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Après quelques mois d'une vie heureuse et comblée, je pus me tourner vers le passé et admettre combien j'avais souffert. C'est la raison pour laquelle j'ai pu raconter mon histoire. On parle bien de la souffrance seulement quand on l'a dépassée.
Afficher en entierElle me mit le pinceau dans la main, guida cette main au-dessus du joli kimono et me dit:
- Entraîne toi à la calligraphie, petite Chiyo.
Le kimono de Mameha - dame dont j'ignorais tout à l'époque- était une oeuvre d'art […].
- Je ne peux pas, Hatsumomo san ! m'écriais-je.
- Quelle tristesse, mon petit coeur, me sussura son amie. Parce que si tu oblige Hatsumomo à répéter ce qu'elle t'as dit, tu ne sauras jamais oú est ta soeur
- Oh, la ferme, Korin. Chiyo sait très bien qu'elle doit m'obéir. Ecris quelque chose sur le tissu, Petite Sotte. Ce que tu veux, ça m'est égal.
Afficher en entierAprès le départ de M. Tanaka, j’essayai de m’occuper à la cuisine, mais je voyais à peine ce que je faisais, un peu comme ma sœur. Au bout d’un moment, j’ai entendu mon père renifler. J’en ai déduit qu’il pleurait, et ça m’a fait rougir de honte.
Afficher en entier— Comment un vieil homme ridé avec un crâne d’œuf a-t-il réussi à faire une belle petite fille comme toi ? Depuis, je ne compte plus les fois où on m’a dit que j’étais belle. Cependant, on dit toujours aux geishas qu’elles sont belles, même quand elles ne le sont pas.
Afficher en entier— Satsu-san, tu ne comprends donc pas ? M. Tanaka a l’intention de nous adopter. En entendant cela, Satsu se mit à cligner les yeux, comme si un insecte lui était entré dans l’œil. — Qu’est-ce que tu racontes ? dit-elle. M. Tanaka ne peut pas nous adopter
Afficher en entierDans notre village de pêcheurs, à Yoroido, je vivais dans ce que j'appelais une "maison ivre". Elle se trouvait près d'une falaise où le vent de l'océan soufflait en permanence. Enfant, j'avais l'impression que la mer avait attrapé un énorme rhume, parce qu'elle faisait des bruits sifflants. Il y avait même des moments où elle lâchait un gros éternuement - un coup de vent chargé d'embruns. J'en déduisis que notre petite maison avait dû s'offenser des éternuements que lui crachait l'océan en pleine face, et qu'elle s'était mise à pencher vers l'arrière parce qu'elle voulait s'en écarter.
Afficher en entierEt c'eût été plus simple pour moi ! Je n'aurais pas langui *de lui* toutes les nuits. Je ne me serais pas arrêtée dans les boutiques de cosmétiques pour humer le talc, qui me rappelait l'odeur de sa peau. Je n'aurais pas fantasmé, nous imaginant ensemble dans divers lieux. Si vous me demandiez pourquoi je désirais cet homme, je vous répondrais : pourquoi le kaki mûr est-il si délicieux ? Pourquoi le bois sent-il la fumée quand il brûle ?
Pourquoi ne pouvais-je pas cesser de penser *à lui* ?
Afficher en entierUn soir de printemps 1936, je suis allé voir un spectacle de danse à Kyoto avec mon père.J'avais quatorze ans.
Afficher en entierAujourd'hui, les gens croient au libre arbitre. À mon époque, nous nous considérions comme des morceaux d'argile qui gardent les empreintes de tous ceux qui les ont touchés.
Afficher en entierNotre univers n'est pas plus réel qu'une vague qui se dresse à la surface de l'océan. Quels que soient nos luttes, nos triomphes quelle que soit la façon dont ils nous affectent, ils ne tardent pas à se fondre en un lavis, à s'estomper comme de l'encre diluer sur du papier.
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