Project Nox [I] : Incipit [Young Adult / Enquête / Action]

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !
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Shotora

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Project Nox [I] : Incipit [Young Adult / Enquête / Action]

Message par Shotora »

Bonjour les booknautes ! Je suis nouveau sur ce forum et quelle meilleure première approche, que de sauter directement dans le grand bain. J'en ai donc profité, sous le conseils de quelques amis, de poster ici mon avancée dans l'écriture de mon premier roman, en tout cas le premier écrit autant entamé, mon projet en quelques sortes (voyez le jeu de mots :lol:, ceci dit c'est une bonne transition).

Project Nox, qu'est-ce que ça raconte ? :
L'Iuris est une organisation mondiale qui prend en charge toutes les affaires criminelles, un monopole qui ne semble pas avoir de limites, apportant privilèges et gloire à ces inspecteurs. Pourtant, elle est victime d'étranges assassinats et disparitions, alors qu'un sombre individu arpente les ruelles de Paris..
Dans ce monde, Jules, un jeune prodige, se fait remarquer par l'Iuris et arrive à la Capitale, souhaitant tirer un trait sur son passé et affirmer son identité.

Néanmoins avant de commencer, il faut que je vous précise quelque chose. Jules se genre au masculin, son pronom d’usage est le « il ». Ayant décidé de parler d'identité de genre dans ce récit, j'ai essayé de ne pas calquer le personnage principal à un stéréotype physique de genre, et ainsi d'être le plus flou possible quant à son apparence. Il peut donc avoir un "passing" plutôt féminin, masculin ou bien neutre. Il n’y a aucune obligation de s’accorder au nom « Jules », à consonnance masculine, cela n'aura aucun impact dans l'histoire.

J'attends vos retours avec impatience, que ce soit en négatif ou en positif. Le monde de Nox est un univers que j'apprécie de plus en plus et j'espère pouvoir le construire du mieux possible. :D

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Shotora

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Re: Project Nox [I] : Incipit [Young Adult / Enquête / Action]

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Prologue
Une ombre sur les toits



Un certain soir d’automne à Paris, si par inadvertance des passants avaient levés les yeux vers les toits monochrome de la capitale, teintés par des couleurs crépusculaires, ils auraient pu assister à un spectacle tout à fait singulier. Sur les hauteurs de Paris, on discernait vaguement une ombre qui se déplaçait avec aisance et rapidité. Toute personne rationnelle n’y verra qu’un oiseau peu commun, un aigle peut-être. Pourtant, cet être véloce sautait de toit en toit sans aucune maladresse même si la toiture des bâtiments se fissurait à son passage. Soudain, interrompant sa course silencieuse, l’être se mit à parler.
« Tu es sûr que tout est parfaitement fonctionnel ? », demandait-il, alors que personnes d’autres n’étaient présent.
« Je n’en sais rien. J’aurais préféré la tester avant d’effectuer une mission dangereuse. Je ne donne pas chère de ma peau si elle est défectueuse… C’est clair que si je clamse, je peux te jurer que je ferai tout pour me venger ! », reprit-il comme s’il discutait avec quelqu’un d’autre.

Puis il ajouta en soupirant : « D’ailleurs, tu penses vraiment que ce sont eux les instigateurs de cette attaque ? », il laissa un long moment de silence et repris à nouveau avec un ton où on pouvait percevoir une pointe d’excitation : « Parfait, je ne m’attendais pas à ce qu’ils interviennent aussi tôt, on a de la chance d’être prêt pile dans les temps. On va enfin pouvoir obtenir des réponses ! ». Sur ces mots, il s’arrêta et s’agenouilla comme s’il était sur le point de bondir : « Je sais ça consomme beaucoup d’énergies mais cela me permettra d’arriver là-bas bien plus rapidement » et il sauta. Il sauta avec tant de force que cela ébranla le bâtiment sur lequel il se trouvait et il fut projeté à plusieurs dizaines de mètres de hauteur à une vitesse hallucinante.

