Extraits

A présent les chevaux n'étaient plus qu'un banal motif de papier peint pour enfants. Ils ne l'emportaient plus nulle part. Ils ne pouvaient plus. Je n'avais plus d'illusions et c'est ce qui me rendait si triste. Ma vie n'était qu'un immense rêve creux et vide d'espoir.

- Je suis ravie de vous rencontrer ! s'est écriée Béa.

Maman a hoché la tête, sans un mot.

- Bien sûr que je t'accepte dans mon cours, Valérie. J'ai un chevalet prêt pour toi dans le coin.

- Combien ça va couté ? a lancé Maman en fouillant dans son sac.

- Ça coûte surtout de la patience et de l'imagination, a répondu Béa. De même que du temps et du travail. Et d'acceptation de soi. Je doute que vous trouviez tout ça au fond de votre portefeuille.

_Je sais, ai-je répondu en me retournant pour l’embrasser sur l’épaule. Toi aussi, tu me touches. C’est presque un peu flippant qu’on soit si proche.

_Flippant dans le bon sens.

_Ouais, dans le bon sens.

Il s’est redressé en s’appuyant sur le coude.

_Heureusement qu’on est là pour se protéger. Tu vois, le monde entier a beau t’en vouloir à mort, t’as toujours quelqu’un sur qui tu peux compter. Toi et moi contre le monde entier. Juste nous deux

A l’époque j’étais tellement obnubilée par mes parents et leurs disputes que j’ai cru que c’était d’eux qu’on parlait. Nick comprenait parfaitement l’enfer que je vivais – il appelait son beau-père Charles son « Beau du Jour » et il parlait de la vie amoureuse tumultueuse de sa mère comme si c’était une vaste plaisanterie – mais jamais je ne me suis dit qu’il pensait à nous deux contre… le monde entier.

"-Pourquoi? ai-je soudain lâché.

-Pourquoi quoi?

-Pourquoi est-ce que Maman ne devrait pas me faire confiance? Pourquoi est-ce que tu tiens tant à ce que je sois la méchante dans l'histoire?"

"-Qu'est-ce qu'il y a? ai-je fini par lui demander, un peu trop fort. Pourquoi tu me regardes comme ça? Elle ne va pas me tirer dessus. C'est pas un piège qu'elle me tend. T'as allumée la télé? T'as pas entendu tous ces reportages sur le changement des élèves depuis la tuerie? Ils sont passés à autre chose. Ils ne vont pas me mordre.

-Je n'ai pas peur qu'ils te fassent du mal, à toi.

Le docteur Hieler était assis face à nous, perdu dans ses réflexions. Muet. Immobile.

-Qu'est-ce qui te tracasse, ai-je demandé à maman.

-Tu ne vas pas leur faire du mal? J'espère que tu n'as pas accepté de participer à ce projet pour achever ce que Nick avait commencé.

Je me suis effondrée sur une chaise. Hurlements, suppliques, demandes de pardon, disparition de journaux, rendez-vous obligés avec le docteur Hieler...ce n'était pas pour me protéger des autres. Au contraire, c'était pour les protéger, eux, de moi! Parce que c'est moi qui risquais de les blesser. Parce que c'était moi la méchante. Quoi que je dise, quoi que je fasse, jamais je ne changerais aux yeux de ma mère."

"Y a pas que ton ex qui est capable d'appuyer sur la gâchette, tu sais."

- D'abord, tu vis un calvaire, Spoiler(cliquez pour révéler)tu te fais tirer dessus, et tu perds quelqu'un dont tu étais amoureuse. Ton lycée, ta famille, tout ça, c'est foutu, et maintenant tu te retrouves nez à nez avec un vieux psy qui cherche à savoir ce qui se passe dans ta tête, c'est ça ?

J'ai prié pour qu'il ne voit pas que je souriais.

Il a souri en passant la main dans ses cheveux comme avant. Comme si je ne sentait pas l’hôpital à plein nez. Comme si je n'étais pas ce monstre aux tentations suicidaires qui rentrait à la maison pour lui pourrir la vie.

Ce jour-là, j'ai compris que Frankie était le petit frère le plus adorable du monde.

Ils étaient ous là: Stacey, Duce, David, Maosn, mes vieux copains. Et Josh, Meghan, même Troy, assis au fond avec les parents de Meghan. Il sétaient tous là, telle une onde de malaise et de tristesse, chacun cachant sa peine et chacun se racontant sa propre histoire, ni plus triomphale, ni plus tragique que celle du voisin. J'ai pensé à Nick. D'une certaine façon il avait raison: à un moment ou un autre, chacun était gagnant. Mais ce qu'il n'avait pas compris, c'est que l'inverse était aussi vrai: à un moment ou un autre, chacun était perdant. L'un et l'autre étaient forcément liés.

« Nick était mon échappatoire. La seule personne qui me comprenait. Ça me faisait du bien de sentir qu'avec lui j'appartenais à un '' nous'', qu'il partageait mes sentiments, mes pensées, mes problèmes. À présent, la moitié de ce '' nous'' avait disparu et là, alors que j'étais allongée dans la pénombre de ma chambre, je prenais conscience que je n'avais plus la moindre idée de la façon dont je pourrais retrouver ce sentiment d'être de nouveau moi, simplement moi. »

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