Extraits

Quand l'ascenseur sonne, annonçant l'arrivée de la cabine, mon coeur cesse de battre. Elle est revenue! Je reste paralysé, plein d'espoir, attendant que les portes s'ouvrent. Mais c'est Taylor qui apparaît. Il s'arrête un instant en me voyant.

Combien de temps sui-je resté assis ici?

- Mlle Steele est chez elles, monsieur Grey, m'annonce-t-il avec flegme, comme s'il avait l'habitude de me trouver ainsi, par terre, prostré;

- Comment va-t-elle?

Je tâche de prendre un ton détaché.

- Secouée, monsieur, répond-il, impavide.

Je hoche la tête et lui fais signe qu'il peut disposer. mais il ne bouge pas.

- jepux vous être utile en quoi que ce soit, monsieur?

demande-t-il, avec un peu trop de gentillesse à mon goùut.

- Non.

Laissez-moi tranquille.

- Bien, monsieur.

Il s'en va, me laissant affalé dans l'entrée.

Je me reveille plein d'entrain.

Aujourd'hui, je vais reconquérir Ana.

Elle veut des fleurs et des chocolats. je peux lui donner ça? J'essaie de me souvenir des moments romantiques dans ma vie... Il n'y en a pas... sauf avec Ana.

Je ne la mérite pas. Elle ne peut m'aimer.

Mais, au moment où je forme cette pensée, je sais que je ne pourrai pas me passer d'elle... s elle veut bien encore de moi.

- Non! Tu ne peux pas m'aimer, Ana. Non... c'est mal.

Elle doit revenir sur terre. Elle ne peut aimer un monstre. Elle ne peut être amoureuse d'un cinglé. Il faut qu'elle parte, qu'elle sorte d'ici. Soudain, tout devient limpide.

Je me laisse glisser contre le mur, les bras refermés sur mes genoux. laisse-la pleurer. Ca ira mieux après. Les femmes sont comme ça. laisse-lui un peu de temps, puis va la retrouver pour la consoler.

Personne ne m'a jamais rejeté comme ça. D'un geste machinal, je passe ma main dans les cheveux. Je dois être rationnel, il faut que j'analyse sa réaction et la mienne. Je viens de la laisser partir. Je ne suis pas en colère... qu'est-ce que je ressens au juste?

- Je voudrais t'offrir ce repas.

- pas question.

- S'il te plaît. j'y tiens.

- Tu tiens vraiment à me castrer? dis-je en fronçant les sourcils.

- Non. Tu es mon unique conquête vanille.

Pour une raison qui m'échappe, cette constatation m'emplit de joie.

Un vacarme à ma porte me pousse à me lever d'un bond: un tourbillon de longs cheveux châtains, de membres pâles et de bottes brunes tombe tête la première dans mon bureau. Je lève les yeux au ciel en réprimant mon agacement légitime face à tant de maladresse, mais je me précipite vers la gamine qui a atteri à quattre pattes. j'agrippe ses frêles épaules pour l'aider à se relever.

Un regard mortifié rencontre le mien. Je me fige. Ces yeux sont d'une couleur extraordinaire, bleu profond, d'une candeur stupéfiante. Un instant, j'ai l'affreuse sensation qu'elle peut lire directement en moi. Je me sens... mis à nu, et cette idée me trouble. Son petit visage adorable s'est teinté de rose. Je me demande brièvement si toute sa peau est comme ça - sans défaut - et à quoi elle ressemblerait, rosie, échauffée par la morsure de la canne. Putain. Alarmé par la direction que prennent mes pensées, je refoule ce fantasme involontaire. Bordel, qu'est-ce qui te passe par la tête, Grey? Cette fille est beaucoup trop jeune.