.

—De quoi ?

—A boire ?

Evidemment. Je me trouvais dans un bar.

—Rien.

Je me retournai mais captai quand même son regard méprisant.

—Vous devez consommer.

Je souris en orientant la tête suffisamment pour l’avoir dans le coin de mon champ de vision. Il ne méritait pas mieux.

—J’ai dit non, grinçai-je, l’agacement se disputant la première place dans mon esprit avec la soif de sang.

Il serait mon premier exemple, décidai-je arbitrairement. De quoi signaler ma présence à mes ennemies, mon entrée dans le jeu, une entrée spectaculaire…

—Vous…

Je me retournai vivement tandis que mon pouvoir montait en moi en plaintes sourdes. Il s’enflamma en poussant des cris de bête égorgé alors que je lui effleurai le poignet.

L’attention générale se riva sur moi et l’ange hurlant derrière le comptoir.

—Je lui avais dit non, grognai-je.

—Sofia, souffla Tsakiel, le regard ébahi.

Sofia ? C’était donc mon nom.

—C’est elle l’humaine qui s’est enfuie ?

Khamiel semblait profondément étonné alors que l’expression de Tsakiel reflétait le mécontentement. Pourquoi être énervé alors que je venais de moi-même me jeter dans la gueule du loup ?

Les visions menaçaient de me ronger, des images de violences, celles que j’avais subies ici même, aux mains d’anges, aux mains de Khamiel. Beaucoup de zones d’ombres restaient à éclaircir. Dont ma plus grande question : Etais-je humaine ?

Je me rappelais de certaines femmes dont l’une était accrochée sur un mur, en face du comptoir. Je me retins de lui jeter un regard et me levai. L’ange cessa de hurler et tomba inerte sur le verre trempé du bar. Je souris de toutes mes dents.

—Oups.

—Comment as-tu pu faire une erreur pareille ? Confondre une humaine et…

—Je n’ai fait aucune erreur.

—Une quoi ? relevai-je.

L’ange voulut me répondre mais un regard de Tsakiel l’en dissuada. Mon sourire se fit plus incisif.

—Je le découvrirais bien assez tôt.

J’invoquai le pouvoir nichée à l’intérieur de moi. Mon poing serré se nimba de flemmes iridescentes que je lançai droit vers les deux personnes que je détestais le plus au monde. Du moins ceux dont je me souvenais.

Des hommes me saisirent les bras, tentant de me maîtriser. Je n’en tins pas compte et fit rugir mon pouvoir. Ils s’embrasèrent avant de se disperser essayant d’éteindre les flammes. Ils n’avaient aucune chance.

S’ensuivit le chaos. Des anges prirent la fuite, d’autres s’écroulèrent raides morts, victime des ténèbres tapies en moi, d’autres se jetèrent sur moi, téméraires. Le brasier redoubla de fureur. Il frappa au gré de mon inextinguible colère.

Au fond de moi, une voix me chuchotait ma défaite prochaine. Ils étaient trop nombreux et je ne pourrais les contenir longtemps. Mais c’était trop tard. Je devais accomplir mon but. Jamais je ne serais en paix. L’échec n’était pas une option. Mourir ne me faisait pas peur.

Les flammes atteignaient désormais le plafond si bien que Khamiel et Tsakiel échappèrent à ma vigilance. Je fis front et maintins mon énergie. Les attaques conjointes de mes ennemis faisaient ployer mon bouclier infernale.

De grosses gouttes coulaient de mon front. Je serrai les dents, incertaine du temps que mettrait ma magie à s’épuiser. Beaucoup trop vite, selon mon ressenti. Un éclair violet transperça ma protection et m’érafla le bras. Je n’attendis pas de m’écrouler et rangeai le peu d’énergie qui me restait pour la réutiliser plus tard. Ensuite, je saisi la broche dans mon dos et la chauffai à blanc grâce à un mince filet de mon pouvoir. L’utiliser me semblait tellement naturel. D’où me venait cette maîtrise innée ?

Les anges n’attendirent pas que les flammes disparaissent pour se jeter sur moi. Une brèche suffit. Je les affrontai avec toute la hargne contenue en moi. Dans un hurlement, j’en éventrai un avant de me retourner pour frapper deux anges derrière moi.

Un autre m’envoya son coude dans le ventre. A peine le temps de cligner des yeux et sa tête roulait sur le sol. Je serrai les dents pour refouler la douleur et attaquai d’autres adversaires. Ils étaient toujours plus nombreux.

Je ne m’attardai pas sur la question et me concentrai sur mon combat. Un coup m’atteignit à l’arrière du genou par un homme derrière moi que je n’avais pas vu venir. Je tombai et lâchai ma broche. Elle roula hors de ma portée.

Je me réceptionnai en effectuant une roulade et me relevai prestement. Ma vitesse surhumaine m’aidait beaucoup à garder l’avantage. Malgré leurs vélocités, ils restaient plus lents que moi.

Je saisis les couteaux qu’ils me restaient et rendis coup pour coup. Les fines lames ne me permettaient pas grande liberté dans mes attaques et achever des anges s’avéraient plus difficile qu’avec ma précédente arme. Aussi, je perdis du terrain.
Cinq adversaires fondirent sur moi. Je parai et enchainai coup de poing, coup de pied, roulade, esquive mais reçus plusieurs coups bien placés. Un plat à l’arrière de ma tête me ralentit considérablement. J’eus juste le temps de voir un ange lancer une boule d’énergie dans ma direction. L’instant d’après elle était devant moi, prête à m’engloutir. Je fermai les yeux, prête à affronter mon destin.

Un mur de glace bloqua l’arme mortelle. Puis, une femme aux longs cheveux bleus d’un côté et rose de l’autre se plaça devant moi. Il s’agissait de l’une des femmes présentes avec Isa, au comptoir, avant que je ne lance mon offensive.

—On se connait ? croassai-je.

—Puis-je savoir ce qui t’as pris de te lancer dans cette attaque suicide ? Tu n’as aucune chance, répliqua-t-elle calmement.

—Ils doivent mourir.

—Qui donc ?

Des bruits sourds me parvinrent de derrière la défense qu’elle avait érigée autour de nous. La glace commençait déjà se fissurer.

—Tsakiel et Khamiel.

—Tu ne peux pas gagner. Nous devons partir.

—Pourquoi te suivrais-je ? Je n’ai plus rien à perdre. Du moment qu’ils périssent avec moi…

—Tu ne comprends pas. Tu es une déesse de la mort. Tu ne peux pas mourir, articula-t-elle lentement.

Je clignai des yeux plusieurs fois.

—Comment le sais-tu ?

—Ecoute. Nous n’avons pas le temps de parler de ça ici. Nous devons partir.

—Comment ? Et les humaines ?

—Elles sont toutes mortes. Ils s’en sont assurés. Tsakiel et Khamiel sont déjà partis.

Une grande balafre déforma son bouclier. Elle me rejoint prestement, à la même vitesse que moi et se pencha pour me tendre la main. Je la pris pour me relever. Ses iris roses captèrent derechef mon attention. Ils me ressemblaient, la couleur dans ses yeux dansant de la même manière que les miennes, comme des fleurs de cerisiers emprisonnés dans une cage de glace et ballotés sur l’eau.

—Tu es comme moi ?

—Oui. Maintenant, partons.

Je n’eus pas le temps de lui poser de question que les lieux se désagrègent en infimes poussières. Une violente migraine me saisit tandis que mon corps se déformait, se disloquait, s’éparpillait aux quatre vents.

aller à chapitre 1 partie 3 sur 3
Dernière modification par zunic le ven. 20 juil., 2018 4:03 pm, modifié 1 fois.
Losa

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 1 partie 2 disponible !

Message par Losa »

J'aime beaucoup ce chapitre ! Avec de l'action ! J'ai hâte decouvrir la suite :)
zunic

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 1 partie 2 disponible !

Message par zunic »

Losa a écrit :J'aime beaucoup ce chapitre ! Avec de l'action ! J'ai hâte decouvrir la suite :)
Merci :)
zunic

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 1 partie 2 disponible !

Message par zunic »

Voici la troisième et dernière partie du chapitre 1 :)

Je repris forme dans un tout autre lieu. Des quais me faisaient face, le clapotis des vagues en fond sonore. Des entrepôts peuplaient toute la rive. Au loin, les buildings côtoyaient le ciel. Nous étions au port.

—Pourquoi m’aides-tu ?

La mystérieuse femme qui n’était pas une ange et qui prétendait être une déesse me jeta un regard froid.

—Viens.

Elle partit en direction d’un quai. Devais-je lui faire confiance ? La croire ? Elle apportait des éléments de réponse à ce que j’étais devenue et m’avait indubitablement sauvé mais…

Je l’observai pendant de longues minutes avant de me décider à la rejoindre. Elle m’attendait, une centaine de mètres plus loin.

—Attends-moi, je vais lever le pont.

—Quel pont ?

Elle sourit innocemment. Soudain, en face de nous, un bateau apparut du néant. Quelle était cette sorcellerie ? Surtout, étais-je capable de la même prouesse ? Avant que je ne puisse lui poser les questions qui me brûlaient les lèvres, elle sauta de la berge jusque sur son pont et poursuivis sa route. Je regardai l’endroit où elle avait disparu, analysai la hauteur de son bond. Plusieurs dizaines de mètres…

Le bateau n’était pas un simple zodiacs pour la pêche ou les promenades. Il s’agissait d’un navire à l’ancienne, composé de bois peint, d’un pont découvert et de trois mâts. Le modèle semblait correspondre à une frégate de guerre du XVI ème siècle.

Il faisait figure d’exception dans la partie marchande du port. Ainsi, le quai se composait principalement de porte-conteneurs, lourds et immenses mais aussi abandonnés. Ils décrépissaient, témoin de la défaite des humains. Miami était aux mains de ces monstres, y compris leur port. Celui-ci dépérissait.

Un cri me tira de mes pensées. Un petit garçon courut vers les hangars, jetant des regards affolés derrière lui. Des larmes lui souillaient le visage. Je m’avançai aussitôt à sa rencontre. Il vint aussitôt se réfugier dans mes jambes.

Je le portai dans mes bras et lui essuyai le visage. Ses membres décharnés attestaient de son extrême précarité. Où était ses parents ? Il devait sûrement se cacher dans la zone et manger ce qui lui tombait dans les mains. Les hangars grouillaient de nourriture périmé. L’odeur de pourriture saturait l’atmosphère.

Un ange apparut au coin d’un bâtiment. Cet enfant ne devait pas avoir plus de cinq ans. Cette engeance dégénérée ne cesserait donc jamais leurs ignominies ? Ne pouvaient-ils pas laisser les humains survivre ?

—Pas touche à l’enfant, articulai-je d’une voix impérieuse.

Elle remplit l’espace entre nous.

—Ou sinon quoi ? eut-il l’audace de me répondre.

En plusieurs foulées lestes, il arriva à ma hauteur.

—Sean !

Une femme, une humaine boita jusqu’à nous. Son ombre se détacha nettement sur le hangar qui nous faisait face. Elle dépassa l’ange, les yeux focalisés sur son enfant.

—Maman, babilla le petit en lui tendant ses petites mains potelées.

