Happy House

Oméga

Dans une pièce hermétique au décor métallique, une jeune femme d’une quarantaine d’années, blonde aux yeux violets, est allongée sur un lit en fer, des gros écouteurs sur les oreilles. L’endroit est parsemé de caméras, d’appareils d’écoute dernier cri et d’une sorte d’armoire comprenant du matériel militaire de haute importance, le tout sécurisé par une énorme porte blindée.

D’un bond, Oméga se lève et se précipite sur un cahier de notes posé sur un bureau en métal de couleur noire, à droite de la console de contrôle. Elle y écrit ce qu’elle vient d’entendre:

— Le Juste est notre priorité. Cela nous permettra d’appâter qui vous savez. Après, il nous suffira de le convaincre de faire le nécessaire et, pour cela, je m’en charge.

— Êtes-vous sûr que c’est la meilleure solution ? Ne devrions-nous pas plutôt faire ce qu’il faut sans passer par un intermédiaire qui risque de nous compliquer la tâche ?

— Vous avez peut-être raison, mais l’avoir avec nous serait inespéré. Un véritable atout. Cet homme a ses entrées au sein même du Royaume, vous comprenez, et j’espère bien ainsi en avoir l’accès le jour où nous en aurons la nécessité.

— Pensez-vous réellement qu’il fera ce qu’il faut? Je vous rappelle tout de même que K n’a pas voulu de lui à l’époque, le considérant comme un couard et un faible.

— Certes, mais les gens changent. La mort de son père le mine encore. Facilitons-lui la vie et vous verrez. Ce n’est pas un ingrat. Il saura nous être reconnaissant. Faites-moi confiance. Je le connais.

— Si vous le dites…

Oméga pose son crayon. Un sourire amusé se dessine sur son visage dur.

Enfin !

Après toutes ces années à attendre patiemment et avec persévérance que quelque chose se passe.

Ça y est. Ils passent à l’action et elle entend bien être des leurs.

Une douleur intense la foudroie sur place. Elle se plie en deux et attend qu’elle passe.

—Les crises sont de plus en plus nombreuses. Il est temps que j’aille consulter, dit-elle à haute voix pour elle-même.

K.

Cette lettre est associée à l’homme qu’elle hait le plus au monde.

Elle ne pourra plus jamais oublier l’une des dernières conversations qu’elle avait eue avec son grand-père. L’homme qui lui avait tout appris et qui avait été son guide dans la vie.

Il avait été si solennel, si inquiet aussi. Il était assis dans son grand fauteuil en velours rouge dans le salon de la maison familiale, l’air grave. Il lui avait pris les mains dans les siennes, l’avait regardée droit dans les yeux et lui avait déclaré d’une voix sombre :

—Oméga chérie, il faut que je t’avertisse : si, un jour, tu apprends ma mort brutale, renseigne-toi sur un certain Karl Luger et prends garde à toi. Cet homme est puissant. Une véritable hyène. Une bête sans scrupules qu’il faut éviter ou éradiquer à tout prix.

Elle lui avait alors promis qu’il ne lui arriverait rien, et pourtant…

Quelques mois plus tard, elle apprenait la triste nouvelle.