Extraits

— Je devrais te détester, Roméo, pour l’enfer que tu m’as fait vivre depuis qu’on s’est rencontrés. Mais tu sais quoi ? Au fond, c’est moi que je déteste de ne pas y parvenir. Et je hais ce putain de mal-être que je devine en toi, cette solitude qui paraît être greffée à ton âme. Alors non, je ne vais pas « dégager », je ne vais pas te laisser me repousser parce que c’est plus facile pour tout le monde. Si tu veux hurler, hurle. Si tu veux pleurer, j’essuierai tes larmes. Si tu veux jouer les connards pour me faire mal, j’encaisserai. Sache juste que je ne t’abandonnerai pas. 

- Tu croyais tout de même pas que j'aurais donné mon véritable nom à un parfait inconnu ?! Toi par contre, t'es un grand malade de te faire passer pour une nana.

Mais je dois me rendre à l'évidence : ma réserve de préservatifs a tout bonnement disparu au profit d'une unique boîte aux couleurs criardes. Mes doigts s'en saisissent, fébriles, et l'afflux sanguin quitte mes joues quand j'en déchiffre l'inscription.

‹‹ Parce que tous les goûts sont dans la nature – taille xs ››

Je manque de tourner de l'oeil. Non, mais vous me voyez me trimballer une queue multicolore ? Et bordel, xs ? Xs ?!

Clem vient de signer son arrêt de mort.

Ne vous méprenez pas, j'assume tous les choix que j'ai pu faire dans ma foutue vie, les bons comme les mauvais, et ne regrette nullement toute l'encre qui sature mon épiderme, car c'est mon histoire. Moi, tout simplement. Sauf que je comprendrais sans mal qu'elle ait honte de moi, et je ne pourrais même pas lui en vouloir.

Ai-je déjà mentionné mon étonnant pouvoir de séduction ? Celui qui n'amène pas le prince charmant sur son beau destrier, non, mais au contraire tous les hommes maqués ou sans le moindre intérêt des environs.

— Si j’avais su que tu venais, je t’aurais averti, commence Ana, j’aurais pu…

— M’avertir de quoi au juste ? aboyé-je en sortant soudain de ma torpeur. Qu’après m’avoir convaincu que je devais tout lui déballer, je devais renoncer ? Parce que naïvement j’ai eu l’audace de croire que je l’intéressais alors qu’en réalité, pour elle, il n’y a toujours eu que Jo ? Qu’est-ce que tu voulais Ana, préserver le cœur de pierre de ton grand frère ?

— Crie si tu en éprouves le besoin, si ça peut te soulager, me répond-elle simplement. Mais je n’entrerai pas dans ton jeu. Je t’avais prévenu qu’à force de tergiverser, de jouer les chochottes, un autre mec aurait plus de cran que toi. Alors maintenant, c’est toi qui n’as plus qu’à pleurer sur ton petit cœur brisé, ajoute-t-elle en me balançant en pleine face ce que je lui avais sorti une fois. 

J’en reste coi. Jamais Ana ne m’avait parlé d’une telle façon, mais c’est probablement le prix à payer pour m’être emporté contre elle, encore. 

— Et inutile de casser la gueule à Jo, je te rappelle au passage qu’il s’agit de ton ami, et que la seule personne à blâmer dans l’histoire, c’est toi.

— À moins que le plan cul ne devienne le prince charmant ?

Sa voix se veut dégagée, quelque peu indifférente, néanmoins, l’expression de ses pupilles semble plutôt… intéressée quant à la réponse que je vais lui apporter.

— Je n’ai jamais envisagé quoi que ce soit de sérieux. Du moins, pas avec lui. Et en réalité, j’aurais aimé passer ce week-end avec quelqu’un pour qui je compte vraiment.

— Tu mérites bien mieux qu’un mec de passage, Clém, lâche Roméo du tac au tac

— Rom..., souffle-t-elle lasse. Tomber amoureux, cela peut faire mal, très mal même, je te l’accorde. Mais le jeu en vaut la chandelle et Clém vaut peut-être le coup que tu te casses la figure.

— Tu trouves ? Tu veux que je te remémore toutes les fois où j’ai dû te ramasser à la petite cuillère à cause d’un mec dont tu étais persuadée qu’il était l’homme de ta vie ?

— Cette fois j’abandonne ! s’écrie-t-elle en regagnant sa place derrière le comptoir. Seulement, toi non plus ne viens pas chialer si Clém succombe à un homme avec davantage de « cojones » que toi !

— Tu n’es qu’un porc. Doté d’une haleine de chacal qui plus est !

Cette nana va me tuer.

— C’est toi la petite allumeuse qui se pointe presque à poil dans ma chambre ainsi que dans mon lit !

— N’inverse pas les rôles !

— Très bien, répliqué-je irrité. Mais je ne suis pas d’humeur à me faire gueuler dessus, alors maintenant, soit tu te barres de ma piaule, soit tu ramènes ton petit cul ici pour que je te baise un bon coup !

— Tu n’es qu’un porc. Doté d’une haleine de chacal qui plus est ! 

Cette nana va me tuer.

— C’est toi la petite allumeuse qui se pointe presque à poil dans ma chambre ainsi que dans mon lit !

— N’inverse pas les rôles !

— Très bien, répliqué-je irrité. Mais je ne suis pas d’humeur à me faire gueuler dessus, alors maintenant, soit tu te barres de ma piaule, soit tu ramènes ton petit cul ici pour que je te baise un bon coup !

Clém garde la bouche ouverte une seconde, visiblement affligée. Malheureusement pour moi, elle opte pour le premier choix, récupère son téléphone avant de filer vers la porte.

— Vas-y, regarde bien ce petit cul, car seuls tes yeux se poseront dessus ! Et pour ta gouverne, sache que jamais je n’aurai besoin de la permission de quiconque, pas même de celle de mon mec, pour disposer de mon corps comme je l’entends !

Sur ces mots, elle claque la porte derrière elle, non sans m’avoir mis en garde au passage :

— Tu vas le regretter, Moretti !

— J’ai hâte de voir ça, murmuré-je.

Je laisse tomber ma tête sur l’oreiller, perçois l’odeur de Clém persistant sur le tissu. Bordel, cette gonzesse est parfaite décidément. Et même avec les traits tirés par la fatigue et ses yeux charbonnés de son maquillage de la veille, jamais je ne l’avais trouvée aussi belle que dans mes draps.

Qui c’est le lover maintenant ?!

La ferme !