François de Grignan
Auteur
- Jacqueline Duchêne (Écrivain)
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extrait
«Très grand, très droit, en simple chemise blanche, hauts-de-chausses et bas sombres, sans perruque, les cheveux noirs et drus, il arpente la terrasse de son château perché sur un piton rocheux, et contemple la vue exceptionnelle vers les montagnes qui encerclent l'horizon. Après une nuit d'orage et de vent - il y en a souvent l'été en Provence -, le matin est calme, il fait déjà chaud, et le mont Ventoux se découpe sur un ciel bleu sans nuages.
François Adhémar de Monteil de Grignan, duc de Termes et de Campobasso, a trente-huit ans. Il est né dans ce château, " le 15 septembre 1632, un mercredi sur le soir ", comme sa grand-mère paternelle Jeanne d'Ancézune, épouse d'un Castellane-Adhémar, l'indique dans son Livre de Raison. Elle y consignait les événements marquants de la famille et elle a été fière de noter la naissance de ce " beau fils ", car François est le premier-né de son fils Louis Gaucher et le descendant d'une lignée fort ancienne. Quatre de ses aïeux ont participé aux Croisades, et on trouve même dès 685 un Lambert Adhémar, duc de Gênes et vicomte de Marseille. Rares sont les familles qui peuvent afficher mieux dans la France de Louis XIV.
Riche de son ancienneté, la famille l'est aussi de ses propriétés foncières. Celles-ci doivent revenir légitimement à l'aîné. De fait, en mai 1668, quand meurt à Mazargues, près de Marseille, la grand-mère maternelle de François, Marguerite d'Ornano, qui lui a fait donation de tout son bien, il hérite de son château entouré de vignes et d'oliviers, et des terrains qui s'étendent jusqu'à la mer par-dessus les collines.»
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Date de sortie
François de Grignan
- France : 2008-10-15 - Poche (Français)
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Résumé
Le comte François de Grignan qui fit fonction de gouverneur en Provence eut pendant quarante-quatre ans pleins pouvoirs dans cette province.
Une charge considérable mais harassante.
Obligé de batailler pour faire voter chaque année les impôts par une assemblée souvent récalcitrante, de réprimer l'activité des protestants et de les contraindre par la force à respecter l'édit de Fontainebleau, de quitter son magnifique château pour courir des Alpes à la Méditerranée lutter contre les ennemis de la France, Grignan au service de Louis XIV a payé de sa personne et de sa bourse.
Une bourse fort écornée par les dettes héritées de son père, ses obligations financières d'aîné envers ses frères et soeurs, le remboursement des dots de ses deux premières femmes, et les frais entraînés par une fonction qu'il entend assumer «à la grande». La mésalliance de son fils Louis-Provence avec la fille d'un riche financier, suivie de la mort prématurée de ce fils unique, n'empêchera pas la ruine totale de la famille des illustres Adhémar.
Le roi a-t-il gardé rancune au comte d'avoir épousé et emmené dans sa lointaine Provence «la plus jolie fille de France», fleuron des ballets de cour ? Peut-être. En tout cas, la marquise de Sévigné, mère de cette merveille, a difficilement supporté d'être séparée de sa fille, et l'on découvre dans cette biographie comment François de Grignan, élément incontournable du trio sévignéen aux rapports compliqués et passionnés, réussit à conserver avec sa belle-mère, guère plus âgée que lui, la connivence de leur jeunesse et une vive admiration pour son esprit et son talent épistolaire.
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