Je le lui rendis et reportai mon attention sur l’homme devant moi. Ses cheveux blonds reflétaient le soleil. Ni très grand, ni très musclé, il ne payait pas de mine. Hormis le fait qu’il était un ange, ce qu’attestait ses ailes déployées dans son dos et ses paillettes d’argent dans ses yeux, l’arrogance suintait de ses pores.

—Fuyez, murmurai-je à la mère.

Elle écarquilla les yeux en voyant mes bras s’enflammer et partit le plus vite possible, malgré sa jambe blessée.

—Que faites-vous donc à Miami, si loin de votre espèce ?

Je lui souris mais ne pipai mot. Pas la peine.

—Ses humains n’ont aucunement le droit de squatter cette zone.

Ses mains brillèrent d’un éclat doré. Je le laissai lancer son attaque et absorbai sa lumière. Elle disparut dans le gouffre qui me servait d’antre. L’obscurité sortit par fumée épaisse de moi et s’enroula autour de ses chevilles. Je chevauchai la vague exquise de mon pouvoir, m’enivrant de cette énergie sépulcrale. Les yeux fermés, je pris une brusque inspiration, resserrant mon étreinte sur son cœur. Il s’arrêta et l’ange tomba à terre dans un bruit sourd.

Le bruit d’un moteur me sortit de ma transe.

—Monte, me cria ma compagne de route depuis le pont supérieur.

Je ne me fis pas prier et rejoignis le pont supérieur en plusieurs longues enjambées. Aussitôt, je remarquai l’équipage s’attelant à préparer le bateau pour le départ. Ils n’étaient ni humains, ni anges… Rien ne pouvait qualifier l’armée que s’était composée mon insaisissable sauveteuse. Faits de glace, ils dégageaient un souffle polaire. Vaguement humanoïde, ils effectuaient leur tâche sans broncher.

—Tu l’as tué, commenta-t-elle froidement.

Je hochai la tête, fixant toujours ces curieuses créatures. Elle suivit mon regard.

—Je les ai créés. Ils sont entièrement à mon service, ils ne dorment pas, ne se fatiguent pas, ne mangent pas. Ils n’ont que des avantages si ce n’est l’énergie qu’ils me ponctionnent pour les faire fonctionner. Larguez les amarres !

Son équipage se mit aussitôt en branle. Des secousses firent tanguer le bateau. Une créature poussa un cri avant de tourner la barre. Il la tint fermement tandis que nous quittions les quais.

—Ce navire peut atteindre treize nœuds soit vingt quatre kilomètre par heure, m’indiqua-t-elle, un léger sourire sur les lèvres.

Son ordre strictement suivi, elle disparut à l’intérieur du navire. Je la suivis.

M’occuper de l’ange avait pris plusieurs minutes. Elle avait dû avoir le temps de descendre le pont pendant ce temps. S’était-elle contentée de m’observer ? De voir comment je m’en sortais contre cette menace ? Me faisait-elle confiance?
Elle se dirigea d’un pas assuré, connaissant sûrement les moindres recoins de cette frégate. Nous descendîmes jusqu’aux cales. Je fronçai les sourcils, des souvenirs de navigation et de bateau refaisant surface dans ma tête. Des après-midi ensoleillé, sur une mer tranquille, loin autour de moi, de l’eau claire, transparente, la moiteur de l’été, l’odeur des crèmes glacés, du poisson, des frites et un couple le sourire aux lèvres tandis que je m’essayais à des nœuds marins.

—Je m’appelle Davy, articula finalement la déesse aux cheveux bicolores ce qui me fit aussitôt revenir au présent. Et c’est mon bateau, je l’ai acheté illégalement à Rouen. Peu de temps après la prise de cette ville par les démons, les musées ont liquidé leurs collections pour financer la fuite de leurs employés. Je l’ai donc acquis sur le marché noir, par ce biais. Je l’ai ensuite réaménagé pour l’adapter à la vie moderne et à mon confort.

Effectivement, le charme de cette frégate était magnifiée par les petites touches qu’elle y avait apportées. Ce bateau avait dû nécessiter beaucoup de travaux, notamment pour y ajouter l’électricité et l’eau courante.

La cuisine possédait la taille d’un stade de football, un stade rempli de fourneaux et de rangements. Une de ces créatures de froid remuaient un potage dans une marmite. L’odeur que dégageait le fumet embaumait la pièce, une odeur délicieuse de légumes mijotés et de viande.

—A quoi te sers tous ces fours si tu es la seule à manger ici ?

—On n’est jamais trop prudent, dit-elle évasive.

Elle nous fit asseoir à une table au centre.

—J’ai cassé tous les murs à ce niveau pour créer cette salle. Elle peut ravitailler un régiment d’une centaine de soldats. Et tout le monde peut s’y asseoir pour manger, sans empiéter sur les autres. La salle commune qui servait autrefois aux repas se trouvait sur le pont de batterie. J’y ai créé une armurerie.

Un endroit où entreposer des armes, cette frégate était une frégate de guerre du XVI ème siècle et son utilité d’aujourd’hui ne différait pas de son usage premier.

—Bien. Pourrais-tu m’expliquer qui je suis et pourquoi tu me recherchais, l’interrogeai-je.

Davy ordonna à la « cuisinière » de remplir des bols. Elle s’exécuta et nous les déposa délicatement devant nous avant de nous tendre à tous deux, une cuillère à soupe.

—Je n’ai aucun souvenir de mon passé, crus-je bon de préciser. J’ai tout oublié.

Un moment de silence, entrecoupé de bruits de couverts. Les miens. J’avalai une grande bouchée de ma portion et fis passer le tout avec une rasade d’eau. Davy continua de me dévisager.

—Je peux seulement te dire ce que tu es. Nous ne nous connaissions pas.

—Et ? la pressai-je.

—Tu es l’héritière de la cour unseelie, la cour des dieux des ténèbres. Tu es la fille de la reine Amalya et du roi Makaïos qui dominent la région de Gwynn, à l’est de la Faerie.

Le tonnerre gronda. Une brusque secousse perturba la coque du bateau. Je me retins à la table. Les flots s’agitaient dehors, comme en témoignaient les éclaboussures sur les hublots et la foudre qui striaient le ciel par-delà le verre. Hublots qu’elle avait taillés dans les sabords, ces ouvertures dans la coque qui servaient pour tirer au canon.

Doll délaissa la vue des vagues déchainées pour me fixer.

—Une tempête s’est levée.

L’épuisement abattit sa cage d’acier sur moi.

—J’ai vu. Bon, je vais dormir. Je trouverais bien une chambre.

Davy hocha la tête avant de me donner des instructions pour les trouver. Je partis donc rejoindre le château arrière, trois niveaux au-dessus de celui-ci. Il était composé d’un véritable studio, aux dimensions plus qu’honorables. Je le traversai en quête de la chambre mentionnée par Davy. Mon regard survola les pièces, superficiellement.

Arrivée à destination, je me laissai tomber lourdement sur le matelas. Mes jambes étaient lourdes, mes muscles endoloris. Le bref chemin que j’avais parcouru jusqu’ici me parut une éternité. J’étais percluse de fatigue. Pourtant, le sommeil me refusa obstinément ses portes.

Je contemplai le plafond pendant de longues minutes et maintins mes yeux grands ouverts. Chaque fois qu’ils se fermaient, je sentais les cauchemars se presser sous ma rétine. Je redoutais ce que je pourrais voir dans mes songes. Aussi gardai-je farouchement ma conscience éveillée.

La nuit céda le pas au jour mais jamais je ne sombrai dans les affres du repos.

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Dernière modification par zunic le ven. 20 juil., 2018 4:04 pm, modifié 1 fois.
Kaleryane

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 1 partie 2 disponible !

Message par Kaleryane »

j'adoooore l’héroïne a un caractère bien trempé j'adooore la suiiite
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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 1 partie 2 disponible !

Message par Losa »

On apprend qui elle est !!! La classe ! c'est une princesse !!! J'aime ce personnage ! J'ai hâte de voir la suite :)
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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 1 partie 2 disponible !

Message par zunic »

Kaleryane a écrit :j'adoooore l’héroïne a un caractère bien trempé j'adooore la suiiite
Merci :)
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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 1 partie 2 disponible !

Message par zunic »

Losa a écrit :On apprend qui elle est !!! La classe ! c'est une princesse !!! J'aime ce personnage ! J'ai hâte de voir la suite :)
Eh oui ;) Merci !
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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 1 partie 2 disponible !

Message par zunic »

Chapitre 2

Un courant d’air la frôla, suivi d’éclats de voix.

—Amalya ! tempêta le danger.

—Votre majesté…

Toutes ces voix, toutes ces personnes, elle ne devait pas leur faire confiance.

Des plaintes suraigus percèrent les ténèbres, ceux d’un nouveau-né. Elle s’aperçut qu’elle tenait un bébé.

—Laisse-moi la voir.

Des cris assurément féminins retentirent en même temps que des pas précipités. Les siens.

—Par les dieux de la mort, Amalya, crois-tu vraiment que je ferais du mal à ma propre fille ?

Le poupon qu’elle tenait était donc une fille. Elle s’en souvenait. Le bébé était le sien, celui qu’elle avait porté neuf mois durant dans son ventre. L’enfant de l’ennemi. Elle faillit la lâcher.

—Ne jures pas sur ma lignée, s’emporta-t-elle.

Elle reporta les yeux sur l’être vivant gigotant dans ses bras. Son visage rose, ses joues rebondies, son fin duvet autour de sa tête et ses yeux bleus. Elle s’y perdit.

Elle avança, trébuchant, son précieux fardeau entre les mains. Elle la serra tout contre elle, la fatigue la faisant divaguer, des gouttes de sueur collant ses cheveux argentés sur son front.

Ses yeux… Ils lui faisaient tellement penser à quelqu’un.

—Non, mon bébé, ne t’approches pas…

Cet être cher, il lui semblait l’apercevoir après une si longue absence. Ce manque la déchirait. On lui avait arraché son amour pour… un simulacre de mariage avec cet… homme.

Elle se mit à courir, les couloirs du château défilant dans son champ de vision. Des gens la poursuivirent dont… son mari. Celui qu’elle détestait. L’être honni.

Le bébé hurla, son visage se tordit de colère, rouge de colère.

—Non, tu n’es pas la fille de Sitael… Non, tu es la sienne. Que suis-je en train de faire ? Non, lâchez-moi !

—Tout va bien, Amalya. Tu as juste besoin de repos.

—Maman, où es-tu ? Maman… ne me laisses pas.

La scène se dispersa dans le brouillard. Celui-ci laissa place à une forêt. Les fruits charriaient une odeur sucrée, sirupeuse. Les feuilles multicolores réfractaient la lumière en des milliers de points multicolores au-dessus de sa tête. L’herbe était douce sous ses pieds nus.

Elle resserra les pans de son manteau de fourrure autour d’elle et s’éloigna du territoire seelie. Les cris de la petite fille faiblirent. Elle accéléra le pas jusqu’à ne plus les entendre, regagnant les landes glaciales de son royaume.

