21 ans | Fils du Docteur Facilier | Puissant et Arrogant | Avec Ayna
Si j'étais du genre à m'apitoyer sur mon sors, je me dirais sans doute quelque chose du genre "pauvre moi, je fais une crise existentielle et maintenant je me retrouve menacé par une flèche à bout portant" cependant ce genre de résonnement ne mène à rien, j'ai suffisamment confiance en moi pour savoir que mes doutes me mèneront sûrement vers une voie qui me conviendra, et honnêtement, je suis excité à l'idée de cette découverte. Quand à Ayna qui semble considérer l'idée de transformer mon crâne en donut, je sais qu'elle n'en fera rien, puisqu'elle aurait déjà pu tirer et que je respire encore. De plus, mon arrivée a suscité un petit bruit dans les buissons, et je devine que c'est un animal que la princesse traquait, sans doute pour son animal de compagnie, et que contrairement à ce que j'avais tout d'abord conjecturé, elle n'avait pas son arme sortie pour un simple exercice de tir à l'arc.
J'écoute sa réponse, attentif. J'esquisse un léger sourire puisqu'elle assume que mon omniscience s'étend au point de connaître toute sa vie sans jamais lui avoir adressé la parole. Même si son histoire est liée à celle de mon père, apparement, ça ne veut pas dire que j'ai étudié toute la biographie de celui-ci. Il savait enterrer ses secrets, déterrer tous ses faits et gestes m'aurais pris plus d'une vie, si bien que je me suis concentré sur son parcours magiquement principalement, sa vie au sein de la communauté vaudou avant qu'il n'en soit banni pour ses actes dangereux, son pacte avec les Loas, ce qu'il a tenté pour s'en défaire. Et puis je n'avais pas forcément envi de connaître ses moindres faits et gestes au cours de sa vie, il reste mon père, un homme qui aimait avoir ses secrets, ce que je peux respecter. Par contre, s'il était dans les Iles du Sud avant la naissance d'Ayna, qui a 22 ans, sachant que j'en ai 21 et que j'ignore combien de temps il est resté là-bas... et si ma mère venait de-là? Naïvement j'ai toujours assumé qu'elle venait de la Nouvelle Orléans, ou au moins des USA, car nous n'avons jamais été très riche et je ne pensais pas qu'il avait les moyens de voyager jusqu'en Europe. Mais il les as visiblement trouvé, comme j'ai pu le faire moi-même après son trépas. Voilà un point commun avec lui que je ne nous connaissait.
Tu as vécu comme lui et tu finiras comme lui. Non. Je repousse cette pensé, ainsi que l'image de son visage figé sur la pierre tombale, son expression de pur terreur. Je ne suis plus un petit garçon seul et effrayé parce que son papa et mort et que la même chose l'attend. Je me suis débarrassé de sa dette. L'ombre de la mort ne plane plus sur moi. Mais je pourrais faire un autre pacte, gagner plus de pouvoir... Non. Contrôle ton égo. Je me concentre à la place sur la pensé qui commence à apparaître dans mon esprit: j'ai passé tellement de temps à fuir la mort de mon père que j'en ai oublié de m’intéresser à sa vie. Je pense que c'est quelque chose auquel j'aimerai remédier, je me suis concentré tellement sur les défauts qui l'ont tué afin de ne pas les reproduire que j'en ai oublié les qualités pour lesquels je l’appréciais et le respectais.
Je tente ensuite d’interpréter correctement les mots de mon interlocutrice, puisqu'elle me donne plusieurs pièces d'un puzzle, et que j'ai sans doute les connaissances nécessaires pour trouver les autres. Elsa n'aurait pas fait d'enfant avec Hans de son plein gré, et l'y contraindre physiquement n'est pas son genre, sans parler du fait qu'il n'aurait pas pu s'introduire dans Arendelle sans être vu. La solution à ça est évidente: ne pas être visible, ou du moins pas reconnaissable, et qui d'autre que l'époux d'Elsa serai bienvenu dans son lit? De plus, je connais mon père, et si son style de magie est beaucoup plus ostentatoire que le mien, nos pouvoir restent les mêmes, et déguiser l'apparence des gens en fait partie. La suite est évidente, Elsa n'apprécie pas d'avoir porté l'enfant d'un homme aussi vile à ses yeux que Hans, et l'existence même d'Ayna est trop pour elle, sans doute ne la voit-elle même pas comme son enfant, juste le produit d'une sombre magie étrangère et de l'esprit tordu de l'homme qui a faillit détruire sa famille. La petite Westergraad n'est alors à ses yeux pas une petite fille, mais un poids, une arme destinée à la blesser, qu'il faut éloigner, et Hans est plus que ravie de récupérer sa création, sa princesse qui déchaînera un hiver mortel sur ses ennemis et lui donnera enfin le royaume dont il a toujours rêvé. Encore une fois, pas une petite fille, mais une arme. Ayna a grandit en étant le poison de l'une et l'épée de l'autre, et je doute que son enfance ai été très joyeuse, sans parler du fait que ses pouvoirs ont mis longtemps à se développer, comme on peut le lire dans son aura. Sans doute parce que l'hiver à besoin de liberté pour montrer l'étendu de sa beauté, et on lit dans le visage froid et fermé de la princesse des Îles du Sud qu'elle n'en a pas eu beaucoup dans sa vie, sûrement trop enfermée dans son rôle de sauveuse impuissante, tentant dans ses jeunes années de satisfaire son père sans jamais y arriver pour jamais connaître l'insouciance de l'enfance. Quand à sa vengeance, j'imagine que la liste des cibles est sans fin: la mère qui l'a rejetée, le père qui l'a utilisée, le royaume qui lui est sûrement dû à ses yeux, peut-être même ses sœurs qui ont eu la vie dont elle rêve secrètement, et sans doute le reste du monde, tant qu'elle y est. Personellement, je ne suis pas un très grand fan de vengeance, par pour la raison morale qui dit que la justice et le vengeance ne sont la même chose, mais parce que vouloir se venger signifie qu'on laisse nos ennemis avoir du pouvoir sur nous et sur notre esprit, vu que leur bien être est déjà trop et j'ai vu des gens tomber dans l'obsession et la colère, s'oubliant eux-même. Si la personne qui nous a blessé n'est plus une menace, je considère qu'il est plus sain de ne pas s'accrocher à sa colère et de continuer de vivre pour soi, plutôt que de laisser des gens qu'on déteste avoir une emprise quelconque sur son esprit.