Un peu plus loin, on pouvait entendre le vacarme de plusieurs voitures de police, situées tout autour d’une petite épicerie. On y percevait de l’agitation, les passants s’agglutinèrent tout autour de la supérette. Certains d’entre eux évoquèrent une prise d’otages, fomenté par un groupuscule terroriste. Les deux camps s’observaient mutuellement, la situation était au point mort et personnes n’osaient intervenir. Quand soudain une ombre apparut dans le ciel et fondit sur le toit de la supérette, qui céda.
A l’intérieur, la surprise et le choc se fit ressentir, la moitié des rayons étaient étalés sur le sol. Les otages ainsi que les preneurs d’otages discernaient avec effroi une ombre menaçante à travers la fumée. Les criminels étaient au nombre de trois, cagoulés, et portaient une tenue militaire noire dont on y percevait un insigne cousu près de l’épaule droite. Par peur, les bandits se mirent à faire feu à travers la fumée. On entendait le bruit reconnaissable de balles qui rebondissaient sur du métal. Ils arrêtèrent de tirer quand le nuage de fumée se dissipa et furent frappé de terreur en voyant un être en métal à tête de loup qui les regarda sans rien dire.

Il avait une forme humanoïde de plus de deux mètres, si grand qu’il devait être avachi pour ne pas dépasser le plafond. Il s’agissait d’un exosquelette métallique dont les bras était pratiquement aussi long que les jambes et dont l’aspect général semblait plus squelettique que musculaire. Sa « tête » avait la forme de celle d’un loup dont les yeux s’apparentaient à deux fentes lumineuses. Son museau consistait en une fine tranche dans le métal où on y remarquait une sorte de filtre à l’intérieur. Par ailleurs, cette tranche se terminait de chaque côté par deux cavités circulaires. Il était encapuchonné, affublé d’un long manteau noir. On aurait dit l’incarnation de la faucheuse ou bien la réincarnation d’Anubis, en tout cas il était la représentation métallique que tous se faisaient de la mort. Il brandit deux étranges armes à feux qui étaient dissimulés par son manteau. Ces armes étaient élargies sur le bout et le canon était incrusté dans l’arme lui donnant une forme rectangulaire. Des jets de vapeurs sortirent soudainement des deux cavités circulaires de la tête de loup.

Il fit feu sans plus attendre mais alors que tous s’attendaient à un coup de feu, c’est une sorte d’arc électrique qui en sortit et lorsque cet arc frappa l’un des criminels, une onde de choc lui fit traverser tout le magasin atterrissant assommer dans le rayon confiserie, écrabouillant au passage des marshmallow qui atténuèrent sa chute. Un des preneurs d’otages sorti enfin de sa transe, prit son couteau de combat et fonça sur l’étranger qui riposta en tirant cette fois avec sa seconde arme, l’envoyant lui aussi dans le décor, cette fois-ci dans le rayon fruits et légumes, atterrissant dans une mare de jus et de fruits écrasés. Quant au dernier, il était abasourdi et n’arrivait plus à réagir. Les otages, eux, c’étaient rassemblés au fond du magasin et observaient le spectacle avec des sentiments mitigés entre inquiétude, espoir et effroi.
Une voix s’échappa de la créature de métal, elle était exactement comme on imagine la voix d’un robot du mal, très métallique et rauque, ce qui ne rassurait pas plus son adversaire et les otages :

- Fait ce que je te demande et tu n’auras pas le même sort que tes camarades. Menaça-t-il.
Le criminel hocha timidement la tête.
- Très bien. Je ne te le demanderai qu’une seule fois, qui est ton chef ?
- M-mon chef ? J-je ne sais pas, je ne l’ai jamais vu. S’il vous plaît, ne me faites pas de mal, je n’ai fait que suivre des ordres, je viens de rentrer dans leur organisation, je ne connais personnes et je n’ai jamais voulu faire de mal, déclarait-il complètement paniqué en voyant s’approcher la créature.

