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Liesl monte dans sa chambre .Elle veut se changer pour aller voir Menno et lui annoncer la bonne nouvelle à lui aussi :elle en a terminé avec la BDM
Afficher en entierTandis qu’elle œuvrait, sa mère n’a pas perdu de temps non plus. Elle s’est arrangée pour lui installer un petit coin confortable au milieu des vieilleries de la famille que personne ne s’est jamais résolu à jeter. Un paravent recouvert d’une tapisserie fanée délimite une sorte de chambre assez spacieuse dans le grenier. Sa mère a transformé un canapé en lit, arrangé quelques coussins, dépoussiéré une commode, installé des rideaux sombres à l’œil-de-bœuf qui domine la rue, ainsi qu’une table et une chaise pour qu’elle puisse étudier.
Liesl regarde autour d’elle et grimace. Son lit est trop proche de la fenêtre. Le soir, si elle lit avec une bougie, on pourrait apercevoir la lumière du dehors. Qui sait si quelqu’un ne lui reprochera pas son manque de discrétion, alors que toute la ville est plongée dans le noir ? La jeune fille décide de permuter la commode et le lit. Elle pousse le canapé au centre de sa chambre improvisée puis attrape la commode à bras-le-corps pour la déplacer. Quand le meuble bouge enfin, quelque chose tombe le long du mur. Liesl regarde derrière la commode et ramasse un livre qui a glissé par terre. Un livre bleu à la couverture à moitié dévorée par le feu.
– Gipsy Book, lit la jeune fille sur la couverture.
Cela ne lui dit rien mais ce titre à lui seul sent le soufre. Les gitans sont poursuivis et persécutés par Hitler et le régime nazi depuis des années. Un parfum d’interdit et de danger fait frissonner Liesl.
Afficher en entierDeux heures plus tard, le public commence à se disperser. Goebbels, lui, est déjà parti depuis longtemps. Les camions également, les drapeaux, la fanfare, les caméras. Disparus. La lune seule éclaire les restes de la scène. Ne demeurent sur la place que quelques petits groupes qui continuent de discuter, maintenant que la pluie s’est arrêtée. Certains ont retrouvé des amis et prennent des nouvelles. D’autres jouissent simplement de la soirée qui s’éternise. Un homme reste debout, isolé, à contempler les reliquats du bûcher. L’obscurité empêche de voir vraiment son visage mais un œil attentif noterait immédiatement son air abattu et cette larme accrochée à sa paupière qui se retient de couler librement. Ce soir, ses livres ont brûlé…
Afficher en entierL’étudiant craque l’allumette puis la lance devant lui. Le bâtonnet enflammé s’envole, décrit une longue courbe, menace de s’éteindre puis tombe sur la palette de bois.
Woufffff !
Un souffle puissant explose en une déflagration brûlante. Les flammes surgissent, violentes et démesurées. L’étudiant fait un bond en arrière. L’essence envoyée sur le bûcher s’est enflammée d’un seul coup malgré la pluie battante.
Une acclamation s’élève de la foule. La fanfare roule des tambours. On applaudit ce formidable brasier qui surgit au milieu de la nuit. Les membres des SA1 et des SS2 défilent en uniformes sombres sur la place située devant l’Opéra de Berlin. Les Jeunesses hitlériennes leur emboîtent le pas en brandissant des drapeaux frappés de la croix gammée. Par endroits, des projecteurs braquent leur lumière trop vive sur le feu, la tribune, la foule. On filme pour pouvoir témoigner de ce grand jour.
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