Le Cycle du Serpent [I-III] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !
louji

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par louji »

Holaaaa


Ouiiiii depuis le temps qu'on l'attendait !! ♥
Go le traumaaaa ♥

Le début 🥹🥲

On sent que ça le touche vraiment le petit Adam.

"Pour peu, elle aurait pu croire à une haie d’honneur, mais c’était davantage une escorte de l’opprobre." :arrow: j'adore cette phrase

"— Moscou n’est… qu’une conséquence, on va dire… grinça-t-il. C’est… ça date d’avant." :arrow: haha c'est parti haha

"elle le regretta immédiatement à la manière dont il replia imperceptiblement ses épaules vers l’avant en bouclier." :arrow: vraiment, ils me font de la peine

"Adam lui avait confié son élève en gage de bonne foi" 🥲

"Enfin… Ma fille, c’est peut-être la mauvaise manière de te l’annoncer. Notre fille, devrais-je dire. Vanessa Akirès. Le faire-part est un peu tardif, désolé." :arrow: ok cette phrase vient littéralement de me détruire en même temps que Selvie 🥲👍💀

Aaaaaaaah.

C'est tout ce que j'ai à dire.
Mais Selvie ptn. Selvie 😭

"Enfin, le plus psycho, ce qui chez nous revient au même." :arrow: pourquoi tu me fais rire au milieu du drame :lol:

Les uppercuts de dialogue de Selvigia mamma.

"Amour ou égoïsme ? Un peu des deux, certainement, vu qu’il ne lui en avait jamais rien dit." Aaaaaaaaaaaaaaaaah

"ne pouvait voir les sillons des larmes qui avaient coulé en même temps que celles d’Eva." you want me to suffer. La façon dont il l'appelle Eva et pas Selvigia aaaaaaaaah

Bon j'ai eu mal mais c'était le but 👍

C'était très chouette d'avoir le pdv de Selvie et d'Adam sur cette partie de l'histoire. Ca fait du bien de sortir de la tête et de la perspective de Lily de temps en temps. Du côté de Lily on avait évidemment la culpabilité, mais les émotions sont beaucoup plus fortes du côté de Selvie et d'Adam (logique).
Puis damn ces uppercuts qui se foutent à la tronche sans se toucher une seule fois.

Bon jsp ce que c'est le pire dans l'histoire : qu'ils se soient jamais recroisés pour essayer de tourner la page ou qu'ils puissent de toute manière plus jamais se recroiser parce que... well we know 🥲


Remarques ortho-typo en vrac :
- "Elles accusèrent un bref instant le coup lorsque les suppresseurs de magie s’activèrent autour d’elles, coupant leur flux, échangèrent un bref regard" :arrow: répétition bref
- "le visage déformé par une rage soudaine. Il n’avait pas son visage habituel" :arrow: répétition visage
- "et elle lui offrit un sourire moqueur alla Lilith, le cœur battant." :arrow: alla ? Je connais pas :lol: à la ?
- "Ses lèvres frémirent, ses poings se crispèrent, enserrant un fil invisible, une ligne de vie. Dans ses yeux troubles, elle vit qu’il s’y raccrochait de toute son âme. Elle se sentit frémir " :arrow: répétition frémir

TcmA

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par TcmA »

Yo~

Bon ben j'ai mal, hein, fallait s'y attendre.

Adam et Selvi sont touchants, chacun de leur façon, Adam dans ses brisures et Selvi dans sa prudence et ses fêlures.
Elle est si fine dans sa compréhension de son environnement, et ça ressort bien dans ce OS, entre les soldats de la Confrérie qu'elle reconnaît et au moment où elle comprend les intentions d'Adam avec cette révélation.

Et Adam... Aussi chiant soit-il, qui ne pourrait pas compatir avec lui ? On sent bien qu'il est sur le point de tomber. Il est désespéré, et ça le rend dangereux. J'aime bien le moment où tu mentionnes que Lily le pousserait à bout parce qu'elle perçoit ça comme avoir un contrôle sur la situation (d'une certaine manière oui, parce que ce qu'elle fera sera juste en réaction à ce qu'Adam ferait) sans forcément se rendre en compte (ou alors ignorer) que c'est pas le bon chemin à prendre. Maintenant qu'elle est elle-même poussée à bout par tout, ça pourrait lui donner une fenêtre de compréhension (et d'attaque) sur eux (à comprendre : Kaiser). Je serai intéressée de voir la prochaine discussion entre Adam et Lily.
Mh.
A voir ce que ça donnerait parce qu'il faut encore qu'Adam apprenne la mort de Selvi, et vu à quel point il tient encore à elle (ce que l'OS raconte si bien), ça risque d'être compliqué (euphémisme bonjour).

Selvi... Tu devais la tuer hein ? ;w;
Coline a déjà relevé les passages qui font bien mal. Mais évidemment, j'aime me torturer donc question : est-ce qu'elle a eu le temps de faire son autel pour Vanessa ?

Tu crois que je t'ai pas captée ? "Elle avait tué à neuf ans" : or did she ?? :evil:

Bon.
Sur ce.
A la prochaine torture émotionnelle~

La bise
vampiredelivres

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Re: Le Cycle du Serpent : Annonce

Message par vampiredelivres »

Je m’appelle Lilith. Il y a quelques temps encore, j’étais une Élite de la Confrérie de Loki, une tueuse fantôme au service de sa famille. Mais cette existence anonyme s’est effondrée.
Aujourd’hui, j’erre dans les Neuf Mondes. Dotée de nouveaux pouvoirs que je n’aurais jamais osé imaginer, je cherche les clefs de ma survie, mon rôle dans cet univers. Je suis l’Élue, un rouage, une distorsion du flux magique, une anomalie du destin. Je vogue au gré des hasards des gens que je croise, je déconstruis les fils que les Nornes tissent. Je déchire des vies, j’en reconstruis d’autres.
Je ne cherche pas à retrouver la place dont on m’a évincée, je ne me bats plus par loyauté ou amour aveugle. J’ai laissé de côté les querelles intestines des Maisons de Midgard, j’ai abandonné l’idée de redevenir celle que j’avais été.
Mais je n’oublie pas ce qui m’a été fait.


30/09/2023

| † | † |


Oui, je suis une drama queen :mrgreen:
louji

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par louji »

Ouuuuuuh yaayyyyyyyyyyyy 😎

Ça va être le feuuuu 🔥 (et surtout ⚡⚡⚡⚡)
vampiredelivres

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par vampiredelivres »

Ouaiiiis, plus trop de 🔥🔥🔥 mais par contre beaucoup de ⚡⚡⚡ x)
TcmA

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par TcmA »

Alleeeeeeeeeez
vampiredelivres

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Le Cycle du Serpent [III] : L'Hiver des Maisons

Message par vampiredelivres »

Image
LIVRE TROIS : L'HIVER DES MAISONS

I just came here to end

I just came here to fight

Show you everything you said I couldn’t be

I became overnight

This is for the blood

This is for the tears

This is for my pain and my plight



~ Arise ~
The Seige


PARTIE 1 : DE SANGS MÊLÉS


L’assemblée des divinités est silencieuse. Le conseil a été ouvert quelques minutes seulement auparavant mais déjà, ils se sentent presque incapables de parler, trop sonnés pour proférer un mot.
— C’est… Vous nous avez propulsés dans une rébellion ouverte… finit par murmurer l’une d’entre eux.
Elle a de longs cheveux d’un blond pur et soyeux, parfaitement droits, et ses yeux d’un brun profond de terre fertile, pailletés d’or, étincellent d’une inquiétude sincère. À ses côtés, une autre déesse qui lui ressemble presque trait pour trait, différant seulement par ses cheveux sombres et son regard d’un anthracite, métallique, se tient silencieuse. Elle réfrène son sourire, observe le chaos naissant, la peur et les tensions qui s’éveillent.
— C’était le choix le plus raisonnable, finit par rétorquer un vieillard borgne en tête de table.
— Mais est-elle seulement assez puissante pour… nous sauver ?
— Elle le sera si vous faites comme moi, répond un autre aux côtés du borgne, si vous lui partagez votre sang.
— Donc nous devons miser notre existence sur une humaine… sur une fille du chaos ?
— Préférez-vous peut-être mourir au Ragnarök ? intervient Syn, rompant son silence tandis qu’elle sent la discussion dévier.
À sa question ne succède qu’un silence pesant.


| † | † |


Ils se sont assis en silence dans les plaines volcaniques rocheuses. Le paysage semble avoir été taillé au couteau dans des blocs de pierre rougeâtre, à coups d’arêtes sèches et de lignes brisées.
Finalement, l’un des deux craque, désespéré, se prend la tête dans ses bras.
— Elle est morte. Ils sont tous…
— Peut-être pas, rétorque l’autre.
— Elle ne peut pas avoir survécu… Pas à… lui.
L’autre ne répond rien, mais son expression s’assombrit. Effectivement, dans un affrontement contre Thor, aucune chance qu’elle ait survécu. Mais si elle est morte, alors qu’elle était l’Élue… que deviendra le Ragnarök ? Que deviendront les informations qu’elle a accumulées ? Comment libérer Mère ?
Elle n’a pas le droit de mourir. Pas avant d’avoir accompli sa tâche.
— Je vais faire une invocation, décide-t-il brusquement.
Et si son esprit mort ne répond pas à l’invocation… Tout est encore à venir.


| † | † |


Seule face aux trois silhouettes cagoulées, identiques en taille et en musculature, copiées et collées dans le même modèle d’uniforme comme s’ils étaient des triplés, elle regrette d’avoir accepté cette mission. Elle est partie avec un drapeau blanc, la quasi-certitude d’avoir l’immunité diplomatique. Mais soudain, face à eux, elle en vient à douter de sa sécurité.
— J’ai l’argent, finit-elle par annoncer d’une voix un peu trop forte pour être assurée. Où est-il ?
— Nous avions demandé à Emyja de venir, rétorque l’un des trois.
Sous le masque noir, dans la pénombre, impossible de voir lequel s’exprime.
— C’est moi.
Ils éclatent d’un rire rauque, dérangé, qui la fait frissonner jusque dans ses os. Elle devine que son apparence ne les trompe pas, et elle se demande un instant s’ils seraient capables de la tuer pour avoir menti. Mais ils veulent l’argent…
L’un d’entre eux s’approche, effleure du bout des doigts une boucle rousse. Elle inspire doucement, calme et mesurée, mais elle ressent dans les tréfonds de ses tripes un instinct animal qui lui hurle soudain de fuir.
— Si tu souhaites vraiment être Emyja…
La main glisse le long de sa joue, trace le contour de sa mâchoire, glisse vers sa gorge. Elle a déjà été confrontée à des meurtriers. Celui qui est en face d’elle est un professionnel. Il effleure sa trachée du bout des doigts et, d’une brusque pensée, elle décide de fuir. Il ne lui faut qu’un battement de cœur pour envisager une forme pour se métamorphoser, mais ses yeux la trahissent. Elle sent la main qui se referme en étau autour de sa gorge, le flux magique qui se coupe brusquement dans la salle. Coincée, elle sent soudain son souffle lui échapper.
— L’argent contre ta vie, ma belle. Sachant que tu n’es pas Emyja, ça me paraît une offre raisonnable.


| † | † |


     LIVRE 1 : LA CONFRÉRIE DE LOKI
     LIVRE 2 : L'ALLIANCE DES DÉCHUS


Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Interlude
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10


Digressions & autres hors-sujets
Digression : Loki et la forge des attributs divins
Casting
Casting (2)
OS : Le fauve
OS : Lokinette
OS : Istanbul
HS : Opium
HS : Résolutions

| † | † |


Welcome, Ladies and Gentlemen… to the drama.
Chose promise et chose due (avec un peu de retard, navrée, Co et Sasa vous savez pourquoi).

Ce prélude à la première partie est un peu dense, beaucoup d'infos même si elles sont assez explicites pour la plupart, donc vous n'aurez le premier chapitre que vendredi… mais promis, ça va être fun. En attendant… qu'est-ce que je peux vous promettre… je peux vous promettre des ✨ et des ⚡ et des moments 💖. Ah et aussi un peu de 🩸 et des ⚔️ et ⚰️ évidemment. Mais pas tout de suite. :D

En termes de rythme, on va rester sur un chapitre par deux semaines, ils sont aussi denses que d'habitude ^^
Bonne lecture ✨
Dernière modification par vampiredelivres le mar. 02 avr., 2024 8:13 am, modifié 11 fois.
louji

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par louji »

Holaaaaaaa

Trop contente que le T3 commence à paraître 😍



Le petit retour maintenant 👀

(l'image est bugée, je sais pas si c'est juste de mon côté ?)

Stylaaaaax l'assemblée des Dieux. C'est sympa de "prendre de la hauteur" sur l'univers :mrgreen: Et en plus ils parlent de notre Lily nationale... Mais la teneur des propos est légèrement... angoissante :lol: Je pensais qu'ils en arriveraient là. En même temps, makes sense. Et Thor va nous en faire un monstre de puissance en incitant les autres à faire pareil bordel (cc Odin au passage)

Mmmh faut que je remette mes neurones en plus pour essayer de comprendre qui sont les 2 personnes dans le 2e bout. (d'ailleurs, tu nous ferais pas un petit résumé détaillé du T2 pour nous aider à nous remettre dans la bain ? 🥹)
Déjà, j'imagine qu'il y a peut-être Ake ? Comme il parle de mère. Après, je sais plus trop où on était du côté de Kirstin, Tyko...

Hmm pour la dernière partie, je crois pas que ce soit un personnage qu'on ait déjà vu. Une Loki venue récupérer Adam ? Ce serait l'une des Elisa dont t'as déjà parlé ? Mystère, mystère :D

"et ⚰️" bon ça par contre 😭😭😭


Petits trucs :
- "son regard d’un anthracite, métallique," :arrow: gris ?
vampiredelivres

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : ven. 06 oct., 2023 7:29 pm Holaaaaaaa

Trop contente que le T3 commence à paraître 😍



Le petit retour maintenant 👀

(l'image est bugée, je sais pas si c'est juste de mon côté ?)

Stylaaaaax l'assemblée des Dieux. C'est sympa de "prendre de la hauteur" sur l'univers :mrgreen: Et en plus ils parlent de notre Lily nationale... Mais la teneur des propos est légèrement... angoissante :lol: Je pensais qu'ils en arriveraient là. En même temps, makes sense. Et Thor va nous en faire un monstre de puissance en incitant les autres à faire pareil bordel (cc Odin au passage)

Mmmh faut que je remette mes neurones en plus pour essayer de comprendre qui sont les 2 personnes dans le 2e bout. (d'ailleurs, tu nous ferais pas un petit résumé détaillé du T2 pour nous aider à nous remettre dans la bain ? 🥹)
Déjà, j'imagine qu'il y a peut-être Ake ? Comme il parle de mère. Après, je sais plus trop où on était du côté de Kirstin, Tyko...

Hmm pour la dernière partie, je crois pas que ce soit un personnage qu'on ait déjà vu. Une Loki venue récupérer Adam ? Ce serait l'une des Elisa dont t'as déjà parlé ? Mystère, mystère :D

"et ⚰️" bon ça par contre 😭😭😭


Petits trucs :
- "son regard d’un anthracite, métallique," :arrow: gris ?
Heheh :) Here we go again comme on dit ♡

Oui, l'image est plantée, je m'y colle rapidos, j'ai eu la bonne idée d'essayer de l'héberger sur chez moi mais ça marchouille encore à moitié.

On commence à intégrer les enjeux inter… mondiaux (oh damn :mrgreen: ). La teneur est autant angoissante pour eux que pour nous je crois, il s'agit quand même de leurs destins et de leur survie. (cc. Odin ce gros barjo oui, il aime bien les expériences bizarres lui)

Ehehe, il y a quelques petits indices mais au pire ce sera plus explicite dans le milieu de la première partie.
Yea, t'as bien visé pour l'un des deux. Maintenant, who's the second one ?

Non, la dernière c'est une amorce un peu lointaine mais ça va venir un jour. Ça se passe effectivement sur Midgard.

Oui bon je ne peux pas vous épargner les ⚰️ à un moment donné. Sinon qu'est-ce que ça deviendrait LCDS ?

Merci ^^
vampiredelivres

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : sam. 15 juil., 2023 6:09 pm Holaaaa


Ouiiiii depuis le temps qu'on l'attendait !! ♥
Go le traumaaaa ♥

Le début 🥹🥲

On sent que ça le touche vraiment le petit Adam.

"Pour peu, elle aurait pu croire à une haie d’honneur, mais c’était davantage une escorte de l’opprobre." :arrow: j'adore cette phrase

"— Moscou n’est… qu’une conséquence, on va dire… grinça-t-il. C’est… ça date d’avant." :arrow: haha c'est parti haha

"elle le regretta immédiatement à la manière dont il replia imperceptiblement ses épaules vers l’avant en bouclier." :arrow: vraiment, ils me font de la peine

"Adam lui avait confié son élève en gage de bonne foi" 🥲

"Enfin… Ma fille, c’est peut-être la mauvaise manière de te l’annoncer. Notre fille, devrais-je dire. Vanessa Akirès. Le faire-part est un peu tardif, désolé." :arrow: ok cette phrase vient littéralement de me détruire en même temps que Selvie 🥲👍💀

Aaaaaaaah.

C'est tout ce que j'ai à dire.
Mais Selvie ptn. Selvie 😭

"Enfin, le plus psycho, ce qui chez nous revient au même." :arrow: pourquoi tu me fais rire au milieu du drame :lol:

Les uppercuts de dialogue de Selvigia mamma.

"Amour ou égoïsme ? Un peu des deux, certainement, vu qu’il ne lui en avait jamais rien dit." Aaaaaaaaaaaaaaaaah

"ne pouvait voir les sillons des larmes qui avaient coulé en même temps que celles d’Eva." you want me to suffer. La façon dont il l'appelle Eva et pas Selvigia aaaaaaaaah

Bon j'ai eu mal mais c'était le but 👍

C'était très chouette d'avoir le pdv de Selvie et d'Adam sur cette partie de l'histoire. Ca fait du bien de sortir de la tête et de la perspective de Lily de temps en temps. Du côté de Lily on avait évidemment la culpabilité, mais les émotions sont beaucoup plus fortes du côté de Selvie et d'Adam (logique).
Puis damn ces uppercuts qui se foutent à la tronche sans se toucher une seule fois.

Bon jsp ce que c'est le pire dans l'histoire : qu'ils se soient jamais recroisés pour essayer de tourner la page ou qu'ils puissent de toute manière plus jamais se recroiser parce que... well we know 🥲


Remarques ortho-typo en vrac :
- "Elles accusèrent un bref instant le coup lorsque les suppresseurs de magie s’activèrent autour d’elles, coupant leur flux, échangèrent un bref regard" :arrow: répétition bref
- "le visage déformé par une rage soudaine. Il n’avait pas son visage habituel" :arrow: répétition visage
- "et elle lui offrit un sourire moqueur alla Lilith, le cœur battant." :arrow: alla ? Je connais pas :lol: à la ?
- "Ses lèvres frémirent, ses poings se crispèrent, enserrant un fil invisible, une ligne de vie. Dans ses yeux troubles, elle vit qu’il s’y raccrochait de toute son âme. Elle se sentit frémir " :arrow: répétition frémir

Eeeeet, effectivement, je n'ai jamais répondu, zut. Désolée.

Nan mais que ce soit le début ou la fin, y'a rien qui va.

Adam… j'ai adoré le voir moi aussi un peu plus vulnérable et vivant. Face à Lily il ne peut jamais se le permettre, mais face à Selvie, qu'il connaissait mieux, c'était plus simple. J'en ai fait un petit oignon qui révèle progressivement ses couches en fait x)

"Pour peu, elle aurait pu croire à une haie d’honneur, mais c’était davantage une escorte de l’opprobre." :arrow: j'adore cette phrase => Merci, j'en suis particulièrement fière aussi ♡

C'est deux bichettes traumatisées par des décennies de combats et de conflits qui ne se résolvent jamais vraiment. Mais c'est bien s'ils t'ont fait de la peine, c'était le but. :mrgreen:

J'avais besoin de détendre l'atmosphère en mentionnant Ekrest x)

Selvie aime bien lâcher des torpilles sous couvert de commentaires ou de remarques. Enfin, Adam aussi, mais moins violentes je trouve. Et même en réflexion, cf le "amour ou égoïsme, un peu des deux certainement". Celle-là quand je l'ai écrit je me suis roulée en boule pendant 3 minutes le temps de la digérer moi aussi. :lol:

Je crois que le fait qu'il continue à l'appeler Eva c'est le pire. Ça montre qu'il est toujours attaché à elle, qu'ils avaient quand même un sacré passé commun. Ça et le fait qu'ils ne se recroiseront pas, oui. Ça donne un chouïa plus de profondeur à l'histoire ; Lily est extérieure au conflit et elle n'est qu'une sorte d'intermédiaire qui a eu le sale boulot. Elle est loin d'imaginer ce qui s'est joué pendant son absence.

Merci pour les ortho-typo ♡
vampiredelivres

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par vampiredelivres »

TcmA a écrit : dim. 16 juil., 2023 12:43 pm Yo~

Bon ben j'ai mal, hein, fallait s'y attendre.

Adam et Selvi sont touchants, chacun de leur façon, Adam dans ses brisures et Selvi dans sa prudence et ses fêlures.
Elle est si fine dans sa compréhension de son environnement, et ça ressort bien dans ce OS, entre les soldats de la Confrérie qu'elle reconnaît et au moment où elle comprend les intentions d'Adam avec cette révélation.

Et Adam... Aussi chiant soit-il, qui ne pourrait pas compatir avec lui ? On sent bien qu'il est sur le point de tomber. Il est désespéré, et ça le rend dangereux. J'aime bien le moment où tu mentionnes que Lily le pousserait à bout parce qu'elle perçoit ça comme avoir un contrôle sur la situation (d'une certaine manière oui, parce que ce qu'elle fera sera juste en réaction à ce qu'Adam ferait) sans forcément se rendre en compte (ou alors ignorer) que c'est pas le bon chemin à prendre. Maintenant qu'elle est elle-même poussée à bout par tout, ça pourrait lui donner une fenêtre de compréhension (et d'attaque) sur eux (à comprendre : Kaiser). Je serai intéressée de voir la prochaine discussion entre Adam et Lily.
Mh.
A voir ce que ça donnerait parce qu'il faut encore qu'Adam apprenne la mort de Selvi, et vu à quel point il tient encore à elle (ce que l'OS raconte si bien), ça risque d'être compliqué (euphémisme bonjour).

Selvi... Tu devais la tuer hein ? ;w;
Coline a déjà relevé les passages qui font bien mal. Mais évidemment, j'aime me torturer donc question : est-ce qu'elle a eu le temps de faire son autel pour Vanessa ?

Tu crois que je t'ai pas captée ? "Elle avait tué à neuf ans" : or did she ?? :evil:

Bon.
Sur ce.
A la prochaine torture émotionnelle~

La bise
En même temps vous l'aviez demandée et redemandée. :D

Je commence à avoir des fêlures-(wo)man moi aussi, comme Coline. Je ne sais pas si ça doit m'inquiéter ou me rassurer sur la profondeur de mes personnages.
Selv, c'était une plongée en eaux troubles pour moi en tant qu'écrivaine, parce que comme j'écris énormément du pdv de Lily… finalement, il y a des fois où je la connais limite aussi peu que Lily. Je la découvre au fur et à mesure. Et c'est agréable.

Adam, chouchou, il était le genre de personnage que j'utilisais pour arriver à une fin dans le T1. D'ici la fin du T3, vous allez comprendre à quel point j'ai aussi appris à l'aimer. x)
Lily et Selv', c'est deux approches différentes de la situation et du personnage d'Adam, elles ont deux manières de le gérer. Parce qu'elles ont deux passifs différents avec lui aussi. Un jour peut-être, Lily comprendra comment Selv en est arrivée à le voir ainsi.
Nan mais c'est mister-fractures, Adam. Quand il va se manger la mort de Selvie… ahem… Eva dans la figure, il va encore prendre cher.

OUI JE DEVAIS.
Zut à la fin x)
Est-ce qu'elle en a eu le temps… qui sait. C'est une question à laquelle je ne répondrai pas, moi, je le laisse à la libre imagination de chacun.

Heheh, le petit faux-ami / faux-indice. Je vais vous embêter avec jusqu'au bout hein.

See you soon I guess ♡
vampiredelivres

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Le Cycle du Serpent [II] : Récap'

Message par vampiredelivres »

Apparemment le tome 2 était chaotique ?
Je ne vois pas pourquoi vous dites ça.

DU COUP, parlons peu, parlons bien, spoilons autant qu'il faut tout ce qui s'est passé jusqu'à maintenant. Ça va me permettre de donner une ou deux infos sur des changements mineurs d'intrigue prévus pour le 3.

On récupère Lilith et les Élites en début de tome 2 dans une position quelque peu délicate. La Confrérie est à leurs trousses, et ils dépendent entièrement d'une faction paramilitaire humaine appelée la Faction. Heureusement, Ekrest a quelques contacts là-bas, qui sont ceux qui les ont sortis de l'embrouille. Ceci dit, Lana (la cheffe de la Faction) et Lily ne s'entendent pas super bien au premier abord, et Lana décide de les mettre sous surveillance rapprochée tout en faisant bosser Lily pour elle pour compenser leurs frais "d'entretien".