Il enlève alors sa cagoule comme pour signifier sa reddition, laissant paraître le visage d’un jeune adolescent d’approximativement seize - dix-sept ans. La créature de métal attrapa néanmoins son poignet, lui fit une clé de bras, le bloqua contre un mur et dit :

- Je t’ai prévenu que je ne me répéterai pas, si tu n’as pas de nom, donne-moi un détail qui me serait utile.
- O-ok, tout ce que je sais, c’est qu’on m’a dit que le mec qui nous dirige, c’est un ancien chef de mercenaires qui s’est allié avec une organisation et qui est arrivé à Paris que très récemment, environ un an, je crois, dit-il le souffle coupé par la douleur.
- Dernière question. Quel était l’objectif de ce braquage ? Je ne pense pas que vous ayez fait tout ça pour quelques fruits et légumes.
- Je crois qu’on était censé kidnapper un mec de l’Iuris et que notre rôle était de distraire la police. Lâche-moi maintenant, hurla-t-il.

La créature lâcha l’adolescent qui se sentit soulagé un moment mais celle-ci le souleva par le col et le projeta contre la porte du magasin, qui se brisa.
C’est à cet instant que les membres des forces de l’ordre en profitèrent pour s’y engouffrer. Ils ne s’attendirent pas à un tel spectacle à leur arrivée. Une créature de métal, se tenait là au milieu du magasin, les rayons fracassés, les preneurs d’otages éparpillés dans toute la supérette. Les otages se hâtèrent tous derrière eux. Tous les policiers braquèrent leurs armes sur lui, tous tremblaient, et une jeune femme s’avança, non sans appréhension. Elle avait la vingtaine d’année, des cheveux roux attachés en queue de cheval, les yeux verts et avait la mine complètement déconfite. Son arme braquée contre le monstre, elle lui demanda « Qui es-tu ? » et il lui répondit sans lui laisser le temps de poser d’autres questions : « Nox ».
C’est alors qu’il s’agenouilla et bondit à travers le toit, s’en allant aussi rapidement qu’il était arrivé. Beaucoup se demandèrent s’ils n’avaient pas rêvés ou hallucinés.
Shotora

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Re: Project Nox [I] : Incipit [Young Adult / Enquête / Action]

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Partie I :
L’I.U.R.I.S



I
L’homme qui venait de Paris


Ce jour-là, il faisait chaud, particulièrement chaud pour un mois de Juin. C’était le genre de température où vous n’aviez pas envie d’être enfermé dans une salle. C’est pourtant ce qui arriva à Jules Metelli, coincé dans un lycée, plus occupé à regarder ce qui se passait de l’autre côté de la fenêtre que de faire attention à ce qui se déroulait à côté de lui. Ce lycée se situait dans une petite ville de province, il était entouré d’un bois majestueux où se trouvait un splendide lac dont les mouvements de l’eau n’étaient dérangés seulement que par le passage de canards. Jules semblait même prêter plus d’attention à ces canards qu’à tout ce qui pouvait arriver dans cette salle de classe. Il adorait les canards, ils pouvaient se déplacer sur l’eau sans jamais s’inquiéter de ce qui se passait, au dehors, sur la terre ferme, comme s’ils étaient dans un autre monde. Et de plus, jamais ils n’étaient seuls, toujours groupés quoiqu’il advienne. Jules ne comprenait pas, pour lui, les groupes sont des entités dangereuses. Il valait mieux être seul. Il savait que pour les autres, cette méfiance faisait de lui quelqu’un de bizarre et d’asocial, mais il n’en avait cure. Il appréciait les gens mais il les aimait de loin.

Jules était plutôt grand pour son âge, il avait l’air débraillés et sa chemise ne semblait même pas à sa taille. Son visage était plutôt taciturne, ces cheveux châtains luisaient grâce au soleil et ses yeux, d’un bleu profond, laissait transparaître un air constamment grave. Il dégageait une maturité qui n’était pas semblable à ces camarades, comme s’il n’était pas à sa place. Il était assis au fond de la classe, près de la fenêtre. Une jeune femme était assise à ses côtés, il s’agissait de Clara Jourdan, sa seule amie. C’était une personne pétillante, tous ceux côtoyant Clara le savaient. Elle avait les cheveux noirs, les yeux bruns et brillants, et elle ne quittait jamais son téléphone, toujours tenu au courant des dernières informations les plus croustillantes, en oubliant presque les personnes autour d’elle. Elle adorait partager son avis politique et elle était une militante confirmée, ce que Jules admirait chez elle. Elle donna un coup de coude à Jules, dans l’espoir de le sortir de ses songes.