Elle ne supportait plus de voir en cette enfant tout ce qu’elle avait perdu, ses espoirs, son avenir. Elle engloutissait tout dans le bleu de ses yeux, si semblables aux siens. Contrairement à sa misérable carcasse, elle avait la vie devant elle. Elle ne possédait plus rien, à part sa folie et la haine qui la rongeait.

—Makaïos, soupira-t-elle, un sourire cruel aux lèvres, le regard flou, perdu.

Il souffrirait le martyre de perdre sa précieuse Sofia.

Elle ouvrit les yeux et s’appliqua aussitôt à dissiper les souvenirs cauchemardesques. Ceux-ci venaient la hanter chaque nuit, depuis peu. Transie de l’intérieur, elle s’éloigna du lit conjugal.

Sa longue chemise de nuit traîna au sol tandis qu’elle enfilait un long peignoir de soie d’araignée. Elle se para ensuite de ses bijoux les plus précieux avant de se servir un verre d’alcool fort. Puis, elle rejoignit son balcon et avala cul sec la boisson qu’elle s’était servie un instant plus tôt. Le liquide vermeil explosa sur son palais et brûla sa gorge en une lente descente. Elle ferma les yeux pour savourer cette déliquescence.

Son effroi dissipée, elle s’autorisa un regard sur les montagnes de glace devant ses yeux. Le royaume unseelie, les ténèbres, la mort… Elle sourit et s’autorisa enfin à penser à la source de tous ses insomnies. Les regrets l’assaillirent. Voilà maintenant seize ans qu’elle n’avait plus posé les yeux sur son aînée.

Pourquoi rêvait-elle d’une morte ? Certes, l’acte qu’elle avait commis ne cessait de l’accabler et ne cesserait jamais de la tourmenter. A jamais puisqu’elle ne pouvait pas mourir. Elle avait abandonné sa fille… ou plutôt tué indirectement le jour de ses deux ans. Elle était si jeune, tellement que son pouvoir ne s’était pas encore manifesté. Sans défense, si vulnérable et elle l’avait sacrifié.

Cette nuit-là, la démence s’était complètement emparée d’elle. Des images de l’accouchement ne cessaient de l’écorcher. Pour faire cesser son tourment, elle avait commis l’irréparable.

Le roi remua entre les draps mais ne se réveilla pas. Un coup d’œil vers lui suffit à l’en convaincre. Sa vue lui était insupportable, même un instant. Elle s’enfonça un peu plus dans ses souvenirs.

Trois enfants avaient suivi le premier. Trois enfants dont elle devait supporter la présence chaque jour, chaque instant. Comme elle aurait voulu se perdre dans une étreinte si longtemps absente, comme cela n’était que pure langueur. Toutes les particules de son être lui criaient son manque. Elle le revit du temps de sa jeunesse, son promis. L’unique personne qu’elle avait abreuvé des feux de son amour, un amour exclusif, éternel. Elle le lui avait juré peu avant son exil. Si elle ne pouvait être avec lui, son cœur, lui, ne serait à personne. A personne d’autre qu’à lui.

—Oh mon amour, nous nous retrouvons un jour. Je te le promets.

Elle entendait des rumeurs enfler dans les tréfonds de la cour. Des rumeurs concernant la maudite fratrie Kreïa, les trois frères, séparés par la violence d’une haine intarissable.

La guerre était déclarée sur Terre, entre les démons, les anges et les humains. Toutefois, elle soupçonnait les humains d’être de simples victimes collatérales dans cette croisade entre frères.

Les humains l’indifféraient. Elle ne craignait pas le courroux de leurs ennemis. Makaïos voulait prendre part dans cette guerre, elle non. Mais son avis n’importait pas. On lui avait retiré sa capacité de décision, la jugeant inapte à régner. La mésentente était pourtant close. Peu après l’annonce de « l’apocalypse des anges » comme on l’appelait sur Terre, les portails menant à la Faerie avait été définitivement fermés. Une action non imputable à la cour des ténèbres, quelqu’un avait coiffé le roi au poteau. Un clan ennemi.

Davy, Mordred et d’autres dont son frère étaient partis peu de temps avec la fermeture des portes d’accès à la Terre. Elle le prenait pour une trahison, certaine qu’il s’agissait d’une manœuvre de Makaïos. Pourquoi aurait-t-il fait cela ? Pourquoi l’aurait-il ordonné ? Il se tramait quelque chose, quelque chose en rapport avec ses cauchemars.

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Dernière modification par zunic le ven. 20 juil., 2018 4:06 pm, modifié 1 fois.
Losa

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 2 disponible !

Message par Losa »

On découvre les origines de Sofia et c'est bien je trouve mee si au début je n'avais pas compris qui était le narrateur... J'ai hâte de lire la suite :)
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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 2 disponible !

Message par zunic »

Losa a écrit :On découvre les origines de Sofia et c'est bien je trouve mee si au début je n'avais pas compris qui était le narrateur... J'ai hâte de lire la suite :)
Merci :) Mince, j'ai oublié de préciser le point de vue en début de chapitre :lol: Je vais préciser pour les prochains chapitres le point de vue :)
zunic

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 3 partie 1 sur 4 disponible !

Message par zunic »

CHAPITRE 3 PDV Sofia


Le réveil indiquait enfin une heure décente, à savoir sept heures du matin. Je me levai donc du lit où j’étais assise depuis une éternité. Je m’étirai pour endiguer la fatigue, sans succès. Il me faudrait composer avec, aujourd’hui.

L’insomnie m’avait permise une chose, détailler la décoration de la chambre, chose que j’avais omise en y entrant. Décorée dans des tons bleu pastel, elle dégageait une atmosphère apaisante. Malgré cela, le sommeil m’avait fait défaut. La moquette crème et moelleuse seyait parfaitement au sol. Un ameublement minimaliste agrémentait les lieux. Une commode en pin blanc et un lit à baldaquin en composait l’ensemble.

Je filai aussitôt prendre une douche. La salle de bain attenante à la chambre, était de taille modeste et fonctionnelle. La grande douche italienne occupait tout un coin tandis qu’une baignoire ancienne trônait au centre. Une vasque et des rangements complétaient le tout. Je me déshabillai, laissant de la poussière sur le tapis de douche. Enfin à l’intérieur, je laissai couler l’eau un petit moment sur mes membres endoloris, constellés de croûtes de sang, vestiges des coups que je m’étais pris hier.

Plus nous nous éloignions et plus ces événements me paraissaient lointain.

Je réglai l’eau sur froid. L’eau glacée coula abondamment sur mon corps, me revigorant. Je me frottai avec le savon pour effacer toute trace de salissures. Je me lavai soigneusement les cheveux jusqu’aux pointes, histoire d’éliminer l’odeur de feu qui me collait aux basques. Enfin, je me sortis, m’habillai avec les seuls vêtements en ma possession, soit ceux que j’avais volés dans une chambre de chez Khamiel. Je démêlais ma longue chevelure, munie d’un peigne à grandes dents quand Davy entra.

—Bonjour, tu as bien dormi ? me lança-t-elle sur le seuil de la pièce.

—Non, insomnie, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit.

Je sortis et pénétrai dans la salon, à sa suite. Elle récupéra un plateau sur la table et sortis sur la terrasse. Le sol de bois blanc réfléchissait la lumière, nimbant la façade en colombage. Un jacuzzi bullait tranquillement dans un coin. Elle s’arrêta au milieu et déposa son fardeau sur le table basse. Je m’assis en face d’elle sur un fauteuil.

—Le petit déjeuner, me présenta-t-elle, œuf brouillés, bacon et pancakes au sirop d’érable. Thé vert ou café ?

—Thé, s’il te plait.

Elle nous servit deux tasses de thé et chacune un verre de jus d’orange que je devinais pressé, à l’odeur. Nous mangeâmes en silence et je savourai cette douce quiétude. Le doux roulement des vagues, les senteurs d’embruns et le délicat fumet du bacon.

—Comme tu le sais déjà, je m’appelle Davy, finit-elle par dire. Je suis comme toi, une déesse comme nous appelle les humains. Nous, nous nous prénommons sidhe. Unseelie pour notre cour et seelie pour la cour des lumières. Nous vivons dans un autre monde, un monde parallèle à celui-ci.

—D’accord, assimilai-je. Et… hier tu as dit que je ne pouvais pas mourir parce que…

—Tu es une déesse de la mort, me coupa-t-elle. La plus haute caste, celle qui règne sur notre peuple. Tu es la princesse héritière.

Une question me tracassait depuis mon réveil dans les flemmes. Qui étais-je avant ma perte de mémoire ? Pourquoi m’étais-je trouvée prisonnière de Khamiel ? Si les dieux ne vivaient pas sur Terre, pourquoi m’y trouvais-je ?

—Tu as aussi dit que nous ne nous connaissions pas ?

Elle sourit avant de se resservir une bonne portion d’œufs. Bon sang, ces créatures de glace cuisinaient drôlement bien. Cette nourriture était délicieuse, addictive. Je m’en resservis aussi avec une part généreuse de bacon.

—De quoi te rappelles-tu exactement ?

Je fis appel à ma mémoire déficiente. Tout ce qui était antérieur à mon immolation forcée me faisait défaut. Quelques flash indistincts se disputaient dans mon esprit, sinon rien.

—Je n’ai aucun souvenir de mon passé, hormis quelques sensations floues. Je connais des choses sans que je me l’explique, par exemple je sais qu’il s’agit d’une frégate, je connais les nœuds marins. Je savais qu’il me fallait trouver Khamiel et Tsakiel, que je devais les tuer.

—Oubli de mémoire lacunaire donc. Cela fait suite à un traumatisme…

—On a essayé de me tuer. Khamiel sûrement. Je me suis réveillée dans les flemmes et quelque chose… Il me semblait que quelque chose s’était passé avant, que je venais de l’oublier. C’est à ce moment là que j’ai perdu mes souvenirs.

Davy réfléchit un long moment. J’inspirai à fond, tentant de me détendre. Je continuai de manger pour éviter de ressasser ce problème dans ma tête.

—La reine t’a abandonné. Tu avais deux ans et aucune chance de survivre là où elle t’avait amené. Tu étais dans le territoire seelie. Nous n’avons pu te rechercher. Les unseelies ont interdiction de pénétrer le territoire de l’autre cour. Makaïos a essayé de… Il s’est vraiment acharné mais le roi Rinndh n’a jamais accepté de te rechercher. Nous avons supposé que tu étais morte.

—Mais je ne peux pas mourir, soufflai-je, troublée par sa révélation.

—Tu avais deux ans. Il était trop tôt pour que tu révèles ta divinité. Amalya, ta mère… Elle a des accès de folie. Elle n’a pas songé un instant que tu puisses être comme elle. Mais ton père n’a pas cessé d’espérer que tu aies pu survivre. Je suis la chef de la sécurité. C’est-à-dire que je suis en charge de la sécurité du territoire mais aussi de la famille royale. Je veillais personnellement sur le roi. Il… m’a chargé de te retrouver. J’ai mis tout mon réseau sur le coup. Et finalement j’ai été informé par un dieu vivant sur Terre que tu te trouvais à Paris, que tu avais été adopté par une famille humaine. C’est Andru, ton oncle, le frère de ta mère qui m’en a informé. Il vivait déjà sur Terre depuis quelques siècles avec sa femme qui se trouve être ma sœur, Dana.