En parallèle, un conflit mineur (j'aime bien les euphémismes ce soir) oppose Lily à Ekrest, qui malgré qu'il lui ait demandé de les libérer, a du mal à vivre avec sa propre conscience. Les Élites quant à eux ne sont pas beaucoup mieux en termes de mental, enfin à l'air libre après des années d'emprisonnement, et certains d'entre eux, Kirstin notamment, ont une forte propension à disjoncter façon étoile à neutrons.

Pendant ses quelques opérations pour la Faction, Lily est basée à Istanbul avec un soldat du nom de code Blade, son garde rapproché, dont elle se sert pour essayer d'oublier Kalyan et se sortir de son syndrome de Stockholm, tous deux sachant que c'est une relation de circonstance. Après quelques semaines, une rencontre dans un café avec Selvigia tourne au vinaigre, d'abord avec leur demi-sœur cachée, Syn, qui vient leur confier la mission de tuer Skadi, puis avec l'arrivée d'Adam à la tête d'un régiment de Loki venus tuer Lily et Selv. Lily décide de passer sous les radars, sachant qu'elle est la cible principale. Elle réussit à discuter avec Ekrest et à remettre les choses au clair, mais sacrifie sans le vouloir Blade, qui est une victime collatérale de la guérilla urbaine qui l'oppose aux Kaisers.

Accompagnée d'Éris, une Altérée (bio/génétiquement modifiée pour pouvoir combattre les demi-divins), elle se rend à Troie pour prendre le Bifröst et exécuter la mission de Syn, mais rencontre Adam au bas du pont arc-en-ciel. L'affrontement entre les Élites déchus et la Confrérie fait des ravages, les anciens prisonniers n'hésitant pas à tuer leur propre famille, certains (Åke) pour faire passer un message clair à Kaiser. Finalement, les Élites arrivent à capturer Adam, ayant massacré tous les autres, et Lily, Selv et Åke prennent le Bifröst direction Jötunheim.

Sur le chemin de Jötunheim, ils sont séparés (la manière dont ils sont séparés sera réécrite d'ailleurs). Lilith, paumée, se balade un peu comme une touriste jusqu'à tomber malencontreusement sur Urdabrunnr, l'une des trois sources primaires au pied des racines de l'Yggdrasil, où elle rencontre les Nornes. Elle y apprend qu'elle n'a pas de trame de vie, contrairement à tous les êtres vivants, ce qui fait d'elle un vecteur de chaos dans les fils bien ordonnés des déesses du destin. Ce que les vieilles déesses du destin n'apprécient pas trop. Elle se tire en courant, rencontre une ancienne connaissance (Max, fils de Njörd) sur le chemin, lui vole son cheval et part rejoindre Selvigia et Åke.

Åke se révèle (comme escompté) être légèrement maniaque et psychopathe, et aussi être le premier enfant (demi-divin) de Loki avec Synnöve/Emyja, sa jumelle. Also, il révèle à Lilith qu'elle est Consacrée à Loki, et que donc leurs vies et leurs flux magiques sont liés. Puis, ils reprennent leur route vers Mímirsbrunn, mais se font intercepter de manière assez explosive par Vali, un presque-dieu mythique connu pour avoir assassiné nombre de Loki. Le combat manque de les tuer tous les trois, et ils s'en sortent in extremis grâce à un plan foireux impliquant du shampoing.

Ils arrivent à Mímirsbrunn, où Lily retrouve Kal, à qui elle avait donné rendez-vous. (C'est un date mythologique auprès d'un dieu qui peut te donner la vérité mais te la faire payer au prix fort.) Kalyan et elle retrouvent une certaine forme d'équilibre dans leur relation tordue, notamment grâce à Selvigia qui partage son expérience avec eux, puis ils s'en vont interroger Mímir. Mímir annonce à Lily que pour payer l'info qu'elle demande, la localisation de la caverne où est emprisonné Loki, elle devra renoncer à sa pyromagie.

Elle refuse.

Et comme elle refuse, Loki l'emprisonne dans un rêve via leur connexion et la torture à l'infini jusqu'à ce qu'elle cède.

Ayant sacrifié sa pyromagie pour l'information dont elle avait besoin, la petite troupe reprend la route de Thrymheim, où réside Skadi, pour la tuer. Cependant, Åke ayant un tempérament explosif et n'appréciant guère Kal, il finit par quitter le groupe, et Selvigia le suit pour remplir l'autre part de la mission qu'ils ont à Jötunnheim (avertir de l'arrivée prochaine du Ragnarök). Lily et Kal continuent donc en solo, et là c'est les moments Lilyan qui commencent à arriver au fur et à mesure qu'ils apprennent à fonctionner ensemble et à communiquer.

Sur la route, ils sauvent une connaissance commune, Thalia fille de Freyr, d'un géant qui la traitait comme un hochet pour enfant, et l'amènent en catastrophe à Skadi pour la faire soigner. Pendant qu'elle réside à Thrymheim, Lily se fait passer pour une fille de Thor et commence à fureter pour essayer de trouver comment assassiner Skadi, mais elle se fait capturer. Elle atterrit dans les geôles de la géante, où elle retrouve Levi, parti en expédition pour libérer Loki quelques mois plus tôt. Levi et elle parlent un peu à cœurs ouverts, elle lui révèle la trahison de Kaiser et lui raconte la mort de ses camarades dévorés par Skadi. Puis, quand vient leur tour d'être sacrifiés sur l'autel, Lily réussit à se libérer et avec l'aide de Kalyan, défonce Kaiser et ses enfants avant d'installer le seul demi-géant de la famille sur le trône de Thrymheim. Ils récupèrent Ake (j'en ai marre de son accent sur la a, skip) et Selvie, et se tirent, retrouvent Max et Thalia sur la route.

And then, Thor débarque and Selvigia dies, pour le grand trauma de tout le monde.

Bon, en vrai le combat s'éternise un peu, ils essaient de trouver une strat' potable pour survivre (spoiler, il n'y en a pas), jusqu'à ce que Lily décide d'invoquer l'esprit de Loki via son lien de Consacrée. Loki fait une feinte classique à Thor, manque de le tuer, et c'est finalement Lily qui s'interpose. Entre temps, tous les gens du groupe se sont tirés en courant, sauf Kal, qui est au sol, à deux doigts de la mort. Lily et Thor passent un accord, une vie pour une vie. Elle a épargné Thor, Thor réanime Kal. Et, Thor n'étant en fait pas là pour la tuer mais pour évaluer sa puissance, il lui donne son sang.

Bilan de l'histoire, on a donc une Lily électrique on the loose, ayant encore un contrôle approximatif de sa foudre, et devant libérer Loki un jour prochain.

J'ai rien oublié ?
vampiredelivres

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Le Cycle du Serpent [III] : L'Hiver des Maisons

Message par vampiredelivres »

Alors un peu de terminologie nordique avant que vous ne vous engagiez dans les sentiers abrupts de ce chapitre :
dvergr [pluriel dvergar] : nom nordique donné aux nains
dvargen : adjectif associé, inventé par mon cerveau tordu


CHAPITRE 1


Je n’avais pas l’habitude de me réveiller dans des draps de soie. Et, pour peu qu’on se penche vraiment sur mes habitudes, j’étais encore moins accoutumée au fait de me lever dans l’une des plus prestigieuses suites du château du roi Ankri de Stronstall, avec une magnifique vue sur la cité dvargen, construite tête en bas dans une ancienne chambre magmatique. Quand, un peu émerveillée et perturbée, j’avais posé la question, on m’avait expliqué que cela avait paru plus simple, à l’époque, de construire les bâtiments en partant du plafond. Je ne voyais toujours pas en quoi il était naturel de construire ainsi, mais après tout, je ne pouvais pas vraiment contester le génie du choix puisque, contrairement à moi, les dvergr étaient des bâtisseurs-nés.
Perchée à la fenêtre, enveloppée dans le drap que j’avais traîné derrière moi en sortant du lit, j’admirai en silence la ville qui se réveillait lentement. Les dvergar étaient, pour peu qu’on leur en laisse l’occasion, de véritables marmottes. Ils festoyaient jusqu’à des heures improbables, puis se réveillaient en milieu de matinée, et leur « petit-déjeuner » faisait souvent office de repas de midi. Plus d’une fois, j’avais vu Ankri, les yeux bouffis de sommeil, encore un peu saoul de la veille, somnoler devant un sanglier rôti ou une carcasse de rapace braisé. Contrairement à moi, qui étais souvent debout à l’aube – enfin, ce qui faisait office d’aube dans la caverne, soit un vague rougeoiement et quelques lumières allumées. Je ne comprenais toujours pas comment ils faisaient, mais en tout cas, je ne pouvais pas me plaindre. La vie ici était agréable.
Pour une fois, les locaux semblaient se lever un peu plus tôt. Il y avait plus de lumières que d’habitude allumées aux grandes fenêtres, quelques navettes circulaient déjà entre les tours qui piquaient vers le sol. Les ronronnements des moteurs, pourtant amplifiés par l’acoustique de l’immense grotte, ne parvenaient pas à traverser l’épais verre. La pièce dans laquelle j’étais était silencieuse, à l’exception de deux respirations profondes. Celle de Kalyan, qui dormait toujours dans le grand lit, et celle de la dvergr, qui avait essayé d’être la plus discrète possible en entrant quelques minutes auparavant.
Je me rappelais qu’il m’avait dit, quelques semaines plus tôt, que tout serait plus facile si j’apprenais à maîtriser cette nouvelle faculté que je possédais. Mais, à l’époque, je ne m’étais pas rendue compte à quel point il avait raison. Devant deux Thor, dont un Hamershot, les portes des plus inaccessibles palais s’ouvraient en grand. Seigneurs et rois s’inclinaient presque devant les enfants du dieu de l’orage, seulement retenus par l’estime qu’ils avaient d’eux-mêmes. Et par leur arrogance, mais ça c’était un inévitable problème.
Le simple fait d’avoir les yeux bleu électrique rendait tout beaucoup plus accessible. D’autant plus que Kalyan portait avec lui quelque chose de plus important encore que son sang de Hamershot ou ses yeux de fils de Thor. Il amenait avec lui le respect, extrêmement prisé, qu’il avait gagné auprès du peuple dvergar. Un respect presque impossible à acquérir, et encore plus difficile à préserver. Pourtant, Ankri l’avait accueilli d’une accolade fraternelle et d’un grand sourire. Je me doutais qu’il devait y avoir un exploit parfaitement héroïque derrière ce genre de respect, mais je n’avais jamais vraiment eu l’occasion d’aborder la question avec le concerné.
Cette double sécurité m’avait évité bien des ennuis. En principe, si j’avais voulu me frayer un chemin jusqu’au cœur de Stronstall, j’aurais dû passer les barrières des entrées dérobées sous la forme d’une souris, lutter chaque instant pour dissimuler mon identité et ma nature, rester toujours aux aguets. Là, avec simplement des iris naturellement bleus et non turquoises, les grilles s’étaient ouvertes et les dvergar s’étaient inclinés sur mon passage. C’était d’une simplicité effarante.
Mais, même après plusieurs semaines ici, je n’arrivais pas totalement à me défaire de la sensation que je n’étais pas à ma place. Je n’étais pas de ceux qui se promenaient à la lumière. J’étais un assassin, je ne restais jamais sur place plus de trois jours, je ne gardais la même apparence trop longtemps. J’étais censée être invisible, pas exposée sous le feu des projecteurs.
Enroulée dans ma couverture, je sentis un frisson descendre le long de mon échine, sans pour autant être capable d’en trouver la cause. Les yeux perdus dans le fouillis de pierre et de lumières, je suivis le tracé élégant d’une navette qui piquait vers le fond de la caverne. Au ras du lac artificiel au fond, elle s’immobilisa, et une douzaine de dvergar en sautèrent, droit dans les profondes ténèbres de l’eau. C’était la seule chose qui m’avait réellement déplu, dans cette cité grandiose : ce lac. Un simple faux pas, un coup un peu vicieux dans le dos, et c’était une chute libre de quelques centaines de mètres, avant un plat violent sur l’eau glacée. Un seul moyen d’y échapper : se transformer. Mais c’était aussi signer la fin de mon illusion de fille de Thor, or c’était la seule chose qui préservait ici ma vie.
Sur cette sombre pensée, je décidai de me détourner de la vitre.
— Vous êtes toujours debout aussi tôt.
La jeune dvergr n’avait osé rompre le silence que maintenant que je lui faisais face, et, même après les deux longues semaines écoulées, elle s’étonnait encore.
— Les vieilles habitudes ont la peau dure, souris-je doucement.
Elle avait déjà bien dû me faire la remarque trois fois durant seulement cette semaine, et je lui avais toujours répondu de la même manière.
— Ceci dit, je ne t’ai jamais demandé d’être réveillée en même temps que moi, ajoutai-je avec un mince sourire.
— Je suis là pour vous accompagner à tout instant, se contenta-t-elle de répondre.
J’inclinai la tête, refusant de lutter. J’avais appris, quasiment à mes dépens, qu’il n’était pas bon de refuser l’hospitalité des dvergar. Ils tenaient à leur réputation presque autant que je tenais au secret de mon identité actuelle, ce qui avait failli nous amener tous les deux à nous entretuer à mon arrivée. Je n’avais pas l’habitude d’être traitée avec respect ici, j’étais toujours aussi crispée lorsqu’un officier ou un intendant m’approchait. Kalyan et moi avions expliqué cela par le temps que j’avais soi-disant passé à vivre à Jötunheim, inconsciente du monde qui m’environnait.
Songeuse, je finis par me détourner de la grande vitre et me diriger vers la salle d’eau attenante, et la dvergr, Keirv, resta dehors, veillant sur la porte. Cela aussi avait été un terrible sujet de discorde au départ. Je n’étais absolument pas préparée à ce qu’elle m’accompagne partout, y compris dans ma douche. On avait fini par m’expliquer qu’il s’agissait d’éviter les « incidents » diplomatique – les assassinats impromptus donc – aux moments les plus inopportuns. Ceci dit, c’était l’une des rares choses sur lesquelles j’avais absolument refusé de céder, et sur laquelle Kalyan m’avait appuyée jusqu’à ce que j’obtienne mon intimité. Je n’étais toujours pas à l’aise avec l’eau, malgré le temps qui s’était écoulé, et je préférais éviter une crise publique qui susciterait des questions indiscrètes.
La porte donc soigneusement verrouillée – les loquets dvergar n’étaient évidemment pas de simples clés, mais plutôt un système complexe d’engrenages qui s’enfonçaient dans la pierre des murs – je me débarrassai de mon drap, me plantai face au miroir poli. Il était entouré d’une mince bande d’havis, une roche luminescente dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à arriver ici, qui générait juste assez de lumière pour rendre la pièce agréable. Je passai lentement mon bracelet le long du lavabo, qui s’illumina à son tour du même éclat blanc légèrement bleuté. Ils avaient essayé de m’expliquer le processus thermodynamique qui faisait fonctionner toutes ces lumières, mais j’avais rapidement abandonné l’idée de comprendre. Cela fonctionnait, et ça me suffisait amplement.
Je mis lentement les pieds dans la « douche », une sorte de cabine de pierre reliée au circuit d’eau chaude de la ville. Sur une pression le long de l’un des murs, une partie du courant qui circulait dans le mur fut dévié, et se déversa sur me épaules, m’arrachant un bref tressaillement. L’eau était ceci dit à une température impeccable, ni trop chaude, ni trop froide. Je renversai la tête en arrière, laissant le jet remonter progressivement le long de ma nuque jusqu’à mouiller mes cheveux mi-longs. J’avais opéré une transformation quasiment complète avant d’entrer dans la ville souterraine, sachant pertinemment que le moindre usage de mes pouvoirs d’origine ferait sonner toutes les alarmes des dvergar. Ils avaient des détecteurs à enfants de Loki particulièrement sensibles, comme j’avais déjà pu le constater quelques années plus tôt quand j’étais venue passer un marché dans le coin. Et comme je tenais particulièrement à mon identité de jeune fille de Thor fraîchement débarquée, j’avais mis ma magie naturelle en veilleuse, y compris pour mes petites métamorphoses du quotidien.
J’essayai d’expédier la douche aussi rapidement que possible, lavage de cheveux inclus. Les traumatismes du passé ne me paralysaient plus autant, mais ils n’étaient pas trop loin sous la surface pour autant. Un peu d’eau dans le nez à un moment inopportun suffisait à me causer des accès de panique. Je ne nagerais pas de sitôt.
Une fois lavée, je m’enveloppai dans une serviette, déverrouillai la porte, laissant derrière moi le scintillement naturel de la roche qui s’estompait progressivement, et revins dans la chambre. Kalyan dormait toujours, même s’il avait changé de position.
— Irez-vous à l’arène aujourd’hui ? m’interrogea Keirv à mi-voix en ouvrant discrètement une malle collée à un mur, cherchant des vêtements appropriés.
— À ton avis ?
— Dès le matin ?
— Bien sûr.
Elle sourit, mais ne dit rien. J’avais fini par l’apprécier, ce petit brin de femme d’un mètre quarante qu’on m’avait attribué comme accompagnatrice, intendante et dame de chambre, d’une certaine manière. J’avais cru comprendre qu’il s’agissait de la fille d’un noble forgeron réputé, et que par conséquent m’accompagner tout au long de la journée le temps de mon séjour était une forme d’honneur, tant pour elle que pour moi. Au début, le chaperonnage m’avait quelque peu frustrée, mais finalement, je le vivais bien. Elle était là pour me permettre de combler les différences culturelles que je ne saisissais pas, m’expliquer les traditions et me montrer tous les coins de la ville que je n’aurais jamais exploré sinon. Kalyan avait aussi son propre accompagnateur, une créature petite à l’allure fourbe qui me donnait l’impression d’être en train de m’espionner perpétuellement. Il s’appelait Miri, et il était apparemment un quelconque neveu lointain du roi Ankri. De ce que j’avais compris, obtenir le poste de chaperon de Kal avait été un combat acharné pour lui, et il ne le cèderait pas même sous le fil de l’épée.
Keirv me présenta trois tenues de soie, qui pouvaient autant être portées au combat qu’en ville, et qui avaient fini par être mon style vestimentaire par défaut depuis que j’étais arrivée ici. Car s’habiller de joggings et de combinaisons militaires n’était apparemment pas approprié à la cour d’un roi tri-centenaire. Ou du moins c’était l’argument que Kal m’avait présenté quand il m’avait enjoint d’accepter la malle de tissus outrageusement coûteux.
— La verte, désignai-je finalement.
Elle acquiesça, déposa les deux autres, et me tendit les vêtements. Je m’habillai hâtivement, déjà pressée de sortir. J’aimais mon rythme de Midgard, où je partais courir à cinq heures du matin, où à huit heures, tandis que d’autres se levaient, j’étais déjà échauffée, entraînée, et je pouvais attaquer une journée de travail convenable. Cependant, depuis quelques mois, mon « travail » avait sensiblement changé. J’étais passée de la première Élite de la Confrérie de Loki, un poste aussi haï que convoité, à la survivante traquée qui faisait tout pour se faire oublier. J’avais affronté deux dieux, survécu et même tué l’un d’entre eux. J’étais passée de l’une des plus puissantes filles de Loki à une sang-mêlée aux pouvoirs encore chaotiques, qui avait presque autant perdu que gagné ses pouvoirs.
Keirv me guida vers la sortie, et fit un signe à l’un des dvergar qui passaient par là. Elle lui glissa quelques mots dans un dialecte que je ne connaissais pas malgré les nombreux cours de langues d’Ekrest, et il acquiesça et s’éclipsa en accélérant le pas. Le seul mot que je pensais avoir compris, pour l’avoir entendu plus d’une fois dans les parages depuis que j’étais arrivée, était shaal. Navette.
Décidément, je pourrais presque m’habituer à ce qu’on me traite comme une princesse.
Les couloirs étaient vides de la noblesse locale qui les arpentait régulièrement en soirée. Il était tôt, ils n’avaient pas encore émergé de leur coma alcoolisé de la veille. Les sons de nos pas se réverbéraient entre les murs de pierre taillée, polie et poncée jusqu’à ce qu’elle brille au moindre éclat de lumière. Ça et là, des veinures plus pâles scintillaient parfois, signifiant la présence d’havis. Elles étaient allumées lorsque la clarté de l’extérieur qui passait par les larges fenêtres ne suffisait plus pour éclairer les couloirs.
Je marchais lentement, savourant le calme matinal, malgré ma tension sous-jacente. Elle ne m’avait jamais quittée depuis que j’étais entrée dans la caverne géante, et elle m’obligeait à rester envers et contre tout sur le qui-vive, malgré les murmures admirateurs et les regards envieux. Je savais que c’était une situation précaire, que je pouvais basculer à tout instant, et qu’un seul faux pas nous mettrait Kalyan et moi en terrible danger. Moi pour être tout simplement une fille de Loki, lui pour m’avoir protégée.
— Comment se passent les préparatifs d’Arsinwa ? demandai-je tout en cheminant.
— Arshina, sourit Keirv en corrigeant ma prononciation.
— Arshina.
— Plutôt bien, il manque encore quelques dizaines de jours de collecte de pierres précieuses avant que nous n’ayons atteint le quota.
— Et ton frère…?
— C’est un… comment dites-vous, déjà ? Un bourreau de travail ?
J’approuvai d’un hochement de tête.
— Exactement.
— Comme vous, nargua-t-elle d’une voix douce.
Je ricanai, et elle pouffa discrètement. Au début si timide et discrète, elle avait osé par-ci par-là quelques traits d’humour, que j’avais encouragés jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’elle pouvait se les permettre en toutes circonstances. Elle se retenait lorsque nous n’étions pas seules, consciente qu’elle se ferait sévèrement réprimander, mais le faisait lorsque nous étions par exemple en déplacement comme ici. Les bruits du couloir noyaient nos convrsations, étouffaient nos rires, et elle se laissait aller. Ce qui m’allait très bien. J’avais l’impression que, depuis que j’étais arrivée, elle paraissait aussi plus à l’aise dans ses conversations avec les autres dvergar. Mais en même temps, on s’esquintait à me faire plaisir à tous les coins de rue, et elle était mon unique intermédiaire. Son statut social s’élevait apparemment en même temps qu’on apprenait à me craindre dans les combats.
Une douzaine d’étages plus bas – via un ascenseur vertigineux aux parois de verre que je n’étais pas encore certaine d’apprécier – nous arrivions à une sorte de spatioport tête en bas. Les navettes étaient similaires au suspenseur de Kalyan, de larges demi-coquilles de verre sur une coque presque aussi ovoïde, mais fondue dans un alliage de métal où les jointures se voyaient à peine. Elles étaient suspendues à des cordes de métal tressées, souples mais particulièrement solides, et on embarquait comme dans un bateau à quai.
La nôtre nous attendait déjà lorsque nous entrâmes dans le spatioport, moteurs allumés, sifflant dans l’espace fermé comme des milliers de criquets enfermés. Notre chauffeur, perché sur son siège, avait déjà les manettes en main, et il fit vrombir le réacteur en guise de salut. Keirv lui adressa un salut de la main, nous sautâmes dans l’embarcation, bouclâmes nos ceintures, et le capot en verre se referma lentement, coulissant en place selon une mécanique que je n’appréhendais décidément pas. Il y avait des dizaines de choses qui m’auraient paru logiques à Midgard que les nains – pardon, dvergar – faisaient à l’envers, et des dizaines d’autres qui me paraissaient contre-intuitives et qui pourtant fonctionnaient parfaitement. Les objets qui s’ajustaient automatiquement à la bonne taille faisaient partie de ces choses que j’avais du mal à assimiler.
Les crampons des cordages lâchèrent tous en même temps, d’un seul coup. La navette plongea d’une bonne dizaine de mètres en quasi chute libre – une sale blague qui en faisait verdir plus d’un, mais qui me faisait sourire – puis se stabilisa d’un seul coup, pivota sur place, et accéléra doucement. Le cœur encore secoué, mais amusée par le plongeon, je m’enfonçai dans mon siège, apaisée par la bulle hermétique qui étouffait presque totalement la pulsation du moteur à combustion de flux.
La cité ayant été construite dans un ancien volcan, il y avait un certain nombre de conduits creusés par la lave qui permettaient d’accéder à la surface. Le plus large, situé au centre, avait été bouché car trop difficilement défendable, et couvert d’un bouclier magique surpuissant. Étant donné le palais se trouvait juste en dessous, c’était compréhensible. Les autres, disséminés un peu partout entre les bâtiments qui pendaient en stalactites depuis le plafond, avaient des tailles variables et des accès différents. Certains étaient uniquement pédestres, mais pour en avoir emprunté quelques uns, je ne les recommandais qu’aux randonneurs avertis. D’autres étaient mixtes, et je détestais le vacarme des navettes qui passaient à toute vitesse à côté, explosant mes tympas. Les derniers, enfin, étaient uniquement destinés aux vaisseaux eux-mêmes, et ce fut l’un d’entre eux que nous empruntâmes. Dans la circulation matinale encore fluide, notre coquille d’œuf fusa à toute vitesse, louvoyant dans les virages serrés de la roche.
Il ne fallait décidément pas être claustrophobe quand on était un dvergr de Stronstall. Entre la grotte sans soleil naturel, les corridors étroits qui menaient à la sortie et les bâtiments au combien incroyablement designés mais collés les uns aux autres… c’était un mode de vie que je ne tolèrerais pas plus de quelques semaines.
Mais finalement, l’éclat de la lumière du soleil qui ne s’était levé que depuis peu frappa mes rétines habituées à la pénombre, et je souris en sentant le rayonnement chaud traverser le verre. La navette jaillit dans l’air frais, catapultée par sa propre accélération, survola une vaste plaine vide avant de plonger à nouveau vers le sol, cette fois aux alentours d’une arène à ciel ouvert construite à quelques kilomètres de la ville. C’étaient là que se tenaient les grands tournois nains et, lorsqu’ils n’avaient pas lieu, les entraînements. Le pilote, qui devait avoir été prévenu, nous gara tout près de l’entrée extérieure des vestiaires – situés au sommet de l’amhithéâtre, évidemment, pour contredire ma logique humaine qui les aurait placés en bas – nous laissa descendre, puis éteignit les moteurs. Les navettes se garaient suspendues au-dessus du vide, comme en ville, tout en haut de la grande structure hémisphérique.
Keirv sur les talons, je traversai les vestiaires en vitesse, descendis les marches au pas de course, et bouclai mon sprint le long du périmètre de l’arène sablonneuse. Le temps que je revienne à mon point de départ, au bas des marches, un dvergr hirsute avait jailli de l’une des petites portes cachées dans les murs, les bras tendus. Il fonça sur moi sans le moindre préavis, poings levés. Je ne ralentis pas d’un cheveu, accélérai même lorsque je fus sur le point de le percuter puis, à la dernière seconde, bondis et lui fis un croche-pied vicieux, chargé d’électricité. Son pied cogna contre le mien, qui protesta – les os des dvergar étaient malheureusement plus denses que les miens – mais il décolla et fit un magnifique vol plané qui se termina le nez dans le sable. J’éclatai de rire, freinai, pivotai, et observai mon adversaire qui se relevait en pestant avec la grâce et l’éloquence d’un charretier.
— Salut Lily ! finit-il par lâcher lorsqu’il eut chassé la plupart du sable de ses épaules. Dame Keirv, ajouta-t-il.
Cette dernière inclina la tête en guise de salutation.
— Ça va ? m’enquis-je sur un ton si préoccupé qu’il se renferma sur lui-même, ronchon.
— Oh, ça va. Tu ne m’as pas fait si mal.
Je m’approchai de quelques pas précautionneux, donnai un léger coup dans sa cheville, et il fronça le nez. Je ne relevai pas, ne désirant pas insister, et cela ne fit que le pousser à se renfrogner.
— Bon miss ! En attendant tes adversaires, viens t’exercer.
Il me rappelait Ekrest par bien des aspects, et c’était probablement pour ça que je l’appréciais autant. Bourru, infatigable, patient mais exigeant, il ne prônait que l’amélioration constante. Il était excellent lorsqu’il s’agissait pour lui de m’apprendre à maîtriser mes pouvoirs encore fluctuants, à canaliser ma puissance, et il n’hésitait pas à me pousser dans mes plus profonds retranchements.
Je commençai par un échauffement sommaire mais efficace, sportif, puis fis crépiter des étincelles entre mes mains. La vision de ces petites particules d’électricité, vibrantes d’énergie, me remplissait toujours autant d’une excitation inquiète. J’avais appris à surmonter ma méfiance primitive de la foudre, due à la mort de ma mère, durant les premières semaines avec Kalyan. Lorsque j’étais arrivée à Stronstall, je n’étais plus une novice, mais je pouvais sans mal me faire passer pour l’une de ces jeunes Thor manquant d’expérience et de maîtrise… ce qui m’arrangeait bien.
J’étais encore loin de pouvoir jouer avec mes nouveaux pouvoirs comme Kalyan le faisait. Il avait quelques dizaines d’années d’expérience, et même si j’appréhendais les concepts très rapidement grâce à mon passif ekrestien, je n’étais jamais à l’abri d’un accident. Plus d’une fois, je mésestimais encore la puissance requise pour effectuer quelque chose.
Mais les étincelles, je commençais à les dominer. Je pouvais les faire crépiter à quelques millimètres de ma peau seulement, former des bracelets autour de mes poignets, comme je le faisais actuellement. Je pouvais savais les ajouter à un coup, comme je l’avais fait à Arnlari quelques minutes plus tôt.
Profitant du calme de l’arène, j’esquissai quelques mouvements de boxe, combinai mes coups contre des adversaires fantômes à de brusques crépitements qui se dispersaient dans l’air à défaut de toucher une cible. J’enchaînai une série de passes, de plus en plus agressives, visualisant un ennemi invisible. Un coup de pied particulièrement haut et brutal projeta un arc d’électricité aveuglant, qui s’étira jusqu’au mur le plus proche et ricocha contre la pierre, arrachant un peu de poussière.
— Doucement miss !
Je pivotai, le souffle court.
— Si tu veux casser des trucs, on va casser des trucs.
Il sortit de sa poche une sorte de fin stylo, qui projeta devant lui un hologramme de panneau de commandes. Après quelques secondes à tapoter dans le vide, il finit par faire bouger un panneau tout au bout de l’arène, qui dévoila des cibles de glaise de plus en plus petites. Il me fit signe de m’approcher, me plaça à une dizaine de mètres de la plus grande, qui devait faire la taille d’une large assiette, et se fendit d’une courbette moqueuse. Je soupirai.
Précision, songeai-je avec une grimace. Pas mon domaine de prédilection par défaut. La finesse n’était pas la base de mon art. Je fermai les yeux, visualisai la trajectoire de mon arc d’électricité. La foudre avait une fâcheuse tendance à ne pas aimer aller en ligne droite, ce qui faisait que je composais bien souvent avec des courbes approximatives. Ce n’était pas la bonne manière de faire, mais pour le moment j’apprenais, et ça me suffisait.
Ekrest m’avait rapidement aidé à faire la paix avec le fait de ne pas réussir du premier coup. Il mettait toujours la barre tellement haut que, les premières fois, je m’étais sentie absolument écrasée par les défis. Mais il m’avait aidée en ne me rabaissant jamais lorsque j’échouais. Tant que je faisais un peu mieux la fois d’après et que j’y arrivais dans les délais impartis, il était satisfait.
Le premier coup toucha mais ne rompit pas le disque d’argile. Je pinçai les lèvres, focalisai ma puissance, m’appliquai à reproduire le coup, et cette fois-ci, en percutant l’objet, mon éclair l’éclata en petits morceaux. Je faillis faire un pas sur le côté pour me décaler, mais une deuxième cible se cachait derrière la première.
C’est en forgeant qu’on devient forgeron. L’adage me tira un sourire éphémère, et je répétai mon mouvement. Je réglai rapidement son compte à la première rangée de dix cibles, jouant sur ma puissance à partir de la quatrième pour essayer de percevoir la force exacte qu’il me fallait pour la briser. Puis, je me décalai, et j’étais sur le point de recommencer avec les suivantes lorsqu’Arnlari poussa un grognement ronchon. Je haussai un sourcil dans sa direction, et il agita son bâtonnet devant mon nez. Puis, fatigué par mon incompréhension, il finit par me le planter entre les clavicules et me pousser pour reculer d’un bon pas et demi en arrière. Comprenant qu’il ne faisait que creuser la difficulté, jouant à la fois sur la taille des cibles et sur la distance qui m’en séparait, je faillis protester. Puis, je me souvins d’Ekrest, de sa moue pensive et de son expression sévère, et je me concentrai.
Arnlari était connu pour être passé maître dans l’art d’entraîner les enfants de Thor. Il vivait depuis un peu plus de deux cents ans, et la plupart des bons éléments de la Maison de Thor étaient passés par lui plus ou moins récemment pour apprendre – ou réapprendre – à maîtriser la foudre. Il ne maîtrisait pas la magie qu’il enseignait, mais il avait compris comment la faire pratiquer. Et, depuis le temps que je le connaissais, je lui faisais plus que confiance pour m’apprendre comment manipuler cet élément capricieux.
Sur les quatre rangées de cibles suivantes, j’en ratai seulement trois. J’avais plus ou moins compris le principe de la direction, et avec un peu d’effort je savais créer des ramifications pour ajuster mon coup si nécessaire. Le temps que j’arrive au bout donc de mon cinquantième disque, je commençais à fatiguer quelque peu.
— Pause ! décréta soudain le dvergr.
Je baissai lentement le bras, plus crispée que je ne l’aurais escompté. Une réelle tension, physique et tangible, avait envahi mes muscles, résultant tant de la puissance magique développée que de l’effort de concentration que l’exercice requérait de ma part.
— Aaron, à toi.
Je pivotai, surprise, pour tomber nez à nez avec une jeune frimousse rousse qui me dévisageait d’un air pensif, ses yeux électriques étincelant d’une colère refoulée. Aaron. Un descendant indirect de Thor, fichtrement puissant pour un enfant de seconde génération. Sans aller jusqu’à dire qu’il pouvait rivaliser avec Kalyan ou moi, il était suffisamment fort pour causer des ennuis à bon nombre des miens en mission s’ils venaient à le croiser.
Il me bouscula d’une épaule, et je vacillai. Malgré ses quatorze ans, il avait déjà une carrure de joueur de rugby, comme s’il avait été dopé aux stéroïdes depuis tout petit. Et, honnêtement, vu les sessions de musculation qu’il suivait, j’avais presque sincèrement peur pour son physique.
Aaron se plaça là où je m’étais tenue un instant plus tôt, et je reculai pour l’observer attentivement. Son regard azur glissa un instant vers moi, nerveux, il tendit la main. Son visage s’était fermé. Il inspira profondément, parut visualiser la cible, et de sa paume jaillit un arc d’un blanc vif. Il pulvérisa d’un simple mouvement les trois premières cibles de la rangée, et un mince sourire moqueur éclaira ses lèvres. Je croisai les bras sur ma poitrine, songeuse.
— Et vous, arrêtez de vous tourner les pouces ! gronda Arnlari.
Les quatre autres enfants de Thor, dont la moyenne d’âge devait osciller entre quinze et dix-sept ans, reprirent leur échauffement en grommelant. Aaron explosa encore deux cibles en un mouvement, puis en rata une, et il lâcha un juron retentissant. Ses trois essais suivants furent tout aussi infructueux, et il était sur le point de provoquer une déflagration en accumulant de l’énergie entre ses mains lorsqu’Arnlari intervint. D’une simple tape sur le bras avec son bâtonnet, il lui arracha un gémissement de douleur, le déconcentrant suffisamment pour l’empêcher de lancer son attaque proprement. La décharge partit, mais cogna contre les pierres du mur un peu plus loin plutôt que contre les cibles.
— L’exercice est entre autres fait pour tester ta patience. Et tu as échoué.
— Mais je…
— Arrête.
— Lyana, reprends.
Je m’avançai, le repoussai comme il me l’avait fait, mais plus délicatement, et ses yeux jetèrent des éclairs. S’il avait pu me carboniser sur place, il l’aurait fait. Il était le meilleur élève du dvergr jusqu’à ce que j’arrive. Et il détestait perdre. Profondément, viscéralement. Ça le déstabilisait, le détruisait, transformait toute sa magie en une vague de destruction. J’étais plus ou moins certaine que si Arnlari ne l’avait pas arrêté un instant plus tôt, il aurait essayé de pulvériser les cibles restantes d’une explosion juste pour se prouver qu’il en était capable. Il ne tolérait pas l’échec.
Contrairement à lui, je n’en avais rien à cirer. Je repris là où il s’était arrêté, ratai ma première tentative, ajustai ma seconde. Elle fut plus précise, mais trop forte, et éclata les deux disques d’un coup… ce qui n’était pas mon but. Canalisant mon pouvoir, je ralentis le rythme sur les trois dernières, et enchaînai les deux rangées suivantes sans trop d’effort. Cependant, sur l’avant-dernière, j’eus du mal. Les dernières cibles, trop éloignées, me posèrent de vrais problèmes. Ma précision se perdait dans la distance et la courbure de l’électricité qui, trop loin de ma main, décidait de n’en faire qu’à sa tête. Ma force s’éparpilla dans l’environnement, se dispersa dans l’air. Je n’arrivai à atteindre la quatre-vingt-onzième que par un pur effort de volonté qui me laissa pantelante, et qui tira une grimace de pure rage à Aaron.
— Lily !
La voix familière provenait de derrière. Je pivotai, et souris en voyant Kalyan approcher.
— Kal ! s’exclamèrent joyeusement les adolescents.
Ils se précipitèrent à sa rencontre pour le saluer d’une tape dans le dos ou d’une poignée de main. Éloignés de la Maison de Thor et des affres de la politique, ils n’étaient pas au courant qu’il était banni de la famille. Pour eux, il était simplement de passage en ville, comme un proche lointain mais bienveillant qui serait venu leur rendre visite. Et il était un héros, un exemple. La puissance rêvée, incarnée en chair et en os juste devant eux.
— La marmotte s’est levée ?
— L’hiver n’a même pas encore commencé, nargua-t-il avec un rictus.
Il s’approcha jusqu’à se placer à mes côtés, et son bras se faufila autour de ma taille. Je l’embrassai doucement sous les regards scrutateurs des autres enfants de Thor, mais ni lui ni moi n’en avions cure. Près de cinq semaines s’étaient écoulées depuis que nous avions affronté son père. Les vérités qui avaient éclaté ce jour-là n’avaient fait que resserrer notre proximité.
Mais mon cher entraîneur n’entendait pas les choses de cette oreille. Passées les quelques premières secondes où il toléra l’inaction de ses élèves, il finit par se racler la gorge et demander :
— Prince d’orage, explique donc à ces jeunes têtes brûlées quelle est la différence entre ta méthode et la leur.
Kalyan se détacha de moi avec un semblant de regret, tendit la main. Son expression se ferma, comme tant de fois où je l’avais déjà vu se concentrer intensément sur ce qu’il faisait.
— En fait, il y a deux manières de faire, expliqua-t-il, le regard si intensément fixé sur un point que je m’étonnai que l’air ne commence pas à s’y vaporiser. La maîtrise de la trajectoire…
Une ligne parfaitement droite partit du bout de son doigt, traça droit devant si vite que j’eus l’impression de voir un fil se tendre soudain entre lui et la cible, et cette dernière se fissura et rompit sur le coup.
— … et la maîtrise de l’accélération, compléta-t-il.
Cette fois-ci, durant une poignée de secondes, il ne se passa rien. Puis, l’air explosa à quelques centimètres du premier disque de la rangée, un coup de tonnerre déchira l’air, et la rangée entière vola en éclats d’un seul coup. Je sursautai, stupéfaite. Il souffla sur son doigt comme un cowboy, un sourire moqueur aux lèvres, et écarta les mains. Autour de nous, un silence mortuaire était tombé. Aaron avait croisé les bras et froncé le nez en guise de défi, mais même son attitude revêche ne pouvait cacher l’admiration qui étincelait soudain dans son regard, à l’instar des autres. J’essayai de comprendre comment Kal avait accéléré sa foudre à ce point, mais on aurait dit qu’elle avait simplement explosé à l’endroit où elle était censée frapper.
— Regardez.
Un mince fil de puissance se dessina entre ses mains, linéaire, radiant d’énergie.
— Ça c’est la trajectoire. Et ça…
Il rompit le fil, en fit une sorte de petite boule compacte, et lui fit faire des allers-retours entre ses mains, d’abord lentement pour que je visualise le mouvement, puis de plus en plus rapidement, jusqu’à ce que la vitesse dépasse la perception de mon cerveau et que je ne voie à nouveau qu’une ligne droite.
— C’est l’accélération. Si tu la fais démarrer proche de ta cible…
Il fit disparaître son jouet d’énergie, en fit apparaître un autre quelques mètres plus loin, juste par un effort de volonté.
— … que tu l’accélères…
Il le fit bouger, d’abord lentement, puis de plus en plus vite, l’immobilisa, puis le lança à pleine puissance. Et la boule d’électricité disparut. Trois secondes plus tard, un grondement de tonnerre terrible explosait, faisant vibrer mes tympans.

