Galette au miel

Tout d’abord, c’est très beau ! Les illustrations de Kat Menschick sont magnifiques avec leurs tons en violet et jaune. Une grosse réussite graphique dans la lignée des précédentes nouvelles de Murakami.

Et l’histoire n’est pas en reste ! Une nouvelle où se mêle conte, enfance et… une histoire d’amour à trois temps.

Alors certes, le format court souffre peut-être de sa superficialité et Murakami ne semble pas toujours à son aise dans les scènes plus intimes, mais voilà un petit plaisir à goûter comme son titre nous y invite noid.ch

« Galette au miel » est une nouvelle extraite du recueil "Après le tremblement de terre » que H. Murakami a écrit en 2002 après le séisme de Kobé en hommage aux victimes et à tous ceux qui ont été affectés par cet catastrophe.

C'est une histoire simple autour d'un trio d'amis, d'une petite fille choquée par les images du séisme de Kobe et d'un ours au pouvoir réconfortant.

J'aime les beaux livres et je suis très sensible aux illustrations, au format du livre, à la qualité du papier. Ils apportent un plus dans le plaisir de lire.

Les éditions Belfond ont eu l'excellente idée de rééditer cette nouvelle et d'apporter un soin particulière à l'objet-livre en laissant Kat Menschik l'illustrer, comme l'avait été précédemment « L'étrange bibliothèque » ou « Sommeil ». Les images sont à l'image du texte, poétiques et oniriques, avec des touches subtiles de surréalisme. Elles mélangent le quotidien et le fantastique, le rêve et la réalité, pour être totalement en harmonie avec l'écriture et l'atmosphère particulière de cette nouvelle.

*

Depuis l'université, Junpei aime en secret Sayoko, qui va lui préférer son meilleur ami Takatsuki et l'épouser. Ils ont ensemble un enfant, Sara, prénom choisi par Junpei qui est parrain de l'enfant.

Aujourd'hui auteur de nouvelles, Junpei écrit sur le seul thème de la passion amoureuse non partagée. Sa vie est triste et solitaire mais le trio reste soudé et leur amitié intacte.

C'est une vie insatisfaisante, imparfaite mais Junpei assume pleinement son choix d'autrefois : dans la crainte de perdre l'amitié qui le liait à Sayoko et Takatsuki, il a sacrifié son amour pour elle.

*

Suite au terrible séisme de Kobe de janvier 1995, la petite Sara, âgée de 4 ans, traumatisée par les images de la ville dévastée de Kobe, souffre chaque nuit d'affreux cauchemars.

« Je crois que c'est parce qu'elle a trop regardé les informations. Les images du tremblement de terre de Kobe sont sans doute trop impressionnantes pour une petite fille de quatre ans. Depuis le séisme, elle se réveille toutes les nuits. Elle dit que c'est un vilain monsieur qu'elle ne connaît pas qui vient la réveiller.

Elle l'appelle le « Bonhomme Tremblement de Terre ». »

Seul Junpei, très proche de l'enfant, est capable de trouver les mots qui calment et rassurent la fillette. Il puise dans son imagination et invente une belle histoire autour des questionnements et des peurs de l'enfant. le récit, riche de leçons de vie profondes, se teinte de fantastique et de poésie. Ainsi prend vie Masakichi, l'ours cueilleur de miel et mélomane.

*

C'est un plaisir incroyable de plonger dans l'univers onirique de H. Murakami.

L'auteur ouvre la porte à un autre monde, paisible, consolateur comme une histoire pour enfant, doux comme une cuillerée de miel, rassurant comme peut l'être un ours en peluche. Et puis j'aime sa façon de ne jamais complètement refermer cette porte. Ainsi, son récit ne finit jamais tout à fait, laissant au lecteur le soin de cheminer et d'arriver à ses propres conclusions.

*

Dans cette histoire, H. Murakami renoue avec les thèmes du triangle amoureux, de l'amour impossible ou non partagé, de la solitude et du temps qui passe, de la recherche de sens dans un monde fragmenté. Il y mêle aussi les traumatismes de l'enfance, la puissance des rêves et des histoires.

« Les roues de la vie avançaient sans un instant de répit, avec un grincement sec, et une chose était certaine : elles ne reviendraient pas en arrière. En revanche, il ne savait pas très bien comment réagir face à cet événement. »

Lorsque le destin s'en mêle, il offre parfois une nouvelle chance. Junpei va-t-il se saisir de l'opportunité qui lui est donnée de trouver enfin le bonheur ? Apprendra-t-il de ses erreurs ou restera-t-il encore prisonnier de la crainte de tout perdre ?

*

H. Murakami écrit avec une grande simplicité et pourtant s'y cachent des drames affectifs et existentielles, une l'intensité dans les émotions et une grande profondeur dans les idées et les questionnements.

L'écriture, subtile et délicate, décrit tout en nuances et non-dits, les failles intérieures, les secousses psychologiques, les ondes de choc qui bouleversent les existences. Les personnages sont attachants, on a envie qu'ils trouvent le bonheur. J'ai aimé la spontanéité et l'intelligence vive de la petite Sara.

*

Entre conte et résilience, tranches de vie et triangle amoureux, « Galette au miel » est un récit touchant et mélancolique, sensible et profond.

Un joli moment de lecture.

Très belle nouvelle de Haruki Murakami, qui m'était pour le coup inconnue, n'ayant pas encore lu le recueil Après le tremblement de terre. La traduction de Corinne Atlan est très agréable comme toujours et les illustrations de Kat Menschik retranscrivent à merveille l'atmosphère si particulière et si propre à l'auteur japonais.

C’est avec une douceur infinie, semblable aux vertus apaisantes du miel, que j’ai plongé dans Galette au miel, une nouvelle de Haruki Murakami. Ce texte, extrait du recueil Après le tremblement de terre, m’a offert un moment d’apaisement et de réflexion profonde, une parenthèse hors du temps.

L’histoire m’a transportée auprès de trois amis d’université : Junpei, écrivain discret, Takatsuki, plus audacieux, et Sayoko, la mère de la petite Sara. Traumatisée par le séisme de Kobe, cette enfant de quatre ans ne dort plus, hantée par des cauchemars où un "bonhomme tremblement de terre" l’enferme dans une boîte. C’est alors que Junpei, avec une imagination et une sensibilité incroyables, invente l’histoire de l’ours Masakichi pour apaiser Sara. Mais ce conte n’est pas qu’un simple récit : il devient un miroir des émotions enfouies des personnages, révélant leurs peines, leurs désirs et leurs espoirs.

J’ai été touchée par la finesse avec laquelle Murakami évoque les sentiments. L’amour, la culpabilité, l’amitié, tout est là, en filigrane, jamais imposé mais toujours présent. La langue, d’une simplicité apparente, est d’une élégance rare, capturant avec justesse l’essence des relations humaines et des traumatismes partagés.

Les magnifiques illustrations de Kat Menschik m’ont également marquée. Leur esthétique, à mi-chemin entre le manga et les affiches de kabuki, ajoute une dimension visuelle à cette œuvre déjà empreinte de poésie. Elles m’ont permis de ressentir encore plus intensément la douceur et la profondeur de cette histoire.

Lecture intense et lumineuse, Galette au miel est une ode à l’amitié, à la résilience et à l’amour. Une nouvelle à savourer, qui rappelle que, face aux tremblements de l’existence, un peu de douceur et d’imagination peut tout changer.

https://latelierdelitote.canalblog.com/2024/10/galette-au-miel.html