Je souris.

—Nous sommes donc de la même famille.

Elle me rendit mon sourire.

—En quelque sorte, oui. Ainsi, j’ai su que tu avais survécu un an plus tôt. Au moment où la guerre a éclaté et que les anges m’ont rendu la tâche plus ardue. Andru t’avais aperçu dans la capitale où il séjournait depuis une dizaine d’années. Il t’a tout de suite reconnu. Tu portais le pouvoir de sa caste, les dieux de la mort mais quelque chose t’entravait, un sort. Il a tout de suite reconnu la marque des sorciers.

Je fronçai les sourcils en entendant le nom d’une nouvelle espèce. Tout se mélangeait dans ma tête.

—Ce sont des humains à qui nous avons donné un fragment de notre pouvoir pour être notre ancre sur Terre. Grâce à eux, nous gardions un œil sur la Terre, il y a de cela des millénaires, au temps des grandes religions polythéistes.

—D’accord. Donc si j’ai pu être adoptée sur Terre au lieu de survivre dans la forêt seelie…

—Ou même d’être capturé par les seelie…

—Ou d’être capturé par la cour seelie, répétai-je, c’est parce qu’un sorcier m’a sauvé, a emprisonné mes pouvoirs et m’a confié à un couple humain.

Elle hocha la tête.

—Je ne comprend toujours pas pourquoi. Bref, après « l’apocalypse des anges » comme l’appelle les dieux et la découverte d’Andru, j’ai fait part de mes récentes avancées au roi. Il m’a donc exhorté à rejoindre la Terre, à te chercher et à revenir à la cour. Des personnes m’ont suivi, pour m’aider ? Hélas, peu de temps après nos départ, les portails ont été fermés, piégeant les autres dieux en Faerie. Entre temps, tu avais disparu. J’ai donc regroupé les dieux bloqués ici sous une même bannière, unseelie et seelie. Nous avons gagné une partie de Paris, par la force et nous sommes efforcés d’aider les rebelles humains à survivre. C’est là que j’ai découvert que tu avais fait partie de la résistance avant d’être capturé et envoyé dans une boîte à anges, à Miami.

—Dans celle de Tsakiel, murmurai-je. Oui, je m’en souviens vaguement de ça. Je me rappelle aussi de Tsakiel, de mes hurlements. Il m’a battue. Je ne sais pas pourquoi.

Un long moment de silence suivit ma réplique.

—Leur roi, Sitael, a mis ta tête à prix. Tu es notre princesse et donc un otage de valeur. Ils te cherchent mais visiblement le sort qui t’entourait les as empêchés de discerner ta véritable identité. Khamiel a commis la faute d’essayer de te tuer, ce qui a sûrement permis au sort de se rompre.

Je déglutis difficilement, avalant les restes de mon repas et posai mon assiette sur la table basse.

—Où allons-nous ? posai-je finalement comme question.

La réponse semblait évidente mais je voulais en être certaine.

—A Paris, rejoindre tes sujets.

J’inspirai à fond. Bien.

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Dernière modification par zunic le ven. 20 juil., 2018 4:07 pm, modifié 1 fois.
Losa

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 3 partie 1 sur 4 disponible !

Message par Losa »

un super chapitre ! on découvre ses origines et sa mère est vraiment folle......enfin j'ai hâte de découvrir ses "sujets" et de voir comment toute cette histoire va se dérouler maintenant :)
zunic

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 3 partie 1 sur 4 disponible !

Message par zunic »

Losa a écrit :un super chapitre ! on découvre ses origines et sa mère est vraiment folle......enfin j'ai hâte de découvrir ses "sujets" et de voir comment toute cette histoire va se dérouler maintenant :)
Merci :) On va pas tarder à voir apparaître Mordred :lol:
zunic

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 3 partie 1 sur 4 disponible !

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Davy se leva sitôt sa déclaration faite, ne me laissant pas l’occasion de me reprendre. Je cessai aussitôt de penser à mes nouvelles fonctions quand mon regard croisa le sien, dur, implacable. L’avenir me paraissait incertain et sombre mais je compris à cet instant que je ne serais pas seule pour l’affronter. Je lui souris et me levai à mon tour.

L’océan s’étendait devant nous. Les vagues s’écrasaient sur la coque en bois de la frégate. Le ciel ne dévoilait aucun nuage, où que je pose les yeux. La tempête d’hier appartenait définitivement au passé. Pourtant, je ne doutais pas qu’une autre attendait, une tempête d’un autre genre.

—Je te cherchais là-bas, articula-t-elle, les dents serrés. J’avais réussi à approcher Tsakiel et d’autres anges puissants. Mais je ne te trouvais pas et le temps me manquait. Tôt ou tard, quelqu’un percerait ma couverture… Et c’est toi, finalement, qui m’a trouvé.

Je lui jetai un vague coup d’œil avant de reporter mon attention sur l’horizon.

—Je n’étais que vengeance et destruction. Je pensais avoir un but… En réalité, j’étais perdue et… Que se serait-il passé si tu n’avais pas été là pour me sauver ?

—N’y pensons plus. Tu es à l’abri avec moi.

—Comment t’es-tu débrouillée pour tromper les anges ? Pour cacher ta véritable nature ?

Elle sourit de toutes ses dents.

—Ah ! Notre arme secrète, le glamour. Grâce à lui, nous pouvons nous faire passer pour n’importe quelle personne, de n’importe quelle espèce.

—Du camouflage magique, en somme.

—Nous constituions une trop grande menace pour nos ennemis, c’est pour cette raison que les portails ont été fermés. J’en suis convaincue. Maintenant nous sommes en infériorité numérique. Nous sommes trop peu nombreux pour nous battre efficacement. Notre meilleure chance est d’infiltrer les rangs ennemis et collecter des informations sur leurs stratégies de guerre.

J’inspirai à fond.

—Parle-moi davantage de nos pouvoirs.

Elle hocha la tête, me signifiant par là son accord.

—Il existe beaucoup de castes différentes au sein des cours des ténèbres et de la lumière. Les dieux représentent la nature. Notre cour incarne l’automne et l’hiver, la mort, la destruction et le dépérissement. Les nôtres, les unseelies complètent parfaitement les seelies. Ils sont notre exacte opposé, c’est-à-dire le printemps et l’hiver, la vie, la création et la renaissance.

—Les castes sont donc en rapport avec ce que nous sommes. Mon pouvoir, il me semble doté d’une vie propre. Il ne veut que la mort et la destruction de toute chose. C’est… déstabilisant.

Davy s’appuya sur la rambarde nous séparant de la mer.

—Oui, notre pouvoir est lié à notre nature. Il est indissociable de notre être. Pour ne citer que les six castes majeures de la cour unseelie, on trouve les dieux de la mort, des cataclysmes, du chaos, du froid dont j’en fais partie, de la folie et de la luxure. Notre caste est intimement lié à notre caractère. Il n’est pas rare de trouver ma caste impitoyable et distante. Et les dieux de la mort se perdent souvent dans leurs tendances morbides. A l’inverse, les dieux de la folie sont les seuls à ne pas souffrir de cette maladie.

Ce qui correspondait plutôt bien à mon comportement. Ma magie m’avait poussé à tuer les anges, à tous les annihiler. J’avais hâte de rencontrer des dieux membres de ma caste et des autres. Cela s’annonçait prometteur.

—C’est donc pour cela que je ressens toujours une impression de froideur en toi. Tu sembles inaccessible quoi que tu fasses.

Elle me lança un regard amusé puis son expression se vida de toute émotion. Je ne mis pas le doigt sur l’origine de ce changement ni comment il s’était produit. Elle n’avait pourtant rien fait mais… il me semblait qu’il lui manquait quelque chose. Elle était pareil à une statue de glace.

—Tu comprends ? me demanda-t-elle en reprenant vie.

Je hochai la tête, muette. Oui, il me tardait de voir les autres dieux. J’en trépignais d’impatience.

Je saisissais parfaitement ce qu’elle voulait dire par tendances morbides…

—Plus précisément, je peux te parler des pouvoirs singuliers des membres de notre camp.

J’attendis qu’elle veuille bien poursuivre, curieuse de savoir qui composait notre équipe.

—Le roi Makaïos est un dieu des cataclysmes. Il contrôle le temps et dirige les tempêtes les plus dévastatrices. Sa voix est semblables au tonnerre et des éclairs zèbrent le ciel quand il est contrarié. La reine Amalya est une déesse de la mort, comme tu le sais déjà. Selon certaines rumeurs, il lui suffirait d’un regard pour décimer une armée entière. Son pouvoir est aussi gelé qu’une tombe. Elle en a hérité de sa mère, une déesse du froid. Elle peut glacer l’intérieur d’un homme, ce qui cause une douleur ignoble. Je te laisse imaginer.

Des frissons parcoururent mes membres à l’invocation des prouesses de celle qui m’avait abandonné. Avait-elle cédé à la folie ou bien à son pouvoir ? M’avait-elle réellement voulu du mal ?

Davy décrivit ensuite les pouvoirs de mon oncle Andru, de sa femme Dana, de leur fille Mina, ma cousine et de plusieurs autres personnes dont je ne retins pas les noms et qui ne m’arrachèrent aucune émotion.

—Il me reste encore un unseelie à décrire parmi les plus puissants. Je ne décrirais pas les membres de la noblesse seelie qui sont avec nous. Tu les rencontreras bien assez tôt.

Mon attention s’accrut en entendant le ton avec lequel elle avait prononcé ces mots. Elle ne les appréciait pas beaucoup. Par contre ce Mordred… Elle l’avait évoqué avec affection mais aussi avec prudence. Pourquoi ?

—Il est issu de la ligné Morrigan, l’une des plus illustres lignées de dieux de la mort. Il en est un lui-même. Son pouvoir est effrayant, infiniment puissant. Il le retient constamment. Il commande aussi au feu et à l’électricité et possède le talent propre à sa lignée, à savoir invoquer les ténèbres.

Ce Mordred était prometteur. Il m’inspirait le danger et la violence. A quoi ressemblerait-il ? Et comment réagirait-il à ma présence ? Il était visiblement le dieu le plus puissant de ce côté-ci des portails.

—Recule.

Je sursautai face à ce brusque changement. J’interrogeai du regard Davy mais obtempérai tout de même.

—Nous sommes suffisamment loin de toute civilisation pour que j’use d’un de mes talents propres. Cela te renseignera mieux sur moi qu’une longue description ennuyeuse.

Soudain, elle avait piqué mon intérêt. Je croisai les bras sous ma poitrine et l’observai attentivement.

—Il nous faudrait plus d’un mois pour rallier la France ave cette frégate. Nous n’avons pas tout ce temps. Je vais donc créer un portail jusqu’à Rouen où mon bateau regagnera sa place habituelle. Ensuite, nous continuerons en voiture jusqu’à Paris.

—Si tu es capable d’un tel prodige, pourquoi ne peux-tu pas rouvrir les portails pour accéder à la Faerie ? lui fis-je remarquer.

—Théoriquement, j’en serais capable mais cela demande trop d’énergie pour une seule personne. Je ne peux que convoquer des portails entre deux espaces pas trop éloignés l’un de l’autre et dans une seule réalité. Accroche-toi bien, me prévint-elle ensuite.