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Dernière modification par vampiredelivres le mar. 05 déc., 2023 2:40 pm, modifié 4 fois.
TcmA

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par TcmA »

Bonzoir~

LILY
KALINOU
J'VOUS AIME
HEUREUSE DE VOUS REVOIR


Quel plaisir !
C'est toujours aussi smooth, y a rien à dire. C'est très cool.
Evidemment, on retourne dans l'action doucement mais pas trop non plus héhé.
Ultra stylé la façon dont Lily apprend à contrôler ses nouveaux pouvoirs.
C'est qu'ils ont pris de l'assurance, Lilyan (yessss je suis heureuse) ! Ils sont choupiiiis

Merci pour le résumé, il était bien nécessaire et apprécié !

Niveau rythme de publi, tu penses faire comment ? Parce que j'ai hâte de lire la suite.

Fais attention, tu as laissé quelques notes entre crochets ;)

La bise~
vampiredelivres

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par vampiredelivres »

TcmA a écrit : dim. 08 oct., 2023 7:41 pm Bonzoir~

LILY
KALINOU
J'VOUS AIME
HEUREUSE DE VOUS REVOIR


Quel plaisir !
C'est toujours aussi smooth, y a rien à dire. C'est très cool.
Evidemment, on retourne dans l'action doucement mais pas trop non plus héhé.
Ultra stylé la façon dont Lily apprend à contrôler ses nouveaux pouvoirs.
C'est qu'ils ont pris de l'assurance, Lilyan (yessss je suis heureuse) ! Ils sont choupiiiis

Merci pour le résumé, il était bien nécessaire et apprécié !

Niveau rythme de publi, tu penses faire comment ? Parce que j'ai hâte de lire la suite.

Fais attention, tu as laissé quelques notes entre crochets ;)

La bise~
Bonzour ~

Ils sont de retouuuuuuur !

Merci pour ton commentaire :) On s'y remet tout doucement, on va avoir quelques chapitres un peu chill pour replacer l'action dans le contexte de Nidavellir, un monde que je n'ai pas encore eu l'occasion d'explorer.
Notre Lily nationale devient tout doucement notre nouveau Wattouat.
Ils sont choupis, ils sont chill, et ils sont siiiii agréables à écrire, ça fait du bien d'avoir une relation full positive là ♡

Mais de rien !

On repart sur un chap par deux semaines, j'ai mes 8 premiers chapitres écrits mais le reste est… comme d'hab, chaotique :D

Merci pour ton passage ~
louji

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : ven. 06 oct., 2023 10:00 pm Heheh :) Here we go again comme on dit ♡

Oui, l'image est plantée, je m'y colle rapidos, j'ai eu la bonne idée d'essayer de l'héberger sur chez moi mais ça marchouille encore à moitié.

On commence à intégrer les enjeux inter… mondiaux (oh damn :mrgreen: ). La teneur est autant angoissante pour eux que pour nous je crois, il s'agit quand même de leurs destins et de leur survie. (cc. Odin ce gros barjo oui, il aime bien les expériences bizarres lui)

Ehehe, il y a quelques petits indices mais au pire ce sera plus explicite dans le milieu de la première partie.
Yea, t'as bien visé pour l'un des deux. Maintenant, who's the second one ?

Non, la dernière c'est une amorce un peu lointaine mais ça va venir un jour. Ça se passe effectivement sur Midgard.

Oui bon je ne peux pas vous épargner les ⚰️ à un moment donné. Sinon qu'est-ce que ça deviendrait LCDS ?

Merci ^^
Yosss


Les enjeux intermondiaux, c'est pas mal :lol:

Je pense que je capterais mieux les extraits au bout de quelques chapitres oui ^^

Nan mais oui que deviendrait LCDS sans morts majeures :roll:

(je réponds pour l'OS d'Adam-Selvie)

Adam, le petit oignon, j'approuve 100% 🧅

Mais oui, Selvie elle a des boulets de canon en réserve 🥲 Quand tu la vois comme ça, c'est la moins savage de tous, mais dès qu'elle ouvre la bouche... :lol:

C'est vraiment réussi d'apporter une profondeur sur cet aspect de l'histoire. Nécessaire, aussi ? Parce que ça reste un drame hyper violent ce qui s'est passé avec Ness et ça me semble important de prendre de la distance sur le raz-de-marée de souffrances que ça implique pour de nombreuses personnes en dehors de Lily (que la narration nous impose comme quasi pdv unique).

Merciii pour le résumé détaillé du T2, ça fait du bien un rafraîchissement :lol: (la mention d'Ekrest 😒)

"dont elle se sert pour essayer d'oublier Kalyan et se sortir de son syndrome de Stockholm," :arrow: la thérapie, c'est pas mal aussi :lol:

"L'affrontement entre les Élites déchus et la Confrérie fait des ravages, les anciens prisonniers n'hésitant pas à tuer leur propre famille" :arrow: rien que pour ça j'ai du mal à envisager l'avenir de la Confrérie post-mort-de-Kaiser. Est-ce que les soldats survivants vont accepter qu'une ancienne Elite monte sur le trône à la place ? 🥲 Ou alors le Ragnarök sera un tel bordel que y'aura peut-être même plus le système de Maisons/Confrérie. Mais j'y crois pas trop :lol:

"défonce Kaiser et ses enfants" :arrow: si seulement :lol: Skadi, non ?

Levi, notre tocard national ♥

(chapitre 1)

Ah ouais Lily est carrément considérée comme une Thor, maintenant. C'est sûr que ça lui ouvrira plus de portes qu'en étant identifiée comme une Loki :roll: Pour l'histoire des iris, les siens vont rester bleus du coup (jusqu'à la prochaine perfusion de sang divin en tout cas ?)

"Ankri l’avait accueilli d’une accolade fraternelle" :arrow: bon il faut poser les questions : les nains/dvergar sont-ils petits ? Si oui, puis-je m'imaginer cette scène mentalement et ricaner dans mon coin ?

J'aime bien cette mise en bouche qui commence par la découverte d'un pan du monde des dvergar. On est clairement sur la culture la plus dépaysante depuis le début pour moi. Et c'est cool qu'on explore la pluralité des mondes, qu'on se contente pas de Midgard, d'Asgard... même si on a vu un bout chaotique de Jotunheim (excuse les accents aussi).
Je kiffe bien le système des navettes et des constructions "en bas"' en tout cas.

"due à la mort de ma mère" :arrow: on pourrait presque dire que sa belle-sœur est impliquée

"La finesse n’était pas la base de mon art." Sans dec Lily :lol:

OK cowboy Kal, j'approuve :lol: Ce décalage entre son trait d'humour et sa personnalité, il est trop chou 🥺

C'était un chouette 1er chapitre pour se remettre dans le bain !
Et que tu nous balances direct dans l'entraînement à la maîtrise de la foudre, c'est super cool. Quelque part, ça fait plaisir de voir Lily apprendre. Au début du T1, elle a quasiment plus rien à prouver en matière de combat et de capacités magiques. Evidemment, l'intervention d'Ake lui fait découvrir de nouvelles techniques, mais rien à voir avec ce qu'on a là. Ca fait plaisir de la voir (ré)apprendre, échouer, prendre du recul sur elle-même... Puis son prof a l'air cool et y'a toujours Kalinou pour mettre de l'électricité statique dans l'air 😏


Corrections ortho-typo en vrac :
- je ne gardais la même apparence trop longtemps. :arrow: pas
- Les bruits du couloir noyaient nos convrsations, :arrow: conversations
- Je pouvais savais les ajouter à un coup :arrow: un peu trop de verbe hehe
vampiredelivres

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : ven. 13 oct., 2023 4:21 pmYosss


Les enjeux intermondiaux, c'est pas mal :lol:

Je pense que je capterais mieux les extraits au bout de quelques chapitres oui ^^

Nan mais oui que deviendrait LCDS sans morts majeures :roll:

(je réponds pour l'OS d'Adam-Selvie)

Adam, le petit oignon, j'approuve 100% 🧅

Mais oui, Selvie elle a des boulets de canon en réserve 🥲 Quand tu la vois comme ça, c'est la moins savage de tous, mais dès qu'elle ouvre la bouche... :lol:

C'est vraiment réussi d'apporter une profondeur sur cet aspect de l'histoire. Nécessaire, aussi ? Parce que ça reste un drame hyper violent ce qui s'est passé avec Ness et ça me semble important de prendre de la distance sur le raz-de-marée de souffrances que ça implique pour de nombreuses personnes en dehors de Lily (que la narration nous impose comme quasi pdv unique).

Merciii pour le résumé détaillé du T2, ça fait du bien un rafraîchissement :lol: (la mention d'Ekrest 😒)

"dont elle se sert pour essayer d'oublier Kalyan et se sortir de son syndrome de Stockholm," :arrow: la thérapie, c'est pas mal aussi :lol:

"L'affrontement entre les Élites déchus et la Confrérie fait des ravages, les anciens prisonniers n'hésitant pas à tuer leur propre famille" :arrow: rien que pour ça j'ai du mal à envisager l'avenir de la Confrérie post-mort-de-Kaiser. Est-ce que les soldats survivants vont accepter qu'une ancienne Elite monte sur le trône à la place ? 🥲 Ou alors le Ragnarök sera un tel bordel que y'aura peut-être même plus le système de Maisons/Confrérie. Mais j'y crois pas trop :lol:

"défonce Kaiser et ses enfants" :arrow: si seulement :lol: Skadi, non ?

Levi, notre tocard national ♥

(chapitre 1)

Ah ouais Lily est carrément considérée comme une Thor, maintenant. C'est sûr que ça lui ouvrira plus de portes qu'en étant identifiée comme une Loki :roll: Pour l'histoire des iris, les siens vont rester bleus du coup (jusqu'à la prochaine perfusion de sang divin en tout cas ?)

