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— Ainsi, nous nous retrouvons, jeune Forerunner…
» Je suis le dernier de ceux qui t’ont modelé et insufflé la vie, il y a des millions d’années.
» Le dernier de ceux contre lesquels tes pairs se sont révoltés avant de les annihiler impitoyablement.
» Je suis le dernier des Précurseurs.
» Et l’heure est venue pour nous de prendre notre revanche.
Afficher en entierSYSTÈME SOLAIRE – D’EDOM À ERDÉ-TYRÈNE
L’équipage du bateau éteignit les feux, arrêta le moteur à vapeur et leva l’orgue à vapeur. Quelques secondes de cliquetis barbotant et de lamentations venteuses, et le chant mécanique s’essouffla. Cela n’avait jamais bien fonctionné.
À vingt kilomètres de là, le piton central du cratère de Djamonkin transperçait une brume bleu-gris, tandis que les derniers rayons du couchant habillaient son sommet de leurs dorures cuivrées. Solitaire et froide, une lune étincelante se levait, haut perchée, en poupe du navire. Le lac intérieur du cratère frisait autour de la coque. Jamais je n’avais vu d’eau si délicatement bercée par les caresses du vent et des marées. Sous la houle et les remous, pailletées par les chatoiements des astres à la surface de Fonde, des merses, pâles, ondoyaient. Elles me rappelaient les nénuphars qui voguaient sur l’étang de ma mère. Arrimés aux hauts-fonds, ces nénuphars-ci, cependant, tenaient plus de krakens endormis que de plantes indolentes : des dents noires de la taille de mon avant-bras garnissaient leurs tiges musculeuses et épaisses de dix mètres de haut.
Afficher en entierDes heures s’étaient peut-être écoulées lorsque le Didacte se mit à retirer chacune des sphérules à main nue.
Lentement, les étoiles pivotèrent, changèrent de position.
C’était comme si j’étais devenu le centre de l’univers. J’avais la sensation tenace, la conviction même, que notre vaisseau restait immobile. Que c’étaient les astres qui gravitaient autour de nous.
On me porta hors de la pièce, avant de m’installer dans une cabine qui aurait pu contenir sans mal une escouade de combattants. Une pièce grise, éclairée par une unique lumière sur le mur du fond, dépourvue de toute décoration, propre et légèrement chauffée.
— Ne mange rien pendant quelque temps. Contente-toi de boire quand tu auras faim, m’avertit le Didacte en disposant un à un mes membres sur la couchette. (Pour l’instant, cette dernière était encore suffisamment grande pour que j’y sois à l’aise.) Ton corps vient d’être totalement chamboulé, et il faudra peut-être plusieurs jours à certaines altérations pour se développer pleinement.
— J’ai l’impression… de percevoir une ombre en moi.
— L’ancien toi. Bientôt, tu recouvreras la pleine maîtrise de ton nouvel esprit. Plus vif, moins… encombré. Tu ressentiras ensuite une sorte d’arrogance euphorique qui elle aussi, avec le temps, finira par disparaître.
C’est dans la solitude de cette cabine que je ressentis le premier des effets de ma mutation : une douleur lancinante meurtrissait mes bras et mes jambes. Mes mains, en particulier, me faisaient affreusement souffrir. Je les observai. Déjà, elles me paraissaient plus grandes, moins pâles ; ma peau laiteuse s’était quelque peu grisée. J’avais toujours trouvé les Forerunners de maturité supérieure moins harmonieux que les Manipuleurs.
Ma beauté infantile se fanait. J’enlaidissais.
Mais je n’aurais pu m’en sentir moins affecté.
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