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L'université doit rester un lieu ouvert à tous, où se croisent les idées. On ne peut pas y pratiquer la ségrégation, même inversée.
On rêverait de campus redevenant des "safe space" pour le débat d'idées et la transmission d'une culture commune. Des sanctuaires où l'on pourrait avoir des débats contradictoires et courtois impossibles à mener sur Internet. Ces débats deviennent de plus en plus difficiles à organiser.
Afficher en entierEn mai 1968, la jeunesse rêvait d'un monde où il serait "interdit d'interdire". La nouvelle génération ne songe qu'à censurer ce qui froisse ou l'"offense".
Afficher en entierSi bien que nous vivons dans un monde furieusement paradoxal, où la liberté de haïr n'a jamais été si débridée sur les réseaux sociaux, mais où celle de parler et de penser n'a jamais été été si surveillée dans la vie réelle.
Afficher en entierLe plus terrifiant reste cette phobie du mélange culturel. Considérer comme " extrêmement violent" le fait de pouvoir "entrer" et "sortir" d'une culture. Comme s'il s'agissait d'un viol. Et non d'un métissage.
Afficher en entierLa porte est donc ouverte à tous les excès. Puisque le critère n'est plus l'intention- vouloir exploiter ou dominer- le seul fait de mélanger les inspirations culturelles devient suspect. La gauche identitaire vient d'inventer un nouveau procès d'intention proche du procès en blasphème.
Afficher en entierLa première des censures, avertit Mnouchkine, est notre peur. Être accusé de racisme fait très peur, et nos accusateurs le savent.
Afficher en entierAu cinéma comme dans l'édition, il devient courant de faire "approuver" des scénarios ou des manuscrits par des sensitivity readers, des lecteurs censés posséder la bonne sensibilité de par leurs parcours ou leur identité.
Afficher en entierLe Canada, pays modèle du "multiculturalisme", est aussi celui ou l'on perd la tête au nom de l'"appropriation culturelle". Le mal est très avancé. Un vrai laboratoire pour savoir où mènent ces campagnes. A l'automne 2015, une affaire a sidéré la presse, pourtant habituée à bien des folies. Alors que le monde saigne et se disloque, des jeunes canadiens se mobilisent... contre un cours de yoga !
Afficher en entierUne meute d’inquisiteurs
Comme toutes les tempêtes, les vents mauvais de l’Inquisition moderne commencent toujours par se lever sur les réseaux sociaux. Lieu de liberté, Internet est aussi le lieu de tous les procès. On s’y déchaîne anonymement, on y lynche au moindre soupçon. Une meute de trolls furieux que la philosophe Marylin Maeso appelle « les conspirateurs du silence », tant ils parviennent à nous museler. Nous vivons l’avènement de ce « monde de silhouettes », ce monde de faux-semblants que redoutait Albert Camus. Partout, règne la tyrannie de l’offense, comme préalable à la loi du silence.
Afficher en entierUne part non négligeable de l'hystérie collective actuelle tient à l'épiderme, extrêmement douillet, des nouvelles générations. Et plus encore au fait qu'on leur a appris à se plaindre pour exister. (...) Les sociétés contemporaines ont placé le statut de victime tout en haut du podium. (...) L'excès commence lorsque la victimisation tend à faire taire d'autres voix, et non les dominants.
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