"Ankri l’avait accueilli d’une accolade fraternelle" :arrow: bon il faut poser les questions : les nains/dvergar sont-ils petits ? Si oui, puis-je m'imaginer cette scène mentalement et ricaner dans mon coin ?

J'aime bien cette mise en bouche qui commence par la découverte d'un pan du monde des dvergar. On est clairement sur la culture la plus dépaysante depuis le début pour moi. Et c'est cool qu'on explore la pluralité des mondes, qu'on se contente pas de Midgard, d'Asgard... même si on a vu un bout chaotique de Jotunheim (excuse les accents aussi).
Je kiffe bien le système des navettes et des constructions "en bas"' en tout cas.

"due à la mort de ma mère" :arrow: on pourrait presque dire que sa belle-sœur est impliquée

"La finesse n’était pas la base de mon art." Sans dec Lily :lol:

OK cowboy Kal, j'approuve :lol: Ce décalage entre son trait d'humour et sa personnalité, il est trop chou 🥺

C'était un chouette 1er chapitre pour se remettre dans le bain !
Et que tu nous balances direct dans l'entraînement à la maîtrise de la foudre, c'est super cool. Quelque part, ça fait plaisir de voir Lily apprendre. Au début du T1, elle a quasiment plus rien à prouver en matière de combat et de capacités magiques. Evidemment, l'intervention d'Ake lui fait découvrir de nouvelles techniques, mais rien à voir avec ce qu'on a là. Ca fait plaisir de la voir (ré)apprendre, échouer, prendre du recul sur elle-même... Puis son prof a l'air cool et y'a toujours Kalinou pour mettre de l'électricité statique dans l'air 😏


Corrections ortho-typo en vrac :
- je ne gardais la même apparence trop longtemps. :arrow: pas
- Les bruits du couloir noyaient nos convrsations, :arrow: conversations
- Je pouvais savais les ajouter à un coup :arrow: un peu trop de verbe hehe
C'est comme tous les préludes, il faut qu'ils soient un minimum vagues ^^

[Adam-Selvie]
Elle cache bien son jeu en vrai, mais elle a aussi une sacrée expérience. C'est aussi pour ça qu'elle préfère souvent se taire x)
C'est le danger de la narration unique parfois que de ne pas pouvoir explorer certains points de vue. J'esquive au maximum en apportant les préludes et les interludes, et en forçant les personnages à s'exprimer quand ils le peuvent, mais l'avoir d'un point de vue plus interne, c'est différent. Après, c'est un drame hyper violent, mais ce n'est pas "essentiel" à l'histoire dans le sens où lorsqu'elle l'annonce à Lily, Selvie a déjà à peu près fait la paix avec l'évènement, elle a fait son deuil d'une certaine manière. Dans l'OS elle est violemment malmenée d'un point de vue émotionnel parce que l'info vient de lui tomber dessus (Adam et son tact légendaire :roll: ). Plus tard, elle fait un peu la gueule pendant le voyage et tu ne sais pas nécessairement d'où ça vient. Et quand elle s'éloigne pour deux ou trois semaines, quand Lily et Kal partent en solo, elle a aussi le temps de digérer.

[Résumé T2]
Heheh je savais que t'allais réagir à la mention d'Ekrest x)
Tu vas voir, c'est pas si simple. Mais effectivement, ça pue.
Oui effectivement, Skadi pas Kaiser. :D


[Chapitre 1]

Ouaiiiis, elle a vachement step up dans le game mythologique. C'est vachement pratique d'un coup. Et pour les iris, tu auras bientôt une réponse. ^^

Oui, ils sont petits. Oui, je te laisse imaginer ta scène :lol:

On commence par un chapitre calme, et en plus dans un monde que j'avais vraiment envie d'explorer (je pense que ça se sent). Je me demandais par quel angle je pourrais aborder l'aspect technologique et le côté souterrain traditionnel qu'on associe aux nains, et je me suis dit qu'un petit reverse serait intéressant.

À peine impliquée oui.

Lily et la finesse ? Euh. Ouais. :mrgreen:

C'est vrai que dans le premier tome, on la voit pas vraiment apprendre, elle est déjà au sommet de son art. Quelque part, l'arc de Lily c'est une trame du héros mais désordonnée. Elle se mange la déconstruction dès le début, elle met quasiment un tome à juste se remettre en question. L'idée derrière ça a toujours été de la casser pour mieux la reconstruire ensuite, lui ouvrir une marge d'évolution. Le risque, c'est qu'elle a un aspect Mary-Sue au début, et que l'arrivée de la remise en question dure un peu.
Mais ouais, elle apprend. Et du coup, elle a pleiiiin de nouveaux trucs à apprendre avec son sang bordélique. 😏

Thanks pour les corrections !

Et merci pour ton passage ♥

louji

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : jeu. 19 oct., 2023 7:30 pm C'est comme tous les préludes, il faut qu'ils soient un minimum vagues ^^

[Adam-Selvie]
Elle cache bien son jeu en vrai, mais elle a aussi une sacrée expérience. C'est aussi pour ça qu'elle préfère souvent se taire x)
C'est le danger de la narration unique parfois que de ne pas pouvoir explorer certains points de vue. J'esquive au maximum en apportant les préludes et les interludes, et en forçant les personnages à s'exprimer quand ils le peuvent, mais l'avoir d'un point de vue plus interne, c'est différent. Après, c'est un drame hyper violent, mais ce n'est pas "essentiel" à l'histoire dans le sens où lorsqu'elle l'annonce à Lily, Selvie a déjà à peu près fait la paix avec l'évènement, elle a fait son deuil d'une certaine manière. Dans l'OS elle est violemment malmenée d'un point de vue émotionnel parce que l'info vient de lui tomber dessus (Adam et son tact légendaire :roll: ). Plus tard, elle fait un peu la gueule pendant le voyage et tu ne sais pas nécessairement d'où ça vient. Et quand elle s'éloigne pour deux ou trois semaines, quand Lily et Kal partent en solo, elle a aussi le temps de digérer.

[Résumé T2]
Heheh je savais que t'allais réagir à la mention d'Ekrest x)
Tu vas voir, c'est pas si simple. Mais effectivement, ça pue.
Oui effectivement, Skadi pas Kaiser. :D


[Chapitre 1]

Ouaiiiis, elle a vachement step up dans le game mythologique. C'est vachement pratique d'un coup. Et pour les iris, tu auras bientôt une réponse. ^^

Oui, ils sont petits. Oui, je te laisse imaginer ta scène :lol:

On commence par un chapitre calme, et en plus dans un monde que j'avais vraiment envie d'explorer (je pense que ça se sent). Je me demandais par quel angle je pourrais aborder l'aspect technologique et le côté souterrain traditionnel qu'on associe aux nains, et je me suis dit qu'un petit reverse serait intéressant.

À peine impliquée oui.

Lily et la finesse ? Euh. Ouais. :mrgreen:

C'est vrai que dans le premier tome, on la voit pas vraiment apprendre, elle est déjà au sommet de son art. Quelque part, l'arc de Lily c'est une trame du héros mais désordonnée. Elle se mange la déconstruction dès le début, elle met quasiment un tome à juste se remettre en question. L'idée derrière ça a toujours été de la casser pour mieux la reconstruire ensuite, lui ouvrir une marge d'évolution. Le risque, c'est qu'elle a un aspect Mary-Sue au début, et que l'arrivée de la remise en question dure un peu.
Mais ouais, elle apprend. Et du coup, elle a pleiiiin de nouveaux trucs à apprendre avec son sang bordélique. 😏

Thanks pour les corrections !

Et merci pour ton passage ♥

Heyo !

Je vois ce que tu veux dire pour "non essentiel", même si ça représente un sacré tournant pour le rôle de Lily et sa relation avec d'autres Loki.

C'est franchement bien fait pour l'instant le monde des nains ^^ Ca reste dans le délire qu'on croise / s'imagine habituellement, mais c'est assez créatif pour s'éloigner des sentiers battus.

Yes j'aime bien la notion de trame de héros désordonné pour Lily. Pour l'aspect Mary-Sue, c'est un enjeu avec lequel tu as bataillé dès le début, je me rappelle qu'on a eu plusieurs échanges à ce sujet. Pour autant, je l'ai jamais trop ressenti tu vois. C'est plutôt là, maintenant, à partir de ce T3 que j'ai peur qu'elle devienne une Mary-Sue :lol: Parce que si elle chope le sang de plein de Dieux... :roll:
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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : ven. 20 oct., 2023 2:50 pmHeyo !

Je vois ce que tu veux dire pour "non essentiel", même si ça représente un sacré tournant pour le rôle de Lily et sa relation avec d'autres Loki.

C'est franchement bien fait pour l'instant le monde des nains ^^ Ca reste dans le délire qu'on croise / s'imagine habituellement, mais c'est assez créatif pour s'éloigner des sentiers battus.

Yes j'aime bien la notion de trame de héros désordonné pour Lily. Pour l'aspect Mary-Sue, c'est un enjeu avec lequel tu as bataillé dès le début, je me rappelle qu'on a eu plusieurs échanges à ce sujet. Pour autant, je l'ai jamais trop ressenti tu vois. C'est plutôt là, maintenant, à partir de ce T3 que j'ai peur qu'elle devienne une Mary-Sue :lol: Parce que si elle chope le sang de plein de Dieux... :roll:
Heyo ~

Le paradoxe c'est que les nains sont censés être cette civilisation capable de créer des trucs absolument incroyables (on parle du marteau de Thor, des cheveux de Sif qui sont en or pur mais qui peuvent pousser comme des cheveux normaux, d'un bateau qui se plie en un mouchoir de poche…) et pourtant la plupart du temps ils sont représentés comme des taupes armées de massues qui défendent leur petit tas d'or comme des bourrins… Du coup j'ai essayé de les rendre un peu plus technologiquement avancés, quand même.

Yes, je vois ce que tu veux dire dans la suite, c'est mon gros enjeu actuel de la rendre toujours un minimum faillible et humaine. Parce que bon, en puissance brute, elle éclipsait déjà pas mal de monde dans la salle, mais elle est jeune et ça a toujours été la technique qui lui manquait. Le but, c'est qu'on ne perde pas cette dynamique là. Là ça fait deux semaines qu'elle s'entraîne déjà, elle commence à être opérationnelle sur les trucs "simples" (avec des gros guillemets) mais elle a un bon bout de chemin à parcourir avant d'approcher la finesse de Kal.
(Après, faut pas se mentir, elle était déjà explosive avec des flammes, donc avec de la foudre… :roll: :lol: )
vampiredelivres

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Le Cycle du Serpent [III] : L'Hiver des Maisons

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CHAPITRE 2


— Magnifique ! s’extasia Arnlari quand nos oreilles eurent recouvré leur acuité. À vous maintenant, exercices d’accélération.
Oh, par Loki…
La réflexion spontanée me tira un bref sourire. Malgré le temps que j’avais passé sous mon apparence d’une fille de Thor, intérieurement, je jurais toujours par mon père biologique. Ce qui, parfois, avait failli me causer des problèmes, alors que je rattrapais le nom à la dernière minute.
— Lyana, tu rêvasses ?
— Un peu, admis-je avec un sourire moqueur, ce qui fit ronchonner le dvergr dans sa barbe.
— Au boulot alors.
Je décidai de m’asseoir dans un coin, et de prendre un peu de distance avec les autres, qui s’étaient agglutinés autour de Kal comme des mouches sur un pot de miel. Même Aaron, aussi méprisant et distant soit-il avec moi, ne pouvait rester totalement insensible à la maîtrise de la foudre par un Hamershot. Ils quémandaient des conseils comme beaucoup l’avaient fait à la Confrérie avec moi lorsqu’ils avaient compris mon potentiel magique, ce que je ne pouvais pas leur reprocher. Ils étaient jeunes, impressionnables. Le plus jeune avait douze ans, le plus âgé devait en avoir dix-sept.
Et je parlais comme une petite vieille, parce que j’en avais toujours dix-neuf. Mais j’avais l’impression qu’il y avait un fossé entre eux et moi. Ils étaient encore des enfants par bien des aspects. Ils n’avaient guère quitté le nid de la Maison, si ce n’était pour des surveillances routinières, aucun n’avait encore participé à de vrais affrontements. Ils étaient couvés. Aucun n’avait encore eu à tuer.
Je fis apparaître une étincelle, la fis voltiger entre mes doigts. À une époque, je m’exerçais de la même manière avec une flammèche. Je devais avoir six ans, cinq peut-être. La première année, Ekrest m’avait surtout appris à me dissimuler et à me métamorphoser. Capacités essentielles d’un Loki, disait-il. Les flammes ne te serviront à rien quand tu devras te cacher.
La perte de ma pyromagie me taraudait toujours autant, mais l’électrokinésie avait apporté un peu de baume au cœur. Je retrouvais beaucoup de la nature sauvage et indépendante des flammes dans la foudre. Elle ne se laissait pas manier aisément.
Comme si elle suivait mes réflexions, l’étincelle que j’accélérais progressivement entre mes doigts crépita, et s’éteignit brusquement.
— Problème de concentration, ça ! me tança la voix moqueuse de Kal depuis l’autre bout de l’arène.
— Et dire que je m’étais mise dans un coin pour ne pas t’entendre !
— Essaie d’abord en cercle, avant de faire du linéaire.
Je fronçai le nez, la fis réapparaître d’un claquement de doigts, et repris mon accélération, mais cette fois autour de mon poignet. La différence fut nettement perceptible, comme si l’étincelle résistait moins quand elle suivait une trajectoire courbe. La main tendue, j’agrandis progressivement le cercle, puis en retirai ma main, ne laissant qu’une bille de lumière vagabonde qui tournait en rond. Je l’accélérai encore, focalisée sur le tracé, jusqu’à ce que la lumière s’attarde en queue de comète sur le passage de l’étincelle. Puis, j’agrandis le cercle encore, jusqu’à ce qu’il tourbillonne autour de moi, et j’injectai progressivement de l’énergie dans l’étincelle. Elle grossit, s’illumina encore davantage, faillit dérailler. Je la maintins en piste d’un violent effort de volonté, une brusque tension qui tira sur mes cervicales comme si j’avais fait un mouvement trop rapide.
Je la maintins ainsi durant une poignée de secondes, une trentaine de tours probablement, avant de la ralentir à nouveau, et de l’immobiliser. Ce n’était plus exactement une étincelle, c’était une boule d’électricité vibrante, chargée à bloc.
— Fais-le avec moi, souffla Kalyan en glissant une main le long de mon bras.
Trop concentrée, je ne l’avais même pas entendu approcher. Je lui adressai un hochement de tête distrait, et il se positionna à mes côtés, tendit les mains pour faire apparaître une boule d’énergie similaire.
— Étire-la…
La boule se détendit lentement, s’arqua en une longe ligne courbe, qui s’aplatit progressivement jusqu’à ne former qu’une flèche blanche, brillante. Je copiai lentement le mouvement, focalisée uniquement sur la forme que je souhaitais lui donner.
— Et maintenant, repousse-la au loin.
Il fit un mouvement de bras, comme s’il donnait un coup, et sa foudre partit à une vitesse démentielle, explosa contre l’autre bout de l’arène en soulevant des protestations parmi les spectateurs qui commençaient à affluer. Un sourire aux lèvres, je donnai une impulsion à pleine puissance, comme si je voulais la rejeter.
Le coup nous déchira les tympans d’un claquement sonore, et même si j’étais l’instigatrice de l’explosion, je tressaillis. Un goût de bile affleura dans ma bouche, je fermai les yeux un bref instant. Parfois, les souvenirs revenaient par flashs violents. Parfois, le simple son du tonnerre pouvait provoquer un mouvement de peur, un bond inopiné, une défense réflexe qui manquait de trahir mes origines. Cependant, le plus souvent, il ne se passait rien.
En quelques semaines, Kalyan et Arnlari avaient appris à accepter ces micro-crises. Cette fois-ci, je vacillai seulement, mais l’épaule de Kal était là pour m’appuyer. Je me redressai, le bout des doigts tremblant, et recommençai.

Lorsque j’en eus assez de gérer des arcs d’électricité aussi explosifs que rétifs, Kalyan et moi attaquâmes une séance de boxe électrique. J’avais découvert le sport – si on pouvait qualifier ça de sport – ici, mais le concept m’avait immédiatement plu. Les attaques à grande portée qui réduisaient en cendres des maisons entières, ce n’était pas ma tasse de thé, mais le travail d’orfèvre de Kal ne l’était pas non plus. Il était trop précis, trop méticuleux. La boxe électrique, c’était exactement l’application dont j’avais besoin au quotidien, quoique boxe était un grand mot pour définir ces affrontements.
Équipés des combinaisons dvargen, aussi souples et élastiques que des vêtements humains, mais parfaitement isolées, nous enfilâmes chacun une paire de gants de boxe, de protections aux mollets, et les paris s’ouvrirent. Depuis que j’étais arrivée, deux bonnes heures s’étaient écoulées, et les dvergar s’étaient amassés le long des bancs de pierre de l’amphithéâtre. Nos sessions de combat étaient devenues célèbres à notre arrivée, tant pour les petits enfants de Thor qui s’en inspiraient que pour la population de la ville, qui misait gros.
Kalyan entra dans la danse avec une série de directs et de crochets ajustés que je parai, voulut fermer sur un uppercut chargé d’électricité qui aurait pu m’envoyer au tapis si je l’avais encaissé. Déjà, je n’étais plus là. Anticipant le mouvement, je fis deux pas en arrière, pris appui. Son poing et son coude montèrent droit devant mon nez, dévoilant son ventre. Je donnai un violent coup de pied, à peine mesuré, chargé à bloc. La combinaison dvargen encaissa le choc électrique à sa place, mais s’illumina une seconde d’un rouge carmin à l’endroit où je l’avais touché. Je souris, reculai hors d’atteinte alors qu’il peinait à reprendre son souffle.
Ce que je n’avais pas en expérience, je le compensais avec un entraînement sauvage, la vivacité d’un serpent toujours prêt à mordre. Depuis que je l’affrontais régulièrement, j’avais compris ce qui me distinguait des autres enfants de dieux que je connaissais. Ekrest m’avait élevée pour me débrouiller seule. Toujours. Tous ceux qui avaient été élevés au sein d’une Maison savaient qu’ils auraient souvent un appui de la part de quelqu’un d’autre, et cette assurance donnait une certaine indolence. Même si leur entraînement était aussi poussé que le mien, même s’ils essayaient de se mettre en conditions réelles. Puisqu’un exercice ne pouvait jamais m’amener aussi loin qu’un cas pratique, j’avais appris sur le terrain, là où aucune règle ne s’appliquait.
Kalyan était bon. Fin, précis, méthodique… presque élégant, même. Monstrueusement puissant. Mais classique dans sa manière de réfléchir, peut-être un peu trop vieux et à l’aise dans ses schémas. Et c’étaient ces brèves occasions qui me permettaient parfois de le surclasser dans ce genre de situation.
Le temps qu’il reprenne son souffle, j’étais aux portes de sa défense. Le premier coup – électrique évidemment – écarta ses bras de ma trajectoire pour l’empêcher de parer, le second, cette fois contrôlé, tapa gentiment contre son front. Malgré l’absence de force dans l’impact, la vitesse du mouvement le fit vaciller, et je le fauchai prestement.
Mais il n’était pas non plus né de la dernière pluie. En tombant, il m’entraîna avec lui, accrochant ma cheville d’un geste fluide qui fit briller ma combinaison de rouge jusqu’au niveau du genou. Je pestai en silence en sentant l’impact se réverbérer dans ma jambe, qui une petite seconde cessa de répondre. Ma tête s’encastra dans une dune de sable, le choc résonna dans mon crâne comme un grondement. Ça allait donc être une mêlée.
Il essaya de me plaquer au sol, mais je parvins à m’en tirer de justesse, d’une contorsion acrobatique qui m’éloigna à peine. Nous nous fîmes face avec un sourire. Je fis mine de me redresser, il se jeta sur moi pour me garder à terre… et se prit une gerbe de sable dans le visage. Il toussa, cracha, toute agressivité oubliée dans l’incompréhension et l’aveuglement, et cette fois, ce fut à mon tour de l'envelopper d'une violente étreinte qui contenait tellement d’électricité qu’il se transforma brièvement en diode rouge. La surprise passée, il riposta avec sa propre décharge, qui fit vibrer ma combinaison, mais je lui coinçai le bras dans le dos et l’usai comme un levier pour lui mettre le nez dans le sol.
Après quelques gigotements ridicules, il tapota mon bras et je le libérai.
— Pas mal, admis-je.
— Le sable…
Ses yeux étaient rouges, larmoyants. Je lui offris un mouchoir, soigneusement tiré de mon inventaire de Thor – j’avais découvert à mes dépens que les deux zones magiques n’étaient pas liées. Il se moucha, essuya ses larmes, soupira, puis me rendit le mouchoir et se remit en garde. Et cette fois, son premier coup, chargé d’électricité, m’envoya valser.

