Commentaires de livres faits par GabrielleViszs
Extraits de livres par GabrielleViszs
Commentaires de livres appréciés par GabrielleViszs
Extraits de livres appréciés par GabrielleViszs
Le professeur d'anglais s'était enfermé dans la chambre de Janek, la flic s'était affaissée sur le canapé, un mug de café dans la main droite. Des corps mutilés, des morts par balles, des cadavres en décomposition, elle en avait déjà vu un certain nombre au cours de ses enquêtes mais chaque fois qu'il s'agissait d'une jeune fille, elle ne pouvait s'empêcher d'y superposer un autre visage féminin. C'était plus fort qu'elle. Son passé lui revenait comme un boomerang. Elle avala une gorgée de café, déjà tiède, essaya de chasser le maquis corse, la silhouette fine, les cris douloureux. Le passé forçait le barrage de sa raison, anéantissait ses efforts de divertissement, et lui imposait des images glaçantes. Elle termina son mug, frotta ses yeux noirs encore maquillés de la veille et tenta d'ébouriffer de la main gauche ses cheveux blonds trop courts.
— Est-ce que je t’ai dit à quel point Blaze se sentait coupable quand on t’a récupéré ? Il ne s’est jamais pardonné ce que tu as subi et tous ces mois avant que nous te rencontrions. Blaze se reproche toujours de ne pas t’avoir trouvé plus tôt.
Aden soupira.
— Je sais. Nous avons eu cette conversation, ajouta-t-il avec regret.
— Blaze adore ton corps, mais chaque fois qu’il voit tes cicatrices, il se rappelle qu’il a échoué.
Darric glissa délicatement ses doigts le long du visage d’Aden. Instinctivement, Aden les embrassa.
— Donc, tu penses que les nounous représentent un moyen de reprendre le contrôle pour lui ?
Darric secoua la tête.
— Non. Blaze n’essaierait jamais de nous empêcher de faire quelque chose que nous aimons.
— Ce que Darric essaie de dire, intervint Conner. C’est que les nounous sont une façon pour Blaze de se montrer surprotecteur. Tu ne prends pas soin de toi, il pense donc avoir trouvé un moyen de le faire.
— Il marque un point, Aden, ajouta sèchement Darric. Tu as l’air de confondre longue vie et immortalité.
Cette année, j’avais décidé de lâcher du lest, notamment à cause des évènements de la fête nationale à Boston qui nous avait traumatisés tous les deux, nous obligeant à nous exiler rapidement. Mon fiancé m’avait ainsi promis de ne pas en faire trop.
Visiblement, nous n’avions pas la même définition du mot « trop ».
Il s’était méchamment lâché au manoir Harkness et s’en était donné à cœur joie au Magical Antiques Shop, la boutique d’antiquités que je venais d’hériter de ma tante énigmatique, Tante Ursula. D’ailleurs, j’avais failli faire une crise cardiaque quand il avait terminé la décoration du magasin. Tout ce doré, cet argenté, ce vert et ce rouge m’avaient presque donné l’envie d’anéantir la ville ou de la torturer...
La plupart du temps, j’ai beau m’y efforcer, rien de ce que j’entreprends n’a de goût. Les gens me semblent fades. L’homme, qui me fait face dans le miroir chaque matin, maigrit. Ses traits sont affligés, son regard transcendant meurt à petit feu. Mon étincelle s’éclipse, mon énergie me fuit.
Autre constat, plus notre couple avance, plus je n’en discerne que de la boue suintante, de la vase putride. J’en observe le moindre défaut, aucun signe d’un petit bonheur – entre elle et moi ‒, même éphémère, ne m’apparait. J’arrive à en être écœuré. Je me dégoûte. Elle me donne la nausée.
J’ai épousé une carrière, une femme, la mère de mon enfant, pourtant je n’aspire qu’à me libérer de mes chaînes. Celles qu’elle a subrepticement pendues à mon cou, celles auxquelles je me suis personnellement enchaîné.