- L’intervenant vient de sortir. Je parie que tu ne sais même pas de qui je parle, dit-elle pour taquiner Jules, sans obtenir de réponses. Allez, ne sois pas si morose ! Après tout ça change de nos cours habituels. Avoir une journée d’orientation c’est plutôt une bonne idée. J’ai cru qu’ils n’arriveraient jamais à l’organiser avant qu’on quitte le lycée, rétorqua-t-elle, une nouvelle fois sans obtenir de réaction de la part de Jules, excepté un grognement. D’ailleurs, tu ne m’as toujours pas raconté comment ça s’est passé ton rendez-vous avec le directeur. Je parie qu’il était genre : « Mr. Metelli, vous avez beau être nouveau, quand un professeur vous pose une question vous n’avez pas à l’ignorer et cela ne vous prive pas non plus de participer aux activités de groupes, obligatoire je vous le rappelle », imita-t-elle avec une voix grave et un doigt au-dessus de sa bouche en guise de moustache.
- C’est à peu près ça, de là d’où je viens on n’avait pas à répondre à des questions.
- De quel lycée tu viens au juste ? Heureusement que M. Brumeau, t’aime bien, ça en fait au moins un, fit-elle en tirant la langue, un sourire aux lèvres.

Clara voulait devenir journaliste, comme son père. Elle ne l’avouera jamais mais c’était pour elle un moyen de se rapprocher de lui, de cet homme qui l’avait abandonné, il y a plusieurs années. Jules le savait. C’est à ce moment, que leur professeur référant arriva afin de leur présenter le prochain intervenant, un certain Mr. Poizel, consultant de l’I.U.R.I.S. A la mention de l’Institut, l’intérêt de Jules s’éveilla. Il l’observa alors attentivement. C’était un homme plutôt âgé, probablement proche de la retraite, il se fondait particulièrement dans le décor avec son look de professeurs, du chemisier en laine jusqu’à son bouc et ses cheveux dégarnis. Néanmoins, il détenait de profonds cernes et quand il parlait, il avait un tic. Sa main gauche s’ouvrait et se fermait comme s’il s’amusait à rouvrir et fermer un briquet à clapet. Il fut si concentré à l’observer qu’il fut surpris quand Clara se leva pour répondre à une question :

- Alfred Dugal est le fondateur de l’Institut de l’Unification des Recherches et des Inspections Spéciales, raccourci en I.U.R.I.S ou encore Institut. Accusé par la suite d’être un lien avec une organisation mafieuse et au cœur d’un complot d’Etat dans les années 20, il fut arrêté. Et ayant une constitution faible, il tomba malade et mourut avant d’avoir pu être jugé coupable, déclara-t-elle par cœur.
- Excellent, l’histoire d’Alfred Dugal est peu connue aujourd’hui c’est surprenant que vous la connaissiez.
Cette histoire avait été raconté par Brumeau, leur professeur d’histoire criminelle, même si elle n’était pas au programme. Il était connu pour ne pas être un grand défenseur de ce système, nostalgique d’une autre époque. L’intervenant repris alors son discours sur l’Institut, bien que ponctué d’éternuements :
- Comme vous devez déjà tous le savoir, l’Institut a pour objectif de prendre en charges toutes les enquêtes criminelles et d’assister les forces de Police du mieux que possible. Elle est aujourd’hui si grande et puissante qu’elle est la seule au monde à être mandater par les gouvernements pour s’occuper de ces affaires. Et pour préciser sur ce que vous avez dit à propos d’Alfred Dugal, c’est à la suite de son accusation que cette organisation est entrée sur le devant de la scène internationale.