À la fin de la séance, je n’avais aucune idée si j’avais gagné ou pas. Nous avions enchaîné tellement de manches que j’avais perdu le compte, et de toute manière, ce n’était pas à ça que je jouais.
— Morale d’aujourd’hui ? me demanda-t-il en guise de debrief.
— Le sable.
Ma réflexion lui tira un sourire. Outre le petit jet de sable qui m’avait donné ma première victoire, l’arène ne nous avait pas facilité la vie. Nous avions tous les deux dérapé plus d’une fois, et ce n’était pourtant pas faute d’être entraînée, pour ma part.
— On va faire un tour en ville ? proposai-je en réfléchissant.
— On pourrait visiter la chambre Leirp, on ne l’a pas encore fait.
Je hochai la tête, songeuse, jetai un bref coup d’œil derrière moi. Keirv se tenait à quelques pas de nous, accompagnée de Miri, à portée d’oreilles. Ils avaient tous les deux la même tignasse brune foncée, mais la jeune naine avait réuni ses cheveux en deux longues tresses, tandis que le neveu du roi les gardait mi-longs.
— C’est vrai… acquiesçai-je distraitement.
Kal sourit, glissa sa main dans la mienne, et pour la millième fois, je m’émerveillai de sentir son flux si proche du mien, une connexion qui n’avait besoin que d’une infime impulsion pour se créer. Profitant de son contact si proche, je me permis un instant de m’approprier ses perceptions magiques pour essayer de ressentir les êtres aux alentours. L’amphithéâtre fourmillait de pelotes d’électricité, un enchevêtrement obscur de liaisons nerveuses survoltées. Plus loin, près des quais d’embarquement, je ressentais les mêmes pelotes, mais plus éparses, seulement aux endroits où se trouvaient les pilotes. Et enfin, plus loin, dans la plaine volcanique, il n’y avait rien. Personne. Un désert, occasionnellement rompu par une petite forme que j’assimilai à un animal quelconque.
À deux, notre puissance était colossale. Je pouvais ressentir les infimes pulsations nerveuses d’une souris à une cinquantaine de mètres de là. C’était hallucinant. Le fait que nous soyons hors de Midgard, et donc du champ des Cils d’Ymir qui étouffaient le flux magique, aidait certainement.
Ta magie atteindra une puissance que tu ne peux même pas t’imaginer, m’avait dit Thor. Åke, mon demi-frère, m’avait expliqué que les pouvoirs des « consacrés » – comme il nous appelait – étaient bridés, directement liés à la puissance de Loki. Tous deux avaient essayé de faire comprendre que j’étais loin d’être au faîte de ma puissance. Ça, je ne l’avais pas dit à Kalyan.
Pourtant, je lui avais parlé de presque tout le reste : la mort de Vali, qui était malgré tout un dieu, le sacrifice de mes pouvoirs, ma nouvelle magie de sang-mêlée, mon rôle d’Élue. Mais j’avais esquivé certaines choses. La connexion avec Loki, notamment, le fait que je pouvais l’invoquer et partager mon corps avec son esprit, accéder à une partie de sa force et de ses souvenirs. Je ne lui avais jamais dit non plus que son père m’avait offert sa propre ceinture de force, qui décuplait ma magie. Il ne m’avait jamais demandé comment j’avais vaincu Thor, et je supposais qu’il assumait que le contraire était arrivé : que Thor m’avait finalement mise à genoux, et avait eu avec moi la discussion qu’il aurait dû avoir une quinzaine d’années plus tôt.
Et pourtant, nous avions dit « plus de mensonges », songeai-je avec une amertume palpable. Je serrai ma main autour de celle de Kal, songeai à la tempête que je risquais de provoquer si je lui dévoilais la vérité.
— Dis, Kal, je ne t’ai jamais demandé… qu’est-ce que tu as fait pour les dvergr ? Pour être accueilli comme ça ici ?
Il esquissa un sourire gêné, passa une main dans ses cheveux, et j’entendis les chuchotements de Keirv et Miri qui s’intensifiaient derrière nous.
— J’ai… tué un dragon.
— Sérieusement ?
Il hocha la tête.
— Comme Siegfried ?
— Et Gungi, et Emera, et Volfir… et plein de monde en fait.
Je ricanai.
— Kalyan Hamershot, tueur de dragons… c’est classe !
— Et pourtant, c’est si cliché !
— Pfff… Et tu en récoltes quoi comme honneurs ? Le gîte gratuit, le respect infini…
— Il ne faudrait pas trop y croire pourtant. Il y en a certains qui me tueraient toujours pour ce nom de famille.
— Oh ?
Comme quoi, même chez les dvergar, il y en avait certains qui n’appréciaient pas la famille à la tête de la Maison de Thor. Je lui adressai un hochement de tête compatissant.
— Tu m’as l’air pensive, murmura-t-il, un ton plus bas.
— Oui.
— Tu cherchais quelqu’un tout à l’heure ?
Il désigna la plaine du menton, et je me sentis soudain toute petite sous l’acuité perçante de ses yeux azur.
— Je me demande s’ils ont survécu, admis-je finalement. Et où ils sont.
— Qui donc, dame Lyana ? Voulez-vous qu’on lance des recherches ?
La voix rocailleuse, basse et résonnante, de Miri, résonna derrière moi, interrompant le fil de mes réflexions. Je pris une brève seconde pour recomposer mon attitude, songeai au fait que c’était le premier véritable faux pas que je venais de commettre depuis le début de mon séjour.
— Durant le voyage, j’ai été séparée de Kalyan l’espace de quelques jours, racontai-je.
Miri et Keirv haussèrent un sourcil. Je sentis leur scepticisme sous-jacent, éludai les questions en expliquant simplement :
— Un problème de brume. Mais en tout cas, j’ai croisé quelques personnes en chemin, et ils m’ont aidé.
— À quelle famille appartenaient-ils ?
— L’un était de la famille de la mer, et l’autre de l’ennemi de Beli.
Les kenningar de Njörd et de Freyr, une élégante esquive pour ne pas nommer les dieux directement, et attirer leur attention.
— Ah… marmonna Miri d’un air sentencieux. Et donc ?
— Et depuis, je ne les ai pas revus, alors qu’ils allaient en direction de Vanaheim. Je me demande donc s’ils ont avancé plus vite que nous, ou s’ils vont tout simplement bien.
Keirv donna un coup de coude peu discret, mais agréable à voir, dans les côtes de Miri, qui se rembrunit.
— Je m’occuperai de faire passer un mot aux villages et villes environnants pour leur demander s’ils ont eu des traces de leur passage, intervint la dvergr avec un hochement de tête et un sourire.
— Merci Keirv.
Après cela, je ne dis plus rien jusqu’à notre retour dans les cavernes du volcan, à part pour commenter des futilités sur le paysage. Ekrest me manquait dans ce genre de moments, ces phases de calme et d’attente où rien ne se passait. Il m’aurait trouvé un million de petits exercices pour améliorer ma furtivité, mes compétences techniques, ma manipulation des illusions. Arnlari était un bon professeur, mais rien ne remplaçait la nostalgie des entraînements sévères de mon mentor.
Une fois de retour, j’allai me changer en vitesse car même si les vêtements que nous portions étaient censés pouvoir être utilisés à la fois en ville et en entraînement, j’avais transpiré comme un bœuf pendant ma séance de sport. Une fois propre et en état de me présenter si une personnalité de la cour du roi Ankri m’abordait, je m’affalai sur le lit en attendant que Kalyan fasse de même.
— Prêt ? demandai-je lorsqu’il sortit de la salle de bains.
Il approuva d’un hochement de tête, et je me redressai, avant de lui prendre la main en me dirigeant vers la sortie de notre chambre. Sur le trajet, il m’envoya quelques décharges mineures, comme un exercice additionnel en plus de tout ce que nous avions déjà fait, pour m’apprendre à les diffuser dans mon corps et à les rediriger. Tout comme un Loki pouvait être victime des flammes s’il n’avait pas de bouclier thermique, un Thor pouvait se faire électrocuter. Nous n’étions jamais invulnérables à notre propre magie.
Nous sortîmes du palais par l’un des étages supérieurs, parmi les plus proches du sommet du volcan, émergeant sur un large balcon duquel partaient une demi-douzaine de passerelles suspendues. Keirv et Miri marchaient derrière nous, arguant toujours au sujet des protocoles de sécurité du festival d’Arshina. De ce que j’avais compris, c’était la célébration centenaire de la construction de la cité, et de nombreux invités seraient présents. Les dvergar continuaient à creuser comme des fous furieux pour remplir les quotas de joyaux qu’ils présenteraient à leurs congénères, et nous allions justement visiter l’une des mines.
Je m’engageai sur l’un des ponts suspendus en pente douce en direction de la basse ville, d’où partaient la plupart des galeries qui traversaient le reste du volcan. Le pont, assez large pour laisser passer une dizaine de personnes côte à côte – et donc un peu moins de dvergar plus trapus – ne frémit même pas lorsque je posai le pied dessus. Il était rigide et droit, tendu comme la corde d’un arc, fait en ce que j’assumais être de l’acier de Nidavellir car je ne voyais pas quoi d’autre aurait pu être aussi résistant.
Sur mon passage, j’eus le droit à des regards, des salutations bienveillantes, et je m’étonnai pour la millième fois de la cordialité des gens qui me parlaient. Tout ça grâce à mes yeux azur. Il n’y avait rien de plus simple et de plus magique que ça. Ici, être un Loki était presque un crime passible de mort. Être un Thor en revanche offrait tous les honneurs. Cette mentalité dérangée, aussi tordue que bienveillante envers moi pour peu que je rentre dans la bonne case, m’horripilait autant qu’elle m’arrangeait.
— Ça va ? demanda Kalyan. Tu as l’air dans le vague…
— Oui, je… je ne me fais pas à tout ce…
Une dvergr en longue robe couverte d’une cotte de mailles fines et lustrées s’inclina sur mon passage, si bas que sa tête frôla mes genoux et ses longues nattes blondes balayèrent le sol, et je lui rendis la courbette aussi poliment et profondément que possible.
— … tout, ça, justement, complétai-je lorsqu’elle se fut éloignée de quelques pas. Exactement ça. C’est d’une injustice assez frustrante, parfois.
Il hocha la tête, la mine fermée.
— Mais ça va.
— Et ton épisode de tout à l’heure ?
Il me fallut un moment pour comprendre à quoi il faisait allusion. Le coup de faiblesse au moment du tonnerre. Je tendis une main en avant, et des étincelles crépitèrent entre mes doigts tendus vers la voûte rocailleuse, suscitant des murmures d’admiration parmi les passants.
— Ce n’est toujours pas agréable, admis-je. Mais ça s’améliore.
Et c’était vrai. J’avais lutté depuis toute petite pour que le tonnerre ne provoque pas de réactions de peur paralysante, et je m’en étais plutôt bien sortie dans mes jeunes années. Mais depuis que je le manipulais presque quotidiennement, la peur et les souvenirs ressurgissaient parfois. La première fois, j’avais éludé pour esquiver les questions incisives d’Arnlari, et il en avait plus ou moins déduit que j’avais provoqué l’accident qui avait coûté la vie à ma mère. Depuis, je m’en tenais à cette version des faits.
— Tu as déjà essayé de contacter ta mère, d'ailleurs ?
Je secouai la tête en signe de dénégation, songeuse. Je ne voulais pas remuer le passé, raviver les cicatrices.
Et, plus honnêtement, j’avais peur. Elle m’avait élevée, du peu que je m’en souvienne, dans une tendresse patiente, aimante. Je n’étais pas certaine qu’elle aime ce que j’étais devenue sous la houlette de la Confrérie.
— Tu voudras le faire un jour ?
— Je ne sais pas.
Je posai le pied sur le balcon suivant, qui était une sorte de place avec une jolie fontaine d’eau bleuté, luminescente. Les dvergar qui se promenaient ici avaient une peau mate, tannée par le travail dans les tréfonds des conduits rocheux qui, de ce que j'avais compris, irradiaient d’une étrange lumière pareille à celle du soleil. L’une d’entre eux en particulier, un petit bout de femme à la musculature massive et au regard sournois, me gratifia d’une œillade peu amène. Elle avait, sur le côté de son épaule dénudée, une tache noire qui ressemblait à un coup de soleil des cavernes, comme on l’appelait. Je lui rendis un regard polaire, retombant brusquement dans mes penchants lokiens, et elle ne le soutint pas bien longtemps.
— À droite, indiqua Keirv en se faufilant devant nous pour se placer en tant que guide.
Elle nous entraîna dans de nombreuses volées d’escaliers, circulaires ou droits, raides ou larges, qui longeaient les bâtiments ou les reliaient, et nous descendîmes progressivement les différents niveaux de la cité jusqu’à atteindre ce que j’appelais les bas fonds. Les derniers bâtiments, toujours construits tête en bas, partaient de la voûte au-dessus de nos têtes et faisaient à peine plus de deux ou trois étages.
Sur le dernier balcon, qui donnait accès à un long tunnel, je pivotai pour admirer la ville. Nous étions sur la bordure la chambre magmatique, là où la voûte s’infléchissait pour former une cuvette. Loin en-dessous de nous, encore deux bonnes centaines de mètres plus bas, les eaux lumineuses du lac bleu étincelaient en silence. La ville résonnait du vrombissement des navettes qui circulaient désormais dans tous les sens, presque tous les étages étaient allumés. Il faisait frais, mais une fraîcheur agréable, et l’air avait une odeur légèrement salée et métallique, due aux vapeurs qui remontaient du lac.
Les bâtiments formaient une sorte de stalactite géante, une pyramide inversée depuis le haut de la caverne. Les plus longs, ceux qui tombaient le plus bas, étaient situés au centre, et ils se raccourcissaient progressivement en remontant sur les côtés. Ainsi, la haute noblesse avait une vue dégagée sur le lac en tout temps, et les hauts fonds se contentaient d’être au ras de la roche.
— Tiens, regarde là-bas.
Kalyan pointa du doigt une tourelle aux larges baies vitrées qui plongeait bien en-dessous de nous, que je reconnus comme notre suite. Nous vivions si bas, comparés aux autres bâtiments… Il n’y avait que trois tours qui piquaient plus bas encore, et elles étaient reliées à la nôtre par d’élégantes passerelles en formes d’arches.
— Combien de temps de marche ? demandai-je distraitement aux dvergar.
— Une bonne heure.
Je poussai un soupir de pure forme – une heure dans le noir, ça allait être une terrible partie de plaisir – et pivotai pour m’engager dans le large conduit qui s’ouvrait devant nous. Il avait été taillé au laser, parfaitement ovale sur sa hauteur, juste assez grand pour nous laisser passer Kalyan et moi sans que nous ne devions nous accroupir, illuminé comme toujours grâce aux veinures dans les murs. Le sol était rugueux pour éviter la glissade le long de la douce pente descendante, et ça allait être une tannée à remonter plus tard. Mais s’il y avait bien une chose que ces deux dernières semaines m’avaient appris, c’était qu’Ekrest m’avait fait faire suffisamment de randonnée pour que je puisse encaisser plus ou moins tout ce qu’on me faisait marcher ici.
Le trajet me permit de continuer à jouer avec les éclairs de Kalyan – comme si la session de ce matin n’avait pas suffi – et le temps que nous atteignions la première grotte minière, il faisait particulièrement chaud. Ce n’était cependant pas dû à l’effort que nous fournissions, mais plutôt à la géothermie. J’avais déjà visité la mine d’Uvar, et c’était la même chaleur étouffante qui donnait à l’air une densité incongrue, un contact presque épais. Dans la grotte, éclairée aux pierres et à une étrange mousse bioluminescente, nous enfilâmes des casques en métal, légers mais résistants, enfilâmes des combinaisons thermo-régulatrices, et repartîmes. Les premiers échos du travail des nains – ô combien ils détestaient cette appellation – se répercutaient désormais autour de nous.
Très vite, nous arrivâmes à un second avant-poste, une zone que j’évaluai comme un espace de repos pour les travailleurs… mais elle était déserte. Avec les combinaisons, la chaleur s’était faite supportable. Un système de magie régulée refroidissait en permanence le vêtement à ma température corporelle normale. Les dvergar, eux, n’en portaient pas, leur peau plus épaisse étant habituée aux fluctuations de chaleur souterraines.
Nous dépassâmes la salle, prîmes un escalier étroit, et je m’engageai dans les marches d’un pas précautionneux, méfiant. Les tintements des pioches qui cognaient contre la roche et le crissement des pelles résonnaient de plus en plus fort dans le conduit serré, créant un étrange rythme saccadé sur lequel seul un nain aurait pu créer un air. Les murs luisaient toujours de l’éclat bleuté de l’havis, et en passant mon bracelet rond et épais sur l’une des veinures qui courait le long de la paroi, mon bracelet s’illumina à son tour. Kalyan marchait derrière moi, la tête levée, les mains dans les poches.
— Tu es déjà venu ?
— Ça fait longtemps. Et la dernière fois, ils n’avaient pas encore creusé aussi profond. Je m’étais arrêté… eh bien au palier qu’on vient de dépasser.
— Cela date d’il y a des années, fils de l’orage…
La voix, pareille au flot d’une rivière turbulente, ricocha dans la cheminée que nous descendions. Je baissai la tête, surprise, avançai encore de deux paliers avant de tomber sur le souverain en personne, le roi Ankri, nous attendant patiemment. Il portait un costume de cuir usé, bien loin des vêtements d’apparat avec lesquels j’avais l’habitude de le voir, et là où il avait retiré sa lourde couronne d’or, ses cheveux s’aplatissaient naturellement, domptés par le poids qui les écrasait au quotidien. Je m’inclinai profondément en mettant le pied sur la dernière marche, jonglant dans l’espace réduit pour ployer correctement, puis m’écartai pour laisser les autres voir le roi.
Si Kalyan esquissa un salut semblable au mien, ferme et formel, Keirv et Miri plongèrent tous les deux presque aussi bas que terre dès qu’ils le purent.
— Sire, que…
— On m’a dit, entama-t-il à l’intention de Kalyan, ignorant royalement ses sujets, que la préparation de la célébration d’Arshina avance particulièrement bien. Êtes-vous également venus pour le voir ?
— Oui Sire, répondit Kal. Et nous avons également voulu visiter la mine en elle-même, étant donné que nous ne l’avons pas encore vue.
— Oh, vous savez, les galeries se ressemblent toutes a un moment donné.
Du coin de l’œil, je vis Keirv ravaler un commentaire qui paraissait plutôt acerbe, et me souvins que son oncle s’occupait de l’une des mines… la même que celle dans laquelle travaillait son frère. Mais Ankri était un dvergr désabusé, souvent cynique même, qui n’accordait pas de grande valeur aux efforts d’autrui.
— C’est vrai, mais pour quelqu’un comme moi qui ne connais pas encore, c’est des visites passionnantes ! intervins-je.
— C’est vrai ? Vous vous plaisez chez nous ?
— Plutôt oui. La lumière du soleil me manque souvent le matin, mais sinon c’est une très belle cité.
— Vous êtes une lève-tôt d’après ce qu’on m’a rapporté…
— Absolument.
— Et vous savez d’où ça vous vient ?
Je repris ma descente à sa suite, faisant mine de me souvenir, mais cherchant en réalité une véritable histoire ou anecdote qui justifierait cela. Lyana était une personnalité enjouée, bavarde, loin de ce que j’étais d’habitude, mais je n’avais pas trop de mal à me fondre dans sa peau. Elle avait les mêmes origines que moi, à la différence que c’était de sa faute si sa mère était morte, et elle était plus que perplexe sur la famille de Thor, ce qui était plus ou moins mon état d’esprit actuel. D’où lui venait sa mentalité de guerrière lève-tôt ?
— De la rue, probablement… finis-je par hésiter.
— De la rue ? releva-t-il, perplexe.
— Eh bien… après le décès de ma mère, j’ai passé quelques mois dans les bas-fonds d’une ville midgardienne, et…
— Ah, je vois. Il fallait se lever tôt pour éviter le crime ?
J’opinai en silence, et Kalyan embraya :
— Impossible de la faire changer d’opinion depuis… et ce n’est pas faute d’avoir essayé ! Mais cinq heures du matin, c’est trop tôt Lily, je suis désolé.
— Le crime ne dort jamais, pouffai-je, essayant de garder un ton sérieux.
— Et toi tu ne dors pas assez maintenant.
Je lui donnai un coup de coude pas trop fort dans un virage, et il me bouscula gentiment dans la volée de marches suivantes.
— Bref, Sire, repris-je, vous parliez de la fête d’Arshina. Vous allez vraiment réunir un million de pierres précieuses ?
— Des petites, des grandes, des rondes ou taillées en forme de diamant… énuméra-t-il avec une étrange lassitude mondaine. Oui, un million de pierres précieuses. Mais une seule sera réellement importante. Notre trésor.
— Le joyau de votre collection ? relevai-je, perplexe.
— Oui. Une pierre d’une valeur inestimable, car elle possède des propriétés magiques.
— Comme une… comment on l’appelle ? Alethe, c’est ça ?
Le roi esquissa un sourire poli, mais quelque peu méprisant.
— Pas exactement. Les alethes sont des ressources naturelles, comme le fer ou l’acier. Cette pierre-ci est unique car, voyez-vous, nous l’avons volée.
— À qui ?
— La déesse de l’hiver elle-même, admit-il avec une fierté non dissimulée.
Je faillis bien rater la marche suivante, et dévaler les escaliers raides vers une mort plus ou moins certaine. Skadi ? La déesse-géante ?
Celle que j’avais tuée ?
Et soudain, j’eus un terrible doute. Levi m’avait parlé d’un artefact qui était nécessaire pour libérer Loki. Une réserve d’énergie, en quelque sorte, qui était une clef pour accéder à la prison de notre père.
— Rassurez-moi, vous ne la gardez pas à l’air libre ? osai-je, tâtant le terrain d’un ton méfiant. Elle est bien en sécurité dans votre inventaire ?
— Pas… exactement. C’est un artefact qui ne peut être stocké dans un inventaire magique.
Oh Loki tout puissant. Kalyan me coula un regard interrogateur et quelque peu méfiant, et je dus me faire violence pour paraître la plus ingénue possible. Je ne lui avais pas parlé des clés pour libérer Loki, évidemment, et il fallait bien sûr que ça ressorte ici.
— Mais ne vous en faites pas, elle est en sécurité. Le seul moment où elle pourra être volée sera durant la célébration de la semaine prochaine, et je ne lésinerai pas sur la sécurité.
Je fronçai un sourcil. À une époque, cela aurait sonné comme un défi à mes oreilles, mais cette fois, je le laissai résonner, songeuse. Si Ankri détenait réellement la clef d’ambre de Skadi, qui avait officiellement été perdue depuis des années… Levi en aurait besoin. Et je n’aurais d’autre choix que de l’aider. Car, même s’il me servait de diversion, que c’était lui qu’on pourchassait aux quatre coins des Neuf Mondes et pas moi, c’était mon rôle de libérer Loki, que ce soit moi-même ou en orientant les chemins de ceux qui le pourraient. Je n’avais pas oublié ce que Mímir m’avait expliqué au sujet de mon rôle de rouage… et je n’avais pas non plus oublié la facilité avec laquelle Loki m’avait emprisonnée dans un rêve à la première contrariété.
Si la pierre qu’Ankri détenait était réellement le trésor perdu de Skadi, mon séjour ici venait de se compliquer drastiquement.

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Chapitre 3 à la suite
Vous connaissez le mot "problèmes" ? À ce stade, c'est un synonyme pour Lilith je crois.
Dernière modification par vampiredelivres le dim. 19 nov., 2023 4:15 pm, modifié 1 fois.
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Le Cycle du Serpent [III] : L'Hiver des Maisons