— Qu'est-ce qui différencie le monde réel du monde imaginaire ? Rien, finalement. Tout est affaire de création. Un Dieu est un Créateur. Un écrivain est également un créateur. Ses personnages sont aussi réels pour nous que nous le sommes pour eux. Regarde ce qui se passe dans Don Quichotte de Cervantes ou dans l'Empire des esprits de Clifford D. Simak. Qu'est-ce que la réalité après tout ?
— Tu ne vas pas recommencer avec des devoirs de philo, intervint Gil.
— Quand on était au lycée, c'était plutôt toi qui étais friand de ce genre de questions.
— Peut-être, mais les choses ont changé. Nous n'avons plus seize ans. Nous sommes des adultes, et nous savons que le monde ne ressemble pas à ce que nous imaginions à l'époque.
— Et qu'est-ce qui est si différent ?
Spontanément, je me lève et entoure ses épaules de mes bras. Je ne sais pas combien de temps il lui faudra pour traverser cette épreuve et apprécier à nouveau la vie, mais je fais de mon mieux pour l’envelopper momentanément d’un cocon de bonnes ondes. Instinctivement, nos louves intérieures accordent leurs souffles et les battements de leurs cœurs, et nous restons ainsi dans une apaisante harmonie.
J’avalai de toutes mes forces, espérant que mon cœur ne s’échappe pas de ma poitrine.
— Tu veux dire que tu veux que les gens le sachent ?
— Je dis que je m’en fiche. Je me fiche de qui sait. Je me fiche de ce qu’ils pensent. Ce qui m’importe, c’est toi. J’essaie d’être patient. Je sais que tu as des raisons de garder notre histoire secrète. Je le sais. Mais bon sang, Collin, c’était une pièce sombre. Et tu t’es échappé comme si je t’avais brûlé à l’acide.
— Tim était juste à côté de moi.
— Et alors ?
Ses yeux étaient flamboyants. J’avais l’impression que mon cerveau était sur le point d’exploser.
— Je ne sais pas.
— Eh bien, peut-être que c’est ça le problème. Peut-être que tu dois trouver la réponse à cette question. Savoir ce qui est le plus important pour toi. Parce que si on reste ensemble, j’ai des nouvelles pour toi : j’aurai envie de t’embrasser de temps en temps sans me soucier de qui pourrait voir.
Peu importe, il faut les tuer ! Ne leur laisser aucune chance. À bout portant dans la poitrine, pour laisser le moins de traces possible. Puis aller chercher la voiture, les enrouler dans la bâche, nettoyer les lieux, la voiture, les emmener au carrefour des Lilas et les laisser croupir au fond d’un trou pour l’éternité.
Ils sont portés disparus, l’idée de ne jamais les retrouver a déjà traversé l’esprit des autorités et des villageois. Hier matin, personne ne m’a vu partir en voiture, Christine a confirmé que j’étais bien à la ferme. Personne ne me soupçonnera. Devouge sait ce qui est arrivé par le passé, mais ne dira rien.
Premier constat, j’étais nu. Cela ne changeait vraiment pas de mes habitudes post-pleine lune. De mes habitudes en règle générale, au grand dam de mon fiancé. Pour moi, on n’était jamais trop nu. Tous les spécialistes du corps médical vous le diront : être nu au moins une heure par jour est bon pour le moral et pour son acceptation de soi. De plus, dormir dans le plus simple appareil permet de se sentir plus à l’aise. Après, vivre avec un lycanthrope qui ne cesse de perdre ses poils peut vous rendre un brin marteau, surtout si vous êtes maniaque.
Deuxième constat – et c’était là toute la nouveauté –.
— Zelda ? Pourquoi as-tu appelé cette agence le Projet Papillon ?
— C’est la théorie du chaos. Le battement d’ailes d’un papillon en Malaisie provoque un ouragan en Floride. J’adore cette idée. Même un tout petit événement peut avoir de grands effets. Les agents qui travaillent pour le Projet Papillon veulent faire disparaître les drames qui répandent la douleur en espérant que ça induira de meilleures choses. De la bienveillance, de la gentillesse, du bonheur. Enfin, tu vois, termina-t-elle.
— J’aime bien cette idée. Beaucoup, même.
— Moi aussi. Bonne nuit, Beckett.
