George Sand, la somnambule

Résumé

"Pour être romancier, il faut être romanesque, comme il faut être lapin pour devenir civet." Ainsi parlait George Sand, qui, à défaut d'avoir été une très grande romancière, fut une très grande romanesque. Doublée d'une "chaude lapine", pour rester dans la métaphore animale.

Amantine Aurore Lucile Dupin (1804-1876) est née à Paris d'une femme de très petite vertu et d'un père officier de l'armée impériale. Celui-ci meurt accidentellement. Aurore a quatre ans, et sa riche grand-mère paternelle l'arrache à sa mère. Enfance à Nohant, tiraillée entre deux femmes, adolescence au couvent des Dames augustines anglaises, crise mystique puis mariage à dix-huit ans avec le baron Casimir Dudevant, qui lui fait rapidement un fils, Maurice.

A dix-neuf ans, Aurore est baronne, mère et s'ennuie. Spleen, angoisses, somatisations, poussées suicidaires et premier amant. Ebauchée à Nohant, la réputation sulfureuse de la future George éclate à Paris, où elle s'installe après avoir quitté son baron de mari. Aurore a décidé de devenir écrivain. Elle écrit un premier roman Rose et Blanche, avec son amant du jour Jules Sandeau. Elle signe les suivants sous le pseudonyme de George Sand. On connaît la suite. Musset, Pagello, Marie Dorval, Michel de Bourges, Pierre Leroux, Chopin: les amants se succèdent au rythme des livres - Indiana, Lélia, Mauprat...

Romancière et biographe, Hortense Dufour retrace le parcours de cette femme exaltée, accrochée à sa plume - certains de ses condisciples la qualifiaient de "vache à écrire" - comme à une bouée de sauvetage. Tout chez elle est excès. Les influences littéraires et politiques - Rousseau, Hugo, Arago, Barbès, Lamennais... - qu'elle boit avec l'insatiabilité d'une éponge. Et bien sûr l'amour - toujours en lutte contre les préjugés et la société - qu'elle vénère comme un dieu. Partant du fait qu'en matière de passion la sincérité légitime tout, la dame s'autorise tout, avec un culot candide. Hortense Dufour évoque la première relation extraconjugale de George comme "un scénario dont on suit les étapes par la correspondance précise d'Aurore... à son mari"! Peu convaincue par l'oeuvre littéraire, la biographe s'attache, avec un appétit de romancière, à la femme libre, passionnée, symbole exacerbé du romantisme et à l'épistolière de génie. Une biographie fleuve qu'on avale sans barguigner.