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CHAPITRE 3


— Dame Lyana ?
— Oui Keirv ?
Il était tard. Nous étions rentrés en fin d’après-midi de notre visite de la mine de Leirp, dont j’avais rapporté trois joyaux qui, à Midgard, vaudraient bien une petite centaine de millions chacun. Le cadeau, généreusement offert par un roi Ankri blasé qui ne tenait pas à quelques pierrailles sans valeur, trop obnubilé par son joyau secret, m’avait presque laissée piocher dans les chariots à suspension magnétique qui remontaient régulièrement vers les forges d’utilité publique. J’étais plus ou moins certaine de pouvoir m’acheter un joli petit appartement dans un pays pas trop développé avec ce qu’il venait de m’offrir, et peut-être même d’engager une sécurité privée quelques temps.
Avec Kaiser qui m’avait bannie de la Confrérie, et qui avait probablement siphonné mes comptes bancaires autant que les quelques possessions et investissements que j’avais, une réserve tangible ne serait pas de refus. En vérité, j’en avais pris quatre, car une Loki était avant tout une chapardeuse, mais le dernier, plus petit, avait subrepticement glissé dans ma manche au moment où je plongeais ma main dans le tas de joyaux.
— Vous avez reçu un présent.
— Oh ?
Je pivotai, et juste en voyant la porte s’ouvrir, ma mâchoire se décrocha. J’avais déjà eu une ou deux livraisons du même genre, une sorte de portant à vêtements téléguidé qui s’invitait dans notre chambre, surchargé de tissus tous plus incroyables les uns que les autres. Les cintres étaient tous recouverts de housses blanches épaisses qui ne donnaient aucun indice sur le contenu, mais je savais déjà ce qui m’attendait.
Je les comptai du regard, essayant d’évaluer combien je pourrais en porter. Il y en avait une trentaine… ce qui était parfait pour refaire mes stocks jusqu’à la célébration d’Arshina.
— Oh par tous les Æsir… marmottai-je.
— Qu’est-ce qu’ils ont ? appela Kal depuis la salle de bains.
Il était parti se décrasser après la poussière et la chaleur de la mine… et je devais avouer que je devrais probablement faire pareil, ce qui était frustrant. Je n’aimais déjà pas me doucher, même si ma phobie était plus ou moins sous contrôle en ce moment, alors le faire plusieurs fois quotidiennement… je m’en serais bien passée.
— Les Æsir, probablement rien. Mais les grandes déesses s’évanouiraient encore devant une livraison de vêtements comme celle-ci.
Heureusement que les inventaires magiques étaient plus ou moins infinis. On théorisait qu’ils s’étendaient dans le vide inatteignable du Ginungagap, là où les rayons du soleil ne brillaient pas, au-delà des limites du monde tangible. Mais on ne pouvait pas y accéder physiquement pour le confirmer. Tous ceux qui avaient tenté de les explorer, même dans des caissons pressurisés, oxygénés, étaient revenus sous formes de cadavres. Pas de blessures, pas de marques d’asphyxie… comme s’ils étaient morts de crise cardiaque.
C’étaient des pensées trop sombres pour ce genre de considération mondaine, ceci dit.
— Ah, encore ? releva Kal, toujours à l’autre bout de la suite.
— Oui… je suppose que c’est en prévision d’Arsi… Arshina ?
J’avais décidément du mal à le prononcer. Keirv opina avec un sourire en m’entendant me corriger.
— Les festivités vont commencer dans quatre jours, et s’étendre encore trois jours après la date de la célébration. L’intendance a estimé que vous apprécieriez d’avoir des habits en conséquence. Et les bijoux arrivent, m’a-t-on chargée de vous transmettre.
Oh Loki tout puissant… J’avais protesté au début, mais l’intendant en chef du palais, une tête de nœuds aux idées aussi denses et rigides que les rochers qui nous entouraient, avait insisté – et plus qu’insisté – pour me faire accepter l’idée que ce n’était pas un emprunt, et que je garderais tout à la fin. Je n’aimais pas du tout l’idée de posséder des objets dvargen qui m’avaient été offerts, car ces nains de cavernes n’étaient absolument pas généreux par principe. J’avais fini par accepter qu’ils l’étaient parce qu’ils avaient compris que j’étais très proche d’un certain Kalyan Hamershot, Tueur de Dragon, mais c’était frustrant. J’attendais toujours qu’il y ait une facture à la fin, et j’avais peur de voir le prix total.
— Ne me dis pas que je dois encore…
— Tout garder ? Si si, bien sûr.
Keirv me l’affirma avec un large sourire qui ne supportait pas de contradiction. Je bougonnai dans mon coin, mais finis quand même par ouvrir la première housse pour dévoiler les vêtements.
Ils avaient compris que je préférais les combinaisons. Celle-ci était un étrange mélange de robe traditionnelle, finement brodée, et de maillage moderne. Elle se composait d’un bustier d’un beau bleu marine, avec une épaule asymétrique en cuir rattachée par des anneaux de métal, descendait en pantalon moulant le long des cuisses, puis s’évasait aux genoux en d’étranges pattes d’éléphant lestées de maille fine. Toutes les coutures étaient agrémentées de motifs géométriques, minces mais élégants, et des chaînes rattachées à des broches pendaient le long du bustier, attendant d’être fixées. Je soupirai. Une fois que j’aurais quitté Stronstall, ces pièces prendraient la poussière – au figuré – dans mon inventaire magique. Je n’avais nulle part où les mettre, à Midgard… et je comptais bien retourner à Midgard.
— Vous ne l’aimez pas ? releva Keirv avec un froncement de sourcils.
Je voyais déjà le puzzle mental qu’elle était en train d’assembler pour reconstituer la hiérarchie de la personne à qui elle devrait se plaindre.
— Si, mais… c’est toujours le même problème, soupirai-je. Je n’ai nulle part où les porter… ailleurs qu’ici, s’entend.
— Eh bien, ricana Miri, que je n’avais pas entendu depuis le coin où il s’était posté, vous n’aurez qu’à venir vivre ici plus souvent.
— C’est vrai que c’est une option à considérer…
Kal pointa la tête hors de la salle de bains en haussant les sourcils, et je lui adressai un immense sourire. Il me répondit par un rictus moqueur, puis se cacha à nouveau. Un instant, l’envie de le rejoindre en chassant Miri et Keirv m’effleura, puis je me retins. Nous devions aller à une réception ce soir.
— Tu remercieras les couturiers et les forgerons de ma part, Keirv, finis-je par déclarer avec une reconnaissance non feinte.
Elle s’inclina légèrement, l’air satisfait.
— Et je suppose que ce soir est une parfaite occasion de sortir cet ensemble…
Son sourire s’élargit, et elle claqua des mains. Un second portant se faufila avec une discrétion feinte dans la pièce, flotta jusqu’à Miri, téléguidé par des radars que je n’arrivais pas à situer. Je faillis un instant me décomposer, avant de comprendre que cette fois, c’était Kalyan qui était visé, heureusement.
— Kal, tu as eu une livraison aussi !
Le silence me tint lieu de réponse. Lui non plus n’aimait pas les cadeaux, et certainement pas ceux qu’on lui forçait dans les mains par devoir de reconnaissance.
— Il faudra que tu m’emmènes tuer un dragon un jour, comme ça je piocherai impunément dans les forges de Stronstall…
— Ça, je doute qu’ils te laissent faire, admit-il finalement en émergeant de la salle de bains.
— Dommage…
Je laissai ma main glisser le long de la sienne en passant à côté de lui, joueuse, ce qui lui tira un bref regard empreint de doute, et m’enfermai à double tour.
Lorsque, douchée et séchée, habillée de simples bas noirs, je me postai face au miroir, j’avais une image claire de ce que je voulais faire. La vanité ne faisait pas partie du kit d’un assassin professionnel, mais l’art de se maquiller, si. Une nuée de pinceaux en main, piochant dans des poudres et des fards méconnus de l’humain, je jouai avec les ombres et les contours de mon visage jusqu’à métamorphoser la courbure de mon ossature. Qui avait besoin de métamorphose, parfois, lorsque le maquillage existait ?
Quelque part, je prenais ce séjour comme un exercice avancé de camouflage sans magie de transformation. À quel point étais-je capable de me fondre dans mon personnage ?
Je relevai la tête vers le miroir, cherchant la réponse dans les traits de Lyana. Ces derniers temps, je m’étais habituée à porter son visage, à tel point que je le considérais presque comme le mien. Je m’y étais accoutumée progressivement, en même temps que Kalyan, le temps que nous atteignions Stronstall. Ses yeux d’un azur vibrant me perturbaient encore, mais sinon, elle n’était qu’une autre de ces identités que j’endossais pour une durée limitée.
Ceci dit, je l’aimais bien. Je l’avais modulée progressivement, au cours du voyage, changeant un peu plus mon apparence chaque jour, jusqu’à ce que mon visage habituel disparaisse totalement dans l’ossature de Lyana. Kalyan était resté sur l’idée de m’appeler Lily, prétextant aux dvergar que c’était comme ça que je m’étais présentée la première fois, méfiante, et nous avions modulé le nom en conséquence. Elle avait des traits plus doux que ceux que j’arborais habituellement, des fossettes plus profondes, un peu plus de chaleur dans son sourire. Je préférais mes angles plus nets, ma beauté « naturelle » un peu plus cassante et marquante. J’avais appris qu’au Manoir, tout le monde étant métamorphe, l’apparence faisait tout, et il fallait savoir en jouer. Quelque part, j’avais toujours cherché à me rapprocher des traits de ma mère, mais ici, je m’approchais plus de l’élégance de Selvigia.
Lyana avait aussi l’air plus juvénile, et plus légère que moi. Son corps se mouvait différemment, mais j’avais appris à faire avec. Je profitais de mon absence de souplesse pour contrebalancer ma mémoire musculaire, qui aurait pu me trahir à certains moments durant les entraînements. Elle était plus adolescente que moi, pas une machine à tuer éduquée depuis l’enfance à la précision meurtrière.
Et les vêtements comme ceux qu’on m’offrait me vieillissaient, sous cette apparence. J’avais joué dessus ce soir pour me rapprocher un peu de mon visage habituel, dissimulant quelques rondeurs dans les ombres, cherchant une allure plus mature pour une fois, et le résultat était plaisant.
Satisfaite, je finis par me redresser et entrouvrir la porte de la salle de bains. Keirv m’attendait juste à côté, l’immense housse dans les bras, et elle se faufila comme un serpent dans l’embrasure que je lui laissais. Je refermai, et nous passâmes les vingt minutes suivantes à accrocher tous les morceaux de métal à leur place sur la longue combinaison, et à jouer avec mes cheveux bruns pour trouver une position où les épingles tiendraient bien. Finalement, un chignon bas fit l’affaire, vieillissant encore un peu mon apparence.
Elle ajouta également un sublime ensemble de bijoux saphir assortis, qu’elle tira d’écrins de bois poli, recouverts de velours, et je devinai que la livraison de bijoux était arrivée elle aussi.
— Magnifique, soupira-t-elle discrètement.
— Merci Keirv. Va te préparer toi aussi.
Elle acquiesça, et nous sortîmes ensemble de la salle de bains.
— Jolie combi… sourit-il Kalyan en me regardant sortir.
J’eus comme l’impression d’avoir déjà entendu ce commentaire de sa part, mais je ne me souvenais plus quand. Je haussai les sourcils, songeuse, et m’installai confortablement dans le canapé en attendant l’heure. Kalyan me rejoignit rapidement, vêtu lui aussi de ses habits d’apparat cliquetants, et tandis que Keirv et Miri s’esquivaient pour quelques minutes, je posai ma tête sur son épaule. Un silence paisible, confortable, s’installa entre nous. Les doigts de Kalyan jouaient nonchalamment une quelconque mélodie muette sur ma cuisse, les miens dessinaient des arabesques sur la sienne. Pour la première fois depuis quelques semaines, je pris le temps de souffler, de respirer profondément, et de songer à ma situation actuelle. Le Q.G. des Thor me paraissait si lointain désormais, comme un souvenir trouble entouré de brume, dont le simple écho m’incitait à vouloir le repousser. Il ne pesait plus sur moi, ni sur ma relation avec Kalyan, ou du moins en avais-je l’impression.
— Hé, Kal ? murmurai-je.
— Hmmm ?
— Tu penses encore au Q.G. ? À ce qui…
Je ne sus comment finir ma phrase, et il n’attendit pas la suite.
— Parfois.
Mais cela ne le hantait plus autant. Nous nous étions pris au jeu de cette proximité, de cet attachement. Et j’aimais croire que, malgré toutes mes omissions, les bases étaient déjà plus saines que la dernière fois. Nous avions fait table rase, repris au point mort.
— C’est plus facile à oublier quand je suis Lyana ?
Il fronça un sourcil, baissa la tête vers moi, fit une pause pour réfléchir un moment.
— Non, répondit-il finalement. Tu es… toujours toi, quelque part.
— C’est à dire ?
Nous avions fait le tour de la chambre plusieurs fois pour nous assurer qu’il n’y avait aucun micro caché. Nous avions après tout nos espions personnels, Keirv et Miri. Et, autant je n’avais que peu de doutes sur les bonnes intentions de Keirv quand elle passait du temps avec moi, autant Miri… je n’avais pas confiance en lui. Kal était plus réservé sur son opinion, mais il tendait vers le même avis en fin de compte.
— C’est…
Il hésita, sembla chercher ses mots.
— Je sais que c’est toujours la même personne que celle que j’ai rencontrée. Les cheveux, les yeux… ça ne change rien. Je le vois quand tu bouges et quand tu te bats.
La remarque me tira un sourire qui était à la fois pincé et amusé.
— Qu’est-ce qu’il y a ? releva-t-il, sensible au mécontentement qui perçait dans mon expression.
— Tu te rends compte que pour…
Je butai un instant sur la formulation prudente, finis par le tourner de manière acrobatique :
— … pour une fille qui a pris l’habitude de se fondre dans la masse en jouant toujours sur son apparence…
Il se fendit lui aussi d’un petit rictus amusé en voyant les pincettes que je prenais pour rester dans les clous de mon identité de fille de Thor.
— … c’est vraiment la pire des insultes ?
— Non mais…
— T’occupe, rigolai-je, j’ai bien compris.
Je reposai ma tête sur son épaule, mais sentis l’inspiration qu’il prenait pour expliquer malgré tout :
— Si ça peut te rassurer, tes changements d’attitude sont incroyables. Ce n’est pas ça, c’est… quelque chose dans ta manière d’aborder chaque situation. Une sorte de défi, murmura-t-il, un ton plus bas. Un jeu. Même quand c’est mortellement sérieux.
— Mais c’est les meilleurs moments, ça, Kalinou, narguai-je.
Il se rembrunit à l’emploi du surnom, que je n’utilisais que rarement, souvent pour me moquer de lui, et j’entrelaçai mes doigts aux siens pour le rassurer.
— Merci.
— Pour ?
— Juste être là, c’est déjà bien.
Il déposa un baiser léger sur mon front, un courant d’air discret mais rafraichissant, et ne répondit rien. Nous restâmes assis là, enlacés dans le calme et le silence jusqu’à ce que trois coups discrets résonnent à la porte. Avec un gros soupir, je finis par me lever malgré une envie dévorante de rester affalée dans le grand canapé, face à la ville qui vibrait toujours.
Keirv et Miri, changés eux aussi pour l’occasion, nous guidèrent dans les couloirs jusqu’à la passerelle la plus proche, qui nous amena dans la large tour qui servait de zone de réception au palais. Il était déjà tard, et nous fûmes rapidement redirigés par les intendants vers une grande salle, plongés dans un long flux constant qui créait un véritable courant de mouvement dans le palais.
Autour de moi, je voyais de belles robes richement décorées comme la mienne, des habits d’apparat mêlant acier poli et cuir lustré, fourrures épaisses et mailles fines. Heureusement que j’étais habillée par le palais lui-même, car sinon je me serais sentie déplacée dans la foule. Il y avait presque autant de dvergar que d’humains parmi les invités, et comme à chaque fois, je m’étonnais du nombre de demi divins exilés dans ces terres qui nous étaient plutôt hostiles, si proches du royaume des géants. Certains avaient si peu de sang divin dans les veines que leurs yeux avaient une couleur purement normale : c’étaient les descendants de familles depuis longtemps établies ici. D’autres, comme Aaron, Esil et Alice, que je reconnaissais devant nous, étaient seulement de passage, envoyés ici pour être formés ou pour une mission.
Nous fûmes bousculés jusqu’à passer les portes d’une immense salle en principe austère, qui avait été si richement décorée que rien ne semblait à sa place. D’immenses lustres chargés de pierres précieuses aussi limpides que de l’eau de roche pendaient du plafond, illuminés de leur propre bioluminescence, réverbérant l’éclat de l’or des anneaux. De longues tables ovales avaient été dressées pour un repas à cinq services, la coutellerie en argent massif avait été sortie. Partout sur les murs de pierre noire pendaient des soieries, des tapisseries ou de lourds tableaux encadrés de bois précieux.
Un intendant court sur pattes accourut avec une précipitation non feinte pour nous placer. Il avait des cheveux roux aussi longs que les miens, ramenés en une tresse complexe plaquée contre son crâne, et il marchait en tanguant légèrement sur ses jambes arquées. Il nous guida droit jusqu’à la seconde table la plus proche de l’estrade, nous indiqua nos sièges, et Kalyan me tira la chaise dans la plus pure courtoisie formelle. Je me permis un bref sourire, son côté chevalresque étant aussi nécessaire ici qu’inutile au quotidien. Ailleurs, notre entente était si simple… mais ici, nous formions un couple selon les normes sociales. Et aujourd’hui en particulier, le repas paraissait plus formel que les banquets auxquels j’avais déjà assisté.
— Non, mais je vous assure. Si un jour l’un de ces satanés rejetons du chaos parvient à rentrer dans mon atelier, je renonce à ma forge, car l’honneur des fils d’Ivaldi aura été bafoué et traîné dans la boue.
Je haussai un sourcil, interpellée, levai la tête vers Kalyan, qui venait de s’asseoir. Il secoua lentement la tête avec un air blasé. Son expression, mélange d’appréhension et d’expectative, me tira un grand sourire.
N’essaie même pas, articula-t-il en silence.
Oh que si.
— Excusez-moi, interpellai-je en pivotant vers les deux dvergar qui étaient déjà assis à notre arrivée, ai-je entendu correctement ? Vous êtes un fils d’Ivaldi ?
— Absolument, ma jeune demoiselle. Et vous, vous êtes la petite protégée de… ah, Hamershot ! C’est un honneur de vous revoir, Tueur de Dragon.
Kalyan sourit nerveusement, n’appréciant certainement pas le titre autant que quelqu’un d’autre l’aurait fait.
— Vous me flattez, noble forgeron. Cela fait un moment que je ne vous ai pas vu. Lily, je te présente…
— Veiri, pour vous servir.
Le dvergr fit le geste d’abaisser un chapeau immatériel – ou était-ce un casque dans les traditions locales ? Ce n’était pas impossible. Je lui rendis un large sourire, accompagné d’une salutation bien trop formelle :
— Que les étincelles de votre forge jamais ne s’éteignent, Veiri Ivaldisonr.
— Et que votre lame jamais ne s’émousse, jeune fille. Vous connaissez nos traditions.
— Kalyan est un bon professeur.
Kal me retourna une moue provocatrice, que je ne relevai pas. En vérité, mes connaissances me venaient évidemment d’Ekrest, mais ça aurait été impossible à expliquer ici. Ceci dit, je n’étais pas prête d’oublier ce que ce petit vieillard trapu et barbu venait de dire.
— Pourrais-je avoir l’immense privilège de visiter votre forge tant que je suis ici, maître Veiri ? J’avoue que je n’ai jamais vu de forge dvargen, et on m’a dit que ce sont des lieux fascinants…
C’était une part de la vérité. Je n’avais jamais visité de forge, malgré toutes les histoires qui couraient dessus. Mais surtout, le défi qu’il m’avait inconsciemment posé faisait chauffer le sang dans mes veines bien plus que l’alcool qu’on était en train de me servir. Accéder à un tel atelier au nez et à la barbe de son propriétaire serait un véritable exploit… et il était toujours bon d’avoir un moyen de pression sur un nain. Ils tenaient trop à leur or et à leur honneur pour se donner la peine de préserver les apparences. D’ailleurs, Veiri coula un bref regard au Hamershot à mes côtés, fronça ses sourcils broussailleux, puis se fendit d’un large sourire.
— Mais avec plaisir ! Demain, si vous le souhaitez ?
— Absolument ! Kal, tu…
Le concerné leva une main, m’interrompant net pour rétorquer :
— Je vais passer mon tour. Je connais déjà vos forges, maître Ivaldisonr, même si c’était encore votre père qui les tenait lorsque je les ai visitées la dernière fois.
Le dvergr blêmit, comme piqué par un serpent, mais ne se départit pas de son rictus.
— Très bien. Dites à votre suivante de vous amener à moi directement. Qui est-ce ?
— Elle s’appelle Keirv Hein…
— Heinmar oui. Brave petite. Elle saura où me trouver. Je vous attendrai donc demain matin.
Parfait, songeai-je avec un rictus. Il ne m’en fallait pas plus. Demain ce serait simplement du repérage de terrain. Et d’ici quelques jours, je pourrais passer à l’action en toute impunité. L’honneur d’un nain étant presque sacré, il cèderait aisément. Il fallait juste qu’il ne puisse pas faire le lien, mais pour ça, je prendrais le temps d’établir une bonne stratégie.
— Merci !
— Tu es folle, marmonna Kalyan d’une voix presque inaudible, tourné de manière à ce que le dvergr ne puisse pas lire sur ses lèvres.
Je haussai simplement les épaules, me joignis à la conversation avec un large sourire. Apparemment, les Ivaldisonr avaient bien augmenté la sécurité de leurs ateliers, surtout depuis qu’on racontait que des enfants de Loki rôdaient dans les environs. Certains auraient été aperçus au pied des monts Loptterkr quelques semaines auparavant. Des rumeurs disaient qu’ils étaient partis vers l’est, mais d’autres parlaient de l’ouest et des plaines des Stronstall. Rien n’était clair, et Veiri était précautionneux.
— Tu as bien raison, répondit l’autre, dont je n’avais pas saisi le nom.
— Excusez-moi, vous êtes…
— Un simple marchand, Demoiselle.
— Un simple marchand invité à la fête organisée par le roi Ankri lui-même ? relevai-je avec un sourire narquois.
— Un simple marchand spécialiste en runes, sceaux et enchantements, admit-il en souriant lui aussi. Fili, seizième du nom, enchanté de faire votre connaissance.
— Lyana, première du nom à ce que je sache… et je n’en sais pas beaucoup.
La plaisanterie fit rire les quelques personnes qui s’étaient jointes à nous, et je me fondis à nouveau entièrement dans le charme plaisant et sociable de Lyana. Un large sourire aux lèvres, je me présentai à ceux qui ne me connaissaient pas encore comme l’une des nouvelles-nées de la Maison de Thor, non-déclarée encore dans les registres familiaux. Les personnes se présentèrent à leur tour. Je rencontrai ainsi Zira, fille de Frigg, aux yeux d’améthyste lumineux et au sourire aussi distant que fallacieux, Tori, une dvgerg impatiente de faire ses preuves à la cour du roi en tant que forgeronne, et Uliak, l’un des diplomates de la ville dvargen voisinne. Zira était là pour passer une commande pour sa Maison, Uliak était venu en avance pour les célébrations d’Arshina.
— Et vous ? nous interrogea le représentant de la ville de Bragon.
— Kal me fait… visiter la région, on va dire.
— C’est un honneur d’être accompagnée d’un aussi illustre… personnage… marmonna Zira, se rembrunissant quelque peu.
Son regard transperça Kalyan avec une acuité dérangeante, et je compris qu’elle avait additionné deux et deux facilement. Les rapports de la trahison et du bannissement de mon partenaire avaient évidemment filtré dans les autres Maisons, au combien celle de Thor ne voulait certainement pas mettre son petit héritier en danger. Kal était – au moins autant que moi – une cible vivante pour les autres familles, qui se rueraient sur l’occasion de se débarrasser d’un Thor un peu trop puissant. Et Zira avait un regard un peu trop intéressé à mon goût.
L’air aussi innocent que possible – et avec la jeunesse de mon personnage, ce n’était pas trop difficile – je me tournai vers Kal :
— C’est vrai, monsieur le Tueur de Dragon. Tu ne m’as pas raconté comment ça s’est passé, du coup.
Kalyan poussa un long soupir, mais se prit au jeu sous mon regard insistant.
— C’était durant l’un de mes précédents voyages…
Je souris en voyant la Frigg se décomposer quelque peu au fur et à mesure que le récit avançait. Les dragons étaient des adversaires coriaces, et les Frigg n’avaient pas beaucoup de magie explosive comme les Thor. Ils entrevoyaient parfois le futur, maîtrisaient la magie arcanique, mais c’étaient surtout des enchantements et des sortilèges de sorcières. Cette fille pouvait peut-être créer un rayon d’énergie puissant, mais elle ne pouvait pas court-circuiter le cerveau d’un homme comme un Thor le pouvait.
Après les explications et l’histoire d’un terrible combat où le bouclier s’était littéralement fendu en deux sous la chaleur du souffle du dragon, la Frigg paraissait calmée. Même si son regard resta sombre, elle applaudit Kalyan comme tout le monde, et la soirée continua en douceur.
Nous fûmes d’abord servis d’une salade bleue à l’allure douteuse, qui se révéla finalement pas si mauvaise, un sanglier rôti à la broche, venu des lointaines forêt qui bordaient cette plaine volcanique, de deux autres plats dont mon estomac ne se souvint pas vraiment, et finalement d’une sorte de crème brûlée piquetée de petites fleurs violettes, apparemment mangeables.
À la fin du dîner, je ne me sentais plus capable de bouger, et la robe faisait une jolie bosse sur mon ventre. Lasse d’être assise, je finis par me lever et, en insistant un peu, je parvins à attirer Kal sur la piste de danse qui s’était formée au fond de la salle, là où jouait un petit orchestre à cordes atypique. Je n’aurais pas su mettre un nom sur les instruments qu’ils utilisaient, et la mélodie était folklorique – au mieux – mais j’avais appris les pas par défaut durant les quelques dizaines de jours passés ici. C’était l’une des premières choses que Keirv s’était mis en tête de m’enseigner.
Kalyan et moi dansâmes, jusqu’à ce que mon estomac ne crie plus grâce et qu’une autre forme de faim s’instille. Progressivement, je me rapprochai de lui mais, l’air inconscient de mes avances, il resta d’une politesse presque froide, tandis que j’essayais de jouer délicatement avec les frissons électriques de son corps.
Finalement, fatiguée de son inconscience, feinte ou volontaire, je l’attrapai par le poignet, l’attirai, lentement mais sûrement, à ma suite. Son corps suivit plus vite que son esprit, car même après que nous ayons émergé sur le balcon le plus proche, il fronçait encore les sourcils. Je fis un signe de la main aux gardes, qui refermèrent derrière nous et alors seulement, un fin sourire vint jouer sur ses lèvres. Il se rapprocha de moi, jusqu’à m’acculer contre la colonnade de pierre lisse qui décorait les bordures des portes, et je soupirai :
— Il t’en a fallu, du temps…
— Tu trouves ?
Son corps se pressa contre le mien, lascif, j’entendis la maille de nos habits d’apparat cliqueter en s’entrechoquant. Du bout des doigts, je cherchai son visage dans l’obscurité, glissai le long de sa mâchoire et jusqu’à sa nuque en lui tirant quelque chose qui ressemblait à un frisson. Il frôla mon nez, et je me perdis dans son doux parfum, quelque peu enfumé par les braséros de la salle.
Je l’esquivai lorsqu’il chercha à m’embrasser d’abord, crochetai son genou pour nous rapprocher encore un peu. Dans la pénombre des stores qui couvraient les larges fenêtres du palais son visage se découpait en nuances de ténèbres, quelques mèches blondes tranchant dans l’obscurité. Les miens, rattachés en chignon bas s’emmêlèrent entre les phalanges de Kal, qui cherchaient un point d’accroche. J’évadai ses lèvres encore une fois, joueuse et taquine, puis finis par le laisser m’embrasser, oubliant dans son contact le monde qui existait.
Lentement, comme un serpent qui s’enroulait autour de lui, je me hissai le long de ses hanches, jusqu’à réussir à verrouiller une jambe autour de son bassin, l’autre touchant à peine le sol, cherchant une prise. Finalement, nous trouvâmes une sorte d’équilibre, la colonne servant d’appui à mes épaules lorsque mon bassin ne pouvait pas s’y coller.
Nous nous embrassâmes, encore et encore, jusqu’à perdre le sens du goût et de la réalité. Je m’abandonnai à ses bras, blottie dans la tendresse rugueuse de notre étreinte, et je le sentis se relâcher lui aussi des tensions qui le hantaient quotidiennement. Il tira sur ma robe, cherchant le fermoir, mais Keirv l’avait si bien lacée qu’il n’y avait aucune chance qu’il y arrive. Il finit par se résigner, un sourire aux lèvres, et se contenta de rester pendu à mes lèvres comme si sa vie en dépendait.
Je n’avais plus conscience du temps ni de l’espace lorsque nous cessâmes enfin. Je faisais corps avec la pierre dans mon dos, et le corps de Kal était si fermement pressé contre le mien que je doutais qu’on puisse encore nous séparer… à moins que ce soit à coups de hache dans la glu qui nous liait.
Kal pressa sa tête contre mon épaule, reprenant lentement son souffle, l’air d’avoir réussi à se laisser aller pour la première fois depuis une éternité. Je connaissais ce visage. C’était celui qu’il arborait quand les Maisons, la complexité de notre relation, mes problèmes et ses doutes ne le taraudaient plus. C’était celui qu’il était quand il n’y avait plus rien d’autre que nous deux, à plat devant nos yeux.
— On reste là ? soupira-t-il, plaintif, après de longues minutes d’un calme bienvenu.
— On ne peut pas…
— Merde.
Les dvergar étaient un peuple à la mentalité assez étriquée en ce qui concernait les couples et le mariage, en général, mais cela venait de leur société archaïque. La technologie ne progressait pas au même rythme que les mœurs, apparemment. Si nous restions trop longtemps, les rumeurs courraient, et je n’en avais pas particulièrement envie. J’essayais de me faire aussi discrète que possible, mais apparemment ça n’allait pas avec la couleur de mes yeux. On me repérait trop vite.
Kal me vola un dernier baiser délicat, une caresse de vent sur mes lèvres qui me laissa un goût de manque et d’inachevé. Soupirant, je voulus me détacher de lui, à la fois lasse et consciente qu’il fallait au moins qu’on réapparaisse en public une fois avant la fin du banquet, mais me retrouvai bloquée par mes vêtements. En tirant un peu, nous réalisâmes que les crochets de ma robe s’étaient emmêlés dans les maillons de son pourpoint, et la situation nous fit éclater de rire tous les deux.
— Attends une minute…
Kalyan me souleva comme une poupée de chiffons, me posa sur la rambarde du balcon, en équilibre précaire sur le vide de trois cents bons mètres. Agile, il commença à démêler les entrelacs de métal qui avait fini par former un nouvel ensemble de vêtements, une main dans le creux de mes reins pour me retenir, l’autre courant entre les maillons.
— On dirait qu’ils ont été conçus pour nous lier ensemble, pouffai-je.
La remarque lui tira un rire, et il rejeta la tête en arrière pour chasser les cheveux qui collaient à son front. Je les brossai en arrière du bout des ongles, souriant en sentant son soupir.
— Tu ne m’aides pas.
— Pardon, marmottai-je avec un large sourire, absolument pas désolée.
J’hésitai à l’embrasser, me rappelai la violence de notre étreinte précédente, et reconsidérai le fait que j’étais suspendue au-dessus d’une potentielle chute vertigineuse. Mauvaise idée. J’en avais envie, pourtant.
Je dus donc patienter, à défaut de pouvoir lui arracher ses vêtements en même temps que les miens pour nous débarrasser tous les deux du problème. Sa patience contre mon efficacité. C’était un combat ardent dans mon corps, mais je faisais de mon mieux pour endiguer les pulsions. Soupirant discrètement, je plaquai mes mains bien à plat sur la pierre froide, là où je pouvais les garder sous contrôle. Étrangement, Kalyan semblait travailler deux fois plus efficacement à nous démêler lorsqu’il n’avait pas mes doigts qui couraient le long de ses hanches et de son dos.
Lorsque nous fûmes enfin libres de nos mouvements, je me blottis à nouveau contre lui, plus câline cette fois, veillant à ne pas nous emmêler de nouveau. Et, malgré tout ce que nous avions dit sur le fait de repartir, nous choisîmes d’un commun et muet accord de rester là.

