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Il se fit réchauffer du café dans une casserole, patientant devant le fourneau pour ne pas qu'il bouille. La mémé disait toujours qu'un café bouillu, c'était un café foutu, le genre de leçon qui ne s'oublie pas. Gus pensait que c'était décidément une drôle de journée, avec tous ces souvenirs qui s'amenaient, comme des vols de corneilles sorties du brouillard. Des souvenirs dont on ne sait jamais où ils mènent, ni même si ça fait du bien de les avoir, mais qui resurgissent et s'imposent, sans crier gare.
Afficher en entierPour avoir réfléchi à la question plus d'une fois, ça n'intéressait pas Gus de vieillir autant, à se demander ce qui pouvait bien rester lorsque les jambes ne vous tenaient plus, que les yeux ne voyaient plus clair, et quand on était pris par la rouille, sans espoir de changer les choses. Il y pensait souvent, à la vieillesse, la vraie, celle qui privait doucement les gestes qu'on faisait facilement, puis qu'on ne pouvait plus faire, tout ce qui se passait avant de rejoindre le cimetière. Une des rares choses qui faisait vraiment peur à Gus.
Afficher en entierLes apparences ont la vie dure et on leur fait dire aussi ce qu'on veut bien.
Afficher en entierOn te dira qu'il faut prendre la vie comme elle vient... conneries... la vie, c'est elle qui te prend, sans te laisser le choix, et par les couilles, encore. Le temps qui passe fait que la mémoire s'use un peu, mais le problème, c'est qu'elle s'use pas sur les mauvaises choses qu'on a vécues, elle s'attarde plutôt sur les bonnes, plus tendres.
Afficher en entier- Il n'y a qu'un seul Dieu.
- Alors, pourquoi on se bat partout dans le monde pour savoir chez qui se trouve le vrai ?
Afficher en entierIl marchait ainsi, sans savoir ce qu'il cherchait, tel un petit être apeuré aux ordres de cette même curiosité qui menait les humains contre les murailles hallucinées du levant, le même désir de savoir, et de prendre les trésors promis, sans vouloir en payer le prix.
Afficher en entierQuelques minutes plus tard, Gus fut enfin récompensé de sa patience, en entendant le bruit caractéristique que font les grives en volant. Il dirigea son regard vers le ciel, mais ne vit rien, jusqu'à ce qu'un vol d'une vingtaine d'oiseaux s'abatte sur les arbres, comme émergeant d'un nuage de farine. Il s'assurèrent que rien ne clochait, se posèrent sur les cimes, attendant de se laisser aller vers le sol pour chercher à manger là où la couche de neige était la moins épaisse. Il n'y avait plus à hésiter. Gus leva délicatement son arme, et aligna un volatile de profil, de façon à ce que, même seulement blessé, avec une seule aile valide, il ne manque pas de tomber.
Afficher en entier"Gus demeura un long moment à regarder les vieilles pierres encore debout, les murs en partie écroulés et recouverts de mousse, et la roue pourrie par le temps qui partait en lambeaux. Un filet d'eau coulait encore dans le canal, mais il n'y avait plus le moindre poisson pour s'y aventurer, à cause du manque d'oxygène. Il trouvait sacrilège que personne n'ait entretenu l'endroit pour que la mémoire des temps anciens ne se perde pas définitivement, mais c'était plus compliqué que de goudronner une route électorale."
Afficher en entierEn cet instant, son ultime projet était d'épouser le ciel, après avoir rompu ses fiançailles avec cette nature maquillée.
Afficher en entierDésormais, le soleil crachait ses rayons sur les arbres déplumés, qui ressemblaient à des arêtes de gros poissons sans chair dans un charnier à marée basse.
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