Extraits

Gaïg, une fois de plus, s'était fait attaquer par les autres enfants. Les poissons qu'elle avait mis tant de temps à pêcher avaient été décapités, tailladés, puis rejetés à l'eau"pour ne pas laisser de traces", avait précisé Guillaumine. Colombe et Irénice, ses deux suiveuses, s'étaient aussitôt précipitées pour exécuter l'ordre, pendant que les garçons balayaient le sol.

- Le Nyanga t'aidera, ma princesse.

Ce fut cette petite phrase qui décida Gaig, peut-être parce qu'elle lui fit penser à la Reine des Murènes, à la mer, à la vie.

Le tunnel était assez vaste depuis un moment déjà et elle entrevoyait parfois des galeries latérales, qu'elle se gardait bien d'emprunter. Même si la rivière était redoutable, tant qu'elle la suivrait, elle serait sur le bon chemin. Elle éprouva une frayeur en pensant à ce qu'elle avait vécu. Elle avait réellement eu la perception que la rivière était vivante, qu'elle possédait un esprit. Différent de celui des humains : vaste, insaisissable parce que liquide et coulant, et glacé. Ca avait quelque chose de commun avec la mer. Est-ce que la mer avait un esprit, elle aussi? En tout cas, elle était rentrée en communication avec cet esprit, puisqu'il lui avait obéi. Elle avait dit : Wolongo, Fille de l'Eau. Je commande à l'Eau, et l'eau s'était retirée.

GaÏg était perplexe. D'où lui était venue cette phrase? Pourquoi l'avait-elle prononcée de cette façon-là? Et la rivière, cet esprit glacial et accueillant, dans lequel elle avait voulu se dissoudre...