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Dernière modification par vampiredelivres le dim. 19 nov., 2023 4:14 pm, modifié 1 fois.
louji

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : sam. 21 oct., 2023 11:23 am Heyo ~

Le paradoxe c'est que les nains sont censés être cette civilisation capable de créer des trucs absolument incroyables (on parle du marteau de Thor, des cheveux de Sif qui sont en or pur mais qui peuvent pousser comme des cheveux normaux, d'un bateau qui se plie en un mouchoir de poche…) et pourtant la plupart du temps ils sont représentés comme des taupes armées de massues qui défendent leur petit tas d'or comme des bourrins… Du coup j'ai essayé de les rendre un peu plus technologiquement avancés, quand même.

Yes, je vois ce que tu veux dire dans la suite, c'est mon gros enjeu actuel de la rendre toujours un minimum faillible et humaine. Parce que bon, en puissance brute, elle éclipsait déjà pas mal de monde dans la salle, mais elle est jeune et ça a toujours été la technique qui lui manquait. Le but, c'est qu'on ne perde pas cette dynamique là. Là ça fait deux semaines qu'elle s'entraîne déjà, elle commence à être opérationnelle sur les trucs "simples" (avec des gros guillemets) mais elle a un bon bout de chemin à parcourir avant d'approcher la finesse de Kal.
(Après, faut pas se mentir, elle était déjà explosive avec des flammes, donc avec de la foudre… :roll: :lol: )
Holaaa

Je commence déjà par répondre à ça puis je lis les chapitres ✨

C'est vrai ! Mais dans les univers d'inspiration mythologie nordique, tu trouves que ce cliché revient souvent ? Je trouve que la représentation que tu donnes, on la voit surtout en fantasy, avec les nains des mythes plutôt celtiques / du Royaume-Uni.

Oui c'est un bon vent de fraîcheur de la voir sous cet angle-là, même si ça peut sembler surprenant comme c'est un T3 ^^ Mais pour le coup, c'est franchement bienvenu.


Chap 2 :

"Et je parlais comme une petite vieille, parce que j’en avais toujours dix-neuf." :arrow: si jeune en vrai omg

Naaaan j'adore le concept de la boxe électrique :lol:

Ils sont choupis Kal et Lily ♥ Bon, y'a cette histoires de mensonges, maiiiis ça turlupine Lily, donc moyen que ça finisse par popper entre eux.

Le rappel du décès de la mère de Lily est bienvenu, vu ce qui se passe avec ses nouveaux pouvoirs. Et même si effectivement on a déjà mentionné l'événement dans les tomes 1 & 2, c'était assez succinct. Donc c'est cool de s'attarder de nouveau dessus, parce que c'est encore à vif chez Lily.

Oh bah tiens, un caillou magique pour sauver Loki 🧐 Pour de vrai, je sens la merde arriver là :lol:


Chap 3 :

C'est cool le passage sur la nouvelle apparence de Lily, la façon dont elle doit s'y faire, le jeu avec le maquillage... Quand ils auront quitté les nains, je me demande si elle va repartir à 100% sur son physique d'avant ou si elle va conserver un peu de "Lyana" en elle.

"J’eus comme l’impression d’avoir déjà entendu ce commentaire de sa part, mais je ne me souvenais plus quand." :arrow: des agriculteurs, ça te parle madame ? :lol:

"— Mais c’est les meilleurs moments, ça, Kalinou, narguai-je." :arrow: 🐑🐑

"N’essaie même pas, articula-t-il en silence.
Oh que si." :arrow: Lily bordel :lol: Vraiment, Kal avait tellement raison sur la notion de défi.

"la robe faisait une jolie bosse sur mon ventre." :arrow: omg le food baby, incroyable

Oh bordel les gars, les vêtements emmêlés, carrément :mrgreen:

C'était chouette ce focus Kalyan pendant 3 chapitres, mais je doute que ça continue longtemps :roll: On va revenir aux vols, aux combats, au bordel légendaire qui accompagne généralement Lily :lol:


Corrections ortho-typo :

- " nous enfilâmes des casques en métal, légers mais résistants, enfilâmes des combinaisons thermo-régulatrices," :arrow: répétition
- "sourit-il Kalyan en me regardant sortir." :arrow: sourit-il Kalyan :D
vampiredelivres

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : sam. 04 nov., 2023 6:13 pmHolaaa

Je commence déjà par répondre à ça puis je lis les chapitres ✨

C'est vrai ! Mais dans les univers d'inspiration mythologie nordique, tu trouves que ce cliché revient souvent ? Je trouve que la représentation que tu donnes, on la voit surtout en fantasy, avec les nains des mythes plutôt celtiques / du Royaume-Uni.

Oui c'est un bon vent de fraîcheur de la voir sous cet angle-là, même si ça peut sembler surprenant comme c'est un T3 ^^ Mais pour le coup, c'est franchement bienvenu.


Chap 2 :

"Et je parlais comme une petite vieille, parce que j’en avais toujours dix-neuf." :arrow: si jeune en vrai omg

Naaaan j'adore le concept de la boxe électrique :lol:

Ils sont choupis Kal et Lily ♥ Bon, y'a cette histoires de mensonges, maiiiis ça turlupine Lily, donc moyen que ça finisse par popper entre eux.

Le rappel du décès de la mère de Lily est bienvenu, vu ce qui se passe avec ses nouveaux pouvoirs. Et même si effectivement on a déjà mentionné l'événement dans les tomes 1 & 2, c'était assez succinct. Donc c'est cool de s'attarder de nouveau dessus, parce que c'est encore à vif chez Lily.

Oh bah tiens, un caillou magique pour sauver Loki 🧐 Pour de vrai, je sens la merde arriver là :lol:


Chap 3 :

C'est cool le passage sur la nouvelle apparence de Lily, la façon dont elle doit s'y faire, le jeu avec le maquillage... Quand ils auront quitté les nains, je me demande si elle va repartir à 100% sur son physique d'avant ou si elle va conserver un peu de "Lyana" en elle.

"J’eus comme l’impression d’avoir déjà entendu ce commentaire de sa part, mais je ne me souvenais plus quand." :arrow: des agriculteurs, ça te parle madame ? :lol:

"— Mais c’est les meilleurs moments, ça, Kalinou, narguai-je." :arrow: 🐑🐑

"N’essaie même pas, articula-t-il en silence.
Oh que si." :arrow: Lily bordel :lol: Vraiment, Kal avait tellement raison sur la notion de défi.

"la robe faisait une jolie bosse sur mon ventre." :arrow: omg le food baby, incroyable

Oh bordel les gars, les vêtements emmêlés, carrément :mrgreen:

C'était chouette ce focus Kalyan pendant 3 chapitres, mais je doute que ça continue longtemps :roll: On va revenir aux vols, aux combats, au bordel légendaire qui accompagne généralement Lily :lol:


Corrections ortho-typo :

- " nous enfilâmes des casques en métal, légers mais résistants, enfilâmes des combinaisons thermo-régulatrices," :arrow: répétition
- "sourit-il Kalyan en me regardant sortir." :arrow: sourit-il Kalyan :D
Heyyy ~

Écoute, j'ai pas vu beaucoup de représentations de nains technologiquement hyper avancés (granted je ne lis pas beaucoup d'univers technologiquement avancé où les nains existent). Mais après peut-être que t'en as plus vu, toi.

C'est vrai que le T3 comme tome d'apprentissage, ça peut paraître contre-intuitif. x)

Chap 2
Oui, on a tendance à oublier que c'est une gamine à la base…

Je savais que t'allais aimer :lol: D'un point de vue narratif, c'est clairement un fusil de Tchekhov en plus d'un petit moment fun d'initiation aux nouveaux pouvoirs, ça m'arrange bien. :D

On va dire que là, les sujets sont plus que sensibles, donc elle met un peu de temps à les aborder.

Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas parlé de Nalaya, à la base c'était pour setup un évènement dans la suite mais il est possible qu'il n'advienne pas ce tome-ci finalement (trop peu de place pour lui). Mais c'était important, donc je suis déjà en train de réfléchir à restructurer le tome. Problème de jardinière XD

Oh, un caillou magique ! :lol:

Chap 3
Ouiiiii, ça faisait longtemps qu'on avait pas eu une Lily métamorphe (voire très peu finalement vu qu'elle n'en a pas beaucoup eu besoin jusqu'à maintenant) et ça me "manquait" (dans mon approche du personnage) d'avoir ce côté changeforme, apte à se créer une persona au besoin. Maintenant, est-ce qu'elle va garder un peu de la Lyana… je ne pense pas, c'est davantage un personnage qu'une réelle part de son identité (ou de ce à quoi elle s'identifie). Il faut se rappeler qu'elle a "choisi" l'apparence qu'elle a habituellement, elle l'a modelée jusqu'à ce qu'elle lui convienne totalement. Mais j'aime bien la question. :)

C'est marrant que t'aies retrouvé la scène aussi rapidement x)

🐑🐑🐑🐑 Benêt électrique power !

Aaaah, Lily et les défis. Une grande histoire d'amour x)

Tu te doutes bien que le calme ne va pas durer, mais en vrai, je trouve que cette première partie est assez "chill" comparée à d'autres. Quoique… ouais, si, tranquilou. Par contre oui, elle a l'art de mettre le bordel.

Merci pour ton passage !

LectriceDeBouquin

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Re: Le Cycle du Serpent [I-III] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par LectriceDeBouquin »

Bonjour,

Désolé je n'ai pas de commentaire pour ce dernier tome en cours, mais je me demandais si un pdf du tome 2 existe ? J'ai adoré le premier, et je souhaiterais lire le second. Il est disponible sur le forum mais cela est moins confortable que la liseuse, et nécessite une connexion internet.

En tout cas, bravo pour ce travail et univers riche. Cette lecture était clairement ma favorite depuis pas mal de temps.

Merci :)
TcmA

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Re: Le Cycle du Serpent [I-III] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par TcmA »

Hiello~

Bon bon bon, j'avais un chap de retard, fallait rattraper tout ça !

Ils sont kikis, nos ptits Kalily ! (Mention spéciale au surnom Kalinou qui a fait une apparence) J'ai peur que ça ne continue pas, mais pour l'instant je profite carrément de tout ça.

Lily reste Lily quoi qu'il en soit, évidemment qu'elle va chercher à faire ce qu'elle veut (et, sans aucun doute, elle va y arriver hehehe). J'ai hâte de voir ce que sa visite dans les forges va donner.

La bise~
louji

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : lun. 06 nov., 2023 6:15 pm Heyyy ~

Écoute, j'ai pas vu beaucoup de représentations de nains technologiquement hyper avancés (granted je ne lis pas beaucoup d'univers technologiquement avancé où les nains existent). Mais après peut-être que t'en as plus vu, toi.

C'est vrai que le T3 comme tome d'apprentissage, ça peut paraître contre-intuitif. x)

Chap 2
Oui, on a tendance à oublier que c'est une gamine à la base…

Je savais que t'allais aimer :lol: D'un point de vue narratif, c'est clairement un fusil de Tchekhov en plus d'un petit moment fun d'initiation aux nouveaux pouvoirs, ça m'arrange bien. :D

On va dire que là, les sujets sont plus que sensibles, donc elle met un peu de temps à les aborder.

Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas parlé de Nalaya, à la base c'était pour setup un évènement dans la suite mais il est possible qu'il n'advienne pas ce tome-ci finalement (trop peu de place pour lui). Mais c'était important, donc je suis déjà en train de réfléchir à restructurer le tome. Problème de jardinière XD

Oh, un caillou magique ! :lol:

Chap 3
Ouiiiii, ça faisait longtemps qu'on avait pas eu une Lily métamorphe (voire très peu finalement vu qu'elle n'en a pas beaucoup eu besoin jusqu'à maintenant) et ça me "manquait" (dans mon approche du personnage) d'avoir ce côté changeforme, apte à se créer une persona au besoin. Maintenant, est-ce qu'elle va garder un peu de la Lyana… je ne pense pas, c'est davantage un personnage qu'une réelle part de son identité (ou de ce à quoi elle s'identifie). Il faut se rappeler qu'elle a "choisi" l'apparence qu'elle a habituellement, elle l'a modelée jusqu'à ce qu'elle lui convienne totalement. Mais j'aime bien la question. :)

C'est marrant que t'aies retrouvé la scène aussi rapidement x)

🐑🐑🐑🐑 Benêt électrique power !

Aaaah, Lily et les défis. Une grande histoire d'amour x)

Tu te doutes bien que le calme ne va pas durer, mais en vrai, je trouve que cette première partie est assez "chill" comparée à d'autres. Quoique… ouais, si, tranquilou. Par contre oui, elle a l'art de mettre le bordel.

Merci pour ton passage !

Holaaa

J'en ai pas vu des massages, mais j'ai l'impression que les nains de la mythologie nordique sont plus facilement associés à la technologie que ceux du Petit Peuple... Après, je me goure peut-être complètement 🥲

Pour les sujets sensibles chez Lily, y'en a un petit paquet qu'il faudrait encore touiller :lol: Mais ça viendra au fur et à mesure. Nalaya, c'est le nom de la mère de Lily ?


Oui, carrément, la métamorphose (humaine) c'est pas tellement un truc qu'on a vu chez elle. Et c'est cool, sur plusieurs points =) Aaah pour son apparence tu vois j'avais pas forcément capté ! Je pensais qu'elle avait gardé celle avec laquelle elle est née.

Mdr y'a pas beaucoup de moments depuis le début où elle a eu l'occasion de porter des vêtements plus soignés :lol:

Ah oui, c'est très chill ! Mais ça fait du bien :D
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Re: Le Cycle du Serpent [I-III] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par vampiredelivres »

LectriceDeBouquin a écrit : mar. 07 nov., 2023 4:27 pm Bonjour,

Désolé je n'ai pas de commentaire pour ce dernier tome en cours, mais je me demandais si un pdf du tome 2 existe ? J'ai adoré le premier, et je souhaiterais lire le second. Il est disponible sur le forum mais cela est moins confortable que la liseuse, et nécessite une connexion internet.

En tout cas, bravo pour ce travail et univers riche. Cette lecture était clairement ma favorite depuis pas mal de temps.

Merci :)
Hello !
Désolée pour le temps de réponse, mais la version PDF va arriver sous peu, juste le temps que je fasse un peu de formatage.
En tout cas, merci pour ta lecture, j'espère que la suite te plaira également.
Je te tiens au courant dès que je poste le PDF ^^
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Re: Le Cycle du Serpent [I-III] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par vampiredelivres »

TcmA a écrit : dim. 12 nov., 2023 5:05 pm Hiello~

Bon bon bon, j'avais un chap de retard, fallait rattraper tout ça !

Ils sont kikis, nos ptits Kalily ! (Mention spéciale au surnom Kalinou qui a fait une apparence) J'ai peur que ça ne continue pas, mais pour l'instant je profite carrément de tout ça.

Lily reste Lily quoi qu'il en soit, évidemment qu'elle va chercher à faire ce qu'elle veut (et, sans aucun doute, elle va y arriver hehehe). J'ai hâte de voir ce que sa visite dans les forges va donner.

La bise~
Hiello ~

Ça va un chapitre de retard ^^

Mwuiii, ils sont chous ! (Kalinou, le surnom qu'il n'aime toujours pas d'ailleurs :lol: ) Faut en profiter, on va commencer à rentrer dans l'agitation :mrgreen:

On ne change pas la Lily si vite, qu'elle soit Lilith ou Lyana.

La bise ~
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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : dim. 12 nov., 2023 5:40 pmHolaaa

J'en ai pas vu des massages, mais j'ai l'impression que les nains de la mythologie nordique sont plus facilement associés à la technologie que ceux du Petit Peuple... Après, je me goure peut-être complètement 🥲

Pour les sujets sensibles chez Lily, y'en a un petit paquet qu'il faudrait encore touiller :lol: Mais ça viendra au fur et à mesure. Nalaya, c'est le nom de la mère de Lily ?


Oui, carrément, la métamorphose (humaine) c'est pas tellement un truc qu'on a vu chez elle. Et c'est cool, sur plusieurs points =) Aaah pour son apparence tu vois j'avais pas forcément capté ! Je pensais qu'elle avait gardé celle avec laquelle elle est née.

Mdr y'a pas beaucoup de moments depuis le début où elle a eu l'occasion de porter des vêtements plus soignés :lol:

Ah oui, c'est très chill ! Mais ça fait du bien :D
Heyooo ~

Oui, c'est vrai qu'il y a aussi le Petit Peuple, eux ne sont pas mentionnés dans les mythes nordiques (pas de fées ou de lutins à ce que je sache), mais la différence technologique est effectivement marquante entre les deux. Quoique je pense à Artemis Fowl et ses fées technologiques… :ugeek:

Non, elle a vraiment modulé son apparence en fonction du besoin et du confort qu'elle avait avec son corps, c'est un gros avantage. Et en outre, elle a appris à combattre dans d'autres formes que la sienne pour s'accoutumer à la différence qu'il peut y avoir si elle se retrouve coincée sans magie.

Oui c'est vrai :lol: En même temps y'a pas beaucoup de moments depuis le début où elle ne va pas se retrouver avec du sang et des coups de feu, donc bon les vêtements classes…

On en profite toutes j'ai l'impression :D
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Le Cycle du Serpent [III] : L'Hiver des Maisons

Message par vampiredelivres »