Il parla ainsi pendant ce qui parut une éternité pour Jules et plus il vantait et encourageait les élèves à rejoindre l’Institut, plus Jules perdait de l’intérêt et en regagnait de nouveau pour les canards du lac. A tel point qu’il ne se rendit pas compte que Poizel avait disparu et qu’un nouvel intervenant l’avait remplacé. La journée se déroula ainsi, enchainant les interventions et les longs discours. Même Brumeau eu son tour, bien qu’il fût passablement tendu. Plus le temps passait et plus il semblait faire chaud.

Tout semblait normal, jusqu’à ce qu’un hurlement se fasse entendre. Bien que la tentation de sortir pour vérifier ce qu’il se passait était grande, personnes n’osaient encore bouger, comme si tout le monde se demandaient s’ils avaient réellement entendu un hurlement ou si c’était seulement une impression fugace dû à la fatigue. Mais à peine quelques minutes plus tard, le directeur fit irruption dans la salle de classe et amena tous les élèves dans le hall du lycée. Certains étaient effrayés, d’autres se demandaient ce qu’il se tramait, ou encore d’autres comme Clara, étaient excités par la situation. Elle avait déjà sorti son bloc-notes et son stylo, fin prête à écrire un article passionnant dans l’Hebdo du lycée qu’elle dirigeait d’une main de maitre. L’architecture de ce lycée était particulière, fondé à partir d’une ancienne prison, le bâtiment avait la forme d’un long couloir dont les étages supérieurs prenaient la forme de balcons qui donnaient vue sur le rez-de-chaussée. Autrement dit, dans ce lycée, on pouvait voir tout ce qui se déroulaient d’un simple coup d’œil, particularité que Jules trouvait fascinante dans cet établissement. C’est pour cela, qu’en chemin vers le hall, Jules remarqua tout de suite, qu’il y avait un étrange regroupement vers la salle de repos. Clara, qui était tout aussi attentive que Jules remarqua elle aussi cette troupe inhabituelle.

A peine installés dans le hall, on pouvait entendre le vacarme reconnaissable des voitures de police. Jules commençait à avoir une bonne idée de la situation. La seule question qui subsistait encore était de savoir qui. Qui fut frappé par le malheur ? Jules n’avait qu’une hâte, répondre à cette question. Il détestait par-dessus tout qu’une énigme se présente devant lui sans qu’il puisse avoir la possibilité de l’élucider par lui-même. Les agents de police entrèrent dans le hall, le visage impassible, mais alors que tout le monde s’attendait à ce qu’ils clarifient enfin la situation, ils ne posèrent qu’un rapide coup d’œil sur les élèves et fermèrent le hall derrière eux, ne laissant qu’un agent pour les surveiller. Jules se doutait que les agents de l’Institut ne devraient pas tarder à arriver. Il était curieux de savoir si les inspecteurs étaient aussi bons que le dise les rumeurs. Mais il ne voulait pas qu’ils lui gâchent une affaire comme celle-là. Cependant, pour rejoindre le lieu du crime, Jules devait passer un obstacle de taille. Comment sortir du hall, sans se faire voir ? Le premier réflexe serait d’activer l’alarme à incendie mais Jules savait que dans cette situation ça serait la pire des choses à faire. Cela ne créerait qu’un mouvement de panique chez les élèves et les agents de police comprendront tout de suite que ça viendra du hall. Mais heureusement pour Jules, il pouvait compter sur un autre moyen de diversion, Clara.