Je me cramponnai à un poteau qui soutenait l’étage supérieur et la façade en colombage. Davy écarta les bras. Un long moment passa sans que je ne constate de modification. Des volutes de fumées rose s’enroulaient autour de ses jambes pourtant la mer était toujours calme. Rien ne me semblait différent.

Soudain, une secousse me fit basculer à terre et une vague s’abattit sur nous. Je clignai des yeux pour évacuer l’eau qui stagnait sur mes cils juste à temps pour voir le bateau amorcer une brusque descente. Nous plongeâmes dans un typhon. L’obscurité s’abattit sur nous. Mon estomac se retourna tandis que nous prenions de la vitesse. Mes oreilles sifflaient, mon visage était plaqué par l’air au sol et je m’accrochais de toutes mes forces au poteau.

Finalement, la lumière revint brutalement, me laissant ébloui et perdue. Où étions-nous ? Le bateau semblait immobile. Je repris mon souffle et me levai prudemment.

Davy m’observait, une étincelle espiègle dans le regard.

Nous étions sur un quai, des bâtiments anciens nous faisaient face. Des immeubles d’habitations datant sûrement du XIX ème siècle nous entouraient. Un pont enjambait les deux rives. De chaque côté s’étendaient des arbres et un chemin de cailloux blancs, le long du canal. Je compris rapidement que nous étions arrivés à destination.

—C’était rapide, soufflai-je.

Ses pouvoirs étaient impressionnants. Je tremblai encore du contrecoup de notre voyage quand je me rapprochai de la rambarde.

—Si je comprends bien, je dois vous mener à la guerre contre les démons et les anges et protéger les humains, repris-je après un moment à regarder les alentours. C’est dans mes cordes. Il me semble.

aller à chapitre 3 partie 3 sur 4
Dernière modification par zunic le lun. 23 juil., 2018 9:51 pm, modifié 1 fois.
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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 3 partie 2 sur 4 disponible !

Message par zunic »

Voici la nouvelle partie, désolée du retard :)



Visiblement, Rouen faisait partie des rares territoires encore contrôlés par les humains. Et comme partout ailleurs, des combats ravageaient le moindre endroit non assujettis aux démons ou aux anges. Les humains ne tarderaient pas à perdre, trop faibles sans alliés pour les défendre. Leurs armes ne leur seraient bientôt d’aucun secours même si elles leurs avaient permis de survivre jusqu’ici. Paris était déjà à feu et à sang, la capitale aux mains des anges, des démons, des dieux. Seul un minuscule lopin de terre appartenait encore aux humains.

Davy m’en avait beaucoup appris sur la situation lors des deux heures qu’il nous fallut pour rejoindre Paris. A peine sortie de la frégate, elle s’était empressée de chercher une voiture. Par chance, elle connaissait une famille humaine qui habitait la ville. Ils lui avaient donné leur voiture, arguant qu’elle ne servait plus en ces temps, pour eux.

Ensuite, il nous fallut traverser chaque territoire assujetti aux anges ou aux démons. Chaque fois, Doll enveloppa notre habitacle d’un voile de glamour. La sensation s’apparentait à enfiler des vêtements. Des vêtements chauds, agréables, confortables.

Nous rejoignîmes Paris sans encombre. Des images s’imposèrent dans mon esprit, aussitôt entrée dans la capitale. Comme quand des souvenirs précis se rappelaient à moi lors de certains événements. Je savais donc le nom des monuments, des lieux qui peuplaient la ville.

Les quelques visions que j’en gardais ne coïncidèrent pas avec la vision de désolation s’étendant sous nos yeux. Nous roulâmes lentement. Je pus donc détailler le paysage et les quelques bâtiments qui subsistaient aux frontières.

L’aéroport Charles-De-Gaulle à moitié détruit, rendait les alentours encore plus lugubres. Ses fondations luttaient pour ne pas s’effondrer. Puis les rues commencèrent à poindre derrière les ruines recouvertes de poussières noires.

Doll nous conduisit à travers les arrondissements, les quartiers… Une rue du XVI ème arrondissement m’éprouva plus que tout ce que je vis jusque maintenant. La route n’était plus qu’une terre retournée, boueuse. Des bâtiments jadis magnifiques n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes. Les ornements arrachés des murs, jonchaient le sol. Les toits aux tuiles manquantes par dizaines laissaient désormais le vent passer à travers les pièces. Ma mémoire me délivrait un cadre idyllique. Rien ne correspondait plus. Ils avaient tout dévasté, comme ma vie.

La voiture freina brusquement. Un mur s’étendait devant nous. Davy claqua sa portière en descendant. J’avançai à sa suite et levai les yeux vers l’immense mur de pierre blanche.

—A partir d’ici, nous entrons dans la zone contrôlée, celle des anges puisque nous entrons depuis la rive droite. Nous continuons donc à pied.

Elle prit mes mains dans les siennes, poussant son pouvoir en moi, autour de nous, pour nous couvrir de glamour. L’énergie hérissa le duvet de mes bras et de ma nuque. Des picotements assaillirent mon visage tandis qu’il se transformait. Mes cheveux devinrent blond, mes yeux se mouchetèrent de paillettes d’argent et mon teint se réchauffa. Aucune de nous deux ne se préoccupèrent des ailes. Qui irait vérifier ?

Une fois sa tâche terminée, la vague de magie reflua et nous nous séparâmes.

—Bien. Je t’apprendrai à maîtriser ton glamour le plus rapidement possible. Allons-y maintenant.

Je hochai la tête et lui emboîtai le pas. Elle frappa à une porte, habilement dissimulée dans la muraille. Des grognements suivirent, de l’autre côté. Une lucarne s’ouvrit. Plusieurs secondes s’écoulèrent. Finalement, la porte s’effaça, laissant la place à une rue agitée. Partout où mon regard se posait, des anges s’y trouvaient mais pas seulement. Des humains avançaient lentement, le corps décharné, le regard vide, semblables à des morts-vivants. Mon pouvoir frémit. Surprise, je manquai tomber à la renverse. Davy me soutint, in extremis.

—Que leur arrives-t-ils ? chuchotai-je.

—Il y a tellement d’anges concentrés ici que des résidus de leur magie envahissent l’air. Ça empoisonne les humains.

Je gardai le silence, perturbée au plus profond de moi. Nous marchâmes à l’écart, mon pouvoir me poussant à m’éloigner de ces corps tout juste animés.

Arrivées au Marais, la fréquentation angélique atteignit des sommets. A en croire mes souvenirs, il en avait toujours été de même. Me rappeler autant de détails superflus me frustraient. Beaucoup de zones d’ombres subsistaient, beaucoup d’informations importantes sur mon passé, sur qui j’avais été.

Davy me dépassa et tourna à gauche. Je la suivis et la percutai quand elle s’arrêta sans crier gare. Me prenant par le bras, elle me traîna en sens inverse, d’un pas pressé.

—Hey ! Mais qu’est-ce que tu fais ? protestai-je gauchement.

—Eh Doll ! s’exclama une voix masculine juste derrière nous. J’espère que tu n’essayais pas de me semer ?

Un homme passa un bras autour des épaules de Davy, un archange… Sa peau laiteuse encadrée de boucles auburn ne suffit pas à détourner mon attention de ses yeux bleus cerclés d’argent.

Il l’avait appelé Doll. J’épinglai ma compagne de route d’un regard acéré. Elle ne le remarqua même pas. Concentrée sur l’archange, elle affichait un air ennuyé, voire agacé.

—Qui est ton amie ? reprit-il.

—Sofia, je te présente Mickael, dit-elle d’un ton égal, du moins en apparence.

—L’archange Mickael, commandant en second de la ville humaine de Paris, juste après l’archange Gabriel.

Je réussis à peine à acquiescer, prise de court.

—Oui, celui de la Bible, répondit-il à ma question muette.

Pourquoi se souvenir d’écrits religieux mais pas de mon passé ? Incompréhensible.

Je le détaillai attentivement. Ni spécialement grand, ni très musclé non plus, il était habillé d’un t-shirt noir, d’un jean et de baskets. Son sweet à capuches cachait aisément la naissance de ses ailes.

Davy m’avait longuement parlé de l’espèce angélique, de ses caractéristiques, pendant le trajet jusque Paris. Sûrement pour me préparer à leur place prépondérante, ici. Un tatouage permettait de dématérialiser leurs ailes, trop encombrante sur la terre ferme.

—Voici donc la fameuse princesse des Ténèbres, chuchota Mickael, celui de la Bible, en m’accordant un coup d’œil espiègle qu’il reposa immédiatement après sur Davy ou Doll. Tu pensais passer incognito, Doll ? Voyons, tu es trop belle pour être un ange.

J’en restai bouche bée. Il savait. Comment un archange à la tête de son peuple, pouvait connaître Davy et sa véritable nature sans la trahir ? N’étions-nous pas ennemies

—Tu veux bien nous laisser rentrer chez nous ? répliqua-t-elle clairement agacée.

Je me méfiais de Mickael. Il était exagérément joyeux, avenant. Il s’appliquait avec trop d’acharnement à paraître inoffensif. Il devait posséder une grande force. Ses tentatives pour ne pas ressembler aux autres membres de son espèce prouvait qu’il était sûrement l’un des plus dangereux. Sa position me confortait dans mon impression. Il contrôlait presque complètement son territoire. Et c’était un archange… Les pires raclures que je connaissais appartenaient eux aussi à cette classe d’ange. Ce ne pouvait être une coïncidence.

Le sourire de Mickael s’élargit. Il parut sur le point de répliquer quand ses yeux se voilèrent. Davy se tendit presque aussitôt après.

—Que se passe-t-il ?

—Conversation par télépathie. C’est ainsi qu’il communique avec ses hommes, me répondit Davy.

Mickael revint à lui, juste après. Un frisson me parcourut en avisant sa mine sombre. Envolé sa bonne humeur, quelque chose de grave avait dû se passer.

—Les rebelles se font attaquer. Un ordre de Gabriel, soi-disant. Nous devons y aller.

Il partit au pas de course, Davy sur les talons. Je les suivis, tout en gardant une certaine distance. Pourquoi aiderait-il des humains ? Pourquoi contrecarrer une attaque lancée par ses propres troupes et son chef ?

Les dieux protégeaient les humains. Manifestement, Mickael les aidait. Dans quel dessein ? Et en s’affichant de la sorte, ne se ferait-il pas discréditer auprès de Gabriel ?

Nous parvînmes rapidement sur les lieux de l’agression. Des cris me parvinrent, des bruits de luttes, d’agonie. Partout gisaient des hommes et des femmes. Mon cœur manqua un battement alors que Davy et Mickael se jetaient dans l’action.

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Dernière modification par zunic le ven. 27 juil., 2018 6:26 pm, modifié 1 fois.
Losa

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 3 partie 2 sur 4 disponible !

Message par Losa »

2 super chapitre! Enfin partie de chapitre haha mais j'ai hâte de lire la suite et de connaître ce Mordred aussi ! Enfin un ange qui a l'air gentil !
zunic

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 3 partie 2 sur 4 disponible !

