Extraits

– Mais j'ai envie de tout savoir ! se plaignit-elle. Est-ce que Natalie est vraiment digne de confiance ? Est-ce que maman a dit des choses à Mᵐᵉ Morales et pas à nous ? Est-ce que Mᵐᵉ Morales a eu des nouvelles de maman, hormis ces stupides textos envoyés automatiquement ?

– Moi, je fais confiance à Natalie, déclara Finn, son crayon planant au-dessus d'une feuille d'exercices. Et à Mᵐᵉ Morales aussi. Elles sont sympas.

Finn trouverait sûrement un meurtrier sympa.

Ou est-ce que même un meurtrier serait sympa avec Finn ?

Emma était bloquée.

Elle avait l'habitude de trouver immédiatement les réponses, ce qui lui posait parfois des problèmes en cours de maths. Souvent, l'enseignant disait : « Emma, tu dois démontrer ton raisonnement. » Ce à quoi Emma répondait : « Mon raisonnement, c'est que j'ai lu le problème et que j'ai trouvé la réponse. Comment démontrer ça ? »

Chess appréhenda un peu que son frère réponde : « Comment tu sais où va le chat quand il n'y a personne à la maison ? S'il n'y a personne à la maison, il n'y a personne pour le voir ! » Emma et Finn se lanceraient alors dans une de ces discussions ayant pour thème : « Si un arbre tombe, dans une forêt, mais que personne ne l'entend, est-ce qu'il fait quand même du bruit ? » Et Natalie resterait plantée là, les yeux levés au ciel plutôt que rivés sur son portable.

Chess descendit les marches du porche d'un pas hésitant. En mode pilote automatique, il longea l'allée en direction du bus, la tête basse, comme si ses jambes allaient le trahir s'il ne les regardait pas. Ou peut-être que ce serait sa tête qui le trahirait, s'il regardait sa mère, et que le reste de son corps suivrait.

Une fois dans le bus, il alla s'asseoir au fond. À ce moment-là seulement, il se retourna pour contempler la maison et maman.

Celle-ci se tenait toujours sur le seuil, le visage figé dans une tentative de sourire. Elle n'arrêtait pas d'agiter la main en signe d'adieu, encore et encore, comme si elle était persuadée de ne jamais revoir Finn, Emma et Chess.