— Bonne nuit, Zelda. J’attendis qu’elle sombre dans le sommeil. Je distinguais sa silhouette dans la pénombre, j’écoutais son souffle régulier. Quand elle fut profondément endormie, je me laissai aller moi aussi.
— Moi, c’est Solange ! annonce fièrement le feutre jaune. Je suis très utile pour colorier. Mais, à quoi tu sers, toi ? Un stylo bleu et un stylo rouge, ça ne sert pas à dessiner, si ?
— Bah, si ! je proteste. Tarik m’utilise pour dessiner !
Solange se moque aussitôt de moi. Marine secoue alors la tête et dit :
— Je suis là depuis plus longtemps. Ne l’écoute pas. Qui sait de quoi demain est fait ?
Elle a peut-être raison, mais je boude quand même.
« Je te remercie pour la proposition mais je ne me reposerais pas, de toute façon.»
« - OK, mais si tu changes d'avis, tu n'auras qu'à me le dire. Que dois-je mettre au four après les Blacks and White ?»
Nous dormions dans notre petite Subaru Outback presque autant que dans notre lit. Nos parents étaient heureux et en bonne santé. Personne ne dépendait de nous. Nous nous en sortions en travaillant juste assez pour avoir de l’argent pour nous amuser, et nous le faisions vraiment.
N’aie pas de regrets.
Tu ne vis qu’une fois.
Saisis le moment présent.
C’étaient nos devises.
Mais les accidents arrivent. Les petits jobs se transforment en professions. La vie commence à exiger de toi des responsabilités.
Le changement soudain d’attitude de Tim était surprenant et un peu dérangeant, et c’était peut-être l’alcool qui parlait, mais Seb le trouvait aussi très sexy. Son membre remua dans son boxer et il réarrangea à la hâte la couverture au cas où quelque chose se verrait.
Le mouvement fit tressaillir son poignet et il inspira brusquement de douleur. Le côté positif, c’est que la sensation suffit à stopper son érection.
La bouche de Jared s’ouvrit, ce dernier semblant aussi choqué que Seb par la tournure des événements. À l’évidence, lui non plus n’avait jamais vu cette facette de la personnalité de Tim, mais Nathan semblait juste résigné, comme s’il savait que ça allait arriver.
Tim contracta ses doigts. La trace de sang sur ses paumes trahissait clairement que ses griffes s’étaient allongées elles aussi.
Il enroula ses bras autour du cou de Theo pour que ses derniers commentaires soient étouffés.
— On fait ce qu’on peut pour survivre, même si ça semble irrationnel pour les autres. Ce n’est pas quelque chose d’évident, comme des os cassés, qui prennent du temps à guérir.
— Je t’aime.
Theo ne put pas s’en empêcher. Les mots étaient sortis tous seuls, et ils étaient sincères.
Raiden ne le voyait pas, mais il savait que Kian était là. Il le sentait. Il rentra. Il avait besoin de dormir, de se reposer. Besoin de réfléchir aussi. Il lui fallait trouver un moyen de communiquer avec Kian autre que les regards et les non-dits. Il voulait briser les murs de sa prison comme Kian avait brisé les siens, même si ceux de sa douleur muette devaient être bien plus épais et hauts. Comment pénétrer dans ce monde construit par un être perdu en son sein depuis trois décennies ? Raiden avait eu beau fouiller sur le net, le cas de Kian restait unique dans les annales. Cela ne l'aidait pas.
L’ouvrier bourru Roberto, le charmant Allemand Ignace qui avait vingt ans de plus que lui, Bruno et sa tête de chat persan, plus poilu qu’un ours, le jeune Ben, qui n’était pas plus jeune que lui, mais qui semblait à peine sorti des jupes de sa mère.
Onze hommes, plus différents les uns que les autres et qui avaient un point commun extraordinaire. Lui. Pas qu’il soit extraordinaire, mais qu’en onze jours, il les ait tous rencontrés et que peut-être une chose aurait été possible avec chacun d’entre eux.
Les plumes étaient toutes tombées. Sauf une.
Sa dernière chance.
Et il savait pourquoi, inconsciemment, il avait réuni ces hommes au même endroit.
La douzième plume…
Sa dernière chance.
Ce soir, l’un des onze la gagnerait ? Il l’espérait.