Message par zunic »

Losa a écrit :2 super chapitre! Enfin partie de chapitre haha mais j'ai hâte de lire la suite et de connaître ce Mordred aussi ! Enfin un ange qui a l'air gentil !
Merci :)
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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 3 partie 2 sur 4 disponible !

Message par zunic »

Voici la fin du chapitre 3, j'espère qu'il vous plaira ! :)

Les anges, reconnaissables à leurs yeux argentés, lançaient des attaques contre les rebelles. Bien que nombreux et armés, ils n’avaient aucune chance. Leurs adversaires les réduisaient en miettes. Partout, ils tombaient, foudroyés par le pouvoir des anges.

Mickael aboya des ordres. Certains lui obéirent, reculèrent sans prendre part contre leurs compagnons. D’autres ne lui firent même pas attention.

—Un massacre gratuit ! hurla-t-il. Voilà donc ce que notre chef est seulement capable. Reculez ! Arrêtez ! A quoi bon ? A quoi cela nous servira-t-il ? Gardons nos forces pour les démons ! Contre Adonis !

La mention de ce démon suffit à arrêter pas mal d’anges. Ils semblèrent enfin le remarquer. Des étincelles de colère apparurent dans de nombreux regards.

—Nous devons obéir à Gabriel, il est notre chef, notre guide, notre général, crièrent d’autres anges. Il nous a confié cette mission, non sans but précis. Nous devons lui obéir !

—Bande d’entêtés, grogna l’archange.

—Nous ne pouvons plus rien changer. Si nous nous attardons, Gabriel comprendra. Nous devons partir immédiatement, lui confia un de ses hommes, sûrement celui l’ayant informé de cette attaque.

Mickael eut un regard rempli de colère, de frustration et de… de tristesse.

—Pars ! lui cria Davy.

Celle-ci décimait les rangs adverses, brandissant son pouvoir comme une lance. Il éparpillait, tranchait et déchirait les anges.

Mickael se retourna, non sans un regard arrière vers Davy et s’en alla d’un pas rapide. Ses hommes le suivirent, un peu plus d’une dizaine alors qu’une bonne vingtaine se battaient encore contre les humains.

Davy se fondit dans la bataille et je ne tardai pas à la suivre. Mon pouvoir remonta à la surface, avide. Il détruisit tout à sa portée et je dus me faire violence pour identifier nos ennemis de ceux que nous aidions. Mon pouvoir, lui, voulait commettre un carnage.

Je réprimai cette envie tant bien que mal. Des flammèches se formèrent autour de mes bras. La chaleur augmenta. Je poussai à mon maximum la puissance et deux grosses boules de feu d’un bleu glacé se formèrent au bout de mes poings serrés. Les envoyant contre nos ennemies, je provoquai un mouvement de panique.

Davy se battaient non loin de là. Elle m’empoigna le bras et nous éloigna. Des humains se faisaient écrasés par d’autres tentant de fuir. Les anges reçurent de plein fouet mon attaque. Je m’en félicitai malgré les dommages collatéraux.

—Viens !

Je la suivis tandis qu’elle descendait les escaliers de ceux qui, jadis, avaient été une bouche de métro. Bien sûr, aucune rame n’y circulait plus si bien que nous nous engouffrâmes dans les anciens tunnels, avec aisance. Davy me conduisait vers la source de bruits et de grands fracas. Ce n’était pas fini. D’autres humains se faisaient attaquer.

Nous courrions vers eux quand une déflagration retentit derrière nous, suivie d’une gerbe de feu. Elle nous lécha le dos sans vraiment nous blesser. Que s’était-il passé ? Des anges nous attaquaient par derrière ou bien était-ce l’œuvre d’une bombe humaine… ou des dieux ?

Nous arrivâmes enfin sur les lieux de la bataille et le temps parut ralentir, le temps que je comprenne ce qui se passait sous mes yeux. Du sang… Il coulait des murs, du plafond, s’accumulait en une flaque à nos pieds.

Un homme noir de crasse tenait un long couteau, ses doigts tremblaient. Son regard désespéré, misérable croisa le mien. Une vision se superposa à la scène. Une adolescente blonde et au regard vif riait. Nous discutions, dans un couloir de… notre lycée. Laura. Ma meilleure amie. Ou plutôt mon ancienne meilleure amie, morte sous les coups d’un ange. Son père, Lucas, qui hurlait et moi, moi l’empêchant de rejoindre sa fille, l’éloignant d’elle, fuyant.

Je revins au moment présent. Lucas se battait contre deux anges. Davy ne réfléchit pas une seconde et se lança aussitôt dans l’action. Une fois encore, je restai plantée là, clignant des yeux, sous le choc.

Elle se rua sur l’un des anges qui tenait en joue Lucas. Sa magie envahit le tunnel, la température chuta d’une dizaine de degrés en quelques secondes. L’ange poussa un hurlement qui fut stoppé net dans son élan. Il expira, de la glace se formant au coin de ses lèvres alors qu’il était congelé vivant.

Cela ne lui avait même pas pris une minute mais ce fut suffisant pour l’autre ange. Il abaissa son épée et trancha net le cou du père de mon ancienne meilleure amie, mort, comme elle.

—Oh quelle horreur, soufflai-je.

Pourquoi ? Pourquoi la vie se montrait-elle si cruelle et injuste ? Qu’avait-fait Lucas pour mériter son sort ? Rien, tout comme Laura et des millions d’autres humains.

Je me forçai à relever la tête. Un autre homme défiait quatre anges. Ceux-ci l’encerclaient et je ne vis donc pas tout de suite son visage. Pourtant je savais. Il n’existait qu’une possibilité. Ryan, le chef des rebelles. Mon ex petit-ami.

Des souvenirs arrivèrent par cascades mais je les éloignai. Il était une chose que je ne désirai pas me rappeler, ma relation chaotique avec Ryan. Davy foudroya deux des quatre anges, ils tombèrent raides morts. J’appelai mon pouvoir et l’envoyai percuter un troisième. Il n’en restait plus qu’un.

Je pouvais à présent, voir l’humain, Ryan. Sa peau bronzée, ses cheveux blonds ébouriffés, ses yeux bleu ciel, rien n’avait changé. Il était toujours le même, contrairement à moi. Je n’étais plus Sofia, une rebelle humaine et la petite amie du chef Ryan. Non, j’étais devenue la princesse Sofia, déesse de la mort et princesse héritière de la cour Unseelie.

Ryan… Il abattit son arme sur la tête de l’ange et Davy l’acheva aussitôt. Puis, il releva les yeux et retint son souffla en me voyant.

—Ainsi, toi aussi, murmura-t-il.

Tant de souvenirs se bousculèrent, une foule d’émotions, un capharnaüm. Je baissai les yeux.

—Remontons, il reste des ennemis à occire, grogna-t-il d’une voix rauque.

Il avait raison. En haut, beaucoup d’anges s’en prenaient encore aux humains. A mon sens, après ce carnage, il ne resterait plus rien des rebelles.

Ryan attaqua derechef, suivie par Davy. J’amassai mon pouvoir, le façonnai et l’envoyai sur plusieurs anges. Je restai ainsi à distance, loin des coups. J’apprenais de mes erreurs. Ne jamais se retrouver cerner comme je l’avais été à Miami.

Un coup atteignit Ryan en pleine tempe. Il s’écroula dans la boue, une flaque de sang s’étendant autour de lui. Mon pouvoir jaillit en même temps que mes larmes, aveuglé par la colère.

Il faucha plusieurs anges avant que je ne le maitrise. Davy s’occupait déjà de cinq anges. Des humaines jonchaient le sol. Malgré cela, des anges arrivaient de partout. Un pressentiment m’étreignit, un mauvais pressentiment. Et si l’attaque ne visait pas les humains mais plutôt les dieux ? Ils savaient que nous protégions les humains.

Ryan se releva et grimaça en portant la main à sa tête.

—Fini de jouer.

Une chaleur suffocante accueillit sa déclaration. Il joignit les mains et les anges à sa portée se retrouvèrent coller au bitume. Leurs pieds fusionnèrent avec le béton.

—Un seelie, cria l’un des anges piégés avant de hurler d’agonie, brûlé vivant.

Ryan répéta la même manœuvre avec chaque ange passant à sa portée, créant une large zone de cadavres carbonisés autour de lui. Partout où je posais les yeux, des humains mourraient malgré notre aide. Mes forces commençaient à décliner. Nous n’étions que trois pour vaincre nos ennemis qui ne cessaient de se multiplier, eux.

Soudain, les lieux s’illuminèrent. Je retins mon souffle, saisie par un violent haut le cœur. Mon pouvoir s’éleva en moi, curieux de sentir cette vague d’énergie, si puissante, si mortelle. Je redoutai le pire.

Quand je pus de nouveau ouvrir les yeux, je vis chaque ange tombé, raide mort. Simultanément. Les lieux redevinrent calme, d’un calme glaçant. L’ombre de la mort rôdait, mon pouvoir exultait, voulait se tendre vers son pendant.

J’écarquillai les yeux en avisant la source de cette fulgurante victoire. Un homme se tenait au milieu d’un monticule de corps. Son pouvoir suintait de sa peau. Son regard se riva au mien et j’eus des frissons dans tout le corps, de délicieux frissons.

Mordred, ce ne pouvait être que lui. Il descendit de son mont de cadavres, le pas tranquille, la démarche assuré et marcha droit vers moi. Plus il s’avançait et plus il me paraissait grand. Ses muscles puissants jouaient sous sa peau pâle, scintillant comme l’eau au clair de lune. Des mèches de cheveux auburn effleuraient ses épaules ainsi que ses pommettes. Son visage aux traits masculins semblait être l’œuvre d’un sculpteur de génie. Ses yeux me détaillèrent, son regard d’un jaune doré s’attardant sur le mien. Le sourire qui ourla ses lèvres éclaira l’ensemble de sa personne si bien qu’il ne paraissait pas dépasser la vingtaine.

Ryan se renfrogna à côté de moi.

—Mordred, grogna-t-il en se rapprochant de moi.

Il ne lui accorda qu’un regard ennuyé avant de reporter son attention de moi et de déclarer :

—Ryan.

Davy s’approcha de nous lentement, le regard las, parcourant des yeux les tas de cadavres, humains et anges confondus. Aucun survivant humain hormis Ryan qui apparemment ne l’était même pas. Un dieu seelie…

—Merci, lui dit-elle. Tu nous as sauvés d’une fâcheuse situation.

—Je passais par-là, répliqua-t-il, désinvolte.

Ainsi donc Davy comptait seulement sur nous, sans aucune aide extérieure. Elle n’avait prévenue personne avant de se lancer dans la bataille, me souvins-je. Peut-être pensait-elle à une attaque mineure ou bien supposait-elle que Mickael aurait raison d’eux. Seulement, l’attaque s’était avérée beaucoup plus importante et la tâche ardue.

—Je te présente Sofia, notre princesse héritière.

Ryan écarquilla les yeux en me regardant à la dérobée. Je lui souris faiblement avant de reporter mon attention sur Mordred.

—Ainsi donc, voici enfin celle que tout le monde attendait, moi y compris. Il me tardait de poser les yeux sur ma fiancée.