Je me demande si en dévoiler autant sur sa vie et ses objectifs vient d'un calcul de la part d'Ayna, ou si elle parle simplement librement. Après tout, elle semble connaître ma réputation, mais me dévoile quand même qu'au fond, elle est une petite fille maltraitée et en colère contre le monde, qui a décidé que le meilleur moyen de ne plus être blessée était de se cacher en haut d'une tour de glace et de laisser sa colère la diriger. Bien sûr, elle n'est sans doute pas que ça, elle est sans doute également réellement la jeune femme qui se tient en face de moi, un feu glacé brillant dans ses yeux presque incolore, dont le corset sombre qui sert au maintient et à la protection de son torse met en valeur son teint froid, et qui pourrais me planter une flèche entre les deux yeux si l'envie lui en prenait. Comme moi, elle a survécu à ce que la vie a pu lui faire subir, et je la respecte pour ça, mais, contrairement à moi, une partie seulement d'elle a évolué, tandis que l'autre est un feu, nourrie par son passé qui la réchauffe pour l'instant mais la brûlera sans doute un jour.
-Je ne connais pas aussi bien le passé de mon père que tu sembles l'imaginer, mais je peux reconstituer ton histoire avec ce que tu me dis, je lui répond simplement.
J'entends alors l'estomac de son léopard gargouiller discrètement et j'esquisse un sourire. Le priver de son déjeuné n'était pas mon intention, et j'imagine que l'animal n'a pas à être puni du fait que bavarder dans la nuit avec des inconnus soit un de mes hobbies, si bien que je décide de remédier à mon horrible méfait. Je repère rapidement un hibou qui vole à plusieurs mètres au dessus de nous et d'un léger geste de poignet, j'ouvre un portail vers l'Entre-Monde, une dimension facile d'accès pour moi puisqu'elle se situe entre le monde des vivants et des Loas, et l'oiseau, emporté par son élan s'y engouffre. J'ouvre alors immédiatement un second portail, au niveau de mes pieds, et le malheureux volatile vient s'écraser sur le sol, n'ayant pas eu le temps de comprendre ce qu'il lui arrivait ou de ralentir. Le craquement sinistre de sa nuque résonne, indiquant qu'il est mort, d'une mort rapide et indolore. Je me penche assez lentement, afin qu'Ayna ne me tire pas dans le crâne en pensant que je vais l'attaquer, et ramasse le hibou afin de le tendre au félin, qui le renifle prudemment avant d'en prendre une bouché. Toujours pied nu, un genoux posé sur le sol, je me permet de lui caresser le sommet du crâne prudemment d'abord, afin de ne pas perdre une main, mais voyant que mon contacte ne gêne pas l'animal plus que ça, je finis par y aller un peu plus franchement, la tentation étant grande puisque je n'ai jamais eu l'occasion d'approcher un tel animal d'aussi près. Je me demande si la princesse garde l'animal par réel affection ou plus comme une arme, voir un signe de son pouvoir, auquel cas elle reproduirai la dynamique qu'elle avait avec son père, mais en l'inversant. Ou bien au contraire, le léopard est le seul être qu'Ayna s'autorise à aimer et protéger, corrigeant ainsi son enfance malheureuse.
-Elle s'appelle Blood s'est ça? Comment est-ce que vous vous êtes rencontré?
J'ai hésité entre poser cette question et lui demander franchement pourquoi elle exposait à un parfait inconnu ses plans de vengeances, mais elle aurait facilement pu mentir sur cela, et puis je considère ma question sur le léopard tout aussi intéressante. De plus, je ne pense pas que de se lancer dans un débat qui pourrait mal tourner soit une bonne idée, étant donné qu'elle est en armure et armée, tandis que je ne porte que mon pantalon de voyage et une chemise propre que j'ai enfilé pour dormir. Cela ne veut pas dire que je ne pense pas pouvoir la battre si nécessaire, seulement que je suis plus d'humeur à poser des questions plus désinvoltes en caressant son animal.