Il n’avait même pas à lui demander car elle était déjà partie du côté du policier en garde avec eux pour lui poser le maximum de questions : « Avez-vous avancés dans l’enquête ? Quand vont venir les Inspecteurs de l’I.U.R.IS ? De quels rangs sont-ils ? Il y a-t-il eu des cas similaires auparavant ? Est-ce que ça s’est passé dans la salle de repos ? » tandis qu’elle notait avec ferveur et excitation tout ce que le policier parvenait à bredouiller. Comme Jules s’en doutait, toutes l’attention du hall était tournée vers elle et le policier. Jules s’est alors braqué sur une porte, situé sur le côté du hall, cachant dans son dos, sa tentative de l’ouvrir à l’aide d’une épingle à cheveux qu’il gardait toujours avec lui. Un doux clic lui fit comprendre que la première partie de son plan avait réussi, il lui fallait juste attendre le moment propice.
Et comme Jules l’avait deviné, ce moment ne tarda pas. L’agent de plus en plus avare en information créa un brouhaha de plus en plus important, suffisamment, pour que personne ne se rende compte que quelqu’un venait de sortir de la pièce. Heureusement pour Jules, il était d’un naturel plutôt discret et il parvint jusqu’à la salle de repos sans être vu. Les agents avaient réussi à dissiper la troupe et devait probablement les interroger plus loin. Nul doute, qu’ils interrogeraient les élèves par la suite, il devait donc se dépêcher. Ceux qui étaient postés devant la salle de repos n’avait pas l’air très sérieux et discutaient autour d’un café, un peu plus loin, pensant que personne ne viendra ici avant les inspecteurs de l’Institut. Jules profita donc de l’occasion pour les écouter tant qu’il le pouvait. Il dut attendre un petit moment avant que leur discussion traite de l’affaire d’aujourd’hui :

- C’est du sérieux cette affaire. Un membre de l’Iuris !? Celui qui a fait ça ne sait probablement pas quel bordel ça va faire, soupirait le plus vieux des trois agents.
- T’a pas suivi ? Parait que ça serait un prof dans le coup. Comme quoi les membres de l’Iuris manqueraient d’éthique, qu’il collaborerait avec un système discriminatoire, etcetera. Le pov’ gus est tombé sur un anarcho quoi… disait un autre.
- Sérieusement, qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre… Tu connais son nom ? Il a déjà avoué ?
- Pas encore, mais quand les inspecteurs seront là, ça ne devrait pas être long. Je crois que c’est un certain Grumeau, ou un truc du genre.

Jules s’empressa de rentrer dans la salle, avant que les gardes finissent leur pause. Il en avait assez entendu. Ils devaient parler de Brumeau et de Poizel. Avec le recul, Jules se disait que ce n’était pas très surprenant que leur rencontre se soit passée ainsi.
En entrant, la première chose qui l’interloqua était la fraicheur de la pièce, la climatisation avait l’air d’être poussé au maximum. Jules frissonna. Il s’approcha de Poizel, avachi sur une table. Son corps était froid, ce qui n’était guère surprenant avec cette fraicheur, et il dégageait une douce odeur de tabac. Sa chemise en laine avait disparu. Jules essaya de la retrouver mais il entendit un bruit. Derrière lui, deux hommes entrèrent dans la pièce. « Les inspecteurs ? Déjà ?! » se disait Jules, bien trop tard.
Les inspecteurs regardèrent Jules, tout aussi surpris que lui. Le premier avait l’air relativement âgé, et avec sa posture droite et sa coupe de cheveux militaire, il ressemblait à un ancien soldat. Quant au deuxième, il était plutôt jeune, probablement une nouvelle recrue. Il prenait grand soin de son apparence, ses cheveux aux reflets roux en témoignaient. Derrière ces petites lunettes carrées, ses yeux laissaient transparaitre une énergie et une ambition hors norme. Le directeur ne tarda pas à entrer à son tour accompagné de Brumeau tenu par deux agents. Chacun se regardèrent incrédule. Après un long moment de silence gênant, le deuxième inspecteur attrapa Jules et lui demanda :

- Nom de Dieu ! Pourquoi t’es pas avec tes camarades ?
- Vous me croiriez si je vous disais que je cherchais les toilettes, proposait-il sans grande conviction.
- Quoi ! Bien sûr que non ! Tu vas venir avec moi, toi !
L’inspecteur plus expérimenté jaugea du regard Jules et prit enfin la parole :
- James, laisse le ici pour le moment.
Puis il se tourna vers Brumeau :
- Alors ? Toujours rien à dire ? Vous vous êtes disputez avec la victime, ici même. Tous vos collègues l’ont confirmé. Et la prochaine personne à être entrer a découvert la victime déjà morte. Cela fait beaucoup de coïncidences.
- Si je vous dis que je n’ai rien fait. J’étais en cours, après ma dispute, des élèves pourront vous le confirmer.
- Rien n’empêche de l’avoir fait avant d’aller en cours, mon cher monsieur.