CHAPITRE 4


Je n’avais toujours pas l’habitude de me réveiller dans les soieries dvargen, mais je devais admettre qu’elles procuraient un certain confort. Le lit était si profond et si moelleux qu’il était parfois difficile de m’en extraire le matin, mais je faisais toujours l’effort pour préserver mon rythme circadien. Comme le roi Ankri l’avait dit, j’étais une lève-tôt, et j’entendais bien le rester. Ekrest m’avait inculqué un certain rythme de vie, qui m’avait apporté beaucoup de bien, ce n’était pas maintenant qu’il n’était pas là que j’allais me relâcher. En outre, si je rentrais à Midgard et que j’étais laxiste dans mon comportement envers moi-même, je n’oserais probablement jamais le regarder dans les yeux.
Cependant, ce matin-là, je ne fis pas de séance d’entraînement complète. Habillée de vêtements amples et confortables, serrés aux articulations par des bandes élastiques, je fis un petit tour de course à pied dans la cité, distançant Keirv en quelques foulées malgré ses protestations véhémentes. Les descentes furent faciles, et je faillis me laisser emporter par la facilité en descendant vers les mines comme nous l’avions fait la veille, mais je me rappelai qu’il allait falloir que je remonte les dizaines de marches que j’avais dévalées, et j’infléchis ma course au milieu de la ville environ. Je fis trois fois le tour d’un large pâté de tours-stalactites, jusqu’au moment où de jeunes dvergar commencèrent à m’observer un peu trop intensément, leurs yeux sombres s’attardant sur mes bracelets et les bijoux offerts par le roi, que j’avais pris par habitude.
Alors, je fis un détour par ce que j’estimais être l’ouest de la ville, et enfin, je repris progressivement les étroites volées d’escaliers en direction du palais royal.
Keirv m’attendait sur le parvis de la cour haute, celle qui était ouverte au public, en tapant du pied, la mine irritée.
— Vous ne…
— Désolée, mais c’était nécessaire. Et, bien que je ne doute pas de tes aptitudes physiques, je doute que tu m’aurais suivie.
Elle fronça le nez, sembla vouloir dire quelque chose, puis se ravisa et se contenta de me raccompagner jusqu’à ma chambre.
— J’ai du temps ? demandai-je en me dirigeant vers la douche.
— Pas vraiment.
— Parfait !
La douche fut expédiée en un tournemain, je me rhabillai de nouvelles soieries aussi extravagantes que toutes celles qu’on m’offrait ici – j’avais une collection à faire pâlir un maître de la haute-couture midgardien – et pris le chemin de la navette. Celle-ci nous déposa quelques minutes plus tard dans les confins de la cité, bien loin de là où j’avais couru, dans une chambre magmatique secondaire accessible uniquement par navette. Là, le pilote nous posa en douceur devant un immense portail encastré dans la roche, Keirv inclina son siège en arrière et me fit signe qu’elle allait rester, et je me souvins qu’elle était elle aussi fille de forgeron. Certainement une histoire de concurrence.
Je lui adressai un signe de la main discret, un sourire aux lèvres, et je me dirigeai vers les larges vantaux de fermés à l’autre bout de la petite caverne dans laquelle nous avions atterri. Ils avaient l’apparence d’un bois sombre, épuré et poli, mais lorsque je toquai, la dureté de la roche m’arracha un grognement. Je pestai en silence, cherchai du regard un levier, une sonnette, quelque chose qui me permettrait d’actionner un quelconque mécanisme pour signaler ma présence. Mais la pierre, qui imitait si bien le bois que c’en devenait perturbant, ne présentait absolument aucune fissure, aucune faille, aucun escarpement sur sa surface lisse.
Je finis par repérer, en tournant sur mes talons avec la tête renversée en arrière, une surface un peu plus polie, que j’assimilai à une cachette de caméra dvargen. Elle était si parfaitement fondue dans le décor que j’eus du mal à la discerner, ne captant d’abord que le reflet étrange de la lumière des veines d’havis sur la surface polie. En plus, la forme de la cavité qui devait contenir la caméra était suffisamment asymétrique pour ne pas donner l’impression qu’elle avait été insérée dans la roche, mais plutôt que c’était un cristal qui avait été découpé et lissé.
Le temps que les portes s’ouvrent en coulissant lentement dans leurs vérins invisibles, j’avais repéré deux autres caméras du même genre. Je me fis la réflexion que, si elles étaient si bien camouflées, il faudrait que je fasse attention à d’autres éventuels endroits où elles pourraient être situées. Soudain, je n’avais plus tellement confiance en nos échanges si discrets avec Keirv dans les couloirs vides et calmes.
— Bienvenue, jeune demoiselle, dans l’atelier des Ivaldisonr !
Veiri avait revêtu ses plus beaux atours pour m’accueillir, et la courbette dont il me gratifia était impressionnante de profondeur compte tenu de la rigidité des articulations des nains. Avec leurs membres courts et leur physionomie trapue, ils n’étaient habituellement pas très souples. La maille dorée de la cotte qu’il portait cliqueta tandis qu’il se relevait, les plaques de ses genouillères grincèrent quelque peu. Je m’inclinai en retour, bénissant Keirv pour une fois pour cette robe sur laquelle elle avait insité. Je n’aimais pas trop les robes, mais l’effet que celle-ci avait en se déployant sur le sol autour de moi comme un nuage de pétales de fleurs était impressionnant. Et elle était suffisamment fluide pour permettre du mouvement lors d’éventuels combats.
— Maître Veiri, merci pour votre accueil. Que vos étincelles jamais ne s’éteignent.
— Oh vous aurez l’occasion de les voir. Que votre lame jamais ne s’émousse. Entrez.
Je passai les portes avec l’étrange sensation de sentir mon flux magique me picoter comme si une onde d’électricité statique parcourait ma peau. Je me tournai vers les portes avec un froncement de sourcils, et le nain m’adressa un grand sourire.
— Vous le sentez ? C’est le premier détecteur. Il est situé entre le blindage des portes, et il scanne le flux magique entrant.
Comment la signature de mon flux pouvait varier en fonction de la magie que j’utilisais était encore un mystère à mes yeux, mais cela marchait apparemment. Depuis que j’étais à Stronstall, je n’avais jamais été détectée comme une fille de Loki, même si mes origines étaient inscrites dans mon sang. Et j’étais certaine qu’à la seconde où j’utiliserais ne serait-ce qu’une infime illusion, la citadelle entière se mettrait en état d’alerte rouge et se transformerait en place forte.
— Comment ça marche ? interrogeai-je avec une curiosité tout à fait ingénue.
— On vous a expliqué le principe du flux ?
— Absolument pas. Je sais que c’est une sorte de marqueur de mes origines, mais sinon…
Et pourtant, Ekrest avait tenté de m’expliquer la théorie du flux. Mais je n’y avais rien compris.
— La magie circule en flux, entama Veiri en me guidant au travers d’une large antichambre.
Chaque mur supportait une demi-douzaine de portants à armes en tous genres, qui eux-mêmes exposaient des épées, des lances, des boucliers, des canons à impulsion magique, des recharges…
— Imaginez ça comme une rivière qui coule en permanence. Le flux est unique, c’est la même magie – celle de l’Yggdrasil – qui alimente tous les êtres vivants.
Jusque là, je pouvais le suivre.
— Dans le sang de chaque être divin, il existe des particules magiques latentes, quasiment indétectables, qui lui permettent d’exploiter ce flux d’une certaine manière. Les enfants de l’orage utilisent le flux de la foudre, ceux de la mère de tous peuvent puiser dans les trames pour entrevoir un fragment d’avenir.
Et c’était là que je commençais à me perdre.
— Mais comment… pourquoi ces particules changent-elles le pouvoir ? Elles sont différentes ?
— Oui et non… mais c’est compliqué, et long à expliquer, bougonna-t-il, soudain grincheux. Par contre, ce qui est intéressant, c’est la signature qu’elles émettent. Lorsque vous utilisez votre magie, vous faites appel à ces particules pour vous approprier une partie du flux environnant. En le faisant transiter par vous et en le… mutant, d’une certaine manière, pour répondre à la magie que vous utilisez, elles émettent une vibration unique, une sorte de réponse. C’est cette vibration que nous détectons, nous, pour identifier votre appartenance.
Et là, je ne comprenais plus. Parce que, théoriquement, s’il me bombardait de flux « neutre » lorsque je passais la porte… mes deux pouvoirs auraient dû s’activer, non ? Cette question, je n’avais malheureusement pas le droit de la poser, mais je pourrais peut-être un jour la lui soutirer si j’arrivais à trouver mon emprise sur lui. Cependant, avant, il faudrait que je tente un exercice particulièrement difficile, que je n’étais pas sûre de maîtriser.
— Je… en théorie c’est clair. Dans la pratique, je ne vois absolument pas comment ça se manipule, admis-je avec un sourire faussement gêné, mais en tout cas l’explication est claire. C’est comme une rivière sur laquelle on mettrait plusieurs digues différentes pour en détourner le cours en fonction de la nécessité, c’est ça ?
Les ridules de Veiri se creusèrent dans son sourire approbateur. Je n’arrivais pas à lui donner d’âge. J’avais l’impression que tous les dvergar, passé un certain âge, vieillissaient soudain de soixante ans d’un seul coup. Il pouvait avoir quarante ans comme cent trente.
— Pardon si c’est indiscret mais… quel âge avez-vous ?
— Soixante-dix-sept ans !
— Ce qui est encore… assez jeune, si j’ai bien compris ?
— Exact. Je ne suis adulte que depuis trente-sept ans.
Soudain, avec mes dix-neuf années midgardiennes, je me sentais particulièrement jeune. Mais c’était trompeur. On disait que l’esprit cessait de vieillir avec les pommes d’Idunn… c’était pour ça que certains de mes frères de plus de deux cents ans se comportaient encore comme des jeunes adultes rebelles.
— Vous avez une superbe collection de pistolets à impulsion magique… m’extasiai-je en passant du coq à l’âne.
Le rôle de Lyana que j’endossais tous les matins était parfois épuisant. Elle parlait trop. Mais d’un autre côté, fille de Thor qu’elle était, elle obtenait toutes les réponses facilement, puisque tout le monde aimait lui répondre ici.
— C’est vous qui les avez forgés ?
— Oh oui ma p’tite demoiselle. Et toutes les armes aussi. Enfin, moi et mes assistants, qui ne sont pas là aujourd’hui.
— Mais il n’y a pas beaucoup de guerres territoriales en ce moment, non ?
— Pas énormément, mais suffisamment pour faire ma fortune et continuer à me donner des exercices régulièrement. Capter et transformer le flux magique demande des compétences affûtées.
— Donc… si je vous donnais un défi… ce serait une bonne chose ?
Il pila, me considéra de ses yeux sombres d’aigle en chasse.
— Là, vous m’intriguez.
Je passai lentement ma main sur ce qui ressemblait à une hallebarde, mais dépliable – question de praticité dans les navettes sans doute ? – la secouai quelques instants avant de comprendre comment elle s’étendait. Le manche coulissa comme une matraque télescopique, s’ajusta dans un cliquetis à peine audible, et je fis un large mouvement de bras avec. Je n’aimais pas les lances, mais je détestais surtout les avoir pour adversaires. La hallebarde était étonnamment lourde, compte tenu de ce que j’aurais estimé, mais j’appréciais le poids qui me permettait de m’équilibrer facilement.
— Je veux voir le reste de votre forge avant de savoir si vous en êtes capable… finis-je par sourire.
Veiri était pendu à mes lèvres. Je voyais dans son regard sombre l’attente, un espoir soudain, et dans son expression quelque chose qui ressemblait à de l’orgueil. Il s’était redressé lorsque j’avais parlé de défi. La provocation lui tira un immense sourire, et il fit quelques pas pesants, finit par me prendre la hallebarde des mains en voyant que je n’arrivais pas à la replier sur elle-même, et la rangea sur son support. Puis il pivota, les sourcils froncés et les épaules tendues, me fit signe d’avancer, et ne dit plus rien jusqu’à la salle suivante. J’en profitai pour observer en silence, à la dérobée, ce que je discernais comme dispositifs de sécurité. D’autres caméras, tout aussi élégamment encastrées dans les parois, un système de laser quasiment indétectable, que je ne repérai que lorsque je passai mon pied en plein dedans et qu’un nouveau frisson électrique glissa le long de mon échine, signalant un nouveau système de scan de flux.
La véritable difficulté résidait dans le fait de repérer les systèmes. Ils étaient si différents de ceux que je connaissais dans mon monde qu’ils paraissaient presque inconnus. Les dvergar étaient particulièrement attachés à leur progrès technologique, et refusaient de le distribuer librement dans les autres mondes, raison pour laquelle ils gardaient leur monopole et leur avantage stratégique.
La salle suivante était une sorte d’entrepôt, avec des rangées de caisses impeccablement alignées. L’atelier semblait vide, et je doutais que le forgeron y travaille tout seul, mais je ne voyais aucune trace d’un autre ouvrier.
Une connexion, que je n’avais jamais faite auparavant, me frappa tandis que nous franchissions la porte ce qui s’apparentait à la première forge, mais je l’oubliai en détaillant la pièce. Il y avait un immense fourneau, des outils presque trop rustiques suspendus le long des murs, côte à côte avec des objets que j’identifiai comme des pointeurs laser de poche. Mais j’étais quasiment certaine que ce n’était pas qu’un laser utilisé pour désigner quelque chose.
— Ce sont des lasers ? demandai-je, mettant de côté ma question.
— Absolument ! Mais attention, ce sont des lasers de précision.
— C’est à dire ?
Le nain trottina vers la fournaise, soudain beaucoup plus enjoué, et saisit un morceau de métal de la taille d’une brique. Il me le tendit pour que je le soupèse, et je faillis plonger avec vers le sol tant il était dense. Puis, il le posa sur la table, se saisit de l’un des lasers, qui ressemblait à un petit stylo, simple et effilé, et le pointa vers le bloc de métal. En quelques secondes, le métal se mit à couler et à fondre le long du trou qui se creusait dans la brique, et encore quelques instants plus tard, le laser frappait le mur opposé. Veiri l’éteignit prestement.
— À utiliser avec précaution, ça découpe tout et n’importe quoi. Mais c’est un outil inestimable pour les carrières de pierres précieuses.
— Mais vous n’utilisez pas ça contre les Jötnar ? relevai-je, songeant à leur sempiternelle guerre de territoire.
— Pour les géants, nous sommes toujours les cafards miteux qui se terrent dans les entrailles des rochers.
Il ricana avec un mépris non dissimulé.
— Nous préférons garder nos avantages pour les grandes batailles. Les canons à impulsion suffisent amplement à la plupart des affrontements. En plus, avec la mort récente de Skadi…
Les nouvelles étaient donc enfin arrivées. Elles avaient mis plus de temps que je ne l’aurais escompté, mais peut-être que les Jötnar tenaient à préserver l’apparence que leur royaume était stable.
— Ces sales monstres ne devraient pas nous embêter avant un moment. Ils seront trop occupés à s’entre-déchirer.
— Vous pensez ?
Je me rappelai Gedvog, le fils de Skadi, que nous avions laissé au pouvoir à Thrymheim. Il était bien jeune pour assumer une telle responsabilité, mais il n’aurait peut-être pas le choix. Ou peut-être s’était-il déjà fait décapiter et supplanter.
— Absolument. Ça arrive une fois de temps en temps, quoi que je ne m’attendais pas à ce que Skadi tombe. Il paraît que les responsables se sont fait intercepter par ton père en personne.
— C’était quand ?
— Il y a un peu plus d’un mois il me semble.
— Oh. C’est peut-être là que j’ai croisé Père, donc…
Le mensonge sortit avec d’autant plus de naturel que j’avais réellement croisé la route de mon propre père durant cette « interception ». Son esprit avait envahi le mien – sur ma demande, ô combien cela puisse-t-il paraître suicidaire – pour nous sauver de Thor lui-même, qui sinon nous aurait carbonisés. En fait, c’était la révélation que j’étais l’Élue qui nous avait permis de nous en tirer, finalement.
— Effectivement. C’est rare qu’il voyage en ce moment. Mais vous aviez une autre question il me semble.
Je fouillai mon esprit à la recherche de la question que j’avais rangée dans un coin, finis par la retrouver. C’était un point qu’Ekrest n’avait jamais abordé comme Veiri l’avait fait tout à l’heure, et donc une question qui ne m’avait jamais effleurée.
— Ces fameuses particules qui font transiter le flux et modifient la magie… elles peuvent donc s’épuiser, d’une certaine manière ? Et elles sont régénérées par le repos ?
Le regard du dvergr s’éclaira comme celui d’un professeur qui aurait face à lui un élève particulièrement vif d’esprit… ce que je n’avais pas l’impression d’être, compte tenu de la quantité de théorie que j’avais déjà ingurgitée pour comprendre cette histoire de flux. Mais cela faisait plaisir à une obscure part de mon égo, qui adorait la reconnaissance.
— En fait, elles drainent votre énergie vitale. C’est pourquoi l’abus de magie peut être mortel, d’ailleurs. Ceci dit, à moins de vraiment forcer sur votre flux, vous vous évanouirez d’abord, et c’est les soins apportés qui vous éviteront le décès, ajouta-t-il avec un rire en voyant mon expression faussement inquiète.
Ou une improbable résilience et l’entraînement du corps à survivre à tout et n’importe quoi.
— Pour ce qui est des objets en revanche, les glyphes et les runes autour des forges permettent de concentrer naturellement les particules de flux à l’endroit où on travaille. Le flux va imprégner l’objet qui est en train d’être forgé en se faisant emprisonner dans la structure physique du matériau. En fonction du matériau, l’absorption est plus ou moins importante.
Je fronçai le nez, doutant de ma compréhension de cette partie de son explication, mais décidai de ne pas relever. Ce n’était pas comme si je n’avais pas déjà abordé ces questions avec Ekrest des millions de fois sans pour autant réussir à appréhender le concept correctement.
— Mais si vous aimez les objets magiques… Ça me permettra de vous faire découvrir une salle un peu particulière. Venez par là.
Il tapota sur un mur que j’aurais considéré comme une véritable paroi, à un endroit spécifique qui soudain s’illumina en une sorte de pavé tactile, et je pestai en réalisant que je détestais ce monde où le vol devenait si difficile. Midgard était si simple, en comparaison. Un véritable paradis de voleur !
Veiri me fit parcourir de longs couloirs qui louvoyaient entre les forges, passa trois portes blindées bardées de détecteurs comme partout ailleurs, et il finit par m’amener devant un dernier battant de pierre tout simple, une haute porte comme les autres, à peine visible, ses joints fondus dans le reste de la roche, si parfaitement taillés qu’ils disparaissaient à la vue des passants inattentifs. Seule une pression de la main du nain sur sa surface, qui illumina les bordures grâce à la bioluminescence naturelle de la roche, me permit de la remarquer alors que j’allais passer à côté.
— Ceci, ma p’tite demoiselle, est la pièce la plus secrète de cet atelier. C’est ici que se passent les plus belles choses.
La porte coulissa lentement, s’encastrant dans le mur qui la soutenait par une absurde forme de magie que je ne comprenais pas, et je pénétrai dans ce qui s’apparentait à la caverne aux merveilles d’Ali Baba. Le long des murs s’étiraient d’immenses étagères surchargées de bijoux, d’armes, de pierres précieuses, d’outils en tous genres. La pièce elle-même vibrait d’une puissance magique qui rivalisait avec la ceinture de force de Thor, surchargée des ondes d’énergie qui émanaient des objets qu’elle stockait. Elle était longue de plusieurs dizaines de mètres, suffisamment large pour permettre à six hommes de passer côte à côte lourdement armés. Au fond flamboyaient les flammes d’un immense âtre, que je supposai être l’atelier principal du maître des lieux.
— C’est ici que naissent les miracles ! lança le dvergr, un large sourire aux lèvres.
Il m’entraîna le long des rayonnages, passant à côté des objets d’un pouvoir incommensurable comme si c’étaient de simples breloques. En passant le long des étagères, je notai que tous les objets étaient différents dans leur forme, que c’étaient des créations individuelles et non des productions de masse comme le reste de ce qu’il m’avait montré.
— C’est mon aïeul Veiri, premier du nom, qui a créé cet endroit. Après ce qui est arrivé à Eitri et Brokk, il a décidé que la forge de la famille ne serait plus accessible à tous mais plutôt cachée. Évidemment, il nous arrive toujours de forger en public dans le cadre de concours, mais pour la plupart de nos expériences… Nous préférons les garder en sécurité ici, cela évite les incidents.
J’attrapai une chaînette d’or brillante, la fis jouer entre mes doigts en marchant, réalisai qu’elle s’étirait à l’infini à partir du moment où elle était enroulée au moins une fois autour d’un objet, et la reposai quelques rangées plus loin que là où je l’avais prise sans que le propriétaire ne semble en avoir cure. En passant derrière la dernière étagère, il pointa une sorte de laser vers un point précis et soudain, tout un pan de mur descendit depuis le plafond pour isoler le secteur de la forge du reste de l’entrepôt. Les flammes rugirent, alimentées par une ventilation automatisée synchrone avec le verrouillage de la salle, et je pivotai sur mes talons, curieuse.
Isolée du reste de la grande salle, la pièce ressemblait à l’un des dix autres ateliers que j’avais déjà passés dans le complexe de la forge. Un bureau sur un côté, l’âtre principal, long et profond, suffisamment pour construire un tank entier dedans sans difficulté, une véritable fournaise de Muspellheim. Même à cinq mètres du bord, je sentais la chaleur des flammes sur ma peau.
— Je suppose que les alarmes sont à quatre cent pour cents ici ? osai-je.
— Eh bien en vérité… pas vraiment. C’est le seul endroit parfaitement isolé, et donc le seul où je n’ai absolument aucune sirène. Mais l’entrée est impénétrable, il y a un système de laser auto-alimenté sur les ventilations qui carbonisera n’importe quel… insecte… qui voudrait essayer d’entrer.
Il y avait un certain venin dans sa voix à la mention des insectes, et je souris.
— Absolument aucune ?
— Absolument pas. Je ne peux pas me le permettre, pas avec les expériences que je fais parfois ici. Mais mon père a fait en sorte de transformer cette pièce en bunker. Rien n’y rentre, et rien n’en sort non plus sans les bonnes accréditations.
À nouveau, je distinguai la rancœur latente à la mention de son père, mais je préférai me focaliser sur la dernière partie de sa remarque. Pas d’entrées, pas de sorties.
Soudain, j’envisageai l’idée de devoir revenir ici, de devoir lutter contre les systèmes de sécurité, de devoir contourner ou broder pour me faufiler derrière l’un des ouvriers. Et la solution apparut, simple et efficace. Je vérifiai d’un regard l’environnement, à la recherche d’armes en tout genre, de détecteurs qui contrediraient les affirmations de Veiri, de menace potentielle pour le mouvement de folie que j’allais tenter. Mais la porte descendante semblait verrouillée, les murs autour de moi étaient nus… ce qui en soit, d’après tout ce que j’avais vu, n’était absolument pas une garantie.
Mais j’allais prendre le risque.
— J’ai trouvé votre pari très osé, hier soir, lâchai-je nonchalamment tandis qu’il se détournait pour chercher quelque chose dans son tiroir.
— Lequel ? demanda-t-il d’un ton distrait.
— Celui sur les enfants de Loki qui s’introduiraient chez vous…
— Oh, ça ?
Il farfouilla plus intensément dans les tréfonds, jusqu’à sortir une boule dorée, qu’il posa sur la table avant de pivoter vers moi. Et soudain, ses yeux s’ouvrirent en immenses billes noires, brillant d’une stupeur non feinte.
— Vous êtes une sang-mêlée ! réalisa-t-il dans un souffle.
Je me contentai d’un sourire de chat, particulièrement à l’aise dans mon corps habituel, que je venais de reprendre pour la première fois depuis des semaines.
— Une Loki par naissance, ajoutai-je pour insister sur le fait que même si j’avais réussi à m’introduire chez lui grâce à mes doubles pouvoirs, c’était mes origines qui primaient pour le défi qu’il avait lancé la veille.
— Mais je… je ne peux pas me défendre contre ce genre de…
Il bafouillait, trop choqué pour réussir à formuler une phrase correcte. Je devinai néanmoins ce qu’il voulait dire, lui offris un sourire compréhensif :
— C’est bien pour ça que notre existence est strictement limitée par nos parents divins. Ceci dit, vos détecteurs marchent très bien, maître forgeron. La seule raison pour laquelle j’ai pu les tromper, c’est ma double magie. Félicitations.
Même si j’essayais de le conforter, il demeurait livide, horrifié par la réalisation qu’une Loki s’était introduite dans son atelier. Je lui donnai une tape fraternelle sur l’épaule, et il leva les yeux, blême.
— Je ne dirai à personne que je me suis introduite dans votre atelier… si vous ne dites rien sur mes pouvoirs. Votre honneur sera sauf, et mon secret aussi… et vous n’aurez pas à renoncer à votre forge comme vous le disiez un peu trop fort.
Dans son regard terne, je vis s’éclairer une lueur fourbe, un éclat de traîtrise que je ne connaissais trop bien. J’avais parlé de secret, j’avais admis que je tenais à ma discrétion. Il plongea dans le piège tendu la tête la première.
— Mais ton secret vaut d’autant plus qu’il justifiera le fait que tu aies réussi à t’introduire chez moi, espèce de vipère…
Sa voix prit un accent traînant, suggestif. Je lui rendis un sourire tout aussi vicieux, fis crépiter un éclat d’électricité entre mes doigts, et son expression se défit lorsque des étincelles voletèrent autour de ses épaules et en face de son nez.
— Comment pourrais-tu le prouver ? Comment pourrais-tu même l’annoncer ? Une crise cardiaque est si facile à simuler…
Il voulut dégainer une arme, me la planter dans le ventre. Je faillis ne pas voir le mouvement arriver. La dague se déplia avec une fluidité mortelle depuis sa manche longue, se verrouilla en place avec un infâme cliquetis. Déjà, je m’étais métamorphosée. La lame ne frappa que le vent soulevé par mes ailes. Je me jetai serres en avant vers le dvergr qui ne s’attendait pas à affronter un corbeau, l’éborgnai d’un simple coup de griffe. Il poussa un hurlement de douleur, de rage et de terreur, recula de deux pas. Je repris forme humaine, lui arrachai sa dague, le projetai contre le mur, où je l’épinglai avec sa propre lame sous la gorge. Son sang poisseux coulait à flots sur ma manche.
— Ne t’avise pas de prononcer la moindre malédiction, nain, sifflai-je à son oreille. Ou je t’égorge avant que tu n’aies pu dire deux mots.
Veiri poussa une plainte sourde, voulut porter une main à son visage défiguré, mais je le contraignis à l’immobilité d’une simple pression.
— Maintenant écoute-moi. Jure-moi fidélité. Ou meurs.
— Mon meurtre sera puni…
— Ah bon ? Ce sera l’action terrible d’un Loki qui a réussi à s’infiltrer dans ton atelier, et je serai la pauvre spectatrice impuissante qui l’aura réduit en cendres un peu trop tard, lorsqu’il aura essayé de se retransformer.
La répartie lui coupa le souffle, et il se contenta d’un gémissement étouffé. Je lui adressai un rictus carnassier.
— Jure sur le Leiptr et l’honneur de ta famille, petit vers de terre, et tu pourras retourner à ta forge et tes belles prouesses. Ou meurs.
— Que les…
Son murmure haineux s’étrangla dans un craquement d’os et un gargouillis sanglant. L’arrière de son crâne cogna violemment contre la roche dure du mur, et son nez explosa à l’impact de mon front. Il hurla de douleur et de fureur.
— Essaie encore une fois, narguai-je malgré le sang qui dévalait mon arcade sourcilière, rompue elle aussi.
Ces saletés de nains avaient les os solides, décidément. Son nez contre mon crâne n’aurait pas dû gagner, en principe.
— Je…
Il hésita et, d’un mouvement négligent, je fis remonter ma lame le long de son cou pour piquer le côté de sa mâchoire, là où elle rejoignait la nuque. Il couina de surprise, et je dus me retenir très fort de ne pas lui couper la barbe pour lui donner un avant-goût de la mort qui pouvait l’attendre. Soudain, j’étais retombée dans le jeu que m’avait enseigné Ekrest : tuer ou être tuée. Un jeu que tous les êtres vivants, dvergar ou elfes, dieux ou hommes, comprenaient.
— Sur le Leiptr… entama-t-il précautionneusement d’une voix rauque.
Je lus dans son expression le doute, la haine. Sa carrière qui défilait devant ses yeux, ses espoirs réduits à néant. Je coulai un bref regard sur le côté, en direction du laser qu’il avait utilisé pour faire descendre le mur, indiquant clairement que j’avais compris comment m’en servir.
— Je ne t’en demanderai pas trop, promis. Peut-être un peu plus que si tu mourais, ceci dit…
C’était une opportunité unique, un dvergr lié à mon service. Même Ekrest n’avait pas réussi à en coincer un, encore. J’avais la chance de la surprise, qu’il ne s’attende pas à ce que je sois aussi puissante, aussi imprévisible, aussi proche de lui. S’il avait su que j’étais une Loki, jamais il ne m’aurait laissée l’approcher à moins de trois mètres. Et si je n’avais pas été une sang-mêlée, jamais il n’aurait manqué de détecter ma présence.
— … je te jure allégeance et obéissance. Mon sang sera versé avant le tien, mon épée est tienne, et où que tu appelles je viendrai.
Les mêmes mots que Sam avait prononcés une éternité plus tôt. Le souvenir me frappa comme un coup de poing en plein visage, réminiscence d’une époque que je croyais presque oubliée. Les serments d’allégeance sur le Leiptr étaient si rares…
D’un mouvement aussi lent que précautionneux, je relâchai ma pression sur sa gorge. Cependant, je ne reculai pas. Je me penchai encore un peu, mon sang se mêlant au sien dans une parodie d’ancien serment de sang. Mes premières instructions étaient cruciales.
— Tu ne tenteras en aucun cas de me combattre ou de me causer du mal. Tu n’informeras personne de cette rencontre, ni de mes pouvoirs, par quelque moyen que ce soit. Rien ne s’est passé ici à la connaissance de quiconque d’autre que nous.
— Oui, Ma Dame, siffla-t-il d’un ton vénéneux mais brisé. Comment dois-je vous appeler ?
— Lily, ça ira très bien.
— Très bien, dame Lily des Loki.
— Et laisse tomber le formalisme.
Il claqua de la langue.
— Je veux que ton comportement envers moi ne paraisse pas décalé par rapport à avant, insistai-je. Aucun signe ne doit trahir que tu es à mon service.
— Très bien, jeune demoiselle, gronda-t-il d’un ton furieux mais résigné.
Je reculai enfin, le laissai s’ébrouer, essuyer le sang de son visage tandis que je faisais de même.
— Tu ne…
Je croisai son unique œil valide encore flamboyant d’une colère étouffée, me tus. Mais, d’une main presque négligente, je fis apparaître la ceinture de force du dieu de l’orage, et l’œil unique qui me fixait s’écarquilla presque immédiatement. Je supposai que, en tant que forgeron émérite, il savait à quoi ressemblaient tous les objets légendaires forgés par ses ancêtres ou leurs concurrents. Il chancela, s’appuya contre le mur contre lequel je l’avais épinglé un instant plus tôt, et je notai que le bout de ses doigts frémissait.
— Qui… mais qui êtes-vous ?
Je refis disparaître la ceinture d’une simple pensée, lui offris un sourire.
— Un vecteur de chaos, semble-t-il, même si c’est parfois contre ma volonté. Mais j’ose espérer, maître forgeron, que vous travaillerez de bonne grâce en sachant qui sont les personnes qui m’ont amenée là.

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<= Bon on disait que c'était calme et que ça faisait du bien, donc il était temps que Lily fasse sa Lilith et qu'elle remette une once de chaos dans tout ça. :mrgreen:
Dernière modification par vampiredelivres le mar. 05 déc., 2023 2:38 pm, modifié 1 fois.
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