—Fiancée ? Comme dans mariage ?

J’interrogeai Davy du regard qui hocha la tête. Ryan attendait patiemment, une ombre d’agacement dans le regard. Et Mordred ne cessait de me fixer, un mince sourire au coin des lèvres.

—Pourquoi ? Je veux dire… Comment ?

Mordred tourna la tête d’un air vaguement ennuyé.

—Doll ?

Elle haussa les épaules.

—C’est ton problème. Ce n’était pas à moi de la prévenir.

Il reporta son attention sur moi et je frissonnai des pieds à la tête. Je cachai tant bien que mal ma réaction et lui souris, attendant de plus amples explications.

—Il n’y a rien à comprendre. Ton père en a décidé ainsi. Point.

Voilà qui était clair.

—Bon, partons. Nous n’avons plus rien à faire ici. Ryan, tu nous accompagnes ? lui demanda Davy.

Il observa le carnage avec un air de profonde tristesse.

—Je suppose que oui.

Davy se mit en route et Ryan lui emboita le pas, sans un regard en arrière mais les épaules visiblement tendues. J’observai Mordred à la dérobée tandis qu’il s’éloignait. Il semblait perdu dans ses pensées et je fronçai les sourcils.

Je rejoignis Davy à l’avant mais ne put m’empêcher d’observer Mordred à la dérobée, un mince sourire au coin des lèvres. Il m’intriguait, me donnait envie de creuser ses pensées, de me frayer un chemin dans sa tête. Que pensait-il de moi ? Pourquoi lui et pas un autre ? La puissance suintait de chacun de ses pores. Mon père l’avait sûrement choisi pour une question de pouvoir. L’idée d’un mariage arrangé me choquait car cela datait d’une époque lointaine. Pourtant ce Mordred… il me fascinait.

Davy remarqua mon sourire et mes regards incessants vers Mordred. Elle me lança un regard curieux où flottait une certaine dose d’amusement. Je lui rendis son regard.

—Pourquoi t’appelles-t-on Doll ?

—C’est mon surnom. Mon prénom est Davy.

Evidemment.

Nous traversâmes le quartier entier pour rebrousser chemin. Nous nous retrouvâmes ainsi, près des canaux. Elle nous guidait vers les îles. Je regardais le sol quand un reflet capta mon attention. Je levai les yeux pour apercevoir une barrière de lumière d’un bleu soutenu.

—Bouclier d’énergie, m’indiqua Davy. Elle nous protège des autres espèces. Ils ne peuvent la franchir.

Elle me jeta à peine un coup d’œil avant de s’avancer. L’énergie se comportait comme de l’eau. Elle m’opposa quelques résistance avant de me laisser traverser. Je ressortis de l’autre côté, le souffle coupé.

Mordred et Ryan franchirent la barrière sans trop de difficultés. Je me retournai et suivis Davy. Une petite rue pavée s’étendait devant moi. Tout était intact, étincelant grâce à la barrière qui projetait une aura bleutée sur les bâtiments et illuminait le ciel. Mais le plus intriguant restait l’animation. Je n’aurais jamais cru que nous étions aussi nombreux de ce côté-ci des portails.

Des murmures s’élevèrent et je surpris des regards se tourner vers moi. Davy se fit insensible et fendit la foule, accélérant légèrement. Elle s’arrêta devant ce qui semblait être un hôtel de luxe.

—Voici notre résidence.

Levant les yeux, je contemplai l’immense édifice. Sa façade ancienne dégageait un charme authentique, remontant à une époque où le travail d’orfèvre, minutieux et flamboyant était à la mode. J’avisai la grande porte en bois, décorée de dorures. Doll nous fit entrer.

Le hall décoré de dorures portait la même signature grandiloquente que la façade. Partout où mon regard se posait, le luxe s’y prélassait. Un homme y attendait. Quand il nous vit, son regard s’éclaira. Ses cheveux argentés coiffés en une longue tresse pendaient dans son dos et se balança de gauche à droite tandis qu’en deux longues enjambés, il nous rattrapait.

—Sofia, voici ton oncle, le prince Andru.

Davy s’écarta pour nous laisser un peu d’intimité.

—Enchanté.

Il me sourit avant de me serrer dans ses bras. Je me crispai, surprise. Cet homme ne me connaissait pas et il se montrait tout de suite avenant. Nous partagions le même sang. Cette pensée me troubla. Je remarquai une légère ressemblance qui me mettait mal à l’aise. Comment ne pas connaître sa propre famille ? Cela me semblait contre nature.

—Je suis ravie de te rencontrer, Sofia.

Davy se racla la gorge. Elle avait remarqué ma gêne et venais à ma rescousse. Je la remerciai d’un sourire.

—Nous avons été attaqué par des anges. Les rebelles humains ont été anéantis.

Andru écarquilla les yeux avant de se concentrer immédiatement sur les propos de Davy. Etait-il anormal de se sentir plus à l’aise maintenant alors que nous parlions d’un massacre ?

L’épuisement s’abattit sur moi, l’adrénaline ne courant plus dans mes veines. Andru et Davy échangeaient sur les intentions de nos ennemis, Davy lui ayant expliqué ce qu’il avait manqué. Mordred les écoutait attentivement mais ne prenait pas part à la conversation et Ryan ajoutait quelque fois son avis, surtout quand on lui posait une question.

—Je vais vous laisser, dis-je tout d’un coup.

Davy stoppa net son argumentaire et Andru m’adressa un regard compatissant.

—Oh oui, bien sûr. Tu dois être fatiguée, articula succinctement Davy.

—Je vais te montrer où tu peux t’installer, me proposa aussitôt Mordred.

Me retrouver seul avec lui ? Je peinai à savoir si j’en avais envie ou pas.

—Moi aussi, j’y vais. Pas la peine de m’accompagner.

Ryan ne regarda personne et s’éloigna rapidement. Il monta les marches du grand escalier à droite comme s’il connaissait parfaitement les lieux. Ce qui devait être le cas. J’avais la curieuse sensation qu’il cherchait à m’éviter.

J’acceptai finalement de me laisser guider par Mordred et nous laissâmes Davy et Andru à leur discussion.

Nous empruntâmes le même chemin que Ryan et montâmes les marches de l’escalier majestueux, recouvert d’un tapis de velours rouges et réhaussés de feuilles d’or sur sa rambarde. Puis, nous empruntâmes un couloir caché par une porte habilement dissimulé dans un mur. Nous traversâmes en silence l’étroit couloir, éclairé par les flammes des bougies. J’étais tendue et une boule de nœud agitait mon estomac. Mordred lui, avançait tranquillement à côté de moi sans tenter de faire la conversation. De temps à autre, il me jetait un coup d’œil.

Nous passâmes par un petit salon et je compris que nous étions entrés dans des quartiers privés. Un couloir se situait au fond et deux portes s’y trouvaient.

—Ma chambre, dit-il en désignant celle de droite.

J’entrai donc dans celle de gauche, mon cœur cognant violemment dans ma cage thoracique. Sa chambre se trouvait à côté. Nous ne serions séparés que par une fine cloison. Cette idée m’enchanta.

Mordred me suivit.

—Sors de ma chambre, l’avertis-je en sentant les ennuis se profiler.

Il eut un rictus amusé. Ce qui me hérissa.

—Quoi ?

—Tu t’attends à ce que je t’obéisse. C’est charmant et a autant d’effet sur moi qu’un chaton qui crache.

Il se moquait de moi. J’observai la pièce, ignorant du mieux que je pus cet homme arrogant et débordant de dangerosité. J’embrassai du regard le haut plafond, les murs bleus, le parquet sombre et surtout l’immense lit trônant au centre. En forme de rond, il était recouvert de draps noirs et semblait m’appeler.

Un sourire étira les lèvres de Mordred quand je le regardai de nouveau.

—Quoi encore ?

—As-tu l’intention d’honorer la parole de ton père et roi ?

Mon cœur manqua un battement. Il était sérieux et attendait ma réponse. Mon cerveau tourna à plein régime pour me proposer divers phrases, sérieuses ou ironiques.

—J’y réfléchirai. Cette nuit si le sommeil me fait encore défaut.

Il rit, curieusement ravi par ma réponse. Quel personne étrange. Les dieux de la mort étaient-ils donc tous un peu givrés ? Si je me basais sur Mordred ou encore moi, la réponse semblait positive.

—Tu as des insomnies ? reprit-il.

—Oui.

Il se rapprocha de moi. Je me braquai mais le laisser quand même poser ses mains sur mes épaules.

—Je connais un sort pour s’endormir, veux-tu ?

Je hochai la tête, prête à saisir la moindre chance d’avoir un sommeil réparateur, de ne plus sentir la fatigue irriter mon cerveau et alourdir mes membres.

Il projeta son pouvoir en moi et récita deux mots dans une langue gutturale. Un léger voile se déposa devant mes yeux et mes pensées se firent désordonnées. Mes paupières se baissèrent sans mon consentement.

—C’est efficace, ne pus-je qu’articuler.

Il m’aida à m’allonger sur le lit.

—Ferme les yeux, chuchota-t-il à mon oreille.

Il déposa un léger baiser sur mon front. J’entendis la porte claquer tandis qu’il sortait de ma chambre. Je sombrai immédiatement dans un sommeil sans rêve.

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Dernière modification par zunic le lun. 30 juil., 2018 5:10 pm, modifié 1 fois.
Lalilol

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 3 partie 4 sur 4 disponible !

Message par Lalilol »

Ah ça ne me rappelle que des bons souvenirs cette histoire ! Je suis contente que tu ais repris la correction et même si je t'avoue, je ne me souviens pas parfaitement de l'histoire, je constate une amélioration et je prends encore beaucoup plaisir à lire. Vraiment continue et j'ai hâte de lire la correction de la suite (je veux donc bien que tu me préviennes quand tu postes la suite) !
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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 3 partie 4 sur 4 disponible !

Message par zunic »

Lalilol a écrit :Ah ça ne me rappelle que des bons souvenirs cette histoire ! Je suis contente que tu ais repris la correction et même si je t'avoue, je ne me souviens pas parfaitement de l'histoire, je constate une amélioration et je prends encore beaucoup plaisir à lire. Vraiment continue et j'ai hâte de lire la correction de la suite (je veux donc bien que tu me préviennes quand tu postes la suite) !
Coucou ! Merci, je te rajoutes donc à la liste des prévenus :) Oui, ça fait longtemps j'ai eu beaucoup de mal à faire un nouveau plan corrigé et avec la fac j'ai manqué de temps :x Mais maintenant j'ai tous mes chapitres détaillés, il ne me reste plus qu'à les écrire :) Je poste tous les lundis et le vendredis à 17h environ :) j'ai rajouté différents points de vue aussi pour enrichir l'histoire :p
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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 3 partie 4 sur 4 disponible !

Message par zunic »

Voici le chapitre 4 ! :)

CHAPITRE 4 PDV TSAKIEL

Ce qui s’était passé sur son territoire ne s’était produit nulle part ailleurs. Un vrai désastre, la honte de toute l’espèce. Les dieux venaient de marquer un point et même un gros. S’introduire dans son club, au cœur de sa ville et tuer la moitié de ses congénères. Le tout en une seule fois, un coup de force. Mais le pire était la face cachée de cette histoire, ce qu’il n’avait raconté à personne.

