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À l’approche de Noël, sous la conduite de Dieter, les SA ont installé une grande caisse devant le siège de leur organisation, dans le quartier de la vieille ville, face à la station du tramway. Les habitants de Duisbourg qui en possèdent sont invités à venir y déposer leurs moules à biscuits, à gâteaux, à chocolat, en forme de croix gammée.
Afficher en entierJe joins le geste à la parole, et me barbouille les traits. Les premières larmes, trop longtemps contenues, se mettent à couler, se mêlant à la farine. Ma mère se précipite vers moi alors que je tente de sortir. Elle m’emprisonne de ses bras, son visage se colle au mien, elle m’embrasse, me caresse. — Mon petit, mon tout petit...
Afficher en entierAinsi, la bibliothèque disposait-elle de tous les numéros du Münchner Zeitung. L’un des correspondants suivait de très près ce qui se déroulait à Duisbourg et je me précipitai sur ses articles avec avidité. Si, dans les débuts, il était surtout question du montant des sommes réclamées par les Alliés, de la mise en place de l’administration des quartiers sous tutelle franco-belge, très rapidement les thèmes touchant à la vie quotidienne des habitants avaient fait surface.
Afficher en entierLe sang a cessé de couler. Je profite d’un moment ensoleillé pour grimper dans les arbres, couper quelques branches malades, éclaircir les rosiers avant de rassembler les feuilles mortes dans un trou, derrière la cabane. Quand ma mère était entrée dans la chambre, ce soir-là, j’avais fait semblant de dormir, mais ce qui s’était dit pendant leur dispute n’avait plus cessé de me tourmenter. Je n’en avais jamais autant entendu sur les circonstances qui avaient présidé à ma présence dans cette maison de la rue Zwingli. La semaine suivante, je m’étais inscrit à la bibliothèque de la vieille ville.
Afficher en entierEt toi, tu as pensé un seul instant à la honte qui allait rejaillir sur toute la famille ? Notre mère ne l’a jamais supporté, elle en a presque perdu la raison. À cause de ce... — Je t’interdis de parler d’Ulrich de cette manière. C’est mon fils, que tu le veuilles ou non. Et ton neveu, par la même occasion.
Afficher en entierDans le monde nouveau que nous construisons, le temps libre doit être consacré à l’éducation physique. Surtout dans les villes. Que ce soit Berlin, Cologne, Düsseldorf ou Duisbourg. La ville est aujourd’hui un milieu étouffant pour la jeunesse. Il suffit d’aller se promener dans les rues, de jeter un coup d’œil aux affiches de cinéma, de théâtre, de feuilleter les illustrés.
Afficher en entierJusqu’à l’année dernière, je ne me souviens pas d’avoir été traité différemment des autres élèves. À l’école primaire, on m’a enrôlé sans problème dans la troupe des Pimpfe, le patronage du parti nazi. Vêtu de l’uniforme, j’ai participé à toutes les sorties en forêt, à la visite d’un cuirassé qui mouillait dans le port de Duisbourg, aux collectes pour le Secours national, sur les marchés. À plusieurs reprises, j’ai fait l’appel du matin dans les camps de vacances de la région des Six-Lacs, au moment de la levée du drapeau.
Afficher en entierMaman est assise à table, devant un bol de lait chaud parfumé à la cannelle. Je m’incline pour l’embrasser. Sa chevelure a emprisonné l’odeur du fer et du feu, d’infimes particules de métal incrustées dans sa peau brillent quand elle remue les mains. Je ne sais pas exactement ce qu’elle fait. D’après ce que j’ai compris, elle sillonne les ateliers en poussant un chariot rempli de bouteilles d’eau pour ravitailler les équipes de fondeurs.
Afficher en entierUne tortue en hibernation ! Ils sont allés déterrer une tortue en hibernation ! Mais c’est complètement absurde... Elle mangeait de la salade kascher ? Elle portait la kipa, elle allait en famille à la synagogue ? Des larmes envahissent ses yeux. Déborah tente de les retenir en baissant les paupières, mais elles débordent, s’échappent en traçant deux ruisseaux parallèles au milieu de ses taches de rousseur. J’approche mes mains de ses joues pour les assécher. Mes paumes se posent sur son cou, nos visages se rapprochent, nos lèvres se joignent. En une seconde, j’apprends ce que c’est que l’éternité. Il me semble que plus rien n’est en mesure de me résister.
Afficher en entier- Elle travaille la nuit, la pauvre ? Qu'elle s'estime heureuse !
Aujourd'hui, on ne s'occupe pas des gens comme vous, mais votre tour viendra...Allez, disparais !
(Autres extraits prochainement)
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