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Après avoir traversé une lande de bruy-re, venteuse et désolée, la petite troupe s'étit engagée dans une vallée étroite qui serpentait vers la mer. Constrance d=chevauchait, précédée par Ranulf et suivie par les hommes de leur escorte avec, en queue, le frère Paul qui avait tenu absolument à accompagner sa protégée. En parvenant au somme d'une côte, elle aperçut au loin des murailles de pierre blanchies à la chaux et un porche voûté encadré de deux tours carrées. Aussitôt, elle pressa les flancs de sa monture, afin de lui faire presser le pas.

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Constance glissa un coup d'œil vers son mari. Elle était assise à côté de lui, sous le dais qui avait été dressé dans la cour, devant le logis seigneurial. Comme elle l'avait espéré, ils avaient parlé longuement des conflits que les villageois devaient lui soumettre. Il lui avait demandé des renseignements sur les gens impliqués et, pour chaque cas il avait écouté longuement ses conseils.

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Le jour de l'assemblée villageoise, le ciel était encombrée de gros nuages gris. S'il venait à pleuvoir, ils seraient obligés de rentrer à l'intérieur, mais jamais la grande ville du château ne parviendrait à contenir la foule qui attendait en silence dans la cour d'honneur. Même Béatrice silencieuse, ce qui, depuis quelque temps, n'était plus inhabituel chez elle. Henry était parti à la chasse, après avoir déclaré qu'il n'avait pas envie de s'ennuyer à mourir dans une réunion qui, de toute manière, ne le concernait pas. Ranulf était sur le terrain d'exercice, au pied du château occupé à entraîner la nouvelle troupe d'archers. Merrick avait décidé que les grands arcs gallois pourraient être utiles en cas de guerre et il avait recruté un homme qui savait s'en servir et qui était capable de les fabriquer.

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La table qui servait de bureau à Merrick était encombrée de parchemins. Elle leur jeta un coup d'œil distraitement. Ce devait être son écriture, se dit-elle en examinant quelques notes griffonnées à côté d'une rangée de chiffres de l'un des registres de Ruan. Une écriture ferme, anguleuse, qui trahissait un caractère impérieux et plein de détermination.

Elle s'assit dans son fauteuil. Combien de fois s'était-elle tenue debout de l'autre côté de cette table, attendant que lord William se mettre à crier et lui jette un objet ou un autre au visage ? Elle l'entendait encore hurler, le visage rouge de fureur. Tout le monde voulait sa perte. Son frère, Algernon, convoitait ses biens en secret, et il était entouré d'ennemis qui complotaient pour l'assassiner. Vers la fin ses crises de fureur s'étaient sur son sort et prenait le ciel à témoin, comme si le créateur pouvait encore avoir pitié de lui après tous les crimes qu'il avait commis.

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Constance ne parvint qu'à grand-peine à dissimuler sa surprise. Mais, après tout, elle n'avait aucune raison d'être étonnée. Sir Jowan connaissait lord Carrelle depuis de nombreuses années, même si leur amitié n'avait jamais été très chaleureuse.

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C'était très improbable, mais, néanmoins, son idée n'était pas complètement absurde et Constance décida d'en parler à Merrick, la prochaine fois qu'elle serait seules avec lui... avant qu'il commence à l'embrasser.

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Le cœur de Merrick débordait de joie et de bonheur. Constance lui appartenait... Elle était venue à lui librement et pas à cause d'un contrat signé plus de vingt ans auparavant, alors qu'elle n'était encore qu'une enfant. Elle serait sa femme, pas l'épouse promise à l'héritier du fief de Tregellas. Il ne l'avait pas bousculée. Il lui avait laissé le temps de réfléchir et elle avait choisi en sa faveur, sans aucune contrainte. C'était sûrement un signe du ciel. Dieu lui avait pardonné. Il était digne d'elle, après tout, malgré le forfait dont il s'était rendu coupable.

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Constance courrait déjà vers l'escalier. Elle ne songea même pas à aller réveiller ses oncles ou leurs invités. Une seule pensée accaparait son esprit : secourir les blessés. Il y avait eu plusieurs incendies au village dans le passé et, à chaque fois, il y avait eu des brûlés. Leurs cris de douleur résonnaient encore dans sa tête.

Son panier à la main, elle descendit, ou plutôt, dévala l'escalier. Un groupe de domestiques, visiblement terrorisés, était agglutiné devant l'entrée de la cuisine. En la voyant, ils poussèrent un cri et se précipitèrent vers elle.

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Constance leva les yeux de son ouvrage pour regarder Béatrice qui, assise en face d'elle, brodait une nappe d'autel. Au rythme où elle travaillait, elle ne serait pas finie avant l'avènement du prochain Messie, même si, depuis un moment, elle était restée silencieuse.

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Constance suivit la direction de son doigt, bien certaine que sa cousine s'était trompée. Mais, sauf si elle était victime d'une hallucination, l'homme qui courait, le ballon aux pieds, poursuivi pas trois autres joueurs, était bien le nouveau maître de Tregellas. Avec ses cheveux noirs et bouclés sur les épaules, ses bras puissants et ses longues foulées aériennes, il lui évoqua un cheval sauvage galopant sur la lande.

Il n'y avait pas de doute possible. Et là-bas, n'étaient-ce pas sir Henry et sir Ranulf ?

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