Frankenstein, tome 1 : Le Fils prodigue

Elle était jeune, pauvre, inexpérimentée. Elle ne s'était jamais fait faire une manucure et Roy Pribeau lui en proposait une.

" Je suis un expert, lui dit-il."

[....]

Il avait besoin de calme et d'intimité, surtout lorsqu'il emmenait dans son loft une femme nouvelle, exceptionelle. Celle-ci s'appelait Elizabeth Lavenza.

Cela peut sembler étrange dans le cadre d'un premier rendez-vous - ou même une dixième rencontre -, mais il lui suggéra une manucure, et c'est ainsi qu'il attira Elizabeth. Il savait que la femme moderne appréciait la sensibilité des hommes.

En premier lieu, à la table de la cuisine, il plongea ses doigts dans une coupelle d'huile chaude destinée à ramollir ongles et cuticules. La plupart des femmes aimaient aussi se faire dorloter par les hommes et, à cet égard, la jeune Elizabeth était comme toutes les autres.

En plus de sa sensibilité et de son envie de choyer, Roy avait à son actif tout un lot d'histoires amusantes propres à faire rire une fille. Elizabeth avait un rire charmant. La pauvre, elle n'avait aucune chance de lui résister.

Quand le bout de ses doigts eut trempés assez longtemps, il les essuya avec une serviette douce.

A l'aide d'un dissolvant naturel, sans acétone, il ôta le rouge de ses ongles. Puis, à petits coups de lime, il sculpta l'extrémité de chaque ongle afin de dessiner une courbe parfaite.

Il venait à peine de commencer de travailler sur les cuticules quand une chose embarrassante se produisit : son portable sonna, et il sut que ce n'était autre que Candace. Il était en train de conter fleurete et voilà que l'atre femme de sa vie l'appelait.

Il pria de l'excuser et se rendit dans le séjour, où il avait laissé l'appareil sur une table.

"Allô ?

-Monsieur Darnell ?

-Je connais cette voix charmante, dit-il en s'éloignant avantage. Est-ce Candace ?

-Nous avons si peu parlé, fit la vendeuse de barbe à papa avec un rire nerveux, comment savez-vous que c'est moi ?

Debout près de la abie vitrée, le dos tourné à la cuisine, il dit : " Vous ne reconnaissez pas la mienne ?

-Si... avoua-t-elle, toute rougissante.

-Je suis heureux que vous m'appeliez, murmura-t-il.

-Euh... j'ai pensé... un café, peut-être ?

-Un café pour mieux faire connaissance. Dites-moi seulement où et quand."

Il espérait que ce ne serait pas tout de suite. Elizabeth attendait et il adorait s'occuper de ses mains.

[...]

Il alla retrouver Elizabeth dans la cuisine et dit :

"Ma soeur. Nous nous parlons tout le temps. Nous sommes très proches."

Quand la manucure fut terminée, il apposa sur ses mains parfaites un exfoliant aromatique, un mélange d'huile d'amande douce, de sel de mer et d'essence de lavande préparée par ses soins. Puis il massa les paumes, le dos des mains, les articulations, les doigts.

Enfin, il rinça chaque main, l'enveloppa dans du papier alimentaire banc et la plaça dans un sac en plastique. Et comme il déposait les mains dans le congélateur, il dit : "Elizabeth, je suis heureux que vous soyez venue et décidé de rester."

Parler à des mains tranchées ne lui paraissait pas anormal. Ses mains, c'était l'essence de sa personne.

Chez Elizabeh Lavenza, rien d'autre ne valait qu'on s'y intéresse.