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Gouverner c'est mentir: Douze mensonges publics



Description ajoutée par claire-obscure 2021-12-16T00:24:54+01:00

Résumé

Table des matières dans la rubrique "Couvertures".

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Classement en biblio

extrait

CHAPITRE I

Introduction

« 2 + 2 = 5 »

George Orwell, 1984

En France la parole publique est de moins en moins crue. Cet essai explore l’hypothèse suivante : cette parole publique est de moins en moins crue parce qu’elle est de moins en moins crédible, et ce crépuscule de la parole publique explique, au moins en partie, la perte de confiance des Français dans les politiciens1, et dans les médias. Ce phénomène n’est certainement pas limité à la France ; mais on cherchera à l’analyser sur le cas français, qui constitue sans doute un bon exemple, et qui présente peut-être des spécificités. Cette introduction essaye de préciser les différentes notions utilisées.

La notion de mensonge public

Le mensonge est évidemment une pratique ancienne et très répandue. Elle est si répandue qu’on dispose en français d’un grand nombre de mots et de locutions pour désigner la chose : affabulation, mystification, fourberie, bobard, escobarderie, tromperie, calomnie, contre-vérité, bouteillon, menterie (c’est le mot qu’employait la grand-mère de l’auteur, une paysanne angevine, qui l’utilisait volontiers au pluriel : tout ça c’est des menteries). Assez de mots en tout cas pour tenir à l’écart l’affreux fake news dont on nous rebat les oreilles. En matière de menteries, nous n’avons – hélas ! – pas de leçons à recevoir des Anglo-Saxons.

Le mensonge est partout dans la littérature. En fait, on pourrait dire que la littérature elle-même est une mystification. Elle présente comme vrais des récits, des personnages, des sentiments tout droit sortis de l’imagination d’un écrivain. Mais le génie de l’écrivain rend ces récits, ces personnages et ces sentiments plus vrais que la réalité elle-même. Stendhal se trompe lorsqu’il écrit qu’« un roman est un miroir qui se promène sur une grande route » : Le Rouge et le Noir est, heureusement, bien plus que la chronique d’un fait divers. La littérature nous montre que le mensonge est une réalité presque toujours riche et complexe.

Deux grands livres méritent une mention spéciale, parce que le mensonge y joue un rôle crucial : Les Aventures de Pinocchio (1881) de Carlo Collodi, et 1984 (1953) de George Orwell. Pinocchio, le pantin animé sorti de l’atelier du menuisier Gepetto, ment beaucoup, et son nez s’allonge lorsqu’il ment. Cette dernière caractéristique en a fait, notamment chez les dessinateurs, le symbole du mensonge. Symbole trompeur, car il suggère que le mensonge est toujours visible et facile à identifier ; on verra qu’il n’en est rien. 1984 est un roman d’anticipation qui décrit la vie dans un pays hypertotalitaire qui repose sur le mensonge systématique. « Le faux est le vrai » est sa devise. Le Grand Frère qui le dirige ment sur le futur, sur le présent et sur le passé. Le métier du héros consiste justement à falsifier l’histoire, c’est-à-dire à réécrire et à faire réimprimer les journaux des années passées, afin de les aligner sur l’orthodoxie du jour.

Champ de la notion – Le champ de la tromperie est si large qu’il faut le réduire pour l’analyser. On le fera ici d’une triple façon.

La première consiste à s’intéresser au mensonge public, par opposition au mensonge privé. Le mensonge privé, qui se rapporte à la personne ou aux actions du menteur, et qui s’adresse à une seule personne (ou à un tout petit nombre de personnes), est vieux comme le monde. Il est naturel chez l’enfant, qui veut se grandir, et grandir tout court. La morale usuelle le condamne, mais souvent mollement. Le droit privé n’en fait un délit que dans des cas bien précis. Dans la vie courante, beaucoup considèrent que le mensonge est souvent utile, voire nécessaire, comme Philinte l’explique à son ami Alceste dans Le Misanthrope.

La deuxième consiste à travailler sur les mensonges relatifs au passé plutôt que sur ceux qui concernent le futur. Le mensonge sur le futur est la promesse mensongère. C’est un genre très répandu en politique, que l’on trouve parfois en économie et souvent en climatologie. Selon une formule célèbre (parfois attribuée à Andreotti, un politicien italien qui en avait fait plus d’une), ces promesses-là n’engagent que ceux qui les écoutent. La caractéristique des mensonges sur le futur, surtout sur le futur lointain, est qu’il faut attendre longtemps pour les établir comme des mensonges. C’est bien pratique pour le menteur. Mais gênant pour l’analyste. Dans cet essai, on ne s’intéressera pas aux promesses, pour se limiter aux propos, discours, proclamations qui portent sur le passé ou le présent, et dont il est plus facile de montrer le caractère mensonger.

La troisième façon de limiter le domaine de l’analyse consiste à négliger les mystifications qui portent sur des jugements de valeur ou des affirmations qualitatives. Elles sont nombreuses et importantes. Mais il est par définition difficile, souvent impossible et toujours discutable, de « prouver » leur dimension de tromperie. On se focalisera donc sur les escobarderies quantitatives, qui s’appuient sur des chiffres ou des faits dont on peut plus facilement montrer qu’ils sont vrais ou faux. Sur des « 2 + 2 font 5 » (en hommage à Orwell, dont le héros de 1984 est torturé jusqu’à ce qu’il finisse par croire vraiment ce mensonge) plutôt que sur des « la cohésion sociale augmente ».

Ambiguïté de la notion – Même ainsi limitée, la notion de mensonge n’est nullement claire.

Tout d’abord, la définition classique : mentir, c’est dire une chose fausse avec l’intention de tromper, est parfois difficile à mettre en œuvre. Les deux composantes de cette définition – la fausseté, et l’intentionnalité – sont indispensables. Dire une chose fausse sans intention de tromper, c’est se tromper. Chercher à tromper sans dire une chose fausse, c’est de l’habileté. Mais en pratique ces deux critères sont souvent difficiles à apprécier.

L’intentionnalité est malaisée à établir. Il y a bien entendu des cas où elle est avérée, et où une affirmation inexacte est un moyen de convaincre l’interlocuteur. Mais il y a aussi beaucoup d’hommes politiques ou de journalistes qui disent des choses fausses sans savoir qu’elles le sont, par ignorance ou par habitude, et donc sans volonté d’induire en erreur. Et puis il y a des cas intermédiaires, où le locuteur ne cherche surtout pas à savoir si ce qu’il dit est vrai ou non, mais le dit principalement parce que cela sert ses intérêts.

Il en va de même pour la fausseté. Elle est facile à démontrer pour certaines affirmations. Il est faux de dire que la population de la France diminue. Mais il y a beaucoup d’affirmations qui se rapportent à des notions plus ou moins vagues, subjectives, ou pluridimensionnelles, comme la justice, ou l’inégalité, ou la pauvreté ; il est pratiquement impossible de dire de ces affirmations qu’elles sont fausses – ou vraies (voir la Boîte I-1).

Ensuite, cette définition classique du mensonge est trop étroite. On peut également tromper, intentionnellement, sans rien dire de véritablement faux. C’est ce qu’on appelle le mensonge par omission. Ce qui est dit n’est pas faux, mais n’est qu’une partie, parfois une petite partie, de la vérité ; ou n’est vrai que sous certaines conditions, non précisées, et parfois rarement réunies. Le vrai de ce qui est dit cache la forêt de ce qui est omis.

(Source de l'extrait : Decitre)

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Gouverner c'est mentir: Douze mensonges publics

  • France : 2019-10-23 - Poche (Français)

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