A cet instant, Jules fit mine de tomber et il se cogna contre Brumeau. Le jeune inspecteur le remit debout et le serra cette fois plus fort. L’ambiance était très tendue. Brumeau reprit sa défense :

- Tenez, prenez Jules, il était là pendant mon cours. Il peut vous confirmer que je n’ai pas pu l’assassiner.
- Vous demandez à un élève que nous avons pris en flagrant délit près du corps d’être votre alibi, vous ne manquez pas de toupet, rétorqua-t-il presque en souriant.
- Vous pouvez vous écharper encore longtemps. Car de toute façon, il n’est pas mort ici, interrompit Jules, presque avec nonchalance.
- Quoi ! Mais c’est que tu veux aggraver ton cas toi ?!

Le plus vieux, cependant, demanda :

- Explique-moi, pourquoi dit-tu cela ?
- Il fait froid, répondit simplement Jules.
- Eh bien ? Qu’est-ce que ça fait s’il fait froid ? Demanda James, le jeune inspecteur, douteux.
- S’il fait froid, pourquoi n’a-t-il plus sa chemise en laine ?
- On lui a peut-être simplement prise, répondit James de plus en plus impatient.
- Après votre dispute, il a sorti une boite de cigarettes, n’est-ce pas monsieur ?
- O-oui c’est exact. Mais je ne vois pas le…
- Or, il n’y a pas de fenêtres ouvertes dans cette pièce. Rien de plus normal, vu le niveau du climatiseur. Il a dû donc sortir et à enlever sa chemise dehors, où il fait chaud. Et comme sa chemise ne se trouve pas ici, il est très probablement mort à l’extérieur. Vous pouvez vérifier, je suis sûr qu’elle est dans la cour.
- Qui vous dit qu’il a eu le temps de fumer ? Demanda cette fois, le vieil inspecteur, avec curiosité.
- C’est simple, son corps dégage une odeur de tabac. Je l’ai remarqué tout de suite quand je m’en suis approché, révéla Jules.

Un policier alla vérifier ses dires et hocha la tête vers l’inspecteur.

- J’imagine que monsieur Brumeau ne l’a pas accompagné dehors dans votre version ?
- En effet ! En le bousculant à l’instant, je n’ai pas senti d’odeur de tabac, ce qui aurait été le cas s’il l’avez accompagné. Et puis comme vous l’avez déjà dit, cela contredira les témoignages de ces collègues, répondit-il avec une pointe d’amusement.
- Et comment avez-vous su qu’il lui arriver fréquemment de sortir fumer ? Demanda le vieil inspecteur, de plus en plus interloqué.
- Un tic. J’ai remarqué que quand il nous a présenter l’Iuris, il ouvrait et fermait sa main d’une telle manière qu’on aurait pu croire qu’il avait un briquet invisible.
- Donc, si ce n’est ni vous ni Brumeau, qui l’a tué à votre avis ? Et comment a-t-il atterri ici ?
- Personne.
- Quoi ! Réagirent ensemble toutes les personnes présentes dans la pièce.
- Enfin par personne, je veux dire personne ici. J’ai remarqué que monsieur Poizel n’avait pas l’air dans son assiette. Comme l’atteste son tic, ces cernes et ces éternuements répétitifs pendant sa présentation d’aujourd’hui. Ce sont très souvent des signes de stress persistant. Je pense qu’il se sentait menacé. Et s’il se sentait menacé, il n’aurait pas été dans un établissement où il n’aurait pas fait de recherches sur tout le monde, étant donné qu’il le pouvait, par sa fonction. Et il a surement été ramener dans cette pièce par son assassin, qui a dû entendre la fameuse dispute, et s’en est servi pour accuser de ce fait monsieur Brumeau lui permettant de gagner du temps et partir. Amener son corps ici sans se faire voire n’a pas dû être difficile, car en cette journée spéciale, rare étaient les personnes en dehors des salles de classe.

