Glen Landsbury : Saturne Mortel

Du coin de l’œil, je constatai que Père ne bronchait pas, et qu’il était même d’un un calme étrangement olympien. Je redoutais juste le moment où il allait exploser.

Mon attente fut de courte durée.

— Bon, lança-t-il d’une voix blanche. Je vois que nous sommes de trop puisque personne ne daigne nous saluer. Tu vois Charlotte, je savais bien que c’était une très mauvaise idée que de venir ici ce soir. Nous aurions dû rester à l’hôtel. Visiblement, Glen, tu es incapable d’organiser une soirée convenable. En même temps, c’est un peu pareil pour tout ce que tu entreprends. Pourquoi, est-ce que je devrais être étonné ? Tout ceci n’est qu’une mascarade. Si tu es incapable de préparer un simple dîner correctement, je me demande comment cela va se passer pour votre mariage. Si mariage il y a. Il est hors de question que je mette un dollar dans une cérémonie ubuesque et qui se soldera inévitablement par un divorce onéreux.

Même s’il venait de marquer une dizaine de points, je ne pouvais plus tolérer ce mépris.

— Oh ! Eh ! Ça va ! scandai-je. Père, vous me gonflez !

Killian pivota vers moi, étonné. Un peu comme toute l’assistance.

— Pardon ? articula-t-il en prenant son air sévère.

— Oui ! poursuivis-je. Depuis que vous êtes arrivé ici, rien ne trouve grâce à vos yeux. La décoration, mon fiancé ou encore mon mode de vie. À cela, je rajoute la nourriture et maintenant mon mariage.

— Il est normal qu’un père…

— Respecte ses enfants ! l’interrompis-je calmement. C’est la moindre des choses. Je ne dis pas que je suis parfait. Loin de là…

— C’est clair… confirma Scarlett en pouffant.

— Vous, on ne vous a pas sonnée ! mordis-je sèchement.

Ma belle-mère ravala sa salive, stupéfaite.

— Père, si vous voulez partir, je ne vous retiens pas. Si vous ne voulez pas venir à mon mariage, n’y venez pas. Je ne vous force à rien. Et encore moins à y participer financièrement…

— S’il ne raque pas, moi non… bougonna la cheffe vampirique.

— On ne vous a vraiment pas sonnée ! répétai-je à Scarlett. Mangez plutôt votre part de tourte !