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Si du moins ma mère décide de faire la cuisine. Voyez-vous, ma mère est une horrible personne. À la mort de mon père, elle a pété un câble pour une raison quelconque. C’était à peine si elle sortait de sa chambre. Il pouvait se passer plusieurs jours sans que Prin et moi avalions ne serait-ce qu’une bouchée de bretzel. C’est à ce moment-là que j’ai compris que j’allais devoir faire vivre ma famille. J’ai vite appris à reconnaître les baies comestibles au supermarché, à repasser des chemises, à confectionner des sandwichs à la gelée et au beurre de cacahouète. C’est grâce à moi que nous sommes encore vivantes, toutes les trois.
Afficher en entierSachez que lorsqu’ils ont commencé, les Hamburger Games n’étaient pas si mal que ça. Le Capital réunissait tous les tributs et les filmait en train de faire des trucs plutôt cool: tournois de softball, relais, course d’obstacles et chat perché. L’attraction principale consistait à les voir engloutir un maximum de hot dogs. Tout le monde essayait de s’affamer avant le début du concours, d’où l’appellation de «Hamburger Games»: les Jeux du Hamburger.
Afficher en entierLes Hamburger Games ne sont pas vraiment ce qu’on pourrait qualifier d’amusant. En fait, ils sont même carrément pourraves. Puisqu’il y a douze districts, comptant chacun deux tributs, vous aurez compris qu’il y a au moins... vingt tributs au total. Tous sont jetés dans une arène, quelque part dans la nature, où ils doivent s’entre-tuer jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un seul survivant. Et tout ça est diffusé à la télévision. La plupart des gens enregistrent pour pouvoir faire « avance rapide » jusqu’aux scènes de meurtre.
Afficher en entierAfin de s’assurer que personne n’oublie que la rébellion avait été un échec, que le Capital avait gagné et que c’était lui qui commandait, et bla bla bla, les dirigeants obligent chaque année les douze districts à participer à ce qu’ils ont baptisé les «Hamburger Games». Chaque district sélectionne deux gamins, un garçon et une fille, pour le représenter lors d’une grande compétition. Ces deux gosses sont appelés les «tributs», diminutif de «tributyrine», terme qui d’après mon Petit Robert désigne le «triester du glycérol, dont les trois fonctions sont estérifiées par l’acide butyrique».
Afficher en entierJe cherche de la nourriture dans le placard. C’est l’endroit où nous conservons notre maigre réserve. C’est aussi celui où dort ma petite sœur. Elle s’appelle Prin, un diminutif de Princesse. Butterball est le chat de Prin. Quand j’ouvre le placard, la fillette est blottie contre une boîte de cookies vide. Je la trouve si mignonne.
Afficher en entierA mon réveil, j'entends gronder un estomac. Ce n'est pas le mien. C'est celui du chat, Butterball, alias "Tas-de-gras".
-La ferme, je ronchonne en le poussant du lit.
Il heurte le sol de terre battue avec un bruit mat et s'époumone:
-Ouaf !
Afficher en entierTandis que je la bombarde de questions supplémentaires, elle brandit le vase bien haut. Ensuite pour m'aider à trouver le sommeil instantanément, elle me l'abat sur le crâne et m’assomme
Afficher en entier— Hum… bien sûr, je réponds. (Pas bête, je cueille des baies orange vif dans un buisson qui se trouve derrière moi.) Des tas de nourriture.
— Capriss ! s’écrie Pita quand je les lui montre. Ce sont des baies empoisonnées ! Mon père avait l’habitude de fabriquer du pain avec, et il a été poursuivi en justice un nombre incalculable de fois. Si tu manges un de ces trucs, tu connaîtras une mort douloureuse en l’espace de quelques minutes !
— Oh !
Je m’apprête à les jeter, déçue, mais Pita interrompt mon geste.
— Garde-les, juste au cas où. Qui sait si on sera pas affamés plus tard ?
Afficher en entier— Pita, qu’est-ce que c’est que ça ? je m’enquiers.
— Quoi ?
— Tu viens de mouiller le lit ?
Il s’éclaircit la voix.
— Euh… non, c’est du jus de pomme. De la part d’un sponsor. Ne le bois pas.
Soulagée, je me rendors.
Afficher en entierJe monte le camp sur la berge et entreprends de confectionner un alambic rudimentaire avec des cailloux et des brindilles. Maintenant que j’ai de l’eau, il ne me reste plus qu’à trouver du sassafras, des clous de girofle, du miel, de la cannelle, de la vanille et de l’écorce de cerisier, ainsi que les vingt-quatre autres ingrédients. Ma tisane artisanale est toute proche.
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