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N’est-ce pas extraordinaire ? Tu peux penser que quand je volais dans mes rêves de l’autre côté de la ligne, c’était là une chose extraordinaire… Moi je te dis que s’il suffit d’écrire quelques mots pour décider du destin de millions de personnes, c’est ça que je trouve extraordinaire… moi qui n’ai jamais su écrire, pas même mon propre nom.

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On raconte que Mrs Beecher Stowe a rencontré le président Lincoln en 1862 et qu’il lui a dit : « Ha, c’est donc vous la petite dame qui avait causé cette grande guerre ? ». Ça me fait bien rire et je pense que c’est vrai, les petites dames sont comme des cailloux dans les chaussures des Grands Hommes, elles piquent, elles agacent et elles vous empêchent d’avancer comme vous le vouliez.

Je sens que le temps est venu où toute femme ou même tout enfant voulant parler de liberté et d’humanité se doit de le faire.

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Pour comprendre pleinement l’émotion qui a gonflé mon cœur alors que mes doigts se refermaient sur l’argent, réalisant alors qu’aucun maître ne pourrait me le prendre - que c’était mon dû -, que mes mains étaient à moi, et que je pourrais gagner plus encore de ces précieuses pièces - il faut soi-même, d’une certaine manière, avoir été esclave.

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La Case de l’oncle Tom a bouleversé bien des lecteurs et il en rendu furieux beaucoup d’autres. […] Aujourd’hui, je pense que si le livre avait montré l’esclavage et le racisme dans toute leur vérité, avec toute leur cruauté - les corps pendus, les os et les esprits brisés -, personne n’aurait voulu le lire. Encore moins le soir avec toute la famille autour.

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Il n’y avait pas que des hommes forts qui prenaient la fuite, mais aussi des femmes, des enfants. J’ai même emporté avec moi un nourrisson, Baby Blue, une toute petite fille de quelques mois à peine. Sa mère était morte. Pas bon pour une esclave d’être trop belle. Le maître de sa plantation l’avait préférée à son épouse. Et l’épouse avait fait payer l’esclave par le fouet. Mieux valait emporter le bébé loin de cette folle furieuse.

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Certains ne supportaient pas la peur. Ils préféraient les chaînes, le fouet plutôt que la peur. Ils voulaient rebrousser chemin. Mais ça, non, c’était hors de question, personne ne devait connaître les routes empruntées par le Chemin de fer. C’est pour ça que j’avais un pistolet, un grand pistolet : « Un nègre mort ne parle pas », je leur disais.

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