Les deux inspecteurs se regardèrent interloqués.

- Mais ce que je vous raconte, vous le saviez déjà, n’est-ce pas ?
Le vieil inspecteur fit un sourire et d’un simple signe de la main, fit libérer Brumeau et Jules.
- Je suis épaté, jeune homme, ça je peux vous le dire. Cela correspond parfaitement à ce que racontait Poizel lors de sa dernière visite à l’Institut. C’est une première dans ma carrière que je me fais coiffer au poteau par un lycéen.
Il demanda alors à un agent de faire entrer les légistes pour qu’il ramène le corps à l’agence. Et il se tourna une dernière fois vers Jules :
- Quel est ton nom, jeune homme ?
- C’est Jules Metelli, monsieur, disait-il en tiquant.
- Tenez, ajouta-t-il en lui donnant un papier. Elle contient un mot de ma part, si vous voulez nous rejoindre, allez à l’adresse au dos. Vous pourriez être une recrue particulièrement prometteuse.

C’est sur ces dernières paroles qu’il sortit de la pièce, en compagnie de son collègue. Celui-ci, regarda une dernière fois Jules avant de sortir.
Après ces évènements, le lycée fut évacué peu à peu. Jules n’eut pas l’occasion de revoir Clara qui a fait partie des premiers à pouvoir s’en aller. Personnes n’avaient remarquer son absence et il put se faufiler dans la foule, comme si rien ne s’était passer. Lorsqu’il put sortir du lycée, traversant un petit ponton de bois, au-dessus du lac, il en profita pour regarder une dernière fois la traversée des canards. Les inspecteurs l’observaient au loin.

- Pourquoi lui avez-vous proposer de rejoindre l’Institut ? Il y a quelque chose de louche chez lui.
- En effet, ce jeune homme cache quelque chose. Il semble déjà avoir adopter des réflexes d’enquêteur. Ce qui est hors du commun pour un jeune de son âge. Il me semble même plus expérimenté que vous, qui venez de sortir de l’Académie des Inspecteurs avec de très bons résultats. Si il est à l’Institut, ce sera beaucoup plus simple pour le surveiller. D’ailleurs le plus étrange, c’est que dans les dossiers de Poizel, il n’est pas fait mention de Jules Metelli dans ce lycée.




Jules avait à peine fait quelques mètres qu’il se trouva nez à nez avec un étrange individu d’une quarantaine d’années. Il paraissait gigantesque entre sa grande taille et sa maigreur, et il était presque avachi par son propre poids. On ne pouvait pas faire plus louche. Il portait un costume entier d’un noir de jais, un chapeau melon, noir lui aussi, lui couvrait le crâne. Un crâne chauve d’une pâleur que Jules n’avait jamais vu. Et ses yeux semblaient fatigués même si l’on pouvait percevoir une lueur de passion dans son regard, comme si ces yeux étaient en perpétuel recherche de quelque chose.

- Le froid.
- Comment !?
- C’est ce qui m’a piégé, répondit-il en lui montrant son oreillette. C’est malin, formidablement malin, diablement malin même. Mais tu t’es trompé par rapport au lieu de sa mort. Il est effectivement mort dans la salle de repos. Il a simplement oublié sa chemise.
- Comment !? Répondit de nouveau Jules, de plus en plus incrédule, en reculant, petit à petit.
- Le froid. Cela accélère le flux sanguin. Tout ce que j’ai eu à faire après l’avoir empoisonné a été d’augmenter la climatisation.
Il est revenu, seul, sur le lieu du crime sans que je n’aie eu besoin de l’y amener... Il n’empêche, je vois en toi, une perle bien prometteuse. On va bien s’entendre toi et moi, continua-t-il en souriant, dévoilant des dents jaunâtres, presque semblable à de l’or.

Jules ne put répondre que l’inconnu se fonda déjà dans les bois. Toujours en le regardant, souriant de toutes ces dents. Jules n’eut à peine le temps de reprendre ces esprits que lorsqu’il partit à sa poursuite, il ne retrouva personne.
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