Khamiel se trouvait juste à côté de lui. Il ne put retenir une grimace de mépris. Cet homme, quoiqu’un archange, n’était rien de plus qu’une gêne. Il vivait dans l’ombre de sa sœur, Isa. Imbus de lui-même, avec une tendance à la lâcheté, Khamiel n’hésitait pas à trahir ses alliés pour se couvrir de gloire, pour chercher inlassablement l’approbation de ses pairs. Et il le faisait mal, en plus.

Tsakiel se méfiait tout particulièrement de lui, certain qu’il retournerait la situation à son avantage à la moindre occasion. Il se méfiait d’autant plus qu’il se savait fautif. C’était la plus grande erreur de sa vie et il ne la regrettait même pas.

Sofia, la princesse Sofia de la cour unseelie avait fait irruption dans son club pour l’assassiner. Aidée d’une autre déesse qui, il l’ignorait comment, s’était infiltrée au sein de son entourage. Des jours durant, il n’avait rien remarqué.

Sofia, il la connaissait. Comment l’oublier ? Elle avait hanté ses nuits depuis cette journée… Elle avait été sa prisonnière comme ses autres humaines. Elle s’appelait alors, Rose. Tout de suite, il avait senti en elle une force cachée, un potentiel destructeur. Il était doué pour reconnaître les dieux et son talent l’avait mené jusqu’ici, à diriger une puissante métropole et à occuper une place de choix dans son espèce. Il pourrait dégringoler de l’échelle sociale en une minute, à cause d’un si insignifiant détail.

Il l’avait libéré. Dans un éclair de compréhension, il avait décelé sa véritable identité. Qui pourrait-elle être d’autre ? Son corps, sa farouche détermination, la vulnérabilité qui se nichait dans ses yeux azuréen, ce mélange de détails, ce qui faisait d’elle cette jeune femme si ordinaire mais aussi si troublante, il était tombé amoureux d’elle. Maintenant encore, il ne pouvait restreindre la force de ses sentiments, il ne pouvait contenir le pincement de douleur qui le rongeait en pensant à elle.

Il se morigéna intérieurement et se força à prêter attention à ce qui se passait dans la pièce. Assis à côté de Khamiel, devant deux archanges des plus intimidants, il se releva sur son siège et soutint comme il le put, la vision glaçante d’Umabel, l’ange guerrière la plus puissante du régime, la propre fille de leur roi et de Laïos, premier général. Ils faisaient partie des instances supérieures, ceux qui jugeaient leurs congénères, ceux qu’on envoyait pour réparer les erreurs comme celle qu’il avait commise.

Umabel était une magnifique créature aux longues jambes, à la peau pâle, fine et délicate, au regard acéré et argentés comme les siens, preuve d’une puissance sans égale et aux longs cheveux tressés d’un lavande enchanteur, la beauté faite arme. Quant à Laïos, il faisait assurément partie du clan des brutes épaisses avec son allure trapue malgré ses deux mètres de hauteur, sa peau d’un bronze riche soulignant ses muscles gonflés par la musculation. Ses cheveux noirs étaient coupés court et ses yeux noirs, cerclés d’argent lui renvoyait une idée assez précise de la mort.

Une réunion se jouait ici même, une réunion qui déciderait de son avenir. Il ne désirait pas tellement garder sa place, cela ne l’avait réellement jamais enthousiasmé, le pouvoir. Non, ce qu’il souhaitait par-dessus-tout, c’était conserver sa tête bien en place, sur ses épaules.

—Vous êtes, à nos yeux, les deux seuls responsables. Car vous êtes les deux archanges les plus puissants des environs mais aussi parce que vous étiez tous les deux présents au moment des faits. Tsakiel, ces deux déesses ont ravagés ta boite de nuit et la moitié de tes hommes sont morts. Il est clair qu’elles n’auraient jamais dû pénétrer tes barrières. C’est une faute impardonnable.

Laïos continua d’allonger la liste de ses récriminations avant de passer au tour de Khamiel, qui écouta sans broncher.

—Cette déesse, Isa, ta sœur était présente et s’est battu courageusement pendant que vous fuyiez. Elle nous en a fait une complète description, une description riche d’intérêt, je dois l’avouer. Avez-vous une idée de son identité ? Tsakiel, toi qui a pu l’approcher de près, vu qu’elle portait l’apparence d’une humaine quand tu l’as rencontré la première fois, vu qu’elle a été ton esclave pendant plusieurs mois, as-tu une vague idée ? Sais-tu ce qu’elle représente pour notre roi ?

Il soutint le regard de Laïos mais ne répondit pas, par excès de prudence.

—Non ? Il s’agit de la princesse Sofia, la même Sofia que notre souverain a mis à prix. Elle était à ta merci, une otage de valeur pour notre espèce, la chance de gagner face aux dieux et tu l’as laissé t’échapper.

S’il savait…

—Vous ferez équipe pour la retrouver, continua Umabel. Je constituerais une autre équipe en parallèle. Si je mets la main sur Sofia avant vous, vous êtes morts. Cela vous donnera une motivation suffisante. Et dans le cas contraire, vous devrez me contacter pour m’informer de sa position et je déciderais de la marche à suivre.

En tant qu’ange guerrière, on lui confiait souvent ce genre de mission ainsi Tsakiel ne miserait pas sur lui. Elle était surentrainée.

Il hocha la tête malgré tout pour signifier son accord, non qu’il ait forcément le choix. Khamiel fit de même et la tension retomba quand ils quittèrent enfin les lieux. Il se retrouva donc seul avec l’archange le plus détesté de toute l’histoire de son espèce. Si cet idiot faisait mine de la trahir ou de jouer cavalier seul, il le tuerait sans aucun remords. Ce n’était pas l’envie qui lui manquait.

Il se leva. La pièce semblait soudain plus grande maintenant que ces deux grandes figures étaient partis. Les murs blancs de la salle de repos rendaient l’espace plus spacieux par un jeu d’illusion mais cependant plus froide. Les tables étaient ramenés contre les murs pour laisser le centre libre où deux chaises, celle de Khamiel et la sienne, avaient été disposés. Une mise en scène savamment pensé. Ils auraient pu les convoquer n’importe où à Miami mais ne lui avait pas laissé le choix. Ils avaient choisi l’unique pièce encore intacte de sa boîte de nuit pour le forcer à contempler les dommages.

—Je sais ce que tu as fait, avança Khamiel, brisant le silence.

Il lui jeta à peine un coup d’œil avant de sortir dans le couloir. Le feu avait ravagé le sol, creusant des trous dans le plancher, noircissant les murs et causant des effondrements à divers endroits.

—Et qu’ai-je fait ?

—Tu l’as libéré.

Il se retint de se retourner pour évaluer Khamiel. Pas besoin de préciser de qui il parlait, la réponse tombait sous le sens. Comment le savait-il ? Khamiel ne pouvait pas en savoir autant. Il se retint de lui demander, ce qui lui aurait donné l’avantage.

—Elle me l’a dit. Non, je lui ai plutôt arraché cet aveu. Tu aurais mieux fait d’y faire un peu plus attention. Je l’ai trouvé errante dans la rue. Je me souvenais très bien d’elle et j’avais déjà des soupçons mais je n’ai pas réussi à briser le sort qui retenait ses pouvoirs prisonniers. Et comment la présenter à notre bon roi sans être sûr de sa véritable identité ? Comment risquer de se tromper ? Toi non plus, tu as échoué à briser le sort, n’est-ce pas ?

Il avança jusqu’à la salle principale. Des cadavres jonchaient encore le sol, détrempés de sang. Il se tint à l’endroit où elle s’était trouvée quelques heures plus tôt. Son cœur accéléra dans sa poitrine quand il effleura de ses doigts le bois du parquet brûlé.

—Ainsi tu n’as rien dit. Pourquoi ?

—Il me semblait plus sûr de ne rien dire. En tout cas, tu as intérêt à coopérer.

Le coin de ses lèvres s’incurva en un semblant de sourire qui tenait plus du rictus moqueur que d’une manifestation de joie. Non, il ne se sentait pas de bonne humeur.

Il envoya un bref message à ses hommes, ceux qu’ils avaient survécus, pour les informer qu’il s’absentait. Il leur donna quelques directives nécessaires. Puis, il récupéra dans son bureau un sac contenant des affaires indispensables comme ses papiers et quelques vêtements, qu’il avait déposé là avant la réunion.

La pièce était semblable à toutes les autres, complètement ravagés par le feu. Ses affaires sentiraient la fumée mais il s’en fichait. Il se tourna vers Khamiel qui était venu sans effets personnels.

—Je n’ai besoin de rien. Si nous partons tout de suite…

—Je sais où la trouver, confirma Tsakiel. A Paris.

—Tu penses qu’elle est retournée chez elle ?

Sofia faisait partie de la cargaison envoyé par l’archange Raphael en charge d’alimenter les autres villes depuis Paris. Chaque humaine capturée était distribué dans les boites de nuit des autres villes sous contrôle angélique.

—Evidemment. Une chose que tu ignores, c’est que Paris est le siège des dieux. Ils dominent les îles.

—Pourquoi ne pas les assiéger alors ?

—Une poignée d’anges est au courant car ils maintiennent une barrière qui tuent n’importe qui s’en approchant. Je tiens ces informations de Raphael. Nous ne voulons pas risquer inutilement la vie de nos soldats. De plus, les dieux ont des pouvoirs à leurs dispositions qui nous sont inconnus. Regarde ce que deux de leur espèce ont fait à mes troupes. Si nous les attaquons sur leur terre, nous n’avons aucune chance. Il faut les piéger, les isoler.

Nous ne faisions pas le poids contre eux.

—Umabel sait très bien où la trouver, reprit-il. Elle espère juste que nous ferons le sale boulot à sa place.

—Prévenons Gabriel, dans ces cas-là.

Gabriel, l’archange en chef de Paris. Il se devait de le prévenir de sa présence prochaine dans sa ville. Adonis était l’archidémon en chef de la ville, se souvint-il. Deux des personnes qu’il redoutait le plus de voir. En un millénaire, il ne les avait jamais croisés. Il s’était appliqué à les éviter. Maintenant, il se retrouverait bientôt dans la même ville qu’eux. Ce n’était pas un hasard.

Les ordres venaient d’en haut et sa majesté voulait le voir souffrir.

—Non, nous lui annoncerons notre visite de vive voix.

—Ce n’est pas prudent.

Gabriel était fou. Un soir d’été 1098, sa vie avait basculé. Tsakiel avait dès lors, définitivement perdu le seul membre de sa famille qu’il aimait, son demi-frère.

—Je m’en fiche.

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Dernière modification par zunic le ven. 03 août, 2018 2:51 pm, modifié 1 fois.
Losa

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Re: Guerre sainte tome 1 Décadence (bit-lit, dark romance, vengeance) chapitre 4 disponible !

Message par Losa »

Désolé pour mon retard ! Les deux dernières chapitres sont super ! J'ai hâte de découvrir Mordred un peu plus !!! :) et de voir l'évolution de cette histoire :)
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