Extraits

Dereck

- ... Je ne suis pas un homme de grand discours et pourtant, pour toi, je suis capable de le devenir, de trouver les mots pour exprimer ce que j'ai dans le cœur et toutes ces choses que je ne savais pas dire, jusqu'à toi.

Dereck

On entre dans la chambre, où mon frère est à moitié endormi. Je n'hésite pas, j'attrape un oreiller et lui fonce dessus pour l'étouffer, histoire de le faire sursauter. Ça fonctionne, mon frangin se met à gueuler, il se débat, et finit le cul par terre, sonné.

Maintenant, on est quittes.

- Donne tes vœux, si tu arrives à me faire ressentir autre chose que de l'ennui, c'est que tu as fait ton job.

- Mis à part Archer, qui t'émeut Dem ? je souligne, amusé.

- Sage. Montre à ton pote à quel point t'es un poète, ironise-t-il.

Je lui file mes brouillons, Dem les récupère en terminant de fumer. Le silence s'installe sur la terrasse. L'acteur tatoué lit et relit mes feuilles, il me demande même mon stylo et je le vois corriger quelque chose. On dirait un prof de fac en version trash. Je devrais prendre une photo.

- Bon, tu ne seras jamais aussi doué que mon mec, mais c'est suffisant.

Dem me rend mes vœux avant d'allumer une seconde clope.

- Traduction ?

- Arrête de rayer ton discours, conclut Demon. C'est très bien, tu parles avec le coeur et c'est suffisant.

Waouh, un compliment de la part de Demon Riggs, je ne m'y attendais pas.

- Attends, mon pote, je récupère mon portable et tu me la refais pendant que je filme.

Demon laisse échapper un son amusé. Il secoue la tête en me jetant un regard faussement mauvais. Il a tellement changé. Accepter Archer dans sa vie l'a réellement apaisé.

Je relis mes notes et celles de Dem, ses remarques sont justes, il a entouré mes phrases barrées et il a rajouté un passage : "tu es mon essentiel". Je ne me souvenais plus de ces mots et pourtant, lui oui. Je les avais mentionnés un soir tard après une réunion des narcotiques anonymes.

- Merci.

- De quoi ?

- D'être là, d'être mon témoin alors que tu détestes ça.

Dem hausse les épaules.

- Si on ne le fait pas pour ses amis, on ne le fait pour personne. Tâche de te marier une seule fois.

- Notre fille donc, entrera dans une fac prestigieuse après avoir été diplômée du lycée. Ce sera une brillante élève qui fera de grandes études dans le domaine qu'elle aura choisi. Elle n'aura pas de petit copain avant ses trente ans.

Jax éclate de rire.

- Au moins.

- On lui apprendra à tirer avec un lance-pierres pour se défendre et on lui listera toutes les affreuses maladies qu'on peut choper en baisant.

Jax acquiesce à chacun de mes propos, on est doué en éducation, je n'en ai jamais douté.

- On fait des groupes de quatre, annonce Brooks. Eh oui, on va partager nos pieux, les joies des enterrements de vies de garçon. Et avant que tu demandes pourquoi tu n'as pas la même piaule que ton cher et tendre, Jax, sache qu'il est hors de questions que vous dormiez ensemble.

Un rire gagne nos amis, mon mec tire une tête de six pieds de long de s'être fait griller.

- C'est la tradition, précise Archer.

- C'est la veille du mariage, pas une semaine avant, rappelle Jax.

- Nous avons nos propres traditions, donc à partir de maintenant, tous ceux qui voudront se marier dans notre bande devront suivre les règles établies ce weekend, renchérit Brooks.

- Heureusement, on sera épargné, commente Démon, soulagé.

- Tu ne sais pas ce que l'avenir te réserve. Doit-on préciser que le roi du thriller a inclus un mariage gay dans son dernier bouquin ? Je crois que l'épidémie va tous nous contaminer, poursuit Brooks l'air de rien.

- C'est une demande ? souligne Lake.

Brooks lui jette un regard lubrique.

- Oh non, Darling, j'aime trop vivre dans le péché.

On se regarde avec Dereck et, l'espace d'un instant, j'oublie où nous sommes. J'oublie les caméras, j'oublie qu'on est au boulot. Mon futur mari retire son caleçon et me le lance dessus, un rire m'échappe. Dereck s'approche de moi, nu et magnifique. Je le laisse venir, prêt à encaisser sa fougue et à laisser exploser notre alchimie devant les objectifs.

Ça ne rate pas. Dereck me plaque contre la vitre du box, sa bouche retrouve la mienne pour un baiser intense. L'excitation s'empare de nous et nous nous laissons aller au plaisir.

La suite n'est qu'une succession de caresses, de jets de peinture fluorescente, et de musique qui tourne en boucle dans les baffles, nous coupant de la réalité. Ses mains me touchent, me possèdent et me plongent dans une autre dimension. Nous sommes perdus dans l'ivresse. Nos râles sont étouffés par le tempo assourdissant de paroles véridiques. Mes lèvres le dévorent, je le tourmente en savourant chaque réaction de son corps face à mes assauts. Sa peau frissonne, son érection devient sensible, les couleurs se mélangent et brillent sous les néons. Mon cœur bat vite, l'envie efface toute pensée cohérente.

On s'oublie dans notre passion, proposant une œuvre d'art physique et une représentation concrète de l'amour et du sexe.

Jax se lève en me donnant sa bière presque vide. Il retire ses lunettes aviateur et les laisse sur mon transat. Mes yeux dérivent le long de son corps musclé et légèrement bronzé, son maillot de bain rouge est une torture pour mon self-control. Pourquoi je suis tombé amoureux d'un homme si magnifique, sérieusement ?

Je me rabats sur l'alcool en essayant de penser à autre chose qu'à Jax à poil. Je connaissais l'addiction à l'alcool et à la drogue, mais celle à un être humain, c'est une grande première pour moi. Et j'adore ça.

- Houlà, vous avez la tête de quand on fait des bêtises, constate Sage.

Je passe une main dans mes cheveux en ayant un regard coupable et amusé.

- Ils ont fait des bêtises, confirme Brooks.

Dereck ouvre le frigo pour en sortir une carafe d'eau et une autre de thé glacé. J'ouvre le placard pour prendre quatre verres.

- C'était bien votre film ? je les interroge à la place.

- Papa change toujours de sujet quand il a fait des bêtises, explique Sage à l'intention de Brooks.

Le sexe n'était pas une drogue dangereuse avant Jax, mais depuis lui, l'acteur est la meilleure addiction de ma vie.

Je n’attends pas le feu vert. J’attrape Dereck par les pans de sa veste blanche et l’attire vers moi. Nos bouches se retrouvent dans un baiser franc et intense. Autour de nous, nos invités se lèvent pour nous applaudir. Un élan de joie éclate et l’émotion est au rendez-vous. Lorsque notre baiser cesse, Dereck glisse ses mains autour de mon visage, son front se pose contre le mien, il sourit en murmurant un « je t’aime ».